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ANALYSES B IB LIO GRAP HI QUES La pr6sente rubrique d'analyse d'ouvrages est ouverte h tous mais la direction de la revue se r6serve le droit de s61ectionner les ouvrages et leurs analyses. Les opinions 6mises dans cette rubrique sont accept6es d'office par les auteurs et les 6diteurs ; elles ne peuventen aucun cas 6tre oppos6es h la direction de GEOBIOS. M.A.J. WILLIAMS & HUGHES FAURE 6dit. The Sahara and the Nile. Quaternary environments and Balkema, Rotterdam, 1980, 607 p. prehistoric occupation in Northern Africa. Cet ouvrage comporte 22 articles r6dig6s par 30 auteurs en majorit~ anglophones, cependant 4 chapitres sont 6crits en franqais et les textes anglais sont pr~c6d~s de r~sum6s d6taill6s en fran~ais. Dans la pr6face, les 6diteurs souli- ghent la n~cessit6 d'une synth~se approfondie sur le Quaternaire du Sahara et de la vall6e du Nil car labibliographie est tr~s importante mais tr~s dispers6e. Le but de ce ltvre est de pr6senter une synth~se des recherches r6centes et non une revue d'ouvrages anciens d~j~ bien connus, ce n'est donc pas un trait6 sur l'6volution du Sahara et du Nil au Quaternaire mais une collection d'essais r6unissant les donn6es r6centes sur la g6ologie, la biologie, la climatologie et la pr~histoire de cette r6gion. Ce livre est bien stmctur6 et divis6 en trois parties : le Sahara, le Nil et l'occupation pr6historique. Chacune de ces parties est pr6c6d6e d'un avant-propos r6sumant en quelques lignes le contenu des articles et permettant au lecteur de s~lectionner immddiatement le texte qui pr~sentera pour lui le plus d'int6r6t.

M.A.J. Williams, Hughes Faure,Editors, ,The Sahara and the Nile. Quaternary environments and prehistoric occupation in Northern Africa (1980) Balkema,Hannover

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ANALYSES B IB LIO GRAP HI QUES

La pr6sente rubr ique d'analyse d'ouvrages est ouver te h tous mais la d i rec t ion de la revue se

r6serve le d ro i t de s61ectionner les ouvrages et leurs analyses. Les opin ions 6mises dans

ce t t e rubr ique sont accept6es d 'o f f ice par les auteurs e t les 6di teurs ; elles ne p e u v e n t e n

aucun cas 6tre oppos6es h la d i rec t ion de GEOBIOS.

M.A.J. WILLIAMS & HUGHES FAURE 6dit.

The Sahara and the Nile. Quaternary environments and

Balkema, Rotterdam, 1980, 607 p.

prehistoric occupation in Northern Africa.

Cet ouvrage comporte 22 articles r6dig6s par 30 auteurs en majorit~ anglophones, cependant 4 chapitres sont 6crits en franqais et les textes anglais sont pr~c6d~s de r~sum6s d6taill6s en fran~ais. Dans la pr6face, les 6diteurs souli- ghent la n~cessit6 d'une synth~se approfondie sur le Quaternaire du Sahara et de la vall6e du Nil car labibliographie est tr~s importante mais tr~s dispers6e. Le but de ce ltvre est de pr6senter une synth~se des recherches r6centes et non une revue d'ouvrages anciens d~j~ bien connus, ce n'est donc pas un trait6 sur l'6volution du Sahara et du Nil au Quaternaire mais une collection d'essais r6unissant les donn6es r6centes sur la g6ologie, la biologie, la climatologie et la pr~histoire de cette r6gion.

Ce livre est bien stmctur6 et divis6 en trois parties : le Sahara, le Nil et l'occupation pr6historique. Chacune de ces parties est pr6c6d6e d'un avant-propos r6sumant en quelques lignes le contenu des articles et permettant au lecteur de s~lectionner immddiatement le texte qui pr~sentera pour lui le plus d'int6r6t.

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Dans la premiere pattie, le Sahara, A.T. Grove retrace l'histoire de la r6gion du Sahara et du Nil au point de vue stratigraphique et pal6og6ographique depuis l'6re primaire, permettant de comprendre sa morphologie actuelle. M. Mainguet, L. Canon et M.C. Chemin montrent, ~t l'aide de photos a6riennes et de photos prises par satellite, que le Sahara constitue une vaste unit6 fonctionneUe. Le mouvement du sable est en harmonie avec la circulation g6n6rale des vents. Les trajectoires sont extr~mement diff6renci6es, les secteurs h dominante de transport alternent avec les secteurs h domi- nante de d6p6t, caract6ris6s chacun par des figures 6oliennes sp6cifiques. On observe une diminution g6n6rale de la taille des particules depuis le centre du d6sert jusqu'~ la r6gion sah61ienne.

J. Maley, en s'appuyant sur les donn6es g6omorphologiques, min6ralogiques et pal6obotaniques, retrace l'histoire des changements climatiques au Sahara. Au Pal6oc6ne et ~ l'Eoc6ne celui-ci 6tait sous un climat 6quatorial. Un important changement climatique se situe ~t la limite Eoc~ne-Oligoc~ne, il appara~ alors un climat tropical avec une saison s~che. A la fin du Miocene et durant tout le Plioc6ne le refroidissement g6n6ral de l'h6misph~re nord provoque l'apparition de conditions d6sertiques au Sahara. Les analyses poUiniques de s6diments plioc6nes montrent que la v6g6tation x6rophy- tique y 6tait alors d6j~ en place. Puis M.R. Talbot analyse les r6actions de l'environnement aux changements climatiques dans le Sahel de l'Afrique de l'Ouest au cours des 20 000 derni~res ann6es. De 20 000 ~ 12 000 BP, le d6veloppement des dunes indique une phase aride. De 12 000 ~ 8 000 BP, l'humidit~ augmente et les cours d'eau du Sahel atteignent leur d6veloppement maximal tandis que de nombreux lacs permanents se forment. Entre 8 000 et 7 000 BP, on observe une br6ve p6riode d'aridit6, puis de 7 000 ~t 4 000 BP le climat redevient humide mais l'6coulement des eaux depuis les massifs montagneux jusqu'au Sahel d6cline progressivement. Enfin, ~t partir de 4 000 BP, les conditions semi-arides actuelles sont r6alis6es. Les effets morphologiques des changements climatiques dans les montagnes du Sahara et de ses bordures sont 6tudi6s par B. Messerli et M. Winiger qui 6valuent les effets des ph6nom6nes glaciaires et p6riglaciaires, actuels et pass6s, sur le relief. P. Rognon d6crit les grandes terrasses aUuviales qui se sont form6es au P16istoc~ne sup6rieur et ~ l'Holoc6ne, en relation directe avec les variations climatiques.

M. Servant et S. Servant-Vildary reconstituent l'environnement quaternaire du bassin du Tchad en utilisant les donn6es fournies par les hauts niveaux lacustres, les flores de diatom6es et les s6diments fluvio-lacustres. Des flores temp6r6es de diatom6es, indiquant une baisse de la temp6rature, se sont d6velopp6es entre 26 000 et 20 000 BP et entre 12 000 et 7500 BP, tandis que des flores tropicales sont connues entre 20 000 et 18 000 et ~ partir de 7 000 BP jusqu'~ nos jours. Cet article pose le probl6me de la divergence d'opinion entre les diff6rents auteurs au sujet de l'explication des variations climatiques dans la partie nord de l'Afrique au cours du Quaternaire. "Pour la plupart des auteurs, les climats des latitudes tropicales se sont maintenus, dans leurs caract6res essentiels, pendant le Quaternaire r6cent. Les variations de climat sont assimil~es ~ un d~calage, vers le Nord ou vers le Sud, des isohy~tes, sans modifications intrins6que des zones climatiques" (p. 156). Pour M. Servant et S. Servant-Vildary les variations du niveau du lac Tchad et les modifica- tions climatiques indiqu6es par les flores de diatom6es ne peuvent s'expliquer que par une alternance d'affaiblissement ou de renforcement des puissants anticyclones sub-tropicaux qui existent actuellement sur le Sahara, permettant une fr6quence accentu6e ou diminu~e de la p6n6tration de masses importantes d'air polaire froid jusqu'aux basses latitudes.

L. Balout et C. Roubet d6finissent les apports de la pr6histoire ~t la stratigraphie et h la chronologic du Sahara et du Maghreb. Leur article souligne clairement le manqu.e de pr6cision des donn6es arch6ologiques pour les industries ant6rieures au Moust6ro-At6fien. Enf'm S.E. Nicholson utilise les chroniques historiques pour reconstituer le climat du Sahara au cours des deux derniers mill6naires et en particulier ~ partir du 16e si6cle. Des 6v6nements tels que les s6cheres- ses, les famines, les inondations, mais aussi les 6pid6mies de peste (qui semblent plut6t caract6ristiques des p6riodes humides), des r6cits fairs par des voyageurs, des relev6s m6t6orologiques partiels, des 6tudes morphologiques et dendro- chronologiques permettent de montrer que pendant certains 6pisodes, au cours de cette p6riode, le clirnat du Sahara a 6t6 assez diff6rent de ce qu'il est actuellement. Du point de vue m&6orologique les changements des conditions clima- tiques ne peuvent pas s'expliquer uniquement par le d6placement vers le Nord du front intertropical, ni par un d6place- ment vers l'6quateur des cyclones m6diterran6ens qui traversent l'Afrique septentrionale en hirer. I1 faut rechercher une explication en 6tudiant les syst6mes m6t6orologiques h plus petite 6chelle.

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Dans la deuxi6me partie, le Nil, M.A.J. et F2¢1. Williams retracent tout d'abord l'6volution g6ologique du bassin du Nil. A la fin du Mioc6ne la M6diterran6e devint un d6sert de sel. Le niveau de base du Nil fut alors abaiss6 et le fleuve creusa son lit jusqu'~ - 570 m au Caire et ~ - 170 m ~ Aswan, ~ 700 km au Sud. Lorsqu'au Plioc~ne les eaux de l'Atlan- tique envahirent de nouveau la M6diterran6e, lamer p6n6tra dans les gorges du Nil en remontant tr6s loin au Sud jusqu'~ Aswan. Apr6s le comblement de cette vall6e par des d6p6ts d'estuaire, de lagune et des d6p6ts fluviatiles grossiers, le Nil recommenca ~ reconstruire son delta dans la M6diterran6e. Des estimations pr6cises obtenues r6cemment sur le volume du delta et la charge de s6diments transport6s par le Nil et ses diff6rents affluents permettent de montrer que le taux actuel d'6rosion dans le haut bassin est de 10 ~ 20 fois sup6rieur au taux moyen calcul6 depuis la f'm de l'Oligoc~ne. Les causes en sont le soul~vement tectonique rapide dans les montagnes d'Ethiopie joint au renforcement de l'~rosion du ~ l'action de l'homme. Cet article pose le probl6me des effets ~ long terme du pi6geage des s6diments du Nil dans le lac Nasser.

D.A. Adamson et F.M. Williams ont 6tudi6, ~ l'aide de photos prises par satellite, l'influence des structures g6olo- giques sur le r6seau hydrographique du Nil, h toutes les 6chelles spatiales. Ce travail montre l'importance et l'anciennet6 des structures g6ologiques NE-ENE et SE-SSE dans rorientation de ce r6seau. Le syst6me de drainage du Nil semble 6tre li6 dans le temps aux ph6nom6nes de soul~vement et de formation des rifts de l'Afrique orientale. Les anciennes lignes de faiblesse structurale qui contr61aient les directions des rifts, ont 6galement d6termin6 l'orientation des fosses s6dimentaires et du cours du Nil et de ses affluents.

Dans un article clair et pr6cis K.W. Butzer retrace l'histoire de la vall6e du Nil au Pl6istoc6ne en Egypte et en Basse Nubie. La succession des diff6rentes phases de creusement et de s6dimentation ainsi que les conditions climatiques sont r6sum6es dans deux tableaux allant l'un du Mioc6ne inf6rieur au P16istoc6ne moyen, l'autre du P16istoc6ne sup6rieur

l'~poque historique. Des s6diments 6thiopiens, mis en ~vidence par les min~raux lourds, sont arrives en Egypte ~ la fin du Pl6istoc6ne moyen. Au P16istoc~ne sup6rieur on observe une alternance d'6pisodes de s6dimentation, correspondant un Nil ~t fortes crues sous un climat aride ou sub-aride, et d'6pisodes d'6rosion correspondant ~ des phases hyperarides, pendant lesquelles le Nil garde cependant un d6bit de pointe important. Au cours de ces phases hyperarides les dunes envahissent les chenaux et les oueds cessent de couler. L'activit6 du Nil au cours des temps pharaoniques montre une alternance de p6riodes de diminution des crues, par exemple entre 3 000 et 2 800 BC (avec une p6riode de crues catas- trophiquement basses entre 2 250 et 1 950 BC), et de p6riodes d'augmentation des crues. Entre 1 840 et 1 770 BC il y eut des crues exceptionnellement fortes, ayant lieu tous les 2 ~ 5 ans, avec des d6bits de pointe trois fois plus forts que ceux des dix plus grandes inondations du XIXe si~cle. L'histoire pl6istoc~ne du Nil est compliqu6e du fait de l'inter- f6rence des tendances pal6oc!imatiques subm6diterran6ennes et subsahariennes.

Puis M.A.J. Williams et D.A. Adamson 6tudient l'histoire des s6diments d6pos6s par le Nil bleu et le Nil blanc au Soudan central au cours du P16istoc6ne r6cent et de l'Holoc6ne. Au Pl6istoc6ne sup6rieur des crues tr~s importantes eurent lieu entre 12 000 et 11 000 BP, c'est alors que les lacs Victoria et Albert commenc6rent ~ se d6verser dans le Nil blanc. A l'Holoc~ne plusieurs transgressions majeures sont marqu6es dans les d6p6ts du Nil blanc ~ 8 400 - 8 100 BP, 7 000 BP, 5 500 BP, 3 000 BP, 2 700 BP, et 2 000 - 1 5~)0 BP. Certaines de ces crues sont 6galement contemporaines de celles du Nil bleu ainsi que des hauts niveaux des lacs en !Afrique de 1 Est et au Sahara.

Le Djebel Marra, 6tudi6 par M.A.J. Williams, D.A. Adamson, F.M. Williams, W.H. Morton et D.E. Parry, est un massif volcanique situ6 dans la province du Darfur, au Soudan occidental. I1 occupe une position strat6gique entre le bassin du Tchad h l'Ouest, celui du Nil ~i l'Est, le d6sert du Sahara au Nord et les savanes et les for6ts d'Afrique tropicale au Sud. Au point de vue botanique il ne constitue pas une barri6re mais plut6t un lien entre diff6rentes provinces floris- tiques. Au Sud et h l'Ouest de ce massif des formations alluviales, des tufs et des diatomites associ6es ~ des industries oldowayennes et acheul~ennes indiquent des conditions tropicales humides datant du P16istoc6ne moyen. A l'int6rieur de la caldera du Djebel Marra se trouvent deux lacs de crat6re dont les lignes de rivages montrent des fluctuations, corres- pondant h quatre niveaux au dessus du rivage actuel du lac, dat6es du P16istoc6ne sup6rieur et de l'Holoc6ne. Ces posi- tions 61ev6es des lacs indiquent des phases humides, situ6es ~ 19 000 - 16 000 BP etM4 000 BP, et correpondant ~ une 6poque off il existait un lien fluvial entre le Djebel Marra et les r6gions du Sud actuellement s6ches.

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D.A. Livingstone a effectu~ l'&ude des changements du milieu dans les cours majeurs du Nil. Les glaciers du Haut Nfl ont connu une grande extension, ~ trois reprises au moins, au tours du P16istoc~ne. Pendant la derni~re glaciation la diminution de la pluviosit~ semble avoir ~t~ de l'ordre de 25 % et l'abaissement de la temp6rature peut &re estim~ de 6,7

8,3 o. Des carottes pr~lev~es dans les lacs permettent de reconstituer leur histoire. La mieux connue est celle du Lac Mobutu Sese Seko (ex Lac Albert). Ce lac s'est d6vers~ dans le Nil entre 28 000 et 25 000 BP, entre 18 000 et 14 000, puis ~ partir de 12 500 BP. Dans tousles sites pl6istoc~nes qui ont 6t6 ~tudi6s les associations polliniques sont domin6es par les Gramin~es. Dans la r~gion du Lac Victoria les pollens d'arbres forestiers ont remplacA les Gramin~es $ partir de 12 500 BP. Durant les derniers mill6naires les arbres forestiers ont recul~ partout, sans doute en relation avec des actions anthropiques. Pour le non-sp6cialiste cet article contient des informations tr~s int~ressantes sur la difficult~ des identifi- cations palynologiques en Afrique et sur les difficult~s d'interpr6tation dues au manque de donn6es comparatives sur la pluie pollinique actueUe.

F. Gasse, P. Rognon et F.A. Street reconstituent l'histoire quaternaire des lacs de l'Afar et du Rift ~thiopien. De grands lacs se sont d6velopp6s en Afar au cours du Plio-Pl~istoc~ne. La formation de Hadar comporte 30 couches fossilif~res renfermant des restes d'Hominid6s (Australopithecus et Homo) associ6s ~ des industries qui semblent ~tre les plus anciennes connues. La faune de grands mammif~res est caract6ristique des savanes ou des r6gions de for& claire. La faune comporte ~galement des formes aquatiques associ6es gt des faci6s lacustres ou palustres. Le P16istoc~ne moyen semble avoir 6t~ une p~riode relativement s~che. Au P16istoc~ne sup~rieur on conna~ plusieurs ~pisodes de hauts niveaux lacustres, la phase la plus importante est synchrone dans l'Afar et dans le Rift 6thiopien et se situe environ entre 27 000 et 20 000 BP. Cet 6pisode est suivi d'une phase de tr~s grande aridit~ entre 17 000 et 12 000 BP, tandis qu'une nouvelle phase humide est indiqu~e au d~but de l'Holoc6ne. Au Sud du Sahara les Pluviaux africains, d6finis par les hauts niveaux lacustres sont associ~s aux phases interglaciaires. Les premi+res 6tudes sur les lacs holoc~nes de l'Est africain montrent qu'il en est de m~me. La d~couverte de hauts niveaux lacustres dans l'Afar et dans le Rift, dates de 40 000 h 20 000 BP, montre que ces niveaux lacustres sont au moins en partie contemporains de la derni~re avanc6e glaciaire wiirmienne en Europe. Enfin les ~tudes effectu6es dans l'Hadar montrent les m6mes r6sultats que ceux qui ont ~t6 obtenus dans l'Est africain (Olduvai, Omo, Est Turkana) : on observe tout d'abord une p&iode humide avec formations lacustres entre 3,3 et 2,5 millions d'ann6es, puis l'aridit6 s'installe entre 2,5 et 2 millions d'ann6es. Ce changement coihcide avec le d~veloppement des calottes glaciaires dans l'h~misph~re nord et l'apparition d'une flore adapt~e ~ la s~cheresse d'~t~ en M~diterran~e. Apr~s cette p6riode de s~cheresse on trouve dans l'Afar central de nouveaux 6pisodes lacustres marqu6s par le d~p6t de diatomites, avec des espbces indiquant une temp6rature plus frafche. D'apr~s ces premiers r6sultats on peut voir que les phases d'humidit6 caract6ris~es par de hauts niveaux lacustres peuvent 6tre contemporaines, soit des phases de refroidissement glaciaires dans l'h~misph6re nord, soit des phases de r6chauffement. Ainsi que l'6crivent les auteurs : " One major outcome of research on these lakes has been to challenge earlier oversimplified views" (p. 396).

Dans la troisi6me partie, l'occupation pr6historique, les articles de F. Wendorf et F.A. Hassan, consacr6s aux gisements pr6historiques et ~ l'6cologie humaine dans le Sahara 6gyptien et la vall6e du Nil, montrent que l'on connait dans eette r6gion un tr~s grand nombre de sites pr6historiques, depuis le Pal6olithique inf6rieur jusqu'au N~olithique, avec une tr6s grande vari6t6 d'industries, ce qui est g6n6ralement peu connu des pr6historiens fran~ais.

A.B. Smith a 6tudi6 la tradition n6olithique au Sahara. I1 pose le probl6me,'d6j~ 6voqu6 dans l'avant-propos de cet ouvrage, de l'influence de l 'homme sur la d6sertification du Sahara. Plusieurs articles de ce livre ont montr6 que des p6riodes d'aridit6 comparables ~ la p~riode actuelle, ou m~me encore plus intenses, se sont d~j~ manifest6es au Sahara bien avant l'apparition de l 'homme. A.B. Smith ~crit : "It is probable that the herding complex was a contributing factor to the dessication of the Saharan zone, but fluctuating conditions were experienced prior to domestic animals appearing on the Saharan scene. They probably helped to exacerbate a deteriorating situation" (p. 464). Dans un autre article consacr6 aux bovins domestiqu6s du Sahara et h leur introduction en Afrique de l'Ouest, A.B. Smith montre la difficult~ d'utiliser les mat~riaux des anciennes fouilles pour clarifier la question de l'origine des bovins domestiques du Sahara. Plusieurs probl6mes sont soulev6s concernant le nombre d'esp6ces de Bovid~s sauvages indig6nes en Afrique du Nord, la validit~ de l'esp6ce Bos braehyceros d6crite par C. Gaillard en Egypte, l'apparition de races domestiques ~ comes

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courtes ~ partir de formes sauvages fi longues comes. La transition entre les formes sauvages et les formes domestiques peut ~tre observ6e en Alg~rie, ~ Capeletti, entre 6 500 et 4 500 env. BP. Au cours de la dessication du Sahara, les pasteurs nomades auraient gagn~ l 'Afrique de l 'Ouest af'm de trouver des eaux plus permanentes pour leur b6tail.

S.E. Smith a v6cu neuf mois au Mall, dans la tribu des Kel Tamasheq (Touaregs). Elle 6tudie les relations de ces pasteurs nomades avec leur environnement, relations qui sont probablement tr~s semblables h celles des peuples pasteurs qui occup~rent cette r6gion pendant l 'Holoc~ne, entre 6 000 et 3 300 BP. Ces nomades utilisent pratiquement routes les ressources de leur environnement, soit directement soit par l'interm~diaire des animaux. Leur survie d6pend enti~re- ment des animaux qui leur foumissent l'essentiel de leur nourriture mais aussi des mati~res premibres, des moyens de transport , et les moyens d'acqu~rir par le commerce, d'autres biens de consommation.

A.B.L. Stemler a consacr~ une 6tude it l'origine de la domestication des plantes au Sahara et dans la vall6e du Nil. L'orge et le froment cultiv6s en Egypte it partir de 6 000 BP environ ont probablement dr6 domestiqu6s au Proche Orient et introduits en Egypte au cours d'une phase humide permettant la libre circulation des hommes et des animaux domes- tiques entre l'Asie et l 'Afrique. Le Sahara dtait alors occup6 par des peuples vivant au bord des lacs, avec une 6conomie bas~e s~r la p~che, la chasse et la r~colte des plantes sauvages. Le dess~chement du Sahara vers 3 500 BP a entrain~ le d~placement des chasseurs-collecteurs vers les r~gions avoisinantes, cr6ant une surpopulation qui, jointe it l 'appauvrisse- ment des ressources locales en nourriture v6g6tale, a conduit les habitants de la zone de savane it semer et it r6colter des c6r6ales locales. L'~vidence arch6ologique de la domestication de c6r6ales africaines est connue seulement it des dates r6centes : 1 000 av. J.C. pour Pennisetum en Mauritanie et 245 ap. JC pour Sorghum au Soudan. I1 n 'y a pas eu un seul centre cultural, ou foyer de domestication, mais le processus de domestication des plantes est apparu tout le long de la savane africaine, au Sud du Sahara.

J. Desmond Clark fait la synth6se du peuplement pr6historique dans cette r6gion it partir de l 'Acheul6en jusqu'it l 'Holoc6ne. L 'un des plus importants probl6mes, d6jit pos6 dans l'article de A.B.L. Stemler, est de savoir pourquoi les soci6t6s importantes et bien structur6es qui se sont d6velopp6es dans la vall6e du Nil vers 12 000 BP : "soit n 'ont jamais achev6 la domestication des plantes, soit ne sont pas arriv6es it transformer les 6tapes initiales en un syst6me durable d'agriculture" (p. 506). I1 est possible que la plaine inondable du Nil ait 6t6 suffisamment fiche pour que le besoin de d~velopper l'agriculture ne se soit pas fait sentir.

On peut adresser aux auteurs de ce livre quelques critiques concernant des point mat6riels. Pour certains articles il serait fort utile d'avoir une carte permettant de situer les gisements pr6historiques. Les auteurs signal,s dans le texte ne se retrouvent pas toujours dans la bibliographic. L'index analytique n'est peut-6tre pas assez d6taill& Enfin de nom- breuses illustrations ont souffert d'une r6duction excessive qui les rend malheureusement peu lisibles. Mais, en d6pit de ces quelques points, ce livre est extr~mement int6ressant. I1 constitue un instrument de travail indispensable it tous ceux qui s'int~ressent au Quaternaire de l 'Afrique et tous ceux qui s'int~ressent au Quaternaire en g6n6ral pourront y trouver une masse d' informations ainsi que de nombreux th~mes de r~flexion.

Analyse C. MOURER-CHAUVIRE Balkema 6dit. P.O. Box 1675 3000 BR Rotterdam, Netherlands

G.-P. Maisonneuve et Larose 15 rue Victor Cousin 75005 Paris

(ISBN 90-6191-0129)

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C.D. SCHONWI ESE

Klimaschwankungen

Springer Verlag, New York,. Heidelberg, Berlin, 1979, 181 p., 54 fig., 12 tabl.

Sommaire : 1. Introduction Constance ou variabilit6 du climat ? Dur6e, atmosph6re, caract6dstiques des 6v6nements m6t6orologiques: Conception "classique" du climat. Climat, temp6rature et temps (au sens de temps qu'il fait). Sens et non sens dela normale ctimatique. Obstacles/t r61argissement de la conception de climat. Spectre des variations de l'atmosph6re. Syst6me climatique. E16ments du climat. Compr6hension moderne de la conception du climat. Questions de climatologie. Travaux synth6tiques internationaux.

2. Les sources d'information dimatologique D6buts des techniques de mesures physiques. S6ries de mesures 6tendues sur de longues ann6es. Observations du temps et n~oclimatologie. Notations des temp6ratures. Pal6oclimatologie : forages dans la glace, en mer profonde et sur le continent. Autres m6thodes pal6oclimatologiques : dendrochronologie, varves, pollens, types de sols, etc

3. M6thodologie de climato-statistique Conception et but de la statistique. Echantillonnage local et ensemble du terrain. Variation et distribution des abondances. Corr61ation et r6gression. Analyse de variance spectrale.

4. Histoire des variations climatiques Probl~me de l'6chantillonnage. Augmentation de la temperature au XXe si~cle. Variation climatique pendant les 300 derni~res ann~es. Variation climatique pendant les 3000 derni~res ann~es. Variation climatique pendant les 10 000 derni~res ann~es. Le Wfirm et l'interglaciaire E~mien. Ages glaciaires quaternaires. Le climat chaud du Tertiaire et du M6sozoii:lue. Variations climatiques depuis l'Arch6en.

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5. Probl~mes de base des variations climatiqnes Enchafnements et complications. Rayonnement solaire, bilan de rayonnement et flux de chaleur. Param6tres de l'orbite terrestre. D6rive continentale. Th6orie modifi6e de Milankovitch. Th6ofie de Wilson. Mod61es de climat et circulation atmosph6rique. Activit6 solaire. Activit6 volcanique. Conclusions et consid6rations statistiques.

6. Stabilit6 climatique Conception de la stabilit6 climatique. Remarques sur la sensibilit6. Transitivit6.

7. Influence de l'homme sur le climat Influence volontaire et involontaire de l 'homme sur le climat. Climat des villes. A6rosols. Emissions de gaz et probl6me du CO 2. Autres gaz r6siduels. Production mondiale d'6nergie. D~sertification.

8. Perspectives d'avenir Annexe 1 : puissances. Annexe 2 : unit6s de mesure.

Bibliographic

Index

I1 s'agit d'un petit manuel de 180 pages et de format 12 x 18 cm. A la lecture du sommaire, ci-dessus reproduit en fran~ais, on constate son caract6re tr6s g6n6ral, tr~s document~ et moderne. Mais tant de classes trait6es en si peu de lignes sont n~cessairement superficielles. Ce condens6 n'est certainement pas d6nu6 d'int~r6t pour les lecteurs de langue allemande. (s6rie "Verstdndliche Wissenschaft", Band 115).

Analyse P. ELOUARD & C. GUERIN Edition et vente :

Springer Verlag K.G. Postfach, Heidelberg Platz 3 D 1 000 Berlin 33

(ISBN 3-540-09635-3 ; 0-387-09635-3)

Prix : 12 DM.

Page 8: M.A.J. Williams, Hughes Faure,Editors, ,The Sahara and the Nile. Quaternary environments and prehistoric occupation in Northern Africa (1980) Balkema,Hannover

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HARTMAN W.D., WENDT J.W. & WIEDENMAYER F.

Living and fossil sponges

Sedimenta n ° V I I I - Univ. of Miami ddit., 1980, 274 p., nb. f ig.

Con~u comme un cours, le demier num6ro de la s6rie "Sedimenta" est une mise au point de 274 pages sur les connaissances concernant les ~ponges actuelles et fossiles. I1 ne s'agit pas seulement d'une ~tude biologique et pal~on- tologique. Une large part est faite au r61e des 6ponges dans la s6dimentation. C'est sans doute ce qui fait l'originalit6 et l'un des principaux intSr6ts de l'ouvrage.

W.D. Hartman, J.W. Wendt et F. Wiedenmayer se sont partag6s la r6daction. Chaque paragraphe porte mention du nom de l'auteur.

Apr6s une introduction tr~s g6n6rale, le probl6me de la biologie des 6ponges actuelles est abord6 h la lumibre de quelques exemples et notamment de celui de l'6ponge d'eau douce Ephydatia fluviatilis (organisation, formation du squelette, syst~me aquif~re, nutrition, reproduction sexu6e et asexu6e). La syst~matique g6n6rale des 6ponges, qui nous est ensuite propos6e, place les stromatopores et les tabul6s chez les Spongiaires conform6ment ~ la tendance actuelle.

Vient ensuite l'6tude des 6ponges siliceuses. Sont d'abord abord6s les probl~mes phylog~n~tiques, stratigraphi- ques et d'6cologie historique. Le chapitre sur l'anatomie des parties moues est un r~sum~ des principaux caract~res anatomiques, histologiques et embryologiques. Les spicules, qui int6ressent plus directement le g~ologue, sont ensuite ~tudi6s plus en d~tail (min6ralogie, ultrastructure, morphologie, diagen~se). L'6cologie des ~ponges siliceuses est enfin trait~e ~ l'aide de quatre exemples : le complexe r6cifal permien du Texas et du Nouveau Mexique, les r6cifs d'Sponges du Jurassique sup6rieur allemand, les spiculites et les 6ponges du Jurassique inf6rieur de la T6thys occidentale, et les 6ponges actuelles d'eau peu profondes des Bahamas.

Les 6ponges calcaires sont trait6es suivant le m6me plan : syst6matique et phylog6nie, 6tude des parties molles puis du squelette, Un chapitre special est consacr6 ~ l'~tude des relations entre les 6ponges calcaires et certains groupes voisins tels les Stromatopores, les Tabul~s et les Archaeocyathes. L'6cologie des ~ponges calcaires estmontrSe par quatre exemples : les r~cifs ~ stromatopores d6voniens du Nord-Ouest de l'Europe, les r~cifs ~ ~ponges permiens du Sud tunisien, les r6cifs ~ coraux et Sponges du Trias sup6rieur des Alpes du Sud et les scl~rosponges r~cents.

I1 est 6vident que le sujet trait~ est extr~mement large et que le lecteur, int6ress6 par un problSme particulier, restera certainement sur sa faim. Une assez importante bibliographie de 260 titres lui permettra d'approfondir tousles sujets abord~s. Les r~fSrences ne sont malheureusement pas toujours app e 16es dans le texte.

Le texte est tr8s structur~ et d'une concision remarquable. On notera un 16ger manque d'harmonisation dans la r6daction. Ainsi, la syst6matique des 6ponges calcaires donn6e par J. Wendt n'est pas tout-h-fait identique ~ celle propos6e par W.D. Hartman en introduction.

L'illustration est abondante. Les 211 figures, judicieusement choisies, sont dans la grande majorit~ des cas, tir~es d'articles ant~rieurs mais pas toujours attribu6es ~i leur veritable auteur. Ce sont essentiellement des dessins au trait mais aussi quelques rares planches photographiques.

On peut regretter que cet ouvrage n'ait pas b6n~fici6 d'une meilleure mise en page et d'une pr6sentation plus agr~able et plus pratique.

Page 9: M.A.J. Williams, Hughes Faure,Editors, ,The Sahara and the Nile. Quaternary environments and prehistoric occupation in Northern Africa (1980) Balkema,Hannover

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En r6sum6, ce livre est une excellente introduction ~ l'6tude des spongiaires. C'est sans doute le seul ouvrage g6n~ral concernant les ~ponges vraiment r6alis6 h l'usage des g~ologues.

Analyse C. GAILLARD Edition et vente :

University of Miami Fisher Island Miami Beach Florida 33139, U.S.A.

Prix : 11 $