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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2010 - N°420 // 23 La consommation de sel ne cesse d’aug- menter au États-Unis, et ce malgré les recommandations récentes émanant de multiples départements de santé améri- cains. Ainsi, la consommation moyenne quotidienne est de 10,4 g chez les hom- mes et de 7,3 g chez les femmes, alors que l’apport recommandé est de moins de 5,8 g pour la population générale et de moins de 3,7 g pour les adultes au delà de 40 ans et la population afro-américaine. Une simulation informatique évaluant l’impact d’une réduction des apports quotidiens en sel donne des résultats pourtant édifiants. Cette simulation a utilisé un logiciel développé à partir du Coronary Heart Disease Policy Model, qui quantifie par modélisation informatique la maladie coronarienne de l’adulte aux États-Unis. Il résulte de cette analyse qu’une réduction de 3 g des apports quotidiens en sel se traduirait annuellement par une diminu- tion de 60 000 à 120 000 du nombre de nouveaux cas de maladie coronarienne, de 32 000 à 66 000 du nombre d’acci- dents vasculaires cérébraux, de 54 000 à 99 000 du nombre d’infarctus du myocarde et 44 000 à 92 000 du nombre de décès, et ceci rien qu’aux États-Unis. Cet effort à l’échelle de la population américaine serait ainsi aussi efficace que l’arrêt du tabac, la réduction pon- dérale et le traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle et de l’hyper- cholestérolémie. Les dépenses de santé publique économisées seraient de 10 à 24 milliards de dollars annuellement. Une réduction moins ambitieuse et progres- sive sur 10 ans, de seulement 1 g de ces apports quotidiens, resterait efficace et plus rentable, en terme de coût-effica- cité, que le traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle. Comment arriver à un tel résultat ? Une réduction au niveau individuel de l’apport sodé est bien sûr souhaitable, mais cette approche s’est montrée peu efficace aux États Unis, en dépit de campagnes d‘in- formation initiées dès les années 1970. Un contrôle global effectué en amont au niveau de l’industrie alimentaire pourrait être bien plus pertinent, puisque que 75 % des apports sodés proviennent des aliments préparés (processed food), échappant ainsi à toute bonne résolution du consommateur. Bibbins-Domingo K, Chertow GM, Coxson PG, et al. N Engl J Med 2010;[Epub ahead of print]. Mais 75 % des apports sodés proviennent des plats tout prêts, dont le salage échappe aux bonnes résolutions du consommateur Le virus Zika est un flavivirus de la famille des Flaviviridae, apparenté au virus West Nile, à la dengue et au virus de la fièvre jaune. Ce virus a été isolé pour la première fois en 1947 sur un singe rhésus dans la forêt de Zika en Ouganda. Son génome a été séquencé en 2006. Il existe une évi- dence sérologique de l’infection à virus Zika chez l’homme en Asie et en Afrique et il a d’ailleurs été isolé chez l’homme en Ouganda, au Niger et au Sénégal. Le virus est transmis à l’homme par l’intermédiaire de moustiques infectés. Pour la première fois, en 2007, une épidémie à virus Zika est survenue en dehors de l’Afrique et de l’Asie : à Yap Island, un état de Micronésie. Il s’agissait de la première épidémie docu- mentée de ce virus. L’épidémie rapportée dans ce pays était caractérisée par un rash, une conjonctivite et des arthralgies. Bien que sur le sérum de quelques patients on ait détecté des anticorps de type IgM contre le virus de la dengue, la pathologie semble différente de celle de la dengue. L’analyse permet de détecter l’ARN de Zika dans le sérum des patients mais pas d’ARN du virus de la dengue ni d’autres arbovirus. Des échantillons de sang de ces patients ont été obtenus ainsi que des informations sur les signes cliniques et les symptômes. L’infection à virus Zika est confirmée par la recherche de l’ARN viral ou la réponse spécifique antigène-anticorps. Au total, 49 cas confirmés d’infection à virus Zika et 59 probables ont été détectés. Un rash, de la fièvre, une arthralgie et une conjoncti- vite sont les symptômes les plus courants. Aucune hospitalisation n’a été rapportée ni de manifestations hémorragiques ni de décès liés au virus Zika. On estime que 73 % des résidents de Yap de plus de 3 ans ont été infectés récemment par ce virus. Aedes hensilli est l’espèce de moustique prédominante. Cette épidémie à virus Zika est la premiè- re transmission rapportée en dehors de l’Asie ou de l’Afrique. Bien que la plupart des patients expriment des signes clini- ques bénins, les médecins et les acteurs de santé publique sont particulièrement vigilants quant au risque de dissémination du virus. Duffy M, Chen T. NEJM 11/06/09;2536-43. Ce qu’on sait du virus Zika Manger moins salé, vivre mieux et plus longtemps La plupart des patients ont des signes cliniques bénins, mais la santé publique veille particulièrement au risque de dissémination du virus

Manger moins salé, vivre mieux et plus longtemps

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REVUE FRANCOPHONE DES LABORATOIRES - MARS 2010 - N°420 // 23

La consommation de sel ne cesse d’aug-menter au États-Unis, et ce malgré les recommandations récentes émanant de multiples départements de santé améri-cains. Ainsi, la consommation moyenne quotidienne est de 10,4 g chez les hom-mes et de 7,3 g chez les femmes, alors que l’apport recommandé est de moins de 5,8 g pour la population générale et de moins de 3,7 g pour les adultes au delà de 40 ans et la population afro-américaine.Une simulation informatique évaluant l’impact d’une réduction des apports quotidiens en sel donne des résultats pourtant édifiants. Cette simulation a utilisé un logiciel développé à partir du Coronary Heart Disease Policy Model, qui quantifie par modélisation informatique la maladie coronarienne de l’adulte aux États-Unis. Il résulte de cette analyse qu’une réduction de 3 g des apports quotidiens en sel se traduirait annuellement par une diminu-tion de 60 000 à 120 000 du nombre de nouveaux cas de maladie coronarienne,

de 32 000 à 66 000 du nombre d’acci-dents vasculaires cérébraux, de 54 000 à 99 000 du nombre d’infarctus du myocarde et 44 000 à 92 000 du nombre de décès, et ceci rien qu’aux États-Unis.Cet effort à l’échelle de la population américaine serait ainsi aussi efficace

que l’arrêt du tabac, la réduction pon-dérale et le traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle et de l’hyper-cholestérolémie. Les dépenses de santé

publique économisées seraient de 10 à 24 milliards de dollars annuellement. Une réduction moins ambitieuse et progres-sive sur 10 ans, de seulement 1 g de ces apports quotidiens, resterait efficace et plus rentable, en terme de coût-effica-cité, que le traitement médicamenteux de l’hypertension artérielle.Comment arriver à un tel résultat ? Une réduction au niveau individuel de l’apport sodé est bien sûr souhaitable, mais cette approche s’est montrée peu efficace aux États Unis, en dépit de campagnes d‘in-formation initiées dès les années 1970. Un contrôle global effectué en amont au niveau de l’industrie alimentaire pourrait être bien plus pertinent, puisque que 75 % des apports sodés proviennent des aliments préparés (processed food), échappant ainsi à toute bonne résolution du consommateur.

Bibbins-Domingo K, Chertow GM, Coxson PG,

et al. N Engl J Med 2010;[Epub ahead of print].

Mais 75 % des apports sodés proviennent des plats tout prêts, dont le salage échappe aux bonnes résolutions du consommateur

Le virus Zika est un flavivirus de la famille des Flaviviridae, apparenté au virus West Nile, à la dengue et au virus de la fièvre jaune. Ce virus a été isolé pour la première fois en 1947 sur un singe rhésus dans la forêt de Zika en Ouganda. Son génome a été séquencé en 2006. Il existe une évi-dence sérologique de l’infection à virus Zika chez l’homme en Asie et en Afrique et il a d’ailleurs été isolé chez l’homme en Ouganda, au Niger et au Sénégal. Le virus est transmis à l’homme par l’intermédiaire de moustiques infectés. Pour la première fois, en 2007, une épidémie à virus Zika est survenue en dehors de l’Afrique et de l’Asie : à Yap Island, un état de Micronésie. Il s’agissait de la première épidémie docu-mentée de ce virus.L’épidémie rapportée dans ce pays était caractérisée par un rash, une conjonctivite et des arthralgies. Bien que sur le sérum de quelques patients on ait détecté des anticorps de type IgM contre le virus de la dengue, la pathologie semble différente

de celle de la dengue. L’analyse permet de détecter l’ARN de Zika dans le sérum des patients mais pas d’ARN du virus de la dengue ni d’autres arbovirus.

Des échantillons de sang de ces patients ont été obtenus ainsi que des informations sur les signes cliniques et les symptômes. L’infection à virus Zika est confirmée par

la recherche de l’ARN viral ou la réponse spécifique antigène-anticorps. Au total, 49 cas confirmés d’infection à virus Zika et 59 probables ont été détectés. Un rash, de la fièvre, une arthralgie et une conjoncti-vite sont les symptômes les plus courants. Aucune hospitalisation n’a été rapportée ni de manifestations hémorragiques ni de décès liés au virus Zika.On estime que 73 % des résidents de Yap de plus de 3 ans ont été infectés récemment par ce virus. Aedes hensilli est l’espèce de moustique prédominante. Cette épidémie à virus Zika est la premiè-re transmission rapportée en dehors de l’Asie ou de l’Afrique. Bien que la plupart des patients expriment des signes clini-ques bénins, les médecins et les acteurs de santé publique sont particulièrement vigilants quant au risque de dissémination du virus.

Duffy M, Chen T. NEJM 11/06/09;2536-43.

Ce qu’on sait du virus Zika

Manger moins salé, vivre mieux et plus longtemps

La plupart des patients ont des signes cliniques bénins, mais la santé publique veille particulièrement au risque de dissémination du virus