Nouvelles perspectives en santé mentale au travail : … · zPrévalence du stress professionnel : ... de la santé mentale au travail : définition 2. Approches théoriques classiques

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Nouvelles perspectives en santé mentale au travail :

quand le meilleur de la sociologie et de la psychologie se rencontrent

Nancy Beauregard, Ph.D.Stagiaire postdoctorale ERTSM-IRSPUM

21 octobre 2010

Plan de la présentation1. L’environnement de travail comme

déterminant de la santé mentale : pertinence et définitions

2. Approches théoriques classiques de l’environnement psychosocial de travail

3. Nouvelles approches ancrées dans la théorie sociologique de l’agentivité et de la structure

4. Pistes futures : le modèle OSA

Prévalence du stress professionnel : Entre 22,2 % et 37,7 % des travailleurs se disent stressés (Canada, Etats-Unis, UE)Prévalence des problèmes de santé mentale liés au stress professionnel au Canada :

Détresse psychologique : 19,5 %Consommation hebdomadaire d’alcool à risque : 8,0 %Médicaments psychotropes : 8,8 % Coûts économiques pour les entreprises canadiennes, et la société canadienne dans son ensemble : 33 milliards

(Global Business and Economic Roundtable on Addiction and Mental Health, 2004)

Promotion de la santé au travail = retour d’investissement jusqu’à 6,85$ (Wanjek, 2005)

1. L’environnement de travail comme déterminant de la santé mentale au travail : pertinence

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Définition :L’environnement psychosocial de travail réfère à :

«l’ensemble des opportunités sociotechniques issues de l’environnement de travail mises à la disposition de l’individu et lui permettant de satisfaire ses besoins liésau bien-être, à la productivité et une experience positive de soi [traduction libre].»

(Siegrist & Marmot, 2004, p. 1465).

1. L’environnement de travail comme déterminant de la santé mentale au travail : définition


2.1. Modèle Demande-Contrôle (JDC; Karasek & Theorell, 1990)

Latitude décisionnelleDéfinition : Usage discrétionnaire des compétences, autorité décisionnelleExemples : Mon travail exige un niveau élevé de qualifications, J'ai la

liberté de décider comment je fais mon travail

Exigences psychologiquesDéfinition : Charge mentale mobilisée dans le travailExemples :Mon travail exige de travailler très fort mentalement

Soutien social au travailDéfinition : Soutien des collègues et des supérieursExemples : Les collègues avec qui je travaille sont compétents pour

accomplir leur travail

Figure 1.

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2.2. Modèle Déséquilibre Efforts-Récompenses (ERI: Siegrist, 2002)

Efforts extrinsèques liés à l’environnement psychosocial de travailDéfinition : Charge mentale mobilisée dans le travailExemples : J'ai beaucoup de responsabilités à mon travail

Efforts intrinsèques liés au surengagementDéfinition: Ensemble des attitudes, comportements et émotions illustrant un engagement

motivationnel excessif auquel se juxtapose un besoin émotionnel de reconnaissance et de valorisation de l’estime de soi

Exemples: Je commence à penser à des problèmes au travail dès que je me lève le matin

Récompenses liées à l’environnement psychosocial de travailDéfinition: Gratifications touchant les aspects monétaires, l’estime de soi,et le contrôle sur son

propre statut professionnelExemples: Vu tous mes efforts, je reçois le respect et l'estime que je mérite à mon travail,

Mes perspectives de promotion sont faibles

Figure 2.

2.2. Cas empirique : cohorte GAZEL

Niedhammer, I., S. David, I. Bugel, and M. Chea. 2000. "Catégorie socioprofessionnelle et exposition aux facteurs psychosociaux au travail dans une cohorte professionnelle." Travailler 5:23-45.

Méthodologie. Cohorte prospective fermée de travailleurs d’Electricité de France et de Gaz de France (N=20 000) initiée en 1989. Mesures détaillées et compréhensives de la santé (c.-à-d., biomarqueurs, habitudes de vie, organisationnels) et de ses déterminants (c.-à-d., profil sociodémographique, environnement hors travail/travail, milieux de vie). Suivi à tous les ans (questionnaires, services médicaux de l’entreprise services médicaux de l’entreprise)http://www.gazel.inserm.fr/

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Niedhammer, I., S. David, I. Bugel, and M. Chea. 2000. "Catégorie socioprofessionnelle et exposition aux facteurs psychosociaux au travail dans

une cohorte professionnelle." Travailler 5:23-45.

2.3. Limites des approches classiques de l’environnement psychosocial du travail

1. Prépondérance de l’environnement psychosocial de travail comme facteur explicatif de la santé mentale des travailleurs.

2. Dans une récente revue systématique d’études longitudinales (Beauregard, Marchand & Blanc, soumis)

a) 50% ne tiennent pas compte de l’influence des autres milieux de vie (par ex., famille, réseaux, communauté) comme sources de stresseurs concomitants et complémentaires à l’environnement de travail;

b) 33% contrôlent simplement pour l’effet des stresseurs de ces autres milieux de vie que constitue l’environnement hors travail.

DÉFI : meilleur ancrage de l’interaction entre le travailleur et ses différents milieux de vie

3. Nouvelles approches ancrées dans la théorie sociologique de l’agentivité et de la structure Définition :

Agentivité. Ce concept renvoie à la capacité conférée à l’agent de choisir le cours de ses actions.

Structure. Ce concept renvoie aux traits systémiques durables caractérisant les interactions sociales (par ex., norme sociale) et les ressources (par ex., accumulation de pouvoir sur autrui et sur des biens) et qui viennent cadrer l’action individuelle.

(Giddens, 1984)Principe fondamental :

L’agentivité et la structure sont interdépendantes dans la production de la réalité sociale, l’une conditionne l’autre et vice versa.

Exemple : Pour un travailleur non-qualifié, le fait de rester dans un emploi qu’il estime stressant et peu valorisé est conditionné en partie par : a) des aspects liés à la structure (par ex., critères de mobilité professionnelle définis par le marché du travail) et;b) des aspects liés à l’agent (par ex., le cours d’action possible est circonscrit par ses faibles qualifications)

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Marchand, Durand, & Demers. 2006. "Un modèle multi-niveaux des déterminants de la santé mentale dans la main-d’oeuvre." Canadian Journal of Community Mental Health 25:11-30.

But :

A partir de la théorie de l’agentivité et de la structure, ce modèle vise à rendre compte d’une manière plus compréhensive de l’interaction dynamique unissant l’agent à la structure.

Plus précisément, il vise à fournir une explication multiniveaux de la santé mentale des travailleurs en examinant la nature des liens unissant les caractéristiques des travailleurs, celles de l’environnement de travail ainsi que de l’environnement hors travail.


Prémisses :1. La profession est un vecteur structurel de

différenciation (macrosystémique) affectant la distribution des stresseurs du travail ;

2. Les milieux de vie hors travail (par ex., famille, réseaux sociaux, communauté) sont des structures du quotidien (mesosystémiques) affectant la distribution des stresseurs hors travail ;

3. La personnalité de l’agent (microsystémique) influe sur comment les stresseurs du travail et hors travail s’exprimeront ;

4. L’ensemble de ces éléments d’ordre macro, meso, et microsystémique pose une lecture de la santé mentale au travail tel un phénomène multiniveaux.


Prémisse 1 Prémisse 2Prémisse 3

Prémisse 4

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MéthodologiePopulation.Travailleurs canadiens (ENSP 1994-2001) et québécois (ESSQ 1998).

Mesures.Variable dépendante.Détresse psychologique (Ilfeld, K-6).Variable indépendantes. Facteurs du travail (JDC, ERI), facteurs hors travail (stress marital, parental, soutien social des réseaux), personnalité (locus de contrôle, sentiment de cohésion), profil sociodémographique (genre, etc) et styles de vie (alcool, etc).

Stratégie analytique.Régressions multiniveaux permettant de distinguer les effets propres a) des variables mesurées au niveau des travailleurs (par ex., perceptions subjectives des stresseurs du travail et hors travail, profil sociodémographique, traits de personnalité) et b) des variables mesurées au niveau de la profession (par ex., type de profession) dans l’explication de la détresse psychologique.

Figure 3. Modèle multiniveaux de la santé mentale au travail

= DÉTRESSE PSYCHOLOGIQUE

…

……………………………………………

Profession (Niveau-2)

Travailleur- (Niveau-1)…

Infirmièr1i

Infirmièresi Médecins j

Infirmière 2i Infirmière5i Médecin 1j Médecin 2j Médecin 5j

Facteurs du travail

Facteurs hors travail

Profil sociodémographique

Traits de personnalité

Habitudes de vie

Pompier etc…


1-3%Effet direct de la profession =

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4. L’environnement de travail comme déterminant de la santé : pistes de recherche futures

Limites connaissances actuelles sur l’environnement de travail comme déterminant social de la santé:

Sous-théorisation de l’organisation comme structure (organisations saines?)Sous-théorisation du travailleur comme agent (rationalité sous-jacente au rapport travailleur-organisation?)

Milieu de travail

Environnementpsychosocial

de travail

Stress perçuOrganisation

Apprentissage organisationnel

Engagement organisationnel

Santé mentale

Légende

Association directe Médiation Covariation

rganisationsaines pprenantes

OSA

Figure 4. Le modèle des Organisations Saines et Apprenantes

P1

P2

P3

P4


OSABeauregard, Nancy. 2010. « Le modèle des organisations saines et

apprenantes comme cadre analytique de la santé mentale au travail : le cas des cadres supérieurs de la fonction publique fédérale duCanada. » Thèse de doctorat en santé des populations, Université d’Ottawa : Ottawa

MéthodologieEnquête nationale APEX

Cadres supérieurs de la fonction publique fédérale (administration centrale, agences), EX1 à EX 5Devis transversal, questionnaires auto-rapportésN=1,853 pour un taux de réponse de 35,7%

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rganisationsainespprenantes

OSA

Résultats – Article CÉvaluation du modèle des organisations saines et apprenantes

--Usage discrétionnaire des compétences

nsnsPrésence de dépendants à charge (oui)

--Apprentissage organisationnel (subjectif)

--Récompenses

nsnsStatut marital (seul)

nsnsApprentissage organisationnel (collectif)

--Soutien social au travail

++Demandes psychologiques

ns-Autorité décisionnelle

nsnsNiveau professionnel

ns+Genre (femmes)

nsnsAge

GHQMSPVariables

Tableau 1. Régressions multiniveaux du modèle OSA sur la santé mentale (APEX 2002, N=1,555)

2-3%


OSA

Résultats – Article D Typologie du modèle des organisations saines et apprenantes

- --- - -Engagement organisationnel-Affectif

+ +++ + + Engagement organisationnel-Continuité

++ ++ + +Stress perçu (MSP)-ns-Niveau professionnel-nsnsGenre (femmes)

nsnsnsAge

Emplois passifs, intermédiaire

AO et récompenses

Emplois actifs, intermédiaire

AO et récompenses

Emplois forte tension,

faible AO et récompenses

Variables

Tableau 2. Régressions multinomiales du modèle OSA et MSP (APEX 2002, N=1,601)

Les gagnants sont : Emplois à faible tension, fort AO !!!

En conclusion…La santé mentale au travail c’est :

a) un phénomène dont l’étiologie sociale est multifactorielle et multiniveaux ;b) donc la complexité exige une approche

transdisciplinaire tant dans au niveau théorique qu’empirique.

Conséquemment, voilà donc un domaine d’expertise tout désigné pour des B.Sc. Bidi !

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Merci !Contact ultérieur :

Nancy Beauregard, Ph.D.Stagiaire postdoctoraleÉcole de relations industrielles, Université de MontréalInstitut de recherche en santé publique de l'Université de MontréalPavillon 7077 avenue ParcC.P. 6128, Succ. Centre-VilleMontréal (Québec) H3C 3J7 Téléphone : (514) 343-6111 poste 0985Télécopieur : (514) 343-2334Courriel : [email protected]

BibliographieMarchand, Alain, Pierre Durand, and Andrée Demers. 2006. "Un modèle multi-niveaux des déterminants de la santé mentale dans la main-d’oeuvre." Canadian Journal of Community Mental Health 25:11-30.Niedhammer, I., S. David, I. Bugel, and M. Chea. 2000. "Catégorie socioprofessionnelle et exposition aux facteurs psychosociaux au travail dans une cohorte professionnelle." Travailler 5:23-45.Beauregard, Nancy. 2010. « Le modèle des organisations saines et apprenantes comme cadre analytique de la santé mentale au travail : le cas des cadres supérieurs de la fonction publique fédérale du Canada. » Thèse de doctorat en santé des populations, Université d’Ottawa : Ottawa.

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