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Gastroentérologie Clinique et Biologique (2008) 32, 788—791 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com LETTRES À LA RÉDACTION Métastase vésiculaire d’un cancer du rein Renal cell carcinoma with gallbladder meta- stasis Les localisations métastatiques du cancer du rein sont principalement pulmonaires, hépatiques, osseuses et cérébrales. D’autres localisations comme l’oreille, la peau, la prostate, le diaphragme ont été rapportées. Les extensions métastatiques au niveau de la vésicule biliaire sont exceptionnelles [1]. Nous rapportons le cas d’un patient présentant un carcinome rénal à cellules claires associé à une métastase de la vésicule biliaire. Observation Un homme âgé de 56 ans, diabétique insulinodépendant depuis 12 ans, était hospitalisé en octobre 2006 pour une douleur de l’hypochondre et du flanc droit évoluant depuis deux mois, sans ictère ni hématurie ni trouble de transit. La tomodensitométrie abdominale montrait une tumeur à composante nécrotique développée aux dépens du pôle supérieur du rein droit, associée à une tumeur de la vésicule biliaire (Fig. 1). Une néphrectomie droite, une cholécystectomie et une lymphadénectomie régionale vésiculaire et rénale étaient réalisées. La pièce de néphrectomie droite pesait 600 g et mesurait 13 × 9 × 6 cm. À l’ouverture de la pièce, il existait une tumeur jaunâtre mesurant 6 × 4 × 4 cm remaniée par de la nécrose hémorragique. À l’examen histologique, le parenchyme rénal était envahi par une prolifération tumorale composée de cellules claires. La capsule, la graisse périrénale, le hile et la tranche de section urétérale étaient indemnes d’envahissement tumoral. La pièce de cholécystectomie mesurait 9 cm de long, avec la présence d’une tumeur endoluminale de consistance élastique. L’analyse histologique montrait une prolifération tumorale maligne polypoïde ulcérée et nécrosée composée de cellules très atypiques, polymorphes, alternant avec des zones à cellules claires. Par endroits, les cellules de la tumeur de la vésicule biliaire étaient identiques à celles de la tumeur rénale, permettant de conclure à un carcinome à cellules claires du rein grade 2 de Furhman avec métastase vésiculaire. L’immunohistochimie de la tumeur primitive et de la métastase de la vésicule biliaire montrait une négativité pour les anticorps antivimentine et antimyogé- nine, alors qu’il existait un marquage membranaire avec l’anticorps anti-EMA. L’immunomarquage avec les anticorps anti-CD10 et anti-cytokératine-7 n’étaient pas réalisés. Les suites postopératoires étaient simples avec un suivi à huit mois sans récidive tumorale. Les métastases au niveau de la vésicule biliaire sont rares, et sont le plus souvent secondaires à un mélanome [1,2] ou à des tumeurs du pancréas, de l’estomac, du côlon ou du sein [2]. Les métastases du cancer du rein peuvent atteindre les poumons, les ganglions, l’os, le foie, le cerveau, les surrénales, la thyroïde, la peau, la prostate et l’iris. Des atteintes du diaphragme et de l’ampoule de Vater ont été également rapportées [3]. La prévalence des métastases de la vésicule biliaire d’origine rénale est de 0,57 % [3,4]. Seulement 20 cas de métastases vésiculaires de cancer du rein ont été rapportés [3]. Elles étaient synchrones chez dix patients et métachrones chez dix patients. Le cancer de la vésicule biliaire, principalement l’adénocarcinome, est mis en évidence dans 2 % des cho- lécystectomies et représente 20 % des masses polypoïdes de la vésicule biliaire [4]. La symptomatologie clinique est variable et le diagnostic est difficile. Dans un tiers des cas, la tumeur est découverte d’une fac ¸on fortuite soit en peropératoire, soit pendant l’examen anatomopatho- logique d’une cholécystectomie pour une lésion bénigne. Les lésions polypoïdes intraluminales de la vésicule biliaire d’un diamètre supérieur à 10 mm ont un potentiel malin et nécessitent un traitement chirurgical. Le diagnostic de métastases d’un cancer du rein peut parfois précéder celui de la tumeur primitive. Les méta- stases vésiculaires provenant des organes extrapéritonéaux se font par voie hématogène alors que les métastases des organes intrapéritonéaux se font soit à travers la surface séreuse de la vésicule biliaire par une atteinte péritonéale, soit par une diffusion directe au niveau de la vésicule biliaire [1]. Les indications du traitement chirurgical dépendent du degré de diffusion de la tumeur, de l’âge et de l’état général du patient. À un stade précoce, la chirurgie élargie 0399-8320/$ – see front matter © 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Métastase vésiculaire d’un cancer du rein

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Les localisations métastatiques du cancer du reinont principalement pulmonaires, hépatiques, osseusest cérébrales. D’autres localisations comme l’oreille, laeau, la prostate, le diaphragme ont été rapportées. Lesxtensions métastatiques au niveau de la vésicule biliaireont exceptionnelles [1]. Nous rapportons le cas d’unatient présentant un carcinome rénal à cellules clairesssocié à une métastase de la vésicule biliaire.

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n homme âgé de 56 ans, diabétique insulinodépendantepuis 12 ans, était hospitalisé en octobre 2006 pour uneouleur de l’hypochondre et du flanc droit évoluant depuiseux mois, sans ictère ni hématurie ni trouble de transit.a tomodensitométrie abdominale montrait une tumeurcomposante nécrotique développée aux dépens du pôle

upérieur du rein droit, associée à une tumeur de la vésiculeiliaire (Fig. 1).

Une néphrectomie droite, une cholécystectomie et uneymphadénectomie régionale vésiculaire et rénale étaientéalisées. La pièce de néphrectomie droite pesait 600 g etesurait 13 × 9 × 6 cm. À l’ouverture de la pièce, il existait

ne tumeur jaunâtre mesurant 6 × 4 × 4 cm remaniée pare la nécrose hémorragique.

À l’examen histologique, le parenchyme rénal étaitnvahi par une prolifération tumorale composée de celluleslaires. La capsule, la graisse périrénale, le hile et la tranchee section urétérale étaient indemnes d’envahissementumoral.

La pièce de cholécystectomie mesurait 9 cm de long,vec la présence d’une tumeur endoluminale de consistance

lastique. L’analyse histologique montrait une proliférationumorale maligne polypoïde ulcérée et nécrosée composéee cellules très atypiques, polymorphes, alternant aveces zones à cellules claires. Par endroits, les cellules de laumeur de la vésicule biliaire étaient identiques à celles de

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a tumeur rénale, permettant de conclure à un carcinome àellules claires du rein grade 2 de Furhman avec métastaseésiculaire. L’immunohistochimie de la tumeur primitivet de la métastase de la vésicule biliaire montrait uneégativité pour les anticorps antivimentine et antimyogé-ine, alors qu’il existait un marquage membranaire avec’anticorps anti-EMA. L’immunomarquage avec les anticorpsnti-CD10 et anti-cytokératine-7 n’étaient pas réalisés.

Les suites postopératoires étaient simples avec un suivihuit mois sans récidive tumorale.Les métastases au niveau de la vésicule biliaire sont

ares, et sont le plus souvent secondaires à un mélanome1,2] ou à des tumeurs du pancréas, de l’estomac, duôlon ou du sein [2]. Les métastases du cancer du reineuvent atteindre les poumons, les ganglions, l’os, le foie,e cerveau, les surrénales, la thyroïde, la peau, la prostatet l’iris. Des atteintes du diaphragme et de l’ampoule deater ont été également rapportées [3].

La prévalence des métastases de la vésicule biliaire’origine rénale est de 0,57 % [3,4]. Seulement 20 case métastases vésiculaires de cancer du rein ont étéapportés [3]. Elles étaient synchrones chez dix patients etétachrones chez dix patients.Le cancer de la vésicule biliaire, principalement

’adénocarcinome, est mis en évidence dans 2 % des cho-écystectomies et représente 20 % des masses polypoïdese la vésicule biliaire [4]. La symptomatologie cliniquest variable et le diagnostic est difficile. Dans un tiers desas, la tumeur est découverte d’une facon fortuite soitn peropératoire, soit pendant l’examen anatomopatho-ogique d’une cholécystectomie pour une lésion bénigne.es lésions polypoïdes intraluminales de la vésicule biliaire’un diamètre supérieur à 10 mm ont un potentiel malin etécessitent un traitement chirurgical.

Le diagnostic de métastases d’un cancer du rein peutarfois précéder celui de la tumeur primitive. Les méta-tases vésiculaires provenant des organes extrapéritonéauxe font par voie hématogène alors que les métastases desrganes intrapéritonéaux se font soit à travers la surface

éreuse de la vésicule biliaire par une atteinte péritonéale,oit par une diffusion directe au niveau de la vésicule biliaire1]. Les indications du traitement chirurgical dépendentu degré de diffusion de la tumeur, de l’âge et de l’étaténéral du patient. À un stade précoce, la chirurgie élargie

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Page 2: Métastase vésiculaire d’un cancer du rein

Lettres à la rédaction

Figure 1 Coupe scannographique montrant un processustumoral développé aux dépens du rein droit associé à une

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tumeur de la vésicule biliaire.CT scan slice showing tumor developing on the right kidneyassociated with tumor of the gallbladder.

doit être préférée à une simple cholécystectomie [3]. Chezces patients, en plus de la cholécystectomie, une dissectiondes ganglions lymphatiques, du système porte hépatique,ainsi qu’une résection du tissu hépatique adjacent élargieà une lobectomie hépatique droite, est indiquée.

Dans notre observation, la cholécystectomie aveclymphadénectomie, mais sans résection hépatique a étédécidée du fait de la morbidité élevée du geste chirurgical.Aucun traitement adjuvant n’a été instauré. En effet, iln’existe aucun consensus sur l’indication d’un traitementadjuvant en raison du nombre très faible des cas rapportésdans la littérature.

En conclusion, les métastases vésiculaires d’originerénale sont exceptionnelles. Elles peuvent être synchronesou métachrones. La symptomatologie clinique est trèsvariable, le traitement est chirurgical.

Références

[1] Brasseur P, Bissen L, Dupont H, Sukkarieh F. Métastase de la vési-cule biliaire secondaire à une tumeur rénale à cellules claires.J Radiol 1999;80:739—40.

[2] Celebi I, Guzelsoy M, Yorukoglu K, Kirkali Z. Renal cellcarcinoma with gallbladder metastasis. Int J Urol 1998;5:288—90.

[3] Sparwasser C, Krupienski M, Radomsky J, Pust RA. Gallbladdermetastasis of renal cell carcinoma a case report and review ofthe literature. Urol Int 1997;58:257—8.

[4] Weiss L, Harlos JP, Torhorst J, Grunthard B, Svendesen E. Metas-tatic patterns of renal carcinoma: an analysis of 687 necropsies.J Cancer Res Clin Oncol 1988;114:605—12.

M. Moujahid ∗

I. Zrara

D. TouitiM. Daali

Service de chirurgie générale,hôpital militaire Avicenne,

10000 Marrakech, Maroc

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∗ Auteur correspondant. Résidence Ibnou-Khaldoun,B40, rue Oued-El-Makhazine, Harhoura Temara, Maroc.Adresse e-mail : [email protected] (M. Moujahid).

Disponible sur Internet le 6 septembre 2008

oi:10.1016/j.gcb.2008.05.013

éiomyosarcome de la vésicule biliaire

eiomyosarcoma of the gallbladder

ntroduction

e léiomyosarcome de la vésicule biliaire est une tumeuraligne très rare. Le premier cas a été rapporté en 1893 et

a première description a été effectuée en 1904 par Land-teiner. En 1982, Willen et al. ont rapporté une série de 16as de léiomyosarcome sur 124 cas de sarcome de la vési-ule biliaire [1]. Depuis, de rares cas ont été publiés. Nousapportons un nouveau cas de léiomyosarcome primitif dea vésicule biliaire d’évolution foudroyante.

Une femme âgée de 43 ans, sans antécédent particu-ier, était hospitalisée pour douleurs de l’hypochondre droitvoluant depuis trois jours, associées à une fièvre à 38◦ C,ans ictère ni trouble du transit. L’examen clinique trouvaitne défense de l’hypochondre droit avec une masse duret mobile à ce niveau. L’échographie abdominale montraitn aspect de cholécystite aiguë avec une vésicule biliaireparoi très épaissie et un abcès périvésiculaire. Le bilan

iologique montrait une hyperleucocytose.La tomodensitométrie abdominale montrait une volumi-

euse masse tissulaire limitée à la vésicule biliaire, prenante produit de contraste de facon hétérogène, sans envahisse-ent hépatique ni adénopathie locorégionale (Fig. 1). Elleettait également en évidence une tumeur rénale droite

ypodense, hétérogène après injection.L’exploration chirurgicale montrait une tumeur de la

ésicule biliaire limitée à sa paroi, ayant des contactsntimes avec l’angle colique droit. La voie biliaire princi-ale était fine. Il n’y avait pas d’envahissement du foiei d’adénopathies locorégionales. Une résection carcino-ogique en monobloc de la tumeur vésiculaire avec learenchyme hépatique adjacent et du côlon droit, associé àn curage ganglionnaire du pédicule hépatique, était réali-ée. Les suites opératoires immédiates étaient simples et laatiente quittait l’hôpital au septième jour postopératoire.

L’étude anatomopathologique montrait une masse tumo-ale mesurant 15 × 11 × 12 cm, de couleur noirâtre, avecemaniements nécrotiques à la coupe, englobant toute laésicule. Histologiquement, cette masse était constituée’une prolifération tumorale maligne de plages denses deellules rondes ou fusiformes, au cytoplasme éosinophilet pourvues d’un noyau augmenté de taille, volontiersonstrueux. La tumeur atteignait la paroi colique sans

’envahir. Le parenchyme hépatique était indemne, deême que la recoupe du canal cystique. L’étude immu-

ohistochimique montrait des cellules tumorales exprimant’actine musculaire lisse (AML) sans expression de c-kitFig. 2). Ces arguments permettaient de conclure au diag-ostic de léiomyosarcome de la vésicule biliaire de grade 3e malignité selon le grading histologique de la Fédération