Societe de l'Histoire de France

Notice sur les Mémoires inédits d'Eustache Piemond, historien dauphinoisAuthor(s): Ollivier JulesSource: Bulletin de la Société de l'histoire de France, T. 2, No. 1 (1835), pp. 116-118Published by: Editions de Boccard on behalf of Societe de l'Histoire de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/23396213 .

Accessed: 14/05/2014 00:51

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I IÖ EXTRAITS ET ANALYSES.

SECTION II.

EXTRAITS ET ANALYSES.

Notice sur les Mémoires inédits d'Eus tache Piemond, historien dauphinois.

L'historien Chorier s'est servi, pour rédiger les annales

de la province de Dauphiné, d'un grand nombre de Mé

moires· manuscrits, dont la plupart ne se retrouvent plus

aujourd'hui '. lia fait usage surtout, pour la période des

guerres civiles advenues dans sa patrie, dans le cours du

xVie siècle, des Mémoires d'Eustache Piemond, notaire

royal, Dalphinal, à la résidence de la petite ville de Saint Antoine en Viennois.

Ces Mémoires n'ont pas été inconnus aux rédacteurs de

la· Bibliothèque historique de la France ( édition de 1771 ), qui les citent sous le n° $7,959, tom. III, pag. 54*· Ils nous apprennent qu'en 1742, le père Nicolas-Louis Husse

not, chanoine régulier et archiviste de l'abbaye de Saint

Antoine, en fit faire une copie, sur l'original qui lui fut

communiqué, par le petit-fils de l'auteur, M. Melchior Pie

mond , avocat au parlement de Grenoble, et que cette co

pie étoit déposée aux archives de l'abbaye de Saint-Antoine.

Le bibliothécaire de Dauphiné reproduit le même docu ment sans autre détail 2. La copie déposée aux archives de

l'abbaye de Saint-Antoine a disparu, sans doute, à l'époque de la suppression de l'ordre , vers la fin du xvine siècle. De

nombreuses dilapidations anéantirent alors les richesses lit

téraires recueillies à grands frais par les religieux. Quant à

l'original, on ignore en quelles mains il a passé , lors de la

mort de M. Melchior Piemond, arrivée à Grenoble en 174^. Heureusement un collecteur s'est rencontré, qui a pris le

soin,-„vers le milieu du xvnie siècle, de s'en procurer une

' Histoire générale de Dauphiné, par Nicolas Chorier: tome I, Grenoble, Cnarvys, 1661, in-fol. — Tome II, Lyon, Thyoli, 1672, in-fol. ·■

a La Bibliothèque de Dauphiné, par Guy-Allard (édition de Chal

vet), 179S, in-8°.

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EXTRAITS ET ANALYSES. I 1 η

copie, que possède lä Bibliothèque du Roi; 2 vol. in-fol., fonds de Fontanieu. P. N° χι4·

M. de Fontanieu , intendant de la province de Dauphiné,

pendant les années 1724 à 1740, avoit entrepris de vastes

études historiques sur la province confiée à son administra

tion. Outre les histoires générales, les recueils de pièces, les cartulaires qu'il fit rédiger, ou qu'il rédigea lui-même, il se procura des copies exactes des monuments historiques, dont il ne put acquérir les originaux. Parmi les copies dont

il enrichit sa bibliothèque, se trouvent les-Mémoires de

Piemond, possédés actuellement par la Bibliothèque du Roi, et sur lesquels les inventaires des livres de M. de Fontanieu

ne donnent aucun détail

Les Mémoires d'Eustache Piemond sont intitulés : « Mé

morial perpétuel de plusieurs choses advenues à cause des

guerres civiles de ce royaume de France, et de ce que parti culièrement est advenu en Dauphiné, et notamment en

notre pauvre ville de Saint-Antoine en Viennois (recueil lies par moi Eustache Piemond, notaire royal, Dalphinal, de la ville de Saint-Antoine), recueilli depuis l'année i5Ô2, que je suis de retour de Poitou, où j'avois demeuré onze

ans, lorsqu'un oncle, nommé Jean Piemond , m'y avoit at

tiré, y estant marié dès l'an i56'o. »

J'ai copié les premières lignes des Mémoires de Piemond, à défaut de titre spécifié isolement. Le Mémorial commence

donc en i5Ö2 : il s'arrête en 1608, et le mode de narration

semble faire présumer que l'auteur n'avoit point fixé les

bornes de son oeuvre à cette année, mais que la mort est

venue imposer un terme à ses récits. Il embrasse toute la

période des guerres civiles du xvi° siècle, dans les pro vinces méridionales de la France, la Provence, le Langue doc et surtout le Dauphiné. Si quelquefois il entre dans

le domaine de l'histoire générale, ce n'est que pour lui

faire des emprunts qui se rattachent d'une manière directe

aux annales provinciales. Le Mémorial n'est divisé, ni en périodes, ni en livres, ni

en chapitres. Le récit est continu : les faits seulement forment

autant d'alinéas, précédés d'un titre explicatif et de la date

de l'année, du mois, quelquefois du jour. Cette exactitude

' Catalogue, de là Bibliothèque de Fontanieu, manuscrit de la Bi

bliothèque du Roi; fotids de.Fontàiiigji, in-fol., coté n° 24. Tome Y, page 3i. — Autre CaMoguey in-'4°, page'Sa. ·

II. 9

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Il8 EXTRAITS ET ANALYSES.

chronologique est d'autant plus digne de confiance, qu'elle émane d'un auteur contemporain , et de prime-abord il est

facile d'apprécier son importance, pour reclifier les incer

titudes et les erreurs de date qui pèsent sur un grand nom

bre d'événements du xvi* siècle. Les sièges, les attaques,

prises et reprises des innombrables places de guerre qui bordoient les deux rives du Rhône, les assauts éphémères

qu'essuyèrent les bourgades, les combats de quelques în

tants , les révolutions intérieures des cités, dont l'obscurité

a presque toujours échappé aux recherches des historiens , sont énumérés par Piemond, souvent témoin oculaire des

faits, qu'il raconte avec une fidélité qui ne peut qu'enrichir le domaine des connoissances historiques.

L'ouvrage de Piemond est non seulement précieux comme

monument historique, il offre encore des détails intéres

sants sur les usages, les mœurs et les croyances de la société.

Le notaire de Saint-Antoine ne s'élève pas à des considéra

tions littéraires d'une haute portée , mais s'il écrit sous l'in

fluence de ses appréciations bourgeoises, c'est toujours avec

bon sens et franchise. Les phénomènes célestes, les révo

lutions atmosphériques, sont à ses yeux des enseignements

précurseurs des événements politiques, et jamais il n'omet

de les rapporter avec une simplicité religieuse qui ne manque

pas de bonhomie.

La publication du Mémorial de Piemond seroit, ce sem

ble, d'une utilité réelle pour l'histoire,· mais pour que cet

avantage ne reste pas imparfait, il est indispensable d'y

joindre des notes historiques et géographiques. 11 importe roit aussi de compléter certaines périodes et divers récits

par des pièces inédites, qui appartiennent aux biblio

thèques de Lyon, de Grenoble, de Carpentras. Le Mé

morial, bien qu'en deux volumes in-fol., ne formeroit qu'un volume in-4°, avec les notes et les pièces justificatives.

Ollivier Jules, Juge au tribunal de

y alence, Membre de ία oociete de

F Histoire de France.

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