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MÉDECINE Faut-il avoir peur de la menace bioterroriste? · la menace bioterroriste? U n dangereux virus, qui pourrait arriver dans ... guerre biologique. Cette dernière reste du

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M É D E C I N E

Faut-il avoir peur dela menace

bioterroriste?

Un dangereux virus, qui pourrait arriver dans

les mains de terroristes, est au centre de la troisième

saison de la série «24h chrono», prochainement sur

les écrans de la TSR. Mais le péril biologique n’est

pas pure fiction, et les experts le prennent très au

sérieux.

N ouvelle saison, nouvelle menace.Après avoir sauvé la Californie du

péril nucléaire, l’agent de la cellule anti-terroriste Jack Bauer sera prochaine-ment confronté à un nouveau défi : empê-cher un dangereux virus d’origineukrainienne de se répandre sur Los An-geles. Cette fois, c’est le bioterrorisme quiplane sur les nouveaux épisodes de lasérie culte américaine, «24h chrono», quiseront diffusés sur la TSR à partir dumois de mars.

Fiction ou réalité ?

Une hypothèse de pure fiction? Passi sûr. Comme si elle faisait écho au scé-nario catastrophe du feuilleton téléviséaméricain, l’Association médicale bri-tannique (BMA) manifeste, elle aussi,une vive inquiétude face à la menace bac-tériologique. «Agissons maintenant con-

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Kiefer Sutherland joue Jack Bauer, le héros de «24 H chrono»

TSR

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F a u t - i l a v o i r p e u r d e l a m e n a c e b i o t e r r o r i s t e ?

tre les armes biologiques avant qu’il nesoit trop tard»: tel est, en substance, lecri d’alarme qu’elle a lancé dans un récentrapport.

L’association estime en effet que lesvirus, bactéries ou autres germes dan-gereux sont plus faciles à développer,plus difficiles à contrôler et plus à mêmede tomber entre les mains de terroristesque les armes chimiques ou nucléaires.Et la BMA de mettre sérieusement endoute les capacités de la communautéinternationale à faire face à de tellesattaques.

Certes, le bioterrorisme n’est pas laguerre biologique. Cette dernière restedu ressort des Etats, seuls capables defabriquer, conserver et disséminer àgrande échelle des armes biologiquesproprement dites. Car cela nécessite desinfrastructures lourdes et des équipe-ments (missiles, bombes, avions) dont lesterroristes ne disposent – en général –pas. Même si des groupes organisés peu-vent être aidés plus ou moins discrète-ment par un Etat, leurs moyens de frappesont limités.

L’expérience de l’anthrax

Le charbon – l’anthrax en anglais –en offre un bon exemple. Pour en faireune arme véritable, il faut non seulementobtenir une souche virulente de la bac-térie, mais aussi créer un aérosol efficace,ce qui demande de traiter chimiquementles spores et de les encapsuler dans desparticules capables de pénétrer profon-dément dans les voies respiratoires des«ennemis». Un tel travail exige donc desmicrobiologistes de haut niveau, et deslaboratoires bien équipés.

Mais on peut aussi, comme l’ont faitdes bioterroristes en automne 2001, seprocurer de simples souches de char-bon et les mettre sous pli, afin d’expé-dier des lettres piégées à des hommespolitiques et des journalistes améri-cains. L’attaque a tué cinq personnes,mais elle a surtout provoqué une bellepanique aux Etats-Unis où son impactpsychologique a largement dépassé lesdégâts qu’elle a commis.

Discours apocalyptiques etpropos rassurants

Faut-il craindre la menace bioter-roriste? Entre les discours apocalyp-tiques des uns et les propos rassurantsdes autres, il est difficile de prendrel’exacte mesure du danger. Comme tou-jours, «la vérité se situe probablemententre les deux points de vue», souligneRiccardo Wittek, professeur de biolo-gie à l’UNIL. En fait, précise le direc-teur du groupe de recherche de viro-logie moléculaire, les appréciationsvarient d’un pays à l’autre.

«Les Etats-Unis et la Grande-Bre-tagne, qui se sentent particulièrementvisés par les terroristes, prennent leschoses très au sérieux.» Au point que,craignant une attaque au virus de lavariole, les autorités américaines ontenvisagé de vacciner toute la populationdu pays avant de renoncer, quand ellesont réalisé que les vaccins n’étaient passans danger. Mais elles n’ont pas baisséla garde pour autant, installant notam-

ment dans de nombreux lieux des filtresà air permettant de repérer toute parti-cule suspecte.

Aucune arme n’est «parfaite»

«C’est aller trop loin», estime le bio-logiste lausannois, qui ne sous-estime paspour autant la menace. Car les microor-ganismes dont les bioterroristes peuventdisposer – «les mêmes que ceux qui sontemployés pour la guerre biologique» –ne manquent pas (voir tableau). Toussont potentiellement dangereux, à desdegrés divers. Tous ont, pour leurs «uti-lisateurs», leurs atouts et leurs limites.Les bactéries, comme le charbon, ontl’avantage de pouvoir être disséminéessous forme de spores, des éléments trèsrésistants et qui peuvent rester longtempsà l’état dormant, en attendant des condi-tions favorables pour redevenir actifs.

«D’un autre coté, remarque RiccardoWittek, la forme pulmonaire de maladiedu charbon n’est pas contagieuse etseules les personnes qui ont inhalé desspores d’anthrax en souffrent.» Au con-

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Riccardo Wittek, professeur de biologie à l’UNIL

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traire, les virus, comme celui de la va-riole, ne survivent que peu de temps àl’air libre, mais ils peuvent se transmettrefacilement de personne à personne etprovoquer des épidémies.

Un bon technicien peut se débrouiller

Reste, pour les terroristes, à se pro-curer ces agents pathogènes. La tâchen’est pas aisée, mais elle n’a a priori riend’impossible pour un groupe bien orga-nisé. Le charbon, par exemple, «existetoujours dans certaines régions de l’Afrique où il affecte des animauxdomestiques», explique le professeur del’UNIL. La bactérie est donc – si l’on osedire – disponible, à condition que l’onpuisse l’isoler. Cela demande certes quel-ques compétences en biologie, mais «ne

requière pas un matériel très sophistiquéet un bon technicien pourrait se dé-brouiller».

Quant au virus de la variole, il n’enexiste plus au monde que deux dépôtsplacés sous haute protection, l’un àAtlanta aux Etats-Unis, l’autre à Kolt-sovo en Russie. Il n’y aurait donc rien àredouter sur ce front. Mais les expertsne sont pas totalement rassurés pourautant, car nul ne sait si les importantsstocks de virus que l’Union soviétiquepossédait au temps de la guerre froideont bien été totalement détruits (lirenotre encadré en page 58).

Le génie génétique bricole les virus

Mais il y a plus inquiétant encoredans l’affaire. Comme si la dangerosité

naturelle de ces différents microorga-nismes ne suffisait pas, voilà qu’inter-vient le génie génétique qui peutaccroître leur pouvoir. Cette techniquea d’ailleurs déjà fait son entrée sur lascène de l’armement biologique. Notam-ment en URSS, à en croire l’ex-direc-teur adjoint du complexe de guerre bio-logique soviétique Biopreparat.

D’après les révélations de Ken Ali-bek – qui ont été validées – de 1973 àla chute de l’Union soviétique, leschercheurs ont produit des bactéries(charbon, peste, tularémie) résistantesà plusieurs antibiotiques. Ils ontencore manipulé la peste et le virus dela variole. D’autres pays – Etats-Unis,Irak, Afrique du sud notamment –auraient aussi mené des recherches dece genre.

La menace bioterroriste, vue par le caricaturiste du Figaro

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Dans la fiction (24 H chrono), les chasseurs de virus d'origine terroriste ressemblent à ça

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L’expérience australienne

Quant aux scientifiques australiens,c’est par inadvertance qu’ils ont fait lapreuve des possibilités offertes en lamatière par le génie génétique. Soucieuxde se débarrasser des souris qui, chezeux, constituent une véritable peste, ilsont voulu créer un vaccin contraceptifpour ces rongeurs. A cette fin, ils ontmanipulé le virus de la variole murine,produisant sans le vouloir un virus beau-coup plus virulent que le microbe com-mun: il tuait même les souris vaccinéescontre lui. «Cette expérience a montréque l’on pouvait bricoler un virus de lavariole résistant à la vaccination», com-mente Riccardo Wittek.

Là encore, un groupe terroriste nesaurait exploiter les ressources du génie

génétique pour concevoir et produire desagents dotés de capacités renforcées.Mais le vol et le trafic ne peuvent êtretotalement exclus.

La Suisse est assez bienpréparée

Face à ce genre de menace, la Suisseest-elle bien préparée? «Assez bien»,répond Riccardo Wittek. Il constate quele système de surveillance des épidémiesest efficace et, qu’en cas d’attaque par lavariole, «nous avons suffisamment devaccins» et «assez d’antibiotiques» pourtraiter les personnes qui seraient tou-chées par de l’anthrax.

Reste que la gestion d’une crise éven-tuelle relève des cantons et «de leurs dif-férentes polices», ce qui pourrait «com-pliquer la tâche». Mais il ne faut pas se

leurrer. «En cas de problème bioterro-riste à grande échelle, tous les systèmesau monde seraient dépassés.»

Pour l’instant, on n’en est pas là, etRiccardo Wittek juge «paranoïaque»l’attitude de Washington en la matière.D’autant, regrette-t-il, «que l’argent in-vesti par les Etats-Unis dans la luttecontre le bioterrorisme va manquer ail-leurs», notamment dans le combat contreles maladies infectieuses, véritable fléaudans les pays en développement.

Pendre au sérieux la menace bioter-roriste, oui, conclut en substance le pro-fesseur de l’UNIL, mais inutile pourautant de transformer l’inquiétude enpsychose.

Elisabeth Gordon

Et dans la vraie vie, voilà le professeur de l'UNIL Riccardo Wittek, à l'œuvre avec deux collègues,dans un laboratoire russe

DR

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CHARBON (ANTHRAX)

La bactérie Bacillus anthracis vitdans le sol sous forme de sporesqui, après avoir pénétré dans unorganisme animal (mouton et cheval notamment) ou humain,libèrent des bacilles toxiques.Protégés par une coque rigide,ces spores sont extrêmementstables : ils résistent aux rayonsultraviolets, à la chaleur et auxdésinfectants usuels.

Une personne infectée aprèsavoir inhalé des spores développela maladie du charbon pulmo-naire, aussi appelée «maladie destrieurs de laine». Après une incu-bation de deux à quatre jours, lemalade présente d’abord dessymptômes ressemblant à ceuxd’une forte grippe puis il souffred’oppression respiratoire et degrosseurs sombres sur la poitrineet le cou. La maladie n’est pascontagieuse, mais sa mortalitéest très élevée.

Il est relativement aisé de se pro-curer la bactérie: quelque 1500laboratoires dans le monde enpossèdent une ou plusieurssouches. Le charbon est facile àcultiver, mais plus difficile àconditionner, surtout sous saforme lyophilisée qui permet unedispersion massive.

Huit agents biologiques dangereuxBOTULISME

L’agent pathogène est constituépar la toxine produite par la bac-térie Clostridium botulinum. Ilreste intact pendant dessemaines dans l’eau ou la nour-riture, mais il est détruit à hautetempérature.

La contamination peut se faire parle biais de nourriture contaminée- ce qui est rare - ou par inhala-tion de toxines cristallisées. Elleconduit au botulisme, maladie quise manifeste par une visionbrouillée, des difficultés à avaler,une faiblesse puis une paralysiemusculaire. La maladie n’est pascontagieuse mais l’ingestion dequelques nanogrammes detoxines suffisent à provoquer lamort. Elle peut être traitée par desantitoxines mais, faute de tests,il est difficile d’identifier le botu-lisme à temps.

On peut se procurer aisément labactérie dans le sol ou la nourri-ture avariée. La toxine est facileà produire en grandes quantités,mais difficile à utiliser à des finsmilitaires.

CHOLÉRA

Le Vibrio cholerae est une bacté-rie produisant une toxine dange-reuse, qui est très stable dansl’eau.

On peut contracter le choléraaprès avoir consommé de l’eau oude la nourriture contaminées.Après une incubation de un à troisjours, cette infection de l’intes-tin grêle se traduit par des diar-rhées fulgurantes, des vomisse-ments et une déshydratationgénérale. La maladie est conta-gieuse, mais elle n’est pas mor-telle à condition que l’on puisseréhydrater le malade par voieorale ou intraveineuse, et luiadministrer des antibiotiques. Enoutre, il existe désormais un vac-cin contre le choléra.

Le choléra étant très répandudans le monde - il est notammentendémique dans les zones tropi-cales humides de l’Afrique et del’Asie - il est facile de se procu-rer la bactérie. Celle-ci se cultiveaisément. Mais il est plus diffi-cile de l’utiliser dans les pays oùl’eau est contrôlée.

EBOLA

Extrêmement virulent, le virusd’Ebola sévit notamment dans lesforêts africaines. Transmis pardes animaux dont on ignore lanature, il provoque régulièrementdes épidémies chez les grandssinges et les antilopes notam-ment. Ces derniers peuvent à leurtour contaminer les êtres humainspar contact direct.

La maladie d’Ebola, très conta-gieuse, se déclare après environune semaine d’incubation. Elle setraduit par des symptômes grip-paux, puis par des fièvres hémor-ragiques qui, selon la nature dela souche virale, sont mortellesdans 70 ou 90% des cas. Desmédicaments et des vaccins sonten cours d’étude et certainsparaissent prometteurs, mais iln’existe actuellement aucun trai-tement contre cette maladie.

La secte japonaise Aum a tentéd’obtenir des virus d’Ebola. Maisil est très difficile de se procurerces microorganismes et de lesconserver; leur manipulation esten outre très dangereuse.

L ’ A G E N T

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PESTE

La bactérie Yersinia pestis peutsubsister longtemps, mais elle estdétruite par la chaleur, les rayonsultraviolets et les désinfectants.

La peste pulmonaire est habi-tuellement transmise du rat àl’être humain par l’intermédiairede piqûres de puces. L’URSS atoutefois fabriqué des aérosols àpartir de ces bactéries. Après despremiers symptômes compa-rables à ceux de la grippe, lamaladie provoque des pneumo-nies. Très contagieuse, la pestepulmonaire peut être traitée àl’aide d’antibiotiques, à conditiond’administrer ces derniers trèstôt. Si tel n’est pas le cas, la mor-talité est élevée.

Il est avéré que la peste a été uti-lisée par les Tatars lors du siègede Kaffa en 1346 et par les Japo-nais en Chine dans les années1930-40. Aujourd’hui, il sembletrès difficile d’obtenir un stock desouches virulentes, mais lorsquel’on en possède un, la bactérie estfacile à cultiver. Cependant, sadissémination n’est pas aisée.

SALMONELLE

L’entérobactérie Salmonellaenterica typhimurium est unmicrobe instable qui se trouvedans la nourriture avariée.

Contractée par ingestion de nour-riture contaminée, la salmonel-lose se traduit par des diarrhéeset des nausées soudaines, desprostrations et de la fièvre. Lamaladie n’est pas contagieuse etelle est très rarement mortelle; laplupart du temps, elle se guéritspontanément.

Il est très facile de se procurer dessalmonelles et de les utiliser. Cesentérobactéries ont étéemployées en tant qu’armes bio-logiques par les Etats-Unis avant1970 et par l’Afrique du Sud. Ellesont aussi déjà servi dans le cadred’une action bioterroriste: en1984, la secte américaine dutemple de Waco a mis desgermes dans les salades et dansles sauces servies par plusieursrestaurants de l’Oregon.

TULARÉMIE

La bactérie Francisella tularensispeut survivre pendant des moisdans les cadavres d’animaux endécomposition. Elle résiste aufroid mais elle peut être détruitepar la chaleur et par des désin-fectants.

La tularémie s’attrape par inha-lation ou ingestion de nourritureou d’eau contaminées, maisaussi par contact avec un animalinfecté. Il suffit d’une centaine degermes pour contracter cettemaladie, peu contagieuse, quiprovoque divers symptômes: fris-sons, nausées, migraine et fièvrespendant deux ou quatresemaines. On dispose cependantd’antibiotiques très efficacescontre la tularémie, qui, si ellen’est pas traitée, est mortelledans environ 30% des cas.

Selon certaines sources, lesRusses ont employé la bactériecontre les Allemands avant labataille de Stalingrad, durant laSeconde Guerre mondiale. Il estcependant difficile d’acquérirune souche virulente de la bac-térie, qu’il est moyennementfacile d’utiliser.

VARIOLE

Le virus Variola major est trèsstable, et il peut se propager àtoutes saisons et sous tous les cli-mats.

La contamination peut se faire parinhalation d’aérosols ou parcontact avec les secrétions d’unmalade. La variole provoque deséruptions de lésions rouges qui setransforment en pustule. On neconnaît pas exactement sa conta-giosité; on estime qu’un maladeinfecté pourrait contaminer entretrois à vingt personnes. Il existeun vaccin très efficace contre lavariole, mais il présente deseffets secondaires.

En 1763, les Britanniques ont uti-lisé des couvertures contaminéesavec du virus de la variole pourdécimer les Indiens d’Amérique.Aujourd’hui, il est extrêmementdifficile de se procurer le microor-ganisme. Depuis que la maladiea été éradiquée, seuls deux labo-ratoires - en Russie et aux Etats-Unis - conservent des stocks devirus. Mais nul ne sait si la grandequantité de virus dont l’Unionsoviétique disposait il y a quel-ques années a bien été détruiteen totalité.

E.Go.