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Marxisme, Existentialisme, Personnalisme by Jean Lacroix Review by: Georges Gurvitch Cahiers Internationaux de Sociologie, Vol. 9 (1950), pp. 186-187 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40656763 . Accessed: 12/06/2014 13:34 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers Internationaux de Sociologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 188.72.96.93 on Thu, 12 Jun 2014 13:34:48 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Marxisme, Existentialisme, Personnalismeby Jean Lacroix

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Marxisme, Existentialisme, Personnalisme by Jean LacroixReview by: Georges GurvitchCahiers Internationaux de Sociologie, Vol. 9 (1950), pp. 186-187Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/40656763 .

Accessed: 12/06/2014 13:34

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Comptes Rendus successives de « colonisés » et de « coloniaux ». Et le recours à des notions telles que «la personnalité européenne», la « personnalité malgache» ne peut pas être d'un grand secours!

Les derniers chapitres de l'ouvrage utilisent les interprétations précé- dentes pour analyser : le nationalisme malgache (« un besoin de renouer les dépendances sur les types anciens »; « les dépendances organisées autour des Européens n'avaient pas résisté à l'évolution »); les liens entre « l'esprit démocratique » et « l'esprit expérimental »; les rapports existant entre « la dépendance et la civilisation ». O. Mannoni conclut en exposant la représen- tation, à laquelle il fut amené, « de la personnalité humaine et de son évo- lution ». C'est donc plus qu'une « psychologie de la colonisation » qui nous est proposée : en dernier lieu, une spéculation sur l'histoire de la civili- sation et sur celle de la personne humaine. Cet achèvement - très sujet à caution - est dans la logique de la méthode adoptée par M. Mannoni; nous avons, ailleurs, signalé les dangers de celle-ci.

En dehors des critiques déjà portées, je dois avouer avoir été gêné par des généralisations risquées à partir de faits restreints ou incertains (on sait ce que valent beaucoup de monographies ethnographiques!) par cette méta-psychologie (si l'on me permet l'expression) antérieure à toute psycho- logie précise. Par ailleurs, l'interprétation trop exclusivement psychana- lytique apparaît insuffisante et hasardeuse : il y a, dans le cadre de la situation coloniale, beaucoup plus qu'un « malentendu », et il s'y passe bien autre chose qu'un jeu de complexes. M. Mannoni a voulu déboucher sur une anthropologie au sens large : il y serait parvenu plus aisément en conservant à son analyse psychologique un contexte sociologique concret.

Malgré toutes ces réserves, il importe de ne pas sous-estimer une telle tentative. Elle donne un sens nouveau aux recherches entreprises au sein des sociétés colonisées. En insistant sur la notion de « situation coloniale », elle marque la nécessité de saisir réciproquement le « colonisé » et le « colo- nial », les structures sociales au sein desquelles ceux-ci s'inscrivent. Elle suggère les enseignements, les connaissances qui pourront être apportés, le jour où une psychologie et une sociologie des peuples colonisés seront correctement établies. En manifestant la nécessité de celles-ci, et Forigi- nalité de leur apport, elle fait œuvre d'importance.

Brazzaville. Institui d'Études Centrafricaines.

Georges Balandier.

Jean Lacroix : Marxisme, Existentialisme, Personnalisme, Paris, Presses Universitaires, 1950.

Ce livre possède des rares qualités : analyse pénétrante, style sûr et clair largeur de vues, conclusions contraires à tout conformisme intellectuel. En effet, rien de plus paradoxale, à première vue, que l'effort de synthétiser le marxisme, qu'on représente parfois et qui se croit souvent un matéria- lisme anonyme, l'existentialisme qui dans ses expressions les plus véridiques paraît friser le solipsisme, enfin le personnalisme qui prend en France, de préférence, ses sources dans le solidarisme chrétien. Et cependant, comme le montre avec force l'auteur, à un certain niveau les trois courants se rejoignent, ou, au moins, se trouvent dans le rapport de complémentarité dialectique. Car le marxisme authentique est profondément humaniste et « se propose de réconcilier l'homme et la société avec eux-mêmes », en les libérant des « aliénations ». L'existentialisme ne peut ignorer la «condition humaine » totale et ne pas tenir compte de cet aspect fondamental de Fexistence qui est l'existence de la réalité sociale et de l'homme situé dans

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Comptes Rendus celle-ci : l'existence des liaisons sociales, des groupes, des sociétés, des civi- lisations. Le personnalisme, enfin, qui est autant lié avec le doute qu'avec la croyance, ne peut ignorer non seulement les antagonismes sociaux et la condition humaine déchirée par les antinomies, mais encore l'avenir de la société. D'ailleurs dans ce « futurisme » social (l'expression est de Maurice Blondel) se dessine une forte tension, entre la « prévision » et le « projet ».

« Nous reprocherions volontiers à l'existentialisme, écrit J. Lacroix, de méconnaître le rôle nécessaire du savoir objectif dans toute connaissance authentique. Sa tentation propre est de sacrifier la prévision au projet, comme celle du marxisme est de sacrifier le projet à la prévision » (p. 112). Seul le personnalisme, qui devrait prendre son point de départ dans « la dialectique du doute » et arriver par le purgatoire de la « dialectique des contradictions » à la « croyance », pourrait, d'après l'auteur, aboutir à une vraie synthèse. « Le personnalisme, lui, s'efforce d'éclairer le projet par la prévision, tout en sachant la part d'irréductible liberté qu'il recèle » (p. 116).

Le livre de J. Lacroix, qui relève de la philosophie sociale et non de la sociologie, nous paraît bien précieux pour tous les sociologues par la pers- pective si nette qu'il ouvre sur notre situation intellectuelle présente. La seule réserve que je serais enclin de faire est d'ordre historique et concerne l'importance bien trop grande qu'il semble attribuer à la dialectique hégé- lienne, aussi bien dans la formation du marxisme que dans la recherche de la synthèse entre celui-ci, l'existentialisme et le personnalisme. Parmi toutes les dialectiques, celle de Hegel me paraît la moins fructueuse. Il faut préciser que, historiquement parlant, ce qui unit d'abord les trois prin- cipaux courants, dont Lacroix s'efforce de faire la synthèse : Marx, Kierke- gaard (existentialisme) et Scheler (personnalisme chrétien), c'est précisé- ment leur révolte commune contre Hegel (qui a fait, comme le dit très justement Lacroix lui-même, « de l'histoire une théodicée ») et contre son interprétation de la dialectique.

Université de Paris. Georges Gurvitgh

René Kœnjg : Soziologie heute, Zurich, Regio-Verlag, 1949.

Dans les premières pages l'auteur définit le but de son ouvrage comme analyse « des stimuli qui provoquent la recherche sociologique de notre époque ». L'auteur comprend la sociologie comme une science du présent qui se construit et reconstruit à chaque époque et pour chaque époque. C'est une des raisons du fait qu'il n'y a pas de « lois sociologiques » géné- ralement valables. L'auteur retrace ensuite le développement de la pensée sociologique depuis Comte jusqu'à Marx. Une partie considérable du livre est réservée à une description du développement structural du capitalisme depuis le Manifeste Communiste jusqu'à nos jours et des problèmes socio- logiques qui en résultaient. Cette description est faite en usant des termes marxistes : classes, classes moyennes, lutte des classes, planification sociale et économique, révolution. Mais l'auteur souligne la différence entre sa propre position et celle du marxisme. Il considère que ceile-ci est invalidée par le changement de l'époque et partant de la « situation ». Un de ces changements consiste dans l'avènement, sous l'influence des syndicats et de la politique sociale des États, d'une nouvelle classe moyenne qui accroît et transforme l'ancienne au détriment du prolétariat dont l'importance numérique ne dépasse pas environ cinquante pour cent de la population totale dans les sociétés industrielles modernes. A ce développement est intimement liée la différenciation au sein même des classes qui les divise

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