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1 Novembre décembre 2012 1. A voir ou à entendre (concerts, expositions, conférences, spectacles,...) 2. A lire, à parcourir (nos coups de cœur : sites, livres, ...) 3. Côté classes : Projets, Formations, Le Dossier 4. Côté artistes : Le questionnaire à des professionnels du monde de l’art (pour ce numéro :) Les architectes romans plantaient des murs épais et massifs soutenus et écartés par les voûtes, les architectes du gothique cherchaient la lumière et l’espace, ceux de la Renaissance vont quant à eux, s’enthousiasmer pour l’art Antique. Dans ce dossier, nous vous proposons d’explorer les caractéristiques de l’architecture Renaissance en listant les bâtiments remarquables et en analysant en détail une construction du département : le Château de Fléville. Les rédactrices : Nathalie Kloutz, Corinne Lacaze, Anne Mangeot Remazeilles, Nicole Pierrat, Véronique Pierrat, Brigitte Thiriet Merci à Jean-Sébastien Bertrand, médiateur culturel au musée Lorrain et conférencier au château de Fléville, pour ses précieuses informations sur le château.

Novembre décembre 2012 - ac-nancy-metz.fr · L’exposition retrace l’histoire du cinéma documentaire de ses origines à nos jours : évolution ... projets, dessins, machines

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Novembre décembre 2012

1. A voir ou à entendre (concerts, expositions, conférences, spectacles,...)

2. A lire, à parcourir (nos coups de cœur : sites, livres, ...) 3. Côté classes : Projets, Formations, Le Dossier 4. Côté artistes : Le questionnaire à des professionnels du monde de l’art (pour ce numéro :)

Les architectes romans plantaient des murs épais et massifs soutenus et écartés par les voûtes, les architectes du gothique cherchaient la lumière et l’espace, ceux de la Renaissance vont quant à eux, s’enthousiasmer pour l’art Antique. Dans ce dossier, nous vous proposons d’explorer les caractéristiques de l’architecture Renaissance en listant les bâtiments remarquables et en analysant en détail une construction du département : le Château de Fléville.

Les rédactrices : Nathalie Kloutz, Corinne Lacaze, Anne Mangeot Remazeilles,

Nicole Pierrat, Véronique Pierrat, Brigitte Thiriet Merci à Jean-Sébastien Bertrand, médiateur culturel au musée Lorrain

et conférencier au château de Fléville, pour ses précieuses informations sur le château.

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A voir ou à entendre (concerts, expositions, conférences, spectacles,...)

o Exposition « Métamorphose » du 20 novembre au 13 janvier dans le grand hall de la médiathèque de la Manufacture,

Les originaux de trois livres d’Anne Romby où elle explore le thème des métamorphoses sont donnés à voir : La belle et la bête, L’oiseau magique, Fleur de cendre. L’artiste revisite des contes traditionnels en les intégrant dans son univers graphique aux atmosphères d’Extrême-Orient, avec des décors constitués de matières végétales et de couleurs profondes et délicates.

o Exposition au Centre Pompidou de Metz du rideau de scène du ballet « Parade » de Pablo Picasso, du 17 novembre au 18 mars 2013

Des reproductions de dessins, photographies, correspondances, articles de presse et films liés à ce ballet sont exposés autour de ce rideau immense prêté par le centre Pompidou Paris.

o Exposition à maison Lillebonne rue du cheval Blanc à Nancy, jusqu’au 20

décembre: « L’un nourrit l’autre ». Le fil conducteur « l’un nourrit l’autre » aura permis des collaborations entre des artistes en arts visuels, théâtre, musique, littérature, … comme des dessins à 4 mains entre Manu Poydenot et Nicolas Schneider, une interaction entre les installations de Nicolas Pinier et des journalistes.

o Exposition à la médiathèque de Toul jusqu’au 29 décembre 2012 (entrée libre): Le cinéma documentaire

L’exposition retrace l’histoire du cinéma documentaire de ses origines à nos jours : évolution technique, perception du monde au cours du temps et diversité géographique.

o Exposition « Mythologie » à la galerie Socles et cimaises de la MJC Desforges jusqu’au 21 décembre 2012 :

Trois regards différents : Sophie Guinzbourg, Josef H. Guinzbourg et Jean-Michel Husson vous présentent leur interprétation des textes fondateurs de la mythologie gréco-romaine (Ovide, Hésiode, Sophocle).

o Exposition « Léonard de Vinci, projets, dessins, machines » à la Cité des Sciences et de l’industrie à Paris du 23 octobre 2012 au 18 août 2013 (du mardi au samedi de 10h à 18h et le dimanche de 10h à 19h. Nocturnes jusqu’à 21h du 26 au 29 décembre 2012 et du 2 au 5 janvier 2013 - dernière entrée 19h30).

L’exposition est construite autour de 40 maquettes créées dans les années 1950 à partir des dessins de Léonard. Les dispositifs interactifs et les films qui les entourent, permettent de comprendre qui était Léonard, à la fois peintre, ingénieur, familier des princes, mais aussi homme de son temps, à l’esprit libre, profondément curieux de comprendre les phénomènes qu’il observe dans la nature. Aujourd’hui, des chercheurs étudient aussi la nature avec attention et s’en inspirent pour créer machines et matériaux nouveaux, reprenant à leur compte la démarche intuitive de Léonard.

o Exposition « Asian Landscapes » par Michael KENNA jusqu’au 5 janvier 2013 à la galerie Troncin-Denis 22, grande Rue à Nancy (entrée libre):

L’exposition montre des tirages exceptionnels de cet artiste, paysages en noir et blancs superbes et envoûtants. A ne pas rater !

o Concert Famille par l' Orchestre symphonique et lyrique de Nancy : « La symphonie des jouets » de Léopold Mozart et « Il Maestro di Cappella » de Domenico Cimarosa, le samedi 15 décembre 2012 à 11h salle Poirel à Nancy.

A lire, à parcourir (nos coups de cœur : sites, livres, ...)

o Le site de l’exposition de la Cité des sciences avec des jeux et des documents pour les

enfants : http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/expositions/leonard-de-vinci/#l-exposition

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o Un livre qui permet d’avoir un regard original sur le travail de Guiseppe Arcimboldo. De l’homme qui joue, l’homme qui mange, l’homme qui rêve à l’homme des mers ou l’homme de fer, ce livre vous propose une galerie de portraits accompagnée d’un court texte poétique : « Les hommes n’en font qu’à leur tête », François David, Olivier Thiébaut, Editions Sarbacane, 2011 (voir lien : http://www.editions-sarbacane.com/auteursIllus.htm)

o Un autre livre sorti récemment : « Comment parler de Léonard de Vinci aux

enfants », Sandrine Filipetti, Editions le Baron Perché, 2011. Ce livre conçu comme un guide propose de découvrir les œuvres de ce génie de la Renaissance italienne par le biais de questions d’enfants.

o Un livre pour de bons lecteurs CM2 : « Le petit peintre de Florence » de Pilar Molina LLorente : Un bon roman historique dont l'action se déroule à Florence. Ce livre permet de se plonger dans l'ambiance de l'atelier de maître Cosimo et de ses apprentis. Arduino personnage principal souhaite devenir peintre comme les grands de la Renaissance.

o Le site du Château d’Ecouen, musée de la Renaissance mais aussi témoignage architectural

de cette époque : http://www.musee-renaissance.fr (Voir notamment le dossier pédagogique sur l’architecture Renaissance : http://www.musee-renaissance.fr/homes/home_id20806_u1l2.htm

o Site du CAUE 54 comportant un glossaire d’architecture :

http://www.caue54.com/glossaire.asp

Côté classes : Projets, Formations, Le Dossier o Concours « La Nouvelle de la classe » :

Écriture de nouvelle et composition d’image à partir de la lettre « S ». Un voyage à l’Académie française et de nombreux livres à gagner ! Inscription jusqu’au 20 janvier 2013 sur http://www.lelivresurlaplace.fr/, rubrique La Nouvelle de la classe.

o Ecole et Cinéma :

Suite à deux formations proposées aux enseignants des classes inscrites au projet, (où peu se sont inscrits), des documents concernant le travail autour de l’image ainsi que des fiches autour des six films proposés aux classes sont en ligne sur le site Art et Culture ; Voici le lien: http://www4.ac-nancy-metz.fr/ia54-gtd/arts-et-culture/spip.php?rubrique9

LE DOSSIER : L’architecture Renaissance en Lorraine

En architecture, la RENAISSANCE est une période qui se situe entre l’art gothique et l’art classique. La RENAISSANCE débute en Italie puis se propage peu à peu en Lorraine suite à différents évènements :

- L’arrivée d’artistes italiens invités par le roi de France puis en Lorraine par les ducs angevins René 1er et René II : Antonio de Bergame, Citoni, Orphéo Galéani, Stabili…

- Le séjour du duc Antoine en Italie, notamment lors des guerres d’Italie, - Le mariage de Christine de Lorraine, fille de Charles III avec un Médicis, - La publication d’ouvrages qui permettent aux architectes français d’étudier l’architecture

antique sans aller en Italie.

Au XVIème siècle, le duché de Lorraine reste une marche de l’Est, largement convoitée par la France d’Henri IV et de Louis XIII : les châteaux et maisons fortes conservent donc des structures défensives et un aspect extérieur médiéval : façades verticales, hautes toitures d’ardoise, fossés, donjon, tourelles (Montbras, la Varenne, Ville sur Saulx, Stainville, Cons la Grandville)

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Des aspects militaires perdurent mais les châteaux deviennent des demeures de plaisance, les progrès de l’artillerie permettant d’alléger les courtines de pierres épaisses. On décore les façades, on ménage davantage d’ouvertures vers l’extérieur : on trouve des médaillons, coquilles, bucranes, arabesques, rosaces, acanthes, rinceaux, pilastres, frontons, chapiteaux entre les colonnes, cariatides, putti dans les niches, appareillages. On décore le pourtour des fenêtres ou des portes monumentales ; on place des chainages d’angle sur les façades (préfiguration du style louis XIII). Les intérieurs sont également décorés ; il ne subsiste malheureusement que les cheminées et les plafonds. Voici un inventaire (le plus complet possible mais sans doute pas exhaustif) des bâtiments, traces, œuvres visibles datant de la Renaissance, dans l’environnement proche des écoles du département : Si un bâtiment vous intéresse plus particulièrement, vous pouvez questionner le service de l’inventaire qui sera en mesure de vous renseigner (ou le demander aux conseillères)

- Tucquegnieux – ferme auberge sainte Mathilde – rue du Pal – 1564 Un cartouche porte la date de 1564 et une inscription latine : « Cette maison n’a pas été construite pour toi mais pour Dieu » ? On peut voir également une très belle cheminée.

- Le château de Cons la Grandville – Le château de Cons la Grandville reconstruit en 1572, conserve une structure extérieure défensive : il a une tour ronde au Sud est et un élément de courtine à l’Est. Par contre, on peut voir des évolutions dues au nouveau goût de la Renaissance : la partie haute des façades nord et est présente une belle série de fenêtres décorées de pilastres et coiffées de frontons. Le manteau de la cheminée dans la salle d’apparat est décoré de scènes mythologiques.

- Le château d’Etreval- 1533 - Le château de Fléville 1553 (voir plus loin) - Pont à Mousson :

o La maison des 7 pêchés capitaux place Duroc o La place : on doit aux architectes Renaissance la création dans les villes des places avec

arcades o Le musée du papier, dans un hôtel Renaissance, construit en 1591

- La maison des loups à Pulligny

- Toul : o La maison de l’Apothicaire, place Croix de Füe à Toul (façade, escalier) o La maison Bossuet (14, rue Michatel) o L’Hôpital de Pimodan (ancien hôpital Saint Esprit) o Cathédrale (chapelle des Evêques, Autel de prime, verrières)

- Vézelise : o Hôtel de Tavagny – 1546 o Hôtel du Bailliage – 1561 o Eglise Saint-Côme et Saint Damien – vers 1521 verrière de Sainte Marguerite

- Malzéville : o Pont 1500 (permettait aux Ducs de Lorraine de passer du palais ducal à leurs

terres de Malzéville o Chapelle Saint Martin : chapelle castrale de René II – peintures murales du

XVIème dont une dédiée à Saint Antoine, fils de René II (plafonds à caissons, couleurs vives, fenêtres ouvertes sur le paysage entourée des blasons de la famille de René II)

- Nancy : o Grand rue, nombreuses maisons avec cours, galerie et puits (ancien hôtel de Lignéville,

maison au boulet) o Hôtel de Chatenois (grand rue) o Place Malval maison au pilier, arcades o Rue Saint Michel : maison des deux sirènes o Maison des boulangers

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o Hôtel d’Haussonville 1528 – 1543 remanié en 1552 – plus bel exemple d’architecture civile Renaissance de Nancy, bâti par Jean III d’Haussonville, sénéchal de Lorraine en 1528, puis remanié en 1564 par son fils Bathazar, gouverneur de Nancy et grand maître de l’Hôtel ducal – construit sur un plan en U autour d’une cour centrale. Dans la tour surplombant la cour, un vaste escalier à colimaçon mène à deux galeries de circulation, la première marquée par l’art médiéval, la seconde de style renaissance. Une fontaine abrite une statue de Neptune ;

o Hôtel Lillebonne rue de la source – escalier intérieur à volées contrariées sculpté de motifs floraux et d’entrelacs, beaux plafonds du XVIème en bois- après le premier corps de bâtiment, se trouve une première cour avec fontaine, puis une seconde, aujourd’hui reliée à l’ensemble où l’on remarque une tourelle d’escalier.

o Place des dames o Hôtel Lunati Visconti (remonté à Jarville) o Porte Notre Dame (1598) o Porte Saint Georges bâtie en 1606 et sauvée de la destruction en 1873, suite à une forte

mobilisation, qui reçoit le soutien de Victor Hugo o 11 grand Rue, « le petit Théâtre », hôtel organisé selon le plan type hérité du modèle

italien o Le palais ducal, actuel musée lorrain. (Voir article complet en suivant ce lien :

http://www4.ac-nancy-metz.fr/ia54-gtd/arts-et-culture/spip.php?rubrique4)

- Marville : voir la Gazette lorraine n°62, juin 206 Le conte de Bar, Thibaut 1er, fondateur du château et des fortifications affranchit les habitants à la moi de Beaumont puis lègue Marville à son épouse, héritière du Luxembourg Les successions n’entraînent pas de déchirements et par le jeu des héritages, Marville passe dans les mains de deux seigneurs, un comte du Luxembourg et un comte de Bar, qui exerceront conjointement leur suzeraineté sur la ville et sur ses dépendances, dénommées désormais « les terres communes ». La double appartenance donne à la ville un statut particulier : celui de ville neutre qui la protègera de toutes les guerres et lui épargnera les destructions que connaissent les évêchés et le duché de Lorraine. C’est ce qui en fera un ilot de prospérité exceptionnel, une ville riche et puissante.

o Chapelle Sainte Croix de l’église Saint Nicolas fenêtre extérieure – médaillons à têtes d’homme et femmes fondée en 1517

o Hôtel d’Egremont 3, Grande rue – façade o Maison du chevalier Michel à l’angle rue Bal et Grande rue – escalier avec Loggia o Maison des drapiers 11 rue du Tripot – façade 1524 o Maison 15 rue du tripot 16ème o Maisons de négociants 12 et 14 Grande Place début XVIIème o Ferme 26 grand Place – rue des prêtres - porte piétonne

- Han sur Meuse : cheminée - Bazincourt : château – cheminée - Louppy sur Loison : Château construit entre 1620 et 1633

Il sera intéressant d’explorer les bâtiments proches de l’école ou accessibles lors d’une visite pour mettre en évidence les caractéristiques particulières qui permettent de dater ce monument de la période Renaissance ; On pourra faire des croquis ou prendre des photos qui seront expliqués et annotés au retour en classe. On s’attachera à resituer la vie à l’époque de la construction de ce bâtiment, ses fonctions passées et actuelles, imaginer quels personnages ont pu y vivre, comment ils étaient habillés, ce qu’ils faisaient de leurs journées, ce qu’ils mangeaient,… Cette étude permettra de mieux caractériser la période Renaissance.

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���� Arts de l’espace : Regard sur un château lorrain, témoignage du Moyen Age et de la Renaissance : Le château de Fléville On peut visiter ce château les après-midi de 14 à 19h, du 1er avril au 15 novembre et tous les jours sur rendez-vous pour les groupes (téléphoner au 03 83 25 64 71 ou écrire à l’adresse : [email protected]). A noter le week-end du 27-28 avril 2013, une reconstitution costumée et des animations pour les enfants par l’association « Le Bosquet ».

Le château de Fléville est implanté à proximité de l’emplacement d’un ancien ensemble médiéval fortifié datant des années 1330 - 1340, sur le fief de Fléville offert au Seigneur Guillaume d’Ormes par le duc de Lorraine Ferry III. Plusieurs propriétaires s’y sont ensuite succédés, marquant ce site de leur empreinte, dont Nicolas de Lutzelbourg, conseiller au palais ducal, qui fut le maître d’ouvrage du château Renaissance encore visible aujourd’hui.

• Petite biographie du château : - 1330-1340 : l’ensemble médiéval. Cet ensemble était constitué de la réunion de 2 maisons fortes : un vieux château (aujourd’hui disparu) et une grande tour d’habitation, tous deux initialement indépendants puis reliés par deux galeries. La tour, haute de 25 mètres, était considérée comme un véritable gratte-ciel au 14e siècle : ses murs d’une épaisseur de 2 mètres sont en moellon et pierre de taille dans les angles. Cette maison forte aux ouvertures étroites et peu nombreuses se composait de 6 niveaux, dont les sous-sols et un dernier étage consacré à la défense, percé de chaque côté de 3 fenêtres de tir. A noter : la porte surmontée d’un fronton date du 16e siècle et les fenêtres les plus larges situées au bas de la tour du 18e siècle. - 1533 à 1537 : construction du nouveau château de style Renaissance. Au retour des guerres d’Italie qu’il a menées aux côtés du Duc Antoine de Lorraine et de François 1er, puis après plusieurs passages à la cour de France, Nicolas de Lutzelbourg, le nouveau propriétaire, trouve son château bien austère. Il fait édifier juste à côté, une nouvelle construction donnant davantage priorité à la recherche du beau, inspirée de l’Antiquité gréco-romaine, au désir de confort. Cet édifice intégrant la tour du 14e siècle dans sa partie sud-ouest adopte les caractéristiques de l’architecture Renaissance, tout en conservant certaines particularités de type médiéval destinées à contrecarrer une situation politique instable : la Lorraine étreinte entre la France et le Saint-Empire Romain germanique, l’opposition entre protestants et catholiques et la guerre de 30 ans (1618-1648).

• Description du château de Nicolas de Lutzelbourg : Constitué de 3 corps de bâtiments à 3 niveaux, ce château adopte une disposition en fer à cheval avec une cour centrale fermée, cantonnée de 3 tours rondes et de la tour carrée du 14e siècle, rappelant la configuration des châteaux forts. S’inspirant des châteaux de la Loire, Nicolas de Lutzelbourg adopte une composition régulière et fait ouvrir les façades, sculpter des motifs à l’Italienne et aménager un jardin. Ce château comprenait le logis, une galerie, la chapelle castrale.

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• Un château de plaisance de style Renaissance :

- référence à l’Antiquité : au niveau des proportions (théorie des trois ordres – dorique, ionique, corinthien - se différenciant les uns des autres par les proportions, l’ornementation du chapiteau, et l’entablement) au niveau des décors (fronton, colonnes, pilastres, cercles considéré comme la forme parfaite, symbole de l’harmonie des proportions cf Homme de Vitruve)

- composition régulière, ordonnancement et répartition géométrique des bâtiments et de l’ornement des façades (alignement des baies, recherche de symétrie, répartition des décors et différenciation des façades en fonction de l’importance des bâtiments et des niveaux) La façade arrière est plus simple que la façade avant, sauf au revers du corps principal de logis où l’on retrouve 4 grandes lucarnes et une tour carrée en saillie au milieu. les baies : - au rez-de-chaussée : fenêtres simplement moulurées - au 1er étage, fenêtre surmontées de frontons triangulaires et encadrées de pilastres avec des chapiteaux à cornes ; long balcon à balustres parcourant toute la façade principale - au 2e étage lucarnes doubles et chargées d’ornement dans le corps central, (pilastres à tables en creux, fronton à degrés, baie supérieure accostée de volutes végétales et de putti ou de sirènes, tympan encadré de volutes. Les tympans portent la trace de médaillons où figuraient les armes des membres de la famille Lutzelbourg.

- implantation toute en largeur, représentant l’assise du savoir et l’humaniste, s’opposant à la recherche d’élévation de l’architecture moyenâgeuse - solennité et cérémonie : l’entrée du château

- entrée monumentale après franchissement des fossés : une porte encadrée de colonnes, avec entablement et fronton, coiffé d’une toiture indépendante, aujourd’hui disparue (voir sur la gravure d’Israël Sylvestre ci-dessous) - à l’intérieur de la cour, au centre de la façade principale, dans le prolongement de l’ancien pont-levis, un escalier de prestige (rampe sur rampe), avec palier de repos donnant sur les loggias. (restauré au 19e siècle)

- ouverture des façades : - escalier autrefois ouvert sur 4 loggias (balcon ouvert dont le fond est en retrait par rapport au nu de la façade), fenêtres de grandes dimensions, à meneau, fenêtres à tabernacle - galerie le long du mur situé à l’avant du château, aujourd’hui disparue.

- toiture en ardoise avec lucarnes - boiserie et plafond à caissons - cheminée au décor renaissance (décor de pilastres, tables en creux et médaillon observé dans l’escalier, hotte encadrée de colonne)

Voir vue et perspective du château de Fléville par Israël Sylvestre en 1652 :

http://193.48.70.231/images/reserve/4W23INV28RES(89).jpg

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Ce nouvel édifice est porteur de plusieurs influences architecturales rappelant les palais italiens admirés pendant les campagnes d’Italie. Les lignes horizontales qui se déploient sur la corniche et le long des façades, la présence de l’eau, l’ouverture de l’escalier font allusion au château d’Azay-le-Rideau.

• Un château de défense :

- cohabitation de l’ancien château et du nouveau de 1533 à 1620, date à laquelle le château médiéval est rasé. - intégration de la tour (carrée et crénelée) à la nouvelle construction. - construction de 3 tours rondes saillantes dans les angles (cf Chambord) - structure fermée : les 3 corps de logis sont clos du côté village par un mur donnant sur les fossés. Ce mur aujourd’hui démoli était couronné de hourds (sorte échafaudage solide, fait de planches, en encorbellement au sommet d'une tour ou d'une muraille). - accès à un pont-levis par une poterne - escalier hélicoïdal destiné à la distribution des pièces et situé en dehors (protection contre le froid et les courants d’air, destiné à freiner l’avancée des ennemis vers les étages supérieurs.) - fenêtres de petite taille et répartie sur tous les côtés de la tour, de manière irrégulière.

- 1652 : la famille de Beauvau entreprend de fermer la cour au-delà du fossé : elle rase le mur et fait réaliser un parterre ; la gravure d’Israël Sylvestre présente le château avant ces travaux. - 18e siècle : ouverture de la cour vers le village et aménagement des jardins par Louis Gervais, élève de Le Nôtre et jardinier de Léopold et de François III à Lunéville. Nombreux aménagements intérieurs. Visite de Stanislas dont des témoignages subsistent. - fin 18e et moitié 19e : assèchement des fossés dont la trace est encore visible, achat de vases rocaille provenant du château de la Malgrange et création de 1853 à 1855, de la galerie des Ducs de Lorraine, vaste salle où sont présentés les blasons et la généalogie des ducs de Lorraine par la famille des comtes de Lambel toujours propriétaire du château, depuis 1812.

• Ce que l’on voit aujourd’hui : Video: http://www.mylorraine.fr/article/fleville-un-chateau-de-la-loire-en-lorraine-/13181/ Le parc de 17 ha situé à l’arrière du château est également classé monument historique : il a suivi les modes successives de la renaissance au 20e siècle. L’intérieur, avec ses 17 pièces, est également représentatif de l’évolution des styles artistiques depuis la Renaissance : - salle du chevalier et four à pain dans la tour carrée - la chapelle néogothique - la salle du billard avec ses boiseries et plafond à caissons - la salle des Etats, salle de avec blasons peints 1853 - le salon 18e, la chambre de Stanislas - salle de justice

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• Deux œuvres majeures de la Renaissance qui peuvent être abordées parallèlement à l’étude du château de Fléville : les châteaux de Chenonceau et de Chambord.

Le château de Chenonceau est un témoin précieux du style classique français au temps de d’Henry II :

- Ce « château des dames » pour l’histoire de France, a été construit en 1513 par Catherine Briçonnet, embelli successivement par Diane de Poitiers et Catherine de Médicis, sauvé de la révolution par Madame Dupin.

- Bâti sur les piles d’un ancien moulin voisin, donc sur l’eau même. - Situation exceptionnelle et souci d’exploitation du site. - Esprit novateur dans la conception même de la structure qui s’inspire de l’art italien. - Plan massé fondé sur un carré parfait, traversé de bout en bout par un vestibule. - Un des premiers escaliers à rampes droites élevés en France. - Disposition de type flamboyante, les façades présentent une élévation à peu près

symétrique avec une travée médiane accentuée. - Construction d’une galerie sur le Cher en 1581. - Architecture rythmée (saillies élevées au dessus des avant-becs, arcades du pont), d’une

élégance raffinée.

Le château de Chambord fut édifié sur ordre de François 1er entre 1519 et 1547. Il doit l’originalité de sa disposition, les grandes lignes de sa conception à Léonard de Vinci qui a travaillé sur le projet avant sa mort. Les traits du projet sont d’origine italienne :

- plan massé carré - distribution symétrique commandée par une croix grecque - répartition des appartements par quartiers - loggias extérieures - escalier d’un type nouveau : à double vis, placé à la croisée des vestibules qui respecte la

symétrie intérieure en la mettant en valeur. La construction du château a débuté en 1526. Cet édifice est un des rares chefs- d’œuvre de la Renaissance avec 156m de façade, 77 escaliers, 282 cheminées et 800 chapiteaux sculptés. Elle représente un compromis entre l’idée de Léonard et la tradition française. Il existe un fort contraste entre la sobriété des faces du donjon et le foisonnement des ouvrages élevés sur la terrasse (lucarnes, combles, lanterne de l’escalier, cheminées). La situation du château au milieu de la forêt, ses dimensions, son parti, la beauté des assemblages de pierre, le couvrement en font un château de rêve. Pistes pédagogiques :

- Amener les élèves à dire ce qu’ils voient, ressentent, à interpréter une image. - Faire des comparaisons entre les différents édifices à partir de photos ou en s’appuyant sur

un plan : forme globale, organisation des bâtiments, symétrie… - Observer les ouvertures : portes, fenêtres (nombre, répartition sur les façades…). - Observer les éléments décoratifs. - Se questionner sur les procédés de construction en les mettant en regard avec ceux

d’aujourd’hui. - Faire des comparaisons entre un château fort et un ouvrage Renaissance. - Faire des croquis de façade, un plan simplifié du château.

���� Arts du son : Extrait de « Musiques dans l'Histoire » éditions SCEREN La musique instrumentale jouée à la Renaissance est essentiellement une musique destinée à faire danser. A partir de l'écoute musicale d'une gaillarde de Claude Gervaise (plage 9 du document), on pourra créer une chorégraphie en faisant apparaître visuellement les répétitions et les changements de mélodie.

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���� Arts du spectacle vivant : On pourra imaginer une pièce jouée en reconstituant des scènes de la vie courante au XVIème siècle… ���� Arts du langage : Quelques livres permettront d’aborder l’architecture de la Renaissance par la lecture :

- le n°172 de la Revue « le petit léonard »septembre 2012 : le château de Chambord, François 1er, roi mécène à la Renaissance

- « L’histoire et la vie d’un château de la Renaissance », Editions Berger Levrault, 1983 ���� Arts du visuel : On pourra développer l’idée de proportions harmonieuses comme on peut le voir dans l’architecture Renaissance en présentant une œuvre de Léonard de Vinci appelée « l’homme de Vitruve » : A ’époque de la Renaissance, on cherche à représenter l’homme de façon juste et ressemblante, et Léonard de Vinci découvre une organisation géométrique du corps. Ce concept n’est pas nouveau cependant car les Romains pensaient déjà que la nature était parfaite et l’homme à son image également. Dans ce schéma, Léonard de Vinci reprend les observations anthropométriques de l’architecte romain Vitruve et nous montre que le corps et bâti selon certaines proportions : dans un texte manuscrit, il écrira : « … [ ] la Nature a distribué les mesures du corps humain comme ceci. Quatre doigts font une paume, et quatre paumes font un pied, six paumes font une coudée : quatre coudées font la hauteur d’un homme. Et quatre coudées font un double pas, et vingt quatre paumes font un homme. » En effet, on utilisait ces mesures liées à l’homme avant le mètre ou le centimètre. Sur le schéma, on voit que l’homme au repos entre dans un carré, sa hauteur étant la même que la mesure de ses deux bras écartés ; lorsqu’il se met en mouvement écartant bras et jambes, il entre dans un cercle. Il existe certaines proportions utiles à connaître lorsqu’on veut dessiner un homme : en citant toujours Léonard de Vinci : « … [ ] Depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton, il y a un dixième de la hauteur d’un homme. Depuis le bas du menton jusqu’au sommet de la tête, un huitième. Depuis le haut de la poitrine jusqu’au sommet de la tête, un sixième ; depuis le haut de la poitrine jusqu’à la racine de cheveux, un septième. Depuis les tétons jusqu’au sommet de la tête, un quart de la hauteur de l’homme. La plus grande largeur des épaules est contenue dans le quart d’un homme. Depuis le coude jusqu’au bout de la main, un cinquième. Depuis le coude jusqu’à l’angle de l’avant bras, un huitième. La main complète est un dixième de l’homme. Le début des parties génitales est au milieu. Le pied est un septième de l’homme. Depuis la plante du pied jusqu’en dessous du genou, un quart de l’homme. Depuis sous le genou jusqu’au début des parties génitales, un quart de l’homme. La distance du bas du menton au nez, et des racines des cheveux aux sourcils est la même, ainsi que l’oreille : un tiers du visage… » Pour résumer et vous aider à proposer des consignes de dessin aux élèves :

- la hauteur de la tête correspond à un huitième de la hauteur totale du corps, - on peut diviser la hauteur du visage en trois tiers : du menton à la base du nez, de la

base du nez aux sourcils et du sourcil au sommet de la tête, - la largeur des épaules doit correspondre au quart de la hauteur de l’homme dessiné

Pour aller plus loin, Le Corbusier a repris cette idée de proportions du corps humain pour définir « Le Modulor » qui lui servira à bâtir ses cités radieuses dans lesquelles un homme devait se sentir bien à l’aise en lien avec le nombre d’Or (1 ,618) résultat d’un rapport de proportion parfait utilisé en architecture et par les artistes.

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Côté artistes : Le questionnaire à des professionnels du monde de l’art

Nom de l’artiste : Antoine SCAPILLATI, architecte à Nancy Pouvez-vous en quelques mots définir votre art ? Pour moi, l'art de l'architecte c'est une bonne dose d'ingénieur, 2 doses de peintre et de sculpteur, un zeste de musicien et une pincée de cuisinier-pâtissier; le tout étant de mitonner une oeuvre qui parle à tous nos sens, donne des émotions, interpelle notre imaginaire pour le contentement de chacun. Quelle est votre démarche créative ? Plutôt pragmatique qu'intellectuelle: beaucoup de discussions avec les clients car ce sont leurs mots qui déclenchent l'idée maîtresse autour de laquelle des images, des volumes, des matériaux, des ambiances prennent vie; souvent une seule suffit et c'est elle qu'il faudra mener à bien: c'est chercher le génie du lieu et le faire sortir de sa bouteille! Quelles sont les personnes qui ont le plus influencé votre regard sur le monde ? Les artisans en général, observer l'habileté des gens au travail, voir et comprendre comment le cerveau et les mains apprennent et créent un objet utile et beau. Je pense souvent à ma tante qui est couturière: j'ai toujours été fasciné par son travail, elle réussit à faire des chefs-d’œuvre dans un matériau qui pour moi est inconsistant et file sous les doigts. Mes parents y sont aussi pour beaucoup: un père cordonnier capable de faire une paire de bottes en cuir sur mesure et une mère championne de la pâte fraîche. Quelles sont pour vous les œuvres majeures ? En architecture, je dirais les temples grecs et égyptiens, la cathédrale gothique, la Villa Savoye de Le Corbusier, la Tour Eiffel. En peinture: la grotte de Lascaux, la jeune fille à la perle de J. Vermeer, la Seine au pont de Chatou de M. Vlaminck et la nuit étoilée de Van Gogh. En sculpture: l'île de Pâques et Michel-Ange. Au cinéma: Métropolis de Fritz Lang, tout Godard et Fellini Roma. En musique: Jean-Sébastien Bach et le Sacre du Printemps de Stravinsky. En théâtre/danse: La commedia dell' Arte, Shakespeare et café Muller de Pina Bauch. Qu’est-ce qui vous semble essentiel de développer à l’école dans le domaine artistique ? A regarder tous les dessins d'enfants, il est clair que nous sommes tous artistes à cet âge. Donc l'école devrait prolonger le plus longtemps possible cet état de création permanente; raconter des histoires de l'Art afin que cela fasse partie tout naturellement de la vie de tous les jours...