Mahdi Elmandjra Et Samuel Hunting Ton

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Mahdi ElmandjraMahdi Elmandjra est un futurologue trs clbre au Maroc. Il est galement un conomiste et un sociologue. N en 1933 Rabat, le Professeur Mahdi Elmandjra a fait ses tudes universitaires aux Etats-Unis lUniversit de Cornell (Licence en Biologie et en Sciences Politiques) et les continua en Angleterre o il obtint son doctorat (Ph.D. co.) la LONDON SCHOOL OF ECONOMICS (Universit de Londres). Il enseigne lUniversit Mohamed V Rabat depuis 1958. Le Professeur Elmandjra a reu le Prix de la Vie Economique 1981 (France), la Grande Mdaille de lAcadmie Franaise dArchitecture (1984), Ordre des Arts et Lettres (France, 1985), Ordre du Soleil Levant (Japon, 1986).il a galement reu la Mdaille de la Paix de lAcadmie Internationale dAlbert Einstein et le Prix de la Fdration Mondiale des Etudes sur le Futur en 1995.

Valeur des valeurs :Ce livre est compos de trois parties. La premire traite principalement des valeurs et de la socit ; la seconde insiste sur les rapports fconds entre les valeurs et la crativit alors que la dernire souligne la place de la mmoire en tant que valeur qui rejette lamnsie... Pour Mahdi Elmandjra, La mmoire : une valeur qui donne au temps son harmonie entre un pass qui se renouvelle, un prsent phmre et un avenir ternellement ouvert. On ne tourne pas les page on les relit rgulirement... On peut dtruire les infrastructures matrielles mais on ne dtruit pas la mmoire dun peuple comme le savent ceux qui aujourdhui, en Isral, procdent des liminations ethniques... Etre conscient de la valeur des valeurs cest dj une valeur en soi. Mahdi Elmandjra pense que Le commerce des ides et le monde de la crativit ne se ngocient pas la manire des accords du libre change et ne se prtent pas aux rgles qui rgissent les produits agricoles ou industriels. On noccupe pas le champ culturel comme on occupe un champ de bataille. Tout ce que lon russit, cest exacerber dun ct lethnocentrisme et larrogance culturelle caractrisant lattitude dun grand nombre de pays occidentaux, et accentuer dun autre ct la rsistance de la majorit des peuples aux agressions culturelles . Il livre une comparaison entre les obsessions qui effrayaient le monde, il y a 20 ans, et celles daujourdhui : Dans une mission consacre la prospective, il y a dj plus de vingt ans, javais insist sur le fait que lOccident souffrait de trois obsessions : la dmographie, lIslam et le Japon (Dossiers sur lEcran- TF1, 24- 06- 1980). Aujourdhui, la peur de limmigration a remplac celle de la dmographie, la peur de la Chine sest substitue celle du Japon alors que la peur de lIslam sest amplifie sous la forme dune islamophobie visage dcouvert o lon associe ouvertement Islam et terrorisme en ayant recours au terrorisme smantique et au matraquage mdiatique. On oublie que dans le monde musulman, le mot paix (essalam) est prononc en moyenne un milliard de fois toutes les heures, soit prs de 17 millions toutes les minutes . Il estime que La paix passe par une meilleure communication culturelle, dnude de mensonges et de discrimination dans les rapports internationaux . Il vise par l dnoncer ce quil appelle le mimtisme : Le respect des valeurs des autres est la condition essentielle pour parvenir une relativisation du concept de valeurs universelles afin de faciliter une vritable communication culturelle entre les peuples au lieu dinsister sur leur adaptation , par mimtisme, un universalisme , prfabriqu et rductionniste aux niveaux de lespace et du temps de lhistoire de

lhumanit. Le jour o la vie dun Amricain ou dun Isralien vaudra la vie dun ressortissant du Tiers monde en gnral ou dun ressortissant dun pays musulman en particulier, on se rapprochera de cet universalisme tant proclam. Les dernires agressions barbares dIsral nous dmontrent quel point nous en sommes trs trs loin... , souligne-t-il. Lauteur ne pouvait pas parler dun tel sujet sans voquer le 11 septembre : Lattaque arienne fort condamnable de New York en septembre 2001 a inaugur lre de la phobiecratie o lon gouverne par la peur. Une peur qui cote cher en matire de dfense des liberts et en investissements contre le terrorisme (plus de $ 400 milliards de dollars annuellement dans le monde en plus des dpenses militaires) - un terrorisme qui na encore fait lobjet daucune dfinition juridique internationalement acceptable. Un terrorisme qui exclut le terrorisme qui fait le plus de dgts en vies humaines et en destructions matrielles- le terrorisme dEtat. Derrire cette lutte contre le terrorisme, se profile un combat contre dautres systmes de valeurs , estime le futurologue, Mahdi Elmandjra. La valeur de la connaissance : L'"immatrialisation" du matriel: les produits industriels requirent de moins en moins de matires premires et de plus en plus de valeur ajoute sous forme de matire grise. Un exemple de cette immatrialisation est le recours au fibre optique qui a normment rduit la quantit de matire utilise en comparaison avec le cuivre, miniaturisation, microprocesseurs et puces lectroniques. On parle ainsi de l'immatrialisation de l'conomie. Il faut que langlais devienne la langue de lenseignement au Maroc, nous navons pas le choix. Il se peut que dici 30 ou 40 ans ce soit le chinois ou le japonais. Loccident a atteint sa date de premption !! Macroscopie, microscopie et relation entre les deux

Humiliations. A l're du mga-imprialisme :Il est difficile, mme avec la meilleure volont du monde, d'envisager une situation politique et socio-conomique dans le monde arabo-musulman pire que celle que nous vivons. On baigne dans l'humiliation qui dcoule d'une flagrante lchet sur le plan international vis--vis des grandes puissances et d'Isral () L'humiliation est devenue un instrument de gouvernance on pourrait mme parler d'humiliocratie. Celui qui tient ce discours n'est pas n'importe qui. Ce n'est pas non plus un admirateur bat de Ben Laden et consort, ni un anti-amricain indcrottable ou un ennemi irrductible de l'Occident. Au contraire, c'est un homme qui sait de quoi il parle et il le prouve et le dmontre souvent avec la rigueur scientifique et la pertinence d'analyse d'un chercheur de laboratoire. Nous avons cit le Pr. Mehdi El Mandjra dont, au demeurant, la renomme mondiale est depuis longtemps tablie et dont les avis, rflexions et projections -prcisment en raison de leur rigueur et de leur pertinence, voire de leur prcision quasimathmatique sont souvent sollicits par plus d'une institution ou mdias internationaux. Les propos que nous rapportons en prologue rsument, on ne peut mieux, l'conomie gnrale de son dernier ouvrage intitul : Humiliation. A l're du mga-imperialisme et dont la troisime dition revue et actualise vient de paratre sous les presses de l'imprimerie Najah El Jadida.

La trame de ce livre d'un peu plus de 220 pages de format moyen et qui consiste en un recueil d'entretiens accords des mdias nationaux et trangers est tisse on l'aura compris autour du comportement arrogant de l'Occident et principalement de la manire, on ne peut plus, cavalire avec laquelle les Etats-Unis entendent conduire les affaires du monde et leur propension mpriser et traner dans la boue tous ceux qui ne se rclament pas de la culture judo-chrtienne. Donc les Arabes et les Musulmans en premier lieu mais aussi les Chinois, les Japonais, les Hindous et mme ceux des Latino-amricains ou Europens qui ne se rangent pas aveuglment de leur ct et n'pousent pas leurs thses post-colonialistes. G.W. Bush, prenant prtexte du drame du 11 septembre n'a cess de marteler qui quiconque n'est pas avec l'Amrique (et accessoirement avec l'Occident) est forcment contre elle. Ce qui revient dire que l'Allemagne et la France, situes au cur mme de l'Occident sont catalogues dans la seconde catgorie mme si pour des raisons de politique politicienne et d'intrts stratgiques et conomiques - elles ne sont pas ouvertement dsignes comme des ennemis de Washington. Pour l'auteur, cette vision manichenne et rductrice du monde trouve ses origines dans l'absence de repres et de rfrentiels historiques et culturels chez l'Amricain mme de lui baliser la voie et de le mettre l'abri des abus de ceux qui le dirigent, parlent, dcident et agissent en son nom. Cette absence de repres et de garde-jours a dj montr et dmontr amplement sa nocivit, en Amrique mme, lors de la priode du Mc- Cartysme, au lendemain de la seconde guerre mondiale. Aujourd'hui, la faveur de la globalisation et de la dsintgration de l'ancien bloc sovitique, ce dficit historico-culturel et donc communicationnel, se manifeste sous ses pires formes, prend des dimensions dmoniaques et promet terme, selon le fin analyste et prospectiviste avis qu'est El Mandjra de mener l'Amrique sa perte. Faute d'avoir su se connatre elle-mme et connatre ses limites d'abord et pour n'avoir pu connatre et comprendre le monde qui l'entoure et qu'elle veut rgenter comme seul bon lui semble. Les diverses expditions permissives menes depuis la fin de la seconde guerre mondiale et plus rcemment, les guerres livres unilatralement par l'Amrique en Afghanistan et en Irak au nom du sacro-saint et nanmoins, trs peu vident impratif de combattre le mal pour faire rgner le bien participent toutes de cette folle et strile logique qui fait planer de lourdes et relles menaces sur le monde entier et, au premier chef, sur ceux qui la cultivent et s'en nourrissent. Une logique et une vision qui n'ont pour seule et unique finalit que celle d'craser les autres civilisations, de museler toute autre culture qui ne partage pas les valeurs occidentales et spcialement amricaines, d'imposer au reste de la plante un seul mode de pense, un unique style de vie, une manire typique et pralablement codifie d'agir et de ragir. Bref, l'humiliation dans son expression la plus cynique et la plus raffine, l'humiliation suprme tant celle que nous nous infligeons nous-mmes, nous Arabes et Musulmans, en particulier en nous complaisant dans le rle de victimes impuissantes et sans dfense, voire consentantes. Car le degr d'humiliation d'un pays ou d'une rgion, est, estime t-il, directement proportionnel la compromission de ses dirigeants et au degr de lthargie et de soumission de sa population. Le Pr. El Mandjra est toutefois convaincu que la crise des valeurs qui secoue le monde du fait prcisment du refus des uns de reconnatre les autres est le signe avant-coureur du dbut de la fin de l'empire post-colonial amricain et optimiste mais raisonnablement - il croit en la victoire finale de toutes ces intifidates (par rfrence au soulvement populaire, spontan des Palestiniens contre l'occupation et l'oppression isralienne) qui, de par le monde, font se dresser les humilis contre leurs humiliateurs. Humiliation de la colonisation : dirigeants =) gouvernements =) petits responsables =) peuples Mais la plus grande humiliation est daccepter lhumiliation On doit faire preuve damour propre et de dignit en refusant de se vendre

Premire guerre civilisationnelle Elmandjra tait effectivement le premier crivain qui a parl d'un choc des civilisations; dans un entretien avec le magazine allemand Der Spiegel le 11 fvrier 1991, il a dsign la guerre du golfe en 1991 comme la premire guerre civilisationnelle . Dans la mme anne, le professeur a publi un livre sous le mme titre en arabe, qui a paru plus tard aussi en franais, anglais et japonais. Dans ce livre, Elmandjra distingue trois priodes fondamentales qui ont influenc le monde pendant les derniers sicles : l're coloniale, qui a t caractris par des enjeux d'ordre conomique, le nocolonialisme, par des enjeux d'ordre politique et depuis les annes 1990, avec la fin de la guerre froide, la priode post-coloniale qui a t caractrise par des conflits culturels. Ces derniers sont surtout des oppositions d'intrts entre les pays du Nord et ceux du Sud. Le dbut de cette priode post-coloniale tait, selon l'auteur, la crise et ensuite la guerre contre l'Irak, dans laquelle s'opposaient deux cultures tout fait diffrentes : l'Occident et l'Orient. Elmandjra voit comme cause du conflit la diversit culturelle et il dcrit trois grandes peurs de l'Occident qui dclenche la mise disposition la guerre. Premirement, il y a la peur de la dmographie. L'Occident qui reprsente moins de 20% de la population mondiale s'empare plus de 80% des richesses matrielles de la plante, mais dans 30 ans sa population ne dpassera pas 13% de celle du globe. Deuximement, l'Occident craint la religion, c'est--dire l'Islam, car la population musulmane est en pleine croissance et reprsentera bientt plus de 40% de la population mondiale. Finalement, l'Asie et surtout le Japon constituent aussi un facteur faisant peur l'Occident, cause de son dveloppement technologique et conomique, qui a eu lieu sans imitation des modles occidentaux et sans adaptation ses valeurs. L'crivain dcrit ensuite que pendant la guerre du golfe en 1991, cinq mobiles des aspects culturels du conflit se sont manifests. Ci-joint une brve numration : 1) Les tats-Unis comme puissance unipolaire du monde ne peuvent pas tolrer l'mergence de la rgion du Golfe et surtout de l'Irak. 2) Le dveloppement technique de l'Irak reprsente une menace pour l'Occident. 3) La puissance militaire de l'Irak reprsente une menace pour l'Isral et l'Occident. 4) La puissance culturelle de l'Irak, symbole du monde arabe-musulman, reprsente une menace pour l'Occident et ses valeurs judo-chrtiennes. 5) Le rle dterminant de l'Occident dans les pays du Sud doit tre maintenu aprs les priodes du colonialisme. Ces raisons montrent qu'il s'agit selon l'auteur de la premire vraie guerre mondiale qui met aux prises la quasi-totalit du monde occidental coalis contre un peuple solitaire pour des motifs culturels. Les cinq mobiles mnent finalement la guerre et aux crimes de celle-ci, qui se manifestent dans l'agression contre le peuple, la destruction du pays, de l'environnement et des biens culturels ainsi que dans la violation du droit et de la lgalit internationale. Tout compte fait, l'auteur en tire ses consquences concernant le comportement futur de l'Irak et des pays de l'Orient en gnral : il souligne, que les populations des pays du Sud doivent, au lieu d'imiter le modle occidental, dvelopper leur propre stratgie de modernit en s'attachant leur identit culturelle et religieuse et en critiquant leurs rgimes non-dmocratique ou mme autoritaire. L'auteur propose une coopration Sud/Sud pour devenir indpendant de l'Occident et pour dclencher le dbut d'un nouvel ordre international. Les thses de Mahdi Elmandjra se basent alors surtout sur des arguments culturels. Plus loin dans son livre, il mentionne d'autres aspects dans ce sens, comme l'ignorance de l'Occident envers l'histoire, les valeurs et les comptences techniques de l'Orient ainsi que l'ethnocentrisme de l'Occident qui attend p.e. des peuples arabes de parler les langues occidentales et qui ne respecte pas les trsors de l'art et de l'architecture dans les pays les plus anciens du monde.

On voit ainsi clairement les motives de l'auteur et comprend pourquoi il parle de la premire guerre civilisationnelle, voire la premire vraie guerre mondiale. Son livre est devenu trs actuel dans notre contexte, car nous sommes maintenant encore une fois en pleine guerre, la deuxime guerre contre l'Irak. Les thses d'Elmandjra se confirment ainsi de nos jours, en outre, il ne faut pas oublier les attentats du 11 septembre et la guerre en Afghanistan, qui se sont passs entretemps. Le concept du professeur Mahdi Elmandjra tait vraiment nouveau au dbut des annes 90, mais la notion de la Guerre Civilisationnelle est seulement devenue populaire avec le livre de Samuel Huntington The Clash of Civilizations en 1993. Cependant, Huntington lui-mme reconnat la page 246 de son livre, qu'Elmandjra tait le premier utiliser l'expression et noncer le concept de la guerre civilisationnelle.

Samuel HuntingtonSamuel Huntington est n en 1927 New York, il a fait ses tudes aux Etats-Unis, o il a reu son B.A. l'Universit de Yale en 1946 et son M.A. l'Universit de Chicago en 1948. Trois ans plus tard, il passe son doctorat l'Universit de Harvard et commence enseigner dans le mme institut. partir de 1959, l'auteur occupe le poste du directeur associ de Institute of War and Peace Studies avant de devenir Chairman of the Harvard Departement of Governement. Dans les annes suivantes, Samuel Huntington fonde le magazine politique Foreign Policy , travaille comme directeur du centre pour des affaires internationales et dans la maison blanche comme Coordinator for Securit Planning; en plus, il continue enseigner Harvard. Le professeur est membre de plusieurs associations, comme par exemple Council of the American Political Science Association , il a fait des recherches approfondies dans les domaines de la politique militaire, comparative et culturelle et il a publi plusieurs livres, dont The Clash of Civilizations en 1996. L'auteur dispose alors des grandes connaissances des relations internationales, surtout grce son adhsion au Conseil national de scurit au sein de l'administration Carter. Les thses de son livre se basent, comme celles d'Elmandjra, sur un nouvel ordre international unipolaire, qui a commenc aprs la guerre froide et l'effondrement de l'USSR. Huntington ragit avec son uvre l'ouvrage de Francis Fukuyama Fin de l'histoire , qui envisage un avenir optimiste du monde surtout dans les domaines politiques et conomiques. Samuel Huntington refuse cette vision et formule sa thse du choc des civilisations, laquelle je vais prsenter maintenant.

The Clash of Civilizations Le dpart des thses de Samuel Huntington est une approche culturelle. Selon lui, le monde est pass successivement par plusieurs phases durant lesquelles il tait divis de diffrentes manires. Ds la fin des annes 1980, les distinctions majeures entre les peuples deviennent culturelles : C'est le dbut de l're civilisationnelle, les deux blocs de la Guerre froide disparaissent alors pour laisser place aux civilisations. De nos jours, notre plante se trouve dans une crise identitaire et les distinctions essentielles entre les tres humains ne se font plus d'une manire idologique, politique ou conomique, mais culturelle. Chaque peuple s'identifie surtout par une dlimitation des autres, la religion en joue un rle principal. Dans ce monde, il y a dsormais deux sortes de politique : la politique locale de l'ethnicit, et la politique globale ou internationale des diffrences civilisationnelles, ainsi, la politique est la fois multipolaire et multicivilisationnelle. Les distinctions entre les cultures se font selon la pense, c'est--dire, la langue, l'histoire, la religion, les coutumes, les institutions, et non plus selon l'apparence, comme la race, la couleur de peau, etc. En consquence, Huntington fragmente le monde du XXIme sicle en huit blocs civilisationnels, qui sont hostiles les uns aux autres : 1) La civilisation chinoise, reposant sur le confucianisme. 2) La civilisation japonaise, reposant sur le shintosme. 3) La civilisation hindoue, reposant sur l'hindouisme. 4) La civilisation musulmane autour de l'islam. 5) La civilisation occidentale reposant sur le judo-christianisme. 6) La civilisation orientale orthodoxe. 7) La civilisation d'Amrique latine, reposant sur le christianisme. 8) La civilisation africaine autour de la religion traditionnelle. Selon l'auteur, chaque civilisation est fonde sur une religion et ses valeurs.

Le choc entre ces cultures mentionnes consiste dans la confrontation entre eux. Huntington donne plusieurs raisons pour les conflits ; premirement, l'augmentation dmographique rduit l'espace sur la terre, en mme temps, la mondialisation renforce les interactions entre les pays diffrents. Deuximement, la modernisation provoque l'loignement des hommes de leurs identits traditionnelles (comme l'tat-Nation) et favorise une identification commune autour de la religion. Ainsi, l'Occident, l'apoge de modernisation, n'arrive pas occidentaliser le reste du monde, car les diffrences culturelles restent difficiles changer et les Non-occidentaux cherchent un chemin de retour leurs racines. Finalement, la croissance de l'importance de la rgionalisation augmente le sentiment identique culturel chez les hommes. La thse de Samuel Huntington est plutt pessimiste. Pour lui, le dclin de l'Occident a dj commenc, avec la perte des valeurs morales et de l'thique (le nombre des divorces, des familles monoparentales, etc.), avec les problmes sociaux (l'abus de la drogue, la criminalit, etc.) ainsi qu'avec la baisse de l'activit intellectuelle. Malgr sa puissance conomique et technologique l'Occident se sent essentiellement menace du monde musulman cause de sa croissance dmographique importante, et de la Chine, qui reprsente une nouvelle force conomique. Selon l'auteur, la Chine sera la grande puissance du XXIme sicle, car elle se dveloppera sans adapter les valeurs de l'Occident. Quant au monde musulman, Huntington lui accorde une plus grande agressivit qu'aux autres blocs civilisationnels, en raison de son histoire (humiliations subis pendant la colonisation), son explosion dmographique et l'absence d'un tat phare de l'Islam pour stabiliser le monde musulman. Mais l'auteur critique aussi son pays d'origine, les tats-Unis, qui suivaient, dans les annes 90, la vision multi-culturaliste et qui l'ont transpose dans les relations internationales. Selon Huntington, les tats-Unis devenaient ainsi une mosaque de communauts au lieu d'une nation unies occidentale, ce qui est ncessaire pour garder la suprmatie mondiale. Cette dernire thse est trs controverse, car le message central du livre dcrit la plante comme monde compos des civilisations varies coexistant et alors constituant un multiculturalisme global.

Comparaison des uvres d'Elmandjra et de Huntington :Premirement, il est surprenant, que deux auteurs d'une origine tout fait diffrente, dveloppent l'un aprs l'autre une thse semblable, qui provoque des ractions critiques multiples. Le fait est d'autant plus tonnant, que l'objet d'tude sont les civilisations et que les deux auteurs appartiennent des civilisations contradictoires. Pourtant, tandis que le livre de Mahdi Elmandjra est rest relativement insignifiant, celui de Huntington s'est transform en vritable affaire : l'affaire Huntington. Son titre Choc des civilisations est en discussion internationale ds l'apparition de l'article dans la revue Foreign Affairs en 1993, mais de nouveau depuis le dbut de la guerre contre l'Irak en mars 2003. Ce succs extraordinaire s'explique des nombreuses ractions qui ont t provoques par l'article et le livre. videmment, une affaire n'existe qu'avec des critiques qu'elle provoque, ainsi le livre de Huntington a russi polariser des opinions exprimes et dclencher un dbat l'chelle mondiale. Bien que le professeur Elmandjra soit trs connu et trs expriment dans le domaine des relations internationales, son livre n'a pas connu le mme succs, quoique son ide fut aussi publi dans une revue internationale connue (Der Spiegel). En plus, son livre existe, part de l'origine arabe, dans trois versions traduites, anglais, franais et japonais. Mais peut-tre un auteur occidental et surtout amricain a moins de difficults rpandre ses ides l'chelle mondiale qu'un crivain oriental. La comparaison des deux livres montre, que les deux auteurs partent d'un point commun : la fin de la guerre froide au dbut des annes 90, qui introduit une nouvelle priode d'ordre politique, dsormais caractrise par des enjeux culturels plutt que par des enjeux idologiques, politiques ou conomiques. Ensuite, on constate plusieurs aspects communs : le conflit de la diversit culturelle surtout avec les oppositions d'intrts entre les pays du Nord et ceux du Sud et les trois grandes peurs de l'Occident : La peur dmographique, la peur de l'Islam et la peur de l'Asie (tandis qu'Elmandjra considre le Japon comme pays le plus menaant de l'Asie, Huntington donne ce rle la Chine). Plus loin dans son livre, Elmandjra se concentre sur la guerre du golfe contre l'Irak en 1991. Il considre ce conflit comme la premire vraie guerre mondiale et il le prend comme exemple pour dvelopper sa thse de confrontation culturelle. Tous les propos suivants reposent sur cet exemple, l'auteur donne cinq mobiles, des crimes et des consquences de la guerre du Golfe pour montrer en quoi consiste le choc des civilisations et comment celui va se reproduire dans l'avenir. Par contre, Huntington dveloppe son approche autrement. Premirement, il divise le monde dans huit blocs civilisationnels et ensuite, il analyse les raisons pour lesquelles ces cultures se trouvent dans un tat de confrontation potentielle. Puis, l'auteur traite surtout la problmatique de l'Occident, il mentionne les problmes au sein de ce bloc civilisationnel et les conflits avec les autres cultures. Par ailleurs, il se penche sur l'influence asiatique et la civilisation musulmane. La thse de Huntington est alors beaucoup plus gnrale, parce qu'elle dcrit les conflits des civilisations dfinies par l'auteur et avance une affirmation universelle. Elle analyse le choc des civilisations dans l'angle mondial tandis que la thse d'Elmandjra se concentre plutt sur l'exemple de la guerre contre l'Irak. L'auteur marocain fixe son regard sur ce dbut de l're post-coloniale et le conflit entre l'Occident et l'Orient. Il ne tient pas compte aux autres conflits civilisationnels et n'adapte pas la fragmentation du monde dans huit blocs. On a l'impression, que le choc des civilisations se manifeste seulement entre l'Occident et l'Orient et que le premier camp est surtout reprsent par les tats-Unis. En plus, on constate un point de vue d'Elmandjra sous l'angle arabomusulman, parce que l'auteur donne des conseils afin que le monde arabe se libre de l'influence occidentale. Cet aspect est peut-tre une autre raison pour le faible succs du livre d'Elmandjra au niveau international.

Dans l'ensemble, les deux livres donnent des perspectives pessimistes. Huntington aussi bien qu'Elmandjra considre le dveloppement ds le dbut des annes 90 comme dangereux et trs conflictuel. Les thses des deux auteurs contredisent l'affirmation optimiste de Francis Fukuyama, philosophe amricain, qui annonce dans son livre La fin de l'histoire et le dernier homme (de 1992) un avenir positif avec la victoire de libralisme et la paix globale. Huntington et Elmandjra par contre, voient le futur beaucoup plus ngatif, car selon eux, les conflits culturels sont plus difficiles rsoudre que les conflits du genre politique, conomique ou idologique. En dernire analyse, on peut dire que les deux livres tudis se ressemblent dans le point essentiel, le choc des civilisations, mais diffrent dans l'analyse du dveloppement de cette concordance. videmment, l'origine et l'exprience des auteurs jouent un rle important concernant le traitement de la matire. C'est intressant d'observer comment deux auteurs des cultures contradictoires discutent le sujet des conflits civilisationnels. L'actualit du choc des civilisations Dans les deux livres analyss le point de dpart est la fin de la guerre froide au dbut des annes 90. Aujourd'hui, nous nous trouvons dans l'an 2003, alors en pleine priode post-coloniale et plus encore, dans une nouvelle guerre contre l'Irak. Par consquent, le sujet du choc des civilisations est trs actuel, car les prdictions des deux auteurs se sont avres justes : la premire guerre contre l'Irak, selon Elmandjra la premire vraie guerre mondiale, n'tait pas la dernire. La guerre de 2003 reflte une nouvelle confrontation entre l'Occident et l'Orient, plus exactement entre les Etats-Unis et l'Irak, et ainsi un nouveau choc des civilisations selon les auteurs. Les discussions autour de la guerre du golfe ont ranim les dbats sur l'affaire Huntington. Dans l'hebdomadaire des tudiants en journalisme L'Exemplaire de l'Universit Laval du 26 mars 2003, le conflit des civilisations domine la Une. C'est l'invitation de l'association tudiante AELIS, que trois confrenciers dbattent la thse de Samuel Huntington. Le premier, Ali Dahan, ancien diplomate de la rpublique de Djibouti en Irak, en Somalie et aux Etats-Unis, affirme que c'est l'intgrisme de Bush qui fait la guerre au monde . Selon cet nonc, on devrait remettre en question la thse de Huntington, parce que le type du conflit ne serait pas civilisationnel. Par contre, le deuxime invit, Guy Saint-Michel, coordonnateur du programme d'animation religieuse l'Universit Laval, exprime que les propos de Huntington sont tout fait confirms par les vnements de la guerre contre l'Irak. Son opinion est partage par le troisime confrencier, Soheil Kash, professeur retrait de L'Universit Libanaise, qui dit : Les propos de Huntington sont trs ralistes. Il y a toujours eu entre les empires des contacts lis un phnomne de pouvoir. Le conflit actuel oppose l'empire occidental celui des Musulmans. On ne peut pas dire que Bush est uniquement en Irak pour les 200 MM $ en gisements ptroliers qui s'y trouvent. Ce serait rduire les conflits mondiaux une approche conomiste marxiste. Un autre invit, Louis Balthazar, professeur retrait de science politique l'Universit Laval, confirme au moins une partie de la thse en constatant que : Huntington a compris que les conflits sont anims par la recherche d'identit culturelle. Ces identits sont faonnes par les religions. Puis, il discute le rle des Etats-Unis, qui est son apoge et ainsi poursuit la tendance de prsenter ses valeurs comme celles de l'humanit. Pourtant, cet aspect remet en question la thse de Huntington, Balthazar ne croit pas vraiment au choc des civilisations comme cause de la guerre contre l'Irak. Pour lui la myopie interculturelle et la faillite diplomatique des Etats-Unis leur font utiliser la religion pour alimenter des conflits entre civilisations. Finalement, le premier confrencier, Dahan confirme cette proposition en rejetant le choc des civilisations. Selon lui ce sont les rgimes totalitaires qui tuent et qui asservissent pour assouvir leurs ambitions. A l'aide de cette discussion, on voit que le phnomne du choc des civilisations est encore trs controvers, mais aussi actuel qu'aprs la parution du livre de Huntington. Depuis l'apparition du phnomne du choc des civilisations, de nombreuses critiques remettent en question les thses abordes, mais l'analyse de ces critiques dpassera le cadre de ce rapport. Nanmoins, je vais citer quelques exemples : Premirement, il y a les critiques internes de

l'ouvrage de Huntington, qui remettent en question les dfinitions des civilisations supposes par l'auteur. Deuximement, il y a des critiques d'analyses, surtout des analyses de relations internationales contemporaines dans le livre, qui rpondent directement l'article paru dans la revue Foreign Affairs en 1993. Finalement, on trouve souvent des critiques des rsultats des analyses de Huntington, qui sont avant tout ceux de l'cole raliste. L'argument principal se rsume dans la citation suivante de Fouad Ajami (professeur des tudes de Moyen Orient l'cole des tudes Avances Internationales l'Universit de John Hopkins) : les civilisations ne contrlent pas les tats, les tats contrlent les civilisations. Il est vident que le dbat sur le choc des civilisations occupe aujourd'hui de nouveau les intellectuels du monde. Dix ans aprs la parution du livre de Huntington, ils essayent de comparer les prdictions de l'auteur avec l'histoire qui s'est droul pendant la dernire dcennie. Les discussions sont alors trs actuelles.

ConclusionEn conclusion, on peut dire, que les deux auteurs Mahdi Elmandjra et Samuel Huntington ont abord une thse similaire qui occupe, ds son apparition, le monde intellectuel. Pour la premire fois, le phnomne du choc des civilisations s'est fait jour et reste jusqu' maintenant trs controvers et trs actuel. La comparaison des deux approches, l'une d'un auteur occidental et l'autre d'un auteur oriental, montre l'ampleur de la thse du choc des civilisations et largi l'horizon du penseur critique. Bien qu'il n'existe pas une concordance absolue entre les deux approches, le point essentiel est semblable et des ractions multiples critiquent les deux propos en remettant en question le phnomne du choc des civilisations. Actuellement, la guerre du golfe donne une nouvelle pousse la discussion autour des livres de Huntington et Elmandjra. En plus, la thse aborde est trs utile et intressante pour le contexte international. Les journalistes, les chercheurs en sciences politiques, sociales, et conomiques et dans le domaine des medias doivent toujours tre au courant du dveloppement l'chelle mondiale et prendre en considration les changements actuels. Les vnements qui se sont passs depuis la parution des livres des deux auteurs sont alors trs importants. Voyons maintenant si l'avenir nous donne la confirmation ou la rfutation de la thse du choc de civilisation.