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642 Notes de lecture les termes les plus justes a transmettre a l’enfant dam la situation transferentielle. L’analyste d’enfant est tres d&pendant de son inconscient pour lui fournir des indications sur la signification du jeu de l’enfant et de ses communications non verbales. Les nombreux cas cliniques sont bien relates et travailles a plusieurs reprises. Une etude sur la formation des analystes d’enfants a la Tavistock Clinic et sur le travail d’une analyste dans un Ctablissement secondaire termine ce livre. Le lire est un reel plaisir ; il nous invite a notre tour a penser, Claborer et B nous interroger. S. Rouquette Nachin C. A I’aide, il y a un secret dans le placard ! Paris : Fleurus ; 1999. 202 p. Voici un petit livre facile d’acces, agreable a lire, instructif et distrayant. Quelques remarques d’un grand bon sens auraient peut-Ctre pu etre Cvitees - mais elles sont quand mtme rares et permettent une lecture decontractee. Un des charmes les plus vifs de cette plaisante lecture se retrouve dans les anecdotes, issues de lectures de l’auteur ou mieux encore de son experience clinique. Ses lectures ? Ce sont souvent des romans, qui ne sont peut-&tre pas tous au niveau de Dostoi’evski ou de Stendhal, mais attachants et sur- tout revelateurs d’une bonne analyse de situation, comme Irene Frain (Secret de familk) ou surtout Romain Gary, dont la vie offre des beances et des tensions qui attirent tout psychologue - vie toute centree sur la question maternelle et son silence (elle ne lui a jamais revel6 de qui il est le fils), ou encore Louis Aragon, fils cache d’un prefet de Paris ; ce sont aussi des temoignages, comme ceux de cette jeune fille de Sarajevo (Le Journal de Zlata), des allusions a des textes et des idees de psychanalystes (Nicolas Abraham et Maria Torok, qui sont les bases Cpistemologiques de l’auteur) ; ce sont sur- tout a nos yeux (ce qui fait l’interet du livre) quelques experiences cliniques, comme celle de cette femme dite <c au petit chien B (prononce KIN dans le Nord) qui lui Cvoque << requin )), r&xc quiem )) (messe des morts), ou encore Le Petit quwr-qldin, celebre chanson populaire du Nord - le tout Cvoquant la mort dans l’eau d’un requin qui arrache le bras d’un enfant jet6 dans une riviere, qui en fait w cachait O, c’est-a-dire traduisait le souvenir traumatique d’un infanticide v&u ou r&v+ de la patiente, patiente traitee par l’auteur. Depuis les secrets dont l’enfant est depositaire sans le savoir en passant par les qx secrets )) d’un auteur de bande dessinee populaire qui sont (seraient) transposes dans une saga visualisee (et simplifiee jusqu’a la caricature parfois) et oti se retrouvent (retrouve- raient) les meandres dune vie dont on ne decouvre la trame qu’apres la mort de l’auteur, il s’agit de la prise en compte par Claude Nachin de l’ouvrage de S. Tisseron, Tintrn et les secrets de farrdfe. Rien n’est oublie dans ce tableau qui pourrait s’apparenter a une analyse semiologique d’un modble lexicographique : les sens du mot secret et naturellement les usages contextualises de ce mot. Ainsi ne sont m&me pas oublits les cc secrets )> collectifs. les secrets lies aux fonctionnements sociaux, a la lutte des classes, ni les secrets d’l?tat. L’auteur termme ce petit ouvrage par des conseils a l’egard de ceux qui portent encore lourdement le poids v&u et inconscient d’un secret : de quelque nature qu’il soit, le secret ne doit pas rester cache. Le c6tC le plus distrayant de ce livrc cst, en fait, sa fonction semio-

Nachin C, ,À l'aide, il y a un secret dans le placard (1999) Fleurus,Paris 202

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642 Notes de lecture

les termes les plus justes a transmettre a l’enfant dam la situation transferentielle. L’analyste d’enfant est tres d&pendant de son inconscient pour lui fournir des indications sur la signification du jeu de l’enfant et de ses communications non verbales. Les nombreux cas cliniques sont bien relates et travailles a plusieurs reprises. Une etude sur la formation des analystes d’enfants a la Tavistock Clinic et sur le travail d’une analyste dans un Ctablissement secondaire termine ce livre. Le lire est un reel plaisir ; il nous invite a notre tour a penser, Claborer et B nous interroger.

S. Rouquette

Nachin C. A I’aide, il y a un secret dans le placard ! Paris : Fleurus ; 1999. 202 p.

Voici un petit livre facile d’acces, agreable a lire, instructif et distrayant. Quelques remarques d’un grand bon sens auraient peut-Ctre pu etre Cvitees - mais elles sont quand mtme rares et permettent une lecture decontractee. Un des charmes les plus vifs de cette plaisante lecture se retrouve dans les anecdotes, issues de lectures de l’auteur ou mieux encore de son experience clinique. Ses lectures ? Ce sont souvent des romans, qui ne sont peut-&tre pas tous au niveau de Dostoi’evski ou de Stendhal, mais attachants et sur- tout revelateurs d’une bonne analyse de situation, comme Irene Frain (Secret de familk) ou surtout Romain Gary, dont la vie offre des beances et des tensions qui attirent tout psychologue - vie toute centree sur la question maternelle et son silence (elle ne lui a jamais revel6 de qui il est le fils), ou encore Louis Aragon, fils cache d’un prefet de Paris ; ce sont aussi des temoignages, comme ceux de cette jeune fille de Sarajevo (Le Journal de Zlata), des allusions a des textes et des idees de psychanalystes (Nicolas Abraham et Maria Torok, qui sont les bases Cpistemologiques de l’auteur) ; ce sont sur- tout a nos yeux (ce qui fait l’interet du livre) quelques experiences cliniques, comme celle de cette femme dite <c au petit chien B (prononce KIN dans le Nord) qui lui Cvoque << requin )), r&xc quiem )) (messe des morts), ou encore Le Petit quwr-qldin, celebre chanson populaire du Nord - le tout Cvoquant la mort dans l’eau d’un requin qui arrache le bras d’un enfant jet6 dans une riviere, qui en fait w cachait O, c’est-a-dire traduisait le souvenir traumatique d’un infanticide v&u ou r&v+ de la patiente, patiente traitee par l’auteur.

Depuis les secrets dont l’enfant est depositaire sans le savoir en passant par les qx secrets )) d’un auteur de bande dessinee populaire qui sont (seraient) transposes dans une saga visualisee (et simplifiee jusqu’a la caricature parfois) et oti se retrouvent (retrouve- raient) les meandres dune vie dont on ne decouvre la trame qu’apres la mort de l’auteur, il s’agit de la prise en compte par Claude Nachin de l’ouvrage de S. Tisseron, Tintrn et les secrets de farrdfe. Rien n’est oublie dans ce tableau qui pourrait s’apparenter a une analyse semiologique d’un modble lexicographique : les sens du mot secret et naturellement les usages contextualises de ce mot. Ainsi ne sont m&me pas oublits les cc secrets )> collectifs. les secrets lies aux fonctionnements sociaux, a la lutte des classes, ni les secrets d’l?tat. L’auteur termme ce petit ouvrage par des conseils a l’egard de ceux qui portent encore lourdement le poids v&u et inconscient d’un secret : de quelque nature qu’il soit, le secret ne doit pas rester cache. Le c6tC le plus distrayant de ce livrc cst, en fait, sa fonction semio-

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Notes de lecture 643

logique et encyclopedique, centree sur l’analyse du fonctionnement psychologique et social du mot << secret >> : il fait passer un bon moment et il instruit en faisant << reviser >> ses connaissances : que peut-on souhaiter de mieux pour un amateur de (bon) livre ?

D. Casalis

des glaciations. Ramonville-Saint-Agnes : Eres ; 1999. 180 p. Personne et psychose. Larmor-Plage : Hublot ; 1999. 224 p.

Deux beaux livres : le premier rend compte avec intelligence et erudition de cette zone frontal&e entre l’alienisme et la psychanalyse. Cotard est done au rendez-vous et il faut bien preciser que Resnik fut un des premiers a se pencher sur la signification psychanaly- tique de ce syndrome. Czermak, Douville et d’autres lui reconnaissent naturellement la priorite dans cette affaire qui est essentielle a notre champ de connaissance. A quoi bon les allers et retours entre l’alienisme des grands anciens et les acquis de Freud et de Melanie Klein ? Bonne question - il s’agit de reunir ce qui fonde le sujet et ce qu’on peut dire de sa decomposition- il ne s’agit surtout pas de fonder une psychiatric psychanaly- tique ! Resnik nous montre bien ce qui &pare a tout jamais le bleulerisme passe-partout de la clinique analytique.

Le deuxibme ouvrage aborde le cq gel de la pen&e N que l’on trouve dans la n&rose traumatique, la psychose (paranoi’a sensitive, PMD et autres) et dans divers types d’organisations psychosomatiques ou encore dans la folie hysterique. En effet, les crises de panique, l’arret de la pensee, le grand << blanc )) ne se rbglent pas avec une augmentation d’haldol ! Deux grands livres qui meritent notre inter& et qui forcent le respect.

D. F. Allen

Psychologie et sciences humaines

abert C, Donnet JL, FCdida P, Green A, Widlocher D. Les ktats limites.

Les auteurs nous presentent un recueil de textes issus d’interventions dans le cadre du seminaire de J. Andre a Sainte-Anne. Chacun d’entre eux apporte une lecture du texte freudien sensiblement differente. Ce qui ne semble nullement Ctonnant tant la question des N Ctats de front&e >, se presente soit comme brouillee << a ses limites )), lorsqu’elle veut prendre en compte la complexite de la clinique, soit comme simpliste, lorsqu’elle reduit le sujet a une serie de comportements observables, qu’ils soient qualifies par un cq en trop )) ou un (( en moins >>. Comme le constate J. Andre, XC entre le narcissisme et la mere, la