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Martin Heidegger, Être et temps, trad. par Emmanuel Martineau, hors-commerce, 1985, §44, pp. 176-77 [1927]. [L]’être énonçant […] est une mise au jour de l’étant, […] il découvre l’étant auquel il se rapporte. Ce qui est confirmé, c’est l’être-découvrant de l’énoncé. Le connaître, en cet accomplissement de légitimation, demeure alors uniquement rapporté à l’étant lui-même. C’est en celui-ci même que se joue, pour ainsi dire, la confirmation. L’étant visé lui-même se montre tel qu’il est en lui-même, autrement dit il est découvert identiquement tel qu’il est mis au jour comme étant dans l’énoncé. Il ne s’agit point de comparer des représentations, ni entre elles, ni en relation à la chose réelle. Ce qui se trouve légitimé n’est point un accord entre le connaître et l’objet ou même entre du psychique et du physique […] mais, uniquement, l’être-découvert de l’étant lui- même, lui dans le comment de son être-découvert. Celui-ci se confirme en ceci que la chose énoncée, c’est-à-dire l’étant lui- même, se montre comme le même. Confirmation signifie : le se montrer de l’étant en son identité. La confirmation s’accomplit sur la base d’un se-montrer de l’étant. Mais cela n’est possible que dans la mesure où ce connaître qui énonce et se confirme est lui-même, quant à son sens ontologique, un être découvrant pour l’étant réel. L’énoncé est vrai, cela signifie : il découvre l’étant en lui-même. Il énonce, il met au jour, il « fait voir » l’étant en son être-découvert Entdecktheit »). L’être-vrai (vérité) de l’énoncé doit nécessairement être entendu comme être-découvrant. La vérité n’a donc absolument pas la structure d’un accord entre le connaître et l’objet au sens d’une assimilation d’un étant (sujet) à un autre (objet). Derechef, l’être-vrai comme être-découvrant (« Entdeckend-sein ») n’est possible que sur la base de l’être-au-monde (« In-der-Welt- seins ») […].

Martin Heidegger, , trad. par Emmanuel Martineau,pierre-legrand.com/heidegger-44.pdf · Martin Heidegger, Être et temps, trad. par Emmanuel Martineau, hors-commerce, 1985, §44,

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Martin Heidegger, Être et temps, trad. par Emmanuel Martineau, hors-commerce, 1985, §44, pp. 176-77 [1927]. [L]’être énonçant […] est une mise au jour de l’étant, […] il découvre l’étant auquel il se rapporte. Ce qui est confirmé, c’est l’être-découvrant de l’énoncé. Le connaître, en cet accomplissement de légitimation, demeure alors uniquement rapporté à l’étant lui-même. C’est en celui-ci même que se joue, pour ainsi dire, la confirmation. L’étant visé lui-même se montre tel qu’il est en lui-même, autrement dit il est découvert identiquement tel qu’il est mis au jour comme étant dans l’énoncé. Il ne s’agit point de comparer des représentations, ni entre elles, ni en relation à la chose réelle. Ce qui se trouve légitimé n’est point un accord entre le connaître et l’objet ou même entre du psychique et du physique […] mais, uniquement, l’être-découvert de l’étant lui-même, lui dans le comment de son être-découvert. Celui-ci se confirme en ceci que la chose énoncée, c’est-à-dire l’étant lui-même, se montre comme le même. Confirmation signifie : le se montrer de l’étant en son identité. La confirmation s’accomplit sur la base d’un se-montrer de l’étant. Mais cela n’est possible que dans la mesure où ce connaître qui énonce et se confirme est lui-même, quant à son sens ontologique, un être découvrant pour l’étant réel. L’énoncé est vrai, cela signifie : il découvre l’étant en lui-même. Il énonce, il met au jour, il « fait voir » l’étant en son être-découvert (« Entdecktheit »). L’être-vrai (vérité) de l’énoncé doit nécessairement être entendu comme être-découvrant. La vérité n’a donc absolument pas la structure d’un accord entre le connaître et l’objet au sens d’une assimilation d’un étant (sujet) à un autre (objet). Derechef, l’être-vrai comme être-découvrant (« Entdeckend-sein ») n’est possible que sur la base de l’être-au-monde (« In-der-Welt-seins ») […].