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SYCODÉS Informations n° 76 - janvier - février 2003 53

MAÎTRISER LES RISQUESMAÎTRISER LES RISQUES

vec 1 500 sinistres par an pour un coût de réparation total d'environ 25millions d'euros, les désordres affectant les fondations superficielles dansles maisons individuelles constituent le poste le plus lourd de la sinistralité

globale enregistrée dans ce secteur. Parallèlement, les désordres enregistrés autitre de la catastrophe naturelle “sécheresse et réhydratation” constituent ledeuxième poste d’indémnisation après les inondations. Réunies à l'Agence Qualité Construction, au sein de la Commission PréventionConstruction (CPC), toutes les professions concernées travaillent sur le sujet depuisplus d'un an. Bilan de leurs travaux.

MMoouuvveemmeenntt ddee ffoonnddaattiioonnsseenn mmaaiissoonn iinnddiivviidduueellllee

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AA

État des lieux etcauses techniques

page 54

De la conception auchantier, les prises

de risques

page 57

Prévenir, améliorer,rationaliser, les pistes

page 59

Entreprise Raffin :un exemple à suivre

page 62

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Maîtriser les risquesMouvement de fondations

en maison individuelle

Maîtriser les risquesMouvement de fondations

en maison individuelle

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État des lieux et causes techniquesChaque année, 1 500 sinistres environ affectent, au titre de la garantiedécennale, les fondations superficielles des maisons individuelles pour uncoût de réparation total avoisinant les 25 millions d’euros. La CPC(Commission Prévention Construction), dont l’ambition est de réduire lasinistralité de 30 % en six ans, a réalisé dans un premier temps une étudeconcernant ce type de désordres. Quels sont les ouvrages les plus touchés ?Quelles sont les principales causes de désordres ? Résultats de l’étude.

Les sinistres fondations représentent 6 % en nom-bre, mais 23 % en coût, de la sinistralité globaleenregistrée en maison individuelle par l’observatoi-re SYCODÉS. Ils constituent le poste le plus lourd.Pour affiner la connaissance de ces sinistres et repé-rer dans le diagnostic et l’analyse des causes leserreurs éventuellement récurrentes, la CommissionPrévention Construction, réunissant toutes les pro-fessions concernées, a réalisé une étude à partir de104 rapports d’expertise. 78 % sont réalisés surdes maisons individuelles en secteur diffus, et 22 %sur des maisons individuelles en secteur groupé.Dans les rapports examinés, trois familles d’ouvra-ges sont distinguées :■ Les ouvrages annexes,■ Les parties attenantes au bâtiment principal,■ Le bâtiment principal.

Ouvrages annexes :Attention aux remblais Tout d’abord, les désordres affectant des ouvragesannexes, à savoir clôture en maçonnerie ou pilierde portail, ne représentent que 4 % des rapportsexaminés. Dans les cas examinés, aucun risque par-ticulier n’a été relevé au niveau du sol en place aumoment de la construction, c’est-à-dire avant ledébut des travaux. En revanche, concernant lesclôtures maçonnées, les ancrages des fondationsavaient été réalisés dans un sol remanié. Il s’agissaitde remblais mis en œuvre en cours de chantier.Quant aux piliers de portail, le dimensionnementdes massifs de fondation étaient insuffisants vis-à-vis de la taille du portail et donc du basculement.

Parties attenantes : un point“sensible” pour chaque ouvrageLes désordres affectant les parties attenantes aubâtiment principal sont plus fréquents. Ils repré-sentent 29 % du total des sinistres fondations enmaison individuelle.Seuls deux rapports examinés dans le cadre de l’é-tude faisaient état d’un désordre lié à la nature dusol, en l’occurrence de sols sensibles à l’eau. Dansles autres cas, il n’a été constaté aucun risque par-ticulier à ce sujet. Les causes techniques invoquéesconcernent donc majoritairement des erreurs dansla conception ou dans l’exécution des ouvrages,chacun avec son point “sensible”.

Pour les garages et les extensions, l’absence dedésolidarisation du bâtiment principal, souvent detype R + 1, est la cause prédominante. Les fonda-tions, d’une facture identique entre les deuxparties, reprennent des charges très inégales, d’oùdes tassements différentiels et donc des risques defissures entre le bâtiment principal et son annexe. Pour les poteaux, terrasses et escaliers extérieurs,les causes les plus fréquentes sont l’ancrage dessemelles dans un sol remanié, la plupart du tempssur remblais mis en œuvre en cours de chantier. Lesconstructeurs ont dans ce cas ancré le bâtimentprincipal dans un bon sol, mais ils ont négligé de lefaire pour les parties attenantes en pensant que lescharges reprises sont négligeables. Enfin, pour les poteaux d’angle ou d’auvent, cen’est pas la nature du sol qui est en cause, mais laprofondeur de l’ancrage. Elle se révèle largementinsuffisante, voire inexistante, puisque quelquesrapports font état d’une absence totale de semel-le de fondation.Même si la cause de ces sinistres se situe au seinde l’ouvrage attenant, les désordres affectent fré-quemment la structure du bâtiment principal. Lecoût de réparation assez faible (8 100 euros)en regard du coût de réparation moyen en fonda-tion (16 900 euros) s’explique par un traitementdes causes relativement ponctuel, associé biensûr au traitement des manifestations, fissuresessentiellement.

Nombre

12 %7 %8 %

2 %

29 %

Coût

7 %3 %4 %

-

14 %

Coût moyenen euros

9 900 euros7 200 euros8 200 euros

3 200 euros

8 100 euros

Ouvrage

■ Garage/extension accolée■ Terrasse extérieure■ Poteau d'angle ou d'au-

vent■ Escalier extérieur

Total

Source : étude CPC à partir de 104 rapports d'expertise de sinistres fonda-tions en maison individuelle.

Les désordres affectant les parties attenantes

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Maîtriser les risquesMouvement de fondations

en maison individuelle

Maîtriser les risquesMouvement de fondations

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Bâtiment principal : le “risque” sol,mais aussi quelques erreurs…Tout d’abord, les chiffres : 67 % des désordres fon-dations en maison individuelle affectent lebâtiment principal. Le coût moyen de réparationd’un sinistre est de 21 500 euros. Ce coût moyenélevé s’explique par la lourdeur des solutions detraitement des causes et de réparation. La solutionla plus fréquente est une reprise en sous-œuvregénérale par micro-pieux du bâtiment. Dans unnombre de cas très marginal, et lorsque l’experts’est assuré que les fissures ne sont pas évolutives,il peut être envisagé de ne traiter que les manifes-tations. La nature du sol est un facteur de risqueimportant. Il est indispensable de pouvoir l’appré-cier, car elle impose des précautions particulières àla conception et à la réalisation. Sur la totalité desdésordres répertoriés lors de l’étude, seulement29 % ne relevaient pas d’une cause liée à la natu-re du sol. L’analyse des rapports d’expertises faitapparaître certaines erreurs de construction récur-rentes, qui peuvent bien sûr s’ajouter au risque“sol”. En fonction de l’information disponible dansles rapports de l’étude, la CPC a catégorisé leserreurs en quatre familles, classées par ordre crois-sant de fréquence.

Tout était bien fait, mais…Dans 18 % des cas, la commission a estimé qu’iln’y avait pas d’erreur flagrante sur l’ouvrage, si cen’est l’absence d’étude de sol par un techniciencompétent. Les désordres résultaient principale-ment d’un problème de portance du sol d’assise,non détectable à l’oeil nu. A priori, seul un essai in

situ aurait pu, dans ces cas particuliers, déterminerles caractéristiques mécaniques du sol. De façonplus anecdotique, les mouvements de fondationsétaient dus à une circulation d’eau souterraine,entraînant un phénomène d’érosion de l’assisedes fondations. Il aurait fallu concevoir un disposi-tif de protection.

Après la pluie, le beau temps…… et les problèmes !Dans cette famille d’erreurs, à l’origine de 20 %du total des désordres enregistrés dans le cadre del’étude sur le bâtiment principal, il s’agit d’erreursdans l’adaptation du bâtiment et/ou de l’aména-gement des abords vis-à-vis de l’eau. Plusprécisément, il s’agit d’erreurs de conception vis-à-vis du risque de retrait et gonflement des argiles.Les fondations semblent normales, mais un sol enargile est très sensible à ces aléas. L’existence de cerisque devrait être reconnu régionalement (lireplus loin “Maîtriser les risques : les axes, lesactions”). Autre erreur face à l’eau : la mauvaise gestion deseaux pluviales. Les abords du bâtiment favorisentdes accumulations d’eau au voisinage de l’assisedes semelles et si le sol présente une sensibilité àl’eau, perte de portance ou de retrait suivi de gon-flement, les désordres apparaissent.

Gare à la pente !Assez fréquente, l’erreur générale d’adaptationdes fondations à la pente du terrain génère 30 %des désordres. Dans cette famille, 3 fois sur 4, lessemelles sont profondes côté amont et affleurent

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côté aval, d’où tassement différentiel. Pire, et fré-quente toutefois, l’assise des fondations estréalisée sur une plateforme constituée de déblais-remblais ! Toujours dans cette famille, et donc unefois sur quatre, nous constatons une mauvaiseadaptation des fondations des maisons avec unsous-sol partiel sur terrain plat. La partie cave estfondée profondément. Elle crée un point dur parrapport au reste du bâtiment où l’assise est plussuperficielle. Le risque de tassement différentielest très grand dans le cas d’un sol sensible à l’eau.En effet, ses caractéristiques mécaniques s’amélio-rent avec la profondeur.

Au “hit” des “flops” :La semelleUn désordre sur trois vient de là : une erreur à laréalisation des semelles de fondation, ou plus jus-tement, trois erreurs détectées à ce niveau. Il peuts’agir d’une profondeur d’assise des fondationsanormalement faible, anomalie générale ou trèslocalisée, ou bien encore d’une erreur au béton-nage des fondations, par exemple absence deprotection ou de curage du fond de fouille,dimensionnement de la semelle insuffisant, semel-le inexistante ou défaut de continuité duchaînage. Enfin, et c’est l’erreur la plus fréquente dans cettefamille, le fond de fouille était visuellement hété-rogène, mais aucune précaution spéciale n’a étéprise. Dans les rapports examinés, il s’agissait depoints durs rocheux affleurant le fond de fouille,ou d’un horizon d’ancrage hétérogène, visuelle-ment détectable à l’ouverture des fouilles.

Méthode derésolution de problèmeIl s’agit de conduire des diagnostics détaillés de lasinistralité pour chaque thème retenu, sans pré-supposer les solutions préventives. Pour chaquethématique, un groupe de travail a été monté pourconduire ces diagnostics et soumettre des proposi-tions à la commission plénière. Ces groupes sontconstitués principalement de professionnels impli-qués dans la problématique concernée. À chaqueétape du diagnostic, le groupe se focalise sur lescauses les plus significatives en termes de fréquen-ce ou en termes de coût, de manière à cibler lapolitique de prévention. Pour chaque groupe, unanimateur est garant de l’application d’une métho-de rigoureuse en matière de résolution duproblème. ■

LA CPC (COMMISSION PRÉVENTION CONSTRUCTION)Ses ambitions, son mode de fonctionnementEn 1999, les acteurs de la filière construction ont exprimé leur volontéde réduire fortement la sinistralité. L’objectif annoncé vise uneréduction de 30 % dans les 6 années à venir. Les instances del’Agence Qualité Construction ont donc constitué un groupe de pilo-tage pour mener à bien ce projet : il s’agit de la Commission PréventionConstruction. Le but, détecter les causes récurrentes des désordres pargrande famille choisie parmi les plus sinistrantes, lancer un programmede prévention des principaux sinistres. Des enquêtes et des estimationsponctuelles aident la commission à analyser les causes de la sinistralitéplus finement. L’étude sur le mouvement des fondations en est uneillustration.

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Maîtriser les risquesMouvement de fondations

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Les professionnels estiment que cetype de sinistres est relativementstable en termes de fréquence etde coût. C’est d’ailleurs pour lesexperts un sinistre peu fréquent engénéral, mais qui augmente oudiminue au grès des conditionsclimatiques. En effet, les arrêtés decatastrophes naturelles ont influéfortement sur la fréquence de dé-claration de ces désordres.

En amont de la vente, le sol…De l’avis de chaque intervenant, la méconnaissan-ce du sol constitue indéniablement la principalefaille dans les pathologies liées aux mouvementsde fondations. Cette méconnaissance est la résul-tante de l’absence plus ou moins délibérée d’étudede sol préalable. Cette méconnaissance se traduitde façon concomitante par :■ Une inadéquation du principe constructif au sol.

Un contrôleur technique souligne que “dans uncas sur trois au moins des sinistres constatés, lessemelles filantes n’étaient pas la bonne solu-tion” ;

■ Une insuffisance de profondeur et/ou de largeur.“Faire des semelles à 0,8 m alors qu’il faudrait1,5 m pour trouver le bon sol” souligne unexpert ;

■ Une hétérogénéité de portance ;■ La présence de facteurs aggravants, tels la pré-

sence d’arbre avant la construction, la nonintégration des données liées au réseau d’éva-cuation des eaux ou aux ouvrages attenants ;

■ Et enfin des causes encore moins maîtrisables. Certains sinistres apparaissent quand bien mêmeles professionnels n’ont pas commis d’erreurs fla-grantes. Un expert explique que “si l’on a unetourbe deux à trois mètres en dessous du bon sol, ilpeut y avoir un problème alors même que le pro-fessionnel a pris toutes les précautions”. Un autreexpert cite “des cas fréquents de maîtres d’ouvragequi plantent un arbre à côté de la maison, entraî-nant une dessiccation du sol”. Cette absenced’étude de sol est plus fréquente dans le cadre des

maisons individuelles en secteurdiffus. L’intervention d’une per-sonne indépendante, avec unesolide formation géologique, estplus fréquente sur les marchés ensecteur groupé, où la législationfavorise son implication. En effet,en secteur groupé, le contrat depromotion s’applique à l’ensem-ble des lots. Une étude de sols’amortit plus facilement.

… les contraintes de la loi 90…La reconnaissance des sols est par ailleurs souventcontrariée par les contraintes de la loi de 90, loiignorée dans la plupart des cas par le “client”. Côtéconstructeurs, cette loi n’est guère appréciée. En ef-fet, ils estiment ne pas pouvoir intégrer dans leur devisl’étude de sol préalable sous peine d’être écartés du

De la conception au chantier, les prises de risquesAprès avoir recensé les principales causes techniques de désordres dans lesfondations de maisons individuelles, la commission s’est attachée à déter-miner la nature des risques pris aux différentes phases de l’acte deconstruire. Quelles sont les prises de risques en amont de la vente ? Quelles sont cellesprises au cœur du chantier ? Et surtout pourquoi ? Résultats d’une étuderéalisée à partir de 37 interviews*.

* Les 37 interviews ont été réalisés en face à face auprès de professionnels (Experts spécialisés ou en responsabilité civile, maîtres d’ouvrage promoteur ou par-ticulier, maîtres d’œuvre, collectivités locales, entreprises de gros-œuvre, entreprises de réparation, contrôleurs techniques, bureaux d’études de sol).

La méconnaissance du sol constitue la principale faille dans la constructiond’une maison individuelle et entraîne des réparations coûteuses.

Doc. Alliance BTP

Doc

.Gill

es C

odin

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marché. D’un autre côté, ils nepeuvent pas surfacturer au clientdes travaux complémentaires en-gendrés par la découverte ultérieured’un terrain calamiteux. Ils doiventassumer tout seul la plus value gé-nérée par ces travaux imprévus.“Une fois le contrat validé, avec leprix fixé, souligne un bureau d’é-tudes de sol, le constructeur demaison individuelle doit assurer la prestation prévueet tout ce qui vient en plus n’est théoriquement pasfacturable. “Certains clients sont malveillants, confirmeun constructeur de maisons individuelles. Ils nous dis-ent clairement, désolé, mon financement est bouclé,maintenant débrouillez-vous, cela fait partie de vosobligations”. Avec le recul, le maître d’ouvrage re-connaît le besoin de la mise en place d’une étude desol préalable, mais il estime que ce n’est pas à lui deprendre en charge l’intégralité des frais d’investiga-tion. Soulignons enfin qu’en cas de litige, le constructeurbénéfice rarement de circonstances atténuantes.Les professionnels revendiquent une révision de lalégislation qui imposerait une étude de sol commepré-requis à l’obtention du permis de construire.Notons cependant que quelques professionnelsadoptent des solutions stratégiques, avec intégra-tion du risque via des économies sur l’opération, oumieux des économies d’échelles.

… et les “sous”La relation entre “vendeur” et “client” est axéeavant tout sur les aspects transactionnels. Un cons-tructeur de maisons individuelles fait d’abordintervenir son service commercial pour décrocher lemarché et évaluer les besoins de son client. Cetimpact commercial supplante largement, aux yeuxde certains, les considérations techniques. Lesconstructeurs en réponse argumentent que la pré-occupation de leur client est basée essentiellementsur des critères esthétiques plus que techniques.Mais certains en revanche, dont l’entreprise Raffin(lire page 62), rectifient que même si les négocia-tions se font d’abord sur le plan commercial, ilsanticipent en amont sur les risques liés au sol etintègrent cette dimension dans leur estimation. Lerespect des désirs du client s’arrête où commen-cent les zones d’incertitudes.

En cours de chantier,Manque de contrôleLes risque pris en cours de chantier sont rappelons-le beaucoup moins importants que les risquesengendrés par une absence d’étude de sol. Néan-moins, quelques sinistres résultent d’une réalisationnon systématique de plans d’exécution pour les fon-dations et la structure en maçonnerie (section de lafondation insuffisante, ferraillage insuffisant ou in-adapté, absence de recouvrement des aciers en finde section et aux angles, mauvais positionnement

des murs en infrastructure…). Lesuivi technique des sous-traitantset le contrôle des ouvrages auxpoints clés se révèlent souvent in-suffisants. La pénurie de maind’œuvre qualifiée favorise l’em-bauche de personnels d’exécutionmoins sensibilisés. “Nous venons detraverser une période de forte ac-tivité, avec un manque notoire de

main d’œuvre qualifiée. Obligatoirement, nous fai-sons travailler des gens moins qualifiés. C’est unrisque”, déclare un constructeur de maisons indivi-duelles. “Dans le Pas-de-Calais, il y a un déficit de4 000 postes tout confondu dans le bâtiment”, sou-ligne un expert. “Cela touche aussi le personneld’encadrement”. Autre facteur sinistrant, attesté partous les professionnels, la pression des délais de li-vraison. Il est clair que cela amoindrit la qualité del’exécution. “Tout est fait pour qu’il n’y ait pas depoints d’arrêt de la fondation. L’échéance de paie-ment se fait au coulage des fondations”, note unexpert. ■

Vendre la qualité, et l’étude de sol qui va avec, s’avère pourles constructeurs qui se l’imposent, une opération payante.

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Maîtriser les risquesMouvement de fondations

en maison individuelle

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Comme nous l’avons vu précédemment, les cau-ses des désordres dans les fondations de maisonsindividuelles sont multiples et concernent bonnombre d’acteurs.

1 Sensibiliser les acteurs au risqueDes actions spécifiques au risque sécheresse sur solargileux se mettent en place. Une cartographie deszones à risques a été financée par les pouvoirspublics dans certains départements les plus tou-chés. Cette cartographie, destinée à servir dedépart à la mise en œuvre de plan de préventiondes risques naturels, a vocation à être diffusée leplus largement possible. Il est envisagé de menerune action de communication importante, dans

chaque département disposant d’une cartographieofficielle. Un outil pédagogique type CD-Rom +plaquette d’information va être élaboré. Il com-prendra la carte départementale des zonessensibles et un rappel technique des dispositionsconstructives à mettre en œuvre. Un test va être pratiqué sur deux départements.Les relais locaux ou nationaux (Ministère de l’éco-logie et du développement durable, la Directiongénérale urbanisme, habitat et construction ainsique les organisations professionnelles départe-mentales concernées) vont être mobilisés pourorganiser cette opération test. La démarche seragénéralisée aux autres départements, au fur et àmesure de la disponibilité des cartographies.

Prévenir, améliorer, rationaliser, les pistesAprès avoir identifié toutes les causes, techniques, économiques, conjonctu-relles, comportementales… le groupe de travail a proposé une batteried’actions à mettre en œuvre par catégorie d’acteurs. Celles-ci s’organisentautour de quatre objectifs : améliorer la connaissance des acteurs, agir sur lachaîne de production, faire évoluer les techniques et règles associées etconcilier la loi de 90 avec la connaissance des sols. Pistes et actions à mettre en œuvre : le point.

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2 Vulgariser lesrègles techniques

Les DTU, de l’avis de tous lesprofessionnels, sont peu com-préhensibles pour les exé-cutants. Ils sont jugés trop théo-riques, trop généralistes. “Cesont des documents ardus, dif-ficilement abordables. Ils man-quent de schémas, de chosessimples”, déplore un contrô-leur technique. De plus, dansle cas particulier des fonda-tions, les constructeurs, lescontrôleurs techniques et lesexperts interrogés regrettent l’absence de préconi-sation au niveau de l’adaptation des fondations ausol. Les indications sont surtout basées sur le niveaude profondeur hors gel et les largeurs minimales enfonctions des murs, mais encore une fois, ces indi-cations ne concernent que les bons sols. Enfin, les professionnels interrogés estiment queles DTU sont insuffisamment diffusés. “Je neconnais pas un entrepreneur qui dispose d’unDTU. Je ne connais pas une école, un collège tech-nique dans lequel on enseigne le DTU. C’est trèsconfidentiel”, affirme un contrôleur technique. Cecontexte favorise une réalisation de l’ouvrage parhabitude et incite peu les exécutants à se référer àces documents théoriques. (sait–on, sur ce point,qui fait quoi et quand ?). L’action consiste donc a bâtir un outil pédagogiqueprésentant les principaux risques liés à la nature dusol, à la bonne adaptation des structures à un soldonné, et l’importance de la rigidification dessuperstructures pour limiter les déplacements dif-férentiels. Ce outil n’a pas vocation a se substitueraux règles de l’art. Il s’appuiera sur les enseigne-ments de la pathologie et sera conçu pour unpublic professionnel.

3 Améliorer les dispositifs de forma-tions

Les systèmes de formation sont complexes etmultiples. Néanmoins, il peut être envisagé des’appuyer sur le document pédagogique cité ci-dessus dans le cadre de la formation continue desprofessionnels de la maison individuelle et dans lecadre de la formation initiale par l’enseignement.Cet outil pédagogique serait également diffuséaprès formation.

4 Sensibiliser le grand publicNous l’avons vu, dans la maison individuelle ensecteur diffus, le maître d’ouvrage ignore les pro-blèmes de sols et est peu enclin à payer une étude.Il est envisagé de lui donner des informations l’a-lertant sur l’importance de la qualité du sol lors del’achat d’un terrain, et sur les prestations enmatière de fondations.

5 Agir sur la chaînede production

Plusieurs actions sont propo-sées qui rejoignent celles déjàformulées. S’y ajoute un ren-forcement de l’autocontrôle ausein de l’entreprise pour mieuxmaîtriser les risques, définit entrois points : responsabiliser ladirection de l’entreprise et lesconducteurs de travaux, défi-nir une méthode de travailintégrant les contrôles d’exé-cution par les sous-traitants etenfin formaliser la réception

contradictoire du fond de fouille.

6 Faire évoluer les règlesPrécisément, le but est de rendre plus sévères lesdispositions constructives minimales en l’absenced’une étude de sol détaillée. Pour cela, il faut pro-céder à une refonte des différents DTU en faisantévoluer l’approche du risque. L’idée est d’élaborerun DTU unique “maison individuelle”, en abordantl’ouvrage de manière globale (semelle, soubasse-ment, superstructure, chaînage...), en prévoyantl’absence d’étude de sol et en intégrant les risquesliés à l’aléa retrait gonflement des sols argileux.

7 Concilier loi de 90 et connaissancede sol

La proposition d’action est la suivante : faire réaliserpar tout vendeur de terrain un diagnostic simplifiédu sol. C’est un projet à long terme, car cette pro-position a déjà été avancée de nombreuses fois,mais toujours écartée. Il s’agit là de relancer laréflexion. ■

À SUIVRE…Ces actions vont semettre en œuvreprogressivement.Vous serez les pre-miers informés del’avancement deces travaux.

À terme, chacune des communes des 52 départements présentantle plus de risques aux aléas sécheresse/déshydratation,

disposera d’une carte précisant les zones à risque.

Doc. Gilles Bonotaux

Doc

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❏ Ci-joint mon règlement par chèque bancaire ou postal, d’un montant de.......... F à l’ordre de Agence Qualité Construction.

❏ Je règle à réception de facture.

à retourner à l’Agence Qualité Construction9, boulevard Malesherbes - 75008 Paris

Ou par fax au 01 47 42 81 71

Secteur d’activitéMaîtrise d’ouvrage❏ A1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . publique❏ A2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . privéeMaîtrise d’oeuvre❏ B1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . Architecte❏ B2 . . . . . . . . . . . . . . . . . Économiste❏ B3 . . . . . . . . . Ingénieur conseil, Bet❏ B4 . . . . . . . . . . . . . . Autre : préciserEntreprise❏ C1 . . . . . . . . Entreprise du bâtiment❏ C2 . . . Constructeur de maison indiv.❏ D . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Artisan❏ E . . . . . . . . . . . . Industriel, fabricant❏ F . . . . . . . . . . . Négoce, distribution❏ G . . . . . . . . . . . . Contrôle technique❏ H . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Expertise❏ I . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Assurance❏ J . . . . . . . . . . . . . . . . Administration❏ K . . . . . . . . . . . . . Collectivité locale❏ L . . . . . . . . . . . . . . . . Enseignement❏ M . . . . . . . . . . . Autre professionnel❏ N . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Presse❏ O . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Particulier

Taille de l’entreprise❏ 1 à 5 ❏ 6 à 20 ❏ + 20

Signature obligatoire

LES MAÇONNERIES ENTERRÉESpar Franck Gauthier, journaliste technique

NOUVEAU

Conformément à la loi informatique et libertés du 6 janvier 1978, vous disposez d’un droit d’accès et de recti-fication à votre identification dans nos fichiers. Sauf opposition de votre part, vos coordonnées peuvent être

communiquées à d’autres organismes. Écrivez-nous.

Ce fascicule s’adresse aux architectes,CMI, maîtres d’œuvre, entreprises géné-rales...

Éviter les désordres liés aux pénétrations d’eau ensous-sol et les remontées capillaires.

Il rappelle les principes fondamentaux de traitementcontre l’humidité et donne des exemples concrets dedésordres et de solutions techniques.

Ce fascicule permet de réaliser desmaçonneries enterrées selon lesrègles de l’art en évitant toutrisque ultérieur d’infiltration ensous-sol.

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Maîtriser les risquesMouvement de fondations

en maison individuelle

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SYCODÉS Informations n° 76 - janvier - février 200362

“La loi de 1990 encadre le métier et impose à toutconstructeur de maison individuelle d’être encontrat de construction de maison individuelle dèslors qu’il propose un plan, réalise l’intégralité destravaux et s’engage sur un prix ferme et définitif.Elle impose également au constructeur de maisonsindividuelles d’avoir un “garant financier”* etd’être couvert par une assurance dommage ouvra-ge qui doit être comprise dans le prix de la maisonqu’il va construire. Il devient de ce fait l’interlocu-teur du client et responsable des éventuels surcoûtsqu’il n’aurait pas estimés au départ, y compris ceuximputables à l’adaptation de la maison au sol et ausous-sol. Par ailleurs, le constructeur ne doit être nien maîtrise d’œuvre ni en entreprise générale. Voilàpour le cadre juridique de la construction de la mai-son individuelle”, annonce en préambule GérardRaffin, constructeur à Poitiers. “Malheureusement,poursuit-il, ce n’est pas la réalité et de nombreuxconstructeurs de maisons individuelles passent enmaîtrise d’œuvre ou en entreprise générale et de cefait échappent aux dispositions de la loi et notam-ment ne proposent pas de dommage ouvrage et nes’engagent pas non plus sur les résultats d’une ana-lyse du sol”.Pour Gérard Raffin, les études de sols ne sont pasréalisées en maison individuelle pour des raisonsfinancières, mais aussi pour des contraintes detemps.

Les raisons financières Les constructeurs en maisons individuelles ont àl’origine, pour une bonne part, une culture com-merciale. Ils ne sont pas nécessairement issus dusecteur de la construction. Leur premier objectifest de vendre. Or, la construction de maison indivi-duelle est un secteur extrêmement concurrentiel etla seule prise en compte du risque terrain se situedans une fourchette de 3 000 à 4 500 euros. Onentend par prise en compte du risque terrain le sur-coût moyen d’une adaptation au sol. Il est bien sûrvariable selon les régions et les projets. Au final, on peut dès lors se retrouver avec des dif-férentiels d’offres qui là encore se trouvent dansune fourchette de 9 000 à 12 000 euros (absenced’assurance dommage ouvrage, absence degaranties financières, non prise en compte desrisques sol, prix non forfaitaires…). On comprend alors la difficulté de vendre un dif-férentiel pareil !

Les délais N’importe quel propriétaire vend aujourd’hui sonterrain comme terrain à bâtir quelle que soit laqualité du sol. Or, 98 % des contrats de maisonindividuelle se font sur des terrains où le futuraccédant est seulement titulaire d’une promessed’achat. Cela veut dire que les constructeurs demaisons individuelles font un prix sur un terraindont le client n’est pas encore propriétaire. À cemoment là, il peut se passer beaucoup de choses,le client peut ne pas obtenir son prêt ou son per-mis de construire, peut également avoir unproblème d’un autre ordre et le contrat peut ainsisauter. Malgré ce risque, le constructeur devraitengager des études préliminaires coûteuses, avantmême d’avoir bloquer le prix. “Ce n’est pas rai-sonnable” conclut Gérard Raffin.

Entreprise Raffin : Un exemple à suivreIntégrer systématiquement une étude de sol avant toute construction, lavendre auprès des jeunes clients, au budget serré et les revoir satisfaits dixans après : tel est le défi quotidien de Gérard Raffin, constructeur à Poitiers.

GÉRARD RAFFIN, CONSTRUCTEUR À POITIERSDe l’Éducation Nationale à la maison individuelle, il n’y a qu’un pas…,franchi allègrement par Gérard Raffin. Il commence sa carrière profes-sionnelle comme éducateur au sein de l’Éducation Nationale. Trèsbricoleur, il décide dix ans après de s’installer à son compte et commen-ce par faire de la rénovation et de l’aménagement. Vite débordé par lademande, il engage progressivement des salariés et démarre réellementla construction de maisons individuelles en 1995. Il est aujourd’hui à 47ans le patron d’une entreprise d’une trentaine de salariés, dont cinqcommerciaux qu’il anime lui-même, et réalise environ 80 maisons par andans un rayon de 20 km autour de Poitiers.

Selon Gérard Raffin, tous les professionnels sérieux qu’ils soient promoteurs, constructeurs ou encore ingénieurs, sont d’accord sur un point “la seule

chose à prendre en compte dans la construction d’un bâtiment, c’estla nature et la résistance du terrain sur lequel on va l’asseoir”.

* Ce sont les organismes qui couvrent les constructeurs sur le plan financier c’est-à-dire qu’en cas de dépôt de bilan d’un constructeur ils prennent le relais etassurent au client final la bonne fin des travaux.

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La méthode RaffinRien ne vaut pour illustrer une méthode une visitesur le terrain, à quelques encablures de Poitiers, fiefde l’entreprise. C’est un terrain calcaire fissuréprésentant peu de veines d’argile. En regardantquelques fouilles on voit a priori un bon terrain,mais l’histoire des techniques d’extraction de lapierre peut selon les régions être indispensable à unconstructeur de maisons individuelles. Ici par exem-ple, les autochtones creusaient un puits puis desgaleries souterraines pour extraire la pierre. C’estexactement ce qu’on observe sur ce terrain. L’étudede sols réalisée a révélé 4 parcelles sur 15 présen-tant des cavités. On comprend aisément qu’enconstruisant sur ce terrain sans étude de sol et doncsans adapter la technique nécessaire, on s’exposeraà des difficultés à venir.En fait, Gérard Raffin applique à la lettre lesréférentiels de la certification NF. Son bonrespect permet d’éviter les aléas, les décalages et lesnon conformités. Obtenir la certification NF et seconformer au référentiel de la marque signifie pourlui, mais aussi pour ses clients, que l’entreprise est àun bon niveau de prestations et qu’elle fait bien sontravail. C’est aussi une satisfaction pour l’ensemblede ses salariés et une valorisation indéniable de leurmétier. Toutes les procédures formelles sont écrites avecrigueur, pour la mise en place d’un autocontrôlequi permet d’éviter les non conformités par rap-port au référentiel de la marque, par rapport aucontrat au client et à la loi. Plusieurs personnesdans l’entreprise visent le contrat et chaque ano-malie ou incohérence est vite détectée, donc viteréparée et en définitif coûte moins cher. GérardRaffin est formel : “cela diminue également lestress dans l’entreprise. La certification NF imposeune organisation de chantier très en amont et évi-te donc à l’entreprise de se noyer dans l’urgence.”La marque demande à chaque constructeur depouvoir justifier de sa reconnaissance du sol, de cequ’il a mis en œuvre pour les fondations à savoir lerapport d’étude de sol et de l’étude d’armaturequi détermine aussi les quantités de béton enfonction des charges à reprendre. Les études desol systématiques permettent à l’entreprise dedéterminer les contraintes du terrain et de dimen-sionner les armatures et les positionnements.

Les techniques utilisées Nous sommes dans une région où la nature du solest hétéroclite, parfois sur le même terrain. Il estdonc très important pour construire en toute fia-bilité de bien connaître le sol. Gérard Raffin faitsystématiquement appel à un géo-technicien pourfaire l’étude de sol. C’est un prestataire qui enga-ge sa responsabilité décennale. On peut définirtrois techniques principales de fondations en mai-son individuelle :■ Techniques semelles filantes : Sur un terrain

dont la nature est assez bonne, c’est générale-

ment la technique de la semelle filante qui estutilisée. La fouille est creusée jusqu’à 1 m ou1,50 m. Le gros béton est ensuite coulé dans lefond de fouille. C’est un béton dit de remplissa-ge, faiblement dosé et dont la résistance va êtresupérieure à la nature du sol extrait. Le bétonest coulé jusqu’à -0,80 m et la semelle est filéesur ce béton. Sur des terrains argileux, on peutprivilégier la semelle profonde, le fond de fouillesera alors plus profond.

■ Puits et longrines : Cette technique du puitset longrine est utilisée sur des terrains qui ontdes profondeurs d’assises très différentes etnotamment ceux qui présentent des cavitésimportantes. Des trous sont creusés tous les4 m et notamment aux endroits d’emprise dessemelles. La profondeur des puits est détermi-née par celle du sol. Les longrines sont les“semelles” horizontales posées sur les puits.

■ Technique du sol reconstitué : Sur des terrainsde faibles portances on recommande générale-

La technique de la semelle filante est parfaitementadaptée sur un terrain dont la nature est bonne.

En revanche, sur les terrains qui ont des profondeurs d’assisestrès différentes ou sur ceux qui présentent des cavités importantes

ou sont de nature hétérogènes, il convient d’utiliserla technique du puits et longrines.

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ment la technique du sol reconstitué. La profon-deur de la fouille est déterminée en fonction descharges à reprendre. Le terrain est creusé à uneprofondeur de 2,50 m et sur une surface de 2 mau-delà du périmètre de la maison. Si le terrainfriable, un feutre géotextile est posé au fond dela fouille destiné à éviter la contamination dusous-sol avec le remblais. Des couches successi-ves de remblais de bonne qualité sont posées etcompactées par couches de 20 cm sur ce feutregéotextile afin de reconstituer un sol de bonnequalité. Le résultat ressemble à un énorme sommier quiva travailler dans son ensemble. Les semellessont alors creusées dans ce sol reconstitué. Lagranulométrie du remblais doit être étudiée etnotamment présentée des éléments suffisam-ment fins pour permettre le compactage etl’agglomération.

L’importrance des armaturesQuelle que soit la technique utilisée, deux règlessont en vigueur dans l’entreprise Raffin. L’étuded’armatures définit un type de produits à utiliser.Le colis d’armatures correspondant est livré, éti-queté et référencé sur chaque chantier. L’étudedéfinit également le volume et la nature de bétonà utiliser pour reprendre les charges. Ces donnéessont ensuite croisées avec les bons de livraison dubéton sur les chantiers afin de vérifier que lesbesoins définis pour les semelles ont été respectés. La règle en la matière reste de rechercher l’assisela plus fiable et la plus homogène possible. “Il n’ya pas de mauvais sol, il n’y a que des mauvaisesadaptations au sol” déclare Gérard Raffin.

Vendre la qualitéGérard Raffin anime une équipe de cinq commer-ciaux. C’est une grosse part de son activité. Lesecteur est très concurrentiel et il lui a fallu expli-quer longuement le choix de la qualité et desargumentaires pour la défendre. Le budget desétudes de sol et de ses conséquences s’est élevé à137 000 euros en année 1 ! Gérard Raffin a décidéde “mutualiser” ce risque dès l’année 2. Son prixde vente a donc considérablement augmenté et ila du apprendre à le vendre mais aussi à vendre despreuves. L’entreprise fournit à chaque futur accé-dant un dossier très complet comprenant outre lecontrat de maison individuelle, un certificat de titu-laire au droit d’usage de la marque NF et ledescriptif technique de la maison individuelle. Gérard Raffin a sa botte secrète et son arme impa-rable : l’attestation que lui fournit son assureur etsur laquelle figure son taux de sinistralité extrême-ment faible pour la profession. Cette attestationest intégrée au dossier du client et les vendeursargumentent très volontiers sur ce sujet. Pour imposer et gagner sur le thème de la qualité,l’entreprise organise chaque année une soirée oùd’anciens clients et de futurs accédants se rencon-

trent. Cette soirée est également reprise commeargument commercial et argument de confiance.“Quelle entreprise de construction de maison indi-viduelle peut toujours des années après la livraisonregarder ses clients droit dans les yeux ?”.

Ses Résultats Son taux de sinistralité est de 3,92 % sur 10 ans(dans ce chiffre sont compris les sinistres liés à saflotte de véhicules). Ses primes n’ont pas augmen-tées. Gérard Raffin affirme payer environ deux foismoins que ses concurrents. Sa part de marché, surson secteur géographique est de 7,5 %. Il est lea-der sur ce secteur et cela lui permet “d’imposer larègle de la qualité au marché”. ■

Reportage réalisé par Florence Valléeet Gilles Codina

Réalisation récente d’une maison individuelle parfaitementadaptée aux budgets des jeunes primo-accédants.

Vendre la qualité est une opération payante. Elle passe par la vented’une étude de sol que Gérard Raffin a décidé de mutualiser.

Bilan après 10 ans : ils regardent toujours ses clients droit dans les yeux.

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✓✓À suivre dans notreprochain numéro :Les petits sinistres