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Musées, systèmes et ordinateurs Avant de traiter des musées et des ordinateurs, il faut considérer le musée en tant que système. Ce serait une tâche assez simple s'il n'existait qu'un seul type de musée ou s'il était possible de décrire tout type de musée comme un système unique. Au contraire, chaque musée est un ensemble complexe de systèmes qui, dans le meil- leur des cas, fonctionnent harmonieusement, mais qui, le plus souvent, se concur- rencent et sont en conflit l'un avec l'autre, ou du moins déphasés l'un par rapport à l'autre. On a essayé d'ouvrir un débat sur ce sujet dans un article intitulé "A viewpoint : the museum as a communications system and implications for museum education "1. J'ajouterai ici qu'il faut également voir dans le musée un système de circulation, pour les visiteurs qui y pénètrent, le parcourent et repartent, pour le personnel qui y vient, y travaille et s'en va, pour les collections qui y entrent, y restent, mais qu'on déplace, pour les objets qu'on prête à l'extérieur, qu'on resoit en prêt, qui reviennent ou sont renvoyés, pour la livraison des fournitures et l'évacuation des détritus, pour l'infor- mation qui circule à travers dif€érents systèmes secondaires sur lesquels s'appuie tout ce qui précède. I1 existe au sein du musée des systèmes internes de stockage et de dépistage de l'information et des objets. Nous pourrions continuer ainsi, mais cette énumération suffit amplement. Ce qu'il importe de noter, c'est que nous envisageons rarement de systématiser les activités et fonctions du musée. Certains trouvent cette idée choquante; s'ils acceptent l'idée d'un système de sécurité ou d'un système qui permet de régler la température et l'humidité, de doser la lumière actinique et de purifier l'air, ils refusent d'admettre que, lorsqu'ils exercent leur bon goût pour organiser une exposition, ils tirent parti habilement de divers systèmes intellectuels mis à leur disposition. Ne parlons-nous pas cependant de systèmes de valeurs et ne dépendons-nous pas de systèmes de classification, même dans les disciplines les moins scientifiques. Le problème semble être le suivant : pour certains, le mot "système" évoque la froide analyse d'un processus considéré comme quelque chose de rigide, prédéter- miné, limité, commandé de l'extérieur (sinon imposé) et qui ne laisse aucune place à l'imagination créatrice. (Le joueur d'échecs, qui obéit à un système relativement simple - en termes actuels - ne se voit guère refuser la possibilité de faire preuve d'esprit créateur. L'imagination créatrice consiste peut-être à découvrir de nouveaux liens dans, entre ou parmi des systèmes.) Cette crainte d'aborder les activités humaines du point de vue des systèmes n'est pas particulière aux musées ; mais, dans le monde des musées, elle a été l'un des prin- cipaux obstacles aux recherches de sciences sociales appliquées dans le domaine de la muséologie et, chose plus grave encore, à l'introduction de la technologie des ordi- nateurs. Je me souviens d'un archéologue de mes amis qui se trouva, à la fin d'une campagne de fouilles, devant 3 600 fragments analysables de bords de récipients. L'analyse devait reposer sur six variables. L'archéologue soutint avec raison qu'il devait manier chaque spécimen, le palper, le soupeser et l'examiner très minutieusement. Mais il rejeta tous les plans qui, selon lui, l'empêcheraient de ccsentir'y son matériel. Les données concernant chaque spécimen ne furent pas codées en vue de leur traitement et de leur analyse électroniques. Au lieu de cela, les tessons furent étalés sur des rangées de tables, triés en piles et comptés non pas une fois, mais à maintes reprises tandis que l'archéologue et ses assistants procédaient manuellement, pendant des semaines, à une analyse qu'une simple trieuse de cartes perforées aurait pu mener à bien en quelques minutes. 1968. Chose surprenante, l'archéologue soumit ensuite les données de l'analyse (totali- sées sur une simple machine à additionner manuelle) à une série de tests de significa- - I. (Le musée en tant quesYstemedeco-uni- cations et ses implications du point de vue de l'tducation p" le musCe.) cirrator, vol. no ~, tion statistique. I1 reconnut qu'il ne comprenait pas la théorie sur laquelle reposent II par Duncan F. Cameron

Museums, systems and computers

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Musées, systèmes et ordinateurs

Avant de traiter des musées et des ordinateurs, il faut considérer le musée en tant que système. Ce serait là une tâche assez simple s'il n'existait qu'un seul type de musée ou s'il était possible de décrire tout type de musée comme un système unique. Au contraire, chaque musée est un ensemble complexe de systèmes qui, dans le meil- leur des cas, fonctionnent harmonieusement, mais qui, le plus souvent, se concur- rencent et sont en conflit l'un avec l'autre, ou du moins déphasés l'un par rapport à l'autre.

On a essayé d'ouvrir un débat sur ce sujet dans un article intitulé "A viewpoint : the museum as a communications system and implications for museum education "1. J'ajouterai ici qu'il faut également voir dans le musée un système de circulation, pour les visiteurs qui y pénètrent, le parcourent et repartent, pour le personnel qui y vient, y travaille et s'en va, pour les collections qui y entrent, y restent, mais qu'on déplace, pour les objets qu'on prête à l'extérieur, qu'on resoit en prêt, qui reviennent ou sont renvoyés, pour la livraison des fournitures et l'évacuation des détritus, pour l'infor- mation qui circule à travers dif€érents systèmes secondaires sur lesquels s'appuie tout ce qui précède. I1 existe au sein du musée des systèmes internes de stockage et de dépistage de l'information et des objets. Nous pourrions continuer ainsi, mais cette énumération suffit amplement.

Ce qu'il importe de noter, c'est que nous envisageons rarement de systématiser les activités et fonctions du musée. Certains trouvent cette idée choquante; s'ils acceptent l'idée d'un système de sécurité ou d'un système qui permet de régler la température et l'humidité, de doser la lumière actinique et de purifier l'air, ils refusent d'admettre que, lorsqu'ils exercent leur bon goût pour organiser une exposition, ils tirent parti habilement de divers systèmes intellectuels m i s à leur disposition. Ne parlons-nous pas cependant de systèmes de valeurs et ne dépendons-nous pas de systèmes de classification, même dans les disciplines les moins scientifiques.

Le problème semble être le suivant : pour certains, le mot "système" évoque la froide analyse d'un processus considéré comme quelque chose de rigide, prédéter- miné, limité, commandé de l'extérieur (sinon imposé) et qui ne laisse aucune place à l'imagination créatrice. (Le joueur d'échecs, qui obéit à un système relativement simple - en termes actuels - ne se voit guère refuser la possibilité de faire preuve d'esprit créateur. L'imagination créatrice consiste peut-être à découvrir de nouveaux liens dans, entre ou parmi des systèmes.)

Cette crainte d'aborder les activités humaines du point de vue des systèmes n'est pas particulière aux musées ; mais, dans le monde des musées, elle a été l'un des prin- cipaux obstacles aux recherches de sciences sociales appliquées dans le domaine de la muséologie et, chose plus grave encore, à l'introduction de la technologie des ordi- nateurs.

Je me souviens d'un archéologue de mes amis qui se trouva, à la fin d'une campagne de fouilles, devant 3 600 fragments analysables de bords de récipients. L'analyse devait reposer sur six variables. L'archéologue soutint avec raison qu'il devait manier chaque spécimen, le palper, le soupeser et l'examiner très minutieusement. Mais il rejeta tous les plans qui, selon lui, l'empêcheraient de ccsentir'y son matériel. Les données concernant chaque spécimen ne furent pas codées en vue de leur traitement et de leur analyse électroniques. Au lieu de cela, les tessons furent étalés sur des rangées de tables, triés en piles et comptés non pas une fois, mais à maintes reprises tandis que l'archéologue et ses assistants procédaient manuellement, pendant des semaines, à une analyse qu'une simple trieuse de cartes perforées aurait pu mener à bien en quelques minutes. 1968.

Chose surprenante, l'archéologue soumit ensuite les données de l'analyse (totali- sées sur une simple machine à additionner manuelle) à une série de tests de significa-

- I. (Le musée en tant quesYstemedeco-uni-

cations et ses implications du point de vue de l'tducation p" le musCe.) cirrator, vol. no ~,

tion statistique. I1 reconnut qu'il ne comprenait pas la théorie sur laquelle reposent II

par Duncan F. Cameron

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ces tests, mais il savait les appliquer. Mon ami se sentait à l'aise avec sa vieille magie, mais il se méfiait des nouvelles machines.

Les anecdotes de ce genre sont innombrables, mais elles semblent toutes souligner le même point. Nous sommes menacés par l'idée de l'analyse des systèmes, et bien plus par la technologie correspondante qui nous dépossédera de nos tâches fût-ce les plus fastidieuses et les plus inutiles, précisément parce que nous avons le sentiment d'être dépossédés. Nous craignons de perdre les commandes.

Ce sont là des considérations générales, qui ont bien souvent été formulées ailleurs en termes plus clairs. Pourquoi les répéter ici? J'estime qu'il faut les présenter à nouveau au personnel des musées, parce que, dans le passé, nous y avons prêté une oreille distraite. L'ordinateur a depuis longtemps sa place dans le commerce et l'in- dustrie. Les systèmes d'enseignement ont accepté la technologie nouvelle. Les insti- tutions sœurs - les bibliothèques et les archives - sont en train d'adopter rapide- ment la technologie des ordinateurs (bien que des mouvements de résistance classiques soient encore actifs) ; mais, dans le monde des musées, l'ordinateur reste un sujet d'échanges de vues et de débats, et les applications envisagées ne sont le plus souvent que les plus évidentes et celles qui témoignent de l'imagination la plus pauvre.

Les articles qu'on trouvera dans la suite de ce numéro reflèteront sûrement un autre état d'esprit ; ils présenteront le nouveau musée, lequel exploite la technologie des ordinateurs d'une manière qui en multiplie les possibilités à un point presque inespéré. Je me propose seulement de montrer que certaines fasons de concevoir les processus du musée dans la perspective des systèmes pourraient aider à comprendre le musée, à en déceler les points forts et les points faibles, et pourraient ensuite indiquer des applications fructueuses des ordinateurs. Enfin, je ferai quelques brèves remarques sur deux annexes à cet article, où des applications particulières sont proposées.

Le poini de vue des systèmes, que je propose ici, n'est pas la méthodologie per- fectionnée du professionnel de l'analyse des systèmes qu'on peut rencontrer dans le commerce et l'industrie, ainsi que dans des domaines comme l'urbanisme. On trou- vera peut-être des ressemblances entre les deux conceptions, mais mes propositions concernent des tâches que nous pouvons exécuter nous-mêmes pour nous éclairer. Le principe est d'examiner le musée sous le plus grand nombre d'angles possible, en essayant de voir tous les divers systèmes qui y fonctionnent.

L'étape suivante consiste à examiner chaque système, qu'il s'agisse du vestiaire ou de l'enregistrement des acquisitions, pour voir comment il fonctionne. Par exemple, on regardera chaque système avec l'œil d'un conservateur, d'un visiteur, d'un comptable, d'un membre du conseil d'administration ou d'un employé chargé du nettoyage. Puis on déterminera les liens de dépendance qui existent entre les divers systèmes. On distinguera les systèmes auxiliaires ou subsidiaires des systèmes dominants, liés aux objectifs acceptés du programme du musée. (A ce stade, on peut s'attendre à constater que tel système auxiliaire et mineur commande en fait un système théoriquement dominant. Les heures d'ouverture au public et les systèmes de circulation du public sont-ils fonction : (a) de la commodité du personnel, (b) de la tradition ou (c) du souci d'offrir au public le maximum d'accessibilité et de commodité ?)

Une telle enquête partira probablement des systèmes les plus mécaniques et évi- dents pour passer ensuite aux systèmes plus subtils ; mais elle commencera à esquisser une hiérarchie de systèmes. Les conflits, les manques d'efficacité, les chevauchements et le pur gaspillage d'efforts seront m i s en lumière. C'est seulement après avoir acquis une certaine expérience de ce travail d'analyse qu'on s'intéressera à des questions telles que les systèmes de langages et les codes utilisés. Quand on examinera ces problèmes, il pourra apparaître, par exemple, que le langage (code) muséologique au moyen duquel on interprète les objets exposés est extrêmement Wérent du langage (code) connu du public attendu. On pourra considérer que les relations spatiales établies entre les objets présentés sont fonction de systèmes de classification et d'une esthétique inconnus de ce public.

Chose assez remarquable, si ce travail est exécuté à fond, il apparaîtra que tous les systèmes qui entrent en jeu sont liés directement ou indirectement, mais l'ensemble sera si complexe que son remaniement en vue delui donner une efficacité optimale sem- blera défier les capacités humaines. S'il en est ainsi, quels résultats aura-t-on obtenus ?

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En premier lieu, il sera plus facile d'aimer l'ordinateur après cette leçon d'humilité. Si on lui fournit les renseignements recueillis pour une analyse, comme ci-dessus, un ordinateur moderne est parfaitement capable de réaliser un compromis entre l'ensemble complexe de systèmes, à condition qu'on lui indique correctement les objectifs à atteindre. L'ordinateur a l'avantage de pouvoir recevoir, emmagasiner et en même temps analyser (à des fins pratiques) plus d'informations que vous ou moi ou notre meilleur comité. L'ordinateur peut aussi apprendre (se souvenir) par expérience et prévoir les erreurs avant qu'elles ne se produisent. Placé sous une direction humaine judicieuse, il peut ainsi gérer un ensemble complexe de systèmes en nous déchargeant seulement des tâches ingrates, mais en accomplissant plus de travail que nous ne pourrions en faire nous-mêmes.

Cet exercice particulier me paraît utile, qu'on envisage ou non d'effectuer les nom- breuses opérations au moyen d'un ordinateur. A mon avis, c'est une manière fruc- tueuse d'aborder la question, qui indiquera des applications précises au sein du musée. Employer un ordinateur pour les opérations de catalogage et d'enregistrement, ou pour celles qui se rapportent au mouvement des collections, aux magasins (inventaire), etc., est une application qui va de soi et dont on a déjà beaucoup parlé, étant donné que des programmes comparables d'utilisation d'ordinateurs sont déjà appliqués dans l'industrie, le commerce, les bibliothèques et les archives.

De même, il a été proposé voici déjà longtemps de former un réseau avec les ordi- nateurs des musées et il est possible d'établir un catalogue collectif international des collections des musées. Nous pouvons admettre qu'il sera un jour possible de commander à partir d'un terminal d'ordinateur situé à Paris : (a) l'impression de notices de catalogue, (b) une photographie en couleur, (c) une présentation sur magnétoscope en couleur (video-tape), (d) des enregistrements sonores, s'il y a lieu, de matériel se trouvant dans les collections de tout grand musée du monde. Le même terminal (a) fournira des résumés de publications et (b) sur demande mettra la per- sonne qui cherche un renseignement en communication par vidéophone avec le conservateur ou le spécialiste approprié. I1 reste à voir si les holographes nous permettront d'examiner les objets en trois dimensions (si c'est là ce qui nous inté- resse), mais quant à la possibilité d'une perception tactile des objets elle est purement conjecturale.

Ces propos n'ont rien de visionnaire ni de futuriste. Ils ne veulent pas dire que l'ordinateur peut remplacer la confrontation personnelle avec l'objet, mais ils laissent prévoir, notamment, une énorme économie de temps dans la recherche des confron- tations nécessaires.

On a aussi beaucoup parlé du rôle que l'ordinateur joue dans la relation entre le visiteur et l'objet exposé. Sans entrer dans les détails, je me contenterai de dire que la génération qui grandit actuellement dans les écoles des pays très industrialisés accepte l'ordinateur comme instrument de travail et en connaît l'emploi. La minia- turisation nous donnera bientôt des terminaux qui seront aussi peu encombrants qu'une discrète étiquette de musée, mais qui permettront le dialogue entre le visiteur et l'objet, alors que l'étiquette, électronique ou non, ne fait qu'énoncer une affirma- tion qui ne peut pas être mise en question.

Un mot encore au sujet des applications : l'ordinateur peut être l'outil qui per- mettra au musée de répondre réellement à son public pour la première fois. Lorsque le visiteur de musée et le non-visiteur ont, l'un et l'autre, la possibilité de répondre à un sondage permanent de la population, le musée pourra, comme jamais auparavant donner à son public un rôle créateur dans l'élaboration de ses programmes. Si le musée se considère (ainsi que je l'ai soutenu ailleurs) comme une institution sensible aux besoins immédiats de sa communauté en modèles interprétés et pertinents de la réalité que l'individu utilisera pour éprouver et évaluer ses propres modèles percep- tuels de son univers, alors l'apport continu du public potentiel est indispensable.

On pourrait aborder aussi la question des machines à enseigner, de l'enseignement programmé, de l'ordinateur et de l'objet exposé ou, avec certaines réserves, de l'inté- rêt qu'il y aurait à publier les résultats des recherches muséologiques, tout d'abord en les emmagasinant dans les réseaux d'ordinateurs des musées, puis sous forme imprimée ; mais je dois laisser aux experts qui collaborent au présent numero le soin d'examiner ces rôles de l'ordinateur et bien d'autres encore. J'appellerai cependant l'attention sur les deux annexes. L'annexe I est publiée avec l'autorisation de Janus

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Annexe I’ L’Université de Calgary, située dans l’ouest du Canada, est une jeune université qui n’a pas encore de politique d’ensemble en matière de musées, ni de musée universitaire à l’exception de diverses collections consti- tuées par des départements d’enseignement, dont les unes sont bien organisées et entre- tenues, les autres non. La proposition faite pour l’université de Calgary prévoit la création d’un centre muséologique organisé autour d’un catalogue collectif sur ordina- teur de toutes les collections des départe- ments d’enseignement, où l’ordinateur pourrait fournir des renseignements tirés du catalogue et présenter une photographie de l’objet en question.

Ce centre muséologique est consu non comme un musée universitaire, mais comme un organisme au service des musées auto- nomes des différents départements univer- sitaires.

Annexe 2‘

L’objectif du Musée national de l’homme en matière de collecte n’a été examiné jus- qu’ici qu’en ce qui concerne les collections d’objets qui se trouvent effectivement dans ce musée ou dont il a la garde. Tout aussi importante est la collecte d’informations sur d’autres collections qui intéressent le musée, mais dont il n’assure pas la conservation. Le Musée national de l’homme doit constituer le catalogue général des collections de matériel historique et anthropologique cana- dien qui se trouvent au Canada ou à l’étran- ger. C‘est là une entreprise de longue haleine, mais d’un intérêt capital, et particulièrement urgente. Sans ce catalogue général, le Musée national de l’homme ne peut devenir un centre documentaire faisant autorité sur le plan international.

Ce qui a été décrit si sommairement comme un catalogue général doit bénéficier

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Museum Consultants Ltd. de Toronto, et de l’université de Calgary (Alberta). C‘est un exemple d‘un plan de prototype de musée universitaire qui est actuellement à l’étude et dont les innovations dépendent de la technologie actuelle des ordina- teurs. L’annexe z est un extrait d’un rapport adressé au PvIusée national du Canada, qui montre comment le prototype de Calgary, que la moitié d’un continent sépare des musées nationaux d‘Ottawa, pourrait devenir un maillon d‘un réseau du genre dont il a été question plus haut.

Enfin, qu’il me soit permis de rappeler à nous tous cette formule utilisée dans le jargon des ordinateurs : GIGO, initiales des mots “Garbage in = Garbage out”, c’est-à-dire : “détritus à l’entrée = détritus à la sortie” ! L’ordinateur ne peut faire honneur à notre imagination et à notre esprit créateur que si nous exigeons le meilleur de nous-mêmes en enseignant à ce merveilleux prolongement des capacités humaines à nous servir.

La politique qui consiste à entretenir des collections de musées universitaires dans les départements d’enseignement permet d’évi- ter la création d‘un musée universitaire monolithique et la centralisation des collec- tions, ce qui a eu souvent pour conséquence, dans le passé, d’isoler le musée universitaire et ses collections des cours et des recherches des départements d‘enseignement.

Grâce au catalogue collectif sur ordina- teur, l’étudiant d‘un département pourra aussi se procurer des renseignements sur les pièces conservées dans les musées d’autres départements qui se rapportent à son travail ou à ses sujets d’intérêt. On pourra en outre étendre ce catalogue collectif en y incorporant les collections privées ou celles des musées et galeries d’art de la région. Quand d’autres catalogues sur ordinateur seront établis, on pourra les relier à celui de l’université afin d’accroître ainsi le volume

de la technologie contemporaine et com- prendre un système efficace de stockage et de récupération de l’information ayant pour base un ordinateur et permettant de présen- ter visuellement des objets et d’imprimer des notices descriptives. Dans ce système de stockage et de récupération de l’information doivent figurer des renvois détaillés aux documents d’archives et aux collections d’ceuvres d‘art qui intéressent la préhistoire et l’histoire du Canada, ainsi que des renvois à la documentation publiée. et, ultérieure- ment, aux résumés analytiques - publiés ou inédits - de recherches intéressantes.

I1 est certain que ce genre de catalogue général nécessitera du personnel spécialisé, des travaux de recherches et de développe- ment, de larges crédits budgétaires et sur- tout du temps. Mais le considérer comme une entreprise trop ambitieuse ou trop c o b teuse équivaudrait à estimer que notre patrimoine en fait de préhistoire et d’histoire canadiennes ne mérite pas l’étude et l’inter- prétation approfondies qui lui permettront

des renseignements mis à la disposition de l’université.

Ce plan, qui respecte l’autonomie des départements d’enseignement et de leurs musées tout en assurant le stockage centra- lisé de l’information tant verbale que visuelle, n’est pratique que si l’on fait appel à une technologie de pointe en matière d’ordina- teurs. Un comité de professeurs de l’Univer- sité de Calgary étudie actuellement ce plan et les différentes possibilités de son applica- tion.

I. Résumé des recommandations pour la mise au point d’un prototype de centre muséologique universitaire à 1’UniversitC de Calgary, mai 1969, Janus Museum Consultants Ltd., Toronto.

de devenir un facteur capital de l’évolution de la nation.

La mise sur pied de collections organisées et accessibles ainsi qu’il est expliqué ci-dessus et la création d’un système moderne de stockage et de récupération de l’information auront certainement pour effet de susciter des demandes de services de la part de musées provinciaux et universitaires du Canada et de musées étrangers. En même temps, ces collections et cette banque d’in- formations ou de données ne pourront être créées qu’avec le concours de ces institu- tions. I1 appartiendrait au Musée national de l’homme d‘entretenir des relations de travail efficaces avec tous les départements d‘histoire et d’anthropologie canadiennes des universités de ce pays et de l’étranger.

[Traduit de I’arglais]

2. Extrait d’un rapport adressé au Musée national du Canada: Duncan F. CAMERON, Commetitaire mí- les fonctioiolis e t les objectifs du A f z u i e national de I’bomne, juin 1969, p. 18-19.

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Museums, systems and computers

by Duncan F. Cameron Consideration of the museum and the computer must be preceded by consideration of the museum as a system. That would be simple enough if there were but one kind of museum, or if any kind of museum could be described as just one system. Each museum, on the contrary, is a complexity of systems which optimally function in harmony, but more often than not are found operating competitively and in conflict, or at least out of phase with one another.

Some attempt to open discussion on this subject was made in “A Viewpoint: The Museum as a Communications System and Implications for Museum Educa- tion”.l To that I will add here that the museum must also be seen as a traffic system, for visitors coming, exploring and leaving; for staff coming, working and leaving; for collections coming and staying, but being moved about; for collections going on loan, coming on loan, returning and being returned; for supplies arriving and garbage leaving; for information flowing through a variety of subsidiary systems supporting the afore-mentioned. Within the museum there are internal systems for information storage and retrieval and for the storage and retrieval of objects. And so we could go on, but the point is more than well made.

What is important to note is that we rarely consider activities and functions in the museum to be systematized. The idea, for some, offends, and while they will accept the idea of a security system, or a system for control of temperature, humidity, actinic light and cleansed air, they reject the suggestion that the exercise of their good taste in organizing an exhibition is the expert employment of a variety of intellectual systems at their disposal. Yet do we not speak of value systems and are we not depen- dent on classification systems even in the least scientific disciplines?

The problem seems to be that for some the word “system” implies the cold analysis of a process as something rigid, predetermined, limited, externally regulated (if not imposed) and devoid of any opportunity for creativity. (The chess-player, who is controlled by a relatively simple system in today’s terms, is hardy denied creative opportunity. Creativity is perhaps the discovery of new linkages within, between or among systems.)

This fear of a systems approach to human activities is not peculiar to museums but in the museum world it has been a major obstacle to applied social science research in museology and even more seriously to the introduction of computer technology.

I recall an archaeologist friend who was faced with 3,600 analysable rim sherds at the end of a field season. The analysis was to be based on six variables. He correctly argued that he must handle each specimen, feel it, heft it and examine it in great detail for his purposes. But he rejected all plans which, he said, would deny him a c‘feel’y for the material. The data for each specimen were not coded as input for electronic data processing and analysis. Instead, the sherds were laid out on rows of tables, sorted into piles and counted not once but time after time as he and his staff went manually through the analysis in weeks which a simple punch-card sorter could have completed in minutes.

The intriguing sequel was that the analysis data (toted upon a simple manual adding machine) were then subjected to a series of statistical significance tests by the archaeologist. He admitted that he did not understand the theory underlying these tests, but he knew how to perform them. My friend felt comfortable with his old magic, but he mistrusted the new machines.

The anecdotes are endless, but they all seem to underline the same point. We are threatened by the idea of systems analysis, and much more by the relevant technology which will take even our most boring and wasteful tasks out of our hands, because we feel exactly that-it is taken out of our hands. We fear loss of control.

These are generalities, written more lucidly and so often elsewhere. Why repeat them here? I feel they must be re-presented to an audience of museum workers

I. ~ ~ ~ , . ~ t ~ ~ , vol. XI, N ~ . I, 1968.

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Appendix I' The University of Calgary in western Canada is a young university that, as yet, has no campus-wide museum policy, and no university museum other than varied collec- tions in teaching departments, some of which are well organized and cared for and some of which are not. The Calgary propo- sal calls for a museum centre built around a computerized union catalogue of all collec- tions held by all teaching departments where the computer can provide both catalogue information and display of a still photograph of the object in question.

The museum centre is not seen as a uni- versity museum, but as a centre serving autonomous departmental museums on campus.

The policy of maintaining university museum collections within teaching depart- ments avoids the creation of a monolithic university museum and the centralization of collections which has, in the past, led so often to isolation of the university museum and its collections from teaching pro- grammes and research being carried on in teaching departments.

The computerized union catalogue also makes it feasible for a student in one depart- ment to acquaint himself with materials held in other departmental museums which are relevant to his work or interests. Further, the union catalogue can be expanded to include collections held by private persons or by museums or art galleries in the university's region. When other computerized museum catalogues are created, these can be linked to the university's facility, thus expanding the information available on campus.

This plan, which maintains the autonomy of academic or teaching departments and their museums, while providing centralized storage of information both verbal and visual, is only practical if advanced computer technology is employed. At the present time a committee of faculty at the University of Calgary is studying the plan and carrying out certain feasibility studies.

I. Abstract of Recommendatìom for the DeveZop- ment of a Prototype Utiiverdy ilfzrsetm Cetitre for the Uniuersìty of Cakaty, May 1969, Janus Museum Consultants Ltd., Toronto.

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because in the past we have not been listening. The computer+ bee(1ong established in commerce and industry. The educational systems have accepted the new tech- nology. Our sister institutions, the libraries and archives, are fast incorporating computer technology (although classic resistance movements are still active), but among museums, the computer is still something to be talked about and debated, and for the majority, the applications discussed are only the most obvious and unimaginative.

Doubtless the articles which follow in this issue will reflect a different state of mind, and will present the new museum, exploiting computer technology in ways that multiply its potential beyond most of our dreams. My purpose is to suggest only that certain systems approaches to museum processes may aid in understanding the museum, in identifying its strengths and weaknesses, and then may suggest computer applications of merit. Finally, I will comment briefly on two appendixes to this paper where specific applications are proposed.

The systems approach I propose is not the sophisticated methodology of the professional systems analyst who can be found in business, industry and in such as urban planning. There may be similarities but my suggestions are for things we can do ourselves for our enlightenment. The principle is to examine the museum from as many viewpoints as possible, attempting to see all of the different systems that are in operation.

The next step is to look at each system, whether it be registration of acquisitions or the checking of coats and hats, and see how it functions. View each system as a curator, a visitor, the accountant, a member of the Board or as a member of the cleaning staff, for example. Then relate the systems in terms of dependency, one on the other. Determine which are supportive or supplementary and which are domi- nant and related to accepted goals or objectives of the museum programme. (At this point you may expect to find that some minor support system, if effective, controls a theoretically dominant system. Are public hours and public trafic systems a function of (a) staff convenience, (b) tradition or (c) optimum accessibility and convenience for the public?)

Such an inquiry will probably begin with the more mechanical and obvious systems and move on to the more subtle, but it will begin to shape a hierarchy of systems. Conflicts, inefficiencies, duplications of effort and sheer waste of effort will become apparent. Only after some practice at this analytic exercise will attention be given to such as language systems and the codes being used. When these are exam- ined it may appear, for example, that the curatorial language (code) being used to interpret materials on exhibition is grossly different from the language (code) known to the intended audience. The spatial relationships established in exhibits may be seen as the function of classification systems and an aesthetic unknown to the intended audience.

Remarkably enough, it will become apparent if the exercise is carried out thor- oughly that all of the systems in play are related either directly or indirectly, but the complexity of the whole will be such that redesign for optimum effectiveness will appear to defy human capability. So what has been achieved?

First of all this humbling process will make it easier to love the computer. A modern computer, given the kinds of information gathered for an analysis, as above, can compromise the complex of systems, provided it is properly instructed as to objectives. The computer has the advantage of being able to accept, store and concurrently (for practical purposes) analyse more information than you or me or our best committee. The computer can also learn (remember) by experience and can predict errors before they occur. Given good human direction it can thus manage a complex of systems, taking out of our hands nothing but drudgery, yet contrib- uting more than we ourselves could offer.

This particular exercise I regard as useful even if computerization of the numerous operations is planned or not. I suggest it is a useful road into the subject and will suggest specific applications within the museum. The computerization of museum catalogues and of registration, collections traffic, storage (inventory) and so forth is one obvious application and much has already been said of it while comparable computer programmes are already operating in industry, business, libraries and archives.

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Similarly, the linking of computers among museums has long been proposed and an international union catalogue of museum collections is feasible. We can assume that in time it will be possible t o command from a computer terminal in Paris (a) a print-out of catalogue data, (b) a still photograph in colour, (c) a video- tape presentation in colour, (d) sound recordings if applicable, of materials in any major museum collection in the world. T h e same computer terminal will offer (a) abstracts of relevant published material, and (b) on command will connect its inquirer by video-phone to the appropriate curator or scholar. Whether or not the holograph will permit us to have the objects (if that is what we are interested in) presented in the round, remains to be seen, and opportunity for tactile experience of the object is but conjecture.

Such talk is neither visionary nor futuristic. It does not imply that the computer can replace the experience of the personal confrontation with the source material. It does imply, among other things, a tremendous saving in time in the search for the needed confrontations.

There has also been much said about the computer’s role in the visitor-exhibit relationship. Without elaboration let me say that the generation now in school in the highly industrialized countries is growing up with an acceptance of the computer as a working tool and a knowledge of its use. Miniaturization will shortly give us computer terminals that will be as unobtrusive as a discreet museum label, bu t they will permit dialogue between visitor and exhibit where the label, electronic or not, does nothing but make an unchallengeable statement.

T o offer one further note on applications, the computer can be the tool which will permit the museum to become truly responsive to its audience for the first time. Where the museum visitor, and the non-visitor in the community, bo th have oppor- tunities to respond to a continuing population survey, the museum can, as never before, give its audience a creative role in programming the museum. If the museum sees itself (as I have argued elsewhere that it should) as a responsive agency, meeting its community’s immediate needs for interpreted and relevant models of reality against which the individual can test and evaluate his own perceptual models of his world, then continuous input from the potential audience is essential.

More could be said about teaching machines, programmed learning, the computer and the exhibit, or, with reservation, about the values of museum research being published as input to museum computer networks first, and in print second, bu t I must leave these and many other roles for the computer to the experts writing for this issue. I will, however, draw attention to the two appendixes. The first is published by permission of Janus Museum Consultants Ltd. of Toronto and the University of Calgary, Calgary, Alberta. It is an example of a prototype university museum plan now under study which is dependent in its innovations on available computer technology. T h e second is an exerpt from a report to the National Museum of Canada, and illustrates how a prototype in Calgary, half a continent distant from the National Museum in Ottawa, could become a link in a network of the type discussed above.

Finally, may I remind us all of the computer jargon GIGO which stands for “Garbage in = Garbage out”. The computer can only do justice to our imagination and creativity as we demand excellence of ourselves in teaching this wondrous extension of man’s capabilities to be our servant.

Appendix z1 The objective of the National Museum of Man in collecting has been discussed only in so far as it concerns the collections of objects actually housed in the National Museum of hian, or for which the museum has custodial responsibility. Of equal impor- tance is the collection of information about other collections which are relevant but for which the National Museum of Man has no custodial responsibility. The National Museum of Man must create the union cata- logue for collections of Canadian historic and anthropological materials that are in Canada and abroad. This is a long-term project but one of the most vital importance and pressing urgency. Without the developmept of such a union catalogue, the National Museum of Man cannot become an internationally recognized authoritative source.

What has been described so casually as a union catalogue must take advantage of contemporary technology and comprise an effective information storage and retrievable system relying on computer technology, including a capability for visual display of the materials as ell as descriptive print-out. This information storage and retrieval sys- tem must incorporate elaborate cross-refer- encing to archival material and to collections of fine art that are relevant to Canadian history and pre-history and must also include cross-referencing to published information and, in time, to abstracts of both published and unpublished relevant research.

It is realized that this type of union cata- logue will require specialized staff, research and development, large budget appropria- tions and, above all, time. To regard it as either too grand or too expensive, however, would be to regard our heritage in Canadian history and pre-history as unworthy of the thorough study and interpretation which will enable it to become a vital factor in the evolution of the nation.

The development of organized and acces- sible collections as described above and the creation of a modern information storage and retrieval system will undoubtedly lead to demands for services from provincial and university museums across Canada and elsewhere. At the same time, the collections and the information or data bank can only be created with the co-operation of these same institutions. It would be incumbent upon the National Museum of Man to maintain effective working relationships with all Canadian university departments of history and anthropology throughout the country and abroad.

I. Duncam F. Cameron, “A Commentary on the Functions and Objectives of the National Museum of Man”, June 1969, p. 18-19 (from a report to the National Museum of Canada).

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