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Léon no.5 Au cours des premières années de la guerre 1940- 1945, le triangle formé par la rue Saint-Ghislain, la Rue Haute au niveau de la place Bruegel, l’Eglise de la Chapelle, la rue des Visitandines, s’emplissait d’odeurs de café en torréfaction. La firme Jacqmotte prenait son essor. Elle torréfiait de plus en plus de sacs de café vert, et à chaque torréfaction, des effluves de bons cafés fraîchement torréfiés s’épandaient dans le quartier. Elles se mêlaient si le vent venait dans la bonne direction, aux odeurs de Carnet

"Marolles: Trajectoires, identités, territoire" Livret 5

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Durant près de deux mois, 25 habitants des Marolles ont participé à des ateliers artistiques basés essentiellement sur la marche, la photographie et l’écriture. Des mots ont émergé comme pompiers de la lune, chaleur humaine, Los Marolles, Limace Mystique, promiscuité, luttes pour le logement, opération matelas, propreté, territoire confisquée, privatisé, dépendance, action sociale, émancipation, associations, esprit bruxellois, commémorations latinistes, Vieux-Marché, le promoteur et sa fidèle épouse la bureaucratie, le complot, l’accueil, la tolérance, l’ascenseur, le paradis et une corde pour la nuit… Cette richesse vécue est ici présentée composé de photos, de morceaux d’âmes choisis, de chair, de sang, de matière poétique et singulière… d’esprits tapageurs.

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Léonno

.5Au cours des premières années de la guerre 1940-1945, le triangle formé par la rue Saint-Ghislain, la Rue Haute au niveau de la place Bruegel, l’Eglise de la Chapelle, la rue des Visitandines, s’emplissait d’odeurs de café en torréfaction. La

firme Jacqmotte prenait son essor. Elle torréfiait de plus en plus de sacs de café vert, et à chaque torréfaction, des effluves de bons cafés fraîchement torréfiés s’épandaient dans le quartier. Elles se mêlaient si le vent venait dans la bonne direction, aux odeurs de

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chocolat de la firme Côte d’Or, celle-ci grandissait au fil des années, à la Place Bara, près de la Gare du Midi.

La maison Jacqmotte en façade fut embellie. Les pièces s’ornèrent de décors fabuleux sur lesquels les visiteurs, clients ou passants curieux jetaient un coup d’œil plein d’admiration...

La Maison Jacqmotte avec sa jolie cafetière faisait la fierté

de ses habitants. Son renom s’étendit à tout le pays. Et puis, brusquement, vers les années 80, la population apprend avec surprise qu’elle va fermer ses portes. Elle est achetée par une multinationale. Premier signe marollien qu’un remaniement du tissu industriel et des entreprises est en cours d’opération dans le pays...

Derrière la Chapelle des Brigittines se dresse un

bâtiment social d’une quinzaine d’étages. Dès sa construction, dans l’immédiat après-guerre 1940-1945, il a tristement détonné par son architecture cubique et son aspect grisâtre de béton, en complète dysharmonie avec la chapelle. Son érection, ainsi que celle de bâtiments analogues plus bas dans le quartier de la Querelle et au bout de la rue Haute du côté de la porte de Hal, laissent une impression d’autant plus

pénible qu’elle s’est produite sur les derniers pâtés de maisons datant du Moyen-Age ainsi que sur le café et le jardin du « Grand Serment des Arbalétriers ».

Toutes ces maisons restaurées auraient fait un fabuleux site touristique à Bruxelles, elles ont été rasées.

(Trajectoire de Léon)

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Je me souviens dans l’après guerre, je passais là et à moment j’ai remarqué que l’on commençait à détruire ce que l’on appelait la maison du peuple, conçu par Mr Horta.

J’étais jeune et je me suis frottée les mains. Parce qu’à l’époque c’était la mode de construire des beaux bâtiments publics à plusieurs étages.

Après on avait bien regretté de ne pas l’avoir sauvé, parce que c’était typiquement Art Nouveau et ça aurait attiré des touristes en quantité. Et bien on a détruit, démolit ça.

J’ai vu et je me souviens que je me réjouissais que l’on remplace du vieux par du neuf.

Dans l’après-guerre tout le quartier de la Samaritaine jusqu’au bas de la ville était très taudis. Les intérieurs étaient délabrés. Il a bien fallu attendre les années 80 avant que l’on recommence à restaurer.

Je ne sais pas par quel mécanisme il y avait autant de taudis. Est-ce que c’était la guerre? Est-ce c’était l’abandon des maisons par les juifs qui s’étaient fait raflés? Je ne sais pas.

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(Atelier du 03 mars 2010)

Léon : J’ai travaillé dans un centre de recherches cliniques dans le quartier où je travaillais pour des sociétés américaines et avec l’université.

Vous faisiez de la recherche sur quoi ?

Léon : Des nouveaux médicaments chez les patients. C’était les tests cliniques des nouveaux

médicaments, on observait les effets positifs comme négatifs.

Mais à l’époque les femmes ne travaillaient pas beaucoup ? Josée était médecin aussi.

Léon : oui à l’époque il y avait peu de femmes au travail. Elles étaient ménagères, elles étaient chez elles. Parfois elles avaient des métiers à la maison. Elles étaient tricoteuses et livraient leur tricot à un grossiste qui revendait plus loin.

Mais il y avait beaucoup de personnes qui travaillaient comme cela dans le quartier ?

Léon : Non vous avez raison, la plupart des femmes restaient à la maison.

Donc vous étiez un couple moderne ?

Léo : Oui nous étions un couple moderne (il rit). Nous nous sommes rencontrés à l’université.

A l’époque la plupart de la population était belge. Avec les premières immigrations espagnoles, peu d’italiens qui allaient directement dans le borinage. Les espagnols sont venus principalement à Bruxelles. Et petit à petit il y a eu des gens du Maroc.

Et vous parlez de quelle période approximativement ?

Léon : à partir de 1975 – 1980 où l’installation de nos amis marocain s’est accélérée.

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