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Jones Ken, (2011), L’école en Europe. Politiques néolibérales et résistances collectives, préface de Christian Laval, éditions La Dispute, Clamecy (France), 226p. Notes de lecture – Olivier Francomme – janvier 2013 Remarques générales et personnelles sur l’ouvrage. Ce livre a été réalisé par un collectif d’auteurs, avec le concours de l’institut de recherche de la FSU. Il est un peu étonnant que les mouvements d’éducation nouvelle (comme le mouvement Freinet) n’aient pas été visités et intégrés à l’observation, alors qu’ils ont aussi une dimension internationale. Les auteurs (p7) Ce livre a été créé par un collectif d’auteurs, avec le concours de l’institut de recherche de la FSU. Chaque auteur est présenté par ses travaux et son institution de rattachement : Ken Jones qui a coordonné l’ouvrage, Chomin Cunchillos, Richard Hatcher, Nico Hirtt, Rosalind Innes, Samuel Johsua, et Jürgen Kausenitzer. Préface de Christian Laval : L’école européenne sous le signe du capital. (p9) Ce livre constitue la première comparaison systématique des politiques éducatives nationales en Europe, et leurs affinités. La mutation actuelle est européenne et plus encore, mondiale, l’école n’est plus tout à fait nationale ! Après avoir été sous le joug religieux jusqu’au XVIII° siècle, l’école est devenue une affaire d’état. On assiste actuellement à l’émergence d’une forme scolaire européenne. Ses grandes caractéristiques sont : démocratisation scolaire, école du grand marché européen (opposée à l’école de l’humanisme, de la science, du citoyen), une école ordonnée à l’économie de la connaissance. Le virage néolibéral date des années 1980, il a utilisé le mécontentement de l’échec de l’égalité des chances. La nouvelle logique, c’est : excellence, compétence, concurrence et efficacité. Il y aurait à redire sur « l’échec des pédagogies innovantes », mais il est vrai qu’elles sont restées marginales. Le virage en tête a été pris par l’Angleterre : mise en concurrence des établissements, intrication des entreprises privées, … En France la voie suivie a été plus tortueuse : par la décentralisation, l’autonomie des établissements. Il y a deux sortes de trajectoires : la réforme démocratique et la réforme néolibérale. La première a été prise par les pays où le rapport de force était favorable aux mouvements ouvriers. (Extension des droits sociaux, … état social) En France, il y a eu l’Éducation Nouvelle (appelée ailleurs progressisme pédagogique). Il faut sortir de l’opposition entre élitisme républicain et nouvelle pédagogie destructrice des savoirs. Aujourd’hui la lutte porte sur la

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Jones Ken, (2011), L’école en Europe. Politiques néolibérales et résistances collectives, préface de Christian Laval, éditions La Dispute, Clamecy (France), 226p.Notes de lecture – Olivier Francomme – janvier 2013 Remarques générales et personnelles sur l’ouvrage. Ce livre a été réalisé par un collectif d’auteurs, avec le concours de l’institut de recherche de la FSU. Il est un peu étonnant que les mouvements d’éducation nouvelle (comme le mouvement Freinet) n’aient pas été visités et intégrés à l’observation, alors qu’ils ont aussi une dimension internationale. Les auteurs (p7)Ce livre a été créé par un collectif d’auteurs, avec le concours de l’institut de recherche de la FSU. Chaque auteur est présenté par ses travaux et son institution de rattachement : Ken Jones qui a coordonné l’ouvrage, Chomin Cunchillos, Richard Hatcher, Nico Hirtt, Rosalind Innes, Samuel Johsua, et Jürgen Kausenitzer.Préface de Christian Laval : L’école européenne sous le signe du capital. (p9)Ce livre constitue la première comparaison systématique des politiques éducatives nationales en Europe, et leurs affinités. La mutation actuelle est européenne et plus encore, mondiale, l’école n’est plus tout à fait nationale ! Après avoir été sous le joug religieux jusqu’au XVIII° siècle, l’école est devenue une affaire d’état. On assiste actuellement à l’émergence d’une forme scolaire européenne. Ses grandes caractéristiques sont : démocratisation scolaire, école du grand marché européen (opposée à l’école de l’humanisme, de la science, du citoyen), une école ordonnée à l’économie de la connaissance. Le virage néolibéral date des années 1980, il a utilisé le mécontentement de l’échec de l’égalité des chances. La nouvelle logique, c’est : excellence, compétence, concurrence et efficacité. Il y aurait à redire sur « l’échec des pédagogies innovantes », mais il est vrai qu’elles sont restées marginales. Le virage en tête a été pris par l’Angleterre : mise en concurrence des établissements, intrication des entreprises privées, … En France la voie suivie a été plus tortueuse : par la décentralisation, l’autonomie des établissements. Il y a deux sortes de trajectoires : la réforme démocratique et la réforme néolibérale. La première a été prise par les pays où le rapport de force était favorable aux mouvements ouvriers. (Extension des droits sociaux, … état social) En France, il y a eu l’Éducation Nouvelle (appelée ailleurs progressisme pédagogique). Il faut sortir de l’opposition entre élitisme républicain et nouvelle pédagogie destructrice des savoirs. Aujourd’hui la lutte porte sur la transformation de l’école en entreprise. Mais quelle pourrait être une alternative à la mutation néolibérale ? Comment reconstruire un discours synthétique portant sur tous les niveaux de l’enseignement ? Comment créer des alliances sociales ? Comment le faire au niveau européen ? Il reste à inventer une autre école pour l’Europe.Chap. 1 Un nouvel ordre (p19)Il existe, selon les auteurs, une nouvelle orthodoxie dans la politique internationale qui a provoqué une contestation de ce nouvel ordre scolaire. C’est un projet néolibéral qui permettra aux sociétés de répondre aux impératifs du libre marché. Cette réforme s’est opérée contre les mouvements progressistes. Le néolibéralisme se caractérise par : une internationalisation du système productif, la libre circulation du capital, la centralité des intérêts financiers, et la désindustrialisation. Cela implique une polarisation de la richesse, mobilité et précarité de la main d’œuvre, et la contraction de l’état. De fait, il faut transférer toute l’activité humaine dans le champ du marché (D. Harvey). Histoire : après la seconde guerre mondiale, il est apparu indispensable d’investir dans l’éducation de masse ! Cela constituait un facteur de croissance. Après 1945, l’éducation était le centre de l’espace public, elle était un droit pour tous (p 29).En Europe, les objectifs de massification ont dû être complétés : qualification, adaptation aux besoins. Parfois, ce sont les intérêts religieux qui survivent (Espagne 1940-1960). Et puis, il y a le problème de la forme scolaire immuable (p 35). Il y a eu une codification des classes sociales, filtrant l’accès aux formations supérieures. On a glissé progressivement vers une conception « économiste » de l’éducation. Ces évolutions sont par exemple la suppression de la carte scolaire (mise en concurrence des établissements). Partout en Europe, il y a eu les mêmes modalités d’attaque des systèmes publics d’éducation : affaiblissement des syndicats, nouveau management, attaque des pédagogies centrées sur l’enfant, remise en cause des politiques d’après guerre,…

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La réforme a été progressive, on parle d’incrémentation stratégique. Il y a 3 espaces distincts : 1-travail et économie ; 2-citoyenneté et subjectivité ; 3-pouvoir d’état et management.. On assiste à la naissance d’une nouvelle catégorie de personnes : les étudiants travailleurs. Chapitre 2 L’européanisation de l’enseignement (p 57) De la cohérence nationale aux objectifs communs. La première phase de l’européanisation de l’enseignement a été dans la création d’outils statistiques, la reconnaissance d’une citoyenneté européenne, et les échanges d’étudiants. Puis arrivèrent les premiers essais d’harmonisation des diplômes. En 2000 à Lisbonne, il a été décidé qu’en 2016, l’objectif était de devenir l’économie de la connaissance la plus dynamique et la plus compétitive du monde ». L’analyse du texte de Lisbonne montre un texte imposé d’en haut ! Pour l’UE, malgré les textes, l’éducation et l’économie ne s’opposent pas ! Les impératifs de l’Europe sont : devenir compétitive et résoudre le chômage. Il faut changer la définition de l’éducation qui n’est plus élever l’homme, mais le professionnaliser ! L’éducation (la formation) tout au long de la vie = flexibilité professionnelle. Il faut développer la porosité entre le formel et l’informel (p 65). L’adaptabilité à l’emploi devient indispensable ! De plus, il y a un transfert du coût de la formation de l’employeur : ou de l’état, vers les individus. En Europe, la création de connaissance est freinée par le manque d’investissement dans la recherche, et d’un degré insuffisant d’innovation (p 69). L’Europe a développé des formes supranationales d’éducation. Ce ne sont pas des obligations légales contraignantes, mais des contraintes douces (recommandations, résolutions, …) C’est une force normative ! (p 71) Les programmes scolaires ont été refondés à partir du socle commun des connaissances ! La réforme engagée à Lisbonne est devenue dérégulation et affaiblissement des droits, et flexibilité du travail. Il manque encore d’investissements privés dans la recherche (p 74). Les protestations viendront de la tentation de libéraliser les services publics. Chapitre 3 Un changement de système : autonomie locale et état évaluateur (p 79)La privatisation est une des clés de la transformation actuelle, mais pas la seule. Ce sont les changements de mode de régulation qui expliquent le mieux : exigence parentale, dynamisme entrepreneurial, marché de l’inégalité scolaire.1°) Les écoles doivent disposer d’une certaine autonomie pour s’adapter aux besoins et souhaits des élèves. (p 81) (Régulation centrale et diversité locale François Dubet). PISA est un des outils de cette politique. Il mesure le degré d’adaptabilité, de préparation des jeunes à la vie adulte. Il mesure l’efficacité du système éducatif au regard d’une conception économiciste de la qualité de l’éducation (p 85). L’état régule par des agences privées ! Elles sont au service des stratégies gouvernementales.2°) Quels motifs pour une dénationalisation de fonctions étatiques ? L’égalité des chances, la déconcentration. Dans les faits, cela signifie la fin de la carte scolaire, des conseils d’administration élargis, … La décentralisation a donné des pouvoirs aux collectivités territoriales (création de nouveaux pôles), et l’éducation prioritaire a permis de faire émerger des espaces éducatifs spécifiques. La décentralisation a précédé le néolibéralisme.Au départ de l’autonomie des établissements, on parlait d’égalité et de démocratie. Puis le discours s’est centré sur la qualité et l’efficacité ! (p 92) L’aboutissement final en Italie a été la réduction du nombre de profs, et l’accroissement de leur travail ! En Europe, la décentralisation peut-être partielle ou totale (comme en Espagne par exemple). Elle aboutit à l’apparition de nouveaux financeurs privés. Elle a aboutit à une polarisation importante entre régions riches et régions pauvres (Espagne, Italie). En Allemagne, la modernisation se traduit par : indépendance financière et pédagogique ! Il faut se libérer d’une administration bureaucratique (années 90). La manière d’imposer le nouveau management des écoles a été d’avoir un projet pilote, puis de le généraliser : autonomie, compétition, évaluation des compétences, rationalisation et privatisation ! En Angleterre, les pouvoirs des chefs d’établissement ont été accrus : gestion des personnels, représentation légale, partenariats,… Les syndicats ont été éliminés, il n’y a plu de droit « national ». Les établissements peuvent s’écarter des cadres qui régissent les programmes nationaux (p 104). Les établissements peuvent devenir des unités commerciales. Chapitre IV La privatisation : des marges, vers le centre (p 107)La privatisation passe par l’introduction dans la gouvernance de nouvelles problématiques et intérêts : le

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recours aux cours particuliers privés ! (nouveau marché). L’état subventionne massivement ce nouveau secteur privé ! Les formes de la privatisation sont : abandon de l’offre publique d’éducation, développement d’entreprises privées éducatives, entrée des entreprises dans le système éducatif, privatisation du soutien scolaire, impact sur le financement de la nouvelle politique publique, économicisation de l’école. Cela donne une externalisation des services (cantine,… , mais aussi inspection ! un audit co_te 18000 par _cole en Grande Bretagne, p 113). Mais cela s! un audit co_te 18000Û par _cole en Grande Bretagne, p 113). Mais cela sÕest fait avec un abaissement de la qualit_ (p 114). Il existe aussi des formes vari_es de sponsorisationÊ: activit_ et mat_riels scolaires, ressources _ducatives, ch_ques _ducatifs. 畁牴獥爠Autres ressources : le financement des études par les banques, et le marché des cours privés.Autres financements : les écoles privées, qui, de religieuses, sont devenues néolibérales, accèdent au même statut que l’école publique. Dans beaucoup de pays, l’éducation n’est plus « un bien public ». Dans la formation professionnelle, les entreprises ont du pouvoir dans le fonctionnement des structures. Cela amène à des aberrations, comme la propagation du créationnisme (p 131). La reconstruction des écoles a aussi été une manière d’associer le privé !Mais il y a des limites à la privatisation : d’une part des oppositions (corporatistes ?) et d’autre part la mauvaise réputation du privé. Il existe une nouvelle voie : créer des établissements totalement indépendants, l’état n’étant que le régulateur. Autre possibilité : se concentrer sur les jeunes de plus de 14 ans. Mais de nouveaux problèmes surgissent : les conflits civilisationnels sont exacerbés par la privatisation.Chapitre V Le renouveau des inégalités (p 135)L’égalité des chances a évolué pour passer de l’accès à l’élite de la fortune, à l’élite de l’intelligence ! (dès 1940) C’est le rêve méritocratique. Certaines inégalités se sont réduites : filles garçons. Mais il y a pérennité des inégalités de classe ! La massification n’a pas réduit les inégalités sociales dans l’éducation. Elle a permis aux jeunes des classes sociales défavorisées d’accéder à une éducation de qualité.Quels sont les effets des nouveaux processus mis en œuvre ? Un meilleur taux de réussite à tous les niveaux, de meilleurs taux d’accès à tous les niveaux d’étude. Mais les classes supérieures ont saturé les études longues de l’enseignement supérieur. Quand la ségrégation est précoce, elle reproduit les inégalités sociales (Allemagne, Italie, …) Les écossais ont le système éducatif le moins ségrégatif d’Europe (p 144). Depuis les années 1980, il y a eu un début d’extension de la pauvreté en Europe. Les écoles sont ségrégatives et promeuvent un curriculum caché. En France, 40% des familles parisiennes obtenaient une dérogation à la carte scolaire (p 150). Parfois ce sont les projets conjoints avec des promoteurs immobiliers qui permettaient d’attirer certaines classes sociales. L’inégalité est aussi raciale (difficile à observer en France). Il y a ambigüité entre le discours politique sur les analyses et la réalité. L’élan de la lutte contre les inégalités s’est affaibli ! Tous les phénomènes de ségrégation s’aggravent. Les politiques européennes « d’investissement dans le capital humain » n’a pas pour but de réduire les inégalités (ni augmentation des taux de réussite, ni amélioration de l’intégration sociale !). Les facteurs défavorables sont : la sélection dans le recrutement ou l’orientation précoce, et les groupes de niveau.Chapitre VI Enseigner et apprendre : les termes de la modernisation (p 161)Le nouveau modèle qui s’impose : programme, pédagogie, évaluation et sélection ! Le discours économique l’a emporté ; On est passé d’un humanisme, à l’éducation Nouvelle, puis à la (nouvelle) modernisation.Aujourd’hui les enseignants ont une compréhension limitée des milieux de la culture d’origine des élèves (p 164). L’éducation nouvelle : c’est une nouvelle forme pédagogique. Définition : des principes d’apprentissages centrés sur l’enfant, et l’adaptation à la culture des élèves. C’est une matrice possible des réformes de la pédagogie et des enseignements dispensés. Les griefs contre dans l’Education nationale sont : pas d’instruction systématique, incertitude sur les déterminations sociales de cet apprentissage, capitulation des enseignants, destruction de la connaissance disciplinaire. La sociologie critique dit qu’elle masque les faibles attentes scolaires des enfants issus des milieux ouvriers, et par conséquence, elle avantage ainsi les classes moyennes.Trois facteurs sont déterminants dans le devenir de l’Education nationale : 1° Son impossibilité à produire des hommes libres dans une société où on en est de plus en plus privé ! La société n’a pas évolué dans le sens

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voulu. 2° La trajectoire de l’éducation et le discrédit de l’Education nationale. 3° Le nouvel ordre mondial, qui a domestiqué les enseignants. À propos de la modernisation, la différenciation nécessiterait de redéfinir les programmes selon 2 modalités : la formation des élites d’un côté, et celle des élèves socialement défavorisés de l’autre. En France, la tendance a été de mettre en place des dispositifs de sélection précoces (p 180). Cela a abouti à : -la réhabilitation de l’enseignement professionnel.-la séparation des voies professionnelles et générales (vers 14-15 ans en Europe)-la réduction des heures de cours, qui toujours abouti à la réduction de la partie « culturelle » de l’éducation.L’efficacité du système n’est évaluée que sur le noyau dur étroitement défini (lecture – calcul) : le socle des compétences communes. Les évaluations sont régulières et peu ambitieuses (5, 7, 11, 14, 16 ans).La nouvelle règle de l’éducation, c’est rendre les gens adaptables sur le marché du travail ! (p 184). Cette qualité est individuelle. Parfois elle est compatible avec l’Éducation Nouvelle : créativité, travail en équipe, responsabilisation. Mais aussi : autodiscipline (!), mais sans lien avec une émancipation collective. Cela entraine une reproduction des divisions sociales.L’Angleterre a la particularité d’avoir réussi à imposer politiquement les contenus et la pédagogie dans le système éducatif (p 188). Il n’y a plus d’Éducation Nouvelle, ni d’innovation pédagogique ! Actuellement il y a beaucoup de problèmes pédagogiques (pseudo système éducatif universel), avec des impasses dramatiques. La science dit le contraire des politiques (qui disent que ça réussit, alors que les résultats baissent, avec les exigences des enquêtes internationales !). Il y a accroissement des inégalités, diminution du niveau, … Le programme néolibéral de l’éducation a des zones d’ombre : fausse amélioration de la qualité, démantèlement des contenus et des pédagogies, recul de la démocratisation, ségrégation sociale accentuée, affaiblissement de l’enseignement et de l’apprentissage ! (p 189)Chapitre VII Opposition au néolibéralisme (p 191)Quelle est la carte des résistances actuelles : le marché du travail réclame une main d’œuvre faiblement qualifiée actuellement (de plus le travail est devenu immatériel), tout en étant flexible et exposé à la précarité. En Europe, la réforme est contestée et contestable, elle est sujette à conflits et controverses :-les faux arguments : archaïsme (des pratiques pédagogiques)-les vraies conséquences : dégradation des conditions de travail, diminution de l’autonomie, exclusion des jeunes, dégradation des résultats scolaires, …-les surprises : il y a une vraie unanimité de la révolte : « tous ensemble » (jeunes, banlieues, exclus)La logique de marché devient le principe officiel de régulation de l’école (suppression de la carte scolaire) p 201. La logique de la performance est développée dans les établissements. Les écoles sont mises en concurrence, la rémunération se fait au mérite. L’université est soumise à l’impératif du financement privé. En Europe sont apparues des écoles privées lucratives (ce sont les « academies » anglaises, « charter school » américaines, et « écoles libres » suédoises). Dans aucun pays, le processus de néolibéralisation n’a pu être arrêté. Mais la résistance a obligé les gouvernements à une certaine prudence, et parfois à des ajournements. Seule la lutte contre le néolibéralisme a eu des effets : « un autre monde est possible ». Parois les mobilisations ont été longues et intenses ! De nouvelles alliances se nouent : les jeunes en voie de précarisation, et les travailleurs du secteur public. Ce livre présente beaucoup d’intérêts pour qui souhaite avoir un état des systèmes éducatifs européens actuels, vus dans leurs perspectives politiques. L’observation est très fine, ajoutée à une comparaison des histoires nationales en Europe. On comprend ainsi mieux la place singulière de la France, et de ses choix politiques en matière d’éducation.