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1. Extraits choisis dans "Picasso ou rien". Elèves : Edmond, Mateo et Simon. Le vieux avait complètement oublié ma présence. Il parlait tout seul. Il imaginait à haute voix une autre histoire que la sienne. Une histoire dans laquelle il aurait été un père normal. L'écouter me faisait battre le coeur à toute allure. Je commençais à comprendre qu'il pensait que papa était mort parce qu'il ne lui avait pas obéi. Il avait établi une sorte d'équation horrible : si tu as choisi d'être un artiste, tu seras malade. Il a continué d'une voix grave : "Alors un jour je lui ai dit : "Tu veux être musicien. Très bien. Alors sois Mozart ou rien." Je ne pouvais pas en entendre davantage. Je me suis levé et j'ai couru jusqu'à ma chambre. J'ai coincé la poignée de la porte avec ma chaise pour que l'Autre n'entre pas et j'ai appelé ma mère. Je lui ai raconté ce qui venait de se passer. Mon angoisse s'était transformée en rage. Je n'arrivais presque pas à parler. "Je veux qu'il foute le camp d'ici, je le déteste... Il a raconté n'importe quoi... Tu savais qu'il avait balancé à papa : "Sois Mozart ou rien". C'est comme si tu me disais : "Sois Picasso ou rien". Mon portable a sonné. J'ai décroché, c'était maman. - Tu vas bien mon Jimmy? - Yes, mamounette! - Vous êtes à la gare? - Pas encore. - Tu souhaiterais inviter qui d'autre à ta fête? - J'ai réfléchi. Oui, je voudrais inviter Papy Sam.

Maison de retraite Bagnol - déc 2014

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Voici les textes que nos élèves de 6e2 ont lu lors de leur visite à la maison de retraite de Bagnol en Forêt en décembre dernier

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1. Extraits choisis dans "Picasso ou rien".

Elèves : Edmond, Mateo et Simon.

♥ Le vieux avait complètement oublié ma présence. Il parlait tout seul. Il imaginait à haute voix une autre histoire que la sienne. Une histoire dans laquelle il aurait été un père normal. L'écouter me faisait battre le coeur à toute allure. Je commençais à comprendre qu'il pensait que papa était mort parce qu'il ne lui avait pas obéi. Il avait établi une sorte d'équation horrible : si tu as choisi d'être un artiste, tu seras malade.

Il a continué d'une voix grave : "Alors un jour je lui ai dit : "Tu veux être musicien. Très bien. Alors sois Mozart ou rien."

Je ne pouvais pas en entendre davantage. Je me suis levé et j'ai couru jusqu'à ma chambre. J'ai coincé la poignée de la porte avec ma chaise pour que l'Autre n'entre pas et j'ai appelé ma mère. Je lui ai raconté ce qui venait de se passer. Mon angoisse s'était transformée en rage. Je n'arrivais presque pas à parler.

"Je veux qu'il foute le camp d'ici, je le déteste... Il a raconté n'importe quoi...

Tu savais qu'il avait balancé à papa : "Sois Mozart ou rien". C'est comme si tu me disais : "Sois Picasso ou rien".

♥ Mon portable a sonné. J'ai décroché, c'était maman.

- Tu vas bien mon Jimmy?

- Yes, mamounette!

- Vous êtes à la gare?

- Pas encore.

- Tu souhaiterais inviter qui d'autre à ta fête?

- J'ai réfléchi. Oui, je voudrais inviter Papy Sam.

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2. Extraits choisis dans "La Fille qui n'aimait pas les fins".

Elèves : Elsa, Maxime et Flavie.

♥ Il va être quatorze heures. J'entends un brouhaha de jeunes voix. Les collégiens se précipitent sur les chaises installées, choisissant de préférence celles du fond.

La première rangée se remplit de quelques jeunes filles et...

Au premier rang, juste en face du fauteuil prévu pour l'auteur, Maya.

Sandra procède aux présentations. La jeune femme qui leur fait face est déjà l'auteur d'une dizaine de romans pour adolescents. A quel âge a-t-elle commencé? Au berceau? D'une voix mélodieuse, elle se met à parler de ses livres, de son travail, passionnément, goulûment, pourrais-je dire. Les jeunes l'écoutent, fascinés. Vient le temps des questions et celles-ci pleuvent. Jamais, moi-même, je ne me suis retrouvé devant un public aussi enthousiaste et je le déplore soudain. Et voilà que se fait entendre une petite voix que je connais déjà bien. Je tends la tête et l'oreille.

- Comment faites-vous pour finir vos livres?

- Il est toujours difficile de terminer un livre. Au fur et à mesure que l'on avance dans l'écriture, on sait que l'on s'achemine inexorablement vers la fin et que ce sera forcément un déchirement.

- Mais à quel moment estimez-vous que l'histoire est finie et comment savez-vous si la fin que vous avez choisie plaira aux lecteurs?

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- Je termine un livre quand je pense avoir accompagné les personnages au plus loin et qu'il est donc temps, pour moi, de les abandonner. Quant à savoir si la fin choisie plaira à mes lecteurs, je ne me pose pas la question. C'est au lecteur de prendre le relais, d'en décider.

- Est-ce que ça vous arrive parfois de regretter une fin, d'avoir envie d'en changer?

- Cela se pourrait effectivement. C'est pour cela que j'évite de relire mes livres une fois qu'ils sont publiés.

Elle rit. Les élèves aussi. Mais, à la nuque de Maya, je sens qu'elle n'est pas satisfaite. La preuve, voilà qu'elle lâche soudain, dans un souffle :

- Moi, je ne lis jamais les fins.

Silence. La jeune femme qui me fait face me semble ravie de l'échange.

Imperturbable, Maya poursuit :

- Je lis jusqu'au moment où je sens que je n'ai pas envie d'en savoir plus. Je mets alors un marque-page à l'endroit où j'ai décidé de m'arrêter. Parfois, je reprends le livre pour voir si je peux aller un peu plus loin...

- Et tu y réussis? demande l'auteur.

- Cela arrive...

- Elle est complètement ouf, cette Maya! Je l'ai toujours dit! ricane un élève à l'oreille de son voisin qui ne semble pas du tout du même avis et le rabroue vertement.

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3. Extraits choisis dans "Rue Stendhal".

Elèves : Zacharie, Franck et Dylan.

♥ - Eh bien moi, je préférerais la partager avec une soeur! Ce n'est pas drôle d'être enfant unique.

Ce disant, elle jette un coup d'oeil complice à Estéban. Voilà qu'il partage quelque chose avec Lola. Ou plutôt qu'elle partage quelque chose avec lui. Et il en est tout remué.

- Nous, on dort tous les enfants dans la même chambre. Comme ça, on se tient chaud l'hiver! s'esclaffe Idris.

Tous éclatent de rire.

Alors qu'Estéban s'approche de la fenêtre, Lola le rejoint.

- Regarde par la fenêtre! lui chuchote-t-elle à l'oreille. Que vois-tu?

- Ben, la cour de l'immeuble.

- Oui, mais quoi encore?

- Je vois... chez moi.

- Oui... Souvent, le soir, je regarde chez toi pour voir si je t'aperçois.

Estéban se retourne vers Lola. Elle est toute rouge.

- Ah bon, mais pourquoi?

- Comme ça! répond-elle en haussant les épaules et le laissant planté là.

Estéban en reste coi. Mais il se dit que lui aussi désormais regardera vers la chambre de Lola.

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La matinée se passe en éclats de rire et, quand il est l'heure de rentrer déjeuner, les enfants constatent avec plaisir que le soleil est revenu.

Ils décident de retourner dès le début d'après-midi au Père-Lachaise, se disant que peut-être ils y trouveraient une nouvelle lettre.

Ils avaient raison car, alors qu'ils passent devant la loge de la gardienne, celle-ci les interpelle :

- Les enfants, j'ai du courrier pour vous!

Munis de la lettre numéro 3, ils s'installent sur les marches de leur escalier et Bruno en commence la lecture :

Poursuivons notre jeu par une devinette, voulez-vous? Reprenez l'avenue Circulaire et continuez tout droit vers le Mur des Fédérés.

Les enfants s'exécutent et remontent l'avenue.

Voilà qui est fait? Regardez sur votre droite. La tombe est discrète. Juste un nom, Paul Eluard, et deux dates : 1895 - 1952.

- C'est ici! indique Idris en repérant la tombe en question.

C'était un grand, très grand poète, un pacifiste. Pendant la Seconde Guerre mondiale, alors que la France est humiliée et que règne la barbarie nazie, les résistants s'organisent. Parmi eux, Paul Eluard écrit ce magnifique poème destiné à soutenir l'espérance en la victoire. Il sera parachuté sur la France occupée et deviendra le cri de ralliement de tous ceux qui restent fidèles à la France.

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" Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et les arbres

Sur le sable sur la neige

J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches

Pierre sang papier ou cendre

J'écris ton nom..."

4. Extraits choisis dans "L'Heure des chats".

Elèves : Lauryn, Angelli et Perrine.

♥ Demain, c'est la rentrée en sixième. Je dois préparer mes affaires pour emménager à l'internat du collège. Les manuels scolaires et les cahiers tout neufs sont déjà sur mon bureau. Ma mère a noté sur un papier combien je dois prendre de pulls, de tee-shirts, de culottes, de chaussettes, de pantalons. Elle m'a dit que c'était à moi de faire mon sac. Que je suis capable d'y arriver sans aide. J'ai décidé de ne pas prendre mon foulard jaune pour dormir. Sinon on risque de se moquer de moi. Demain, je vais faire connaissance avec mes copines de chambre. Je suis à la fois excitée et inquiète. On pourra faire nos devoirs, après les cours. Je leur parlerai d'Angèle et des chats du cimetière.

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♥ Peut-être aussi de Basile, qu'on croisera sûrement parfois dans la cour, même si on n'est pas dans la même classe. Pourtant j'ai le coeur gros. Ange va me manquer. Je le verrai quand je reviendrai à la maison, les week-ends. Et aussi pendant les vacances. Sur la couverture de mon cahier de textes, j'ai collé une photo de lui. Nani Romagnol m'a dit qu'à Noël il aurait déjà presque atteint sa taille adulte. Probablement que moi aussi j'aurai changé, d'ici là. Je sais qu'en sixième plus rien ne sera comme avant. Une question me turlupine, depuis que j'ai connu Angèle et que j'ai compris à quoi servent les plantes dans son jardin : est-ce qu'on peut grandir sans perdre ses rêves?

♥ Les mobylettes des grands vrombissent dans la rue principale, comme les insectes monstrueux de mes cauchemars. Je ferme la porte derrière moi, pour être tranquille. Surprise! Dans ma chambre, un grand sac tout neuf est posé sur mon lit. Il est bleu lagon, à motifs de fruits tropicaux multicolores, avec des roulettes et une poignée rétractable. Un vrai grand sac de voyage, pour aller loin, très loin, et pourquoi pas jusqu'à Tahiti un jour? Une jolie carte l'accompagne. Elle représente un arbre aux branches infinies, avec des coeurs à la place des feuilles. A côté, un énorme coquelicot a été ajouté au feutre, il a une longue tige et une corolle rouge éclatant. Son coeur noir est dessiné comme un vrai coeur, avec deux boucles presque vivantes. Je reconnais l'écriture de mon père. Il n'a mis qu'une phrase. A ma fille qui grandit. Papa.

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5. Extraits choisis dans "Sako".

Elèves : Roxane et Noah.

♥ Cette nuit j'ai rêvé que Robinson, Vendredi et moi, on démolissait le mur d'Amérique et avec les morceaux, on fabriquait un pont. Les gens nous applaudissaient et tout le monde s'y mettait. Après, j'ai eu l'impression qu'on me chatouillait les doigts de pieds et ça m'a réveillée.

♥ Je vois mon arrière-grand-père murmurer des paroles magiques au-dessus de la tête de ma mère. Soudain il s'arrête et ses yeux plongent dans les miens pour me demander de partir tout de suite "tout de suite, tout de suite, tout de suite" et il disparaît.

♥ Ma mère se dresse brusquement sur le lit et on entend un bruit, le bruit de la porte coulissante des fourgons. Quelques secondes et hop! On se glisse dehors vite vite! On rampe dans l'herbe le long de la haie de Mado. On entend les petits Algériens qui pleurent et leur mère qui supplie qu'on les laisse tranquilles. Elle est si émue qu'elle mélange tous les mots français pour le dire. Ils n'écoutent pas, ils ne sont pas venus pour ça. Moi j'ai honte de me sauver toute seule avec ma mère, de ne pas pouvoir les sauver tous. Mais comment on pourrait?

♥ Mon arrière-grand-père ne les a pas prévenus et Mado, elle dirait quoi en voyant tout le monde dans son jardin? Elle ne dirait peut-être rien, Mado, mais eux, ceux qui nous cherchent, ils viendraient dans le jardin et ils piétineraient les fraisiers et le coquelicot. Bila ne veut pas se laisser faire. D'abord il essaye de se battre, ce qui n'arrange rien, et puis il se met à pleurer parce que ce n'était qu'un enfant. Moi aussi j'aurais pleuré à sa

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place et même, j'ai envie de pleurer à la mienne. Je ne veux pas l'entendre ; je me bouche les oreilles.

6. Extraits choisis dans "L'Heure des chats".

Elèves : Luna, Lauréna et Victoria.

♥ Criii criii criiish. Criii criii criiish. Le portail grince. Elle est déjà là. Trop tard pour courir nous cacher. Et puis je ne peux pas secouer le chaton, déjà qu'il est malade... De toute façon, la vieille aux chats nous a vus. Elle se dirige droit vers nous, suivie de la horde de chats.

Basile éteint la lampe et la range avec le carnet dans sa poche. Je tremble encore plus que le chaton. La vieille avance si lentement. Elle se traîne plus qu'elle ne marche. Comme si elle était trop lourde pour elle-même. Pourtant, elle a laissé son caddie près du portail.

Une éternité s'écoule. Les chats se mettent dans ses jambes et manquent de la faire trébucher plusieurs fois. Pour me rassurer, je caresse le chaton. Vue de plus près, la vieille a le visage tout défoncé , comme si sa mâchoire avait voulu rentrer dans sa gorge. Peut-être qu'elle a eu un accident. Ou que quelqu'un lui a cassé la figure à coups de poing. Quelqu'un qu'elle a voulu empoisonner, par exemple.

- Si c'est pas malheureux! elle s'exclame en arrivant à notre hauteur. Encore un chaton abandonné!

Elle n'a pas l'air de trouver notre présence anormale. J'ai bien trop peur pour parler, mais j'essaie de lui sourire, pour lui être

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agréable. Mon sourire doit être à peu près aussi naturel que celui d'une candidate à Miss France pendant le défilé en maillot de bain. Elle a un gros grain de beauté poilu devant l'oreille. Basile a l'air plus à l'aise :

- Il est malade.

- Les gens ne se rendent pas compte! A chaque fois, c'est la même chose! Ils prennent le cimetière pour une nurserie...

J'espère qu'elle ne croit pas qu'on était venus abandonner le chaton. Elle caresse la tête du bébé. Il a les yeux fermés. Ses doigts sont tous biscornus.

- Celui-ci n'a pas deux semaines! Regardez-moi ça! Une véritable honte.

- Vous croyez qu'il survivra? demande Basile, dont le courage m'épate.

Je ne veux surtout pas qu'elle me prenne le chaton des mains. Si seulement je pouvais le ramener à la maison et le soigner!

- Il va falloir remplacer sa mère... tu sais t'occuper d'un chaton?

C'est ma chance. La vieille aux chats s'adressait à Basile, mais c'est moi qui réponds, dune voix timide de petite fille sage.

- J'ai déjà eu un chat à la maison. Maintenant il est mort.

- Et tu voudrais en adopter un autre?

Je hoche la tête.

- C'est une responsabilité, tu le sais?

Finalement, la vieille aux chats est bien plus gentille que ce qu'on aurait cru. Pourtant, j'ai du mal à m'habituer à ce visage effrayant avec sa mâchoire enfoncée et ses dents de travers.

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7. Extraits choisis dans "Rue Stendhal".

Elèves : Agathe, Donia et Thomas.

- Bonjour, Lola...! Et voilà même Estéban et Idris! leur lance la bibliothécaire, visiblement surprise. Ce n'est pas souvent que je vous vois ici tous les deux en dehors de l'école, dites donc. Mais j'en suis ravie.

- Bonjour, Elsa, répond Lola. On t'a amené nos nouveaux voisins.

- Quelle fabuleuse idée! Ce jour est à marquer d'une pierre blanche. Alors, quel bon vent vous amène?

- On voudrait emprunter "Le Fantôme de Canterville".

- Oscar Wilde... C'est bien. Vous le voulez en combien d'exemplaires? demande-t-elle en tapotant sur son clavier. Attendez, il ne m'en reste qu'un seul en rayon. Mais puis-je vous demander à quoi est dû cet intérêt soudain pour cet auteur?

- On a vu sa tombe au Père-Lachaise et une dame nous a parlé de ses livres, explique Idris.

- D'accord, je comprends. Mais au fait, j'y pense, vous êtes pressés, là?

- Non, répondent les enfants en choeur.

- Alors que diriez-vous d'une lecture à voix haute? Je n'ai personne, aujourd'hui, pour l'heure du conte, alors on pourrait la remplacer par une lecture pour les plus grands. Ce serait sympa, non?

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- Mais on n'est pas un peu grands, justement, pour que vous nous fassiez la lecture? s'inquiète Bruno.

- On n'est jamais trop grand pour aimer entendre des textes à haute voix, le rassure Elsa.

Quant à Estéban et Idris, ils sont tout simplement ravis en s'installant sur les coussins autour de la jeune femme.

- Vous voulez que je vous lise "Le Fantôme de Canterville" ou plutôt un de ses contes?

- Un conte qui ne fait pas peur, suggère Emilie.

- D'accord... Je pense que celui-ci fera l'affaire. Il s'appelle "Le Géant égoïste".

- Un géant, ça ne fait pas peur? s'inquiète Emilie.

- Non, rassure-toi! répond Elsa en riant et ouvrant le livre.

" Chaque après-midi, en revenant de l'école, les enfants avaient l'habitude d'aller jouer dans le jardin au gazon doux et vert où, ça et là, de belles fleurs brillaient comme des étoiles. Au printemps, douze pêchers offraient une délicate floraison rose et blanche, et à l'automne de beaux fruits juteux. Les oiseaux, nichés sur les arbres, chantaient si délicieusement que les enfants arrêtaient de jouer pour les écouter.

(Elsa prend alors une toute petite voix :)

- Comme nous sommes heureux ici! se disaient-ils.

Mais un jour le géant revint. Il était allé rendre visite à son ami l'ogre de Cornouailles et y était resté sept ans. Quand ils se furent raconté tout ce qu'ils avaient à se dire, le géant décida de rentrer dans son château. En arrivant, il vit les enfants jouer dans son jardin...".

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Tandis qu'Elsa poursuit sa lecture, Bruno se dit qu'elle avait raison. C'est trop chouette d'écouter des histoires.