Ni Savak Ni Goulag

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LE I NOIN13, _

11, RUE D'ABOUKIR, 75002 Paris Tl. : 260-36-91 DIRECTION Claude Perdriel. Jean Daniel. REDACT ION Rdacteurs en chef : Hector de Galard, Serge Lafaurie. Rdacteurs en chef adjoints Jacques-Laurent Bost, Pierre Bnichou. REALISATION Mise en pages : Grard Lveill, Jean-Claude Bodenan, Grard Duparc, Jacqueline Hug, Bernard Bayle, Marion Brcker, Jean-Pierre de Lucovich. Rvision : Jack Bourderie, Paul Declercq, Jean Berner. Couverture Catherine Pompanon. Photos : Pierre Langlade, Barbara Newman, Franoise Viard. Assistantes de rdaction : Michle Charreau, Jacqueline Artus, Genevive Cattan. L'EVENEMENT EditorIalistes : Michel Bosquet, Jacques Julliard, Roger Priouret. Grands reporters : Josette Alia, Jean-rancis Held, K.S. Karol, Guy Sitbon. Politique intrieure : Georges Mamy, Irne Allier, Ren Beckmann, Elisabeth Caporal, Kathleen Evin, Franz-Olivier Giesbert, Bernard Guetta, Claude-Franois Jullien, Lucien Rioux. Politique conomique : Jacques Mornand. Politique trangre : Franois Schlosser, Jean Lacouture, Kenize Mourad, Grard Sandoz. Correspondants : Victor Cygielman, Marcelle Podovani, Bechir Zarak. NOTRE EPOQUE Christiane Duparc, Grard Bonnot, Franois Caviglioli, Delfeil de Ton, Pierre-Marie Doutrelant, Franois Dupuis, Anne Fohr, Fabien Gruhier, Katia D. Kaupp, Patrice Lestrohan, Yvon Le Vaillant, Marie Muller, Grard Petitjean, Mariella Righini, Elisabeth Schemla, Charles Schreider. Dessins : Claire Bretcher, Desclozeaux, VViaz. LETTRES-ARTS-SPECTACLES Guy Dumur, Jean-Franois Josselin, Catherine David, Nicole Boulanger, Hector Bianclotti, Jean-Louis Bory, Maurice Clavel, Michel Cournot, Jean-Paul Enthoven, Maurice Fleuret, Jean Freusti, Michel Grisolia, France Huser, Michel Le Bris, Claude Roy, Robert Scipion, Jean-Claude Zylberstein. DOCUMENTATION Jean Moreau Odile Auger, Henri Frydlender, Carla Nicolini, Thrse Richard, Danielle Rousseau. Enqutes : Alain Chouffan. ADMINISTRATION Conseil technique : Jacques Deshayes. Relations extrieures et publicit Dominique Roussel, Grard de Frouville, Annick Charles, Jos Caudron, Lorraine de Moustier, Monique Agns, Maryse Chapuis, Francine Eznerowipz, Marie-Annick Giraud, Nicole Hostelet, Nelly Moreno, Jolle Thvenet. Annonces classes : Anne Caillet, Annie Connan, Hlne Weinstock. Promotion, ventes, abonnements Bernard Villeneuve, Jacqueline Galvez, . Jeanne Baraduc, Paulette Coudrat,' Fabrice Nora, Roger Picaud, Lucie Piesyk, Jean-Claude Rossignol, Elisabeth Tchoukhnine, Fabrication : Bernard Le Roy, Paule Curry, Guy-Edmond Mabilais. Droits de reproduction : Ruth Valentini. Assistante de direction : Martine Meunier. GESTION Alain Baron, Josik Berkovitz, Marcelle Brian, Raphal Benaim (comptabilit), Arlette de Bruyn, Annick Falleti, Mireille Nelson. S.A. Le Nouvel Observateur du Monde. Conseil d'administration Jean Cohen, Jean Daniel, Hector de Galard, Gilles Martinet, Claude Perdriel, Paul-Louis Ballet, Philippe Vianney. ABONNEMENTS 11, rue d'Aboukir, 75081 paris Cedex 02. Tl. : 508.13.22 (France). 202.80.88 (tranger). rarifs - France : un an/235 F - Etudiants : un an/185 F. - Etranger : un an/265 F - Etudiants 1111 an/215 F. C.C.P. 6.724-95 Paris. R.C. : Seine 05 13 1594.

Iran: ni Save ni GoulagPAR DJAVAD ALAMIRParti dmocratique iranienIl y a peu d'exemples d'aussi grande confusion sur la question iranienne que celle que l'on rencontre aujourd'hui en Occident, gauche comme droite. Par un curieux amalgame, elle a fourr ple-mle et aux cts d'une minuscule hlas 1 gauche authentique, les reprsentants du Toudeh peut-tre le parti communiste le plus dogmatiquement stalinien du monde avec le Parti communiste albanais, et dont l'importance est rduite un squelettique appareil bureaucratique en exil , l'ultra-gauche romantique et terroriste pas plus srieuse dans notre pays que les Brigades rouges italiennes ou la bande Baader , les opportunistes de tout poil, et, enfin, les seuls gens srieux de l'opposition irrductible au rgime, les religieux chiites durs , qui sont tout ce qu'on voudra mais exactement le contraire d'une force politique dite de gauche. A droite, on croit toujours, mme aprs que la C.I.A. a fait amende honorable et avou qu'elle a tromp tout le monde en prtendant que Mossadegh tait un agent communiste, que toute opposition la dictature est, ipso facto, un acte de sdition communiste. On croit toujours, dans ces milieux, aux vieux clichs sans nuance des stratges de la guerre froide et du fameux domino , selon lequel une dmocratie en Iran quivaut automatiquement la chute du chah, c'est--dire au chaos, l'arrive des Sovitiques sur les rives ptrolires du golfe Persique, et r apocalypse pour le monde libre . Il est temps de nous dbarrasser des ides reues, des slogans creux et des mythologies des uns comme des autres. Ce qui se passe en Iran tient en trois mots de bon franais : un ras-lebol . Un quart de sicle de dictature policire, c'est assez. Les dmocrates iraniens parmi lesquels j'ai l'honneur de militer ne pensent pas que le choix est invitablement entre le maintien du rgime actuel du chah et la destruction de l'Iran, et, par-l mme, la fin du monde. Comme disait un clbre humoriste, la situation [en Iran] est n'avaient pas d'autre alternative et ne voulaient pas combattre le rgime sous l'tiquette marxiste, peut trouver sa solution dans un juste concordat entre pouvoir civil et pouvoir religieux. Le Parti dmocratique iranien ne croit pas que, au moment o l'U.R.S.S. et la Chine elle-mme tentent dsesprment d'obtenir une plus grande coopration conomique de l'Occident, la solution de nos problmes soit dans le repli sur nousmmes, et le divorce, plus ou moins conflictuel, avec nos partenaires traditionnels, tant conomiques que politiques. Rendons au moins cette justice au chah qu'il a su faire de l'Iran un pays ami de tous, et sans conflit avec personne. Le Parti dmocratique iranien croit qu'une socit juste ne se dfinit pas par du verbiage plus ou moins socialisant, mais par des mesures concrtes assurant la mobilisation de nos richesses ptrolires et autres pour crer les conditions relles de l'galit conomique, avec l'appui des forces populaires et des mouvements syndicaux. Le programme dtaill du Parti dmocratique iranien, qui sera rendu public ds la leve de l'tat de sige, prvoit non seulement le retour la dmocratie parlementaire, en accord avec la Dclaration universelle des droits de l'homme, mais aussi l'adoption par l'Iran du salaireminimum garanti, de l'galit des sexes, d'un syttme avanc de scurit sociale, de la retraite pour tous et d'autres mesures propres aux pays les plus progressistes de l'Occident, privilges que, grce au ciel, nous pouvons nous permettre, mme si nous devons perdre notre place de premier client pour les marchands de canons. Le Parti dmocratique iranien demande l'abolition des tribunaux militaires et leur remplacment par une Cour (civile) de sret de l'Etat , de la police politique, la libration des prisonniers d'opinion, le retour au pays des exils politiques, la mise en place d'une dmocratie vritable, avec ses propres moyens de dfense, afin que l'absolutisme ne soit pas remplac par l'anarchie ouvrant la voie d'autres formes de dictatur, et, enfin, la libert d'action pour tous les partis dmocratiques . Il refuse la substitution du Goulag la Savak et de la thocratie l'autocratie. Le Parti dmocratique iranien, tout en pensant que le systme d'conomie librale est le mieux adapt notre pays, s'lve contre le gaspillage insens et le laisser-aller, juge ncessaire une planification adquate pour que les priorits conomiques soient celles des besoins rels de la population et non des oprations de prestige ou d'opportunisme ; il estime qu'il faut un droit de regard de l'Etat tant sur les grandes entreprises prives iraniennes que sur les multinationales, qui ne doivent chapper ni leurs responsabilits morales ni leurs responsabilits fiscales. La trop tristement clbre corruption iranienne laquelle on fait d'ailleurs trop d'honneur, car elle n'est ni pire ni meilleure que celle d'autres pays en voie de dveloppement, n'est pas due notre prtendu caractre rgional mais l'absurdit et l'anarchie des structures. Le peuple iranien espre que ses amis trangers, dans la dure preuve que nous traversons, sauront faire, dans la confusion actuelle, la part de la ralit et celle des apparences. D. A.-

dsespre, mais elle n'est pas tellement grave .Le vrai problme de l'Iran n'est ni le maintien d'un souverain ni mme d'une dynastie bien qu'il faille prendre en compte, dans un aussi vaste empire o tant de peuples parlent tant de langues et pratiquent au moins quatre religions officielles, le symbole d'unit nationale que reprsente encore la monarchie. Le vrai problme, ce sont les institutions, et les institutions librement lues. Le Parti dmocratique iranien ne croit pas que la guerre civile soit une solution pour rsoudre la crise d'un pays en voie de dveloppement acclr, convoit pour ses richesses nergtiques, et situ dans une des zones les plus orageuses du monde. De la paix civile dpend dans mon pays la paix tout court. Le Parti dmocratique iranien croit que le peuple iranien en vaut un autre, et qu'il est aussi mr pour la dmocratie parlementaire que d'autres peuples europens ou non auxquels il n'est infrieur ni en maturit, ni en histoire, ni en culture, ni en responsabilit. Le Parti dmocratique iranien croit que le problme religieux iranien, exacerb par le pouvoir, lui-mme accul cette forme d'opposition trs particulire par ceux de ses adversaires qui

20 Lundi 25 septembre 1978