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NUMERO 9 | JANVIER’13 | TRIMESTRIEL HIVER Les 4000’s, une association qui a vu le jour à Zinal, début 2012 Du cuir de sonnettes Jean-Blaise Constantin s’adonne à sa passion Pèlerinage Varallo vit arriver 5 vaillantes marcheuses 36 40 11 © photo Gaëtan Salamin

N 9 - Janvier 2013

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Les 4 Saisons d'Anniviers - janvier 2013

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NUMERO 9 | janvier’13 | tRiMEstRiElH I V E R

Les 4000’s, une association qui a vu le jour à Zinal, début 2012

Du cuir de sonnettes Jean-Blaise Constantin s’adonne à sa passion

Pèlerinage Varallo vit arriver 5 vaillantes marcheuses

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Sommaire

3 L’Edito4 Notre histoire.ch7 Une semaine au cœur du pouvoir11 Pèlerinage15 Chut... on dépouille15 Anniviers reçoit Montferrier-sur-Lez16 L’affaire de la fumassière du présbytère19 Etre bourgeois, c’est quoi? 20 Les consortages en Anniviers 22 C’est officiel ! 22 Télécabine de Vercorin

23 anniv’info

27 Vertige aux champs

28 recette de vie 30 Une trés belle histoire de source32 Des nouvelles du dicastère33 Le ski team Anniviers34 Montagne club Anniviers36 Les 4000’s

38 Hélène40 Du cuir de sonnettes42 HC Anniviers44 Les liens invisibles46 Des codes pas si secrets

ConCourS Photo myStèreà la découverte de vOTre vallée

a. Weisshorn, Schalihorn, Zinalrothorn, Besso, Cervin, Dent BlancheB. Weisshorn, Schalihorn, Zinalrothorn, Besso, Obergabelhorn, Dent BlancheC. Weisshorn, Tête de Milon, Zinalrothorn, Besso, Obergabelhorn, Dent Blanche

Vue depuis le cairn d’Orzival. Quel est l’ordre correct des pics surmontés d’un nuage de notre si belle et réputée chaîne de montagnes?

Gagnez un bon de Fr. 50.- au Marché Villageois à Grimentz !Le/la gagnant/e sera tiré/e au sort et son nom publié dans l’édition d’avril du jour-nal « Les 4 Saisons d’Anniviers ».Envoyez votre réponse par e-mail à l’adresse [email protected] ou votre carte postale avec la mention « Concours-photo de janvier » à l’adresse: Imprimerie d’Anniviers sàrl,

4 Saisons d’Anniviers,

CP 102, 3961 Vissoie.

Délai de réponse: 12 mars 2013

Le gagnant de l’édition n°8est M.Bernard Suys de Walhain / Belgique La réponse était: C. Zinal

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www.4saisonsanniviers.ch

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L’ ÉDito. nos eMS, des lieux de vie, de rencontres et de partage.

M. E. Erikson dans Childhood and Society, définit la personne âgée comme une per-sonne qui subit de nombreuses pertes, qui doit faire face au déclin de ses forces phy-siques et psychiques, de sa santé et qui est confrontée à une mort prochaine. Elle se trouve donc dans une situation de crise à laquelle elle doit faire face avec les capaci-tés d’adaptation qu’elle aura plus ou moins développées en fonction de son histoire de vie, ses relations au monde et à elle-même.

Lorsqu’elle arrive dans nos institutions, elle est en souffrance et est très vulné-rable. «Vieille» dans son corps, toujours en évolution dans sa tête et unique avec son vécu, ses valeurs et ses croyances, la personne âgée est digne de respect et de considération.

Et pour nous, lorsqu’on franchit le seuil d’un home, la peur nous gagne car nous nous projetons, même sans le vouloir, à la place de la personne âgée qu’on vient visiter. Une crainte fondée peut-être, mais lorsqu’on regarde un peu plus attentivement ce qui se passe à l’intérieur de nos homes on est sur-pris par les animations et les nombreuses activités qui sont réalisées pour et par nos ainés, par la joie qui se dégage de ces grand-

mamans et grand-papas,

par les regards pleins de tendresse et de reconnaissance qu’ils nous témoignent, par les complicités qui lient les rési-

dents au personnel soignant, hôtelier et de l’intendance, par la compréhension de ces derniers,

qui les entourent et leur prodiguent non seulement des soins, mais surtout une at-tention à tous instants.

Voilà un peu plus de 6 mois que j’ai repris la Direction de l’Association Beaulieu qui comprend le home Beaulieu à Sierre et le home Les Jasmins à Chalais, et je suis très touché par ces échanges, ces petits mots, ces regards, ces gestes attentionnés. J’ai l’im-pression que le personnel considère chaque résident comme un membre de sa famille et essaie à tout moment de lui faciliter la vie et de diminuer ses angoisses et de répondre à ses attentes.

Il est vrai que nos 2 homes de faible dimen-sion (44 et 40 résidents) offrent un côté hu-main et familial très important et favorisent les échanges.

Peu de gens connaissent les prestations de l’Association Beaulieu. En plus de l’accueil de résidents à long terme, il existe à Chalais, une unité d’accueil temporaire de 4

lits permettant aux familles de laisser un

proche pendant au minimum une semaine, de récupérer, de se décharger occasionnelle-ment ou de partir simplement en vacances, une unité de psycho-gériatrie Corail

qui permet aux personnes atteintes de dé-mence de vivre dans un cadre calme, serein, sécurisant et chaleureux où les soins rela-tionnels et le climat affectif sont privilégiés.

À Sierre, un foyer de jour permet d’ac-cueillir des personnes durant la journée où leur sont proposées des activités sociales telles que rencontres, échanges, balades, repas,.. et où l’on recherche à développer le maintien des capacités et l’autonomie de chacun par la gym douce, la confection de repas, les achats en ville, les ateliers, mé-moire et création …etc. Je voudrais aussi profiter de ces quelques lignes pour remercier toutes les familles, proches et amis qui viennent visiter très fréquemment les résidents, qui leur don-nent du temps et leur apportent un soutien considérable. Non seulement ces visites sont des rayons de soleil pour les résidents, mais elles leur permettent de sentir qu’ils sont importants pour nous.

Claude Crettol

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notre hiStoire.Chavalanche de Mayoux-anniviers en 1817

Pour laisser à la postérité un souvenir des choses très graves qui ont eu lieu dans le courant des années 1816 et 1817 en cherté et en autres accidents, surtout dans le pe-tit village de Mayoux. Étant composé des pères de famille dont les noms suivent :Georges Savioz, président de la vallée, Christian Rion, président de la commune de St Jean, Benoît Savioz, sautier de la vallée, Georges Vouardoux, Jean Savioz, procureur de l’église, Joseph Bonnard, pro-cureur de l’église, Baptiste Savioz, Antoine Antonier, Augustin Antonier, Baptiste Revey, Christian Revey, Antoine Savioz, Pierre Revey, Pierre Antonier, Jean Revey, Théodule Zufferey, Georges Revey, Jean Revey de Philippe, Georges Abbe, Michel Solioz, Antoine Bonnard, André Bonnard, Antoine Florey, Augustin Solioz et le soussigné, tous pères de famille et demeurant au dit village, qu’ils ont eu de grandes pertes dans le mal-heur que j’énoncerai ci-après, puisque des particuliers ont eu la perte de cinq cents Ecus, pour donner une idée de la chose telle qu’elle est arrivée en vrai.

Les années 1814, 1815, 1816 et 1817, il est tombé une très grande quantité de neige et les printemps si rudes que dans les montagnes les plus froides, surtout du côté revers, les neiges ont formé une es-pèce de glacier, telle fut la situation. Du Roc existant entre la montagne d’Orzival et d’Avoin, où il resta une si grande quan-tité de neige, qu’il remplit et aplanit tous les creux en haut Dy Soudyre. L’année 1817, les premiers jours du mois de mars, une pluie douce commença et continua pendant dix jours à pleuvoir dans la plaine et dans les montagnes, il neigea tellement qu’il en tomba trois toises. Le huit mars, une avalanche vint jusqu’au sommet du dit village sans faire aucun bruit ni dommage. Le dix mars, à six heures du matin une autre avalanche, partie depuis le sommet du Roc, rasa la forêt Dy Soudyre et la moitié du revers Dy Sampelet et le tiers de la forêt (baptisée) Dy Clausé, renversa au sommet du dit village, deux chambres avec cuisine, c’est-à-dire au même bâti-ment contenant trois étages. Donc, le pre-

mier étage resta ferme, le second le déborda seulement de trois pieds et le troisième le renversa. Dans le second étage, il y avait cinq personnes de la famille d’Antoine Florey, qu’ils n’ont reçu aucun mal, sauf qu’ils n’ont pu sortir de la chambre sans se-cours à cause que la neige avait surmonté le second étage et bouché toutes les fenêtres et la porte. Plus, renversa à huit toises en deçà du pontet en bas du chemin, un bâti-ment de trois étages où il y avait au premier étage six personnes de la famille de Baptiste Savioz. Donc, Catherine, fille du Banderet Rion, femme du dit Savioz est restée morte avec son fils âgé de dix-huit ans et une, âgée de deux ans, une autre fille et un fils, ainsi que la mère du dit Savioz sont restés vivants, mais estropiés. Les deux enfants sont gué-ris, la mère est morte quelque temps après, sans plus pouvoir remuer aucun membre de son corps.Ami lecteur, je te laisse le juge, si dans le moment, il pouvait avoir des yeux qui n’au-ront pas versé de larmes en envisageant le sort de cet infortuné époux qui dans trois minutes se voit privé de son parti et de deux de ses enfants les plus chéris et son comestible, enlevé ou écrasé. La dite ava-lanche renversa soixante autres bâtiments, c’est-à-dire granges, raccards et greniers. Donc, des greniers et raccards il en reste que quatre, de manière que du côté des

L’avalanche de Mayoux, val d’anniviers- valais-Suisse, en 1817

Copie du mémoire de l’avalanche de Mayoux.Malheur arrivé le dix mars mille huit cent dix-sept,

“au nom de Dieu, ainsi soit-il “

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Fras, tout a été renversé jusqu’à la fontaine du Fy, et du côté de St Jean, environ cin-quante toises. Depuis le pontet, c’est la foudre (vougra) qui a fait plus tomber que l’avalanche. Il y avait encore du monde dans quatre autres bâtiments, au dit village, mais ils n’ont point eu de mal, les autres habitants du village étaient à Sierre, aux travaux des vignes.Plus, il a emporté cinq vaches, deux veaux et deux chèvres au Sautier Charles Genoud environ cent toises en dedans du grand pont, au dit lieu, il y avait huit toises de neige de hauteur et au dessus du dit village, il y en avait dix toises, il a roulé des pierres comme des bâtiments, surtout celle qui est au jardin de la Combaz, environ vingt toises en bas du pontet et des poutres tout entières, de quinze toises de long, et une toise et demi, rond (diamètre), il a porté des morceaux de bois jusqu’au cimetière de Vissoie, faisant trois livres la poudre, a répandu comme des nuages épais dans presque toute la paroisse, selon expertise faite, il est tombé un million de plantes.

Voici ainsi, lecteurs, le récit de ce funeste et tragique accident, les habitants du dit village s’écrièrent tous avec des larmes aux yeux : “Oh ! Dieu, oh Dieu, sont-ils nos péchés qui ont attiré tous ces fâcheux dé-sastres sur notre village et sur nos biens ? Père de miséricorde nous vous demandons de tout notre cœur pardon et nous promet-tons de mieux vivre à l’avenir.” Mais non, selon les textes du prophète Isaïe, Dieu ne châtie que ceux qu’il aime et selon la pente du terrain bien examinée, la chose est sûre-

ment naturelle, il n’y a rien d’extraordinaire. Le trente mai il y avait trente-huit frettes de remontées; le vingt et un juillet au som-met du village, il y avait encore sept pieds1 de neige et le trente septembre, il y avait encore deux pieds. La perte totale de cette avalanche est établie de la somme de dix milles et quatre cents livres. L’année 1817, le froment se vendait bats2 huitante cinq, le seigle soixante-six, les pommes de terre Batz vingt, le fichelin de vin a été totale-ment gelé qu’à peine l’a-t-on ramassé. A postérité qui vivra après nous, nous vous laissons le juger si vous devez vous construire une barrière au sommet du dit village, pour vous défendre d’un tel mal-heur ou si vous voulez vous abandonner entièrement au soin de votre Père céleste, pour quant aux conseils que j’ai à vous donner soit que vous viviez dans tant d’abondance ou de disette, soit que vous soyez placé dans un lieu d’assurance hors de danger, aime ton Dieu sur toutes choses et ton prochain comme toi-même et le Père des miséricordes fera le reste.

Pour nous, nous avons souffert et pleuré, plut à Dieu que nos péchés soient pardon-nés pour nous, vous vous réjouirez et prie-rez pour nous. La dite avalanche a arrêté le torrent pendant cinq heures.

1 (Un pied correspond environ à 30 cm et une toise à

environ 6 pieds).

2 (Le Batz représentait un dixième du franc de l’époque).

Mayoux, le 8 janvier 1818. Étienne Savioz, vice-prési-

dent, écrivain de la présente mémoire.

Manuscrit du 10 février 1905 par Savioz Jean, fils de

Benoît, arrière-neveu du dit Étienne Savioz.

Recopié le 14 février 1999 en Anniviers, par Michel

Savioz, fils de Joseph. Arrière-petit-neveu du dit, Jean

Savioz.

© edition mpa

© Michel Savioz

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une Semaine au CŒur Du PouVoir

Qu’est-ce que la démocratie ? Qui dirige la Suisse? Quels outils nos politiciens ont-ils à disposition pour conduire les destinées du pays ? Par quelles étapes une loi passe-t-elle avant de voir le jour ?Voici quelques-unes des dizaines de ques-tions auxquelles les élèves ont tenté de ré-pondre durant les cours de civisme qui ont précédé leur semaine à Berne. Afin de se préparer au mieux à cette expérience inhabi-tuelle, ils se sont tout d’abord appropriés les notions de base telles que : démocratie, fé-déralisme, loi, constitution, parlement, gou-vernement, droits politiques et j’en passe. Puis, forts de ces connaissances théoriques, ils se sont glissés dans la peau de citoyens en-gagés et déterminés à faire passer une idée qui leur tenait à cœur : « des transports pu-blics gratuits pour les jeunes de moins de 25 ans » en déposant une initiative populaire.Afin de mener à bien ce projet, ils ont fondé un parti nommé « la jeunesse en mouve-ment », puis ont récolté des signatures au-près de la population afin de pouvoir dépo-ser leur initiative à la chancellerie fédérale. Parallèlement, en classe, ils ont préparé les arguments destinés à convaincre les parle-

mentaires fédéraux, soit les élèves des quatre autres classes participant au projet. Ils ont également scrupuleusement étudié les autres initiatives déposées par leurs camarades, ainsi que les contre-projets du Conseil fédé-ral. Ce travail conséquent leur a permis de prendre position sur des sujets aussi variés que l’énergie solaire, l’écologie, la protection des animaux et l’aménagement du territoire.

Durant cette préparation, les jeunes ont également été initiés aux élections puisque chaque classe était invitée à présenter un candidat à la présidence du Conseil natio-nal, ainsi qu’un candidat à la vice-présidence. Si certains élèves ne se sentaient pas prêts à assumer ces rôles plus exposés, d’autres ont manifesté leur intérêt pour ce défi tout en connaissant les risques de ne pas être élus. Soutenus par toute la classe, Camille Progin et Irwin Guérinel se sont donc présentés res-pectivement à l’élection à la vice-présidence et à la présidence. Et, une fois n’est pas cou-tume, la minorité francophone, largement soutenue par les alémaniques, a gagné la présidence dans une élection qui a nécessité quatre tours de scrutin. Et c’est en qualité de

président du Conseil national qu’Irwin a dé-buté la semaine. Malheureusement, Camille a dû renoncer à l’élection pour la vice-prési-dence, une même classe ne pouvant occuper les deux postes.

Interrogés sur leurs motivations, ils ont tous deux exprimé leur intérêt pour cette fonc-tion particulière :J’avais envie de voir ce que cette tâche re-présentait et comprendre ce que vivent nos dirigeants, explique Irwin. Cependant, j’ai craint de ne pas être élu pensant que les Suisses allemands allaient tous voter pour un candidat germanophone. Pour ma part, je souhaitais acquérir un maxi-mum d’expérience durant cette semaine et j’étais curieuse de voir si j’étais capable de relever ce défi, ajoute Camille.Irwin est conscient de la chance qu’il a eue de pouvoir endosser ce rôle :J’ai passé une semaine un peu différente de

Percer les arcanes de la politique suisse en se glissant dans le cos-tume de nos conseillers nationaux, voilà l’expérience fascinante que les élèves de 3CO ont vécue durant une semaine.

« Dionis s’adresse à l’assemblée sous l’œil attentif du Président »

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celle de mes camarades car il a fallu que je me prépare à cette mission particulière. J’ai été aidé par un coach, M. Hans-Peter Seiler, ancien conseiller national qui m’a beau-coup appris sur le fonctionnement de notre démocratie. Et lorsqu’on lui pose la question sur ce qu’il a ressenti, assis sur le siège du 1er citoyen du pays, Irwin répond sans hésitation :On se sent presque important !...

Si les élèves se sentaient prêts à défendre leur initiative envers et contre tout, ils ont rapidement compris que la tâche ne serait pas simple. En effet, être convaincu du bien-fondé d’une idée n’est pas suffisant pour qu’elle se concrétise et devienne loi. De nombreux écueils jalonnent le travail du parlementaire : oppositions des autres partis, intérêts divergents, incompréhensions dues à la langue ou la culture. Bref, il faut savoir s’armer de patience et surtout accepter le

compromis. Ainsi du lundi au mercredi, les élèves ont éprouvé les rouages de la politique en défendant leur initiative en commis-sions, puis en la retravaillant en séances de groupe parlementaire afin de donner le plus de chances possible à leur proposition de transports gratuits pour les jeunes. Il a fallu entendre les arguments adverses, admettre qu’ils n’étaient pas tous dénués de sens, accepter de lâcher du lest en revoyant à la baisse ses propres revendications, bref, être tour à tour idéaliste, diplomate ou grand stratège !En parallèle, les jeunes ont mené les mêmes discussions sur les autres initiatives. Certains se sont laissé convaincre, d’autres ont com-battu des idées qu’ils ne jugeaient pas per-tinentes. Enfin, ils se sont rendu compte que s’ils étaient partis unis de Vissoie, les opinions de chacun étaient susceptibles de changer et de s’opposer. Quelle belle expé-rience de la démocratie !

Bien entendu, toutes ces discussions aux allures de batailles parfois, ont été menées dans le calme et le respect quelle que soit la position de chacun. Ces débats ont permis des échanges intéressants et constructifs et ont amené les adolescents à parler et fraterni-ser au-delà des barrières linguistiques. Mais l’expérience ne s’est pas limitée à la politique. En effet, les élèves ainsi que nous, les ac-compagnants, avons expérimenté le confort spartiate des abris de protection civile dans lesquels nous avons travaillé, mangé et dor-mi toute la semaine. Heureusement, chaque matin, une activité extérieure était organisée et nous permettait ainsi de prendre l’air et de profiter de quelques rares rayons de so-leil avant de regagner les locaux ventilés et borgnes de la PC. Ainsi, le mardi, nous avons visité la ville en compagnie d’un guide qui nous a non seulement montré les sites et bâtiments intéressants mais également ra-conté l’histoire de la Berne fédérale. Le mer-credi, nous avons rencontré M. Christophe Darbellay, conseiller national valaisan, qui a répondu sans détour aux questions diverses et variées préparées par les élèves. Enfin, le jeudi matin, nous nous sommes rendus à l’ambassade de Turquie où nous avons été reçus par le conseiller personnel de l’ambas-sadeur qui nous a expliqué le rôle et le fonc-tionnement d’une ambassade avant de nous régaler de spécialités turques.

L’apothéose de cette semaine fut sans conteste la session du Conseil national qui s’est tenue le jeudi après-midi dans la salle même où se réunissent nos parlementaires fédéraux. Après avoir troqué leurs habits

«  A l’heure du vote, le scrutateurs en action »

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habituels pour une tenue plus habillée, les élèves se sont rendus au Palais fédéral où de nombreux spectateurs, dont certains venus tout spécialement d’Anniviers, les atten-daient. Chacun a pris place dans l’hémicycle et Irwin d’un coup de clochette affirmé a ouvert la séance. Durant plus de trois heures les élèves se sont succédé au perchoir pour présenter les avis des commissions et des partis, puis chaque initiative et contre-projet a passé l’épreuve du vote. Le Conseil fédéral

était, pour l’occasion, représenté par notre ancienne Conseillère fédérale et Présidente de la Confédération, Mme Ruth Dreifuss, laquelle a écouté avec intérêt les interven-tions des parlementaires en herbe et a pris position sur chacune des propositions.

C’est fatigués mais fiers d’avoir mené à bien ce jeu de rôle et d’avoir porté haut les cou-leurs de notre vallée que les Anniviards ont regagné leurs pénates le vendredi après-midi,

la tête pleine de souvenirs et d’anecdotes. Cette expérience restera gravée longtemps dans leur mémoire et fera d’eux des citoyens avisés et engagés. Qui sait, peut-être que des vocations sont nées durant cette semaine et que certains d’entre eux ont été piqués par le virus de la politique….

Patricia Chardon Kaufmann

« les 3 CO dans la salle du Conseil national »

078 671 11 51 - Vissoie-Anniviers

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PèLerinage ayer-varallo

Sur la colline de Varallo fut édifié dès 1486, un des plus beaux sanctuaires du Nord de l’Italie : un Sacro Monte dédié à la vierge Marie.

Depuis le milieu du 18ième siècle, entre Ayer, Val d’Anniviers, et Varallo, Val Sesia, une amitié italo-suisse a grandi, sur fond de foi chrétienne.Comment les habitants d’Anniviers eu-rent-ils connaissance de ce lieu saint ? Et pourquoi les gens d’Ayer ? L’interrogation reste ouverte. 2 hypothèses qui se rejoi-gnent peuvent être évoquées : La première est celle de la lente migration des Walser (nom dérivé de walliser,) dès le début du 13ième siècle. Depuis la vallée de Conches, ce peuple alaman n’a pas hésité à coloniser de nombreuses vallées alpines, in-hospitalières et inhabitées. Le Val Sesia fut, au sud, une de leurs colonies les plus reculées.

Les Walser ont tracé de nombreux chemins d’altitude à travers les Alpes. Ces chemins, parfois spectaculaires, existent encore. Le grandiose Tour du Mont-Rose, aujourd’hui parcouru en 8 jours par des randonneurs expérimentés, reprend les routes des Walser.

Dès l’entrée de la vallée de Saas, le parcours de notre pèlerinage va en emprunter les étapes les plus belles.

La culture Walser reste fortement implan-tée dans nombre de villages traversés. Et quand, en Italie, on entend que le « wal-sertitsch » est un dialecte du coin, nous ne sommes pas vraiment dépaysées.Sur le site: www.walser-alps.eu

on apprend que chaque 3 ans a lieu une rencontre internationale des communau-tés Walser. En 2013, elle se déroulera au Vorarlberg du13 au 15 septembre.

Cependant, me direz-vous, les Walser ont-ils colonisé le Val d’Anniviers ? On sait bien que seul de rares peuplades ont osé se ris-quer au Val d’Anniviers ! Alors, supposons que les Walser aient évité le Val d’Anniviers.

Mais, le Haut-Valais est tout proche. Et c’est cette proximité qui nous permet d’imaginer la 2ième hypothèse.En discutant avec le curé Martenet qui, en 1986, participa avec la commune d’Ayer aux réjouissances du 500ième anniversaire du Sacro Monte de Varallo, nous avons évoqué le nomadisme anniviard. Nos ber-gers, à l’époque, transhument facilement, et bien au-delà du col de la Forclettaz, à la recherche d’herbage pour leurs vastes troupeaux. Sur les alpages, ils rencontrent leurs homologues italiens qui transhument, avec les leurs, dans l’autre sens. Ils nouent des liens et finalement apprennent l’exis-tence du Sacro Monte de Varallo. Fervents croyants depuis leur spectaculaire conver-sion qui suivit la mission du célèbre nain

Zachéo, les Anniviards choisissent le sanctuaire de Varallo, comme lieu de pè-lerinage préférentiel, car plus facilement accessible pour un peuple montagnard. Vers 1750, date supposée des premiers pèlerinages Ayer-Varallo, il est plus aisé de voyager par les montagnes que par les plaines, souvent marécageuses.

Et puis, les Walser avaient tracé le chemin.Après ces 6 jours de randonnée, « J’aime à penser que nous avons été un des maillons de ce lien symbolique que nos ancêtres, Walser, bergers, pèlerins et autres contrebandiers, ont entretenu sur des chemins communs. Aucune nécessité économique ne nous a poussées sur le chemin. Nous sommes de modestes ran-donneurs, pèlerins des temps modernes qui nous offrons le superbe décor des Alpes pour cheminer entre plaisir de mar-cher et recherche de spiritualité. Chacun de nos pas, chacun de nos rêves, chaque goutte de notre sueur, se fondent dans le creuset de l’humanité que nous aimerions transmettre à nos enfants »Mali

« Ayer-Varallo, c’est aller au fond de soi-même pour rechercher l’inspiration sur les chemins escarpés parcourus par nos aïeux… Un souvenir inoubliable ! » Elsi

« C’est faire le pèlerinage comme les gens d’Ayer, mon village natal, l’avaient fait avant moi, jusqu’en 1905. Retrouver cet es-prit d’alors. Avoir une pensée pour les per-sonnes qui n’ont pas la chance de pouvoir se promener en montagne » Simone

« Un parcours de trek magnifique. Une ex-périence en équipe, pour bons marcheurs. A chaque étape, nous avons été accueillies avec beaucoup de chaleur et de générosité » Monique

Le samedi 8 septembre 2012, la petite ville piémontaise de varallo vit arriver 5 vaillantes marcheuses, parties d’ayer au matin du lundi 3 septembre.anne, elsi, Mali, Monique et Simone venaient d’accomplir le pèlerinage ayer-varallo.

Basilique du sacro Monte de Varallo

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« Ce trek aux paysages et sentiers sublimes, que je n’aurais jamais pu faire sans cette équipe, reste un bon souvenir avec 2 pas-sages plus difficiles pour moi : les cols du Monte Moro et de la Bottiggia. Là, les pieds de face ou de côté, le souffle court, le sac à dos me déséquilibrant sur les bords, ça a passé et j’ai enfin atteint le col en nage, alors que les copines tout anorakées, gantées et encagoulées grelottaient en m’attendant » Anne

Au 7ième jour, le dimanche 9 septembre, nous nous élançons, légères, sur le sentier verdoyant qui mène à la basilique du Sacro Monte, qu’en 1578, St Charles Borromée baptisa « Petite Jérusalem ». Il fait beau et doux. L’altitude n’est plus que de 450 m et nous serpentons entre les 45 chapelles qui racontent la vie de Jésus dans un style baroque éloquent. Après avoir assisté à la messe où nous faisons provision de nourri-tures célestes, un regard circulaire sur la belle ville de Varallo nous rappelle combien les nourritures terrestres sont indispensables à notre équilibre. Le petit restaurant qui sur-plombe la rivière Sesia fait l’unanimité.

Le retour en Anniviers se fait en transport public, moyen qui nous paraît décidément interminable.

La boucle que nous avons effectuée s’est dé-roulée, plus ou moins telle que nous l’avi-ons imaginée :J1: Ayer (1476 m) - col Forclettaz (2874 m) - Gruben (1825 m)J2: Gruben – Augsbordpass (2894 m) - Stalden (800 m) - Gspon (1899 m)J3: Gspon – Kreuzboden (2400 m) - Allmagelleralp (2200 m)J4: Allmagelleralp - Saas Almagell (1600 m) - Mattmark (2224 m) - MonteMoropass (2864 m) - Macugnaga (1327 m)J5: Macugnaga - colle della Bottiggia (2607 m) - Carcoforo (1304 m)J6: Carcoforo - Varallo (450 m)J7: Sanctuaire du Sacro Monte - Retour Anniviers

A l’issue de l’étape J2, particulièrement longue et pentue, 2 paires de pieds ne résis-tèrent pas à la dérupe entre l’Augsbordpass et Stalden (plus de 2000 m de dénivelé). Les flamboyantes ampoules qui ornaient

les orteils de nos 2 marcheuses nous per-mirent de tester le soutien infaillible des hommes restés au foyer. Au matin du 4ième jour, 2 paires de chaussures, mieux adap-tées et fourrées de douceurs énergétiques, nous attendaient à Saas Allmagell. Le conseil des 5 sages que nous formions au-torisa exceptionnellement le recours au bus postal, entre Saas Allmagell et Mattmark. Cette seule entorse à notre « vœu » de faire l’entier du parcours à pied fut doublement justifiée par 8 kms de goudron contre-indi-qués par les podologues et un brouillard à couper au couteau.

Arrivées sur le barrage digue de Mattmark, nous nous rappelâmes la tragédie qui en endeuilla la construction le 30 août 1965. Tout un pan du glacier de l’Allalin s’effon-drait sur les baraquements des ouvriers. Il s’agit d’une des catastrophes les plus graves de l’histoire suisse des grands chantiers alpins. Tout au long du chemin qui nous mènera en Italie par le col du Monte Moro nous aurons une pensée pour les quatre-vingt huit travailleurs, en majorité Italiens, qui y laissèrent leur vie.

La montagne reste imprévisible, mais nous l’aimons, si belle et parfois si cruelle. Nous avons aimé ses habitants qui, de chaque côté de la frontière, ont le tempérament bien trempé, caractéristique des monta-gnards, généreux, accueillant, avec une pointe épicée de jovialité latine dès qu’on bascule dans le val Anzasca.

Il existe beaucoup de manières de se rendre à Varallo pour se recueillir et …

Colle della Bottigia sur fond de Mont-Rose

lever de soleil sur Weisshorn et Bishorn, depuis Gspon

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goûter les spécialités italiennes, l’une étant parfaitement compatible avec l’autre. Par la route, compter environ 3 heures de voiture en passant le Simplon et le lac d’Orta. Par les cols pédestres, des téléphé-riques et des bus peuvent donner des pe-tits coups de pouce quand la fatigue prend trop la tête. Belle étoile, granges, refuges, hôtels, gîtes, chez l’habitant, chez le curé, on peut toujours dormir quelque part.

Pour faire le pèlerinage de Varallo, toutes les variantes peuvent être combinées, l’es-sentiel étant d’arriver un jour au Sacro Monte qui ne manque jamais d’éblouir et d’impressionner tous les voyageurs.Apprendre que nos ancêtres mettaient 3 jours seulement pour atteindre Varallo m’impressionne tout autant.De sacrés personnages, ces pèlerins d’Ayer !

Madeleine Daly Wiget

Commune d’Ayer : documents relatifs au pèlerinage 1986

Cordonnier Marlyse : curé Martenet « Ayer-Varallo, sur

les traces d’un ancien pèlerinage » travail de diplôme Ac-

compagnateur en montagne de l’école de St-Jean - 1999

Elsi Briguet, Anne Grillet, Monique Grillet, Simone

Zufferey, Mali Wiget

Photos : Mali Wiget

fr.wikipedia.org/wiki/Mont Sacré de Varallo

fr.wikipedia.org/wiki/Barrage-de-Mattmark

www.walser-alps.eu

www.walserweg.com

Poursuivre la tradition initiée par la commune d’Ayer : un projet pour la commune d’Anniviers ?

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Chut !....on dépouille

anniVierS reçoit Montferrier-sur-Lez

Parmi nos devoirs de citoyens, figure en bonne place celui de répondre à une convo-cation communale pour participer au bu-reau de dépouillement.Lors des dernières élections communales, le 14 octobre 2012, pas moins de 60 citoyens anniviards ont ainsi répondu à l’appel.D’abord convoquées à une séance d’in-formation au centre scolaire quelques jours avant la date fatidique, ces per-sonnes se sont familiarisées avec le sys-tème informatique de dépouillement mis en place en 2008 déjà, à l’occasion des premières élections de la nouvelle com-mune fusionnée d’Anniviers.Puis, le jour J, dès 12h30 les citoyens concer-

nés arrivent à la salle des maîtres. Une place précise est attribuée à chacun; le travail d’ou-verture des enveloppes de vote, le comptage et un premier tri manuel peuvent commen-cer, par équipes de 3 personnes ; l’exactitude est le maître-mot de chaque étape.Des « facteurs » acheminent le compte-rendu au bureau de saisie informatique tenu essen-tiellement par du personnel communal. Ce dernier a bénéficié d’un après-midi d’appren-tissage par une maison spécialisée pour que la saisie se déroule le plus efficacement possible.Alors commence l’attente, le stress rôde dans une atmosphère un peu tendue : y-a-t-il des erreurs ? des pannes ? des failles dans le système ?

Les chuchotements entendus jusque-là prennent du volume…chut ! entend-on, encore un peu de concentration est néces-saire dans l’attente du verdict.Et enfin la bonne nouvelle ! Aucune erreur à déplorer, tout s’est parfaitement déroulé. Les observateurs délégués par les différents partis sont satisfaits.Le moment d’une verrée et d’un sandwich partagés clôt ce dimanche après-midi de travail, pour lequel des citoyens en prove-nance de toute la vallée se sont rencontrés pour remplir leur devoir.

Simone Salamin

En mars prochain, nos jumeaux du sud de la France seront, à nouveau, nos hôtes pour un week-end d’amitié, de partage et de découverte. Pour la première fois, ils seront nos invités en hiver. A plusieurs reprises, des jeunes de là-bas sont venus pratiquer les sports d’hi-ver chez nous. Mais jamais il n’y a eu de rencontre entre les associations de jume-lage à cette saison. Après avoir connu le charme de la première neige, le 23 octobre 1999, jour du jume-lage officiel, voici venu le moment de dé-couvrir l’hiver déclinant. La visite de Zermatt, puis la montée au

Gornergrat, pour mieux admirer son Altesse, le Cervin, avaient été le point fort de leur dernier séjour. Cette année, nos hôtes reste-ront en Anniviers. Ils auront l’occasion de faire la connaissance d’une star locale, l’hôtel Weisshorn, et de s’imprégner de nos tradi-tions, en participant à la confection du pain de seigle au four banal et en visitant l’exposi-tion de la Tour d’Anniviers.Un programme de choix a ainsi été concocté :

Les personnes intéressées à faire partie de l’Associa-

tion du Jumelage sont invitées à s’annoncer auprès

de Marcel Barmaz, par mail à marcel.barmaz@

bluewin.ch ou par tél. au 079 628 97 33.

L’Assemblée générale de l’Association se tiendra le

lundi 4 février 2013, à 20h.

Janine Barmaz

Jeudi 7 mars Arrivée en toute fin d’après-midi et accueil dans les familles

Vendredi 8 mars Montée à l’hôtel Weisshorn, à pied, en raquettes ou en dameuses Repas de midi sur place, puis visite de l’hôtel dans l’après-midi Retour et soirée dans les familles

Samedi 9 mars Fabrication de la pâte et façonnage du pain de seigle au four banal de Vissoie Visite de l’exposition à la Tour d’Anniviers sous la conduite experte de Jean-Louis Claude Repas de midi et du soir en commun à Vissoie

Dimanche 10 mars Départ de nos hôtes après le petit-déjeuner

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L’aFFaire De La FumaSSière Du PrÉSBytère

En ce printemps de guerre 1945, alors que les vergers de la plaine valaisanne étaient en fleurs et que dans les vallées latérales les dernières plaques de neige éparses fon-daient sous le soleil printanier, ailleurs, dans les pays entourant la Suisse, le sort des armes avait basculé. L’Allemagne allait bientôt capituler, mettant un terme à un conflit qui avait mis à feu et à sang toute l’Europe et une partie du monde.L’armée suisse chargée d’assurer la dé-fense de nos frontières, de maintenir la tranquillité et l’ordre à l’intérieur du pays, allait bientôt démobiliser ses hommes qui étaient impatients de rentrer au bercail.Dans le Val d’Anniviers, les femmes, les enfants et les vieillards attendaient avec empressement le retour des soldats dans leurs foyers. Ils allaient pouvoir reprendre une vie normale après la lon-gue absence des hommes de la maison familiale, d’autant plus que les travaux agricoles avaient repris leur cycle annuel. Au village, en ce mois de mai, il fallait ramasser les aiguilles de sapin et de mé-lèze pour la litière des bêtes, tandis que quelques habitants, descendaient à Sierre pour ébourgeonner la vigne, arroser les prés et nettoyer les jardins.

Les grands événements nationaux ont toujours une répercussion sur la vie locale. Durant la Seconde Guerre mon-diale, un conflit allait éclater dans la cité du Soleil, empestant les relations entre la Municipalité de la ville de Sierre et la cure de Vissoie au sujet de la fumassière du pres-bytère de Villa. Ce tas de fumier en bordure de route qui causait bien des problèmes aux habitations environnantes du quartier de Villa, n’était pas une affaire qui allait perturber la quié-tude du curé Francey de Vissoie et de Paul Genoud, son fermier. Il est vrai que par le passé, les Anniviards ont toujours eu du mal à s’intégrer à la vie sierroise. Cette af-faire de la fumassière de la cure de Villa est un bon exemple sur lequel il est intéressant de s’attarder.

Travailleurs, économes, les habitants du Val d’Anniviers avaient déjà si bien aménagé leur vallée au Moyen-Âge qu’ils purent songer à garnir leur cave. Ils se mirent à descendre dans la plaine rhodanienne, se réservant petit à petit un espace aux alen-tours de la ville de Sierre, pour y cultiver un plant de vigne appelé la Rèze. Un texte ancien de 1248 mentionne pour la pre-mière fois l’achat d’une terre à Sierre par

un Anniviard. À cette époque, ce n’était pas une contrée d’importants vignobles. Les Anniviards remuèrent le flanc des collines, à Noës, à Villa, à Muraz, à Veyraz, à Glarey, en y propageant la vigne, remontant le fruit de leur labeur dans leurs « barreaux » at-tachés sur le bât du mulet jusqu’aux plus hauts villages. Ils découvrirent que le vin là-haut mûrissait admirablement : le « vin du glacier » était né !Pratiquant le nomadisme, les gens du Val d’Anniviers se répandirent autour de Sierre selon les communautés de la vallée : Luc et Chandolin avaient leur quartier à Muraz et à Viouc ; St Jean à Zarvettaz ; Pinsec et Fraz à Noës ; Vissoie, Mission et Grimentz à Villa ; Ayer à Borzuat ; Cuimey à Veyraz. Il n’y avait pas de rigidité dans cette distribution et les communautés de la vallée se retrouvaient dans les différents quartiers de Sierre. Elles avaient aussi leur cave ; elles y auront leur école. Afin que les Anniviards, très croyants, ne manquent pas à leurs devoirs religieux, le curé les accompagnera à Sierre où il avait élu domicile au presbytère de Villa.

En ce jour de mai 1945, le curé Francey était perplexe face à la réponse qu’il venait de recevoir de Berne. L’ « Office de guerre pour l’industrie et le travail » lui répondait suite à la demande qu’il avait faite quelques jours auparavant au sujet de la construction d’une bordure de fumassière et fosse à pu-rin à Villa/Sierre. Il tendit la lettre à Paul Genoud son fermier. Celui-ci se gratta la tête, fronça les sourcils et entama la lecture : « L’état de notre approvisionnement s’étant ag-gravé par suite du ralentissement des importa-tions de charbon, nous sommes obligés de ré-server le ciment pour les constructions urgentes ou nécessaires à notre économie nationale.Nous avons le regret de vous communiquer que nous ne pouvons attribuer aucune quantité de ciment et de fer, si minime soit-elle. Nous vous prions de remettre l’exécution des travaux pré-vus jusqu’au moment où la situation générale se sera améliorée. »

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Paul Genoud releva la tête :- Ne vous en faites pas Monsieur le curé, on verra ça après la guerre !

Voilà plusieurs années déjà que le torchon brûle entre les autorités sierroises et la pa-roisse de Vissoie, propriétaire du presbytère de Villa. Attenant à la maison paroissiale, il y avait une grange-écurie destinée au bétail du curé Francey, qui était entrete-nue par son fermier Paul Genoud. Le lieu était habité par le révérend curé lorsque les Anniviards descendaient en plaine pour les différents travaux des vignes. Qui dit bétail, dit fumier ! On avait aménagé en bordure de route une fumassière pour y déverser le fu-mier que les vaches de la cure produisaient.Mais voilà, les jours de pluies, le purin se répandait sur la voie publique, envahissant la route qui menait au centre de Sierre, et les jours de grandes chaleurs, l’odeur du fumier empestait le voisinage provoquant les plaintes et l’ire du Service d’hygiène de la Municipalité sierroise. En plus, la route étant très fréquentée par les étrangers visi-tant le musée du château de Villa, les auto-rités communales ne pouvaient tolérer une pareille situation. Ces dernières exigeront durant plusieurs années que la paroisse de Vissoie clôture sa fumassière et construise une fosse à purin pour le bien-être public. C’est la raison pour laquelle, le curé Francey après des années de tergiversation, avait de-mandé l’autorisation à l’ « Office de guerre pour l’industrie et le travail » d’acheter du ciment et du fer pour la construction d’une bordure et d’une fosse à purin. Autorisation qui lui fut refusée !

Trois ans après la fin de la guerre, apparem-ment rien n’avait été entrepris, la fumassière posait toujours problème. La Commission d’Hygiène de la Municipalité de Sierre envoya le 22 mai 1948 une lettre au curé Francey pour qu’il entame au plus vite des travaux sous peine d’amende : « À plusieurs reprises ces années passées la Municipalité de Sierre vous a rappelé l’obliga-tion de clôturer votre fumassière. Tenant compte de la pénurie de matériaux et de ciment, aucune sanction n’a été prise (…) Vous êtes invité à faire clôturer votre fumassière, travail que nous esti-mons urgent. (…) Ces travaux devront être ter-minés dans le délai d’un mois dès ce jour. »

Une année après, le 29 avril 1949, l’agent de ville Produit dressa un procès verbal pour une contravention contre la cure de Villa, soit pour : « Purin se répandant sur la voie publique et pour fausse à purin ouverte. » L’histoire ne dit pas si la paroisse de Vissoie paya une amende ou si elle contesta les faits. Mais une chose est sûre : deux ans après le rapport de l’agent de police Produit l’affaire ne semblait pas résolue. Le 22 mai 1951, Paul Genoud, le fermier de la cure de Vissoie, recevait une lettre émanant de l’Etude de Pierre Tabin, avocat et notaire, comme quoi : « La Commission d’Hygiène de la Commune de Sierre est saisie d’une plainte concernant l’état de la fumas-sière de la Cure de Vissoye, à Sierre. » Dans cette lettre le notaire Tabin tenait à informer personnellement Paul Genoud : «…afin que vous puissiez, dans les 5 jours au plus tard, mettre cette fumassière en ordre et vous conformer au règlement de la Commune de Sierre afin d’éviter un procès-verbal (…) Un nouveau contrôle sera effectué à l’expira-tion de ce terme. »Il semble que le curé Francey n’ait pas pris conscience de la gravité de la situation car une année après, la Municipalité de Sierre ordonnait à la paroisse de fermer la fumassière. Le 19 janvier 1952, le Conseil de paroisse de Vissoie se réunit et décide de répondre à cette menace de fermeture. En même temps le Conseil comprenait qu’il fallait vraiment entreprendre des démarches pour mettre un terme une fois pour toutes à cette affaire de fumassière du presbytère de Sierre. C’est pourquoi il envoya une réponse au Service d’Hygiène de la ville :« Le Conseil paroissial de Vissoie estime que ce serait une dépréciation pour le bâtiment et peu idyllique, maintenant que la route passe très proche, d’avoir une fumassière sous les fenêtres. Il est probable d’ailleurs que la paroisse vendra les prés de Sierre, parce qu’on ne voit pas de motifs de les garder.Vu ces considérants, nous venons vous prier de sursoir à vos ordres. Pour éviter l’écoulement du purin, nous ferons une petite fosse provisoire et l’on couvrira la fumassière de sable fin. »Mais le 1er mai 1952 l’agent de police Produit dresse un procès-verbal à l’intention de la commission de salubrité publique :« L’état de lieux ne répond pas aux exigences de

la salubrité publique. La fumassière est recou-verte d’une bonne couche de sable mais le lisier coule aux alentours pour terminer sa course dans un trou de peu de profondeur et recouvert de quelques planches. Avec le beau temps qui revient, les mouches commencent à se multi-plier et les habitants des alentours ne peuvent plus tenir les fenêtres ouvertes. (…) Les habi-tants du quartier de Villa espèrent que finira bientôt cet état de chose et demandent que des dispositions soient prises au plus vite. »Vu la gravité du rapport de l’agent Produit, le lendemain 2 mai, la Municipalité de Sierre envoie une lettre au curé Francey pour qu’il exécute les travaux indispen-sables demandés déjà l’année dernière :« La police a dû constater que le lisier coule abondamment sur les côtés malgré le sable jeté sur le fumier. Comme nous faisons actuelle-ment la lutte contre les mouches celle-ci se révé-lera stérile si les fumassières ne sont pas mieux entretenues. »L’invasion des sauterelles fut une des 10 plaies d’Egypte, l’invasion des mouches fut une plaie pour la ville de Sierre à cause de cette fumassière qui pendant 10 ans em-pesta la vie locale avant l’exode définitif du curé Francey à Vissoie suite à la vente du presbytère de Villa.

Jean-Louis Claude

Sources : Archives de la paroisse de Vissoie

Pour trouver la caissette:

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Être BourgeoiS, c’est quoi ?

Les bourgeois honnis par le grand Jacques Brel (cf. chanson « Les Bourgeois ») appar-tiennent à une caste argentée et privilégiée.En Anniviers, être bourgeois signifie « être originaire de», c’est reconnaître ses racines. Les bourgeoisies actuelles jouent un rôle important de gardiennes du patrimoine historique, bâti, traditionnel. Cela im-plique également suivre et s’adapter à la société d’aujourd’hui, soigner le lien entre l’ancien et le nouveau.Dans cet esprit, les membres des conseils des six bourgeoisies d’Anniviers (Ayer, Chandolin, Grimentz, St-Jean, St-Luc et Vissoie) se réunissent une fois par an pour partager soucis et projets.Lors des dernières retrouvailles le 5 décembre 2012 à St-Luc, Jacques Vouardoux prési-dent de la bourgeoisie de Grimentz jusqu’au 31.12.2012 a informé ses collègues de l’état d’avancement du processus de reconnaissance AOC de l’appellation « Vin du Glacier ». Ce parcours du combattant a débuté en 2000 à l’initiative de Clément Salamin ancien pré-sident de cette même bourgeoisie. Peut-être faudra-t-il patienter encore 12 ans pour que

les instances officielles acceptent enfin cette demande ? Les voies de l’administration sont parfois impénétrables…Un autre sujet préoccupe les conseils bour-geoisiaux : l’entrée en force de la nouvelle loi sur l’état civil dont les médias ont abondam-ment retransmis les débats parlementaires. Cette nouvelle loi implique une reconnais-sance plus précise, détaillée, affinée et diver-sifiée du statut de bourgeois.Les bourgeoisies d’Anniviers souhaitent s’impliquer plus activement dans la mise en œuvre des énergies renouvelables. Par l’inter-médiaire du Triage forestier d’Anniviers, un projet de construction d’un nouveau local de stockage de plaquettes de bois est envi-sagé. Dans notre vallée, le bois est disponible en abondance et les plaquettes issues de son exploitation pourraient servir au fonction-nement d’une nouvelle centrale de chauf-fage à bois pour des bâtiments publics par exemple. De même l’encouragement pour de telles installations chez les privés pourrait être envisagé. L’objectif d’une telle étude est que notre région se préoccupe mieux d’auto-approvisionnement

en matière d’énergie, cela relève du développe-ment durable.Voilà, entres autres, les sujets discutés lors de cette assemblée annuelle qui se veut éga-lement conviviale et chaleureuse. Chaque conseil bourgeoisial reçoit ses collègues à tour de rôle.Les élections bourgeoisiales qui ont eu lieu aux mêmes dates que les communales ont toutes résulté d’un vote tacite en 2012. Pas de campagne électorale acharnée, juste des personnes de bonne volonté décidées à poursuivre cette noble mission. Le plus jeune conseiller bourgeoisial anniviard pour la période 2013 – 2016 est Thomas Salamin de Grimentz né en 1987.Non décidément, les bourgeois anniviards ne correspondent vraiment pas à ceux dé-crits par le grand Jacques…autre monde, autres mœurs.

Simone Salamin

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de G à D: Phillipe Chauvie, sébastien Bonnard, Walti Zuber, René Epiney, Henry-F. Crettaz, thomas salamin

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LeS ConSortageS en anniVierS

Un consortage est, en Suisse, précise le dic-tionnaire, une association de propriétaires ou d’usagers qui gère ses biens de façon collective.Une bourgeoisie? Sa notion fondamentale est l’appartenance, l’enracinement, l’origine malgré un habitat éloigné possible, même si la forme, l’échange d’intérêts, la jouissance des biens et la vie communautaire diffè-rent peu avant de devenir symboliques, au-jourd’hui. Le consortage réunit avant tout une « corporation paysanne » à titre écono-mique, afin d’en gérer les biens qui ne sont ni publics ni privés dans le but de les exploi-ter de façon communautaire et à bon escient: un bisse qui s’écoule en se jouant des fron-tières officielles, une forêt ou un parcours en zone de mayens dont les propriétaires font déjà partie ailleurs d’une communauté et/ou n’y vivent qu’une portion de l’année, un alpage, une étable.« L’unité naturelle des lieux, l’isolement parfois, les besoins des habitants saison-niers et la nécessité d’une exploitation agri-cole rationnelle sont les raisons principales de cette coalition. »Ainsi les sociétaires s’acquièrent des droits: d’eau des bisses ou des conduites, d’accès aux

parcours (prés communs) pour les brebis ou les chèvres, de l’alpage pour les vaches ou des produits qui en découlent, de l’utilisation de bois et de litières, etc. selon la fonction du consortage. Or, les charges du consort (ou an-ciennement communier) sont parfois strictes. La société de Zinal, l’une des plus complexes, imposait d’être bourgeois d’Anniviers (donc indigène et habitant), de posséder un quota minimum de prés fauchables, de participer aux corvées (entretien des biens, v. 4 Saisons d’avril 2012) et aux assemblées sous peine d’amende. « Ces droits sont inaliénables et ne peuvent s’acquérir que par héritage », tandis qu’ailleurs, « les ayants droit recensés se transmettent leurs droits d’eau, de géné-ration en génération, par héritage, donation ou vente ».Un consortage n’a de sens que dans la stricte exploitation des ressources. « Il s’agissait avant tout d’établir des règles pour l’utilité et le maintien de leur communauté ».On n’y prélevait que ce à quoi on avait droit:

- Bisse: irrigation par tournus régulier et ra-tionné en proportion à la taille de son terrain.

- Parcours: « celui qui peut hiverner ses bêtes pendant 1 mois peut brouter les parcours

pendant 30 jours, soit 10 au printemps, 10 en été, 10 en automne ». Le surplus est évi-demment facturé. Tout comme tout ce qui excède les statuts du consortage, ici de Zinal.

- Forêts: bois ou litière, mais interdiction de prélever du bois dans les forêts mises à ban (interdites à l’exploitation afin d’assurer une protection contre l’érosion et les avalanches), plus souvent l’apanage des bourgeoisies.Le but est donc la protection contre les abus d’exploitation et oblige les consorts à une attitude correcte et une utilisation parcimonieuse. On devrait s’en rappeler plus souvent…Un consortage trouve en effet sa valeur dans l’exploitation de ressources essentielles à nos existences. Celle des bisses et des parcours en revêt moins de nos jours. Par contre celle des conduites, à l’image du consor-tage des Ziettes (Giettes) et de la Meya ou de Morasses, qui gèrent l’utilisation de l’eau distribuée dans les mayens, où elle ne coule pas franchement de source. Et la création de routes carrossables pour y accéder d’ailleurs, en association de droit privé comme à l’Iret-ta et aux Luisannes. Par exemple.Quant aux alpages, leur origine remonte à leur exploitation familiale. La descendance, nombreuse et diverse à travers les époques, imposait une organisation réglementée sous forme de droits ou de location de droits.Les consortages des étables firent leur

Dans notre vallée, nombre de groupements sont constitués sous forme de « consortage ». Qu’est-ce qui se cache derrière ce subs-tantif, à quoi tend ce type d’organisation et quelle est sa finalité? est-il si désuet?

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apparition après la 2ème guerre. Les grandes constructions, l’évolution de l’économie, l’abandon de l’agriculture, notre vallée s’étiole durant les années 60 et se reprend en main sous cette forme. Notre vallée en est toujours le précurseur incontesté. D’ailleurs, la nouvelle économie dès cette époque institua dans bien des domaines publics des regroupements rationnels et censés: le centre scolaire, la STEP, la ges-tion des déchets, la sécurité, les services médicaux, etc.Signe des temps? On remarque de façon sibylline qu’on est désormais passé de l’exploitation des ressources à celle des produits. Et donc à la coopérative: « qui participe, se joint à l’effort d’autrui (...) en vue d’un résultat commun ». Cette notion d’assistance mutuelle vise le progrès écono-mique. Elle est en outre l’une des formes les plus abouties de démocratie et est régie par notre code. Elle est « largement ouverte » à tous, se crée un capital social au moyen de parts sociales et accepte quelques biens ou apports en nature. Elle peut même ris-tourner une partie de son bénéfice d’exploi-tation. La laiterie « coopérative fromagère » en est l’exemple local.La gestion du produit se différencie de la ressource exploitée. On en déduit que le consortage ne distribue pas de liquide, eau mise à part, et est dans le fond la façon la plus

écologique de gérer notre environnement…La notion de consortage est typiquement helvétique, voir valaisanne, très usitée. Elle traîne même un léger parfum suranné tant elle est ancrée dans notre terroir. Or, sa forme d’organisation est l’une des plus adap-tées et concrètes, donc contemporaines, tan-dis que la gestion des ressources mondiales est toujours plus d’actualité. Il y a donc de bonnes chances pour que ce type d’organi-sation s’exporte sur la scène internationale!Bourgeoisie, coopérative, consortage, ré-seautage x ou y, c’est ensemble que nous sommes plus forts. Notre vallée l’a toujours bien compris!

Les consortages d’étables

Le meilleur exemple, et unique, du consor-tage en Anniviers est celui des étables communautaires.L’évolution de la société des années 60 im-pliquait des changements de méthodes coû-teux dans le domaine de l’agriculture. Elle demandait « d’abandonner sa façon de faire » et pour nombre d’Anniviards de se chercher un emploi pour vivre car ils ne pouvaient plus subvenir de leur production individuelle, se rappelle Rémy Epiney.« Une gestion communautaire s’imposait mais fut laborieuse, tant par le changement de mentalité que par les difficultés finan-

cières. Il fallut aussi trouver la taille des terrains nécessaires pour accueillir étables et pâturages. » Elle relance avec une convic-tion pérenne l’élevage de la race d’Hérens par des passionnés. Urbain Kittel précise que c’est ainsi que se créèrent l’étable de Grimentz en 1969, sui-vie de celle de Vissoie en 1971, puis celles d’Ayer, de Mission. Anniviers compte donc 70% de son bétail en étables collectives avec une moyenne de 50 bêtes et 5-6 ex-ploitations individuelles.En consortage, chacun reste propriétaire de ses bêtes. La gestion du fourrage diffère. Elle peut être en grange collective, au prorata du bétail (ex. Vissoie) ou individuelle. Le foin est donc fourni selon les besoins (ex. Grimentz). Un vacher est engagé pour les 6 mois d’hiver.Hors de notre vallée, il y eut des essais. 2 frères haut-valaisans ou à Grimisuat sous forme de S.A., mais rien n’a perduré. Il existe d’autres tentatives de gestion commune, mais aucune qui n’aille aussi loin que celles de nos étables.Doit-on conclure, une fois encore, que seul l’esprit de solidarité qui nous, Anniviards, nous anime nous permet de réaliser de grandes choses?

Nicole Salamin

Sources: publications (Ignace Mariétan, Bernard Crettaz),

status/pvs de consortages, CO, articles divers.

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C’eSt oFFiCieL !la Bibliothèque d’anniviers a été inaugurée le 23 novembre 2012

Ces quelques lignes pour prolonger avec vous tous, lecteurs et lectrices assidus ou en devenir, cette journée officielle à laquelle beaucoup d’entre vous nous ont fait le plai-sir de participer. Mali Wiget a enchanté

adultes et enfants en racontant Anniviers autour du Livre de Rozinna. Cette journée a illustré ce que la biblio-thèque doit être à l’esprit de chacun : bien plus qu’un lieu de lecture, un espace ouvert aux rencontres et aux échanges pour toutes les générations. La bibliothèque d’Anniviers comprend plus de 6000 documents dont près de la moitié ont été renouvelés. Le choix est vaste : des livres pour bébés, des BD (jeunes et adultes) des films DVD, des romans pour la jeunesse et les adultes, des collec-tions particulières sur la vie et le patrimoine

d’Anniviers ainsi que sur la faune et la flore (collection de la Diana). Ce catalogue est enrichi par celui du réseau virtuel des bi-bliothèques du district de Sierre. L’inscription est gratuite et votre carte Bibliopass vous donnera accès à toutes les bibliothèques du canton. Les mardis et jeudis de 16h00 à 19h00, notre collaboratrice en charge de la do-cumentation et du prêt, Mme Christine Steullet Clivaz se réjouit de vous accueillir, de répondre à vos demandes et de vous orienter dans vos recherches. Vous pouvez également la contacter à l’adresse: [email protected]

tÉLÉCaBine De VerCorin le renouveau

Le 22 décembre 2012 est une date à retenir. En effet, la nouvelle télécabine 10 places de Vercorin sera finalement mise en service lors de l’ouverture des pistes, pour le plus grand bonheur des usagers qui pourront atteindre le Crêt-du-Midi en 10 minutes dans des ca-bines uniques en Suisse.Bien entendu, ces travaux ne se sont pas faits sans peine, car ce n’est pas que la téléca-bine qui refait peau neuve, mais également tout le restaurant du Crêt-du-Midi ainsi que le système d’enneigement artificiel. Ainsi, il a fallu coordonner les activités de plusieurs entreprises différentes et organi-ser le transport des très nombreux ouvriers sur les différents chantiers. Sans compter la neige qui, ces derniers jours, recouvre en-tièrement le village et rajoute une difficulté supplémentaire aux personnes se trouvant à l’extérieur à 2300m. De plus, lorsque l’on parle d’un chantier aussi étendu et impor-tant que celui de la télécabine, il est normal

que des difficultés apparaissent, mais rien n’est insurmontable. Néanmoins, le bout du tunnel est en vue. Depuis plusieurs jours déjà, les tests de sécurité sont mis en place et les habitants de Vercorin ont eu la chance de pouvoir déjà admirer les nou-velles télécabines sur le câble, cabines qui sortent de la gare de départ à une vitesse impressionnante. Ainsi, nous osons espérer que la rénovation de cette télécabine va amener un renouveau à la station de Vercorin. En effet, volonté est faite de regrouper tous les acteurs touris-tiques de la station afin d’améliorer la com-munication et d’augmenter les synergies entre les différents organes touristiques, afin de redonner un dynamisme à cette région et améliorer la qualité de l’accueil aux touristes.Outre les changements apportés aux instal-lations, c’est également une partie du per-sonnel qui a changé durant l’été. En effet, de nouveaux visages font petit à petit leurs

apparitions dans la station, visages que nous devrions recroiser régulièrement dans les an-nées à venir. Cela a permis la mise en place d’une équipe jeune et dynamique entou-rant Jean-François Badet, directeur et Josué Emery, chef d’exploitation, qui se donnent corps et âme pour que cette saison hivernale 2012/2013 se déroule au mieux et que les attentes du public soient comblées.

Pour plus d’informations :

www.12du12.ch

www.rma.ch

la gare de sigeroulaz à la mi-octoble

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janvier 2013numéro 11Législature 2013 – 2016

anniV’inFoLa neige est tombée en abondance. Le concept « Anniviers en liberté » a amélioré nettement la fréquentation touristique es-tivale. Les réservations hivernales s’annon-cent sous des auspices plus favorables.Mais cette année qui s’achève restera dans l’histoire suisse comme celle de la rupture. Dorénavant, la Suisse opulente et urbaine entend imposer à l’espace rural et alpin sa vision du développement économique. Il n’est plus certain que la montagne pourra encore jouer ses propres atouts touristiques et énergétiques.

L’étau se resserre. La coupe est bientôt pleine, mais jamais l’Arc Alpin ne se soumettra à la tutelle du plus fort, qui se traduirait par un génocide alpin.Dans ce contexte, il est de notre devoir de démontrer que nous sommes capables de prendre en main notre destin et d’être les acteurs d’un développement durable que la population appelle de ses vœux.Mais 2012 c’est surtout l’occasion de faire le panégyrique des trois membres du Conseil municipal qui ont décidé de rendre leur tablier.

Simon Crettaz

En tant que responsable des constructions, il nous a fait bénéficier de ses immenses compétences techniques, de son esprit pragmatique, de sa puissance de travail et de sa remarquable perception des dos-siers. Et pour couronner le tout, il a égayé le Conseil municipal par son humour, son ironie décapante et sa bonne humeur, qui vont beaucoup nous manquer.

Georges-Alain Zuber

a mis en place la réforme du tourisme. Par son engagement, son approche scien-tifique, son côté cartésien, mais aussi par ses facultés de persuasion, il a su désen-chevêtrer les tâches entre la Commune, les Sociétés de développement, les Remontées mécaniques, les Bourgeoisies ou les privés.Sur tous les dossiers, il faisait parler son sens inné de l’intérêt public et ses grandes capacités de gestionnaire et savait, si de be-soin, nous rappeler à l’ordre.

Bonne annÉe 2013

2012 tire sa révérence avec une note éminemment positive

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rePartiton DeS DiCaStereS pour la legislature 2013 – 2016

responsableSimon Epiney

responsableJeannine Walter

responsableNicole Salamin

responsableChristiane Favre

SuppléantNadine Zufferey

SuppléantDavid Melly

SuppléantSimon Epiney

SuppléantMarc-Antoine Genoud

administration générale, personnel de chancellerie, énergie, aménagement du territoire, nouvelles constructions publiques

Finances, impôts, culte

Tourisme, sentiers pédestres, gîte de St-jean, bus navettes, manifestations publiques

affaires sociales et assistance, santé, sports, loisirs et culture, jeunesse, artisanat, commerce

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SuppléantChristiane Favre

SuppléantGérard Genoud

responsableGérard Genoud

responsableNadine Zufferey

responsableAugustin Rion

SuppléantAugustin Rion

SuppléantDavid Melly

responsableDavid Melly

responsableMarc-Antoine Genoud

SuppléantMarc-Antoine Genoud

enseignement et formation, crèche, UaPe, autorité de protection de l’enfant et de l’adulte (aPea), Tribunal de police

Police du feu, protection civile, chargé de sécurité, police communale, gestion des parkings, ouvrages de

protection contre les dangers naturels

agriculture, bisses, alpages, forêts, gestion des déchetteries et bâtiments publics

Gestion des travaux publics et des infrastructures sportives (piscines, patinoires et terrain de football), éclairage public

edilité, domaine des eaux, STeP et ordures, Commission de taxation des immeubles

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‹ Il fut l’homme des finances qu’on décri-vait. Il s’est révélé, à juste titre, parcimo-nieux des dépenses publiques, même si son action fut marquée par un sens poussé vers l’innovation et l’investissement.

Louis Salamin

En tant que responsable des travaux pu-blics, il s’est dévoué sans défaillir pour la Commune. La présence discrète, mais effi-cace sur le terrain, lui a permis d’augmen-ter les prestations communales, de coor-donner les différentes activités, d’anticiper les conflits et de corriger les carences.Chers collègues, par votre expérience, votre savoir-faire, votre sérieux, votre per-sévérance, mais surtout par vos qualités humaines, vous avez contribué de manière décisive à la mise sur rail de la nouvelle Commune. Assurément, vous allez nous manquer. Alors chapeau bas.Vous avez mérité de prendre un peu d’air, d’être plus disponibles vis-à-vis de votre famille.Mais nous savons aussi que nous pourrons encore compter pour des services ponc-tuels car de l’œuvre publique vous en avez fait un sacerdoce.

Simon Epiney, Président

Avec toute notre gratitude.

Bonne année à toutes et à tous.

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Vertige auX ChamPSD’ailleurs et d’iciLucarne sur notre coin de terre et notre citoyenneté du monde

Je reviens de St-Luc. Pris de vertige une fois de plus par ces « sentiers valaisans (…) conduisant vers un ciel toujours plus beau ». La route déjà est d’une acrobatie à couper le souffle, elle force au respect pour ceux qui l’ont construite et pour les chauffeurs de bus qui la pratiquent par tous les temps. A-pics qui n’ont d’égal que ceux des bisses dont les photos de construction suffisent à me donner le tournis. Mais St-Luc, « la station des étoiles », snobe le vide et mise plus haut, « entre ciel et terre », depuis l’observatoire à la mémoire de François-Xavier Bagnoud, le petit prince de l’hélico (mort comme lui dans les sables), en passant par le chemin des planètes, jusqu’aux panneaux qui, dans le bourg et sur l’alpage, font leur clin d’œil aux mystères du cosmos. L’un d’eux liste les don-nées requises pour qu’existe une possibilité de vie semblable à la nôtre quelque part dans l’univers. Il faut pour cela une galaxie suf-fisamment grande, une distance adéquate entre une planète et son étoile solaire, une masse critique de celle-là, une forme sphé-roïde, une orbite elliptique pas trop allongée, une rotation sur elle-même, un satellite et, bien sûr, de l’eau. Conditions énormes, mais non impossibles dans un ailleurs encore inconnu ou virtuel…Or ces données sont réalisées chez nous comme une évidence de tous les jours, avec une apparence d’éternité.

Je reviens de St-Luc avec un vertige qui est bien plus que physique.Et je retrouve nos plissements jurassiens, les champs aux douces lignes fertiles qui relient notre Villars à son Fontenais, la route qui, sur tout ce kilomètre, épouse le méridien à tel point qu’elle se confond avec le pli de la carte. J’y retourne de nuit pour voir l’étoile polaire dans le prolongement vertical de cette artère sud-nord, pour sentir la voûte céleste basculer autour de l’axe reliant le vil-lage à son hameau. Sous le croissant de lune, je me demande avec Victor Hugo :« Quel dieu, quel moissonneur de l’éternel étéAvait, en s’en allant, négligemment jetéCette faucille d’or dans le champ d’étoiles. »Je foule un sol où se promenaient, il y a 152 millions d’années, quand il était encore sablonneux et marin, les vertébrés les plus évolués d’alors, ces gros « lézards terribles » qui, suite à une catastrophe climatique, ont fait place au règne des mammifères, le nôtre. Un sol devenu terre cultivable dans un cli-mat tempéré. De cette terre dont un de nos agriculteurs avouait : « Je l’aime tellement que j’en mangerais. » Alors, loin de guérir de mon vertige, je m’y enfonce davantage.Je pense à notre privilège d’exister ici et main-tenant, dans ces conditions globales si favo-rables à la vie ; dans la sécurité, relative bien sûr, mais sans comparaison avec ailleurs;

dans cette qualité de vie et de convivialité sans prix. Mais surtout, je repense à ce pa-léontologue qui s’exclamait devant les traces de dinosaures : « Ce qu’il y a de plus émou-vant, c’est que la biche qui passe ici voit les mêmes choses que nous, mais ne se rend pas compte de leur histoire. » Seuls donc, nous sommes seuls à abriter cette connais-sance, cette conscience de notre monde. Seuls avec tous les humains susceptibles de s’émerveiller. Et tout cela se passe dans notre tête, dans l’interconnexion des milliards de neurones qui clignotent comme des étoiles dans la boîte grise de notre crâne, vraie mi-cro-galaxie à l’image de la grande qui nous emporte dans son carrousel cosmique. Seuls avec tout ce big bang de bonheur dans notre cerveau, qu’un astrophysicien admirait comme « le morceau de matière le plus par-fait qu’on puisse trouver dans cette partie de l’univers. »…C’est assez pour sombrer en plein jour dans mon vertige extra-terrestre jusqu’à me vider de moi-même. Le soleil me brûle le front, mes méninges bouillonnent. Les tempes me battent, bisses et sillons bascu-lent et se confondent. Quelle tiaffe d’enfer ! C’est qu’il est midi, je ne sais plus très bien ce que je dis.

Edouard Philippe Höllmüller

2903 Villars-sur-Fontenais

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reCette De Vie

En 1967, Aubrey apprenait par un article du New York Times qu’une nouvelle station de ski était née dans les Alpes suisses. Zinal venait d’inaugurer son domaine skiable doté d’un téléphérique et de trois téléskis. Né en 1931 à Détroit, Etats-Unis, en 1960 Aubrey s’établit au Canada où il sera profes-seur de géographie à l’Université de Waterloo, Ontario. De fréquents voyages d’exploration surtout en Europe, Moyen-Orient, Union Soviétique, Japon et Mexique, aboutissent à la publication d’une dizaine d’ouvrages et de nombreux articles. Spécialisé en géographie

européenne, changements économiques et problématiques liées à l’environnement, il a publié « Western Europe: A Geographical Analysis », « The New Germany : Land, People, Economy » et « Switzerland : Land, People, Economy» qui décrit la Suisse du point de vue géographique et économique. « With its variety of peoples, places, climates, and landscapes, Switzerland is a rich lode for geographers, travellers, tourists and above all for its inhabitants. » (Avec sa variété de gens, de lieux, de climats et de paysages, la Suisse est un riche filon pour les géographes, les voyageurs, les touristes et en premier lieu pour ses habitants). Un filon qui l’a per-sonnellement marqué. En effet, une fois à la retraite, après 40 ans d’enseignement, Aubrey décide de s’établir à Zinal où il vit depuis 1998.

Quand es-tu venu à Zinal la première fois ?Je connaissais déjà les Alpes, car j’avais effec-tué une étude de géographie politique sur la Vallée d’Aoste. Je connaissais aussi un peu la Suisse. L’article lu dans la presse m’avait donné envie de voir Zinal. C’est pourquoi, en 1967, lors d’un voyage en Europe de l’Est avec un groupe de mes étudiants, je m’y rendis et décidai tout de suite d’y louer un appartement pour l’année suivante. J’aurais pu ainsi avoir une base pour mes voyages d’étude en Europe. Cet endroit était idéal aussi pour mes enfants qui allaient profiter des pistes de ski et apprendre le français.

En 1968-69 avec ma famille nous nous y sommes établis pour une année. Mes en-fants de 10 et 12 ans allaient à l’école à St-Jean avec les enfants de la famille Genoud. A cette époque les élèves étaient regroupés dans une seule classe. C’est leur maître Denis Melly qui les conduisait de Zinal à St-Jean. Cette même année j’achetai un studio aux Glaciers.

Pourquoi as-tu choisi de vivre ici ?Lors de ma première visite en 1967, j’ai aimé tout de suite le côté sauvage du Val d’Anniviers, comparé à d’autres lieux plus connus. Cette vallée était authentique avec beaucoup de forêts et de villages caractéris-tiques. Encore aujourd’hui elle n’a pas été trop abîmée par le développement. Zinal a été préservé grâce à sa position. Situé au pied des sommets et de nombreux couloirs d’avalanche, il est entouré de zones rouges défendues à la construction. Ce qui lui a permis de garder son cachet. J’aime ce côté préservé et tout particulièrement l’empla-cement de Zinal qui, tout en étant au cœur des montagnes, est doté d’un grand plat. Lorsque je suis venu vivre toute l’année à Zinal, pendant quelques années j’ai tra-vaillé sur les pistes pour les RMZ. J’ai une patente canadienne de moniteur et j’ai pu donner aussi des cours de ski. J’aime les montagnes et l’enseignement, cela m’a permis de vivre encore ces deux passions de manière active.

Entre les Etats-Unis, le Canada et l’Europe, où sont tes racines ?Je suis le premier de ma famille qui est né aux Etats-Unis. Mes parents étaient ori-ginaires de la Galicie, une région située au nord-est de l’Autriche faisant partie de l’Empire Austro-Hongrois des Habsbourg qui fut partagée entre la Pologne et l’Ukraine à la fin de la 1ère guerre mon-diale. Envahie par l’armée russe en 1914, la Galicie vit ses villes et ses villages rasés au sol. Mon grand-père fut tué par les

Depuis l’essor du tourisme, au fil du temps, un grand nombre de personnes en provenance de différents pays vivent au val d’anniviers. Zinal, par exemple, qui comptait 6 habitants à l’année en 1960 et 110 en 1970, s’est métamorphosé de village-mayen, habité de manière périodique par des personnes originaires d’anniviers, en village-station, habité toute l’année par des personnes de divers horizons. Comment se réalise cette conjugaison d’ici et d’ailleurs ? Quels sont les ingrédients de la recette de chacun ?je vous invite à découvrir la recette d’aubrey Diem.

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Italiens sur le front Isonzo-Socia, entre la Slovénie et l’Italie. Sur ce front périrent un million d’Autrichiens et un million d’Italiens. Ayant tout perdu en Galicie, en 1920 ma grand-mère décida de partir avec cinq de ses enfants rejoindre un de ses fils en Amérique. Ma mère, qui devait avoir 12 ans, arriva à Detroit avec un passe-port ukrainien. J’ai écrit un livre sur la 1ère guerre mondiale, dédié à mon grand-père, mais aussi sur l’Holocauste à la mémoire de toutes ses victimes. Je suis né aux Etats-Unis, mais comme tous les Américains, j’ai des racines européennes. Je suis venu en Europe pour la première fois en 1954 pour mener des recherches de géographie politique au Val d’Aoste et puis donner des cours de géographie aux soldats américains en Allemagne.

Est-ce que tu te rends souvent au Canada ?Plus maintenant. J’ai beaucoup voyagé dans ma vie. Chaque été, je venais en Europe. En 1958 j’ai passé l’été en Sicile où j’ai mené une étude sur la Réforme agraire sicilienne pour mon doctorat. Dans les années 60 j’ai pu me rendre dans les pays communistes de l’Est et aussi au Moyen-Orient.Je n’ai plus envie de prendre l’avion. Ces der-nières années, ma fille vient me voir à Zinal.

Est-ce que ta vie ici te plaît toujours ? Est-ce que le Canada te manque ?J’aime vivre ici, parce que le village a bougé un peu mais pas trop et aussi parce que j’ai des bonnes relations avec les gens.Je garde d’excellents souvenirs du Canada. Je l’ai parcouru de haut en bas, de la côte pacifique à la côte atlantique en voiture.

J’aime la musique et le théâtre. J’ai vu beau-coup de concerts et de spectacles à Toronto. Cela me manque un peu, mais je regarde les concerts de mes musiciens canadiens préférés, comme Léonard Cohen, Diane Cole et Glen Gold, à la télé sur les chaînes allemandes et aussi des opéras. Ma principale drogue est la lecture. Je passe aussi beaucoup de temps à classer mes photos. Dernièrement j’ai réalisé des livres avec mes meilleures photos : « Family of Man », « Switzerland » et « Materhorn 360° » et rédigé des articles pour « Letters from Switzerland », www.switzerlandinsound.com

Quels sont tes endroits préférés ?Zinal, le fond de vallée et Sorebois qui a l’un des plus beaux panoramas des Alpes. Toutes les cabanes de la vallée où j’allais ré-gulièrement. Le Bishorn, la Pointe de Zinal et Zermatt par le Col Durand font partie de mes meilleurs souvenirs.En Valais, la Fondation Gianadda à Martigny est un vrai régal. Je suis passion-né de peinture. Parmi mes peintres préfé-rés, il y a Guttuso, un peintre sicilien, mais aussi Monique Matet, peintre française qui a vécu à Zinal et à Mottec.J’aime aussi me rendre à Moosalp, au-des-sus de Visp. A mon avis c’est là qu’on mange le mieux dans tout le canton. Moosalp est situé sur un plateau à 2000 m avec une vue grandiose sur Saas-Fee, la vallée du Rhône et le Bitschorn.

Quels sont les plats que tu aimes le plus ? Quelle est la recette que tu souhaites partager ? J’aime les roestis et la raclette. Je vais tou-jours aux Bouquetins, dont le patron est un véritable «docteur en fromage». Les filets de saumon sauvage grillés me manquent beaucoup. J’aimerais partager un plat d’origine russe que cuisinait ma mère.

Adriana Tenda Claude

Des livres d’Aubrey Diem sont en vente à l’Office du

tourisme de Zinal.

reCette De « BLiniS » (petites crêpes) pour 4 personnes

Délayez 15 gr de levure fraîche dans 4 cuillères à soupe de lait tiède et mélangez. Versez 150 gr de farine dans un récipient. Séparez les blancs des jaunes de 3 œufs. Conservez les blancs dans un bol. Versez les jaunes sur la farine ainsi que 2 pincées de sel fin, la levure délayée, un 1/2 de lait et mélangez. La pâte qui en résulte est ho-mogène. Couvrez-la et laissez-la reposer pendant 3h. Montez les blancs en neige, puis incorporez-les à la pâte. Chauffez du beurre dans une petite poêle. Versez une louche de pâte et laissez cuire à feu moyen 2 à 3 minutes de chaque côté. Ma mère ajoutait des raisins secs et du sérac ou du fromage blanc, fermait le blini et le servait. Vous pouvez aussi servir les blinis avec du saumon fumé. Enjoy your meal !

Vissoie - 027 475 18 77

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une treS BeLLe hiStoire De SourCeUne serie d’histoires de sources anniviardes mal connues

DescriptionQuand nous arrivons aux peupliers sous le village de Niouc, il faut s’arrêter, puis des-cendre le long des peupliers, là nous aper-cevons un petit sentier qui descend à l’hori-zontale sur environ 200m.Ce sentier surplombe la rive droite du haut de la Navizence, il est bien entretenu par les gens du village, l’endroit est une petite mer-veille, qu’il faut savoir qu’elle existe, je pense que peu d’Anniviards y ont été.

HistoriqueAvant 1920, le village de Niouc n’avait pas d’eau, le seul point, c’était une petite source à quelques 200 m sous le village, l’accès était raide et pentu, droit sur les précipices de la Navizence en face du bisse de Riccard, pas vertigineux, les arbustes sont là pour cacher le danger. Au fond de ce petit chemin vous découvrirez une jolie petite source bien en-tretenue, cette eau sort sous le rocher, dans l’ancien temps, pour l’exploiter, il a fallu faire des forages, en arrivant sur place, nous apercevons un trou en forme de murette de 3 à 4 m, joli débit.

A l’extérieur, il y a un petit chéneau de bois et un vieux bassin, assez d’eau pour abreu-ver les animaux sauvages.Avant 1920, l’on descendait abreuver le bétail et chercher l’eau pour le besoin des ménages, les anciens se rappellent qu’ils de-vaient prendre cette eau avec des brantes ou charger les mulets pour l’amener au village, la montée était rude.

Cette eau était calcaire contrairement aux autres sources de la vallée. Messieurs Antille me disent, qu’elle venait probablement de la rive droite du Rhône et elle contenait des traces crémeuses à la surface, peut-être la présence de minerais, sous celle-ci, nous avions les mines de Blesec où l’on exploitait le zinc, l’argent, le cuivre, le plomb déjà au 19e siècle. Les trous sont visibles depuis le bisse de Riccard.

Cette source de vie, est un patrimoine riche à conserver.A partir de 1920, l’on s’est approvision-né de l’eau de la canalisation (Vissoie- Beauregard ). Sur le plan de Niouc pas très loin de la falaise. L’eau arrivait de l’une des fenêtres du canal pour alimenter le village en eau ménagère et pour l’arrosage des prés et champs. Cette eau n’était pas toujours potable, à la fonte des neiges, elle arrivait souvent trouble et limoneuse puisque c’était l’eau de la Navizence.En 1921, l’on a pris l’eau du canal pour l’amener jusqu’à Briey, en construisant le pont suspendu, sur la traversée du pont nous voyons les tuyaux et sa présence est toujours d’actualité.Niouc dans l’ancien temps, était un tout petit village de transhumance, peu de foyers restaient à l’année, il y avait beau-coup de champs de blé, de pommes de terre et d’arbres fruitiers.C’est aux environs de 1956-59 que l’on a pris l’eau potable de Soussillon, en tra-versant les falaises de la grande Pontis par conduit câblé, nous les voyons en regar-dant au ciel depuis la route cantonale, ce conduit est suspendu d’une falaise à l’autre pour rejoindre Niouc, depuis l’eau potable coule dans chaque ménage.

Jollien Berclaz Yvonne

A la prochaine saison une nouvelle histoire de source.

La première commence à niouc

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DeS nouVeLLeS Du DiCaStère« accueil et information » d’anniviers Tourisme

Anniviers Tourisme poursuit son bon-homme de chemin, avec en ligne de mire toujours le même objectif : vendre le Val d’Anniviers dans son intégralité. La ri-chesse de son patrimoine, la complémenta-rité de son offre et la variété de ses activités sont des chaînons qui, appréhendés dans leur ensemble, font du Val d’Anniviers une destination d’une surprenante diversité.Une fois toute l’offre « Anniviers » dé-ployée, même les plus exigeants s’avoue-ront vaincus : en Anniviers, il y a de tout, et à volonté. Les canaux d’information ont donc naturellement suivi la tendance, pour devenir petit à petit des guides exhaustifs à la disposition des hôtes de la vallée.

Démonstration par 3 exemples…

L’anniscope

Depuis l’hiver 2011-2012, les 4 brochures d’informations (St-Luc/Chandolin - Grimentz - Zinal - Vissoie) ont disparu au profit d’une brochure en commun : l’ « Anniscope ». Editée deux fois par an-née (été / hiver), elle répertorie toutes les informations utiles dont le touriste doit pouvoir disposer lors de son séjour en Anniviers.

Vision « Anniviers » : L’Anniscope est conçue de telle sorte que l’utilisateur sé-lectionne d’abord la thématique qui l’inté-resse (restaurant, musée, piscine, …) avant d’être redirigé vers la station qui propose l’activité souhaitée.

Le nouveau site web

Dans le courant de l’hiver 2012-2013, un nouveau site web remplacera les sites ac-tuellement en fonction. Avec un design ra-fraîchi, de nouvelles fonctionnalités et une ergonomie adaptée aux attentes des inter-nautes, il servira de vitrine pour l’entier de la destination.

3 différents sites verront le jour :

Le site d’information « montagne » : Val d’Anniviers (Anniviers et Vercorin) Le site d’information « plaine » : Sierre,

Salgesch et environs Le site de vente : Sierre-Anniviers

Marketing et ses offres

Vision « Anniviers » : Sur le web, le Val d’Anniviers sera mis en avant dans sa globa-lité, en tant que destination. Exceptée une page de présentation pour chacune des sta-tions, tout le reste du site sera orienté « Val d’Anniviers » avec une mise en évidence de ses produits, activités, événements.

Le feuillet des animations heb-domadaires / activités

De manière à densifier l’offre en anima-tions, Anniviers Tourisme édite un petit feuillet qui répertorie toutes les animations hebdomadaires et les activités réalisables sur demande, pour tout le Val d’Anniviers. Les animations sont d’abord triées par jour, puis par lieu. Il est toujours possible, dans chaque office du tourisme, d’obtenir le programme de la semaine de la station en question, pour les touristes qui ne souhai-tent pas se déplacer dans la vallée.

Vision « Anniviers » : Le touriste n’est plus seulement limité au programme hebdoma-daire de la station dans laquelle il se trouve. C’est la totalité des animations de la vallée qui est listée dans le feuillet, ce qui lui per-met d’établir le programme de sa semaine en ayant un aperçu de l’entier de l’offre.

Au fil des saisons, Anniviers Tourisme continue de consolider sa stratégie d’infor-mation/communication. Continuellement améliorée, adaptée, peaufinée en fonction des retours de la part des hôtes et des par-tenaires touristiques, elle prend forme et devient petit à petit une solide base de travail qui dicte la manière de véhiculer l’information.

Nathalie Studer - responsable accueil et infor-

mation, Anniviers Tourisme

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Le Ski team anniVierSsouhaite une excellente année 2013 aux lecteurs et remercie tous les annonçeurs.

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montagne CLuB anniVierS

Dans l’équipe du Montagne Club anniviers vous ne connaissez pas encore le groupe des plus jeunes :Les Geckos

Enfants (de 6 à 10 ans) du Val d’Anniviers, qui présentent au bout de leurs doigts des lamelles adhésives comme des petites ven-touses à force de grimper toute l’année !!!Ce groupe de petits escaladeurs se réunit chaque lundi de 17h30 à 19h00 pour se for-mer aux différentes techniques d’escalade.Au total, une vingtaine d’enfants encadrés par Nathalie Guissard.

Quelques mots pour expliquer ce qui se passe pendant l’année :Au début, on commence par apprendre quelques nœuds (8, demi-cabestan, double 8) qui vont servir à grimper et à assurer.Ensuite, on grimpe jusqu’où on peut. A chaque séance un peu plus haut, un peu plus vite, avec les yeux bandés, avec les pieds atta-chés,... tout cela pour être de plus en plus à l’aise et commencer à n’utiliser qu’une seule couleur de prise et monter des voies de cota-tion de plus en plus difficiles: 4a-4b-4c-5...Mais n’oublions pas qu’il faut aussi re-descendre et pour y arriver, il faut avoir confiance en son copain qui est en bas et qui assure en gérant la vitesse !!! D’abord se

mettre en position « assise » prévenir qu’on est prêt et puis rien qu’avec les jambes effec-tuer de petits bonds en arrière.Pas si compliqué !!! L’escalade est un sport qui demande aux enfants beaucoup de concentration, de confiance, et de responsabilité, ce qui n’est pas facile si jeune !

C’est pourquoi depuis septembre jusqu’à juin, nous faisons différentes activités : la plupart du temps en salle en ce qui concerne la grimpe, sur rocher dès que c’est possible, et pendant l’hiver nous organi-sons 4 à 5 sorties en raquette (animées par des accompagnatrices en moyenne mon-tagne) pour que les geckos se préparent à devenir de futurs alpinistes.Pendant l’été un petit camp de 3,4 jours est proposé à tous ces jeunes motivés, qui leur permet de découvrir la vie en refuge et d’autres contrées hors du Val d’Anniviers.

Si vous êtes intéressé de faire partie de ce groupe,

vous pouvez prendre contact avec nous :

Guissard Nathalie

Zufferey Pascal

Zufferey Stéphanie

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LeS 4000’S

Les débuts

Fin 2011, l’Office de Tourisme de Zinal cherchait quelqu’un pour organiser la soirée

de la St-Sylvestre à la salle polyvalente. Ces jeunes décidèrent de relever le défi. Ils saisirent l’opportunité de faire leurs preuves, dans l’idée d’organiser d’autres

soirées durant l’hiver. Leur but était d’ani-mer les nuits anniviardes en donnant la possibilité aux gens d’ici, aux propriétaires de chalets ainsi qu’aux touristes, de se ras-sembler pour se divertir. Le 28 décembre, une première soirée fut organisée dans les garages de l’entreprise Melly à Zinal. Elle servit de répétition gé-nérale à la soirée du 31 et permit de tes-ter un peu l’organisation avant le réveillon lui-même.La réussite fut au rendez-vous.

L’association

Rapidement, une association a été créée afin de définir clairement le rôle et les ob-jectifs du groupe. Elle a été présentée aux autorités communales afin d’être reconnue et de pouvoir leur demander un soutien. La commune, intéressée, a accepté de mettre ses salles à disposition gratuitement. Actuellement l’association est constituée de huit membres, tous liés à Zinal. Il s’agit de Boris et Gaëtan Bonnard, Yann Crausaz, Virgile Genoud, Camille Germann, Samuel Melly, Anthony Meyer et David Walther. Le groupe n’est pas un groupe fer-mé. Pour faire partie de l’association, deux conditions essentielles : être attaché au val d’Anniviers « par le sang ou le cœur » et être accepté par les autres membres.

Les 4000’s (prononcez les « quatre mille », tout simplement) est le nom d’une association qui a vu le jour à Zinal, début 2012. elle a été créée par des jeunes du village qui avaient constaté, avec effroi, que les discothèques de Zinal et de Grimentz ne seraient pas ouvertes, pendant la saison d’hiver 2011-12.

Gaëtan Bonnard nous raconte l’histoire de cette association.

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Hiver 2012

Fort de ses premières expériences, le groupe décida de mettre sur pied une soirée à thème par mois, soit à Zinal, soit à Grimentz. Ce rythme permettait aux jeunes organisateurs de ne pas être surchargés par la tâche et de trouver la date qui convenait le mieux en fonction des autres manifestations organi-sées dans la vallée. Le 28 janvier, les 4000’s occupèrent la salle de gym de Grimentz. Au préalable, par souci des formes, contact avait été pris avec le grou-pement local du Team Avalanche qui ne vit aucun problème à ce que des gars de Zinal or-ganisent une fête à Grimentz. La soirée rem-porta un succès dépassant toute espérance.

Finalement, en plus du réveillon du Nouvel An, furent organisées trois fêtes à Zinal et deux à Grimentz.L’organisation de chaque soirée était entière-ment gérée par les membres eux-mêmes qui se sont répartis les tâches : la décoration, la planification musicale, la caisse, les boissons. Pendant les soirées, ils travaillent seuls, car ils souhaitent garder leur autonomie. Cependant Gaëtan saisit l’opportunité qui lui est offerte ici, pour remercier vivement les copines des membres et les proches qui leur ont donné un coup de main en différentes occasions. Les thèmes suivants ont donné leur cou-leur aux soirées : « Underground » et « le Grand Bal des Diablons » pour Zinal, « La conquête de l’Ouest » (vous percevez l’au-dacieuse allusion sociogéographique ?) et les « Pirates » pour Grimentz. La décora-tion des lieux et les costumes des maîtres de cérémonie créaient l’ambiance ad hoc.

L’argent gagné a été investi dans l’achat de matériel : costumes, tables hautes et lumières. Car les 4000’s ont bien l’inten-tion de poursuivre l’expérience cet hiver-ci. Avec un bilan de 1500 personnes pour les différentes soirées (dont le réveillon), ils considèrent avoir tenu leur pari. D’ailleurs ils ont eu un très grand nombre de retours positifs, venus aussi bien d’individus que des autres associations de la vallée. Au fil des soirées ils ont rodé leur organisa-tion et pris connaissance des choses à amé-liorer. L’accent est mis sur quelques points essentiels : la décoration qui pose le cadre, la musique à adapter au goût du public et, point capital, la sécurité qu’ils assurent au mieux en prévoyant des lunabus entre les différents villages d’Anniviers.

Hiver 2013

Cette année, ils vont aussi « coloniser » la région de St-Luc-Chandolin. Leur calendrier est prêt :

A la fin de la conversation, Gaëtan Bonnard qui a eu la gentillesse de répondre à toutes mes questions, souligne deux fois que les 4000’s ne veulent en aucun cas prendre le travail des autres et être en concurrence avec les commerçants. En fait, une excel-lente collaboration avec eux s’est instaurée l’hiver dernier. L’unique ambition de l’as-sociation est d’apporter un plus dans l’ani-mation de la région. Objectif atteint à la satisfaction générale.

Un drôle de nom !

Pour ce qui est du nom de l’association, ils ont longtemps cherché. Leur choix s’est fixé sur les 4000’s car ce nom montre bien d’où ils viennent, est simple à retenir et appartient à un créneau différent de ce qui existe déjà.

Des jeunes originaux, créatifs et entrepre-nants, voilà ce qu’il nous faut : avec les 4000’s on vise les sommets !

Janine Barmaz

Vendredi 28 décembre à Zinal, au pub dès 16h

Lundi 31 décembre à la salle polyvalente de Zinal

Samedi 26 janvier à Grimentz

Samedi 23 février à Zinal dans les garages Melly

Samedi 9 mars à St-Luc ou Chandolin, dans le cadre du First-Track Freeride

Samedi 13 avril à Zinal, fermeture de la saison : animation sur les pistes, la journée, et dans les rues du village, le soir.

3961 St-LucTél. 027 475 13 48

[email protected]

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hÉLène, l’intrépide

Hélène a couru, beaucoup ; à plus de 50 ans, le coup de foudre pour la course à pied lui est tombé dessus ! Le mot n’est pas trop fort, voyez plutôt ; quinze fois Sierre-Zinal, plusieurs marathons en commençant par celui d’Eindhoven en 1983, onze fois celui de New-York, deux fois à Hawaï et Londres, entre autres.La cinquantaine frappant à sa porte, Hélène a laissé tomber toutes ses autres activités pour courir, et elle s’en est donnée à cœur joie jusqu’à la septantaine bien dépassée.De grands-parents nés dans l’Oberland ber-nois, d’une maman grandie à Adelboden et partie apprendre l’anglais en Grande-Bretagne, mariée à un Hollandais, Hélène a été la première à le voir dans cette nou-velle famille en 1926, aux Pays-Bas. Entre des vacances heureuses à Adelboden et la vie en Hollande, Hélène passe une enfance sereine jusqu’à ce terrible 10 mai 1940 lorsqu’éclate la guerre. Dès 5 h. du matin, des parachutistes envahissent la région, pendant 10 jours tout s’arrête, plus d’école, plus de travail, l’incertitude s’installe.Puis, malgré l’occupation, les habitants décident de reprendre le cours de la vie le plus normalement possible. Dès 1941, la résistance s’organise, d’abord par la généra-tion de ses parents. « On voyait bien que les Juifs étaient arrêtés et emmenés, mais personne n’arrivait à connaître leur desti-nation » dit Hélène, encore remuée à cette idée 60 ans plus tard !

Quand elle a atteint ses 17 ans, Hélène a pu jouer son rôle dans la résistance : parcourir 20 km à vélo deux fois par nuit de préférence et distribuer un journal illégal appelé « Trouw » (fidèle) à des adresses bien précises. Ce jour-nal existe encore aujourd’hui.En ce temps-là, seules jupes et robes étaient autorisées; une fois, Hélène a été arrêtée par une patrouille chargée de contrôler les per-sonnes et de réquisitionner les vélos. Le ventre arrondi par tous les journaux à distribuer et cachés sous ses habits, Hélène a pu passer pour une femme enceinte et on l’a laissé partir, ouf !Deux fois par semaine, elle va chercher du lait pour ses petits frères et sœurs avec un ar-rosoir, faute de bidon, chez un paysan de la région. Gaz, électricité, chauffage, tout cela ne fonctionne plus, le dernier hiver avant la libération est particulièrement rigoureux. Les habitants n’ont que très peu à manger; par-fois ils réussissent à se procurer un peu de fromage à la campagne, chez des fermiers. Son père se rend au travail en patins par les ca-naux, on ne bénéficie ni de service postal, ni de téléphone, juste un poste de radio rescapé permet d’écouter les nouvelles transmises par Radio-Londres.La reine et le gouvernement hollandais sont réfugiés en Grande-Bretagne, la princesse et ses 3 enfants au Canada. Un intense trafic de bateaux se déroule durant la nuit sur la Mer du Nord entre Grande-Bretagne et Hollande, mais les activités demeurent secrètes, il vaut mieux ne pas savoir…

Il faut toujours avoir sur soi une carte d’identité avec un faux nom, en cas d’arres-tation, ça fait gagner du temps.Quelques jours avant la libération, des avi-ons ont largué de la nourriture : pain blanc, chocolat, petites saucisses et… cigarettes. Mais durant ces derniers jours de guerre, l’occupant a encore beaucoup tiré, pour rien, par dépit, en désespoir de cause…Hélène a connu beaucoup de gens qui ont disparu pendant la guerre ; elle les voit alors revenir des camps, méconnaissables… en-core aujourd’hui, elle ne supporte pas la vi-sion d’une seule image de guerre.Une sœur d’Hélène a publié un livre qui ra-conte la traversée de cette époque par cette famille somme toute ordinaire ; malheureu-sement, la traduction française n’existe pas.Puis il a bien fallu reprendre le cours de la vie, Hélène a travaillé comme secrétaire dans un bureau de placement, a rencontré « son » homme, s’est mariée en 1950, a eu 2 garçons et 2 jumelles, est restée aux Pays-Bas jusqu’en 1959, s’est installée ensuite à Bruxelles pour 25 ans, là où son mari Sjouke a travaillé au Parlement Européen.Cherchant un logement de vacances à la montagne, quelque part entre Adelboden et l’Italie, une petite annonce les conduit en Anniviers ; tout de suite, cette vallée ré-pond à leurs aspirations : climat agréable, environnement calme, paysage fantastique.Venus régulièrement dès 1978, ils se sont installés définitivement à St-Luc, la retraite venue, en 1984. Durant ses premières années de séjour par chez nous, Hélène a appris à skier avec Joseph, puis Augustin avant de trouver son bonheur dans la course à pied.Aujourd’hui Hélène est veuve, son fils Michiels veille sur elle ; lui aussi est un grand sportif, dans sa catégorie il se situe dans le top mondial des triathlètes.Bravo Hélène l’intrépide, à plus de 86 ans tu nous épates toujours !

Simone Salamin

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fam. Zuffrey 3961 St-jean 12 sortes de fondues salle de banquets menu anniviard sur réservation027/475.13.03 lagougra.ch

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Du Cuir De SonnetteS

Son petit atelier est empli de matériaux et d’outils. Au coin de la pièce, une stéréo, au mur 2 ou 3 photos-souvenirs de trophées fabriqués pour des combats de reines ou des détails de parure. La pièce se cache au fond du cabanon de jardin, en contre-bas de la maison familiale. On y accède par un dédale d’étagères sur lesquelles on découvre, alignées comme dans une salle d’attente, une série de sonnettes et leurs parures en voie de réparation, ainsi que 4 nouvelles de tailles différentes pour une commande.La fabrication d’un collier nécessite un grand rectangle de base en cuir, de couleur

naturelle ou teinté noir, de 1 m 24 x 17 cm découpé d’une plaque sur lequel sera appliqué un second morceau, bien plus petit et dénommé « la main », servant à maintenir la cloche tout en étant l’élément décoratif de la courroie. Sans oublier les en-tailles pour faire passer la cloche, il arrime la main à une quinzaine de centimètres de l’une des extrémités de la base à l’aide de clous dorés et de rondelles ou rosaces selon le motif à réaliser. Fermoir et boulons scel-lent la plaque pour passer le collier à la bête. Des bandelettes de cuir glissées à l’intérieur, sous l’anse de la sonnette, serviront à la ca-ler car la matière rétrécira avec le temps.Le tannage du cuir à partir de la peau d’une bête nécessite près d’une bonne année avant d’être retourné prêt à la découpe! A l’aide de chablons, d’un crayon et d’un cutter, il découpe les reliefs de la main pour lui donner forme sans jamais s’être coupé la sienne. Il cisèle ensuite les bords de la pièce avec une reinureuse et un compas, se sert d’un abat-carré pour biseauter l’angle vif du cuir afin d’adoucir le port du collier, ce qui est tout de même plus confortable. Il sertit la main de clous en formes d’étoiles ou d’Edelweiss, de lanières à coudre en cuir de couleur (blanc, jaune, rouge, bleu) qu’il nouera en de motifs réguliers après avoir poinçonné le tracé, il la perce encore d’un profil d’écusson pour faire la place à un motif valaisan ou suisse tiré d’un modèle découpé d’une bande préfabriquée (hè…).Le reste de son outillage est « très basic ». Ciseau, marteau, enclume,… quoique. L’enclume lui a été proposée sur mesure et se termine en pointe, afin de faciliter cer-tains travaux d’appoint.Il existe peu de variantes de motifs, remarque

Jean-Blaise. Il est certes possible de se lancer dans des gravures d’Edelweiss ciselées ou des armoiries élaborées, mais il n’a pas en-core eu l’occasion de réaliser son rêve, celui de se lancer dans la conception d’une son-nette vraiment spéciale.

La passion de Jean-Blaise s’est construite « de fil en aiguille » au début des années 2000. Il s’occupait alors des vaches de sa belle famille et a tenté l’expérience par curiosité.Il rechigne à causer finances ou statis-tiques dès qu’on lui demande quelques chiffres. Il souligne que l’activité à laquelle il consacre son temps libre relève d’une passion, mais qu’il ne pourrait certes pas en faire vivre sa famille.En 2004, il a été amené à ouvrager 6 son-nettes-trophées pour le match de reines de Mission, catégorie génisses.En 2007 puis en 2011, il eut l’insigne honneur de réaliser la totalité des lots des combats en Anniviers, soit 31 sonnettes avec celle de la tombola.

C’est en hiver qu’il consacre l’essentiel de son temps à la création ou à la réparation des cuirs, durant les longues soirées froides ou les dimanche matins enneigés.Il existe 3 tailles de parures: celles des veaux, des génissons et des vaches. Il lui est arrivé une fois de devoir travailler un collier dont les normes excédaient le standard.Une vache en portera plusieurs dans sa vie car les cuirs, lors de combats, sont souvent mis à rude épreuve et même carrément déchirés. Après avoir été recousus par les bons soins de l’artisan ou d’un cordonnier de la place, certains finissent en bien pi-teux état. Sur ce, il nous dégotte un exem-plaire drôlement amoché, à l’incroyable patine et en pièces détachées. Celui-ci, as-surément, aura vécu.Au printemps et en été, il dépanne, mais sinon il préfère passer son temps dehors.Ses clients - on sait qu’il goûtera peu à ce terme - sont des propriétaires de vaches de

La nuit tombe sur la vallée. Chacun presse le pas et rentre chez lui. La saison froide est propice aux activités d’intérieur, au coin du foyer ou dans son atelier. C’est celle que privilégie jean-Blaise Constantin pour s’adonner à sa passion, la création de cuirs de sonnettes.

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la vallée. Il y eut autrefois des Anniviards qui pratiquaient cet art, il en reste un qui met encore ses dons de cordonnier au ser-vice de quelques-uns pour de la réparation, mais Jean-Blaise est désormais le seul à assurer la production anniviarde sur place. A moins qu’un lecteur parmi vous ne s’y intéresse… ce qui le ravirait, d’ailleurs.En été, donc, il est plutôt amené à se dé-placer à la rencontre des paysans et des troupeaux pour des interventions d’ur-gence, de monter à l’alpage. Autant il ap-précie la quiétude de son petit coin à la nuit, autant il aime les « super contacts » au fil des rencontres à la belle saison. Remarquez, il s’est défilé au moment de nous raconter une anecdote sur le sujet…Il se joint de plus avec plaisir aux manifesta-tions touristiques pour présenter son art et il n’est pas rare de le voir entouré d’une foule de badauds intrigués peut-être non pas par la méthode de fabrication des cuirs, mais par l’objet même, question qu’un Anniviard ne se pose dans le fond même pas, non?

Un jour d’inalpe, un couple d’Etats-uniens a débarqué sur un coup de tête. Ils ont tout de suite été séduits par ces grosses cloches qui pendaient au cou des vaches, ont saisi un indigène au vol qui les a menés jusqu’à Jean-Blaise car ils tenaient coûte que coûte à en ramener une chez eux. Rendez-vous fut pris à Mayoux en fin de journée. C’est accompagné d’un traducteur qu’il retrouva nos touristes et conclut la vente du précieux sésame. Nos Américains poursuivirent leur périple, ravis.

Nicole Salamin

Sonnette est le terme usité pour les cloches de vaches.

Sonnaille est officiellement celui qui est répertorié à cet

effet dans les dictionnaires.

Sonnette semble donc être une appellation régionale.

Cuir est le collier de la sonnette.

On évoque aussi les termes de parure et de courroie.

Galerie-photos sur la page Facebook des 4 Saisons

d’Anniviers et sur www.limmoblog.ch, billet du

09 janvier 2013.

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hC anniVierSUne star de nHL en anniviers?

Non… Mais cela aura eu le mérite de vous faire débuter la lecture de cet article… Au cœur de l’hiver, la saison du HC Anniviers bat son plein ! Au jeu des pronostics, le début de saison a déjoué certains d’entre eux… Si la concurrence pour les premières places est toujours plus forte, l’ordre des équipes est actuellement chamboulé… Alors que Red Ice et Lens dominaient outrageusement les dernières campagnes, c’est le HC Sion qui file un parfait amour avec la place de leader. Grand bénéficiaire à l’intersaison de la relégation du HC Nendaz, le HC Sion version 2012 présente un tout autre visage… Les Anniviards ? La place dans le top 4 sera une rude bataille, mais à ce jour (13.12.) nous conservons toutes nos chances. Comme à l’accoutu-mée, notre groupe fait preuve d’une soli-darité unique et d’un engagement de tous les instants. A l’aube des playoffs, la clé ré-side dans la capacité de notre équipe à de-meurer concentrée sur notre objectif : une place en demi-finale (minimum !)

Mais la saison 2012-2013 marque surtout le retour de notre mouvement junior ! Au côté d’une école de hockey florissante, pas moins de 15 bambinis (6-8 ans) prennent part au championnat pour la 1ère fois. Fruit du travail parfait de Jérémie Melly et de ses bras droits Yann Antille, Mathieu Salamin et Baptiste Solioz, nos jeunes pro-gressent et prennent goût à la pratique d’un sport d’équipe. Face à la relève des « grands » du canton (Visp et Sierre no-tamment), nos jeunes font déjà honneur à leurs origines.

Le HC anniviers recrute

L’objectif premier de notre organisation est la formation de la jeunesse. Afin d’em-boîter le pas à l’équipe actuelle, nous re-cherchons ACTIVEMENT des jeunes, nés en 2003-2004, intéressés à la pratique du hockey pour rejoindre les rangs du HC Anniviers.

Notre but est de continuer le mouvement commencé cette année et de permettre l’inscription d’une équipe piccolo en 2013. Mais le temps compte… L’inscription au-près de Swiss Ice Hockey est fixée à fin avril… Merci aux parents d’être sensibles à cet appel. Il en va de l’avenir. Contact : Jérémie Melly

079 767 94 19

HC Sierre – Une bataille, mais pas la guerre

Notre voisin, et partenaire, a les bras meur-tris dans un combat inégal. Certains tien-nent le flambeau. Qu’importe les avis des uns et des autres. 80 ans d’histoire, cela compte. Cela compte pour un fan, cela compte pour un club comme le nôtre, cela compte pour une région. Fini le but victo-rieux en prolongation qui vous fait bondir de votre place? Finis les matchs houleux où même lorsqu’il gèle vous terminez le match la veste grande ouverte ? Finies les analyses d’après match dans la voiture en regagnant notre belle vallée ? J’espère que non, alors merci de soutenir notre HC Sierre.

http://www.youtube.com watch?v=wHzKYrVb3_A

renc. Vict. Vict.+ Déf.+ Déf. Points1 hC Sion 6 5 0 1 0 162 hC monthey-Chablais 7 3 1 0 3 113 hC anniviers 5 3 0 0 2 94 hC reD iCe 7 2 1 1 3 95 ehC Visp Lions 4 2 0 2 0 86 hC nendaz mont-Fort 8 2 1 0 5 87 hC Lens 4 2 0 0 2 68 ehC raron 5 0 1 0 4 2

Le BOIS met de la chaleur dans votre foyer

Boisval SA - Mayouxtél 027 475 12 37 - fax 027 475 12 81

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Pittet Charles - Chandolintél 078 601 23 18

Salamin Claude-Albert - St-Luc/Niouctél 027 455 53 86 - tél 079 417 63 86

Revey Jacky Sàrl - Mayouxtél 027 475 23 74 - fax 027 565 53 43

Melly Sarl - Ayertél 027 475 17 38

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LeS LienS inViSiBLeS : à la rencontre d’une autre montagne

a la recherche du temps perdu…Depuis plus d’une décennie, nous effectuons régulièrement des trekkings, dans la région de l’Himalaya (Népal, Inde). Nous partons en groupe, pour marcher pendant 10, 12 jours ou plus, loin de toutes (ou presque) traces de civilisation. Nous traversons des villages, des camps de nomades, de grands espaces vierges emplis de solitude. Ce qui nous plaît dans ces voyages à pied : c’est le dé-pouillement, la lenteur, mais aussi le fait que même si des milliers de kilomètres séparent les Alpes de l’Himalaya, nous rencontrons une société à la fois semblable à la nôtre mais très différente, quelque chose qui pourrait s’apparenter à un voyage dans le temps, semé d’anachronismes. Nous nous retrouvons en quelque sorte dans le monde qui existait ici, il y a une cinquantaine d’années ou plus. Nous croisons par exemple un scieur de long utili-sant une technique plurimillénaire qui inter-rompt son travail pour répondre à un appel sur son téléphone portable.

Il n’est pas rare non plus, de découvrir une télévision trônant dans la pièce principale d’une habitation. Dans ces régions, on vit sans eau courante, sur un sol de terre battue. A certaines altitudes lorsque le bois se fait rare, les bouses de yack séchées servent de combustible, mais grâce à un petit panneau solaire, une parabole, le petit écran fait déjà partie de la vie quotidienne de certains. Les rhododendrons qui ressemblent à des arbres, les immenses falaises, les cols que l’on franchit le souffle court à 5000 mètres et plus, les montagnes de 8000 mètres contribuent au dépaysement. Mais, les cimes, ici ou ailleurs ont toujours été le

royaume des Dieux : chez nous des croix sont érigées sur les sommets, là-bas les dra-peaux de prières flottent au vent.

Il y a toujours eu des hommes qui ont su s’adapter au contexte particulier des mon-tagnes, qu’ils s’appellent Paul, Gustave ou Norbu, Mandir, les montagnards ont en commun la rudesse de Ceux d’en Haut, le sens de l’accueil et de l’hospitalité qui fait que chez eux, l’on se sent chez nous. Un lien qui ne se partage pas seulement devant un verre de blanc et une raclette mais autour d’un thé au beurre salé, de tsampa (farine d’orge grillée) ou d’une bière locale dénom-mée chang.Ceux qui sont partis arpenter les chemins de l’Himalaya vous le diront unanimement, ce qui frappe là-bas, ce sont les sourires. Souvent les habitants ne possèdent presque rien mais expriment la joie d’être là, vivants. Leurs regards sont habités. Nous croi-sons souvent des autochtones car nous ne sommes pas les seuls pèlerins. « Sur la route défilent, comme un train marchandise, deux caisses de trente poulets, de la farine de maïs, septante-deux bouteilles de coca, deux sacs de

ciment, et ces petites jambes que l’on aperçoit juste au-dessous, c’est celles de leurs pères, les porteurs. Tout vient à dos d’homme : sucre, ciment, tuyaux de canalisation, poules, livres, tissus… Pour visiter les cousins du village voi-sin, on met donc 10km ou 1 jour. Chacun se balade ainsi avec sa besace, un sac sur le dos, du riz, un enfant en travers des épaules. Les vieux, à qui on ne laisse plus rien porter, avancent encore courbés par l’habitude, cou-pables, les mains dans le dos. » 1

La place de la femme, dans les montagnes himalayennes ressemble étrangement à celle de l’Anniviarde du début du siècle pas-sé, je n’invente rien, c’est Marie Métrailler, fille du val d’Hérens qui dans son livre « Poudre de Sourire » , cite les paroles d’un vieux qui lui dit joliment : « de toute façon quand je reviendrai sur terre, dans une autre vie, il y a deux destinées que je ne choisirai pas : celle de femme en Anniviers, celle de mule à Savièse. » Il aurait très bien pu ra-jouter celle de femme dans l’Himalaya ! En effet, on la croise le dos courbé sous la charge, c’est elle qui va ramasser le bois, qui rentre les récoltes, qui s’occupe du bétail… Les Amchis, médecins tibétains connais-sent le secret des plantes médicinales, tout comme les anciens chez nous, ils ont mis à jour les vertus de certaines plantes au cours du temps. Nous allons justement vous faire découvrir une drôle de plante.

L’or de l’Himalaya

Cette année, en septembre, nous avons découvert le Dolpo, région isolée à l’ouest du Népal. Nos porteurs et cuisiniers nous ont parlé d’une drôle de chenille… qu’ils venaient ramasser, en haute altitude de mi-mai à mi juillet. Cette chenille, mi plante mi animal, dont nous entendions parler pour la première fois, nous a intrigués. Nous avons voulu en savoir plus …Le yarsagumbu en tibétain, ou cordyceps

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synensis se récolte sur les hauts plateaux entre 4000 et 5000 mètres. C’est le résultat d’un surprenant cycle biologique naturel. Il est issu de la fusion d’une chenille momifiée et d’un champignon parasite. La chenille appartient à une espèce très particulière, elle se déplace sous terre, creuse des galeries, les spores du champignon rentrent en contact avec elle et la colonisent. De cette subtile al-chimie résulte un fin tube noir qui sort de terre alors que l’autre extrémité est formée de la larve momifiée. Séché, exposé dans les pharmacies de Hong Kong, il est encore plus cher que l’or, (25’000 euros le kg). Selon les médecins chinois, il stimule les défenses im-munitaires, renforce la résistance physique, est un élixir de jeunesse et possède des vertus aphrodisiaques. On l’appelle aussi le viagra de l’Himalaya. Les scientifiques sont plus prudents, de nombreuses recherches sont en cours. Son commerce représente des cen-taines de millions de francs par an. Depuis la fin des années 90, la demande n’a cessé d’augmenter, son prix également.Sa cueillette est devenue une véritable chasse au trésor. Les Tibétains utilisent intuitive-ment le Yarsagumbu depuis des siècles. Une légende, raconte : « C’était il y a fort long-temps, lorsque les tribus des peuples du Tibet et du Népal emmenaient leurs animaux dans les pâtures des hautes montagnes. Là, ils ont vu leurs chèvres et leurs yacks brouter une sorte de petit champignon marron ressemblant à de l’herbe qui poussait sur la tête de chenilles. Après avoir mangé cette étrange chose, les ani-maux sont devenus joueurs et ont commencé à courser les autres chèvres et yacks avec des inten-tions concupiscentes. Cette vigueur renforcée a dû sembler une bonne chose aux peuples de ces

tribus et ils ont commencé à ramasser ces petits champignons et à les manger. 2

Deux mois durant, les rues se vident, tous les villages entament une étrange migra-tion, même les écoles ferment. Le Dolpo se transforme en pays de cocagne. Fermiers, nomades ou éleveurs abandonnent leurs ac-tivités, laissent tomber le travail des champs et partent gagner en deux mois l’équivalent d’un an de salaire. Depuis 10 ans, pendant cette période, cette région voit sa popula-tion multipliée par 6. Pas moins de 60’000 personnes arpentent la montagne à quatre pattes, ou pliées en deux, guettant l’objet de leur rêve. Les enfants sont également de la partie, leur acuité visuelle leur permet de repérer plus facilement une tige qui sort seu-lement de 2 cm du sol.

Les temps modernes

Dans tout l’Himalaya, on assiste à une mutation qui pourrait être comparée à ce qui s’est passé dans les Alpes, avec l’arrivée du tourisme. Le monde paysan perpétuait jusqu’à peu une tradition de gestes faits depuis des générations, mais aujourd’hui les jeunes rêvent d’un autre monde, plus urbain. Dans une société qui était basée sur le troc jusqu’à récemment, l’argent devient incontournable. On peut même en gagner beaucoup en peu de temps, ce qui permet d’accéder à de nouveaux biens de consommation, comme des télévisions, des téléphones portables, des denrées em-ballées dans du plastique, paquets de chips et autres. Cela engendre de nouveaux dé-fis, écologiques par exemple. Le Népal ne possède aucune structure de gestion des déchets. Dans les villages de montagne, les rues sont souvent jonchées de détri-tus, plastiques, conserves, déchets orga-niques et cela ne semble déranger personne. L’écologie serait-elle un luxe d’occidental ? Chaque fois que nous y retournons, c’est un monde en rapide mutation que nous cô-toyons, pour le meilleur et pour le pire, mais ce qui nous plaît, dans la vie de trekkeurs, c’est cette existence simple, peuplée de ren-contres, d’efforts et de sourires. Le fait d’être en position de touriste nourrit également notre réflexion et nous aide à mieux accueillir le vacancier qui nous visite en Anniviers.

Torche Mercier Christine – Mercier Luc

1. http://gaelmetroz.wordpress.com

2. http://www.nutranews.org

tour d’anniviers vissoieExposition hiver 2012-2013

Anniviers Les chemins de l’identité

Ouvert du jeudi au dimanche de 14h00 à 17h0020 décembre 2012 au 6 janvier 2013

7 février 2013 au 3 mars 201328 mars 2013 au 14 avril 2013

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DeS CoDeS PaS Si SeCretS

Vos billets CFF ou d’aviation sont similaires, lorsque vous effectuez vos réservations sur in-ternet. Même pas besoin d’imprimer le billet. Ils sont directement scannés sur l’écran du na-tel par le contrôleur ou les bornes d’accès au quai. A l’époque, je me demandais ce qui ap-paraissait comme information sur l’écran du porteur de képi sans oser le demander. Stupide excès de discrétion qui retarde la compréhen-sion! En voyage en 2007 au Japon, il était déjà possible d’en voir partout, les premiers tests furent intéressants bien que peu informatifs sans maîtriser les idiomes locaux….En 2012, tout est enfin clair car chacun y a accès.Ces carrés s’appellent des codes QR, pour « Quick response ». Ils fournissent en effet des informations ciblées, efficaces et immédiates. Pour les décoder, il « suffit » de posséder un « smartphone » qui sert à tout sauf à télépho-ner (mon cas…), d’y charger un lecteur de

code QR, gratuit. L’application prend alors une photo du code et fait instantanément ap-paraître ce qui s’y cache. Selon leur structure, les codes offrent diffé-rentes capacités de stockage d’information. Ils peuvent contenir un simple texte comme une phrase, une page web, un appel téléphonique prêt à être lancé, un sms prêt à l’envoi, un lien e-mail qui ouvre l’application idoine avec adresse-objet-message pré-remplis qu’il suffit de compléter et d’envoyer, une indication gps sur une carte dynamique, une vidéo (bande-annonce de film, recette de cuisine…), etc. Même les catalogues de jeux pour enfants en sont truffés car, eux, savent bien sûr ins-tinctivement les utiliser. Et les vendeurs les exploiter.Ces codes peuvent tout à fait remplacer les plaquettes informatives ou les prospectus des lieux touristiques comme des musées et même d’accéder à du contenu audio. A quand

nos carrés blancs et noirs sur nos édifices, les balises de nos chemins ou les horaires des bus?En industrie, ils sont depuis longtemps utili-sés pour le traçage des produits.L’accès à ces informations se fait la plupart du temps par le biais du web, ce qui, à l’étran-ger, peut encore être un frein suivant l’option d’abonnement choisie.Dans le précédent 4 Saisons, vous en avez vu fleurir plusieurs. Nous les reprenons dans cette édition. En page 17, vous arrivez tout droit à la caissette des 4 Saisons située à... on vous le donne en 1’000! En page 47, vous ac-cédez directement au site web des 4 saisons d’Anniviers (www.4saisonsanniviers.ch). Tout comme vous vous abonnez aux 4 Saisons d’un simple e-mail si vous vivez hors vallée, c’est notre code préféré..., sur cette même page encore, complétez tout simplement la rédaction de votre petite annonce gratuite dans l’e-mail qui s’affiche à votre écran ou re-joignez notre groupe sur Facebook.Qu’avez-vous décodé dans celui que nous vous présentons en tête d’article?

MacGyver

Dans la dernière édition du 4 Saisons d’anniviers, vous avez vu fleurir des carrés blancs aux motifs décousus. Pour certains, ils sont connus et usités. Pour d’autres, moins. Pour les lecteurs du 4 Saisons, ils seront désormais familiers.

il est aussi très facile d’en créer.

Réponse:

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Toute l’équipe du 4 Saisons d’Anniviers vous

transmet ses meilleurs voeux pour l’an 2013!

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Bienvenue aux non-résidents.

Tarif : 50.-/an (4 éditions) en Suisse et 100.-/an à l’étranger.

Adressez votre demande par e-mail à [email protected] ou par courrier à Imprimerie d’Anniviers sàrl 4 Saisons d’Anniviers, 3961 Vissoie.

abonnez-vous !

Comité de rédaction :Marc Genoud (Conseiller communal)Jérôme Bonvin (Président Ski-Team Anniviers)Christian Caloz (Président FC Anniviers)Benoît Epiney (Président HC Anniviers)Pascal Zufferey (Montagne-Club Anniviers)Paolo Marandola (Imprimerie d’Anniviers sàrl)Rédactrices : Janine Barmaz, Nicole Salamin, Simone Salamin, Adriana Tenda ClaudeCorrectrice : Ursula SurberImpression : Imprimerie d’Anniviers sàrl, VissoieRemerciements : Commune d’Anniviers et tous les annonceursMode de parution : trimestrielle Tirage : 2’100 exemplaires

Des journaux sont à disposition dans les différents offices du tourisme d’Anniviers

et de Vercorin, dans les bureaux communaux d’Anniviers ainsi que dans la caissette située sur le

bâtiment de la poste à Vissoie, à côté de l’entrée d’Anniviers Tourisme.

impressum Les petites annonces

A vendre très belle table ronde 120 cm avec 6 chaises, le tout en parfait état. 650.- à discuter

079 308 01 36

«A louer: 2 places de parc au centre de St-Luc (l’une extérieure au chemin Fond-Villa; l’autre couverte au parking de l’Achelli) ; saison ou année.

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A louer à l’année (ou saison), à PinsecCharmant chalet-raccard neuf, duplex, entièrement équipé et meublé. Calme.Deux balcons avec vue spectaculaire sur le fond de la vallée.Loyer: 1150 CHF/mois (charges non comprises). 50 m2. Non-fumeurs.1 chambre à coucher. 1 living-séjour-cuisine. Lave-linge et lave-vaisselle.Dès le 15 mars 2013. [email protected]

+41 (0)79 286 18 82

Envoyez vos petites annonces à [email protected]

Prochaine parution: Avril 2013

gratuites« Les 4 Saisons d’anniviers »

lEs EntREpREnEuRs d’AnnIVIERs

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raPhy meLLy Sa - ayer

armanD ePiney & FiLS Sa - ViSSoie

hermann SaLamin & FiLS Sa - grimentz

anDrÉ SaVioz Sa - ViSSoie