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70 l’hémodialyse est efficace pour le dabigatran, mais ne le serait pas pour rivaroxaban. Le NovoSeven ou facteur VII activé et le FEIBA ou complexe prothrombinique activé peuvent réduire l’activité anti- coagulante de ces médicaments. Un « leurre » du facteur Xa, qui est un antidote spécifique du rivaroxaban, est en cours de dévelop- pement. Conclusion.— Ainsi, les études pharmacologiques laissent présager le succès de ces nouveaux médicaments. L’absence de néces- sité d’un contrôle régulier de l’hémostase, leur administration par voie orale ne nécessitant pas d’ajustement, devraient entraî- ner à préférer leur utilisation chez un grand nombre de patients dans les indications accordées par les autorités de santé. Les traitements prolongés en chirurgie orthopédique les font souvent préférer aux préparations injectables d’héparine de bas poids molé- culaire. Les praticiens seront encouragés à les utiliser chez les patients à l’INR instable. Néanmoins, les premiers pas de ces nouvelles molécules doivent être accompagnés d’une information objective du prescripteur et d’une éducation du patient qui ne doit pas ignorer la nature anticoagulante de son nouveau trai- tement ni le conduire à négliger les contacts avec son médecin traitant. Pour en savoir plus Samama M, Conard J, Horellou MH, Le Flem L, Guinet C, Depasse F. Deux nouveaux anticoagulants disponibles en 2010 — dabigatran etexilate et rivaroxaban : progrès attendus — problèmes posés. Ann Pharm Fr 2010;68:359—69. Samama MM, Martinoli JL, Leflem L, Guinet C, Plu-Bureau G, Depasse F, Perzborn E. Assessment of laboratory assays to mea- sure rivaroxaban, an oral direct factor Xa inhibitor. Thromb Haemost 2010;103:815—25. Lindhoff-Last E, Samama MM, Ortel TL, Weitz JI, Spiro TE. Assays for measuring rivaroxaban: their suitability and limitations. Ther Drug Monit 2010 (sous presse). doi:10.1016/j.jmv.2010.12.165 New treatments for venous thromboembolic disease H.R. Büller Professor of medicine, Department of vascular medicine, Academic Medical Center, Meibergdreef, 9, room F4-276, 1105 AZ Amsterdam, The Netherlands Keywords: Venous thromboembolism; Therapy Following the landmark study by Barritt and Jordan in 1960, in which patients with venous thromboembolism (VTE) were rando- mised to no treatment or a combination of heparin and warfarin, antithrombotic therapy for this disease became widely accepted. This study was stopped prematurely because half of the non-treated patients had recurrent pulmonary embolism (PE), or died. It was subsequently found that after a VTE, patients given warfarin alone had a 3—4-fold higher incidence of recurrent VTE than patients given both heparin and warfarin. Since the 1990s, standard the- rapy for VTE has comprised an initial 5—7 day course of parenteral anticoagulant plus warfarin continued for at least three months. Recently, several orally active small molecules have been evalua- ted in the treatment of VTE, including a direct thrombin inhibitor and direct Factor Xa inhibitors. Other novel oral agents are also in development for VTE treatment, as well as the long-acting, rever- sible parenteral agent. Although the DTI ximelagatran, the first oral agent to be introduced since warfarin was withdrawn from the market in Europe because of hepatotoxicity, evidence from clinical trial evaluating other single target-specific oral agents in the treatment of VTE is encouraging. It is therefore likely that use of warfarin in the treatment and secondary prevention of VTE will decrease should these novel oral agents be introduced for these indications. Additionally, there will be less distinction bet- ween initial and long-term therapy, and a great majority of patients will be treated on an outpatient basis for prolonged periods of time. Recently these expectations were fulfilled by the results of two Phase III studies in patients with VTE. The Recover I study indicated that Dabigatran (150 mg b.d.) following an initial course of LMWH, was non-inferior to the standard treatment of LMWH plus warfarin, with also a similar safety profile. The Einstein DVT study revealed that Rivaroxaban, as a single agent, can safely replace the standard treatment in patients with DVT. Taken together, these studies and a few others that have or are about to be completed, will indeed introduce a paradigm shift in the way patients with VTE will be treated. doi:10.1016/j.jmv.2010.12.166 Durée optimale de traitement anticoagulant F. Couturaud EA3878, CIC-Inserm 0502, IFR 148, département de médecine interne et pneumologie, université européenne de Bretagne, 29609 Brest, France Mots clés : Maladie thromboembolique veineuse ; Anticoagulants La détermination de la durée optimale de traitement anticoagulant de la maladie veineuse thromboembolique (MVTE) est dominée par l’analyse du risque de récidive thromboembolique observé après arrêt du traitement et du risque de complications hémorragiques lié à la poursuite du traitement. Parmi les facteurs prédictifs de ces deux risques, les variables cliniques se révèlent déterminantes, tandis que les informations obtenues à partir des tests biologiques ou morphologiques apparaissent marginales. Ainsi, le risque de récidive est faible lorsque l’épisode initial est « provoqué » par un facteur de risque majeur réversible ; un traitement court de trois mois est alors suffisant. Chez les patients ayant développé une MVTE idiopathique (absence de facteur de risque apparent) ou en association avec un facteur de risque persistant (cancer), le risque de récidive est élevé ; un traitement prolongé de six mois minimum est alors recommandé. Au décours de cette pre- mière analyse, la durée de traitement est ensuite modulée sur la présence ou l’absence de certains facteurs additionnels, bien qu’elle repose sur un accord professionnel : la présence d’une thrombophilie majeure, la persistance d’une hypertension arté- rielle pulmonaire ou la gravité de l’épisode initial justifie un traitement de six mois si l’épisode est provoqué et d’un à deux ans, voire illimité, si l’épisode est idiopathique. En revanche, en cas de risque hémorragique élevé, la durée doit être non-augmentée, voire diminuée : trois mois en cas d’épisode provoqué, six voire trois mois en cas d’épisode idiopathique. Si la MVTE est survenue en asso- ciation avec un cancer, le traitement doit être prolongé au-delà de six mois tant que le cancer est actif ou en cours de traite- ment. Toutefois, des incertitudes demeurent concernant l’impact de certains facteurs cliniques (âge, sexe) et para-cliniques (D- dimères en fin de traitement), ainsi que la durée optimale de traitement d’une MVTE idiopathique ; la conduite d’essais rando- misés comparant différentes durées de traitement demeure plus que jamais nécessaire. Enfin, d’autres approches complémentaires devraient permettre d’améliorer le pronostic de la MVTE idiopa- thique : la validation de scores prédictifs du risque de récidive et l’étude des nouveaux anticoagulants. S’agissant de ces derniers, le rapport bénéfice—risque ne semble pas nettement plus avan- tageux que celui des antivitamines K si bien que l’analyse des facteurs de risque de récidive et hémorragiques demeure fonda- mentale. doi:10.1016/j.jmv.2010.12.167

New treatments for venous thromboembolic disease

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Professor of medicine, Department of vascular medicine,cademic Medical Center, Meibergdreef, 9, room F4-276, 1105 AZmsterdam, The Netherlands

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urée optimale de traitement anticoagulant. CouturaudEA3878, CIC-Inserm 0502, IFR 148, département de médecinenterne et pneumologie, université européenne de Bretagne,9609 Brest, France

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a détermination de la durée optimale de traitement anticoagulante la maladie veineuse thromboembolique (MVTE) est dominée par’analyse du risque de récidive thromboembolique observé aprèsrrêt du traitement et du risque de complications hémorragiquesié à la poursuite du traitement. Parmi les facteurs prédictifs dees deux risques, les variables cliniques se révèlent déterminantes,andis que les informations obtenues à partir des tests biologiquesu morphologiques apparaissent marginales. Ainsi, le risque deécidive est faible lorsque l’épisode initial est « provoqué » parn facteur de risque majeur réversible ; un traitement court derois mois est alors suffisant. Chez les patients ayant développéne MVTE idiopathique (absence de facteur de risque apparent)u en association avec un facteur de risque persistant (cancer),e risque de récidive est élevé ; un traitement prolongé de sixois minimum est alors recommandé. Au décours de cette pre-ière analyse, la durée de traitement est ensuite modulée sur

a présence ou l’absence de certains facteurs additionnels, bienu’elle repose sur un accord professionnel : la présence d’unehrombophilie majeure, la persistance d’une hypertension arté-ielle pulmonaire ou la gravité de l’épisode initial justifie unraitement de six mois si l’épisode est provoqué et d’un à deux ans,oire illimité, si l’épisode est idiopathique. En revanche, en case risque hémorragique élevé, la durée doit être non-augmentée,oire diminuée : trois mois en cas d’épisode provoqué, six voire troisois en cas d’épisode idiopathique. Si la MVTE est survenue en asso-

iation avec un cancer, le traitement doit être prolongé au-delàe six mois tant que le cancer est actif ou en cours de traite-ent. Toutefois, des incertitudes demeurent concernant l’impacte certains facteurs cliniques (âge, sexe) et para-cliniques (D-imères en fin de traitement), ainsi que la durée optimale deraitement d’une MVTE idiopathique ; la conduite d’essais rando-isés comparant différentes durées de traitement demeure plusue jamais nécessaire. Enfin, d’autres approches complémentairesevraient permettre d’améliorer le pronostic de la MVTE idiopa-hique : la validation de scores prédictifs du risque de récidive et’étude des nouveaux anticoagulants. S’agissant de ces derniers,e rapport bénéfice—risque ne semble pas nettement plus avan-ageux que celui des antivitamines K si bien que l’analyse desacteurs de risque de récidive et hémorragiques demeure fonda-

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oi:10.1016/j.jmv.2010.12.167