LA VIE MUTUALISTE93108 MONTREUIL CEDEX - 01 49 88 53 30

MARS 13Mensuel

OJD : 512517

Surface approx. (cm²) : 486N° de page : 23

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LIENS6818655300505/GCP/AHR/2

Eléments de recherche : LLL ou Les Liens Qui Libèrent : uniquement les ouvrages de la maison d'édition, passages significatifs

L'interview du mois...MARY PLARD, AVOCATE, DÉFEND LA CAUSEDES PÈRES MALGRÉ EUX

MARY PLARD EST UNE BATTANTEET SURTOUT, UNE FEMINISTEPOURTANT, ELLE A CHOISI DE DE-FENDRE DES HOMMES EN COLERE PIEGES DANS UNE PATER-NITE QU'ILS N ONT PAS DESIREEELLE TÉMOIGNE DE CE COMBATDANS UN LIVRE DERANGEANT

PATERNITES IMPO-SEES UN SUJETTABOU*

Vous qui vous reven-diquez comme uneavocate «féministe»,qu'est-ce qui vous adécidée à défendre

ces hommes qui se disent « piègespar une paternité » ?

l'ai longtemps combattu pour le droitdes femmes et ]e continue à le faireMaîs, un jour, j ai vii arriver dans moncabinet un puis des hommes brises per-dus, qui se sentaient pièges dans une patemite qu'ils n'ont jamais souhaitée nidésirée Ils ont appris par un Sms, lorsd'une conversation téléphonique, d'uneentrevue ou pire encore, a la suite d'uneassignation en justice qu'ils allaient de-venir peres ou qu'ils l'étaient déjà ' Ilsm'ont raconte leur histoire avec des motstres forts - « paternité volée, arrachée » -,et j'ai pense qu'il y avait la un vide juri-dique, maîs, surtout, une zone d'mjuslice Je me suis pose la question de savoirpourquoi les hommes devraient assumer une paternité imposée alors que lesfemmes bénéficient de la possibilité dene pas devenir mere si elles le souhaitent Dans le respect justement de l'egalite homme/femme j'ai voulu faire entendre la voix de ces hommes et detrouver des solutions juridiques pour ré-pondre a leurs interrogationsQue revendiquent ces hommes ?

Avant tout une ecoute bienveillanteLes hommes qui sont venus me voiravaient besoin de raconter leur histoireTous ne sont pas des goujats et certainsse posent des questions tout a fait perti-nentes Quels droits ai je sur l'enfant inutero'' Ai je le droit de savoir si je suisbien le pere avant l'accouchement'Quels seront mes droits apres la naissance ' Dois je reconnaître ce bebe '

Apres, il s'agit d'agir, et lorsque jecherche dans ma « boite a ouuls » d avocat, je ne trouve pas beaucoup de re-ponses a ces quesUons Car les lois pro-

mulguées ces dernieres décennies sur lacontraception et l'avortement, qui sontlout a fait légitimes et que j ai défendues,ont protege la liberte de la femme maîsn'ont tenu aucun compte de la volontédu pere I est cette « zone d'ombre jundique » qui a aiguise ma curiosité Je suisallee voir du cote des lois de bioethiqueet j ai trouve certaines reponses, car ceslois laissent une place aux peresQu'avez-vous cherche à faire en écri-vant ce livre ï

J ai voulu sortir des prétoires et faireentendre cette question du consentement de I homme d'aujourd'hui denos compagnons, de nos fils, a devenirpere fai voulu faire partager mes interrogations, paice que pour moi, ce n'est

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pas uniquement un sujet de droit, c'estun véritable sujet de société. Il fautoser en parler, susciter le débat. Il y ad'autres angles de réflexion, auxquelsles psychologues, les sociologues peu-vent s'associer.

Aujourd'hui, on as-siste à une redistribu-tion de l'organisationfamiliale, et, à cette oc-casion, il ne faut pasfaire l'épargne de laquestion du consente-ment de l'homme à êtrepère. Faut-il rétablir l'équilibre en agis-sant en faveur, cette fois, de l'homme?Est-ce possible? Je pense qu'il appartientà notre société moderne d'y répondre.Vous dites que soulever la questionde la paternité imposée permet plusd'égalité entre un homme et unefemme, pourquoi?

Car ce que nous avons voulu pour lesfemmes, c'est-à-dire une sexualité libre et

« J'ai vu arriverdans moncabinet un, puisdes hommesbrisés, perdus...

assumée, sans s'enfermer dans une absti-nence douloureuse pour éviter les nais-sances rapprochées, dévoile son versantmasculin. L'homme qui a une sexualitélibérée avec des femmes adultes consen-tantes court le risque de devenir père, de

se voir imposer une pa-ternité. Aucun droit d'in-terruption filiative nes'offre à lui.

La vraie question est :comment deux êtresconsentants engagésdans une relation pro-

créative peuvent-ils faire le choix à égali-té de ne pas mener à son terme un projetd'enfant? Il faut, à mon sens, soulevercette question loin des clichés moraux etdes idées reçues et livrer cette réflexionaux hommes comme aux femmes, auxpères comme aux mères, aux fillescomme aux garçons. O

Propos recueillis par Marilyn Perioli* Editions Les liens qui libèrent, 20 euros.