Michel de Montaigne. Biographie et oeuvre

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Une presentation sur la vie et les Essais de Montaigne

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Michel de Montaigne

Est un philosophe et moraliste de la Renaissance. Il a pris une part active la vie politique, comme maire de Bordeaux et comme ngociateur entre les partis, alors en guerre dans le royaume.

Michel de Montaigne est issu d'une famille de riches ngociants bordelais, les Eyquem.En 1477, son arrire-grand-pre, Ramon Eyquem (1402-1478), fait l'acquisition de la petite seigneurie prigourdine de Montaigne, arrire-fief de la baronnie de Montravel, compose de terres nobles et dune maison forte6. Cette acquisition est la premire tape de laccession la noblesse.Son grand-pre, Grimon Eyquem (1450-1519), fils de Ramon Eyquem et de Isabeau de Ferraygues (1428-1508), reste marchand et continue faire prosprer la maison de commerce de Bordeaux.Son pre, Pierre Eyquem, premier de la famille natre au chteau de Montaigne, en 1495, rompt avec le commerce et embrasse la carrire des ares. Il participe aux campagnes d'Italie.En 1519, noble homme, Pierre Eyquem, seigneur de Montaigne, cuyer , rend hommage Jean de Foix, archevque de Bordeaux, suzerain de la baronnie de Montravel. Sa roture est dfinitivement teinte.En 1529, il pouse Antoinette de Louppes de Villeneuve (ou Lopez de Villanueva), fille et nice de marchands toulousains et bordelais enrichis dans le commerce du pastel. La famille d'Antoinette est d'origine espagnole, descendant peut-tre de juifs convertis, mais parfaitement intgre dans le cadre de la socit franaise et chrtienne. Les Louppes de Villeneuve jouissent d'une fortune identique celle des Eyquem, mais sont en retard sur eux d'une gnration dans l'accession la noblesse. Ils abandonneront le nom de Louppes pour celui de Villeneuve, comme Montaigne celui d'Eyquem.Les deux premiers enfants du couple meurent en bas ge ; Michel est le premier qui survit. Il sera l'an de sept frres et surs.Pierre de Montaigne, excellent gestionnaire de ses biens, arrondit son domaine avec l'aide de son pouse, forte personnalit et intendante hors-pair, par achats ou par changes de terres.

Les Essais se distinguent cependant de toute la littrature de vulgarisation du XVIe sicle par la place fondamentale accorde l'introspection et au jugement personnel. C'est en affirmant sa propre subjectivit que Montaigne a produit une uvre originale et non plus une simple compilation. Cependant, ce dessein a t trs progressif. Montaigne compose ses premiers essais dans les annes 1572-1573. Il s'carte alors trs peu de ses modles : les citations et les exemples abondent, l'inverse les confidences personnelles sont totalement absentes. Les chapitres sont courts, ils ne comprennent qu'une ide matresse, souvent camoufle au milieu d'illustrations issue de la librairie de l'auteur. Si l'on examine par exemple le sixime chapitre du livre un, L'Heure des parlements dangereuse , il se compose de six exemples de trahison, auxquels Montaigne joint une sentence de Cicron. Un tel talage d'rudition parat surprenant aujourd'hui, mais l'poque o crit Montaigne, c'est la marque d'un esprit instruit. Et l'auteur des Essais partage pleinement le got de ses contemporains pour ces compilations de sentences, ces traits de morale antique : ne va-t-il pas jusqu' faire graver sur les poutres de sa bibliothque ses maximes prfres, afin de les avoir l'esprit tout en composant son livre ? Les premiers essais entassent donc, selon la mode commune, citations et apophtegmes. Le plus souvent, Montaigne cite ses sources fidlement, mais il lui arrive aussi de les transcrire en franais sans y faire mention. Le plagiat est en effet parfaitement admis dans les murs littraires du sicle. Le chapitre Coutumes de l'le de Cea s'ouvre ainsi par quatre phrases recopies textuellement de Plutarque dans la traduction d'Amyot.

Savoir-vivre des EssaisLe memento mori se mue chez Montaigne en un projet de confrer chaque instant de vie la plus complte justification. Tandis que l'imminence de la mort incite le chrtien diriger sa pense vers l'au-del, Montaigne au contraire reporte son regard sur l'en de : la vie est rendue d'autant plus prcieuse de par sa prcarit mme38. Reste alors savoir comment vivre. Rien n'est plus ais, mais rien n'est plus difficile, car il faut entreprendre de bien et naturellement vivre cette vie , de vivre propos , et il n'est point de science si ardue : elle est notre grand et glorieux chef duvre. Or la vie se manifeste chaque instant comme dj l, et l'on ne peut que la parfaire. Mais Montaigne se refuse accepter la vie de manire passive, il prfre entreprendre une tche infinie en se racontant et ne pas se contenter du legs des annes : La vie est un mouvement ingal, irrgulier et multiforme39. Le mouvement est mouvement vers la mort, car Montaigne sait que la vie est perdable de sa condition . Mais cette mort n'empche pas une conversion totale la vie.

Nature dans les Essais

Montaigne voque souvent la nature dans ses Essais. Cette mre nature se confond parfois mme avec Dieu. Comme le remarque Hugo Friedrich, jusque dans les dernires pages des Essais, on peut remplacer le mot Dieu, de plus en plus rare, par celui de nature, sans rien changer au sens des phrases qui le contiennent1. Montaigne se mfie en effet des humeurs transcendantes , de ceux qui rejettent notre condition : Ils veulent se mettre hors d'eux et chapper l'homme. C'est folie : au lieu de se transformer en anges, ils se transforment en btes; au lieu de se hausser, ils s'abattent3. Cette apologie de la nature au complet sans la grce , de l' homme naturel43 apparat donc scandaleuse aux yeux des jansnistesn 8.

Montaigne remet mme en cause l'ide d'une supriorit de l'homme sur l'animal: Quand je me joue ma chatte, qui sait si elle passe son temps de moi, plus que je ne fais delle5,n 9. Nous qui ne savons pas ce que nous sommes nous-mmes, que savons nous des btes ? L'animal et l'homme sont confrres et compagnons , l'animal tant parfois mieux dou que l'homme chez qui la pense corrompt l'obissance la nature. L'homme est donc dpossd de sa situation privilgie de roi de la Cration, mis galit avec l'animal et confi la bienveillance de notre mre nature : Nous devons la justice aux hommes, et la grce et la bnignit aux autres cratures qui peuvent en tre capables44... . Un tel rapprochement est videmment scandaleux aux yeux de thologiens comme Pascaln 10 ou Bossuetn 11,n 12, alors qu'il sera approfondi par La Fontaine dans ses Fables. Il est en effet vident que cette affection pour la nature n'a rien de chrtienne. Dans la thologie catholique, la nature n'est qu'un ens creatum , une chose cre qui n'entretient plus de lien avec le crateur, au contraire de l'homme. Aussi, celui qui suit la nature est condamnable, car il se dtourne de Dieu.

Les Essais sont l'uvre majeure de Michel de Montaigne (1533-1592), laquelle il travaille de 1572 jusqu' sa mort. Ils traitent de tous les sujets possibles, sans ordre apparent : mdecine, livres, affaires domestiques, chevaux, maladien 1 entre autres, auxquels Montaigne mle des rflexions sur sa propre vie et sur l'homme, le tout formant un ple-mle o se confondent comme plaisir les choses importantes et futiles, les cts vite suranns et lternel1.

Les Essais sont cependant devenus un livre universel, le seul livre au monde de son espce , un livre unique qui met sous les yeux du lecteur non pas simplement un homme en train de se dcrire, mais une vie en train de se faire2. Tout ce quoi s'intresse leur auteur se rsume en effet en une seule question fondamentale : qu'est-ce que l'homme ? ou, plus exactement, que suis-je, moi, Michel Eyquem de Montaigne ?