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MASTER: NOUVELLES TENDANCES DU DROIT INTERNATIONAL MODULE: THEORIE DES RELATIONS INTERNATIONALES THEME D… · THEME D’EXPOSE : Le réalisme classique et néoclassique Présenté

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MASTER: NOUVELLES

TENDANCES DU DROIT INTERNATIONAL

MODULE: THEORIE DES RELATIONS INTERNATIONALES

THEME D’EXPOSE :

Le réalisme classique et néoclassique

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Présenté par : Sous la direction de :

AMADOU ROUA Attaher

OUMAROU ALPHA Abdel Salam Professeur MAALMI Abdelouhab

Année universitaire 2014-2015

SOMMAIRE :

Bibliographie………………………………………………………………………

…….……………... 3

Introduction…………………………………………………………………………

…..…………….... 4

1re PARTIE: CADRE THEORIQUE DU

REALISME………………………………………………………. 5

A- Principes fondamentaux des classiques………..

…………………………………….…. 5

B- Caractéristiques des

néoclassiques……………………………………………………….. 6

2e PARTIE: VERS LE RENOUVEAU DU REALISME

CLASSIQUE…………………….. 8

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A- Les apports du réalisme

néoclassique………………………………………………….... 8

B- Les critiques à son

égard……………………………………………………………………. 10

Conclusion…………………………………………………………………………

………………….. 10

BIBLIOGRAPHIE :

Ouvrages généraux :

Alex Macleod, E. Dufour : Relations internationales. Théories et concepts 3e édition Broché

septembre 2008.

Dario Battislella : Théories des relations internationales, 4e édition mise à jour et augmenté,

Paris 2012.

Gérard Dussouy : Les théories de l’interétatique : Traité de Relations internationales (II),

l’Harmattan, 2008.

Jean-Jacques Roches : théories des relations internationales, Montchrestien 2001.

Maalmi Abdelouhab : Où en est la théorie des relations internationales aujourd’hui ? In

variations sur le système international, Mélanges offert en l’honneur de M.Lamouri,

Collection Réforme du droit et développement socio-économique, 2010, vol. n°3, imprimerie

Najah al Jadida.

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Internet www.wikipédia.com

URI: http://id.erudit.org/iderudit/702292ar

URI: http://id.erudit.org/iderudit/019198ar

INTRODUCTION

On entend par « réaliste » toute pensée des relations internationales qui prend l’État comme unité

d’analyse et qui postule que celui-ci défend son intérêt national et vise à maximiser sa puissance.

Le réalisme politique prend ses racines dans les riches travaux d'historiens, de philosophes, de

diplomates et de politologues depuis Thucydide à nos jours. Mais peut-on parler d'un seul réalisme

politique? Un débat houleux entoure cette question depuis plusieurs années. En effet, si le

réalisme a été dominant dans l'étude des relations internationales pour la majeure partie du

20esiècle, il fut, depuis les années 1980 défié par les adeptes de différentes écoles théoriques. On

peut parler dès lors d’une véritable crise du réalisme qui a provoqué une tentative de le redéfinir à

la fois sur le plan épistémologique et sur celui de l’ontologie, tentative qui a pris le nom de

néoréalisme ou réalisme structurel. En fait, si le réalisme (réalisme classique, néoréalisme) ne peut

plus prétendre occuper de nos jours sa position antérieure en relations internationales on annonce

un peu trop vite sa ‘’ disparition ‘’, du moins aux USA. Dans ces conditions , le réalisme se vit

obligé de faire du surplace , et prendre ainsi le risque de péricliter à long terme , ou de chercher à

se renouveler pour survivre. C’est ainsi qu’une nouvelle génération de réalisme verra le jour sous

l’appellation de réalisme néoclassique. L'école réaliste a su démontrer, avec l'arrivée du réalisme

néoclassique, sa richesse en s'adaptant à ces nouveaux défis. Ainsi, le réalisme néoclassique se

veut être une reformulation du réalisme.

Par ailleurs il convient de se poser la question de savoir qu’est ce qui spécifie le réalisme

néoclassique ? Quels sont ses apports et quels sont les critiques qui lui ont été adressées ?

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Pour répondre à ces interrogations il serait judicieux d’analyser dans un premier temps le cadre

théorique du réalisme (I) avant de voir le réalisme néoclassique comme un renouveau du

paradigme réaliste (II).

PARTIE I : CADRE THEORIQUE DU REALISME

La littérature réaliste est très diverse et s'étend sur plusieurs siècles. En Relations Internationales, le réalisme classique apparaît officiellement au lendemain de la seconde Guerre mondiale. Née en opposition à la pensée libérale critiquée pour ne pas avoir su empêcher l’éclatement du second cataclysme mondial, le réalisme classique puise ses origines dans les pensées de certains auteurs dits « pessimistes » tels que Thucydide, Thomas Hobbes ou encore Nicholas Machiavel.

A. Principes fondamentaux des classiquesPlusieurs postulats partagés par les réalistes classiques, permettent selon eux d’expliquer les mécanismes du système international et de comprendre la politique qui y est menée. Cinq d’entre eux peuvent ainsi être retenus :L’Etat est considéré comme le principal acteur des relations internationales : Les organisations internationales émanent directement de la volonté des Etats, celles-ci sont perçues comme secondaires. Les réalistes affirment que les États sont souverains puisqu'il n'y a aucune instance supérieure pour les gouverner. Ainsi, ils sont les principales "unités" du système international. Les relations entre États constituent pour eux plus qu'une simple compétition au niveau des capacités matérielles. Pour les réalistes de toutes variantes, un État ne cherche pas seulement à se positionner par rapport à son voisin, mais aussi par rapport au système dans son ensemble. Les États ont donc une propension naturelle à vouloir devenir plus puissants et à vouloir influencer leur milieu. Par conséquent, la position qu'occupe un État dans le système international est déterminante et c'est à ce niveau que devrait débuter l'analyse de sa politique étrangère.Séparation Interne-Externe :En matière d'analyse de politique étrangère, les réalistes classiques estiment que la politique interne ne joue pas un rôle crucial. Ce n'est pas que les facteurs internes n'affectent pas la politique étrangère des États, mais plutôt qu'ils les affectent moins que les pressions externes venant du système anarchique. Pour l'école réaliste classique, il ne fait aucun doute que les pressions externes sont beaucoup plus importantes sur la politique étrangère des États: « les pressions de la compétition [internationale] pèsent plus que les préférences idéologiques ou les pressions de la politique interne». C'est donc la raison pour laquelle beaucoup de ces auteurs évacuent la plupart des notions de politique interne dans leurs analyses. La nature anarchique du système international :Dépourvu de toute autorité supérieure capable d’ordonner les relations entre les différents Etats, le contexte des relations internationales se caractérise par une situation d’anarchie, c’est-à-dire un monde marqué par une lutte incessante pour l’influence et le pouvoir. Les réalistes accordent une grande importance ontologique au système international. C'est pourquoi la clé de voute de tous les réalistes classiques, néoréalistes ou réalistes néoclassiques est "l'anarchie du système international". Comme l'explique Alex Macleod: « Toutes les prémisses du réalisme [...] découlent de ce postulat. Cela ne veut pas dire que les réalistes classiques ne s'intéressent pas à ce qui se

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passe à l'intérieur des États, mais plutôt que la politique internationale évolue dans une situation très différente de la politique intérieure, celle de l'anarchie ». Ainsi, cette nature anarchique du système international n'est que le reflet et l'extension de la nature hobbesienne de l'être humain. Bref, dans le système anarchique, c'est chacun pour soi: « aucun État ne sacrifierait ses intérêts (mettre en danger sa sécurité, miner son bien-être, parier sur son futur) dans le but de servir une plus grande communauté ». Dans ce système anarchique, la défense des intérêts nationaux définis en termes de puissance :Devient la clé de compréhension de l’action étatique sur la scène internationale. Le concept "d'intérêt national" est une autre source de débat entre et à l'intérieur des différentes écoles théoriques. Du côté des réalistes, on définit principalement l'intérêt national en termes de puissance. Ainsi, pour assurer leur sécurité, les États doivent être en mesure de rivaliser au niveau militaire avec leurs voisins. Pour ces auteurs, l'intérêt national est de maintenir la puissance de l'État afin de survivre dans un système international anarchique. Dans son classique du réalisme politique, Politics Among Nations (1948), Morgenthau dévoile dès le premier chapitre ce qu'il considère être les six principes du réalisme politique. Le deuxième principe est que « la principale indication aidant le réalisme politique à trouver sa voie à travers le domaine de la politique internationale est le concept d'intérêt national défini en termes de puissance ». Équilibre de puissance :Dans ce contexte, seul l’équilibre des puissances ou balance of power, c’est à dire un jeu d’influence réciproque entre les différents acteurs (Etats ou alliances d’Etats), permet de maintenir le statu quo et d’éviter la survenance de conflits éventuels qui comme le rappelait le général allemand Clausewitz, n’est que « la poursuite de la politique par d’autres moyens ». Si un tel équilibre ne permet pas d’instaurer une paix durable, il assure néanmoins une stabilité supérieure du système international.Les réalistes sont fidèles de ce qu'ils appellent "l'équilibre des puissances" (Balance of Power). Cette théorie stipule que « l'équilibre des puissances serait un moyen pour permettre aux États d'assurer leur survie et le maintien de l'ordre et de la stabilité du système international; donc une situation de paix relative». Pour y arriver, les États acceptent des alliances afin de promouvoir (ou de maintenir) leurs intérêts au niveau régional ou global. Les réalistes se sont beaucoup penchés sur la "Politique des Grandes Puissances. Dès lors, il était certain que la question nucléaire allait faire surface dans leurs études, Surtout lorsqu'elles traitent de la Guerre froide (1947-1989). Si deux puissances possèdent l'arme nucléaire, il survient une situation de symétrie où les deux parties en question sont de force égale. En cas d'attaque, il ne peut qu'y avoir destruction mutuelle. En d'autres mots, les deux belligérants mettent en œuvre un perpétuel "bluff'. Soutenue par un ennemi potentiel, cette menace produit un "équilibre de la terreur". Ce qui veut dire que chaque État est tellement effrayé qu'il n'est alors nul besoin d'aller plus loin. Toutefois, si un État, contrairement à ses voisins, détient une force de frappe atomique, le potentiel nucléaire est un moyen de dissuasion "à sens unique. C’est donc sur une conception relativement cynique des relations internationales que le réalisme classique fait reposer l’ensemble de sa pensée, la recherche de la puissance étant considérée comme l’élément central dans la compréhension des phénomènes internationaux. Cet aspect lui valut d’être associé aux notions de Realpolitik et de « raison d’Etat » qui correspondent à une vision de la politique étrangère fondée sur un calcul rationnel dans la défense de l’intérêt national, plutôt que sur des considérations d’ordre éthique ou moral.

B. Caractéristiques des néoclassiquesLe réalisme néoclassique fait son apparition au début des années 1990 et attire beaucoup de jeunes chercheurs qui espèrent revigorer le réalisme classique. Avec la fin de la Guerre froide et la popularité croissante des approches néoréalistes, les réalistes néoclassiques voulaient, sans revenir à l'époque de Morgenthau et Carr, renouveler ce qu'ils considèrent être la richesse du réalisme.

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- Continuité avec le réalisme classique : Tout d'abord, signalons que les réalistes néoclassiques ne sont pas en rupture totale avec leurs prédécesseurs classiques. Bien au contraire, ils adhèrent à l'important concept d'anarchie du système international et admettent que la politique étrangère d'un État est principalement conduite par la position qu'il occupe au sein du système international. Les réalistes néoclassiques s'accordent sur l'essentiel des thèmes traditionnels de l'ontologie réaliste, « notamment sur l'idée de l'État comme acteur principal du système, sur la nature fondamentalement conflictuelle des relations interétatiques, sur la place centrale qu'il fallait accorder au concept de puissance et sur l'importance de la notion d’intérêts ». A ce titre Fareed Zakaria affirmait dans un article phare du réalisme néoclassique: « Les conséquences du système international résultent d'innombrables interactions entre une myriade d'acteurs et sont compliquées par les forces du système comme la polarité et l'avancement technologique. Incertitude, mauvaises perceptions et conséquences fortuites caractérisent le système anarchique ». L'approche néoclassique estime que, malgré les pressions issues du système anarchique, les pressions internes peuvent parfois être plus influentes sur la politique étrangère. En accordant une place sérieuse aux facteurs internes (ex. structures étatiques, régimes politique, perception des dirigeants, etc.), les réalistes néoclassiques ambitionnent donc de rectifier ce qu'ils considèrent être un déséquilibre dans le réalisme classique. Cependant, notons que les réalistes néoclassiques, contrairement à leurs précurseurs classiques, ne veulent pas élaborer une théorie des relations internationales, mais bien une théorie de politique étrangère (Foreign Policy Analysis). En d'autres termes, les réalistes néoclassiques acceptent de prendre en considération les facteurs spécifiques d'une situation donnée afin de produire une explication plus complète de politique étrangère. Pour Frédérick Gagnon: « il n'existe pas de lien parfait et direct entre l'environnement international et les États faisant en sorte que les dirigeants politiques répondent de façon mécanique ou automatique aux incitations et aux contraintes imposées par le système international».

- Emprunt et rejet du néoréalisme :Alex Macleod nous dit que pour « les réalistes classiques, le système existait par l'interaction entre ces acteurs, il était la somme, les résultats, de ces interactions. Pour les néoréalistes le système est un tout en soi, qui est qualitativement autre chose que la simple somme de ces parties constituantes ». De leur côté, les réalistes néoclassiques estiment qu'il est rendu presque impossible de renier les contributions du néoréalisme, surtout en ce qui a trait à la structure du système internationale. D'un côté, les réalistes néoclassiques empruntent la notion de pression systémique aux néoréalistes, mais de l'autre ils réfutent la notion d'équilibre des puissances. En effet, pour les néoréalistes, tous les États ont tendance à s'allier afin de contrer les visées des États qui leurs semblent dangereux. C'est que qu'ils appellent le bandwagoning. Si l'on se fie au réaliste néoclassique Randall Schweller, le bandwagoning est, pour les néoréalistes, l'idée que tous les États ont comme volonté principale de rétablir l'équilibre des puissances et de conforter leur propre sécurité. Selon cette définition, le bandwagoning consiste à se ranger du côté de la menace. Pour Schweller, il faut élargir cette conception du bandwagoning afin de vraiment comprendre pourquoi les États optent bien plus souvent pour cette option: « le but de l'équilibrage [balancing] découle de l'instinct de survie et de la protection de ses acquis, tandis que le bandwagoning vise l'expansion [self--extension]: obtenir des valeurs convoitées. Ainsi, l'équilibrage répond au désir d'éviter les pertes alors que le bandwagoning se présente comme une occasion de faire des gains».

PARTIE II : VERS LE RENOUVEAU DU REALISME CLASSIQUE

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A. Les apports du réalisme néoclassiqueEn somme, après avoir vu les grands thèmes du réalisme néoclassique, ses emprunts du réalisme classique et du néoréalisme, regardons maintenant ses apports à l'étude de la politique étrangère. Les apports du réalisme néoclassique. Gideon Rose identifie une constante et deux principales variables autour desquelles est centrée l'approche réaliste néoclassique. La "puissance matérielle relative" est la constante tandis que les deux variables sont la "puissance étatique" et la "perception des dirigeants. Analysons de plus près ces trois points. La constante: la puissance matérielle relative. On se rappelle que pour le réalisme classique, la puissance est calculée principalement selon les capacités matérielles, principalement militaires, d'un État. Les réalistes néoclassiques différent quelque peu et soutiennent que: « la politique étrangère d'un État est principalement déterminée par sa place dans le système international et spécifiquement par ses capacités en termes de puissance matérielle relative». Tout en affirmant que « l'impact de ces capacités sur la politique étrangère est indirect et complexe, parce que des pressions systémiques doivent être traduites par des variables intervenantes au niveau d'unité », ils estiment que ce concept de puissance matérielle relative est le paramètre central de la politique étrangère de tous les États. C'est d'ailleurs ce précepte qui pousse les réalistes néoclassiques à promouvoir une approche impliquant une minutieuse compréhension des liens qui unissent puissance et politique. C'est pourquoi l'approche néoclassique accepte d'introduire deux principales variables au niveau unitaire (puissance étatique et perception) qui permettent de mieux comprendre les contextes spécifiques dans lesquels une politique étrangère est formulée et mise en œuvre. De surcroît, les réalistes néoclassiques apportent une nuance à la définition de puissance proposée par les classiques. Pour eux, un État ne recherche pas uniquement à projeter sa puissance matérielle et/ou militaire, mais peut simplement vouloir influencer son environnement (le système international). Pour eux, la projection d'influence (que l'on définira ici comme «l'opportunité qui s'offrent aux États de mettre en œuvre leurs préférences, peu importe la nature de ces préférence») est aussi une démonstration de puissance. En d'autres termes, il n'est pas nécessaire pour un État de s'étendre (ex. attaques militaires, annexion de territoires, etc.) pour projeter sa puissance. Dans son classique du réalisme néoclassique, Fareed Zakaria écrit que: « l'expansion peut certainement impliquer l'impérialisme [comme la définition de Morgenthau], mais signifie généralement l'adoption d'une politique étrangère plus activiste qui va d'une plus grande attention prêtée aux événements internationaux, à une augmentation des délégations diplomatiques jusqu'à la participation à la diplomatie de grandes puissances ». Un excellent exemple serait la Chine et sa politique étrangère des dernières années. Sans avoir attaqué, envahi ou annexé de pays, Beijing a mis en œuvre une politique étrangère très active, notamment avec le développement de son programme militaire, avec d'importants investissements en Afrique et en Amérique latine et avec le soutien politique accordé à certains de ses alliés (ex. Birmanie, Corée du Nord, Iran, Zimbabwe) dans les institutions internationales comme l'Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) ou l'Organisation des Nations Unies (ONU). Première variable: la puissance étatique. Pour les réalistes classiques, la puissance nationale définie en termes matériels est le plus important facteur pour comprendre la politique étrangère des États. Toutefois, pour les réalistes néoclassiques, « la politique étrangère n'est pas faite par l'ensemble de la nation, mais bien par le gouvernement. Conséquemment, ce qui importe c'est la puissance de l'État et non la puissance nationale61 ». En d'autres termes, même si les capacités forment les intentions, l'approche néoclassique estime que la "puissance étatique", soit la portion de la puissance nationale que le gouvernement et les décideurs peuvent soutirer pour arriver à leurs fins, est aussi un facteur de premier plan dans l'analyse de la politique étrangère. Par le fait même, il faut prendre en considération la structure, la portée et les capacités d'un État dans une telle analyse. C'est en grande partie la thèse de Fareed Zakaria dans son classique du réalisme néoclassique, From Wealth to Power, The Unusual Origins of America's World Role. L'auteur explique que même si les États-Unis avaient la puissance matérielle armée nationale solide, puissante marine, grande population, économie prospère, richesse en ressources naturelles sur le territoire nationale -durant la période allant de 1853 à 1898, les dirigeants américains ne sont pas

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parvenus à rassembler ces capacités pour mettre en place une politique expansionniste. Pourquoi ? Eh bien, parce que « cette puissance nationale dormait sous un État faible, décentralisé, diffus et divisé ». L'idée est qu'il faut prendre en considération la structure étatique d'un État pour mieux comprendre ses agissements sur la 19ème scène internationale. Deuxième variable: la perception des dirigeants. Même si la plupart des théoriciens rationalistes (réalistes, libéraux et leurs variantes "néo") refusent d'accorder de l'importance à la perception des dirigeants pour analyser la politique étrangère des États, les réalistes néoclassiques ont quant à eux tendu une perche à cet incontournable apport du constructivisme. C'est effectivement un des principaux points de différenciation entre, réalistes classiques et néoréalistes d'un côté et réalistes néoclassiques et constructivistes de l'autre. Comme le fait remarquer Aaron Freidberg, « même s'ils reconnaissent la difficulté de mesurer la puissance, quand vient le temps d'expliquer comment les dirigeants travaillent, les réalistes classiques semblent perdent tout intérêt et se dirigent vers des sujets plus dociles ». Sur la question de la perception des dirigeants, les réalistes néoclassiques suivent les traces de Robert Jervis et son livre-référence Perception and Misperception in International Poilitics (1976). La thèse principale de Robert Jervis tourne autour de son rebutage de la rationalité des acteurs politiques, surtout de la thèse réaliste de rationalité des États. Il écrivait, au moment de l'apogée du réalisme classique: « c'est en partie parce que la plupart des chercheurs en relations internationales n'ont prêté aucune attention à la psychologie qu'ils n'ont pas reconnu l'importance de la perception ». Dans son ouvrage, Jervis offre une pléthore de raisons et de facteurs pouvant intervenir dans la perception d'une élite dirigeante. D'ailleurs, pour les auteurs intéressés par la perception, il est impossible d'étudier les questions de politique étrangère sans parler des dirigeants eux-mêmes. Comme l'explique Wohlforth, « si la puissance influence le cours de la politique internationale, elle doit probablement le faire à travers la perception des personnes qui prennent des décisions au nom de leur pays ». Il ajoute aussi que « certaines élites dirigeantes peuvent surestimer leur puissance alors que d'autre la sous-estime [...] Bonne et mauvaise perceptions surviennent nécessairement ». Pour une analyse de politique étrangère plus complète, il est donc essentiel de prendre en considération la perception des dirigeants, car, comme l'explique l'ancien ministre des Affaires étrangères de l'Allemagne « la politique n'est pas seulement conçue de faits, c'est aussi une question de perceptions et savoir si une perception est juste ou non est tout à fait inutile, parce qu'elle mènera quand même à une décision ». C'est sur ce point que les réalistes néoclassiques se rapprochent le plus des constructivistes et se différencient des réalistes classiques qui continuent de regarder principalement le monde dans le prisme "d'unités étatiques".

B. Les critiques à son égard

Comme toute approche, le réalisme néoclassique n'est évidemment pas à l'abri des reproches. Dans cette sous partie nous verrons les principales critiques faites à son égard par les néoréalistes. Étant donné que le réalisme néoclassique est "issu" du réalisme classique, la portée de leurs différends -même s'ils peuvent être exprimés est tout de même plus limitée qu'avec les autres écoles théoriques. En effet, comme les réalistes néoclassiques acceptent les principaux préceptes classiques -la nature hobbesienne de l'être humain, la nature anarchique du système interétatique, l'impact des pressions externes sur la politique étrangère des États, l'importance de la puissance, etc. -les blocages se font sur quelques points précis. Premièrement, les néoréalistes estiment qu'il est impossible d'élaborer une théorie de politique étrangère. Ils citent souvent Kenneth Waltz, père du néoréalisme, qui fait explicitement comprendre que « la théorie de politique internationale n'est pas une théorie de politique étrangère ». Les classiques estiment qu'il est impossible de prévoir ou d'expliquer les actions spécifiques des États. De surcroît, les néoréalistes contestent l'idée d'inclure des variables internes, car pour eux, c'est impossible qu'elles soient plus fortes que les pressions externes: « le système aura toujours le dernier mot dans la définition de la politique étrangère d'un État, peu importent les autres facteurs

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intervenant ». Les pressions systémiques prennent comme toujours le dessus sur les pressions internes. Le réalisme néoclassique a emprunté l'intéressante contribution du constructivisme qu'est l'ajout de la perception des dirigeants dans l'analyse de la politique étrangère. Dans les deux écoles, on ne se ferme aucune porte et on étudie la perception des dirigeants vis-à-vis de leur État ou de leur environnement, et vice versa. Cependant, les constructivistes vont plus loin en estimant qu'il est important de prendre en considération d'autres aspects des relations internationales que l'intérêt matériel, la puissance ou la force des États-Nations.Les libéraux quant à eux reprochent au réalisme néoclassique d’être une approche trop vague avec les variables qu’elle accepte de prendre en compte sans compter qu’à maintes reprises ils accusent les néoclassiques d’emprunter ses variables du libéralisme et du constructivisme.

CONCLUSION

Incontestablement, le réalisme néoclassique a apporté la bouffée d’air frais dont le réalisme classique et le néoréalisme avaient bien besoin. Sur ce point, Schweller a tout à fait raison. Mais il faut aussi souligner le fait que la portée de ce renouveau du réalisme ne va pas au-delà d’un ajustement ontologique. Il ne représente rien de très neuf ni sur le plan méthodologique ni sur celui de l’épistémologie. Il reste donc à voir si le réalisme néoclassique n’a pas déjà atteint son plein potentiel et ne pourra offrir dorénavant qu’un cadre d’analyse pour une série d’études de cas, certes intéressantes, mais qui n’ajouteraient plus grand-chose à nos connaissances sur le plan de la théorie.1

1 Alex Macleod, E. Dufour : Relations internationales. Théories et concepts 3e édition Broché septembre 2008.

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