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recourir aux généralistes ou aux spécialistes. Après ajustement sur les conditions socioéconomiques, le recours aux soins des immigrés n’est plus significativement différent de la population franc ¸aise. L’analyse en décomposi- tion montre que les principales barrières à l’accès aux soins des immigrés sont leur faible accès à la complémentaire santé, leurs plus faibles revenus et niveaux d’éducation. Discussion.Les résultats montrent que le principe d’équité horizontale dans l’accès aux soins n’est pas respecté en France et appellent la mise en œuvre de politiques de santé publique visant à améliorer l’accès aux soins des populations d’origine étrangère en simplifiant, par exemple, l’accès aux droits à l’aide médicale d’État et de la couverture-maladie universelle. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.031 29 Migrations, sante ´ et soins en Guyane : re ´sultats d’une enqu^ ete en population ge ´ne ´rale A. Jolivet, E. Cadot, S. Florence, S. Lesieur, J. Lebas, P. Chauvin UMRS 707, Inserm-UPMC, e ´quipe de recherche sur les de ´terminants sociaux de la sante ´ et du recours aux soins, Paris, France Introduction.Les liens entre migration et santé sont complexes. La santé peut être un déterminant de la migration et la migration peut affecter la santé de ceux qui émigrent. Nos objectifs étaient : estimer le poids des déterminants sanitaires dans l’ensemble des déterminants de la migration vers la Guyane ; comparer l’état de santé des populations vivant en Guyane en fonction de leur statut migratoire. Me ´thodologie.Une enquête transversale en population générale a été conduite en 2009 auprès d’un échantillon aléatoire de 1027 adultes, résidant à Cayenne et Saint-Laurent-du-Maroni (SLM). La santé a été mesurée par trois indicateurs : la santé perc ¸ue (SP), la déclaration de maladies chroniques (MC) et de limitations fonctionnelles (LF). Les caractéristiques recueillies incluaient le statut et la durée de résidence des immigrés et leur pays d’origine. Des modèles de régression logistiques ont été conduits. Re ´sultats.Les immigrés représentaient 40,6 % de la population à Cayenne et 57,8 % à SLM. Parmi eux, 3,1 % ont déclaré avoir migré et/ou s’être installés en Guyane pour une raison de santé. Les étrangers en situation irrégulière présentaient les plus mauvais indicateurs de santé (par rapport aux franc ¸ais nés en Guyane, OR = 3,18 [1,217,84] pour la SP, OR = 2,79 [1,226,34] pour les MC et OR = 2,17 [1,004,70] pour les LF). Ces différences étaient partiellement expliquées par des facteurs socioéconomiques et psychosociaux. Le pays de naissance et la durée de résidence en Guyane avaient également un impact sur les indicateurs de santé. Discussion.Les migrations pour soins ne représentent qu’une minorité des mouvements migratoires vers la Guyane. Les problématiques de santé des immigrés y sont peu prises en compte dans les politiques de santé alors qu’elles y constituent un enjeu majeur pour les inégalités sociales de santé du fait de l’importance numérique de cette population. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.032 30 L’accord entre patients et me ´decins ge ´ne ´ralistes sur la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire a ` la sortie de la consultation est-il lie ´ au contexte social du patient ? A.-C. Schieber a,b , M. Kelly-Irving a , C. Rolland a , A. Afrite ´ c , C. Case `s d , P. Dourgnon c , P. Lombrail e , J. Pascal f , T. Lang a,b , le groupe INTERMEDE a UMR 1027, Inserm, universite ´ de Toulouse 3, Toulouse, France b Service d’e ´pide ´miologie, CHU de Toulouse, Toulouse, France c Institut de recherche et de documentation en e ´conomie de la sante ´ (Irdes), Paris, France d Institut national d’e ´tudes de ´mographiques (Ined), Paris, France e Laboratoire de sante ´ publique, CHU de Nantes, Nantes, France f Service d’information me ´dicale, CHU de Nantes, Nantes, France Introduction.L’objectif de l’étude est d’analyser la concordance entre patients et médecins généralistes sur la prise en charge des facteurs de risque cardiovasculaire et de rechercher si la discordance éventuelle des déclarations est liée au contexte social du patient. Ce travail vise à apporter des éléments de compréhension sur le rôle joué par l’interaction médecinpatient dans la formation des inégalités sociales de santé. Me ´thodologie.L’étude s’appuie sur les données quantitatives du projet multidisciplinaire INTERMEDE qui explore l’interaction de 585 paires patientmédecin au travers de questionnaires en miroir à la sortie de la consultation. Les concordances médecin-patient sont analysées avec le coefficient kappa, puis par une analyse multivariée multiniveaux. Re ´sultats.De fortes concordances sont observées pour la mesure du poids, la prise de tension (k = 0,84 0,04), l’information sur la présence d’une hypertension artérielle (k = 0,66 0,04) et les conseils relatifs à la réduction voire à l’arrêt de la consommation de tabac et d’alcool (k = 0,66 0,04). En revanche, patients et médecins sont rarement en accord pour les conseils donnés sur la pratique d’une activité physique, la nutrition (k = 0,36 0,04) et la perte de poids (k = 0,56 0,04) ; en cas de désaccord, les médecins déclarent plus souvent avoir donné des conseils à des patients qui disent ne pas les avoir entendus (p < 0,05). L’accord entre patients et médecins diminue avec le niveau d’éducation, avec un minimum pour les personnes non diplômées (p < 0,05). Les patients âgés de l’échantillon sont majoritairement sans diplôme (p < 0,05) et l’ajustement sur l’âge dans les modèles efface le lien significatif du niveau d’éducation, bien qu’un gradient semble persister. Discussion.Les conseils sur la nutrition semblent être sources de malentendus plus nombreux. Les désaccords médecinpatient sont plus forts pour les patients âgés et/ou sans diplôme, ce qui pourrait être source d’incompréhensions et compromettre la qualité des soins. http://dx.doi.org/10.1016/j.respe.2013.03.033 31 Le renoncement aux soins pour raisons financie `res dans l’agglome ´ration parisienne : une analyse des donne ´es de la cohorte SIRS de 2005 et 2010 E. Renahy a , I. Parizot b , A. Quesnel-Valle ´e c , P. Chauvin d a St-Michael’s Hospital, CRICH, Toronto, Canada b E ´ quipe de recherche sur les ine ´galite ´s sociales (ERIS), centre Maurice- Halbwachs (CNRS-E HESS-ENS), Paris, France c McGill University, Montre ´al, Canada d UMRS 707, Inserm-UPMC, e ´quipe de recherche sur les de ´terminants sociaux de la sante ´ et du recours aux soins, Paris, France Introduction.Dans le contexte actuel de crise économique et des mesures successives augmentant la participation financière des patients, le renoncement aux soins pour raisons financières risque d’augmenter. Me ´thodologie.Nous avons utilisé les données de la cohorte santé, inégalités et ruptures sociales (SIRS), représentative de la population majeure francophone dans l’agglomération parisienne. Plus de 3000 individus ont été interrogés en 2005 et 2010. Des modèles logistiques multiniveaux ont été estimés. Re ´sultats.La proportion de renoncement aux soins pour raisons financières est restée stable en passant de 16,9 % à 15,7 % entre 2005 et 2010. Nous avons mis en évidence des inégalités sociales et psychosociales. Ainsi, le renoncement était plus fréquent chez les femmes, les Franc ¸ais nés de parents étrangers, les personnes n’ayant pas de couverture complémentaire privée, percevant leur situation économique comme mauvaise ou se sentant seules. Alors qu’en 2005 les bénéficiaires de la CMUc avaient significativement moins de risques de renoncer aux soins que les personnes couvertes par une mutuelle (OR = 0,63, IC95 % : [0,410,97]), la différence n’était plus significative en 2010 (OR = 1,26, IC95 % : [0,841,91]). Cela traduit une dégradation de la situation des récipiendaires de la CMUc : si la proportion de renoncement aux soins est restée stable chez les personnes couvertes par une complémentaire privée 3 e Colloque the ´matique de l’Adelf / Revue d’E ´ pide ´miologie et de Sante ´ Publique 61S (2013) S107S117 S116

Migrations, santé et soins en Guyane : résultats d’une enquête en population générale

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Page 1: Migrations, santé et soins en Guyane : résultats d’une enquête en population générale

recourir aux généralistes ou aux spécialistes. Après ajustement sur lesconditions socioéconomiques, le recours aux soins des immigrés n’est plussignificativement différent de la population francaise. L’analyse en décomposi-tion montre que les principales barrières à l’accès aux soins des immigrés sontleur faible accès à la complémentaire santé, leurs plus faibles revenus et niveauxd’éducation.Discussion.– Les résultats montrent que le principe d’équité horizontale dansl’accès aux soins n’est pas respecté en France et appellent la mise en œuvre depolitiques de santé publique visant à améliorer l’accès aux soins des populationsd’origine étrangère en simplifiant, par exemple, l’accès aux droits à l’aidemédicale d’État et de la couverture-maladie universelle.

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Migrations, sante et soins en Guyane : resultats d’uneenquete en population generaleA. Jolivet, E. Cadot, S. Florence, S. Lesieur, J. Lebas, P. Chauvin

UMRS 707, Inserm-UPMC, equipe de recherche sur les determinants sociaux

de la sante et du recours aux soins, Paris, France

Introduction.– Les liens entre migration et santé sont complexes. La santé peutêtre un déterminant de la migration et la migration peut affecter la santé de ceuxqui émigrent. Nos objectifs étaient :– estimer le poids des déterminants sanitaires dans l’ensemble des déterminantsde la migration vers la Guyane ;– comparer l’état de santé des populations vivant en Guyane en fonction de leurstatut migratoire.Methodologie.– Une enquête transversale en population générale a été conduiteen 2009 auprès d’un échantillon aléatoire de 1027 adultes, résidant à Cayenne etSaint-Laurent-du-Maroni (SLM). La santé a été mesurée par trois indicateurs :la santé percue (SP), la déclaration de maladies chroniques (MC) et delimitations fonctionnelles (LF).Les caractéristiques recueillies incluaient le statut et la durée de résidence desimmigrés et leur pays d’origine. Des modèles de régression logistiques ont étéconduits.Resultats.– Les immigrés représentaient 40,6 % de la population à Cayenne et57,8 % à SLM. Parmi eux, 3,1 % ont déclaré avoir migré et/ou s’être installés enGuyane pour une raison de santé. Les étrangers en situation irrégulièreprésentaient les plus mauvais indicateurs de santé (par rapport aux francais nésen Guyane, OR = 3,18 [1,21–7,84] pour la SP, OR = 2,79 [1,22–6,34] pour lesMC et OR = 2,17 [1,00–4,70] pour les LF). Ces différences étaientpartiellement expliquées par des facteurs socioéconomiques et psychosociaux.Le pays de naissance et la durée de résidence en Guyane avaient également unimpact sur les indicateurs de santé.Discussion.– Les migrations pour soins ne représentent qu’une minorité desmouvements migratoires vers la Guyane. Les problématiques de santé desimmigrés y sont peu prises en compte dans les politiques de santé alors qu’ellesy constituent un enjeu majeur pour les inégalités sociales de santé du fait del’importance numérique de cette population.

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L’accord entre patients et medecins generalistes sur la priseen charge des facteurs de risque cardiovasculaire a la sortiede la consultation est-il lie au contexte social du patient ?A.-C. Schieber a,b, M. Kelly-Irving a, C. Rolland a, A. Afrite c, C. Cases d,

P. Dourgnon c, P. Lombrail e, J. Pascal f, T. Lang a,b, le groupe INTERMEDEa UMR 1027, Inserm, universite de Toulouse 3, Toulouse, Franceb Service d’epidemiologie, CHU de Toulouse, Toulouse, Francec Institut de recherche et de documentation en economie de la sante (Irdes),

Paris, Franced Institut national d’etudes demographiques (Ined), Paris, France

e Laboratoire de sante publique, CHU de Nantes, Nantes, Francef Service d’information medicale, CHU de Nantes, Nantes, France

Introduction.– L’objectif de l’étude est d’analyser la concordance entre patientset médecins généralistes sur la prise en charge des facteurs de risquecardiovasculaire et de rechercher si la discordance éventuelle des déclarationsest liée au contexte social du patient. Ce travail vise à apporter des éléments decompréhension sur le rôle joué par l’interaction médecin–patient dans laformation des inégalités sociales de santé.Methodologie.– L’étude s’appuie sur les données quantitatives du projetmultidisciplinaire INTERMEDE qui explore l’interaction de 585 pairespatient–médecin au travers de questionnaires en miroir à la sortie de laconsultation. Les concordances médecin-patient sont analysées avec lecoefficient kappa, puis par une analyse multivariée multiniveaux.Resultats.– De fortes concordances sont observées pour la mesure du poids, laprise de tension (k = 0,84 � 0,04), l’information sur la présence d’unehypertension artérielle (k = 0,66 � 0,04) et les conseils relatifs à la réductionvoire à l’arrêt de la consommation de tabac et d’alcool (k = 0,66 � 0,04). Enrevanche, patients et médecins sont rarement en accord pour les conseilsdonnés sur la pratique d’une activité physique, la nutrition (k = 0,36 � 0,04)et la perte de poids (k = 0,56 � 0,04) ; en cas de désaccord, les médecinsdéclarent plus souvent avoir donné des conseils à des patients qui disent nepas les avoir entendus (p < 0,05). L’accord entre patients et médecinsdiminue avec le niveau d’éducation, avec un minimum pour les personnesnon diplômées (p < 0,05). Les patients âgés de l’échantillon sontmajoritairement sans diplôme (p < 0,05) et l’ajustement sur l’âge dans lesmodèles efface le lien significatif du niveau d’éducation, bien qu’un gradientsemble persister.Discussion.– Les conseils sur la nutrition semblent être sources de malentendusplus nombreux. Les désaccords médecin–patient sont plus forts pour les patientsâgés et/ou sans diplôme, ce qui pourrait être source d’incompréhensions etcompromettre la qualité des soins.

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Le renoncement aux soins pour raisons financieres dansl’agglomeration parisienne : une analyse des donnees de lacohorte SIRS de 2005 et 2010E. Renahy a, I. Parizot b, A. Quesnel-Vallee c, P. Chauvin d

a St-Michael’s Hospital, CRICH, Toronto, Canadab Equipe de recherche sur les inegalites sociales (ERIS), centre Maurice-

Halbwachs (CNRS-E HESS-ENS), Paris, Francec McGill University, Montreal, Canadad UMRS 707, Inserm-UPMC, equipe de recherche sur les determinants sociaux

de la sante et du recours aux soins, Paris, France

Introduction.– Dans le contexte actuel de crise économique et des mesuressuccessives augmentant la participation financière des patients, le renoncementaux soins pour raisons financières risque d’augmenter.Methodologie.– Nous avons utilisé les données de la cohorte santé, inégalitéset ruptures sociales (SIRS), représentative de la population majeurefrancophone dans l’agglomération parisienne. Plus de 3000 individus ontété interrogés en 2005 et 2010. Des modèles logistiques multiniveaux ont étéestimés.Resultats.– La proportion de renoncement aux soins pour raisons financières estrestée stable en passant de 16,9 % à 15,7 % entre 2005 et 2010. Nous avons misen évidence des inégalités sociales et psychosociales. Ainsi, le renoncementétait plus fréquent chez les femmes, les Francais nés de parents étrangers, lespersonnes n’ayant pas de couverture complémentaire privée, percevant leursituation économique comme mauvaise ou se sentant seules. Alors qu’en2005 les bénéficiaires de la CMUc avaient significativement moins de risques derenoncer aux soins que les personnes couvertes par une mutuelle (OR = 0,63,IC95 % : [0,41–0,97]), la différence n’était plus significative en 2010(OR = 1,26, IC95 % : [0,84–1,91]). Cela traduit une dégradation de la situationdes récipiendaires de la CMUc : si la proportion de renoncement aux soins estrestée stable chez les personnes couvertes par une complémentaire privée

3e Colloque thematique de l’Adelf / Revue d’Epidemiologie et de Sante Publique 61S (2013) S107–S117S116