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Rev. Fr. Transfus. H6mobiol., 1989, 32, 379-389 379 TECHNOL OGlE TRANSFUSIONNELLE Methodologie de l'information scientifique CNTS Les Ulis par Alain Faure Les informafions n'ont jamais 6t6 aussi abondantes. Nos moyens en information augmentent rapidement. Pour rbpondre leurs besoins, les laboratoires de recherche profitent aujourd'hui plei- nement de l'informatique. Ils sont reli6s directement ~ des banques de donn6es pr6tes g fournir toutes les publications dbsir6es dans un dblai plus ou moins rapide. Les innovations scienfifiques et techniques sont si rapides et nom- breuses qu'il devient impossible aux chercheurs de prendre directement connaissance de la totalit6 des informafions dont ils ont besoin. Cependant tous ceux qui voyagent constatent que la vitesse et la qualit6 de l'informafion scientifique varient selon les pays. On pourrait m6me imaginer un moyen d'6valuer la comp6titivitb des laboratoires par leur capacit6 ~ savoir l'essentiel vite et avec exactitude. Cela montrerait la qualit6 de leur gestion et de leur interpr6tation de l'information. Comment s'informer bien et vite ? Une m6thode, la ~ veille ~, s'est d6velopp6e r6cemment. Aujourd'hui, ses rbsultats sont incontestables. Les entreprises et l'6tat Japonais l'ont syst6matiquement employbe ~ une tr~s grande 6chelle (entre 1 et 1,5 % du chiffre d'affaires des principales soci6t6s, en plus des services spbcialisbs du ministbre du commerce et de l'industrie - M1TI -). Elle n'est peut-&re pas 6trangbre non plus ~ 1'attribution, ces dernibres ann6es, de prix Nobel des scientifiques travaillant darts des instituts de recherche libs ~ des entreprises comme IBM, orf8vre en la matibre, qui peuvent leur apporter la fois les moyens et le niveau d'organisation de l'information. Manuscrit re~u le 19.09.89. Accept6 le 24,10.89.

Méthodologie de l'information scientifique

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Rev. Fr. Transfus. H6mobiol., 1989, 32, 379-389 379

TE CHNOL OGlE TRANS FUSIONNELLE

Methodologie de l'information scientifique

CNTS Les Ulis

par Alain Faure

Les informafions n'ont jamais 6t6 aussi abondantes. Nos moyens en information augmentent rapidement. Pour rbpondre

leurs besoins, les laboratoires de recherche profitent aujourd'hui plei- nement de l'informatique. Ils sont reli6s directement ~ des banques de donn6es pr6tes g fournir toutes les publications dbsir6es dans un dblai plus ou moins rapide.

Les innovations scienfifiques et techniques sont si rapides et nom- breuses qu'il devient impossible aux chercheurs de prendre directement connaissance de la totalit6 des informafions dont ils ont besoin.

Cependant tous ceux qui voyagent constatent que la vitesse et la qualit6 de l'informafion scientifique varient selon les pays. On pourrait m6me imaginer un moyen d'6valuer la comp6titivitb des laboratoires par leur capacit6 ~ savoir l'essentiel vite et avec exactitude. Cela montrerait la qualit6 de leur gestion et de leur interpr6tation de l'information.

Comment s'informer bien et vite ? Une m6thode, la ~ veille ~, s'est d6velopp6e r6cemment. Aujourd'hui,

ses rbsultats sont incontestables. Les entreprises et l'6tat Japonais l'ont syst6matiquement employbe ~ une tr~s grande 6chelle (entre 1 et 1,5 % du chiffre d'affaires des principales soci6t6s, en plus des services spbcialisbs du ministbre du commerce et de l'industrie - M1TI -). Elle n'est peut-&re pas 6trangbre non plus ~ 1'attribution, ces dernibres ann6es, de prix Nobel

des scientifiques travaillant darts des instituts de recherche libs ~ des entreprises comme IBM, orf8vre en la matibre, qui peuvent leur apporter

la fois les moyens et le niveau d'organisation de l'information.

Manuscrit re~u le 19.09.89. Accept6 le 24,10.89.

380 FA URE A.

La veille s'est d ' abord dbveloppbe dans le domaine des technologies. En fait, elle est quas iment devenue un ph6nombne culturel, et semble justifi6e chaque fois que l ' informat ion est utile. C'est donc le cas pour la recherche. Dans ~ La double h61ice ~ WATSON expliquait avec h u m o u r c o m m e n t il avait organis6 les r6seaux de renseignements qui, avec son collbgue CRICK, l 'ont aid6 fi obtenir le prix Nobel.

Le but de ce travail est de d6crire br ibvement certains aspects de la m6thode utiles aux chercheurs. Sa r6daction suit la d6marche du livre de Bruno MARTINET et Jean-Michel RmAULT, La veille technologique concurren- tielle et commerciale, paru cette ann6e aux Editions d'Organisation, destin6 aux cadres d'entreprises. Les documents fournis par la CEGOS, ont aussi 6t6 consult6s ainsi que certaines parties du livre <, L'excellence technologi- que ~> de Jacques MORIN (Publi-Union, 1985). L'utilisation de ces sources d ' informat ions est r ecommandbe .

D E F I N I T I O N

La veille vise fi chercher l ' informat ion utile quand il le faut et c o m m e il le faut.

Pour y parvenir, il faut savoir r6pondre aux deux questions : ~ obser- ver quoi ? ~ et ~ o/1 aller chercher les informat ions ? ~

M E T H O D O L O G I E

L'efficacit6 de la veille d6pend de la qualit6 de son organisation. La m6thodologie de la veille repose sur l 'observation de quelques

points s61ectionn6s avec pr6cision. Les sp6cialistes comparen t cette m6thode g un sondage et disent : <~ organiser la veille c'est organiser son plan de sondage ~.

La m&hodologie de l ' informat ion se d6veloppe sur trois axes : - d6finition des besoins ; - recherche de l ' informat ion ; - exploitation de l ' information.

D 6 f i n i t i o n d e s b e s o i n s e t d e s m o y e n s

La d6finition des besoins en informat ion se fait en trois 6tapes :

CHOIX DES OBJECTIFS

I1 faut pouvoir explorer r ap idement notre domaine d'activit6 et son bvolution.

Faire une liste de t o u s l e s facteurs critiques importants pour les

METHODOLOGIE DE L'INFORMATION SCIENTIFIQUE 381

projets en cours et l'6volution du laboratoire, permet de d6gager et de s61ectionner les principaux axes de recherche. Ce sont les objectifs.

ELABORATION D'UN PLAN DE RECHERCHE D'INFORMATIONS

I1 s'agit de pr6ciser les paramStres de l ' information en r6pondant fi ces questions : Quoi ? Pour qui ? Avec quelle prbcision ? Pour quand ?

On peut rassembler ces paramStres dans un tableau. Lorsque le recueil d'informations doit 8tre poursuivi pendant un

certain temps, il est intbressant de l 'exprimer sous forme de courbe. Par exemple r6volution du nombre d'informations en fonction du temps sert

6valuer/t quel stade se trouve un projet (notion de courbe en S). Les m6thodes matricielles, en croisant des informations diff6rentes

(par exemple en rapprochant-les informations scientifiques d'une 6quipe et ses achats ou son utilisation de matbriels nouveaux) permettent de mettre en 6vidence des corr61ations qui passeraient normalement inaper- ques.

La m6thode morphologique a 6t6 d6velopp6e par l 'astronome suisse ZwIcKv. I1 distingue 5 6tapes :

a) Formulation et d6finition explicites du problSme. b) Identification et caract6risation de tous les paramStres susceptibles

d'entrer dans la solution. c) Construction d'une matrice ( la , bolte ~ morphologique) ~t partir de

tousles param6tres identifi6s en b), contenant routes les solutions possi- bles.

d) Examen de la faisabilit6 des solutions trouv6es enc) . Analyse et 6valuation par rapport aux objectifs.

e) R6-analyse des meilleures solutions, au besoin par une 6tude morphologique compl6mentaire.

Cette m6thode analytique trSs puissante a 6t6 utilis6e dans des domai- nes trSs divers par des laboratoires importants (General Electric, Stanford Research Institute...).

La m6thode de Delphes (Delphi en anglais) qui utilise une approche prospective par r6ponses de sp6cialistes - consult6s s6par6ment - aux questions des demandeurs, peut 6tre appliqu6e gt l'6valuation d 'un projet de recherche.

DI~FIN1TION DES INDICATEURS A SURVEII J,ER ET DES MOYENS D'ACCI~S

Les indicateurs sont des faits observables qui donnent une informa- tion sur un axe de recherche d6fini (par exemple le nombre de travaux scientifiques sur un sujet trSs pr6cis).

Pour trouver des moyens d'accbs, il faut savoir faire preuve d'imagi- nation. Penser aux soci6t6s savantes, comit6s scientifiques, fournisseurs ou utilisateurs.., qui fourniront les ~ clignotants ~ donnant l'6veil.

Faire un tableau comparable gt celui qui a 6t6 d6fini dans le plan de recherche. 11 s ' int i tulera , Plan de recherche d'indicateurs ~. 11 mention-

382 FA URE A.

nera l'indicateur, le nom de la personne charg6e de rechercher l'informa- tion, la source utilis6e, et la date limite pour la recherche.

Les besoins en information sont donc d6finis en pr6cisant les objectifs en 6laborant un plan de recherche et les moyens pour le r6aliser et enfin en choisissant les signaux qui serviront fi l'alimenter.

L ~tape suivante va permettre de pr6ciser les proc6d6s d employer.

R e c h e r c h e d e l ' i n f o r m a t i o n

Elle dbpend de trois critbres : Off ? Comment ? Par quel moyen ? La veille passive (~ monitoring ~) consiste ~ recueillir toutes les infor-

mations possibles, puis ~ les sblectionner. Si elle est bien organis6e, elle fournira la majeure partie des informations recherch6es.

La veille active (~ scanning ~) est une recherche de faits tr6s pr6cis. Elle compl&e la pr6c6dente.

QUELLES SONT LES <~ ZONES UTILES ~ OIZI TROUVER DES RENSEIGNEMENTS ?

Ce sont les informations sur : - les acquis scientifiques; - les procbd6s et les technologies ; - les sources de matibres premibres ou de produit et les renseigne-

ments fournis par les m6dia (agences de presse ou presse, t616vision, etc...).

COMMENT ORGANISER LA RECHERCHE DE RENSEIGNEMENTS ?

L'exploitation des sources d' information est un travail coordonn6. Certaines sources nbcessitent des spbcialistes pour 6tre pleinement exploi- t6es.

Dans un premier temps il faut que des volontaires prennent en charge chacun la recherche d 'une s6rie d'indicateurs.

Etablir un ,p lan d'emploi des moyens d'informations~. Chacun y trouve sous forme de tableau les indicateurs qu'il dolt rechercher, le d61ai et les moyens qui lui sont accord6s.

LES MOYENS D'ACCIkS A L'INFORMATION

Ils sont multiples mais n 'ont pas tous la m6me importance pour le chercheur.

Les sources d' informations doivent &re appr6ci6es ~t partir de leur proc6d6, leur importance, et leur fiabilit6.

Les informations orales (on dit aussi ~ informelles ~) apportent le plus souvent des renseignements plus pr6coces que les autres. Elles jouent de ce fait tm r61e consid6rable. La plupart de nos opinions sont 6tablies partir de renseignements obtenus au jour le jour par des informations de ce type (congrbs, contacts personnels). Elles sont plus faciles ~ interpr6ter

METHODOLOGIE DE L 'INFORMA TION SCIENTIFIQ UE 383

que les informations 6crites, car il est possible de poser des questions g notre interlocuteur, mais doivent 6tre bien analysbes.

Les sources d ' informat ion 6crites (, formalis6es ~) sont indispensables, nombreuses, et cofiteuses en temps et en argent. 11 faut les utiliser avec m6thode.

La presse quotidienne ne doit pas 6tre n6glig6e. Par exemple, l 'infor- marion rbcente sur la d6couverte d 'un virus de l 'hbpatite Non A Non B a 6t6 diffus6e par la presse quotidienne, avant que pa rv ienne / t nos biblio- thbques le num6ro d e , Science ~ contenant l 'article des inventeurs.

Un autre avantage de la presse quotidienne est que sa lecture est facile et peu coflteuse.

La presse scientifique pose un tout autre problbme. L 'abondance des documents publi6s rend impossible une lecture complbte, si l 'on prend en compte le fait que m 6 m e un sp6cialiste n 'en peut lire plus de 50 pages par jour. I1 faut organiser son d6pouillement.

Dans tous les cas, il est indispensable de noter les sources des rensei- gnements obtenus pour pouvoir les exploiter.

Les moyens d 'accbs/ t l ' information doivent 6tre sblectionnbs et exploi- t~s :

a) Choisir les revues que l 'on d6pouille personnellement. S 'occuper des plus sp6cialis6es. En changer lorsque un nouveau projet de recherche sera abordE

b) Exploiter les in format ions / l plusieurs. Cr6er une organisation de lecteurs pour les r e v u e s , g6n6ralistes ,~ publiant des lettres et autres notes de mise au point.

- La m6thode du (~ lecteur pilote ~ consiste g r6part ir dbs leur arriv6e ces revues dans un groupe de volontaires. Elles ne leur sont confi6es que pour une courte p6riode (inf6rieure g une semaine). Ils se chargent de relever les articles compor tan t les mots cl6s fournis par les m e m b r e s du groupe. Ils remplissent une fiche de lecture par article.

- L'organisation d 'un syst6me de (~ revue de presse ~ peut appor ter des avantages dbterminants lorsque la veille porte sur un groupe de projets.

Son but est de r~sumer les fiches de lecture d'une dizaine de publica- tions scientifiques en deux pages m a x i m u m

It ne faut p a s s e contenter de d6couper des articles et de les coller sur des feuilles que r o n fera circuler telles quelles.

Le document compor te : - un p remier chapitre (impressions g~n~rales, [aits saillants) qui donne

trbs br ibvement le point de vue de ranalyste sur rensemble de ses lectu- res ;

- un second chapitre (corpus) est consacr6 aux articles correspondant aux pr6occupations des lecteurs (mots cl6s) en rappelant les r6f6rences pour qu'ils puissent y acc6der faci lement ;

- un 3 e chapitre (innovations) s61ectionne les 2 ou 3 travaux qui semblent int6ressants pour le d6veloppement du savoir faire des labora- toires recevant la revue de presse ;

- enfin, quelques lignes sont consacr6es au r approchemen t d'avis

384 FA URE A.

contradictoires sur un sujet, apparus dans les diff6rentes revues analys6es (table ronde).

On r e c o m m a n d e r a au r6dacteur de la revue de presse d'utiliser des dessins humorist iques, des sch6mas et des illustrations pour expliquer et faire passer ses messages. I1 existe des logiciels qui facilitent toutes les 6tapes de ce travail.

Les livres doivent 6tre trait6s c o m m e des revues s61ectionn6es cen- tr6es que sur un sujet, et v6hiculant une informat ion impor tan te et liable. I1 est r e c o m m a n d 6 de les faire r icher en utilisant un systSme inspir6 de celui des lecteurs pilotes. La pr6sentation et le plan de la fiche de lecture - trSs courte - sont inspir6s de la revue de presse.

La consultation des banques de donn6es et la lecture des brevets n 'en t rent pas d i rec tement dans la revue de presse. Elles n6cessitent pour une exploitation opt imale la comp6tence de sp6cialistes, ou une format ion appropri6e.

Malgr6 tout, certaines informat ions trSs utiles demeuren t introuva- bles. I1 reste deux possibilit6s, le minitel (consulter son annuaire) et les soci6t6s de service et de conseil ou les services sp6cialis6s d 'organismes officiels dont on t rouvera la liste dans les ouvrages cit6s en r6f6rence.

La recherche de l'information suit les m@mes principe6 que la veille soit passive ou active. Il faut d~finir les ~ zones ~, le ~ plan d'emploi des moyens ~ et les source6 ~ orales ~ ou ~ ~crites ~. Ces derni@res s'organisent autour de lecteurs pilote6 revues de presse, livres et moyens sp@cialis@s. Selon que l'on recherche rapidit~ ou fiabilit~ on favorisera plut6t les informations informel- les ou formalis~es. Mais une organisation rigoureuse est indispensable dans tousles cas. L'utilisation de ~ lecteurs pilotes ~ et la pr@paration d'une ~ revue de presse ~, malgr@ les contraintes qu'elles imposen~ garantissent une bonne qualit@ et une bonne disponibilit@ des renseignements indispensables au d~veloppement des projets.

Il est alors possible d'entreprendre rexploitation de l~nformation.

E x p l o i t a t i o n d e l ' i n f o r m a t i o n

Notre probl~me quotidien est la surabondance d ' informations. Elles ne correspondent que par t ie l lement fi nos souhaits, e t n o s souhaits cadrent impar fa i t emen t avec les informat ions dont nous avons r6ellement besoin...

Cette observation justifierait fi elle seule la mise en oeuvre d 'une veille qui pe rme t de trier et faire la synthSse des informat ions recueillies.

On va successivement 6valuer leurs origines, leur valeur, leur donner une note, les interpr6ter et faire une synthSse des renseignements obtenus.

EVALUATION DES ORIGINES DES RENSEIGNEMENTS

I1 faut pouvoir 6valuer : - leur richesse ou pauvret6 ;

METHODOLOGIE DE L 'INFORMA TION SCIENTIFIQ UE 385

- leurs p e r f o r m a n c e s p e r m a n e n t e s (par exemple b a n q u e de don- n6es) ou ins tantan6es (vitesse) ;

- leur fiabilit6 (savoir in terpr6ter) ;

- leur discr6tion ;

- leur vuln6rabili t6.

DP, FINITION DES OBJECTIFS

Elle se d6finit p a r sa capaci t6 :

- fi rbdui re l ' i nce r t imde de l ' aveni r ;

- fl a f fec ter une d6cision ;

- fi mod i f i e r les cons6quences d ' une d6cision.

L ' i n f o r m a t i o n est un p rodu i t don t le l abora to i re a besoin p o u r fonc- t ionner , m6me si son absence n ' a pas de cons6quences imm6dia te s sur son fonc t i onnemen t . I1 f au t donc savoir ce qu 'e l le coflte et ce qu 'e l le doit r appor te r .

LA COTATION DES INFORMATIONS

Tout ceci about i t fl co ter les in format ions .

La va leur des sources est esf imbe pa r un chi f f re (par exernple de 1 (( source digne de foi >) h 4 <~ source suspecte et subject ive >>).

La va leu r de l ' i n fo rmaf ion est es t im6e p a r une let tre (A ~ i n fo rma t ion trbs i m p o r t a n t e et pr ior i ta i re ~> fi D << i n f o r m a t i o n peut-6tre inutile >)).

Cette double appr6c iaf ion p e r m e t un c l a s semen t des documents , et parfois leur r66valuation. Si p lus ieurs i n fo rma t ions C4 d 'or igines diff6ren- tes se recoupent , cette no ta t ion doit &re recons idbrbe tan t au n iveau de l ' appr6ciaf ion des i n fo rma t ions que de leur source (C3, C2, B2..).

L'INTE~P~TATION ET LA SYN'II-t~E DES INFORMATIONS

IL s 'agit de prbvoi r des 6v6nements fl t ravers que lques i n fo rma t ions a p p a r e m m e n t sans r a p p o r t ent re elles.

I1 fau t donc fa i re passe r un e n s e m b l e d ' i n fo rmaf ions d ' un btat dispers6 h un tout coh6rent . Elle nbcessi te une analyse des i n fo rma t ions puis leur synth~se.

L'exploitation de lTnformation se situe d un niveau relativement subjectif car il s'agit d'adapter les renseignements d nos besoins. II faut ~tre prudent. On commencera donc par 6valuer les origines, puis la valeur de lTnforrna- tion en fonction de critdres bien d~finis. On pourra alors ~tablir une cotation. L Tnterpr~tation et la synthkse de lTnformation doivent respecter l'ensemble des/aits mis en ~vidence.

Maintenant lTnformation va pouvoir ~tre utilis~e.

386 FA URE A.

UTILISATION DE L'INFORMATION

La veille doit permettre de gagner du temps, de poser les bonnes questions, d'utiliser au mieux les compbtences, d 'a ider/ t compl6ter l'inmi- tion par l'analyse logique, de passer du pilotage /t vue aux d6cisions strat6giques.

L'utilisation de la veille dolt favoriser la circulation de l ' information.

La circulat ion de l ' informat ion

L'information circule mal. Ceci est lib en premier lieu ~ l'id6e que l ' information repr6sente un

pouvoir. I1 est facile de mont re r que si tel est le cas, la non ufilisafion d ' informations 6quivaut h une absence de pouvoir.

On 6voque aussi le manque de temps. Lfi encore une organisation comme le partage de la lecture de revues fait gagner du temps et non en perdre.

En fait, la bonne circulation de l ' information d 6 p en d d e la confiance et de l'esprit d'6quipe existant dans le groupe.

C'est pourquoi le volontariat et la s61ection des acteurs doivent 6tre encourag6s.

UTILISER DES Rl~SEAUX

En pratique, on va utiliser les r6seaux informels existant d6j~ dans le groupe, et favoriser des relations entre eux.

On prendra en compte les besoins r6els. On cherchera ~ am61iorer la sp6cificit6 et la concision. Nous connaissons tous des individus qui savent recueillir et donner

des renseignements. C'est ~ ces , veilleurs ~ de participer au r6seau d ' information selon leurs goflts et comp6tences.

Pour qu 'un r6seau soit efficace, il faut respecter quelques principes : - 1'6change : apporter des informations pour en recevoir ; - les contacts personnels; - la mani6re de poser des questions. La pr6sentation de l ' information doit correspondre au problbme pos6,

et surtout au destinataire. I1 doit recevoir un message 6crit dans son langage, en 6vitant l 'emploi d'abr6viations dont il n 'a pas 1'habitude.

I1 peut 6tre intbressant d'utiliser des croquis, dessins, symboles, bandes dessin6es ou autres innovations graphiques.

GAGNER DU TEMPS

Une information peut perdre sa valeur si elle n'est pas diffus6e trbs rapidement.

La veille ne doit pas stocker d ' informations (c'est le travail de la

METHODOLOGIE DE L 'INFORMA TION SCIENTIFIQUE 387

documentation). Une information non utilisable rapidement doit btre d6truite par le veilleur.

Faire circuler vite et bien l~nformation, c'est une des plus difficiles missions de la veille, car elle joue un r6le important dans l~valuation de son action. Elle n~cessite une participation de tou6 et en particulier l'utilisation de r~seaux. II faut pouvoir transmettre certains renseignements sans d~lai.

Ce sont des contraintes, maia en contrepartie, les r~sultats assurent non seulement une bonne information collective mais aussi une cohesion et une organisation qui favorisent la qualit~ du travail.

Information et organisation

La veille d 'un institut ou d 'un laboratoire de recherche ne b6nbficie pas de moyens comparables & ceux d 'une entreprise. On fera donc, plus que jamais, appel ~ des volontaires en leur montrant les bbn6fices qu'ils pourront tirer de cette organisation, et l 'on s 'efforcera d'utiliser des structures existantes (documentation, communicat ion interne et externe, responsables de la prise en charge de visiteurs, de rembauche, des contacts avec le personnel, etc...). Tout ceci a un impact sur rorganisation de l'6tablissement off la veille est mise en place.

L'ORGANISATION DE LA VEILLE PASSIVE

La collecte de l ' inforrnation ~ tous azimuths ~ passe d 'abord par les ~ veilleurs ~. Ce sont des chercheurs volontaires, ayant du goflt pour la communication, prbs du terrain, et int6ress6s par cette recherche valori- sante sur le plan culturel. Ils devront se former rapidement aux techni- ques d'information.

La documentat ion participe/t la veille, off elle doit trouver de l'int6r6t. La mise au point d 'une bonne revue de presse, des consultations de banques de donn6es et leur interpr6tation, etc.., n6cessitent la participa- tion active de la documentation.

Enfin, il ne faut pas n6gliger l'aide des personnes qui, par leurs contacts, voire leurs relations, peuvent apporter des informations orales.

L'ORGANISATION DE LA VF.H LE ACTIVE

Cette recherche finalis6e doit avoir des objectifs pr6cis, 6tre organis6e et g6r6e avec soin, comme un projet, avec un budget et des d61ais d6finis.

On utilisera la m6thodologie d6crite au d6but de ce travail.

RELATIONS ENTRE INFORMATION ET ORGANISATION

Un des r6sultats de la veille doit btre d'ambliorer l ' information des individus sur les travaux effectu6s dans leur domaine. Les r6seaux per- mettent d'am61iorer l'efficacit6 des relations et de rem6dier ~ l 'isolement de certaines personnes.

388 FA URE A.

L'utilisation de lTnformation implique un bon ciblage et une bonne circulation. Or, il n'est pas concevable de crier une lourde structure adminis- trative pour faire [onctionner la veille qui dolt agir et s'adapter vite. L'organi- sation de lTnformation reposera donc sur le volontariat et l'adaptation des structures existantes, qu Tl s'agisse de veille passive ou de veille active. La chance de succds d'une telle d~marche repose sur lTnt&~t qu'elle suscite car elle fait appel d la curiositO intellectuelle et d l'esprit d'entreprise. La veiUe doit [avoriser et entretenir de meilleures relations dans un groupe.

Tout ceci aide & lTnnovation.

I n f o r m a t i o n et i n n o v a t i o n

L'information aide ~ innover. Elle permet d'identifier ou de valider tree opportunit6. Elle aide ~ d6celer les projets ~ fort potentiel de d6veloppement.

S'INFORMER POUR MIEUX INNOVER

Les chercheurs d 'un laboratoire ont tendance g d6velopper les sujets dont ils ont le plus l'habitude. Cette continuit6 dans la mono-disciplinarit6 risque de leur faire n6gliger des techniques et des m6thodes nouvelles mieux adapt6es g leurs projets, ou, g l'inverse, de nouvelles applications mieux adapt6es ~ leurs connaissances.

S'INFORMER POUR MIEUX CHERCHER

Deux m6thodes s'opposent. La premibre, parfaitement logique et linbaire, consiste fl concevoir

une fois pour toutes un projet de recherche /~ partir d 'un cahier des charges.

La seconde consiste /~ d6velopper la recherche 6tape par 6tape, en r6actualisant les plans en fonction des r6sultats et des informations obtenus. Bien que consid6r6e parfois avec une certaine mbfiance/t cause de son aspect empirique, cette m & h o d e , en spirale ~ se r6vble trbs souple et efficace.

S'INFORMER POUR M1EUX RI~USSIR

La veille aide /l pr6voir l'6volution du domaine de recherche d 'un laboratoire (cf : M6thodologie, courbe en S), dans la mesure off elle permet de d6ceter trbs rapidement une nouveaut6 et de pr6voir ses cons6quences.

En s ' informant sur le d6veloppement de l'int6r6t pour un sujet (nom- bre de publications en fonction du temps) on peut 6valuer quand et off publier.

La relation entre veille, qui gdre l~nformatior~ et l'innovation qui s'ap- puie sur elle pour crder de nouveaux projet~ est dvidente. La veille alimente l~nnovation en informations. Ces renseignements aident d la d~finition et au

METHODOLOGIE DE L'INFORMATION SCIENTIFIQUE 389

contrOle de l'kvolution du projet. L~ encore la veille va permettre au cher- cheur de passer d'une m~thode intuitive ~ une gestion plus logique et plus efficace de son travail. Avec une interprOtation prOcise de l'information il est possible de dOceler trOs vite les nouveaut~s et de prOvoir leurs consequences.

C O N C L U S I O N

Une bonne information scienfifique repose sur le volontariat et l'6change.

La m6thode de la << veille ~ repose sur la recherche, la collecte, l'exploi- tafion et la diffusion des informations qui permettront les processus de d6cision en mafibre d'innovafion et de d~veloppement des projets.

Elle aide fi la diffusion des informations et ~ la cohbsion entre les individus.

Elle fournit une grande part des informafions qui fonderont les choix /~ long terme.

Sa plus grande difficultb est d 'entretenir une dynamique de coop6ra- tion confiante et efficace entre les diff6rents participants fi sa r6ussite.

Son ufilisafion par des bquipes prestigieuses et son palmarbs dans les technologies sont ses meilleures r6fbrences.

Sa mise en oeuvre favorise l 'emploi de syst6mes experts qui seront un outil indispensable aux chercheurs dans l'avenir.