8
L’Edito... L’Edito... L’Edito... L’Edito... Le 17 janvier dernier au Mali, un coup d’Etat atypique a porté au pouvoir des militaires reprochant au président sa faiblesse dans le traitement de la rébellion au Nord. Sans expé- rience politique, sans soutien international, la junte ne par- vient alors pas à stopper l’avan- cée de la rébellion. Alors que la CEDEAO vient de prolonger la transition politique, les com- bats se poursuivent dans le Nord du pays. Le scénario d’une intervention militaire se dessine de plus en plus mais elle ne pourra se faire sans un soutien extérieur et l’accord du Conseil de Sécurité de l’ONU. Deux scénarii sont rendus pos- sible eu égard au régionalisme Lettre n°4 La lettre du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN Dans ce numéro Le secteur privé investit dans le renouvelable au Kenya 2 Petit guide de négociation avec les pirates somaliens 2 La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? 3 Environnement politico- sécuritaire au Nord-Kivu 4 Etre ou ne pas être à Kins- hasa pour le XIVème Som- met de la Francophonie ? 5 « China Eximbank », le pragmatisme chinois au service de la conquête des marchés 6 Du printemps arabe aux élections législatives. Algérie 2012 7 PUBLICATION—REVUE Jeune Afrique : Réseaux sociaux : les champions africains de la twittosphère 8 L’AFRIQUE EN BLOG….. 8 Juillet— Septembre 2012 J A M O Pour recevoir gratuite- Pour recevoir gratuite- Pour recevoir gratuite- Pour recevoir gratuite- ment la lettre du Comité ment la lettre du Comité ment la lettre du Comité ment la lettre du Comité Afrique de l'ANAJ Afrique de l'ANAJ Afrique de l'ANAJ Afrique de l'ANAJ-IHEDN IHEDN IHEDN IHEDN n’oubliez pas de vous n’oubliez pas de vous n’oubliez pas de vous n’oubliez pas de vous inscrire à l’adresse sui- inscrire à l’adresse sui- inscrire à l’adresse sui- inscrire à l’adresse sui- vante : vante : vante : vante : afrique@anaj afrique@anaj afrique@anaj [email protected] ihedn.org ihedn.org ihedn.org Vous pouvez égale- Vous pouvez égale- Vous pouvez égale- Vous pouvez égale- ment nous faire part de ment nous faire part de ment nous faire part de ment nous faire part de vos commentaires ou vos commentaires ou vos commentaires ou vos commentaires ou réflexions. réflexions. réflexions. réflexions. La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? L'idée selon laquelle Djibou- ti serait un havre de paix dans une région en ébullition est-elle devenue caduque ? En effet, depuis l'envoi à Mogadiscio en début d'année du premier batail- lon Djiboutien de l'AMISOM 1 le risque terroriste serait devenu préoccupant en République de Djibouti. Ajoutant à cela, la mon- tée en puissance de la base américaine, le risque d'attentat semble n'avoir jamais été aussi élevé à Djibouti depuis l’attentat du café de Paris en 1990. Qu'en est-il réellement de l'Islam à Djibouti (où 99 % de la popula- tion est musulmane) ? Quels sont les facteurs internes et régionaux qui agissent sur le risque sécuritaire ? L'Islam traditionnellement prati- qué en république de Djibouti est celui des confréries soufies et sunnites. Tolérant et syncréti- que avec des traditions culturel- les propres à cet espace et aux peuples qui le compose, cet islam est en perte de vitesse face à des tendances venues de l'extérieur. La plus importante est l'influence Tabligh, qui vient du Pakistan à partir des années quatre vingt. Ce courant rigoriste né sous la houlette de Moham- med Ikbal a effectué un travail de réislamisation en profondeur de la société djiboutienne, par le bas avec des missionnaires sur le terrain : les Kourouj 2 . Sous le contrôle de ce mou- vement (qui est apolitique), les classes moyennes et populaires ont réappris la religion, d'une manière plus rigoureuse, les hommes et les femmes sont plus claire- ment séparés, les occiden- taux ne sont plus aussi bien tolérés qu'avant. Suite en page 3…. Suite en page 3…. Suite en page 3…. Suite en page 3…. à deux niveaux qui constitue la singularité du continent afri- cain : une intervention sous- régionale (CEDEAO) ou régio- nale (UA). Boni Yayi, président en exercice de l’Union africaine et président du Bénin a évoqué le modèle de la mission de l’U- nion africaine en Somalie (AMISOM). Une référence sur- prenante quand on connait les difficultés rencontrées par cette mission. De contre- exemple depuis cinq ans, l’AMI- SOM, après les victoires obte- nues ces derniers mois contre le Shebab, serait donc devenue un modèle à suivre… Se pose également la question du finan- cement d’une opération de l’UA au Mali alors même que l’opé- ration en Somalie vient d’être renforcée. L’Union africaine et ses partenaires peuvent–ils se permettre une nouvelle opéra- tion dans une période de crise économique et financière ? La prudence est de mise lorsque l’on évoque des interventions militaires face à Al Qaïda ou ses alliés dans la bande sahé- lienne face au risque de radica- lisation de certaines organisa- tions combattantes. Le piège serait donc de voir la CEDEAO ou l’Union africaine se transfor- mer en « pompier-pyromane »… Sonia Le Gouriellec Sonia Le Gouriellec Sonia Le Gouriellec Sonia Le Gouriellec Responsable du comité Afri- que 69ème séminaire jeunes - Paris B ASSOCIATION NATIONALE DES AUDITEURS JEUNES INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE DEFENSE NATIONALE www.anaj-ihedn.org

Menace islamiste a djibouti

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L’Edito...L’Edito...L’Edito...L’Edito... Le 17 janvier dernier au

Mali, un coup d’Etat atypique a

porté au pouvoir des militaires

reprochant au président sa

faiblesse dans le traitement de

la rébellion au Nord. Sans expé-

rience politique, sans soutien

international, la junte ne par-

vient alors pas à stopper l’avan-

cée de la rébellion. Alors que la

CEDEAO vient de prolonger la

transition politique, les com-

bats se poursuivent dans le

Nord du pays. Le scénario

d’une intervention militaire se

dessine de plus en plus mais

elle ne pourra se faire sans un

soutien extérieur et l’accord du

Conseil de Sécurité de l’ONU.

Deux scénarii sont rendus pos-

sible eu égard au régionalisme

Lettre n°4

La lettre du Comité Afrique de l’ANAJ-IHEDN

Dans ce numéro

Le secteur privé investit

dans le renouvelable au

Kenya

2

Petit guide de négociation

avec les pirates somaliens 2

La Menace Islamiste à

Djibouti, quelles réalités ? 3

Environnement politico-

sécuritaire au Nord-Kivu 4

Etre ou ne pas être à Kins-hasa pour le XIVème Som-met de la Francophonie ?

5

« China Eximbank », le

pragmatisme chinois au

service de la conquête des

marchés

6

Du printemps arabe aux

élections législatives.

Algérie 2012

7

PUBLICATION—REVUE

Jeune Afrique : Réseaux

sociaux : les champions

africains de la twittosphère

8

L’AFRIQUE EN BLOG….. 8

Juillet— Septembre 2012

J A M O

Pour recevoir gratuite-Pour recevoir gratuite-Pour recevoir gratuite-Pour recevoir gratuite-

ment la lettre du Comité ment la lettre du Comité ment la lettre du Comité ment la lettre du Comité

Afrique de l'ANAJAfrique de l'ANAJAfrique de l'ANAJAfrique de l'ANAJ----IHEDN IHEDN IHEDN IHEDN

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ment nous faire part de ment nous faire part de ment nous faire part de ment nous faire part de

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réflexions. réflexions. réflexions. réflexions.

La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ?

L'idée selon laquelle Djibou-

ti serait un havre de paix dans

une région en ébullition est-elle

devenue caduque ? En effet,

depuis l'envoi à Mogadiscio en

début d'année du premier batail-

lon Djiboutien de l'AMISOM1 le

risque terroriste serait devenu

préoccupant en République de

Djibouti. Ajoutant à cela, la mon-

tée en puissance de la base

américaine, le risque d'attentat

semble n'avoir jamais été aussi

élevé à Djibouti depuis l’attentat

du café de Paris en 1990.

Qu'en est-il réellement de l'Islam

à Djibouti (où 99 % de la popula-

tion est musulmane) ? Quels

sont les facteurs internes et

régionaux qui agissent sur le

risque sécuritaire ?

L'Islam traditionnellement prati-

qué en république de Djibouti

est celui des confréries soufies

et sunnites. Tolérant et syncréti-

que avec des traditions culturel-

les propres à cet espace et aux

peuples qui le compose, cet

islam est en perte de vitesse

face à des tendances venues de

l'extérieur. La plus importante

est l'influence Tabligh, qui vient

du Pakistan à partir des années

quatre vingt. Ce courant rigoriste

né sous la houlette de Moham-

med Ikbal a effectué un travail

de réislamisation en profondeur

de la société djiboutienne, par le

bas avec des missionnaires

sur le terrain : les Kourouj2.

Sous le contrôle de ce mou-

vement (qui est apolitique),

les classes moyennes et

populaires ont réappris la

religion, d'une manière plus

rigoureuse, les hommes et

les femmes sont plus claire-

ment séparés, les occiden-

taux ne sont plus aussi bien

tolérés qu'avant.

Suite en page 3….Suite en page 3….Suite en page 3….Suite en page 3….

à deux niveaux qui constitue la

singularité du continent afri-

cain : une intervention sous-

régionale (CEDEAO) ou régio-

nale (UA). Boni Yayi, président

en exercice de l’Union africaine

et président du Bénin a évoqué

le modèle de la mission de l’U-

nion africaine en Somalie

(AMISOM). Une référence sur-

prenante quand on connait les

difficultés rencontrées par

cette mission. De contre-

exemple depuis cinq ans, l’AMI-

SOM, après les victoires obte-

nues ces derniers mois contre

le Shebab, serait donc devenue

un modèle à suivre… Se pose

également la question du finan-

cement d’une opération de l’UA

au Mali alors même que l’opé-

ration en Somalie vient d’être

renforcée. L’Union africaine et

ses partenaires peuvent–ils se

permettre une nouvelle opéra-

tion dans une période de crise

économique et financière ? La

prudence est de mise lorsque

l’on évoque des interventions

militaires face à Al Qaïda ou

ses alliés dans la bande sahé-

lienne face au risque de radica-

lisation de certaines organisa-

tions combattantes. Le piège

serait donc de voir la CEDEAO

ou l’Union africaine se transfor-

mer en « pompier-pyromane »…

Sonia Le Gouriellec Sonia Le Gouriellec Sonia Le Gouriellec Sonia Le Gouriellec

Responsable du comité Afri-que 69ème séminaire jeunes -

Paris

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L'Afrique pourrait bien de-

venir un eldorado pour les

investissements énergétiques

de demain. Plusieurs Etats se

sont lancés dans des investis-

sements dans les énergies

renouvelables misant avant

tout sur l'optimisation de leurs

ressources naturelles. Un point

d'autant plus positif que les

projets ayant trait aux énergies

renouvelables rentrent dans le

cadre des priorités environne-

mentales de la banque mon-diale. Le Kenya semble avoir

adopté une vraie politique en ce

domaine. Après plusieurs projets

de géothermie financés depuis

Le secteur privé investit dans le renouvelable au KenyaLe secteur privé investit dans le renouvelable au KenyaLe secteur privé investit dans le renouvelable au KenyaLe secteur privé investit dans le renouvelable au Kenya

Petit guide de négociation avec les pirates somaliensPetit guide de négociation avec les pirates somaliensPetit guide de négociation avec les pirates somaliensPetit guide de négociation avec les pirates somaliens

crise. L’objectif serait d’appor-

ter une réponse coordonnée à

chaque demande de rançon,

afin d’en réduire le montant au

maximum. Cela permettrait

également de rassembler des

informations sur les groupes

de pirates pour mieux les com-

battre et pour mieux mener

d’éventuelles autres négocia-

tions. La surveillance des ré-

seaux sociaux, très largement

utilisés par les pirates, per-

mettrait de mieux connaître

les individus opérant dans la

zone. L’UE se doit d’être une

institution moderne, et non

laissée à la traîne à cause

d’une structure bureaucrati-

que trop lourde.

Une fois les otages libérés, il

faudrait collecter de façon

systématique tout renseigne-

ment utile quant à l’organisa-

tion de ces réseaux criminels.

Il faudrait également qu’EU-

ROPOL et INTERPOL tracent

les flux financiers criminels qui

découlent du paiement de

rançons.

Alix WillemezAlix WillemezAlix WillemezAlix Willemez Diplômée du Collège d’Europe (Bruges), Officier de la Marine

Nationale 69ème séminaire jeunes - Paris

Les pirates somaliens sa-

vent ce qu’ils font et qui ils atta-

quent. Prendre en otage un

Européen est un business très

lucratif ! Une des dernières

rançons s’élève à 13,5 millions

de dollars, somme que l’arma-

teur grec du supertanker Irene

pris d’assaut par les pirates en

février 2011, aurait payée afin

de voir libérer son navire qui

contenait pour 200 millions de

dollars de pétrole.

L’Union européenne (UE) est

investie dans la lutte anti-

piraterie avec sa mission EU-

NAVFOR, déployée dans le Golfe

d’Aden et l’Océan Indien depuis

décembre 2008. Elle participe

également au développement

d’un Etat de droit en Somalie

mais elle semble avoir oublié

que les négociations sont partie

inhérentes de son approche

globale.

Afin d’éviter une augmentation

du montant des rançons mais

également de la violence envers

les otages, il serait souhaitable

que les Européens s’organisent

mieux quant à la conduite à

tenir face aux prises d’otage en

mer, afin de ne pas faire eux-

mêmes monter les prix.

Il faudrait créer une cellule

européenne de négociation de

Page Page Page Page 2222 Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4

ChronologieChronologieChronologieChronologie

---- 8 décembre 2008 8 décembre 2008 8 décembre 2008 8 décembre 2008 : La mission Atalanta est lancée par l‘Union

européenne pour traquer les pirates somaliens avec six

bâtiments et trois avions de patrouille sous commandement

britannique.

---- 21 janvier 2009 : 21 janvier 2009 : 21 janvier 2009 : 21 janvier 2009 : Les députés espagnols approuvent à la

quasi-unanimité l'envoi de 395 militaires pour intégrer la force

européenne.

---- 15 avril 2009 15 avril 2009 15 avril 2009 15 avril 2009 : Selon le journal Ouest France, le président

Barack Obama envisagerait de mener des opérations de

bombardement sur les bases pirates et d'envoyer des

bâtiments de guerre suite à l'enlèvement du capitaine du

Maersk Alabama Richard Phillips.

- 8 mai 20098 mai 20098 mai 20098 mai 2009 : Les ambassadeurs des 27 États membres du

Comité politique et de sécurité (COPS) de l‘Union européenne

autorisent l'extension de l'opération vers les Seychelles.

---- 7 juillet 2009 : 7 juillet 2009 : 7 juillet 2009 : 7 juillet 2009 : Des équipes de fusiliers marins sont

déployées à bord de thoniers français opérant depuis les

Seychelles.

---- 30 juillet 2010 30 juillet 2010 30 juillet 2010 30 juillet 2010 : Une nouvelle décision permet l'extension de

l'opération plus à l'est et au sud.

---- 23 mars 2012 23 mars 2012 23 mars 2012 23 mars 2012 : Lors du Conseil Affaires étrangères du 23

mars 2012, les ministres ont décidé de prolonger de deux

années supplémentaires, jusqu’en décembre 2014,

l’Opération Atalanta contre la piraterie dans la Corne de

l’Afrique.

2010, il entend accueillir le plus

grand parc éolien d'Afrique.

Celui-ci financé par un consor-

tium d'entreprises européennes

et africaines à hauteur de 585

millions d'euros devrait fournir

près de 20% de la production

actuelle du Kenya et avoir une

rentabilité maximale dès 2014.

Mathieu DupressoirMathieu DupressoirMathieu DupressoirMathieu Dupressoir

65ème séminaire jeune— Troyes

Une usine de panneaux solaires au Kenya Une usine de panneaux solaires au Kenya Une usine de panneaux solaires au Kenya Une usine de panneaux solaires au Kenya

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Page Page Page Page 3333 Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4

C'est désormais l'Islam majoritaire dans le

pays. Les Frères Musulmans sont arrivés au

même moment. Peu nombreux, assez élitis-

tes, ils ont étudié en Égypte et sont au som-

met du clergé à Djibouti. Les dogmes vien-

nent d'eux. Derniers arrivés, les Wahhabites

et les Salafistes n'en sont pas moins actifs.

Venus d'Arabie saoudite et d'Égypte, ils se

sont implantés via les associations, les

banques islamiques et les écoles corani-

ques.

Toutes ces tendances cohabitent pour l'ins-

tant même si les tensions s'intensifient. Par

exemple, lorsque l'administration a interdit

le port du Nikab et de la Burqa dans les

administrations, les Salafistes ont émis des

tracts dénonçant cette décision. Le pouvoir

semble vouloir limiter la place de ces der-

niers dans la société djiboutienne. Les ten-

sions entre le pouvoir et les organisations

radicales sont fortes, tout autant que la

pression sociale à destination des Djibou-

tiens peu pratiquants. Les tensions entre

les habitants de Djibouti et les occidentaux

semblent également s'accentuer. Des

heurts demeurent le soir en ville malgré

toutes les consignes données aux militai-

res. Cet état de fait peut s'expliquer par

l'abandon du centre-ville par une partie des

Français et la déception concernant les

forces américaines, invisibles en ville et qui

ne consomment rien localement (ils impor-

tent tout). De plus, d'autres facteurs inter-

nes semblent aggraver cette situation et

faire de Djibouti une cible idéale pour des

attentats. Implantée en 2003, la combined

joint task force horn of Africa (CJTF-HOA)

compte aujourd'hui environ 4000 hommes,

soit le double des forces françaises sta-

tionnées à Djibouti (FFDj). Les objectifs de

cette dernière sont clairs et affichés. Il

s'agit de lutter contre le terrorisme dans la

corne de l'Afrique dans le sud de la Soma-

lie, actuellement encore entre les mains

des milices islamistes Al-Shabaab3, et au

Yémen qui est sous la forte influence du

réseau islamiste Al-Qaeda dans la pénin-

sule arabique (AQPA). Pour ce faire, les

forces américaines peuvent utiliser des

moyens coercitifs4. L’ouverture d’une base

américaine dans un pays qui se radicalise

semble compliqué, surtout s'il s’agit de

bombarder d'autres musulmans, qui plus

est des frères somalis5. L'acceptation de la

présence américaine commence en effet à

devenir problématique.

Un autre facteur interne entre en jeu. La

position du président djiboutien, Ismaël

Omar Guelleh ("IOG") soutient en effet le

gouvernement somalien6 en lutte contre Al-

Shabaab dans le sud du pays. Les liens

entre les deux hommes sont assez forts.

Ainsi, lorsque le président du Gouverne-

ment Fédéral de transition (GFT) sort du

territoire, il passe toujours rendre visite à

IOG. Ajouté au fait que Djibouti ait commen-

cé à déployer un bataillon au sein de l'AMI-

SOM, la menace de répressions sanglan-

tes8 est de plus en plus forte. D'autres fac-

teurs, régionaux, fragilisent encore davan-

tage la situation de Djibouti sur le plan de

la sûreté. Le Yémen, tout d'abord, qui est

dans une situation sécuritaire pour le

moins chaotique. Des éléments djihadistes

(AQPA) peuvent en effet profiter du point de

passage du détroit de Bal-el-Mandeb, entre

le Yémen et la corne de l'Afrique afin de

commettre des attaques sur le sol djibou-

tien. L'offensive éthiopienne dans le sud de

l'espace somalien a également eu des ef-

fets sur la sécurité dans l'ancien territoire

des Afars et des Issas. Certains Shabaab,

chassés par l'avancée des soldats d'Addis

Abeba, se rendent au nord; la route du sud

étant bloquée par le contingent Kenyan,

fraichement rattaché à l'AMISOM8. Une

partie rentrera dans leurs régions d'origines

et cessera la guerre alors que d'autres iront

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porter le combat au nord. Le Somaliland et

le Puntland pourront en être un peu plus

déstabilisés. Certains passeront à Djibouti

par la frontière terrestre bien qu’elle soit

plutôt bien contrôlée. Il n’est donc pas ex-

clu de voir apparaître des miliciens Sha-

baab à Djibouti9.

La corne de l'Afrique représente toujours un

facteur régional très déstabilisant, ce qui

n'est pas en soi une nouveauté. Djibouti a

toujours réussi à se préserver d'attentats

majeurs sur son sol. C'est au niveau interne

que se joue la partie. On note un change-

ment, le président djiboutien s'engage di-

rectement, sous la pression américaine,

dans le conflit somalien, chose qu'il avait

évité de faire jusqu’alors. La radicalisation

religieuse du pays est en marche, la pré-

sence française est tout juste tolérée, mais

la base américaine reste un symbole insup-

portable pour beaucoup. Ajoutons à cela le

blocage politique et nous obtenons une

situation sécuritaire complexe et volatile

pouvant entrainer une crispation autori-

taire. Valentin Streck Valentin Streck Valentin Streck Valentin Streck

Étudiant à l'Institut Français de Géopolitique.

1. Mission de l'Union africaine en Somalie depuis 2007. 2."Ceux qui sortent". 3. Les « jeunes » en arabe. 4. F-15 et des drones prédator pour aller bombarder leurs cibles dans les deux zones. 5. Les Djiboutiens d'ethnie somali représentent environ la moitié de la population autochtone. 6. Gouvernement fédéral de transition, GFT, ne gouver-nant que la ville de Mogadiscio et soutenu à bout de bras la communauté internationale.

La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? (Suite…)La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? (Suite…)La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? (Suite…)La Menace Islamiste à Djibouti, quelles réalités ? (Suite…)

Militiens Shabaab défilants , Militiens Shabaab défilants , Militiens Shabaab défilants , Militiens Shabaab défilants , sources Africanargument.org sources Africanargument.org sources Africanargument.org sources Africanargument.org

Depuis le 23 mars, l’environnement

politico-sécuritaire de l’Afrique des Grands

Lacs est une nouvelle fois en proie à des

troubles en raison de l’émergence d’une

nouvelle rébellion d’ampleur, « le Mouve-

ment du 23 mars » ou « M23 ». D’origine

rwandaise, cette rébellion, parfaitement

organisée, sévit sur le territoire du Masisi

situé dans la Province du Nord-Kivu.

A cette date, près de 2000 membres des

Forces Armées de la République Démocra-

tique du Congo (FARDC) ont officiellement

fait défection en réaction aux rumeurs

d’arrestation pour crimes de guerre de

l’ex-chef rebelle Bosco Ntaganda. Aujourd-

’hui lourdement armés, ces 2000 anciens

rebelles du Congrès National pour la Dé-

fense du Peuple (CNDP), membres des

FARDC depuis 2009, ont aujourd’hui re-

pris les positions qui étaient les leurs dans

le territoire du Rutshuru. Fin mars, la ré-

bellion, était expliquée et comprise, par

les autorités, comme la conséquence des

fréquents désaccords entre les autorités

et les anciens membres de mouvements

de rébellion intégrés aux forces armées.

Cependant, après l'enlisement des forces

armées dans les collines situées autour de

la ville frontalière de Runyioni, l'envoi de

régiments en renforts, et l’utilisation d’ar-

mements toujours plus imposant par les

rebelles, de nouvelles interrogations ont

émergé concernant les réelles motiva-

tions, les soutiens et les objectifs que

poursuivaient réellement la rébellion.

C'est dans ce contexte qu'une note interne

de la Mission de Stabilisation des Nations

unies en République Démocratique du

Congo (MONUSCO) faisait part fin mai de

sa préoccupations quant à la présence de

Rwandais dans les rangs de la rébellion.

Cette révélation, bien qu'officieuse, a en-

gendré de multiples répercutions en RDC,

au Rwanda mais aussi au sein de la com-

munauté internationale.

En effet, le gouvernement de Kinshasa a

dans un premier temps nié ces informa-

tions avant de créer une commission d’en-

quête parlementaire qui a suscité de nom-

Environnement politicoEnvironnement politicoEnvironnement politicoEnvironnement politico----sécuritaire au Nordsécuritaire au Nordsécuritaire au Nordsécuritaire au Nord----KivuKivuKivuKivu

breuses contestations au sein de la classe

politique nationale. La publication de rap-

ports attestant de la présence de Rwandais

au sein de la rébellion congolaise a alors

engendré un début de crise politique à Kins-

hasa entre le gouvernement et l'opposition.

Un député du principal parti d’opposition

avait alors dénoncé le silence des autorités

qui s'apparentait à une complicité avec les

autorités rwandaises et à un complot contre

la population congolaise, même si Kinshasa

a depuis officiellement dénoncé cette

« passivité » du régime de Kagame.

Au niveau international, l’ONG Human Righ-

ts Watch (HRW) a confirmé les révélations

onusiennes et étayé ces accusations en

fournissant des témoignages d'une partici-

pation matérielle et stratégique rwandaise à

la rébellion dans le Nord-Kivu. Selon l’a-

gence de presse britannique Reuters, de-

vant le comité des sanctions du Conseil de

sécurité de l’ONU, le groupe d’experts de

l’ONU sur la RDC a affirmé disposer de

preuves du soutien de trois des plus hauts

responsables rwandais de la Défense à la

mutinerie congolaise du M23.

La communauté internationale a les yeux

rivés sur Kigali alors que du côté du gouver-

nement rwandais les contestations ne ces-

sent de pleuvoir, qualifiant ainsi les accusa-

tions dont il fait l’objet « d’irresponsables »

et de « pas moins dangereuses que les bal-

les ou les machettes ». Il apparaîtrait que le

territoire rwandais servirait à la préparation

et à la perpétration de l’offensive des mili-

ciens rebelles du M23. Cette opération, en

gestation depuis février dernier, a tout d’a-

bord éclaté comme une simple mutinerie de

militaires fidèles à Bosco Ntaganda pour

évoluer progressivement en une rébellion

de nature à engendrer un schéma de rup-

ture de la paix entre le Rwanda et la RDC.

Même si Kigali a rigoureusement rejeté ces

accusations, la proximité avérée entre le ré-

gime rwandais et les rebelles congolais du

CNDP permet d’étayer les accusations de

connivences entre les deux parties. L’objec-

tif serait ainsi de créer une nouvelle zone

d’instabilité le long de la frontière, à proxi-

mité des localités d’ores et déjà contrôlées

en toute légalité par les FARDC sur le terri-

toire congolais avec pour conséquence de

déclencher de nouvelles vagues de dépla-

cés en direction des terres occidentales

Page Page Page Page 4444 Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4

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congolaises, préalable indispensable à

l’installation durable des réfugiés rwan-

dais, d’expression kinyarwabda. Ceci inter-

vient à quelques semaines de l’expiration

de la clause de cessation des réfugiés

rwandais, fixant au 30 juin la date limite

de retour légal des réfugiés sur un terri-

toire rwandais incapable de les accueillir.

En effet, le gouvernement rwandais, en

coordination avec le Haut Commissariat

aux Réfugiés (HCR), a annoncé en d’octo-

bre 2011 sa décision d’appliquer la clause

de cessation des réfugiés au 30 juin 2012

alors que près de 100 000 réfugiés rwan-

dais sont officiellement recensés. Le Prési-

dent Paul Kagame a annoncé l’application

Environnement politicoEnvironnement politicoEnvironnement politicoEnvironnement politico----sécuritaire au Nordsécuritaire au Nordsécuritaire au Nordsécuritaire au Nord----Kivu (Suite…)Kivu (Suite…)Kivu (Suite…)Kivu (Suite…)

Page Page Page Page 5555 Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4

de ladite clause à tous

les ressortissants natio-

naux qui n’auront pas re-

gagné le pays d’ici le 30

juin. Cette « mesure in-

compréhensible et dan-

gereuse » selon les ONG

locales et la société civile

congolaise, était alors ju-

gée en capacité d’engen-

drer de nouvelles vagues

de violence dans la sous-

région à l’image des évé-

nements actuellement

observés. En effet, les

ONG internationales pré-

sentes dans la région des Grands Lacs ont

largement critiqué cette mesure en raison

des assassinats et des disparitions d’oppo-

sants au régime toujours fréquemment rap-

portés. En outre le retour, même organisé,

de près de 100 000 réfugiés sur le terri-

toire national ne pourra que leur imposer

une nouvelle précarisation puisqu’ils sont

dans un premier temps redirigés vers de

nouveaux camps de réfugiés. A l’inverse,

ceux ne souhaitant pas retourner dans leur

pays devront se heurter à une difficile inté-

gration foncière dans des pays d’accueil en-

core instables au niveau politique et social.

A ce titre le Kivu, principale terre d’accueil

des réfugiés rwandais, devra faire face à

une véritable problématique de réorganisa-

tion démographique en raison de leur insé-

curité endémique, qui engendre un accrois-

« Kinshasa 2012 » permet

de rappeler deux choses : l’A-

frique est le continent de l’ave-

nir pour la Francophonie ; la

République Démocratique du

Congo est le second pays fran-

cophone.

La France pense au boycott de

cet évènement. Difficile et

dangereuse position. Difficile

car, dans l’Histoire, les

boycotts successifs n’ont ja-

mais fait changé de ligne di-

ASSOCIATION NATIONALE DES AUDITEURS JEUNES INSTITUT DES HAUTES ÉTUDES DE DEFENSE NATIONALE

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rectrice un quelconque gouver-

nement. Dangereuse puisque le

Comité Permanent de la Franco-

phonie vient de confirmer le lieu

et la date de cet évènement :

dès lors, ce serait un aveu d’im-

puissance pour la France que de

boycotter un sommet dont elle

n’a pas réussi à modifier le lieu.

Au-delà du boycott et d’un

« manichéisme insane », une

position audacieuse de la

France pourrait consister, par

exemple, à questionner le coût

(22 millions d’euros, entière-

ment financés par la RDC), la

Etre ou ne pas être à Kinshasa pour le XIVème Sommet de la Francopho-Etre ou ne pas être à Kinshasa pour le XIVème Sommet de la Francopho-Etre ou ne pas être à Kinshasa pour le XIVème Sommet de la Francopho-Etre ou ne pas être à Kinshasa pour le XIVème Sommet de la Francopho-nienienienie ? ? ? ?

date (octobre 2012, soit trois

mois après le Forum Mondial

de la Langue Française) et

l’utilité d’un tel Sommet. Don-

ner du sens à cet évènement

en quelque sorte.

Damien SoupartDamien SoupartDamien SoupartDamien Soupart

72ème Session IHEDN-Jeunes,

Nancy, 2011

sement des déplacements et réfugiés lo-

caux.

Dans ce contexte, les prochaines semaines

pourraient être marquées par une sévère

dégradation de la situation humanitaire et

sécuritaire de la région, à l’image des vio-

lences qui avaient éclaté en 1996 en RDC

suite à une première cessation des réfugiés

par les autorités rwandaises du Front Pa-

triotique du Rwanda (FPR).

Guillaume SaintGuillaume SaintGuillaume SaintGuillaume Saint----Etienne Etienne Etienne Etienne

Analyste Afrique subsaharienne, GEOS

A savoirA savoirA savoirA savoir

Le Congrès national pour la

défense du peuple (CNDP) est

l'administration rebelle établie par

Laurent Nkunda dans la région du

Kivu en République démocratique

du Congo. Le général Laurent

Nkunda avait rompu avec le

gouvernement congolais qu’il

accusait de discrimination envers

la minorité tutsie. A la tête des

soldats banyamulenge (des Tutsis

ethniques), il a mené une guerre

contre les forces armées

congolaises. Laurent Nkunda a été

arrêté en janvier 2009 suite à une

scission au sein du CNDP.

Le Président Rwandais Paul Kagame (g) et son homologue congolais Le Président Rwandais Paul Kagame (g) et son homologue congolais Le Président Rwandais Paul Kagame (g) et son homologue congolais Le Président Rwandais Paul Kagame (g) et son homologue congolais Joseph KabilaJoseph KabilaJoseph KabilaJoseph Kabila

Page Page Page Page 6666 Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4

La China Eximbank a pour principal

objectif d'aider les entreprises chinoises à

conquérir les parts de marché en Afrique.

Bras armé financier de la Chine, Eximbank

est détenue par l'Etat chinois et relève de

l'autorité directe du conseil des affaires.

Elle est le principal canal de financement

des exportations de produits de hautes

technologies, des installations clés en

mains et de tous types d'investissements à

l'étranger. Globalement, d'après l 'US Go-

vernment Accountability Office, entre 2000

et 2010, le montant des investissements

de la China Eximbank sur le continent est

passé de 4 à 36 milliards de dollars. Entre

2007 et 2010, la China Eximbank avait pré-

vu d'investir plus de 20 milliards d'USD en

Afrique. La Banque utilise principalement

deux instruments pour s'imposer sur le

continent. Deux outils souples qui lui per-

mettent d'apporter une offre moins contrai-

gnante que celle des occidentaux. Elle oc-

troie des prêts à taux préférentiels sous

conditions et a développé la technique du

« package deal ».

La stratégie globale de l'Eximbank s'illustre

tout d'abord aux travers des prêts accordés

aux Etats Africains. En 2007, l'Eximbank a

accordé 80% de ses prêts à cinq pays : l'An-

gola, le Mozambique, le Nigéria, le Soudan

et le Zimbabwe. Mais depuis 2007, la Chi-

na Eximbank ne cesse d'investir dans un

nombre toujours plus important d'Etats afri-

cains comme l'illustre la carte.

Les prêts accordés par l'Eximbank ciblent

les projets d'importance majeure dans le

domaine des hydrocarbures, des métaux

précieux, des télécommunications, de

l'électricité et des infrastructures (barrages,

port en eaux profondes, aéroports etc..).

Ces prêts à taux préférentiels sont l'instru-

ment qui permet à l'Eximbank de faciliter

l'implantation des entreprises chinoises.

L'exemple de l'Angola est représentatif de

cette politique. En 2005, la China Eximbank

accorde un prêt de 2 milliards de dollars à

l'Angola pour financer des infrastructures

routières, ferroviaires et aéroportuaires. En

contrepartie, l'Angola s'engage à attribuer

aux entreprises chinoises près de 70% des

contrats pétroliers. Chaque prêt est en ef-

fet octroyé sous plusieurs conditions.

Le projet doit en premier lieu être rentable

et viable économiquement. Toutefois, la

condition qui prime réside dans les statuts

de l'Eximbank. Il est ainsi précisé que cha-

que financement accordé l’est sous ré-

serve que les constructions inhérentes au

projet doivent être assurées par des entre-

prises chinoises. Au moins 50% des achats

de biens d'équipements liés au projet doi-

vent provenir de Chine et doivent être four-

nis par des entreprises chinoises en priori-

té. La Chine subventionne ainsi ses entre-

prises et la chaîne de sous-traitance autour

du projet. L'entreprise chinoise, à la genèse

du projet est également en bonne place

pour ensuite exploiter les infrastructures. A

la différence des prêts sans intérêts accor-

dés par le ministère du commerce chinois,

les prêts de l'Eximbank doivent impérative-

ment être renforcés. Le gouvernement fi-

nance la différence entre le taux préféren-

tiel consenti et le taux de base de la ban-

que centrale chinoise. Ainsi, l'investisse-

ment peut apparaître au premier abord peu

rentable pour la Chine qui subventionne di-

rectement ses entreprises par le biais du

financement projet et la différence du taux

préférentiel.

Les « packages deal » de l'Eximbank sont le

deuxième moyen pour celle-ci de progres-

ser en Afrique. Ils sont caractérisés par une

certaine opacité et une grande souplesse,

le « package deal » englobant coopération

économique, dons ou aides diverses.

L'Eximbank l'utilise surtout dans les pays à

fort potentiel en ressources naturelles.

Dans le cas d'un package deal, les fonds ne

sont pas directement versés au gouverne-

ment africain. C'est l'Eximbank qui va man-

«««« China EximbankChina EximbankChina EximbankChina Eximbank », le pragmatisme chinois au service de la conquête des », le pragmatisme chinois au service de la conquête des », le pragmatisme chinois au service de la conquête des », le pragmatisme chinois au service de la conquête des marchésmarchésmarchésmarchés

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Pays Montant investissement Date

RDC 14 milliards de dollars 2007/2008

Guinée Bissau 10 millions de dollars 2009

Cameroun 80 millions de dollars 2009

Togo 31,43 millions de dollars 2009

Kenya 97 millions de dollars 2010

Kenya Aide globale 380 millions de dollars 2010

Sénégal 72 millions de dollars 2010

Zimbabwe 250 millions de dollars 2010

Ghana 10,4 milliards de dollars 2010

Mali 45 millions de dollars 2011

Cameroun 540 millions de dollars 2011

Nigeria 30 millions de dollars 2011

Source : Mathieu DupressoirSource : Mathieu DupressoirSource : Mathieu DupressoirSource : Mathieu Dupressoir

Page Page Page Page 7777 Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4Lettre n°4

dater une entreprise chinoise pour la cons-

truction de l'infrastructure et financer le

coût de la construction. En contrepartie,

l'Eximbank demande au gouvernement afri-

cain concerné d'octroyer aux entreprises

chinoises des droits d'exploitation sur les

ressources naturelles, soit par le biais d'ac-

quisition de parts dans des entreprises na-

tionales, soit pas le biais de licences d'ex-

ploitation. C'est notamment le cas en RDC

ou le prêt accordé en 2007 incluait une

« joint venture » détenue à hauteur de 68%

par les entreprises chinoises pour l'exploita-

tion des mines avec une participation de

32% de la Gécamines. Le « package deal »

est souvent couplé avec des dons qui per-

mettent la construction d'écoles ou d'hôpi-

taux, là encore construits par des entrepri-

ses et de la main-d'œuvre chinoise.

Ce type de package a plusieurs avantages

pour la Chine. Il permet à celle ci de s'af-

franchir en partie du risque pays. En effet,

cette méthode minimise le risque de faillite

d'un pays ou le risque qu'il soit dans l'im-

possibilité d'honorer ses dettes. Le pays

dans le cas du « package deal » ne rem-

bourse pas en monnaie, mais en matières

premières dont le cours sur les marchés est

le plus souvent avantageux. Par ailleurs, la

Chine à elle seule a la capacité d'augmen-

ter les prix des matières premières au vu de

son importance sur les marchés. Autre

avantage, la plupart des « packages deal »

contiennent des clauses qui permettent à

la Chine de se protéger d'une chute des prix

brutales. L'exemple le plus représentatif est

le « package dea » de dix milliards conclu

en 2007 entre la RDC et l'Eximbank. Une

clause prévoyait en effet que si le cours des

matières premières baissait, la RDC devrait

payer la différence à la Chine, ce qui enlè-

verait finalement en partie les avantages

de l'accord. Par ailleurs, l'accord exonère

totalement les entreprises chinoises de tou-

tes taxes. Ces packages sont en général

avantageux pour les pays africains, car ils

remboursent la construction des infrastruc-

tures en ressources, non en monnaie, ce

qui leur permet en théorie d'éviter d'accroî-

tre leur dette publique. Bien qu'attractif en

apparence, ces packages sont avant tout

extrêmement avantageux pour la Chine.

L'opacité des contrats et les différentes

clauses font que pour le contrat du siècle

en RDC par exemple, la Chine faisait un

prêt de 10 milliards en contrepartie d'une

certaine quantité de minerais qui est finale-

ment estimée à plus de 35 milliards de dol-

lars par rapport aux cours actuel du mar-

ché.

De 2008 à 2011, l'Eximbank est apparue

sur tous les fronts et dans tous les domai-

nes d'importance stratégiques pour la

Chine. Elle investit dans le BTP, le pétrole,

la géothermie, l'électricité, les télécoms ou

encore la fibre optique dans des pays aussi

diverses que la RDC, le Kenya, le Ghana, le

Sénégal, le Cameroun ou encore le Congo.

En 2011, la China Eximbank est devenue le

premier créancier du Cameroun avec 536

milliards de FCFA. En mai 2012, le Ghana

et la China Eximbank engageaient des né-

gociations pour un prêt de 6 milliards de

dollars, preuve supplémentaire de l'in-

fluence grandissante de l'Eximbank chi-

noise en Afrique.

Mathieu Dupressoir Mathieu Dupressoir Mathieu Dupressoir Mathieu Dupressoir 65ème séminaire jeune—

Troyes

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Premières élections depuis le début du « printemps arabe », les élections législatives ont eu lieu en Algérie le 10 mai dernier. Les enjeux du scrutin étaient impor-tants pour le pays. En effet, la victoire des partis islamistes ré-

unis au sein de l’alliance de l’Algérie Verte (MSP, El Islah et Ennahda) pouvait replonger le pays dans le scenario qu’il tra-versa en 1992. De la même manière, parcouru par un mou-vement de contestation interne

rarement connu, le score du FLN était largement scruté. Autre test, le score du parti du premier ministre, Ahmed Ouyahia et la validation des réformes enga-gées à la suite de sa primature et des émeutes de 2011.

Contrairement aux sondages qui annonçaient une poussée des partis islamistes, ceux-ci ont été contenus. Ils ne recueil-lent que 47 députés, soit moins que les 52 élus uniques du MSP dans la précédente as-semblée. Ils apparaissent comme les perdants de cette élection. Au contraire, bénéfi-ciant d’une participation de plus de 42%, le FLN obtient 221 sièges, nettement plus que les prévisions. Avec son

allié naturel, RND et 70 dépu-tés élus, les deux partis ob-tiennent la majorité pour diri-ger le pays jusqu’aux prési-dentielles de 2014, véritable enjeu des luttes de pouvoir et répondre aux défis imposés par la baisse des revenus des hydrocarbures et des mouve-ments de contestation sociale qui ne cessent de se multi-plier.

C.F.C.F.C.F.C.F.

Du printemps arabe aux élections législatives. Algérie 2012Du printemps arabe aux élections législatives. Algérie 2012Du printemps arabe aux élections législatives. Algérie 2012Du printemps arabe aux élections législatives. Algérie 2012

«««« China EximbankChina EximbankChina EximbankChina Eximbank », le pragmatisme chinois au service de la conquête des », le pragmatisme chinois au service de la conquête des », le pragmatisme chinois au service de la conquête des », le pragmatisme chinois au service de la conquête des marchés (Suite….)marchés (Suite….)marchés (Suite….)marchés (Suite….)

Répartition des sièges par partis

Assemblée populaire nationale - 7ème Legislature

FLN

RND

Islamistes

FFS

PT

Divers

1 place Joffre

Case 41

75700 Paris SP 07

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Juillet— Septembre 2012 Le Comité Afrique de l'ANAJ invite les lecteurs de la Lettre Afrique à lui faire parvenir les com-mentaires suscités par

la lecture de ces articles ou leurs opinions sur

une question de sécurité et de défense à

l'adresse suivante:

[email protected]

Directrice de publicationDirectrice de publicationDirectrice de publicationDirectrice de publication

Alexia Goloubtzoff

Rédactrice en chefRédactrice en chefRédactrice en chefRédactrice en chef

Sonia Le Gouriellec

Comité de rédactionComité de rédactionComité de rédactionComité de rédaction

Marylène Folliet

ANAJ IHEDN

La revue Jeune Afrique

a publié, il y a quelques semai-

nes une étude sur la place de

twitter et l’utilisation du ré-

seau social par les dirigeants

africains. Ils sont en effet

nombreux à utiliser ce moyen

d’expression sur le continent.

Jacob Zuma, président de

l’Afrique du Sud arrive en tête

du palmarès publié par la

revue. Ce classement a connu

des bouleversements cette

dernière année. Mohamed

Morsi a ravi la seconde place

à Paul Kagamé, alors que

Moncef Marzouki, le nouveau

président tunisien s’empare

de la quatrième place du clas-

sement.

L’auteur marque néanmoins

que les évolutions les plus

spectaculaires ont eu lieu

dans les pays du golfe de Gui-

née et de l’Afrique des grands

lacs.

PUBLICATION PUBLICATION PUBLICATION PUBLICATION ---- REVUE REVUE REVUE REVUE

L’AFRIQUE EN BLOG…..L’AFRIQUE EN BLOG…..L’AFRIQUE EN BLOG…..L’AFRIQUE EN BLOG…..

A noter également la publication

par l’Alliance Géostratégique,

une semaine après la publication

par Foreign Policy (FP) du « Top

100 Twitterati », de son top 70

des comptes francophones sur

les questions stratégiques. On

notera la présence de twitterati

africain comme @Altesse77,

pour la Cote d’Ivoire, @Babah-

med1, journaliste malien, @Justi-

ceJFK, jeune cadre africain, qui

surveille la démocratie à la

loupe, ou encore @martinvogl

journaliste freelance à Bamako,

ou @wirriyamu2011 qui suit

l’actualité togolaise et plus globa-

lement ouest africaine.

M.F.M.F.M.F.M.F.

69ème séminaire Jeunes– Paris

Réseaux sociaux : les champions africains de la twittosphère politique, Réseaux sociaux : les champions africains de la twittosphère politique, Réseaux sociaux : les champions africains de la twittosphère politique, Réseaux sociaux : les champions africains de la twittosphère politique, www.jeuneafrique.comwww.jeuneafrique.comwww.jeuneafrique.comwww.jeuneafrique.com

- Afrique défense par un historien Jean François Auran : http://afrique-defense.blogspot.fr/

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- Géopolitique de la Corne de l'Afrique par Said Ismael : http://cornedelafrique.blogspot.fr/

- Sur le Maghreb, The Moor Next Door : http://themoornextdoor.wordpress.com/

- The Sudanese Thinker par Amir Ahmad Nasr : http://www.sudanesethinker.com/

- Sur l’Afrique et l’Océan Indien, The Azanian Sea : http://www.azaniansea.com/

- Les Echos du Bénin par Marcus Boni, Euloge Aïdasso et Olga Kokodé : http://blog.slateafrique.com/echos-du-benin/

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Sonia Gatoui

Bénédicte Bretonière

Damien Soupart

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