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Yoshio Kurahashi: Honkyoku, musique zen pour shakuhachi by Stan Kakudō Richardson; Yūsan Fukai; Katsumasa Ōta Review by: Jay Keister Cahiers d'ethnomusicologie, Vol. 22, mémoire, traces, histoire (2009), pp. 303-305 Published by: Ateliers d'ethnomusicologie Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20799700 . Accessed: 18/06/2014 16:52 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Ateliers d'ethnomusicologie is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers d'ethnomusicologie. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.61 on Wed, 18 Jun 2014 16:52:36 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

mémoire, traces, histoire || Yoshio Kurahashi: Honkyoku, musique zen pour shakuhachiby Stan Kakudō Richardson; Yūsan Fukai; Katsumasa Ōta

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Yoshio Kurahashi: Honkyoku, musique zen pour shakuhachi by Stan Kakudō Richardson; YūsanFukai; Katsumasa ŌtaReview by: Jay KeisterCahiers d'ethnomusicologie, Vol. 22, mémoire, traces, histoire (2009), pp. 303-305Published by: Ateliers d'ethnomusicologieStable URL: http://www.jstor.org/stable/20799700 .

Accessed: 18/06/2014 16:52

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CD I Multim?dia 303

instrument ou encore le titre d'un r?cit ou le nom de son h?ros principal. Cette

identification aurait peut-?tre permis de mettre en perspective ces deux plages avec les travaux des folkloristes et des ethnologues.

Entre le d?sir de r?aliser un document de r?f?rence et la volont? d'of frir ? Pauditeur/lecteur une large palette musicale, se lisent bien s?r quelques h?sitations. Reste que Voices for Humans, Ancestors and Gods, gr?ce ? l'exp? rience conjointe de l'auteur et des ?diteurs, s'impose non seulement comme un

beau disque, mais comme un document important dans le paysage des musiques

populaires et aborig?nes de l'Inde. On ne peut que souhaiter qu'il s'impose aussi comme socle et point de d?part de projets discographiques plus d?taill?s, cir conscrits ? une seule tradition - ou ? plusieurs, si celles-ci rel?vent v?ritablement

d'une probl?matique commune.

William Tallotte

Yoshio Kurahashi : Honkyoku, musique zen pour shakuhachi

Enregistrements: Stan Kakud? Richardson, Y?san Fukai et Katsumasa ?ta; texte de pr?sentation: Bruno Desch?nes. 1 CD avec contenu augment? d'un document pdf In?dit W 260134, 2008.

La popularit? internationale de la fl?te japonaise shakuhachi a suscit? ces der ni?res ann?es une prolif?ration consid?rable de publications commerciales. Les

disques abondent, enregistr?s par des interpr?tes qualifi?s, japonais ou non, que ce soit dans des r?pertoires traditionnels en solo, en musique de chambre avec

d'autres instruments japonais tels que la cithare ? treize cordes koto et le luth ? trois cordes shamisen, ou dans des compositions r?centes de musique de m?di

tation, d'improvisations de jazz ou de musique exp?rimentale. ? cet ?gard, ce

nouvel enregistrement du ma?tre japonais du shakuhachi Yoshio Kurahashi est une excellente introduction ? l'instrument, puisqu'il est centr? sur le honkyoku (lit t?ralement: ?pi?ces originales?), le r?pertoire en solo d'inspiration zen, dont l'im

portance fondamentale pour l'histoire du shakuhachi a contribu? ? rendre cette fl?te de bambou c?l?bre dans le monde entier.

Dans ces enregistrements, le jeu de Kurahashi atteste le raffinement ?l?

gant caract?ristique de la musique traditionnelle japonaise en g?n?ral, qualit? tout particuli?rement requise pour l'interpr?tation de ce r?pertoire exigeant. Son

approche sans ostentation est enracin?e dans l'enseignement de l'?cole Kinko, dont il a h?rit? par son p?re, lui-m?me ?l?ve du fameux ma?tre de shakuhachi Jin Nyod? (1891-1966), qui pr?nait un style dans lequel, comme l'?crit Bruno Desch?nes dans le livret, ?la simplicit? du son domine sur toute approche stylis tique?. Cette qualit? est mise en ?vidence dans son interpr?tation du classique

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304 Cahiers d'ethnomusicologie 22/2008

Tsuru no Sugomori (?La nidification de la grue?), une des pi?ces de honkyoku les plus souvent enregistr?es, et dont certains musiciens ont propos? des ver

sions charg?es d'ornementations extr?mement d?velopp?es. Contrairement ?

ces joueurs de shakuhachi, dont l'interpr?tation peut para?tre presque lourde et

agressive, Kurahashi renonce ? toute flamboyance au profit d'une sobri?t? typi

quement japonaise, qui ne confond pas l'art et la d?monstration. En laissant les

compositions classiques s'exprimer d'elles-m?mes, Kurahashi tend vers l'essence

du shakuhachi zen, qu'il d?crit explicitement comme ?tant le ?non-?tre? (mu), la

r?sorption dans la nature.

L'image de l'?tre humain vivant en symbiose avec la nature, fondement de

l'esth?tique japonaise -

qu'on retrouve aussi dans la po?sie des ha?kus de Bash? et le th??tre n? de Zeami - se combine dans l'approche zen de Kurahashi avec

l'importance qu'il attribue au lieu. Le morceau H?r?i- dont le nom est celui du lieu

mythique tao?ste de la vie ?ternelle - a par exemple ?t? enregistr? dans le jardin du temple de Kokutaiji, un des principaux sanctuaires de la secte zen de Rinzai,

qui date du XIIIe si?cle. Le style de Kurahashi laisse la nature enti?re p?n?trer dans l'univers sonore, comme en t?moignent les chants d'oiseaux qu'on y entend

en ?harmonie? avec la musique du ma?tre. Contrairement ? ce qui est le cas dans

la conception occidentale de la tonalit?, l'harmonie est dans la musique japonaise essentiellement environnementale, elle invite ? une coexistence pacifique entre

les humains et le monde naturel qui laisse simplement les sons ?tre eux-m?mes, sans aucune manipulation inutile.

Un autre exemple de cette notion modeste de l'harmonie appara?t dans la

pr?sente version de Takiochi(?Chute d'eau?), enregistr?e par Kurahashi ? proxi mit? de la cascade d'Asahi, dans la p?ninsule japonaise d'Izu. Sur le bourdon

constitu? par l'?coulement de l'eau, le timbre de la fl?te de Kurahashi perd peut ?tre un peu de la richesse des autres pi?ces; mais le placement judicieux du

micro, tr?s proche de sa bouche, permet de capter le souffle subtil et le bruit des l?vres du musicien. Dans cet enregistrement en plein air de Takiochi, la tension

entre le chuintement paisible de la cascade et les sons pleins de gr?ce ?lusive et de vibrato discret du shakuhachi, en particulier dans les moments o? les phrases musicales se meurent, offre un merveilleux exemple sonore de la fusion tao?ste

des oppos?s yin et yang. Qu'il soit enregistr? dans la nature (H?r?i e\ Takiochi), sur l'esplanade d'un

temple (Jimbo San'ya et Murasaki Reiho) ou dans une salle de concert (Tsuru no

Sugimori), Kurahashi fait ?tat d'une sensibilit? au son qui demeure ?gale ? elle m?me: les concerts et les quelques cours priv?s auxquels j'ai pu assister m'en

ont convaincu. Lors d'une classe au Camp annuel de shakuhachi des Rockies

? Loveland, Colorado, j'ai observ? Kurahashi en train d'aider un ?l?ve ? com

prendre cette sensibilit? en le faisant jouer aussi doucement que possible, de

fa?on presque inaudible. J'ai ?t? frapp? d'y reconna?tre un enseignement de la m?thode tao?ste de la ?non-action? (wu wel), intimement li?e au zen, de m?me

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qu'un d?fi pour des musiciens qui seraient tent?s de forcer artificiellement la

musique ? exister.

Le commentaire de Bruno Desch?nes contribue ? faire de ce CD une

remarquable introduction ? la musique de shakuhachi. Le livret en fournit un

r?sum?, mais le texte complet de son essai figure sur le disque m?me dans un document en pdf. On y trouve une histoire d?taill?e, quoique concise, de l'instru ment et de sa structure, ainsi qu'une description de chacune de ces pi?ces his

toriques, dont la lecture devrait en enrichir l'?coute. La notice de Mukaiji (? Sons d'une fl?te provenant d'une mer brumeuse?) d?crit par exemple l'histoire du

moine zen Kyochiku, qui aurait compos? cette pi?ce apr?s l'avoir entendue en r?ve. Il faut cependant relever que le th?me de ce morceau v?n?rable, consi

d?r? comme un des trois classiques du honkyoku, provient d'un document qui est un faux historique, forg? par les moines-joueurs de shakuhachi de la secte Fuke dans l'intention d'?tablir leur l?gitimit? (voir Sanford 1977). Mais, m?me s'il

s'agit d'une histoire invent?e de toutes pi?ces, cette l?gende nous rappelle qu'en mati?re d'art, le mythe et le myst?re sont en d?finitive plus importants que l'his toire factuelle; et ? cet ?gard, le monde du shakuhachi ne fait pas exception.

Jay Keister Traduit de l'anglais par Laurent Aubert

R?f?rence

SANFORD James S. 1977 ?Shakuhachi Zen : The Fukeshu and Komuso?. Monumenta Nipponica 32(4): 411-440.

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