Memoire DEA-Simeni Tchuinte Ghislaine

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UNIVERSITE DABOMEY-CALAVI ******************* FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES *************** ECOLE DOCTORALE *************** DEPARTEMENT DECONOMIE, DE SOCIO-ANTHROPOLOGIE ET DE COMMUNICATION (DESAC) Mmoire Prsent en vue de lobtention du Diplme dEtudes Approfondies (DEA) Option : Economie et sociologie du dveloppement rural Spcialit : Economie du dveloppement rural

THEME DISTRIBUTION ET ACCES AUX SEMENCES AMELIOREES DE CULTURES MARAICHERES A COTONOU, BENIN

Prsent et soutenu par : Ghislaine Marlyne SIMENI TCHUINTE

Sous la supervision de : Prof. Gauthier BIAOU Dr. Ousmane COULIBALY

Composition du jury Prsident : Rapporteur : 1er Examinateur : 2e Examinateur : Prof. Charlemagne IGUE Prof. Gauthier BIAOU Dr. Ir. Houinsou DEDEHOUANOU Dr. Ousmane COULIBALY

Le 02 Novembre 2010

UNIVERSITY OF ABOMEY-CALAVI ******************* FACULTY OF AGRICULTURAL SCIENCES *************** DOCTORAL SCHOOL *************** DEPARTMENT OF ECONOMICS, SOCIO-ANTHROPOLOGY AND COMMUNICATION (DESAC) Memory Presented for obtaining the Diploma of Advanced Studies (DEA) Option : Economics and sociology for rural development Speciality : Economics of rural development

SUBJECT DISTRIBUTION AND ACCESS TO IMPROVED SEEDS OF VEGETABLES, COTONOU, BENINPresented and defended by : Ghislaine Marlyne SIMENI TCHUINTE Supervisors: Prof. Gauthier BIAOU Dr. Ousmane COULIBALY

Composition of the jury Chairman : Reporter : 1st Examinator : 2nd Examinator : Prof. Charlemagne IGUE Prof. Gauthier BIAOU Dr. Ir. Houinsou DEDEHOUANOU Dr. Ousmane COULIBALY

November, the 2nd, 2010

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A ma mre Marie Kwatchouang

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REMERCIEMENTSMes chaleureux remerciements vont particulirement TrustAfrica qui a assur le financement du projet Commercialisation et distribution des semences amliores de cultures marachres au Bnin, TA-06-020 par lequel jai bnfici dun support pour mes travaux de recherche. Jexprime toute ma reconnaissance au Professeur Gauthier Biaou pour la disponibilit et la patience dont il a fait preuve chaque fois que je laie sollicit. Je lui tmoigne ma profonde gratitude. Je remercie le Dr. Ousmane Coulibaly pour avoir accept de superviser ce travail malgr ses multiples occupations et qui ma fourni lenvironnement scientifique pour raliser cette tude. Jadresse mes remerciements galement mes Professeurs de lEcole Doctorale de la Facult des Sciences Agronomiques de lUAC, Option Economie et Sociologie du Dveloppement Rural. Jexprime toute ma gratitude aux Ingnieurs Soulemane Adekambi et Zoul Kifouly Midingoyi pour leurs contributions aux analyses conomtriques, Fortun Azihou pour la saisie des donnes relatives ce travail. Je tiens remercier les agents du Centre Communal de Promotion Agricole (CeCPA) de Cotonou et les Ingnieurs Marcel Donou, Nicodme Fassinou et Wilfried Laly qui nont mnag aucun effort dans la collecte des informations ainsi que les producteurs de cultures marachres et les commerants de semences amliores qui ont accept de rpondre nos interrogations.

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RESUMEConformment aux tendances conomiques actuelles, les gouvernements africains libralisent la commercialisation des semences. Ainsi, ils autorisent le secteur priv assurer lapprovisionnement des agriculteurs en semences amliores indispensables pour laugmentation de la production agricole et des revenus ruraux. Contrairement aux cultures de rente (coton, palmier huile, anacarde) et vivrires (mas, arachide, nib, manioc) pour lesquelles lEtat au Bnin a mis en place un minimum de politique de soutien et des moyens de production et de distribution de semences amliores, les cultures marachres nont pas bnfici dun appui substantiel de lEtat. La distribution des semences marachres amliores na pas fait lobjet de recherche soutenue. Lobjectif de cette tude est didentifier les contraintes la distribution des semences amliores de cultures marachres et les facteurs qui motivent leur achat dans les structures formelles Cotonou. Ltude des acteurs de la distribution a rvl que quatre catgories dacteurs se retrouvent impliques dans le commerce des semences amliores des cultures marachres. Il sagit des fournisseurs de semences (les socits multinationales, les entreprises prives nationales et les distributeurs informels), des organismes tatiques de contrle, des services tatiques de vulgarisation et des institutions prives dappui technique agres par lEtat. Le secteur priv est reprsent par les fournisseurs de semences et les institutions prives dappui technique agres par lEtat. Il est spcialis dans la commercialisation, le stockage et la distribution. Le secteur public, constitu des organismes tatiques de contrle et des services tatiques de vulgarisation soccupe de la rglementation et du contrle des semences. Les contraintes voques sont dordre institutionnel et commercial. Les contraintes institutionnelles relvent notamment une absence de collaboration entre les services douaniers et les services chargs du contrle de la qualit des produits et linexistence dun contrle effectif des semences importes. Les contraintes dordre commercial mettent laccent sur : les droits de douane levs, la mvente des semences et labsence de moyens financiers importants des producteurs, les ruptures frquentes de stock et linsolvabilit des producteurs. Il nexiste pas de lien formel entre les structures de vente des semences et les autres acteurs du sous-secteur semencier maracher. Toutefois, le processus dharmonisation des lgislations semencires en Afrique de lOuest a contribu rapprocher les commerants des partenaires tatiques et privs lis au secteur semencier travers la cration de la premire association des semenciers du Bnin et de llaboration dun projet visant appuyer ce secteur. Les points de vente des structures formelles constituent la premire source dapprovisionnement en semences des marachers de la commune de Cotonou. Cependant, cette source varie selon le type de conditionnement et la culture. Le pouvoir germinatif est le principal facteur dachat dans les structures formelles. La disponibilit des distributeurs informels justifie labsence de

iv dplacement des producteurs pour un approvisionnement dans les structures formelles. Les facteurs determinant lachat de semences amliores dans les structures formelles sont : les prix semblables de vente dans les structures formelles et chez les distributeurs informels, la disponibilit des distributeurs informels, les perceptions des producteurs sur la distance sparant leurs sites de production des points de vente et les bas prix de vente de produits. Pour lever les contraintes recenses, des actions mener consisteraient laborer et mettre en uvre des politiques renforant le rle du secteur public dans le sous-secteur semencier travers ltablissement dun cadre de concertation formel et permanent permettant lidentification et la rsolution des difficults lies aux interventions conjointes des ministres de lagriculture, des finances (douanes) et des transports (port, aroport, frontires routires). A court terme, la collecte permanente des donnes sur les superficies cultives, les cultures installes et les varits utilises doit tre effectue et rendue disponible pour une meilleure estimation des besoins en semences. Le renforcement des capacits techniques, financires et humaines du ministre de lagriculture dans le domaine du contrle de la qualit est galement ncessaire.

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ABSTRACTAccording to current economic trends, African governments have liberalized the marketing of seeds. They allow the private sector to supply farmers with improved seeds needed to increase agricultural production and rural incomes. Unlike cash crops (cotton, palm oil, cashew) and staple crops (maize, groundnuts, cowpeas, cassava) for which the government of Benin has placed some policy regulations , the means of production and distribution of improved seeds of vegetables do not received substantial support. Much research has not been conducted on the distribution of improved vegetable seeds. Hence, the objective of this study is to identify constraints to distribution and factors that motivate the purchase of improved seeds of vegetables in the formal structures in Cotonou. The results based on distribution partners have revealed that four categories of actors are involved in the trading of improved seeds of vegetable crops. These are seed suppliers (multinational corporations, domestic private distributors and informal distributors), state control organizations, state extension services and private institutions of technical support approved by the state. The private sector is represented by private seed suppliers and private institutions of technical support approved by the state. It is specialized in marketing, storage and distribution. The public sector consists of state agencies for control and public extension services, which deals with the regulation and control. The constraints to distribution of improved vegetable seeds were identified as both institutional and commercial. The institutional constraints include: lack of collaboration between customs and the authorities responsible for quality control of products and the lack of control of the imported seed. The commercial constraints consist of high tariffs, poor sales of seeds, lack of substantial financial resources, insufficient stock and the poor purchasing power of producers. There is also no formal link between the seeds sellers and other actors in the sub-sector of vegetables seed. However, the process of harmonization of seed laws in West Africa has helped to bring the state partners and private sector related to seed through the creation of the first seed association of Benin. Formal structures are the first source of outlets of vegetable seeds in the district of Cotonou. However, this source varies with the type of packaging and the crop. Germination is the primary purchasing factor through formal structures. The availability of informal distributor prevents producers from directly supplying seeds in the formal structures. Factors affecting purchase of improved seeds in the formal structures are competition, availability of informal distributors, transportation cost, the low prices of products. To address the constraints identified, actions to be taken would be to develop and implement policies strengthening the public sector's role in the seed sub-sector through the establishment of a formal framework for consultation, identification and addressing problems through joint efforts

vi by the ministries of agriculture, finance (customs) and transport (port, airport, road borders). A short-term, ongoing collection of data of installed crops on cultivated area and varieties used must be completed and made available for improved needs assessment. The technical, financial and human capacity building of the ministry of Agriculture in control of the quality area and private sector is necessary.

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SOMMAIREREMERCIEMENTS ........................................................................................................................ ii RESUME ........................................................................................................................................ iii ABSTRACT ..................................................................................................................................... v SOMMAIRE .................................................................................................................................. vii LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................. viii LISTE DES FIGURES ................................................................................................................. viii LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES....................................................................................... ix INTRODUCTION GENERALE ..................................................................................................... 1 CHAPITRE I: DEFINITION DES NOTIONS ET CONCEPTS ET REVUE DE LITTERATURE .......................................................................................................................................................... 4 CHAPITRE II: METHODOLOGIE .............................................................................................. 18 CHAPITRE III: LES ACTEURS DE LA COMMERCIALISATION DES SEMENCES AU BENIN ........................................................................................................................................... 28 CHAPITRE IV : DETERMINANTS DE LACHAT DES SEMENCES AMELIOREES DANS LES STRUCTURES FORMELLES ............................................................................................. 49 CONCLUSION GENERALE ........................................................................................................ 56 BIBLIOGRAPHIE ......................................................................................................................... 58 ANNEXES ..................................................................................................................................... 62 TABLE DE MATIERES ............................................................................................................... 65

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LISTE DES TABLEAUXTableau 1 : Mthodes damlioration (ou de cration) et types de varits obtenues Tableau 2 : Rpartition des units denqutes pour les exploitations marachres Tableau 3 : Signes attendus des variables explicatives pour la carotte et la laitue..... Tableau 4 : Caractristiques sociodmographiques Cotonou..... Tableau 5 : Fournisseurs de semences ........................................................................... Tableau 6 : Prix moyens de semences selon la structure et le type de conditionnement.... Tableau 7 : Autres caractristiques des fournisseurs de semences......................................... Tableau 8 : Facteurs de choix de semences amliores (en pourcentage) Tableau 9 : Sources dapprovisionnement en semences Cotonou (en pourcentage). Tableau 10 : Sources dapprovisionnement selon le mode de conditionnement (en pourcentage) Tableau 11 : Facteurs influenant lachat des semences de carotte et de laitue dans les structures formelles............................ 5 22 25 26 31 32 33 50 51 52 53

LISTE DES FIGURESFigure 1 : Localisation de la zone dtude...................... Figure 2 : Circuit de commercialisation de semences amliores de cultures marachres... 19 33

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LISTE DES SIGLES ET ACRONYMESAIB/BIC : ANASEB : ATI : BC : BIVAC : BSC : CCIB : CeCPA : CEDEAO : CeRPA : CFE : CILSS : CNCB : CNSP : COMAKO : CRP : DAGRI : DD : DGDDI : DPQC : FAO : FOB : GERED : GNIS : IDI : IMF : INRAB : MAEP : ONG : PAC : PADSE : PAS : PC : PCM : PCS : Acompte de lImpt sur le Bnfice/Bnfice Industriel et Commercial Association Nationale des Semenciers du Bnin Appropriate Technology International Bon de Compagnie Bureau International Veritas Bordereau de Suivi de Cargaison Chambre de Commerce et dIndustrie du Bnin Centre Communal de Promotion Agricole Communaut Economique des Etats de lAfrique de lOuest Centre Rgional de Promotion Agricole Centre de Formalits des Entreprises Comit permanent Inter-Etats de Lutte contre la Scheresse dans le Sahel Conseil National des Chargeurs du Bnin Comit National des Semences et Plants Cooprative des Marachers de Kouhounou Certificat de Renseignement sur les Prix Direction de lAgriculture Droits de Douane Direction Gnrale des Douanes et Droits Indirects Direction de la Promotion de la Qualit et du Conditionnement des produits agricoles Organisation des Nations Unies pour lAlimentation et lAgriculture Free On Board Groupe dEtude et de Recherche sur lEnvironnement et le Dveloppement Groupement National Interprofessionnel des Semences et plants Intention DImportation Institution de Micro-Finance Institut National des Recherches Agricoles du Bnin Ministre de lAgriculture, de lElevage et de la Pche Organisation Non Gouvernementale Port Autonome de Cotonou Programme dAmlioration et de Diversification des Systmes dExploitation Programme dAjustement Structurel Prlvement Communautaire Programme Cultures Marachres Prlvement Communautaire de Solidarit

x PDRT : PNUD : PRSA : RS : SARL : SMIG : SOBEMAP : SOGICOM : SPV: SPVCP : SPAP : TEC : TPU : TVA : UA : UEMOA : UCPC : VD : WASNET : Programme de Dveloppement des plantes Racines et Tubercules Programme des Nations Unies pour le Dveloppement Programme de Restructuration des Services Agricoles Redevance Statistique Socit Anonyme Responsabilit Limite Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti Socit Bninoise de Manutention Portuaire Socit Gnrale pour lIndustrie et le Commerce Service de Protection des Vgtaux Service de Protection des Vgtaux et du Contrle Phytosanitaire Semences Phyto-Accueil Paysan Tarif Extrieur Commun Taxe Professionnelle Unique Taxe sur la Valeur Ajoute Union Africaine Union Economique et Montaire Ouest-Africaine Union Communale des Producteurs de Coton Valeur en Douane Rseau Ouest-Africain de Semences et Matriel de Plantation

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INTRODUCTION GENERALEProblmatique Conformment aux tendances conomiques actuelles, les gouvernements libralisent la commercialisation des semences et autorisent le secteur priv assurer lapprovisionnement des agriculteurs en semences amliores indispensables pour laugmentation de la production agricole et des revenus ruraux (Gregg, 2000). Contrairement aux cultures dexportation (coton, palmier huile, anacarde) et vivrires (mas, arachide, nib, manioc) pour lesquelles lEtat bninois a mis en place un minimum de politique de soutien et des moyens de production et de distribution de semences amliores (Hounkponou, 2003), les cultures marachres nont pas bnfici dun appui substantiel sur ce plan. Simeni (2005) note quen labsence de stockage et de conditionnement adquats, les semences amliores de cultures marachres se dtriorent et les marachers utilisent diverses sources dapprovisionnement. Laccroissement de la production not ce jour est li laugmentation des superficies cultives plutt qu celle de la productivit (Ayayi, 2000). Pour Assogba-Komlan et Azagba (2001), la faiblesse des rendements est due la mauvaise qualit des semences issues de plusieurs gnrations dautoproduction de semences et des techniques culturales restes traditionnelles. La limite de lexpansion des superficies cre des conditions dinscurit alimentaire dans la sousrgion (Ayayi, 2000). Etant donns que les besoins alimentaires continueront de saccrotre au fur et mesure quaugmentera la population, il est ncessaire que le secteur semencier dveloppe ses produits et ses canaux de distribution pour le bien-tre des populations (Neddenriep, 2000). Les travaux rcents dans le domaine semencier au Bnin ont port sur les caractristiques du secteur semencier (Hounkponou, 2003) et sur sa privatisation (Aguiar, 2000). On peut retenir de ces travaux que le marachage ne constitue pas une proccupation pour ce secteur. Les problmes phytosanitaires sont assez documents mais la distribution des semences amliores de cultures marachres na pas fait lobjet de recherche approfondie. Cette absence de donnes amne sinterroger sur ltat du sous-secteur semencier des cultures marachres au Bnin : quels sont les acteurs et les circuits de distribution de semences amliores de cultures marachres, les contraintes et les opportunits relatives? Quels sont les facteurs qui influencent le choix de la structure dachat des varits amliores au niveau du producteur et sur quels dterminants peut-on agir pour les amliorer? Ce sont autant de questions qui mritent des rponses pour amliorer la connaissance du sous-secteur des semences des cultures marachres au Bnin. Cette tude intitule Distribution et accs aux semences amliores de cultures marachres Cotonou, Bnin sattachera apporter des rponses ces questions. Elle sinscrit dans le cadre des travaux de recherche de fin dtudes requis pour

2 lobtention du Diplme dEtudes Approfondies (DEA) la Facult des Sciences Agronomiques (FSA) de lUniversit dAbomey-Calavi (UAC). Justification Les semences constituent un lment essentiel dans la vie des communauts des agriculteurs. Les semences sont dpositaires des connaissances transmises de gnration en gnration, et elles sont le rsultat dune adaptation continuelle et des innovations qui sont intervenues chaque fois que les communauts se sont trouves confrontes aux dfis toujours plus complexes, pour la survie. Les avantages potentiels de lutilisation des semences de haute qualit, de varits adaptes sont normes et la disponibilit des semences de qualit suprieure, de varits et des cultures varies est de nature permettre laugmentation de la productivit, rduire les risques de pertes dues aux insectes, la scheresse et aux maladies des plantes, et augmenter les revenus des agriculteurs (PASB, non dat). Lutilisation de varits amliores contribue laccroissement de la comptitivit et de la rentabilit financire des productions marachres au Bnin (Simeni, 2005). La scurit alimentaire est par consquent fortement tributaire de la scurit des semences de la communaut des agriculteurs. Le dveloppement du secteur des semences est donc essentiel pour favoriser et entretenir le dveloppement de lagriculture en gnral et des productions marachres en particulier. Les agriculteurs ont besoin de semences adaptes leurs conditions, la demande, et aux dfis que le changement climatique impose des systmes agro-cologiques en volution. Dans de nombreux pays du Sud, les paysans souffrent d'un handicap de dpart : le manque d'accs des semences abordables et de qualit (Spore, 2010). La distribution de semences constitue le talon dAchille du circuit semencier. Toutes les tentatives dorganisation de la filire doivent mettre laccent sur la disponibilit de semences au niveau des paysans. Le rseau de distribution ne sera performant que sil est, dune part, dutilisation facile pour le distributeur et pour le paysan et dautre part, sil est rentable en termes de gain de temps et de qualit des produits (NEPAD & FAO, 2005). L'accroissement de la production agricole ne dpend pas seulement du dveloppement des varits fort rendement, mais galement de l'efficience avec laquelle les systmes de distribution assurent aux agriculteurs, la disponibilit des semences, dans les temps requis. La bonne commercialisation des semences est donc un lment essentiel pour la garantie de la scurit alimentaire (FAO, 2003). En Afrique, bien que les gouvernements aient largement reconnu le rle potentiel des semences amliores dans le dveloppement agricole, cette reconnaissance na pas t suivie des changements ncessaires dans les systmes semenciers. Selon la Fdration Internationale des Semenciers (ISF), le march semencier mondial svalue 36 milliards de dollars. LAfrique ny gagne quun milliard; une part qui prend la direction de lAfrique de lEst et Australe, presque

3 rien pour lAfrique de lOuest et du Centre. Ce qui constitue une perte norme. Laugmentation de la production travers lutilisation des varits adaptes dans une rgion donne pourrait crer des opportunits demplois portant sur la transformation, la commercialisation et dautres activits qui proviendraient ainsi de la production des semences de haute qualit. Objectifs Lobjectif gnral de cette tude est didentifier les principales contraintes la distribution et laccs aux semences amliores de cultures marachres dans les structures formelles Cotonou. De faon spcifique, il sagit de : caractriser les principaux acteurs de la distribution des semences amliores de cultures marachres au Bnin ; dterminer les facteurs qui affectent lachat des semences amliores auprs des services de distribution formels publics, privs et/ou organisations paysannes ; analyser les liens entre les structures dapprovisionnement en semences et les autres acteurs du sous-secteur semencier des cultures marachres.

Hypothses Les hypothses de ltude sont les suivantes : - Il existe de nombreux acteurs dans la distribution des semences amliores des cultures marachres; - Le pouvoir germinatif des semences achetes dans les structures formelles de vente affectent leur achat par les producteurs; - Il ny a aucune relation entre les structures de distribution de semences et les autres acteurs. Plan du mmoire Le document est structur comme suit : - Le chapitre I aborde les notions et les lments conceptuels sur lesquels sappuie notre tude et prsente les rsultats des diffrents travaux raliss sur le systme semencier ; - Le chapitre II justifie le choix de la zone dtude, dtaille les diffrentes mthodes de collecte, de traitement et danalyse des donnes et prsente les traits physiques et dmographiques de la zone dtude, les caractristiques socio-conomiques des marachers et les caractristiques de leurs exploitations ; - Le chapitre III dcrit les acteurs du systme semencier bninois dans le sous-secteur des cultures marachres ; - Le chapitre IV prsente les dterminants de lachat des semences amliores par les marachers auprs des structures formelles dans la commune de Cotonou.

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CHAPITRE I: DEFINITION DES NOTIONS ET CONCEPTS ET REVUE DE LITTERATURELa prsente section aborde les notions et les lments conceptuels sur lesquels sappuie notre tude. Elle prsente ensuite les rsultats des diffrents travaux raliss sur le systme semencier. 1.1. Dfinition des notions et concepts 1.1.1. Notion de marachage Driv du mot latin mariscus relatif aux lacs et marais, le terme marachage sest dabord appliqu aux cultures de lgumes effectues dans les marais. Ce terme a connu des volutions dans le temps et est devenu une branche de lhorticulture oriente vers la culture intensive et professionnelle des lgumes (Habault, 1983). Lhorticulture est dfinie comme une branche de lagriculture comprenant la culture des lgumes, des petits fruits, des fleurs, des arbres et arbustes dornement (Petit Larousse, 2003). Le marachage en zones urbaines et priurbaines est une forme dagriculture urbaine et priurbaine oriente vers la production des lgumes destins la consommation urbaine (Lavoisier, 1977). Daprs Westphal et al., cits par Diouf et al. (1999), certains auteurs dfinissent les lgumes comme des plantes herbaces dont les parties comestibles sont rcoltes sur la plante encore sur pied ou pendant sa priode de repos. Dautres dfinissent les lgumes comme tant des parties fraches des plantes, qui sont consommes seules, comme complments alimentaires ou comme plat daccompagnement. Les principaux lgumes cultivs peuvent tre classs selon leur nature et les lieux de culture. Selon la nature de lorgane consomm, Agossou et al. (2001) distinguent : Les lgumes fruits : tomate, poivron, piment, gombo, concombre, navet; Les lgumes feuilles : amarante, grande morelle, crin-crin, chou, laitue; Les lgumes bulbes : oignons, chalotes; Les lgumes racines ou tubercules : carotte, pomme de terre.

Les lgumes produits varient galement selon les zones de production (Agossou et al., 2001): Les cultures traditionnelles de plein champ pratiques aussi bien en milieu rural qu'en milieu urbain : tomate, piment, gombo, oignon, grande morelle, amarante, crin-crin, closie; Les cultures exotiques ou lgumes de type europen pratiqus dans les zones urbaines et priurbaines. Elles comprennent la carotte, le chou, la laitue, le concombre, le poivron, le navet, etc.

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5 Dans le cadre de ce travail, les lgumes prcdemment mentionns seront dsigns par le terme gnral de cultures marachres ou spcifis. 1.1.2. Notion de varit La slection vgtale est la cration et le maintien au sein de chaque espce vgtale des ensembles gntiques rpondant aux besoins des producteurs1 et des consommateurs2. Les ensembles gntiques dont il sagit sont appels varits cultives (Abadassi, 2003). Au sein dune espce vgtale, une varit est un ensemble homogne de plantes clairement identifies par des caractres morphologiques, physiologiques et gntiques qui les distinguent des autres plantes de la mme espce et qui aprs multiplication (sexue ou asexue), conservent leurs caractres distinctifs. (GNIS, 2007). Il lui a t donn un synonyme scientifique admis internationalement qui porte le nom de cultivar . Dans le cadre de cette tude, nous entendrons par varit amliore de cultures marachres, tout matriel vgtal obtenu la suite dune cration varitale. La semence est le principal matriel vgtal utilis pour lamlioration varitale en agriculture. 1.1.3. Notion de semence Selon Vandenne (1993), le terme semence en agriculture recouvre du point de vue botanique des parties de plantes ou dorganes trs diffrents. Il peut tre appliqu tout organe ou partie de plante susceptible de produire ou de reproduire un ou plusieurs individus nouveaux. On peut parler de semences ou graines et de plants . Les semences ou graines peuvent se prsenter sous diverses formes : les graines nues : ce sont de vritables graines au sens botanique du terme (haricot, tomate, piment, oignon, laitue, chou, carotte, grande morelle, amarante, gombo, closie, etc.) ; les pseudo-graines ou fruits : ce sont des fruits simples entiers ou des fruits composs (betterave,).

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Le terme plant est employ lorsque la reproduction est assure par voie vgtative partir de : 1

tubercules (pomme de terre) ; bulbes (oignons) ; boutures ; etc.

Les besoins des producteurs prennent en compte : le rendement lev et stable, la rsistance aux ennemis et au stress, la qualit des produits, la rduction de la pnibilit du travail ; 2 Les besoins des consommateurs regroupent : la qualit des produits, la rduction du prix dachat, la conservation des produits, la disponibilit des produits, la diversit des produits, ladaptation plusieurs types de transformations, etc.

6 Il faut distinguer deux catgories de semences ou plants : les semences qui ne se distinguent pas du produit de consommation (semences de riz ; plants de pomme de terre) ; les semences qui ne se confondent pas avec la partie du vgtal normalement consomm (semences de carotte, de betterave, de piment ; boutures de manioc).

Une semence doit rpondre des normes bien dfinies de qualit telles que : la puret varitale ; la puret spcifique ; la facult germinative ; ltat sanitaire ; le taux dhumidit.

Pour Jaffee et Srivastava (1993), les semences sont les intrants les plus importants pour lagriculture de type classique. Elles renferment le potentiel gntique de la plante qui dtermine la limite suprieure du rendement et partant la productivit finale des engrais, produits agrochimiques et autres intrants. Des appellations diffrentes sont utilises pour dsigner les diverses gnrations de semences (voir tableau 1, Annexes). Les semences commercialises sans certification, appeles semences commerciales proviennent gnralement de semences de base ou de matriel similaire. Les semences commerciales peuvent galement rsulter de la multiplication des semences certifies. Une caractristique importante qui distingue les semences de la plupart des autres intrants agricoles est leur capacit sauto-reproduire. Aussi, les paysans peuvent-ils assurer eux-mmes leur approvisionnement, ce qui impose certaines limites au dveloppement dun march commercial. 1.1.4. Concept dadoption Ladoption des technologies agricoles amliores par les agriculteurs vise essentiellement amliorer les performances agricoles en palliant les insuffisances et les problmes divers quils rencontrent dans le processus de production. Les technologies disponibles pour cela vont de ladoption des pratiques culturales (utilisation des semences amliores, des engrais minraux, des pesticides) et de conservation, restauration des sols (jachre, assolement, rotation, irrigation, haies, diguettes, agroforesterie, etc.) lutilisation de techniques de labour (traction animale, motorisation), etc. L'adoption peut tre dfinie de plusieurs manires mais le plus important est la dfinition adapte pour que les critres de mesure soient acceptables pour toutes les parties concernes. Une dfinition simpliste de l'adoption est essentiellement l'utilisation d'une technologie. Cette

7 utilisation est davantage labore en tant que incidence/modalit et intensit de l'adoption. L'incidence indique si un agriculteur a utilis une technologie ou non, et lintensit explique le degr d'utilisation de la technologie. Un exemple de modalit ou d'incidence serait de savoir si un agriculteur a utilis des engrais ou non (oui ou non). L'intensit serait le taux dengrais d'utilis par hectare que les agriculteurs ont appliqu (Langyintuo et Mekuria, 2005). Les tudes dadoption sont importantes pour les raisons suivantes: quantifier le nombre d'utilisateurs de la technologie au fil du temps pour valuer les impacts ou dterminer les besoins de vulgarisation. fournir des informations pour la rforme des politiques: les efforts de dveloppement de lagriculture en Afrique sub-saharienne sont limits par le manque ou l'insuffisance de politiques de dveloppement agricole qui appuient le dveloppement en gnral et la recherche et le dveloppement agricoles en particulier. Il est important que les tudes d'adoption soulignent et essaient de comprendre les goulots d'tranglement politiques l'adoption des technologies. Ces tudes favorisent le dveloppement de politiques efficaces pour l'adoption des technologies. Notre tude sinscrit dans le cadre de cette raison. fournir une base pour mesurer l'impact: un certain nombre d'conomistes ont estim le taux de rendement lev des investissements dans la recherche agricole. Malgr cela, les dcideurs politiques et les partenaires financiers ne sont pas convaincus que leurs allocations de ressources la recherche agricole apportent les effets souhaits et le dveloppement. 1.2. Revue de littrature Ferguson et Sauma (1993) ont dfini un systme d'approvisionnement en semences ou systme semencier, en termes gnraux quest cette combinaison de composants, de processus et leur organisation, et l'interaction et le soutien associs la production et la commercialisation des semences d'une ou plusieurs espces de plantes destines un utilisateur-client. 1.2.1. Fonctions dun systme semencier Les semences amliores sont le rsultat dun ensemble dactivits et de dcisions dans le cadre dun processus qui part de la manipulation initiale du matriel gntique et de lidentification dune varit ou dun hybride de qualit suprieure et aboutit ladoption et lutilisation des semences par les paysans (Jaffee et Srivastava, 1993). Globalement, il existe trois grandes mthodes damlioration vgtale aboutissant diffrentes varits commerciales : la mutagense, lhybridation et les manipulations gntiques.

8 Tableau 1 : Mthodes damlioration (ou de cration) et types de varits obtenus autofcondation : autofcondation et fcondation croise : Modes de plante autogame fcondation croise plante allogame reproduction mutagense, mutagense, mutagense, hybridation, Mthodes hybridation, hybridation, manipulations gntiques damlioration manipulations manipulations varitale gntiques gntiques 3 lignes pures, varits pollinisation varits pollinisation Varits clones libre, varits hybrides libre, varits hybrides, obtenues clones varits artificielles Nouveaux types varits hybrides, varits artificielles Source : Pray et Ramaswami, 1991 Lindustrie semencire peut tre considre comme lensemble de toutes les entreprises qui produisent ou distribuent les semences. Ceci implique au minimum les activits suivantes (Pray et Ramaswami, 1991 ; Jaffee et Srivastava, 1993) : cration et homologation des varits : des varits nouvelles sont cres par slection : mutation, hybridation ou gnie gntique. Aprs valuation de leur rendement et/ou dautres caractres dterminant leur performance, elles sont homologues pour des zones agro-cologiques spcifiques ; multiplication des semences : des semences de pr-base gntiquement pures (ou dans le cas des hybrides, des lignes pures) sont produites, puis multiplies afin dobtenir dans un premier temps une grande quantit de semences de base, puis les semences certifies en quantit suffisante pour les besoins du march ; conditionnement et stockage : schage, grenage et calibrage des semences, limination des matires inertes et des graines trangres, application des divers traitements chimiques pour maintenir un bon tat sanitaire et protger les semences des insectes, champignons et bactries ; conservation long terme des semences de pr-base des varits homologues, maintien des stocks de semences de cultures vivrires, stockage des semences pour les ventes immdiates, etc. ; commercialisation et distribution : manutention et transport des semences, recherche de dbouchs, dmonstrations sur le terrain et publicit, achat et vente en gros et dtail, fonctions connexes damortissement des risques et de financement ;

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Les clones sont obtenus partir de la multiplication vgtative. Une varit pollinisation libre ou ouverte est produite lorsque lune des plantes parentes est capable de polliniser ou de fconder l'autre plante parente naturellement (par l'intermdiaire des insectes, du vent ou de l'eau). Une varit hybride rsulte dune pollinisation croise, contrle ou non entre deux plantes parentes qui diffrent l'une de l'autre par un ou plusieurs gnes

9 contrle de qualit : inspection des parcelles de multiplication, analyse des semences et certification.

La performance du systme semencier est gnralement mesure par l'efficacit de la commercialisation et de la distribution des semences. La raison en est que la distribution connecte toutes les prcdentes tapes de l'offre de semences la demande de semences, refltant la fois les forces et les faiblesses des liens entre les diffrentes composantes de la chane semencire (Maredia et al., 1999). 1.2.2. Les tapes de transformation du systme semencier Les systmes d'approvisionnement en semences sont dune diversit de formes, et fonctionnent plusieurs niveaux (national, rgional et local) avec des matriaux de plantes diffrents utiliss des fins diffrentes (Ferguson, 1999). l'oppos l'un est le systme traditionnel bas sur la conservation des semences dans lequel une partie de la rcolte prcdente est conserve, et parfois change entre les agriculteurs locaux, comme matriel de plantation pour la prochaine rcolte. Ce systme est utilis par la plupart des petits exploitants et les agriculteurs pauvres en ressources des pays en dveloppement, et par de nombreux agriculteurs chelle commerciale dans les pays dvelopps autres que l'Union Europenne (UE), qui continuent conserver une partie ou la totalit de leurs besoins l'ensemencement, en particulier avec les rcoltes de crales. l'autre extrme se trouve le systme formel (ou conventionnel) d'approvisionnement en semences, dont les services rpondent aux besoins des grandes exploitations commerciales qui peuvent se permettre de payer pour des semences de qualit (souvent des varits hybrides) produites par les producteurs de semences spcialiss et commercialises par les entreprises semencires. Au fil du temps, une structure de l'industrie semencire consolide et cohrente se dveloppe, avec des liens l'chelle nationale et internationale. Entre ces deux extrmes est le systme intgr base communautaire d'approvisionnement en semences gr par des ONG, des groupes communautaires, et des agences humanitaires pour des marchs moins rentables et/ou faible volume (Loch et Boyce, 2003). Le systme semencier passe par plusieurs phases au cours de son volution partir d'un systme traditionnel o toutes les fonctions de production et d'approvisionnement sont effectues par les mnages agricoles un systme plus complexe dans lequel de nombreuses organisations diffrentes (les entreprises semencires, les multiplicateurs de semences, les producteursmultiplicateurs pour les entreprises semencires, les entreprises charges de la conservation et du stockage des semences) et des institutions juridiques (normes semencires, les rglements et programmes de certification) jouent des rles spcialiss dans la chane d'approvisionnement de semences (Douglas, 1980; Pray et Ramaswami, 1991; Jaffee et Srivastava, 1993; Rusike et Eicher, 1997).

10 Au cours de la phase 1, le systme semencier informel prdomine, la plupart des agriculteurs conservent leurs propres semences ou obtiennent les semences des agriculteurs ou de villages proximit. Par consquent, le taux de nouvelles varits et le taux dadoption de nouvelles semences est faible ; Au cours de la phase 2, les semences de varits amliores mises au point par la recherche finance par lEtat commencent remplacer les varits locales, l'utilisation des intrants complmentaires (engrais) est limite mais croissante et on note l'mergence d'un secteur priv impliqu dans la multiplication et la distribution de varits publiques ; Au cours de la phase 3, le secteur priv commence jouer un rle actif dans la recherche et le dveloppement, particulirement dans le dveloppement d'hybrides et de semences pour les cultures spcialises. Les systmes de distribution des semences deviennent plus varis et dcentraliss et de nombreux lments dun systme semencier mature existent, mais la fourniture de semences du secteur formel est range dans la catgorie passable mauvaise ; Au cours de la phase 4, le systme de semences et le secteur agricole dans son ensemble sont bien dvelopps. La production de semences commerciales et leur distribution sont monnaie courante. Des rglements et lois semenciers efficaces sont mis en place, les liens avec des acteurs extrieurs au secteur semencier sont bien tablis, et l'utilisation de semences amliores est trs rpandue.

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Avec lvolution du systme semencier, le progrs de la slection vgtale et des mthodes de conditionnement, il est possible d'tendre la recherche sur les semences, la production, la multiplication, la transformation et la commercialisation au-del des agriculteurs et des collectivits. Les rgles, les rglements et les infrastructures coordonnant les composantes du systme semencier voluent aussi pour permettre aux organisations et autres intervenants de se spcialiser dans les diffrentes fonctions du systme semencier. En dfinitive, le type de systme d'approvisionnement en semences dpend de la culture et de son rle dans l'conomie. L'ampleur de la participation du secteur public dans la fourniture de semences dpend aussi de l'tat de dveloppement des marchs des semences et des marchs de produits. Tout en reconnaissant la complexit en jeu et afin de simplifier la discussion des options pour l'organisation de la commercialisation des semences, quatre prototypes sont distingus: 1) formelles, en grande partie gres par l'Etat; 2) formelles, en grande partie gres par le secteur priv ; 3) semi-formelles, y compris public-priv mixte, et la fourniture volontaire; 4) la fourniture durgence. Chaque type est gnralement associ une tape dans le dveloppement de l'industrie des semences, une culture/un type de technologie des semences, et un type de demande des agriculteurs (Smale et al., 2007).

11 Les expriences rcentes indiquent qu'il n'existe pas de formule simple pour le dveloppement du systme semencier. Mais elles rvlent aussi l'importance de la surveillance continue de l'impact des nouveaux investissements, une volution dans les rles des secteurs public et priv, et un accord sur les objectifs court et moyen termes pour le dveloppement du systme semencier (Tripp et Rohrbach, 2001). 1.2.3. Principaux acteurs du systme semencier Les composants et les processus du systme semencier comprennent les matires vgtales (espces et cultivars) et leurs semences, la production, l'approvisionnement et la commercialisation de ces semences, le contrle de leur qualit, le support technologique, et les diffrents acteurs impliqus dans les diffrentes parties de la chane d'approvisionnement. Ces lments et ces processus sont influencs, lis et organiss par l'interaction du march et les forces politiques qui dfinissent l'environnement politique gnral, par la disponibilit des ressources de fonctionnement, et par les dcisions journalires de gestion oprationnelle (Loch et Boyce, 2003). Daprs Jaffee et Srivastava (1993), les principaux acteurs intervenant dans un systme semencier national se retrouvent dans le tableau n2 en annexes. Le dcoupage de Jaffee et Srivastava (1993) rend compte de la diversit des intervenants que lon retrouve dans le systme semencier et que lon peut regrouper en deux catgories principales : les acteurs publics et les acteurs privs, tous deux excutant des fonctions prcises et complmentaires du systme semencier. A cet effet, la rpartition des attributions dun programme semencier entre les deux types dintervenants se dcompose comme suit selon Vandenne (1993) : attributions des acteurs publics : planification de la production, rglementation et contrle de la production et de la commercialisation, formation professionnelle, production des semences de pr-base et de base ; attributions des organes non gouvernementaux : socits de dveloppement ou organismes privs de statuts divers : cration varitale, multiplication, conditionnement, conservation, commercialisation.

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Pour Loch et Boyce (2003), les secteurs public et priv ont des rles complmentaires dans un systme fonctionnel d'approvisionnement en semences. Dans un pays, c'est le gouvernement qui fixe le cadre politique national dans lequel les systmes d'approvisionnement en semences doivent fonctionner. Le gouvernement prvoit galement une certaine infrastructure de soutien pour faciliter la livraison des semences aux utilisateurs finaux, tant donn que c'est un intrant stratgique pour l'agriculture nationale. Le soutien peut concerner toute ou partie des lments suivants: programmes d'amlioration varitale, recherche pour laborer une mthodologie de production de semences, services de contrle de la qualit des semences, enregistrement de la

12 proprit intellectuelle et services de quarantaine. Le secteur priv est alors responsable de la production rapide et rentable, de la livraison des semences des utilisateurs finaux dans le cadre politique qui a t fix par le gouvernement. Le solde en termes de responsabilits entre les secteurs public et priv diffre d'un endroit l'autre et volue avec le temps. Cependant, toutes les responsabilits essentielles et pertinentes doivent tre remplies par l'une ou l'autre partie si un systme efficace d'approvisionnement de semences doit tre dvelopp et maintenu dans un pays ou une rgion particulire. Si le gouvernement dcide de se sparer de ses anciennes responsabilits du secteur public, le secteur priv doit tre prt assumer ces rles supplmentaires et aussi tre capable de les raliser. 1.2.4. La lgislation semencire La loi sur les semences dfinit lobjectif de la lgislation et les principes qui permettent de latteindre, cest--dire les contrles de laboratoire, la certification, les restrictions de vente et lapplication soit de normes minimales, soit de la doctrine de lauthenticit de ltiquetage . Les responsabilits sont dfinies et dlgues. La lgislation semencire est mise en pratique en deux phases : le corps lgislatif vote la (les) loi(s) qui tablit les principes gnraux et donne les pouvoirs ncessaires au ministre concern ; le ministre promulgue des rglements ayant force de lois. Ces rglements sont trs dtaills et font tat de normes, critres et formalits remplir. Ils peuvent tre modifis ou amends au fur et mesure, selon le dveloppement du systme semencier et selon les besoins.

Les textes lgislatifs noncent en gnral les objectifs gnraux qui se rapportent aux points suivants : promouvoir lefficacit en matire de production et de commercialisation, garantir lidentit et la qualit des semences ; stimuler la production des semences de qualit et encourager leur emploi ; rglementer le commerce national et rendre obligatoire ltiquetage ; favoriser la production de semences nationales ; garantir lapprovisionnement dans les quantits voulues de semences et amliorer leur qualit.

Pour atteindre ces objectifs, on peut observer deux systmes (Vandenne, 1993) : le systme o le contrle de qualit est bas sur la vracit de ltiquetage appel en anglais truth-in-labelling law qui est en usage aux Etats-Unis. La lgislation ne fait quexiger des producteurs et des vendeurs quils portent sur leurs tiquettes suffisamment de renseignements pour permettre lacheteur de choisir les semences quil crot les plus

13 appropries ses besoins. Il ny a donc pas de conditions minimales de qualit ou de liste de varits ou despces recommandes. Ce systme prsuppose que lutilisateur est capable de discernement dans son apprciation de la qualit des semences ; le systme qui consiste dterminer certaines exigences minimales auxquelles doivent satisfaire les semences. Il met en uvre le contrle des semences mais aussi le contrle sur les processus de la production et de la commercialisation. Ce systme implique galement la tenue et la publication de rpertoires ou de listes des espces et varits cultivables recommandes ou admises. A ce niveau, il y a des diffrences dans lapplication de lusage de ces listes. Ainsi dans certains pays, les semences des espces ou varits non inscrites sur ces listes peuvent tre vendues librement mais seules les semences inscrites sur les listes rglementaires se trouvent garanties aux minima de qualit qui ont t fixes ; dans dautres pays, les semences non enregistres sont exclues du commerce.

1.2.5. Dterminants de l'adoption de technologies agricoles De nombreuses tudes ont t effectues pour expliquer la faible adoption des technologies agricoles amliores par les agriculteurs. Pattanayak et al., (2003) ont revu 120 articles portant sur ladoption de technologies agricoles et forestires par les petits propritaires terriens et ont conclu que cinq catgories de facteurs lis aux adoptants et au contexte dadoption expliquent gnralement ladoption de technologies et dalternatives. Ces catgories de facteurs sont : les prfrences et les perceptions des agriculteurs, les ressources disponibles pour limplantation de linnovation, les incitatifs du march, les facteurs biophysiques, et les risques et les incertitudes. Les effets des prfrences et des perceptions des paysans tant difficiles mesurer de faon explicite, les caractristiques sociodmographiques telles que l'ge, le sexe, l'ducation, et le statut social sont utiliss leur place. Il est impossible de dterminer a priori la direction de l'influence sur l'adoption de cette grande catgorie. Les dotations en ressources mesurent les ressources la disposition de l'adoptant pour la mise en uvre de la nouvelle technologie. Des exemples de dotations en ressources comprennent la terre, le travail, le btail et l'pargne. Gnralement les dotations en ressources sont susceptibles d'tre en corrlation positive avec la probabilit de l'adoption. Les incitations du march comprennent des facteurs visant de manire explicite rduire les cots et/ou augmenter les bnfices tirs de ladoption de la technologie. Ces facteurs se concentrent sur dterminants conomiques de l'adoption comme le prix, la disponibilit des marchs, le transport, et les pertes ou les gains de revenus potentiels. Un facteur qui devrait d'accrotre les avantages nets associs la technologie est susceptible d'avoir une influence positive sur ladoption.

14 Les facteurs biophysiques se rapportent des influences sur le processus de production physique associ l'agriculture. Les exemples incluent la qualit du sol, la pente des terres agricoles, et la taille des parcelles. En gnral, les conditions biophysiques de production plus pauvres (par exemple, une plus grande pente ou un potentiel d'rosion lev) crent une incitation positive adopter des technologies qui permettront de soulager ces situations. Toutefois, il est galement possible que certaines exploitations soient d'une qualit infrieure au seuil de l'investissement utile. Les risques et incertitudes refltent les inconnues des marchs et de l'environnement institutionnel dans lequel les dcisions sont faites. Les exemples de risques court terme et incertitudes incluent notamment les fluctuations des prix des matires premires, le rendement prvu et les prcipitations. Dans une certaine mesure, les incertitudes des nouvelles technologies sont attnues par les interventions publiques telles que la vulgarisation et la formation, et leurs complments privs tels que la connaissance des mnages ou lexprience. L'inscurit foncire est un exemple de risque long terme et dincertitude. Langyintuo et Mekuria, (2005) ont galement identifi plusieurs facteurs influenant ladoption. Ils peuvent tre regroups sous (a) les caractristiques de lagriculteur, (b) les facteurs institutionnels (y compris les caractristiques des exploitations agricoles, par exemple la taille), et (c) les attributs technologiques qui ont trait adoption de technologies amliores. La liste cidessous nest pas exhaustive. 1.2.5.1. Caractristiques de lagriculteur Sexe En Afrique comme dans la plupart des rgions du monde en dveloppement la plupart des vulgarisateurs sont des hommes et privilgient habituellement les hommes dans leurs activits de vulgarisation. Pourtant, les femmes jouent un rle important dans l'agriculture, en particulier les veuves. Il est important d'inclure le sexe dans lvaluation des dterminants de l'adoption de technologies amliores. Il est important d'valuer les avantages relatifs gagner en rorientant les efforts de vulgarisation en fonction du sexe.

ge de l'exploitant Le rle de l'ge du producteur pour expliquer l'adoption des technologies est quelque peu controvers. Les personnes ges sont parfois considres comme moins susceptibles de changer et donc rticentes changer leurs vieilles faons de faire les choses. Dans ce cas, l'ge aura un impact ngatif sur l'adoption. D'autre part, les personnes ges peuvent dtenir un capital accumul plus important, avoir plus de contacts avec la vulgarisation, tre apprcies par les tablissements de crdit, avoir une taille de mnage plus large, etc., qui peuvent tous les rendre plus disposes adopter une technologie que les plus jeunes.

15 Le nombre dannes dexprience en tant qu'agriculteur ou unique dcideur des oprations agricoles La raison pour laquelle les chercheurs prfrent parfois utiliser le nombre dannes d'exprience en agriculture ou le statut de dcideur principal est que l'exprience en agriculture a augment. Les agriculteurs sont gnralement, en mesure de mieux d'valuer la pertinence des nouvelles technologies. Cela vient souvent de leurs interactions avec leurs voisins et avec le monde extrieur. En raison de leurs expriences, ils ont galement tendance tre mieux placs pour acqurir les comptences ncessaires pour utiliser les technologies par rapport aux plus jeunes. ducation On suppose souvent que les agriculteurs instruits sont mme de traiter l'information et de rechercher des technologies appropries pour allger leurs contraintes de production. La croyance est que l'ducation donne aux agriculteurs la capacit de percevoir, d'interprter et de ragir de nouvelles informations beaucoup plus rapidement que leurs homologues sans ducation. Mais, dans de nombreux pays, la majorit des agriculteurs est analphabte. Nanmoins, il est important dexaminer le rle que joue l'ducation dans les dcisions d'adoption des technologies. 1.1.5.2. Facteurs institutionnels Taille de lexploitation La taille de lexploitation familiale est un facteur qui est souvent avanc comme important et affectant les dcisions d'adoption. Il est souvent avanc que les agriculteurs avec les grandes exploitations sont plus susceptibles d'adopter une technologie amliore (en particulier les varits modernes) par rapport ceux qui ont des petites tailles, car ils peuvent se permettre de consacrer une partie de leurs domaines essayer la technologie amliore. Mais, en gnral, l'effet de la taille des exploitations sur l'adoption est contradictoire. Membre dun groupement/association de producteurs Dans la plupart des communauts agricoles, les agriculteurs constituent ou rejoignent des associations ou des coopratives. Ces associations ou coopratives donnent parfois aux agriculteurs la possibilit d'avoir un meilleur accs l'information, qui est une condition importante pour l'adoption d'une technologie amliore. Certaines institutions financires ne sont disposes prter du crdit aux agriculteurs que s'ils sont membres dune association ou dune cooprative. Par consquent, l'appartenance une association ou une cooprative peut influencer la dcision des agriculteurs adopter une technologie amliore. Position de leader dans la communaut La tendance dun agent de vulgarisation sadresser en premier un chef de file dans une communaut donne est souvent trs leve. Couple la pression de montrer un bon leadership, les dirigeants communautaires sont souvent appels adopter des technologies plus rapidement

16 que les autres car leurs perceptions ngatives pourraient rduire nant l'adoption par leurs voisins. Accs au crdit Selon la littrature, le manque de crdit est une contrainte l'adoption. L'adoption peut exiger laccs au crdit pour acheter des intrants complmentaires afin de maximiser les avantages de la nouvelle technologie. Les agriculteurs peuvent investir dans des technologies nouvelles, soit partir dun capital accumul ou par des emprunts sur les marchs financiers. Le manque dpargne accumule par les petits agriculteurs les empche d'avoir le capital ncessaire pour investir dans les nouvelles technologies. Aussi, l'chec du march des capitaux existe dans la plupart les pays en dveloppement en raison du manque d'informations sur les taux d'intrt et les sources de crdit alternatives. Sources dinformations L'exposition l'information rduit l'incertitude subjective et augmente la probabilit d'adopter de nouvelles technologies. Diverses approches ont t utilises pour saisir l'impact de l'information. Il peut sagir de: dterminer si oui ou non l'agriculteur a t visit par un agent de vulgarisation un moment donn ; demander si l'agriculteur a assist des essais de dmonstration de la nouvelle technologie par les agents de vulgarisation, et ; constater le nombre de fois o l'agriculteur a particip des essais la ferme, etc. Parfois, les variables de linformation ne sont pas significatives dans l'explication de l'adoption parce que les variables de substitution utilises ne mesurent pas ce qu'elles sont destines mesurer. Par exemple, sur la base dune exprience rcente, les agriculteurs ont perdu confiance dans le systme de vulgarisation. Dans un tel cas, les agriculteurs apprennent des expriences de leurs voisins et la variable pertinente mesurer "l'information" est "en contact avec d'autres agriculteurs utilisant de nouvelles innovations" et non pas contact avec l'agent de vulgarisation. Marchs des produits et marchs dintrants Les marchs de produits et d'intrants sont galement connus pour influer sur l'adoption de meilleures technologies agricoles. Il est souvent utile de dterminer l'accessibilit du march du village parcouru par l'enqute. On pourrait poser la question de savoir: quelles sont les distances les plus courtes entre le village et les principaux marchs dintrants ou marchs de produits? 1.2.5.3. Caractristiques de la technologie Les agriculteurs font des comparaisons subjectives inter-varitales entre les attributs des varits nouvelle et ancienne et ils adoptent des varits modernes seulement quand elles sont perues comme ayant une meilleure caractristique de la population locale. Les tudes d'adoption

17 devraient accorder une attention particulire aux perceptions agriculteurs sur les caractristiques de la technologie (comme le rendement, le got, la rsistance aux maladies et aux parasites, etc.) en utilisant soit des variables qualitatives ou des classements des agriculteurs sur la base dune comparaison inter-varitale des caractristiques. 1.3. Conclusion Dune manire gnrale, ces tudes donnent une vue globale du systme semencier, de ses acteurs et de ses caractristiques. On peut retenir que la commercialisation et la distribution connectent toutes les autres fonctions de l'offre de semences la demande de semences, refltant ainsi les forces et faiblesses des liens existant entre les diffrentes composantes du systme semencier. Les fonctions du systme semencier sont multiples et font intervenir des catgories diversifies dacteurs. Il apparat une absence dtudes spcifiques sur les systmes semenciers ouest-africain en gnral et bninois en particulier.

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CHAPITRE II: METHODOLOGIECe chapitre justifie le choix de la zone dtude et prsente ses traits physiques et dmographiques. Il dcrit galement les diffrentes mthodes de collecte, de traitement et danalyse des donnes et prsente les caractristiques socio-conomiques des marachers et les caractristiques de leurs exploitations. 2.1. Choix de la zone dtude La forte production de certaines spculations marachres et limportance des flux de lgumes en provenance des pays voisins (Burkina Faso, Ghana, Niger, Nigeria, Togo) ncessitent lanalyse de la distribution et de lutilisation des semences amliores de cultures marachres au Bnin en gnral et dans la commune de Cotonou en particulier. Le choix de cette zone est relatif son appartenance aux principales zones de production marachre du Bnin et par consquent un niveau dintensification relativement lev (dont lutilisation de semences amliores), lexistence de structures formelles et informelles de vente de semences amliores, ses spcificits sur le plan agro-cologique, et laccs aux marchs. En effet, la commune de Cotonou est dote de nombreux atouts : lexistence des conditions agro-cologiques propices aux cultures concernes : la faible profondeur de la nappe phratique qui facilite la disponibilit et laccessibilit de leau et permet une production de contre-saison ; des systmes intensifs caractristiques des marachers urbains (Cotonou) permettant de produire sur des surfaces trs rduites (moins de 300m). Les principales spculations occupant les parcelles sont les lgumes locaux (la grande morelle, le vernonia, lamarante) et les lgumes exotiques : laitue, carotte, chou, etc. (PADAP, 2003); la prsence Cotonou du premier march international du Bnin comme principal dbouch des spculations ; une demande croissante en raison de laccroissement dmographique et de la pousse urbaine au Bnin.

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La commune de Cotonou appartient la zone agro-cologique des pcheries. Elle est localise au sud-Bnin et couvre une superficie de 79 km2. Sa population est estime 761.137 habitants en 2006. La croissance dmographique gnrale est de 3,96%. La population est urbaine. Cotonou est la capitale conomique et la plus grande ville du Bnin. Elle abrite les deux tiers des industries du pays et est le sige des principales entreprises et banques. L'conomie repose principalement sur le port autonome. La ville est situe sur le cordon littoral entre le Lac Nokou et lOcan Atlantique et est coupe en deux par un canal, la lagune de Cotonou.

19 Le climat est de type subquatorial avec deux saisons pluvieuses par an. Il couvre tout le bassin ctier et stend de la cte jusqu la latitude de 7 Nord. Lapparition dune rcession pluviomtrique stendant sur juillet-aot induit un rgime avec quatre saisons: une grande saison des pluies (Avril Juillet) ; une petite saison sche (Aot Septembre); une petite saison des pluies (dOctobre Novembre) et une grande saison sche (de dcembre mars). Cette zone se caractrise par une forte humidit relative (85 90%) et une temprature annuelle moyenne oscillant entre 23 et 32C. La pluviosit est dcroissante dEst en Ouest.

Figure 1 : Localisation de la zone dtude 2.2. Phases de collecte des donnes Ltude sest droule en trois phases squentielles qui sont : 2.2.1. La revue documentaire Elle a consist en la consultation douvrages, darticles, dtudes de cas. Les rsultats de cette phase ont permis didentifier les aspects non encore ou pas suffisamment explors de la distribution et de lutilisation des semences amliores de cultures marachres dans les zones urbaines et priurbaines de Cotonou, de fixer les objectifs, de mieux apprhender notre sujet de recherche et den cerner les diffrents contours. Pour ce faire, nous avons collect les informations dans les centres de documentation, dans les services tatiques et privs impliqus dans le cadre de ce travail et sur Internet pendant toute la dure de ltude. Les donnes secondaires utilises ont t collectes au cours de cette phase.

20 2.2.2. La phase exploratoire Afin de mieux prciser les objectifs et dexaminer dans quelle mesure les hypothses mises peuvent tre vrifies et atteintes, il a t effectu une phase exploratoire sur les lieux de distribution des semences amliores de cultures marachres et dans les zones de production. La mthodologie utilise comprend :-

Des entretiens individuels avec des personnes-ressources et des institutions tatiques: le Programme Cultures Marachres (PCM) de lInstitut National de la Recherche Agronomique du Bnin (INRAB), la Direction de lAgriculture (DAGRI) dont les services de semences et plants et de protection des vgtaux (la division de la quarantaine et du contrle phytosanitaire), la Direction de la Promotion de la Qualit et du Conditionnement (DPQC), la Direction Gnrale du Commerce Intrieur (DGCI), la Chambre de Commerce et dIndustrie du Bnin en particulier le Centre de Formalits des Entreprises (CFE) ; Des entretiens avec les structures prives intervenant dans limportation des semences (structures de transit) ; Des entretiens individuels avec les responsables des structures formelles et des distributeurs informels de distribution de semences amliores de cultures marachres; Des entretiens individuels et de groupe avec les marachers sur les primtres de production retenus ; Un test du questionnaire auprs dun nombre rduit de distributeurs et de producteurs marachers.

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A lissue de cette phase, les sites denqute approfondie ont t retenus en raison de lutilisation des semences amliores, des zones de production et de la proximit des centres urbains. Les sites de production ont t choisis selon la proximit avec le centre ville (Cotonou) qui traduit la distance parcourir par les producteurs pour atteindre les lieux formels de vente de semences amliores. Plusieurs auteurs ont montr que lutilisation des intrants commerciaux (semences, engrais, produits phytosanitaires) baisse avec la distance sparant leurs marchs des producteurs (Oppen (von), 1978 ; Ijaimi, 1994 ; Njehia, 1994 ; Fok, 1999). 2.2.3. La phase denqute approfondie Lobjectif est de collecter les donnes au niveau des units denqute. Les mthodes utilises regroupent les entretiens structurs avec comme outil principal le questionnaire; les entretiens semi-structurs et enfin les observations participantes. Les principales informations recueillies ont t relatives pour les distributeurs:

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aux caractristiques socio-juridiques : dnomination, sige social, forme juridique, activit principale, autres activits, date de cration ; caractristiques du promoteur ou grant : nom, ethnie, etc. ; aux caractristiques de la distribution des semences : raisons de la distribution des semences, modes dapprovisionnement, lieux dapprovisionnement, modes de distribution, arrangements avec les entreprises semencires, contraintes la distribution (institutionnelle, financire) ; aux liens avec les autres services la disposition des marachers.

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Les donnes collectes pour les producteurs comprennent :-

Les caractristiques socioconomiques et culturelles des producteurs (sexe, ge, ethnie, origine, taille du mnage, nombre dactifs agricoles, niveau dinstruction, nombre dannes dexprience) ; Les caractristiques des diffrentes exploitations (types de lgumes, varits de lgumes cultivs, superficies, statut du foncier (ges et modes daccs), main duvre, systme dirrigation) ; Lutilisation des semences amliores (cultures utilisant les semences amliores, mode daccs linformation sur les semences amliores de cultures marachres, raisons de lutilisation des semences amliores, dure dutilisation des semences, frquence de renouvellement des semences, lieux dachat des semences, perceptions sur la distance entre le site et la structure formelle de vente la plus proche, structures dachat (formelles et informelles) connues, type de conditionnement (sachet, bote, bouteille), raisons justifiant le choix de la structure dachat, cot des varits achetes, lieux de vente et perceptions sur les prix des produits rcolts utilisant les semences amliores, etc.).

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Le choix des units denqute a t ralis selon un chantillonnage alatoire. Les units denqutes sont constitues par les structures formelles et les distributeurs informels de semences amliores de cultures marachres et par les producteurs marachers. Nous avons identifi pralablement, dans le cadre de lenqute exploratoire, les sites de production marachre. Au cours de lenqute approfondie, nous avons choisi au hasard dans la limite du temps et des moyens disponibles pour disposer dun chantillon plus grand, les marachers enquter. Nanmoins, cela nentache pas la reprsentativit car tous les types de marachers y sont reprsents. Au total, cinq (05) structures formelles de vente de semences amliores de cultures marachres, trois (03) distributeurs informels dans la commune de Cotonou et cent vingt-deux (122) chefs dexploitations marachres ont t interviews pour lenqute approfondie. Le tableau 2 indique la rpartition des units denqute.

22 Tableau 2 : Rpartition des units denqute (exploitations marachres) Cotonou (N=122) Sites Units denqute Distance/proximit Houeyiho 46 Centre ONEPI 15 Centre Centre International de 31 Priphrie Confrence/Aroport Akogbato 30 Priphrie Source : Nos enqutes Les donnes collectes pour chaque exploitation couvrent une anne cause des cycles relativement courts des spculations marachres qui permettent au moins trois saisons de cultures pendant une anne. La phase approfondie a abouti au traitement des donnes collectes, puis lanalyse des rsultats obtenus utiliss pour la rdaction de ce rapport. 2.3. Outils danalyse Les donnes issues du dpouillement ont t enregistres dans le logiciel EXCEL 2007 ainsi que certains rsultats obtenus par les diffrents outils danalyse suivants. 2.3.1. Statistiques descriptives Les donnes collectes sont qualitatives et quantitatives. Les statistiques descriptives ont permis de calculer les moyennes (mesure de la tendance centrale) et les carts-types (mesure de la dispersion). Elle est galement utilise travers les tableaux de frquences destins caractriser les variables relatives aux commerants et leurs contraintes ; aux producteurs et leurs exploitations. 2.3.2. Spcification du modle conomtrique dadoption de la technologie Un examen de la littrature dadoption confirme l'existence de trois principaux paradigmes utiliss dans l'analyse de l'adoption. Ce sont : (i) l'innovation-diffusion, (ii) les contraintes conomiques, et (iii) les paradigmes perception-adoption. Le modle de diffusion de l'innovation suit lanalyse de Rogers sur la diffusion et conclut que l'accs l'information est un facteur critique dans ladoption et la diffusion des technologies. En consquence, le problme de l'adoption est rduit la communication des informations sur la technologie pour des utilisateurs potentiels. L'adoption est aussi influence par les caractristiques des agriculteurs : ge, sexe, niveau d'ducation, formation, etc. Le modle met l'accent sur la vulgarisation comme un moyen d'accrotre l'adoption de nouvelles technologies.

23 Le modle des contraintes conomiques soutient que les contraintes conomiques sont des dterminants majeurs. L'approche vise aussi faire valoir la supriorit du modle de contrainte conomique sur le modle d'innovation-diffusion, mais les conclusions ont galement t contestes. Le paradigme de la perception de ladoptant est lapproche la moins dveloppe et la moins utilise dans la littrature. Il met l'accent sur les attributs perus de la technologie (par exemple le got, laptitude la conservation, etc.). Chacun des modles se concentre sur un petit nombre de facteurs, mais toutes les trois catgories jouent un rle important dans l'explication de l'adoption. Les tudes actuelles ont dmontr l'importance de ces trois paradigmes en matire de modlisation de l'adoption des technologies. Dans la plupart des cas, l'utilisation du modle Probit, Logit ou Tobit est applique. Le Probit et le Logit prsentent des similitudes contrairement au Tobit. Les modles Probit et Logit fournissent des informations seulement en ce qui concerne la dcision de lexploitant agricole dacheter ou non mais pas sur l'intensit de lachat aprs adoption (Coulibaly et Nkamleu, 2004). La spcification ci-dessous comprend des lments des trois paradigmes prsents. Spcification du modle dadoption en utilisant l'approche du modle Tobit Dans les tudes d'adoption, on ne veut pas seulement connatre la probabilit qu'un producteur ait adopt une technologie, mais aussi le degr d'utilisation de la technologie, aprs adoption. Pour expliquer simultanment la probabilit d'adoption, et l'intensit d'utilisation de la technologie, l'utilisation d'un modle Tobit est approprie (Adesina et Zinnah, 1993; Langyintuo et al., 2003). Pour Coulibaly et Nkamleu (2004), la dcision d'un exploitant agricole dadopter (dacheter des semences amliores dans une structure formelle) et galement de l'intensit de l'adoption (proportion de la quantit de semences achete dans les structures formelles au cours dune anne pour une spculation donne) est conditionne par un ensemble de facteurs internes et externes. Le modle Tobit est un modle de rgression dans lequel la variable dpendante est observe seulement pour des valeurs ayant un seuil ou un niveau donn. Il a l'avantage de permettre la drivation des probabilits d'adoption et prvoit des niveaux de l'intensit d'utilisation de la technologie. Il est utilis pour un nombre important dobservations. Deux situations sont gnralement observes avec le modle Tobit: soit la variable dpendante est observe seulement sur certains intervalles : on parle dchantillon censur ; soit on limine avant lchantillonnage les observations pour lesquelles la valeur de la variable dpendante est nulle : on parle dchantillon tronqu. Lanalyse des dterminants qui influencent lachat des semences amliores par les producteurs auprs des structures formelles a t faite par le modle de rgression Tobit, dchantillon censur avec comme variable explique pour une culture donne le rapport entre la quantit de semences achete dans une structure formelle et la quantit totale de semences achete au cours

24 de lanne : cest la proportion de semences achete dans une structure formelle au cours de lanne pour une spculation. Cette valeur est comprise entre 0 et 1. La forme thorique du modle retenu pour tester la deuxime hypothse est la suivante : Yi = Xi+ si 0 < Yi 1 Yi = 0 O : Yi = variable dpendante limite et mesure simultanment lachat de semences amliores de cultures marachres dans les structures formelles et lintensit de cet achat au cours de lanne ; Xi = vecteur des variables explicatives lies lime exploitant agricole. Les variables explicatives introduites dans les modles de rgression sont : le sexe (SEX) ; lge (AGE) ; le niveau dinstruction qui se dcline en primaire (PRIMAIR), secondaire 1 (SECOND1), secondaire 2 (SECOND2), suprieure (SUPERI) ; lalphabtisation (ALPHA) ; la taille du mnage (TMEN) ; le nombre dannes dexprience (EXPER) ; la permanence ou la saisonnalit de lactivit marachre (ACPER) ; lappartenance un groupement de producteurs de cultures marachres (GPCM) ; le cot de la semence en FCFA/g (COUTGSEM) ; les perceptions de prix des semences par les producteurs : ces prix peuvent tre perus comme faibles (PRIXF), abordables (PRIXA) ou levs (PRIXE) ; les raisons pour lesquelles les marachers achtent les semences chez les distributeurs informels qui sont : la disponibilit des distributeurs informels (DISPOA), le manque de temps (MANKTA), la chert du transport (TRANSPEA), la mconnaissance des lieux de vente formelle (NKNOWA), les facilits de crdit (FCREDA), la vente au dtail (DETAILA), les prix identiques chez les distributeurs informels et dans les structures formelles (MEMPRIA) ; le nombre de structures formelles que connat le producteur (CONNAISS) ; la prsence ou labsence dune formation sur les lieux dachat des semences (FORMATION) ; les perceptions des producteurs sur les distances sparant leurs sites de la structure formelle de vente la plus proche (DISTANC) ; les perceptions des producteurs sur les prix des produits vendus et ayant utilis les semences amliores qui peuvent tre trs bas (PPROTB), bas (PPROB), abordables (PPROA) ou levs (PPROE). La purification du modle a t effectue. Elle a consist liminer les variables non pertinentes laide de la matrice de corrlation entre les variables explicatives et retenir les variables mme dexpliquer le modle. La forme empirique complte du modle se prsente comme suit : RQFORMEL = b0 + b1 SEX + b2 INSTRU/ALPHA + b3 EXPER + b4 ACPER + b5 PRIXE/PRIXA + b6 DISPOA + b7 DISTANC + b8 PPROB (3) Le modle a t estim pour deux cultures (la laitue et la carotte) sur les trois (laitue, carotte, chou) principales de la commune de Cotonou qui utilisent les semences amliores. La taille des producteurs de chou de lchantillon ne permettant pas dutiliser le modle (47 producteurs sur si non (1) (2)

25 122 interviews). Assogba (2007) a effectu une classification des principaux lgumes cultivs dans le Sud-Bnin en fonction des perceptions des producteurs. Il sagit par ordre dimportance dcroissante de : lamarante, loignon, la laitue, la tomate, la closie, le chou et la carotte.Les cultures utlisant les semences ameliorees sont : loignon, la laitue, la tomate, le chou et la carotte. Cependant, une faible proportion de producteurs cultivent loignon et la tomate (7% respectivement) contrairement au chou (66%), la carotte (94%) et la laitue (96%). Le tableau 3 prsente les signes attendus des variables explicatives. Tableau 3 : Signes attendus des variables explicatives (VE) pour la carotte et la laitueVE (carotte) Types de variables Dichotomique VE (laitue) Signes attendus + Raisons Les producteurs hommes sont plus nombreux que les producteurs fminins, la tendance gnrale sera donc celle des hommes. Linstruction donne au producteur des connaissances qui le guident dans le choix de la structure dachat. Cette instruction permet aussi laccs des informations qui lorienteront. Mme chose quINSTRU Un certain niveau de savoir-faire est ncessaire pour lutilisation des semences amliores. Lappartenance un groupement permet laccs et le partage des informations relatives aux nouvelles technologies. Des prix levs des semences dans les structures formelles dcouragent les producteurs sy rendre. Par contre, des prix abordables les y encouragent. Le contact permanent entre les distributeurs informels et les producteurs peut contribuer limiter leurs dplacements dans les structures formelles. Plus la perception de la distance parcourir est leve, plus le producteur sattachera utiliser les semences vendues par les distributeurs informels. Des prix de vente bas des produits nencouragent pas les producteurs investir dans des intrants de meilleure qualit.

SEX

SEX

Catgorielle

INSTRU

+

ALPHA EXPER

Dichotomique Continue EXPER

+ +

ACPER

Dichotomique

ACPER

+

PRIXA

Dichotomique

PRIXE

-/+

DISPOA

Dichotomique

DISPOA

-

DISTANC

Continue

DISTANC

-

PPROB

Dichotomique

PPROB

-

26 2.4. Caractristiques socio-conomiques des marachers Les exploitations marachres sont majoritairement diriges par des hommes (90% des cas) ingalement rpartis sur les diffrents sites. Leur proportion est de 92 % Cotonou. Lge moyen varie galement dun site un autre. Les producteurs de Cotonou ont une moyenne dage de 33 ans (Tableau 4). La taille des mnages est en moyenne de 4 personnes Cotonou. Tableau 4 : Caractristiques sociodmographiques Cotonou Paramtres Age du producteur Taille des mnages Actifs agricoles hommes Actifs agricoles femmes Annes dexprience Source : Nos enqutes, 2008 Moyennes (N=122) 33 4 1 0 11

Les chefs dexploitation interviews sont majoritairement maris : 70%. Le marachage est la principale activit des producteurs (97%). Ltude du niveau dducation formelle indique que 22% dentre eux nont reu aucune instruction. Les proportions des marachers ayant respectivement les niveaux primaires et le premier niveau du secondaire sont de 53et 22%. 2% de marachers de Cotonou ont atteint le second cycle. Le taux dalphabtisation est de 11%. La diversit ethnique est aussi importante o 38% des producteurs sont du groupe Adja, 43% du groupe Fon et des proportions plus infimes de Toffin, dIdatcha. 2.5. Caractristiques des exploitations 2.5.1. Modes daccs la terre Les modes daccs la terre sont indirects (emprunt, location). A Cotonou, 84% des parcelles occupes ont t acquises par emprunt. Les sites sur lesquels sexerce lactivit marachre appartiennent aux domaines de lEtat, plaant les producteurs dans une situation dinscurit foncire permanente. 16% des producteurs ont obtenu des parcelles par une sous-location aux premiers installs. 2.5.2. Superficies cultives Les superficies mises en valeur par les marachers de la commune de Cotonou sont trs rduites, carcterises par un marachage intensif. Elles sont en moyenne de 553 m 2. Ces rsultats sont relativement identiques ceux trouvs par Tokanou et Quenum (2007) sur les sites dexploitation

27 marachre de la commune de Cotonou. La proximit de la ville, lurbanisation croissante restreignent les superficies exploites. 2.5.3. Utilisation de la main duvre salarie La faiblesse des actifs agricoles dans la commune de Cotonou a des implications sur lutilisation de la main duvre salarie. En effet, 40% des producteurs y ont recours pour les differentes oprations de production. Cette proportion relativement faible serait due la faiblesse des superficies emblaves. 2.5.4. Le capital Le capital social est dtermin par lappartenance un groupement de marachers. On observe que 82% des enquts appartiennent un groupement. Les formes de capital financier mobilises par les marachers sont en nature et en espces. A Cotonou, le crdit est pratiquement inexistant. Les sites dtude ne prsentent pas de diffrence relative aux types doutillage utiliss pour lirrigation. Larrosoir est le principal outil dirrigation. Il est utilis par 94% des producteurs. Loutillage de base (houe, arrosoir, coupe-coupe et daba) est possd par la totalit des producteurs.

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CHAPITRE III: LES ACTEURS DE LA COMMERCIALISATION DES SEMENCES AU BENINLa structure organisationnelle de la commercialisation et de la distribution des semences amliores de cultures marachres montre les relations entre les acteurs. Quatre groupes dacteurs interviennent des degrs divers dans le sous-secteur des semences amliores de cultures marachres au Bnin : (i) les acteurs de la distribution que sont les tablissements dimportation et/ou de distribution et les distributeurs informels; (ii) les organismes tatiques de contrle : la direction de lagriculture (DAGRI), la direction de la promotion de la qualit et du conditionnement (DPQC), la direction gnrale des douanes et des droits indirects (DGDDI); (iii) les services nationaux de vulgarisation constitus essentiellement des Centres Rgionaux de Promotion Agricole (CeRPA) et (iv) les institutions prives dappui technique, agres par lEtat, qui comprennent le Bureau International Veritas (BIVAC) et les structures de transit. Les relations entre les acteurs du premier groupe sont des relations commerciales directes en vue de la distribution des semences des points dentre sur le territoire national (port de Cotonou, aroport de Cotonou, limite frontalire) jusquaux villages. Leurs relations avec les autres acteurs sont des relations administratives frquence variable lextrieur de ces chanes. Les rles des institutions de contrle sinscrivent dans le fonctionnement du systme dautorisation dimportation, du contrle phytosanitaire et de la qualit des semences importes, des droits de douane sacquitter lors de ces importations. Les CeRPA assurent la promotion des semences amliores auprs des producteurs. Les transitaires et le BIVAC sont des acteurs dappui technique qui jouent des rles plus ou moins stratgiques dans le fonctionnement des chanes. 3.1. Les fournisseurs de semences amliores de cultures marachres Cotonou 3.1.1. Les types de fournisseurs Trois principales catgories de fournisseurs de semences amliores de cultures marachres sobservent Cotonou : les distributeurs exclusifs, les entreprises non reprsentantes et les distributeurs informels. 3.1.1.1. Les entreprises reprsentantes Elles sont des filiales de multinationales semencires qui assurent pour le compte de lentreprisemre limportation et la distribution exclusives des marques de semences marachres. Elles comprennent : Tropicasem, reprsentant les labels Franais Technisem, Vilmorin et Tropica et le Japonais Takii ; et de Royal Service, distributeur exclusif du label Royal Sluis et des produits Petoseed, tous deux appartenant la multinationale amricaine Monsanto. Les deux entreprises ont respectivement t cres en 2000 et 2001. Leur apparition sur le march national est rcente compare aux socits bninoises. Le responsable de Royal Service

29 est le premier reprsentant des semences Technisem au Bnin de 1993 2000, date laquelle la reprsentation a t cre et pour laquelle un gestionnaire et du personnel ont t recruts. Outre, les activits de distribution de semences, Royal Service soccupe du commerce, de la reprsentation et du transit. Tropicasem se limite la reprsentation et la distribution des semences. 3.1.1.2. Les entreprises non reprsentantes Il sagit dentreprises importatrices et/ou revendeuses de semences. Elles nont pas comme les prcdentes lexclusivit de la distribution pour le compte des multinationales semencires. Elles peuvent tre grossistes, dtaillantes ou les deux. Il existe dans cette catgorie une diversit dacteurs. On note la prsence dentreprises commerciales et de coopratives. KanS International et la Socit Gnrale pour lIndustrie et le Commerce (SOGICOM) Cotonou sont les premires entreprises bninoises non reprsentantes de multinationales impliques dans le commerce des semences amliores de cultures marachres. Elles ont respectivement t cres en 1992 et 1993. La Cooprative des Marachers de Kouhounou (COMAKO) a t cre en 1995 Cotonou et ferme en 2005. Les plus rcentes sont : Fruits de la Terre Promise (FTP) en 2000, Semences Phyto Accueil Paysan (SPAP) en 2006 Cotonou. Lexamen des dates de cration des distributeurs exclusifs et des entreprises commerciales non reprsentantes montre deux priodes : la premire stend de 1988 2000 au cours de laquelle on note un intrt important des acteurs pour lapprovisionnement en semences. Trois entreprises, cres entre 1992 et 1995 se partagent lespace commercial des semences Cotonou savoir : Kans International, SOGICOM et COMAKO avec le reprsentant de Royal Sluis dont la situation sera rgularise par la cration officielle de son tablissement en 2001. Cette situation sexpliquerait par le dmantlement des structures publiques due la restructuration des services agricoles. Les prestations fournies par ces structures incluaient lapprovisionnement des producteurs en semences. Lanne 2000 est marque par deux vnements majeurs : les dissensions au sein de la COMAKO qui se traduisent par la cration dun tablissement par son grant, FTP, et linstallation de Tropicasem. La deuxime priode qui va de 2000 jusqu prsent et consacre Tropicasem comme le principal fournisseur de semences au Bnin (selon nos enqutes). Son arrive occasionne le dclin des autres entreprises qui sont obliges de diversifier leurs activits et pour certaines de relguer au second plan la vente des semences (Cas de SOGICOM qui est actuellement un important acteur dans lapprovisionnement en intrants pour le coton alors que ce ntait pas son activit de dpart). Kans International et FTP sont devenues des revendeuses de semences. Les grandes surfaces (Mayfair Cotonou) effectuant le commerce des semences sont galement revendeuses. Plusieurs travaux ont constat que l'entre des oprateurs privs dans le march des intrants en gnral et des semences en particulier aprs une privatisation n'est pas toujours effective, car les mesures d'accompagnement ncessaires pour faciliter les crdits ou l'obtention des devises pour

30 l'importation ont souvent tard tre mises en place (Gergeley, 1992 ; Shepherd, 1988), de sorte que l'implication du secteur priv est reste trs en de des espoirs (de Haen et al., 1992; Lele et al., 1989). Cette situation fait que le march est frquemment accessible seulement aux oprateurs privs les plus importants. Par ailleurs, la mesure de suppression des subventions des intrants agricoles qui est souvent concomitante de la privatisation de l'approvisionnement dans la mise en uvre de Programme dAjustement Structurel (PAS) contribue dcourager l'entre des oprateurs privs (Shepherd, 1988) car l'entre de ces derniers suppose une demande rgulire et soutenue en intrants (Gergeley, 1992) que tend au contraire rduire la suppression des subventions. 3.1.1.3. Les distributeurs informels Les distributeurs informels sont les acteurs de la commercialisation des semences ayant des contacts directs avec les producteurs marachers comparativement aux autres distributeurs (entreprises reprsentantes et non reprsentantes). Il sagit demploys (anciens et/ou actuels) de structures formelles de commercialisation de semences, de commerantes qui sapprovisionnent en semences dans les pays frontaliers. Ce type de distributeur se dplace de site en site pour pro