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François Bayrou en visite à Lyon "Finalement, la droite et la gauche restent très conservatrices et peu innovantes. En plus, chaque camp est tiré par son aile la plus extrême" Vous-même, vous n'avez pas réussi à reproduire à Lyon le succès de Bayrou ! Je sais bien et je ne suis pas le seul en France. Il faut dire qu'on était en 2007 généralement plus jeunes et moins expérimentés que les candidats des autres partis. En plus, on a hésité et on est partis tard en campagne électorale... Alors qu'il fallait se donner du temps pour être capables de décliner locale- ment les propositions de Bayrou. Et Collomb a réussi à vous mar- ginaliser en ralliant des centris- tes à sa liste... Pour moi, cette démarche a eu un im- pact électoral nul. On est simplement partis beaucoup trop tard pour réelle- ment exister. Sur quoi François Bayrou va pouvoir à nouveau s'affirmer ? Il a un espace considérable entre la gauche et la droite, en reprenant les thèmes qu'il avait abordés en 2007. Le problème de la dette et donc du rap- port intergénérationnel, car on a laissé ce coût aux générations futures, la place de l'école et du savoir, les interro- gations sur notre modèle économique alors qu'on reste sur un chômage de masse... Depuis que vous êtes élu, vous avez l'impression d'avoir un écho sur Lyon ? C'est à vous de me le dire ! Au Mo- dem, on a le sentiment de faire enten- dre notre différence quand on a de vraies propositions. Par exemple, sur les grands projets comme l'aménage- ment de la rue Garibaldi où on défend un vrai équilibre entre modes de dé- placements, avec une vraie séparation entre deux voies de circulation pour la voiture, une voie pour les vélos et un circuit de bus, spécialement dédiés au quartier Part-Dieu. Aucune de ces propositions n'a été retenue ? Si. Le Grand Lyon va installer des réservoirs à la place des trémies pour récupérer l'eau de pluie et cesser d'ar- roser avec l'eau potable. D'autres dossiers vous pensez démontrer votre différence ? Les cantines, en proposant des solu- tions alternatives avec des restaurants. On l'a proposé avec beaucoup de mo- dération, sans dire que ce que faisait Collomb, c'était tout mauvais. Mais on a dû faire face à une réaction dogma- tique et le résultat, ce sont des prix de cantines les plus élevés de France selon les comparatifs qu'on a réalisés. Vous avez conservé des équipes militantes ? Oui. Grâce notamment à ce type d'in- terventions où on a toujours veillé à élaborer des propositions plutôt que de se contenter de jouer l'opposition frontale. Vous êtes quand même loin du niveau atteint en 2007 ! C'est clair. A l'époque, le Modem comptait entre 1 500 et 2 000 adhérents dont la moitié sur Lyon. Aujourd'hui, on aurait baissé à environ 400 sur le Rhône dont toujours la moitié à Lyon. Mais une centaine est vraiment active. La campagne de Bayrou a permis de les faire revenir ? J'avoue qu'on n'assiste pas encore à un déferlement militant. Mais je crois que c'est un peu tôt. Vos prochains axes d'interven- tions ? Le logement, mais aussi le développe- ment urbain. Aujourd'hui, le choix de Collomb, c'est de tout centrer autour des pôles de consommation et de loi- sirs comme le Confluent et le Carré de Soie. Ou le quartier Grolée qui ne mar- che pas. Mais je ne vois pas de politique vis-à-vis des PME, qui permettrait de tisser un réel tissu économique. Moi, j'attends toujours la création de pépi- nières d'entreprises. Pourtant, il y avait consensus sur ce sujet au moment des élections municipales de 2008. Toutes les listes promettaient d'en créer ! Pourtant, il y a bien des centres permettant d'accueillir les créa- teurs d'entreprises ? Il y a quelques incubateurs, des centres d'affaires, des pôles de compétitivité sur le numérique ou les biotechnolo- giques et des structures d'aide à l'in- novation... Au fond, des outils institu- tionnels très années 80, mais aucune réelle pépinière d'entreprises avec une véritable émulation entre porteurs de projets, qui ferait émerger de nouvelles TPE. Pourquoi cette priorité ? Parce que la taille moyenne d'une en- treprise en France, c'est 13 salariés ! Du coup, 95% des emplois sont dans les TPE et PME. Pour nous, il est in- dispensable de présenter des condi- tions favorables à leur développement. Mais la majorité des élus continue à tout attendre de l'Etat ou des grandes entreprises. Finalement, la droite et la gauche restent très conservatrices et peu innovantes. En plus, chaque camp est tiré par son aile la plus extrême. Je suis persuadé que les Français s'en ren- dent compte et qu'ils vont à nouveau rejoindre Bayrou sur la pertinence de son diagnostic. • www.mag2lyon.com Numéro 29 - Novembre 2011

Mag2 nov 2011 (2)

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François Bay rou en visite à Lyon

"Finalement, la droite et la gauche restent très conservatrices et peu innovantes. En plus, chaque camp

est tiré par son aile la plus extrême"

Vous-même, vous n'avez pas réussi à reproduire à Lyon le succès de Bayrou ! Je sais bien et je ne suis pas le seul en France. Il faut dire qu'on était en 2007 généralement plus jeunes et moins expérimentés que les candidats des autres partis. En plus, on a hésité et on est partis tard en campagne électorale... Alors qu'il fallait se donner du temps pour être capables de décliner locale­ment les propositions de Bayrou.

Et Collomb a réussi à vous mar­ginaliser en ralliant des centris­tes à sa liste... Pour moi, cette démarche a eu un im­pact électoral nul. On est simplement partis beaucoup trop tard pour réelle­ment exister.

Sur quoi François Bayrou va pouvoir à nouveau s'affirmer ? Il a un espace considérable entre la gauche et la droite, en reprenant les thèmes qu'il avait abordés en 2007. Le problème de la dette et donc du rap­port intergénérationnel, car on a laissé ce coût aux générations futures, la place de l'école et du savoir, les interro­gations sur notre modèle économique alors qu'on reste sur un chômage de masse...

Depuis que vous êtes élu, vous avez l'impression d'avoir un écho sur Lyon ? C'est à vous de me le dire ! Au Mo­dem, on a le sentiment de faire enten­dre notre différence quand on a de vraies propositions. Par exemple, sur les grands projets comme l'aménage­ment de la rue Garibaldi où on défend un vrai équilibre entre modes de dé­placements, avec une vraie séparation entre deux voies de circulation pour la voiture, une voie pour les vélos et un circuit de bus, spécialement dédiés au quartier Part-Dieu.

Aucune de ces propositions n'a été retenue ? Si. Le Grand Lyon va installer des réservoirs à la place des trémies pour récupérer l'eau de pluie et cesser d'ar­roser avec l'eau potable.

D'autres dossiers où vous pensez démontrer votre différence ? Les cantines, en proposant des solu­tions alternatives avec des restaurants. On l'a proposé avec beaucoup de mo­

dération, sans dire que ce que faisait Collomb, c'était tout mauvais. Mais on a dû faire face à une réaction dogma­tique et le résultat, ce sont des prix de cantines les plus élevés de France selon les comparatifs qu'on a réalisés.

Vous avez conservé des équipes militantes ? Oui. Grâce notamment à ce type d'in­terventions où on a toujours veillé à élaborer des propositions plutôt que de se contenter de jouer l'opposition frontale.

Vous êtes quand même loin du niveau atteint en 2007 ! C'est clair. A l'époque, le Modem comptait entre 1 500 et 2 000 adhérents dont la moitié sur Lyon. Aujourd'hui, on aurait baissé à environ 400 sur le Rhône dont toujours la moitié à Lyon. Mais une centaine est vraiment active.

La campagne de Bayrou a permis de les faire revenir ? J'avoue qu'on n'assiste pas encore à un déferlement militant. Mais je crois que c'est un peu tôt.

Vos prochains axes d'interven­tions ? Le logement, mais aussi le développe­ment urbain. Aujourd'hui, le choix de Collomb, c'est de tout centrer autour des pôles de consommation et de loi­sirs comme le Confluent et le Carré de Soie. Ou le quartier Grolée qui ne mar­che pas. Mais je ne vois pas de politique

vis-à-vis des PME, qui permettrait de tisser un réel tissu économique. Moi, j'attends toujours la création de pépi­nières d'entreprises. Pourtant, il y avait consensus sur ce sujet au moment des élections municipales de 2008. Toutes les listes promettaient d'en créer !

Pourtant, il y a bien des centres permettant d'accueillir les créa­teurs d'entreprises ? Il y a quelques incubateurs, des centres d'affaires, des pôles de compétitivité sur le numérique ou les biotechnolo­giques et des structures d'aide à l'in­novation... Au fond, des outils institu­tionnels très années 80, mais aucune réelle pépinière d'entreprises avec une véritable émulation entre porteurs de projets, qui ferait émerger de nouvelles TPE.

Pourquoi cette priorité ? Parce que la taille moyenne d'une en­treprise en France, c'est 13 salariés ! Du coup, 95% des emplois sont dans les T P E et PME. Pour nous, il est in­dispensable de présenter des condi­tions favorables à leur développement. Mais la majorité des élus continue à tout attendre de l'Etat ou des grandes entreprises. Finalement, la droite et la gauche restent très conservatrices et peu innovantes. En plus, chaque camp est tiré par son aile la plus extrême. Je suis persuadé que les Français s'en ren­dent compte et qu'ils vont à nouveau rejoindre Bayrou sur la pertinence de son diagnostic. •

www.mag2lyon.com • Numéro 29 - Novembre 2011