36
Le bulletin de la société savante de l’Aéronautique et de l’Espace LETTRE 3AF Association Aéronautique Astronautique de France NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 WWW.3AF.FR COMMISSION TECHNIQUE MATERIAUX COMPTE RENDU DE LA JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LES ALLIAGES D’ALUMINIUM COMMISSION TECHNIQUE STRUCTURES SYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF. « LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES» IPSA : INSTITUT POLYTECHNIQUE DES SCIENCES AVANCÉES - L’ÉCOLE DES INGÉNIEURS DE L’AIR ET DE L’ESPACE ENTRETIEN AVEC BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET, DIRECTEURS ASSOCIÉS INTERVIEW DE PERSONNALITÉ BERNARD CHARLÈS, VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

  • Upload
    dinhdan

  • View
    214

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

Le bulletin de la société savante de l’Aéronautique et de l’Espace

LETTRE 3AFAssociation Aéronautique Astronautique de France

NUMÉRO 23JANVIER - FÉVRIER 2017

WWW.3AF.FR

COMMISSION TECHNIQUE MATERIAUX

COMPTE RENDU DE LA JOURNÉE

THÉMATIQUE SUR LES ALLIAGES

D’ALUMINIUM

COMMISSION TECHNIQUE

STRUCTURES

SYNTHÈSE DE LA JOURNÉE

SCIENTIFIQUE 3AF. « LA RÉDUCTION

DE MODÈLES : PRATIQUES ET

PERSPECTIVES»

IPSA : INSTITUT POLYTECHNIQUE DES

SCIENCES AVANCÉES - L’ÉCOLE DES INGÉNIEURS DE L’AIR ET DE L’ESPACE ENTRETIEN AVEC BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET, DIRECTEURS ASSOCIÉS

INTERVIEW DE PERSONNALITÉ

BERNARD CHARLÈS, VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

Page 2: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

ÉDITEUR

Association Aéronautique

et Astronautique de France

6, rue Galilée, 75116 Paris

Tél. : 01 56 64 12 30

[email protected]

DIRECTEUR DE LA

PUBLICATION

Michel Scheller

CONSEILLER ÉDITORIAL

Jean-Pierre Sanfourche

RÉDACTEUR EN CHEF

Bruno Chanetz

COMITÉ DE RÉDACTION

Bernard Vivier

Pierre-Guy Amand

Pierre Bescond

Elisabeth Dallo

Jean Délery

Pierre Froment

Paul Kuentzmann

Jean Tensi

Jean-Yves Guedou

Anne Venables

CONCEPTION GRAPHIQUE

ICI LA LUNE

www.icilalune.com

Droit de reproduction, textes

et illustrations réservés pour

tous pays.

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

NUMÉRO 23JANVIER - FÉVRIER 2017

TABLE DES MATIÈRES

ÉDITORIAL – MESSAGE DU PRÉSIDENT

INTERVIEW DE PERSONNALITÉP. 4 - INTERVIEW DE BERNARD CHARLÈS, VICE-PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMESPar Jean-Pierre Sanfourche, Chargé de Mission à la 3AF

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESCOMMISSION TECHNIQUE STRUCTURESP. 9 - SYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF « LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES »Bernard Traclet, Airbus Safran Launchers

COMMISSION TECHNIQUE MATÉRIAUXP. 13 - COMPTE RENDU DE LA JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LES ALLIAGES D’ALUMINIUMBruno Chenal, Constellium – Dominique Schuster, Airbus – Jean-Yves Guédou, Safran Aircraft Engines, Président de la Commission Technique Matériaux

VIE DE LA 3AFP. 16 - BILAN DU CONGRÈS MEA 2017Hervé Austruy, Directeur Général Délégué, Airbus Defence and Space, Président du Groupe 3AF « Aquitaine »P. 17 - AERADOUR 2016Bernard Vivier, Président du Groupe 3AF « Pays de l’Adour »P. 18 - LE 13E FORUM EUROPEEN « IES » - ROUEN 5-7 OCTOBRE 2016Marie-Claire Coët, ONERAP. 23 - LA NORMANDIE, UNE RÉGION DE POIDS POUR L’AÉRONAUTIQUE ET LE SPATIALPatrick Girault, Président du Groupe 3AF « Normandie »

FORMATION ET CARRIÈRESP. 33 - IPSA : ENTRETIEN AVEC BERNARD MORETTI ET STÉPHANE ROBERDET, DIRECTEURS ASSOCIÉSPar Jean-Pierre Sanfourche, Chargé de Mission à la 3AF

HISTOIREP. 32 - POUR LE CENTENAIRE DE L’IMFT : UN COLLOQUE DÉDIÉ À UN SIÈCLE DE MÉCANIQUE DES FLUIDESBruno Chanetz, ONERA, Rédacteur-en-Chef de la Lettre 3AF

P. 35 - IN MEMORIAM – CHRISTIAN CORNUAULT, DASSAULT AVIATION

PARMI LES PROCHAINS ÉVÉNEMENTSP. 36 - COLLOQUES 3AF 2017

Page 3: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

L’heure des vœux est passée. Qu’il me soit permis pourtant d’en formuler un pour notre Lettre 3AF. Elle est le reflet fidèle des activités de notre association et nous souhaitons qu’elle soit lue par le plus grand nombre et au-delà de notre cercle d’adhérents, à qui elle est en priorité destinée. Aussi des exemplaires vont être imprimés à l’intention des administra-tions, des sociétés industrielles et des institutions d’enseignement et de recherche de l’aéronautique et de l’espace afin d’entretenir une collaboration de plus en plus régulière et étroite avec les dirigeants de la communauté aérospatiale. De votre côté, faites connaître cette Lettre auprès de ceux qui dans vos familles et parmi vos connaissances sont intéressés, voire passionnés, par l’aéronautique et l’espace. Si c’est un domaine qui fait encore rêver, c’est aussi un secteur économique solide, dont la contribution à l’équilibre de la balance commerciale française est essentielle.

Cette Lettre vise un public de spécialistes et de curieux, qui y trouvent des informations de première main sur ce qui fait l’actualité de la recherche et de la technologie aérospatiale. Elle fournit des informations concrètes, fiables et contrôlées. C’est une revue d’auteurs, qui se refusent à utiliser les mots à la mode tels que paradigme ou ADN, sortis tout droit de la collection automne-hiver du prêt à penser médiatique. Ce bulletin est écrit par des ingénieurs, qui œuvrent pour concevoir, tester, améliorer et construire les aéronefs du futur dans le ciel et dans l’espace.

Grâce au double maillage des Commissions techniques et des Groupements régionaux, remontent des relations d’évènements et des comptes rendus d’activités, qui alimentent cette Lettre. Des interviews de person-nalité, des articles d’opinion et des pages consacrées aux écoles de l’aéronautique et de l’espace, viennent compléter celles consacrées aux techniques pour fournir une information inédite dans notre domaine. Nous remercions Bernard Charlès, Vice-président du conseil d’administration et Président Directeur Général de Dassault Systèmes d’avoir accordé un entretien à Jean-Pierre Sanfourche. Nous remercions également Bernard Moretti et Stéphane Roberdet, Directeurs associés de l’IPSA pour leurs témoignages auprès de Jean-Pierre Sanfourche, qui s‘est fait une spécialité de l’interview des personnalités du monde de l’aéronau-tique et de l’espace.

Si le numéro précédent reflétait la lumière de la Provence, la présente Lettre se colore des reflets de la Normandie. Cette teinte normande presque impres-sionniste se révèle en deux articles  : l’un présente le groupe Normandie de la 3AF et l’autre relate le 13e forum européen «  Intelligence Economique et Stratégique », qui s’est déroulé en octobre 2016 à Rouen.. ■

Bruno ChanetzRédacteur en Chef

ÉDITORIAL

LE MESSAGE DU PRÉSIDENTL’année 2016 a été riche en colloques pour notre association et nous ne relâchons pas la pression en 2017.

Les groupes 3AF Aquitaine et Midi Pyrénées ont organisé le 4ème Congrès International More Electric Aircraft, les 1er et 2 février au Palais des Congrès de Bordeaux-Lac. Nous devons ce succès – 250 partici-pants incluant une participation étrangère importante avec 20 nationalités présentes – grâce au soutien des grandes sociétés, institutions et écoles françaises mais aussi internationales.

Je tiens à remercier tout particulièrement la Région Nouvelle Aquitaine et son Président, Alain Rousset, qui

nous a fait l’honneur d’ouvrir cette session.

La préservation de notre environnement, à laquelle notre communauté de l’aviation attache la plus grande importance, sera toujours d’actualité en 2019. Je vous donne donc rendez-vous à Toulouse pour le 5ème Congrès International.

Plus proche dans le temps, 3AF vous attend à Stockholm du 27 au 29 juin pour son 12ème Colloque international Integrated Air and Missile Defence (IAMD) qui, à la suite du succès des 11 conférences Missile Defence, élargit son périmètre pour mieux prendre en compte l’évolution des menaces aériennes, missiles de croisières, roquettes et missiles balistiques.

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

3

Page 4: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

L’équipe qui préside à son organisation, Yannick Devouassoux (Airbus Safran Launchers), Luc Dini (Thales) et Véronique Cham-Meilhac (MBDA) a toute ma confiance pour faire de cet événement un plein succès.

Enfin je voudrais remercier Bernard Charlès, Vice-président du conseil d’administration et Directeur Général de Dassault Systèmes, qui a bien voulu nous donner un peu de son temps, si compté,  pour accorder une interview à la Lettre 3AF  : du logiciel CATIA de 1981 à la plateforme 3DEXPERIENCE, que de chemin parcouru. ■

Michel SchellerPrésident de la 3AF

Jean-Pierre Sanfourche, Chargé de Mission à l’Asso-ciation Aéronautique et Astronautique de France, a interviewé Bernard Charlès, Vice-Président du Conseil d’Administration et Directeur Général de Dassault Systèmes

J.-P. S. : Votre Société, au cours des trente dernières années, a progressivement transformé l’industrie aéronautique grâce aux outils numériques que vous avez mis à leur disposition, qui permettent de concevoir et développer un avion avant sa réalisation physique. Et depuis le début des années 2010, c’est « l’IMPRESSION 3D » qui est en train de tout changer. Pourriez-vous décrire en quelques mots la philosophie générale de cette évolution ?

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

LE MESSAGE DU PRÉSIDENT

4

INTERVIEW DE PERSONNALITÉ

BERNARD CHARLÈS, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

Page 5: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

B.C. – Les activités de Dassault Systèmes ont pris naissance à la fin des années 1970 avec l’aéronautique et ce n’est pas un hasard, pourquoi ? Lorsqu’on prépare le design et développement d’un nouvel avion, on réalise des maquettes dont mesure ensuite le comportement aérodynamique en soufflerie. Ces maquettes sont des maquettes de simulation. On suivait la démarche suivante : dessin de maquette > réalisation de maquette > essais en soufflerie > analyse des résultats > optimi-sation des formes aérodynamiques > conception détaillée de l’avion. Grâce à l’avènement de l’informa-tique, on a pu progressivement raccourcir tout ce long processus en réalisant la maquette numérique et en faisant de la simulation numérique pour aller de plus en plus loin dans la compréhension des phénomènes aérodynamiques et partant, pour mieux définir le futur appareil. Ainsi a-t-on valorisé la simulation en en faisant in fine un outil de conception détaillée. Contrai-rement à un objet « sol », le véhicule aérien (ou spatial) ne peut pas être appréhendé directement, il faut donc des «  simulations  » pour prévoir son comportement dans l’air (ou dans l’espace).

La simulation permet la représentation de l’avion (la totalité de l’avion représentée en numérique), puis des différents calculs et simulations, on aboutit au design détaillé.La simulation d’un avion, c’est en fait sa définition.Mais la simulation, cela demande des modèles scien-tifiques et c’est bien pourquoi nos investissons dans la science. Les logiciels contiennent de la science, la science est donc au cœur de Dassault Systèmes. Simulation et Science font fortement connectées. Nous investissons dans la science des matières premières, et également dans les sciences de la vie (nous avons mis au point par exemple des réalités virtuelles pour l’étude de la propagation du cholestérol dans les artères, l’observation des valves cardiaques du cœur, etc.). Je souhaite insister ici sur le fait que Dassault Systèmes n’est pas une société de ventes de logiciels, mais bien une Société de Sciences.

Alors vous évoquez l’Impression 3D, effectivement c’est elle qui est à l’origine de la révolution numérique. Le dessin donne une représentation ambiguë d’un objet. La représentation des formes est particuliè-rement difficile lorsqu’il s’agit de surfaces gauchies par exemple. Par contre l’objet est rendu percevable par l’être humain dès lors qu’il est représenté en 3 dimensions. Grâce à la 3D on peut accéder à des modèles mathématiques très sophistiqués (3 axes, 5 axes) qui rendent possibles des représentations de formes très complexes. Bref, la représentation 3D donne la référence dimensionnelle de l’objet que l’on veut fabriquer.

Un dessin en 2D + un dessin en 2D, cela ne donne aucune valeur ajoutée, par contre une représentation 3D + une représentation 3D, cela donne naissance à quelque chose de nouveau. • De 1980 à 1990, nous sommes passés de la représen-tation plane 2D à la représentation spatiale 3D.• Entre 1990 et 2000, la maquette physique a été progressivement supprimée puis remplacée par la maquette virtuelle, la représentation 3D étant utilisée non seulement pour la structure mais aussi pour les câblages électriques, les circuits hydrauliques, etc. Les machines à commande numériques étant associées au simulateur, on arrive à la possibilité de construire la maquette.

Notre première expérience réussie est celle du Boeing 777 en 1994, notre premier avion numérique, qui connut par ailleurs la plus belle réussite commerciale. Deux chiffres à retenir : 3 millions de pièces à assembler - $12 million d’investissements. Une belle réussite due aussi à notre parfaite entente avec Alan Mullaly.

Un point important à souligner est l’impérative nécessité de la cohérence d’ensemble, dès le début du processus. Un exemple : la maquette numérique mise en œuvre lors de l’allongement du Boeing 747 au stade du B747 – 400 avait été un échec parce que certaines des nouvelles pièces définies par la maquette n’étaient pas compatibles avec l’existant. Je reviens au B777 : c’est au moment de cette réussite en 1994 que Dassault Systèmes est devenu un partenaire incontournable à 100% de l’industrie aéronautique. J.-P. S.  : Le concept de plateforme collaborative virtuelle oblige à reconsidérer de fond en comble l’organisation des entreprises industrielles  : la remise en cause des structures traditionnelles n’est-elle pas parfois un frein à l’intégration de l’outil numérique ?

B.C. – Oui, ce concept oblige les sociétés industrielles à repenser complètement leur philosophie d’organisa-tion et de prise de décisions : il est bien vrai que cela très souvent ne va pas sans mal…

J.-P. S.  : Les problèmes rencontrés au cours de la conception de l’A380 auraient-ils été bien moindres si l’intégration numérique avait été mise en place en temps opportun ?

B.C. – Oui, à l’évidence. Airbus avait utilisé deux systèmes numériques différents, ce qui eut pour résultat au moment de l’assemblage final, de constater que les câbles n’arrivaient pas en face des trous. Cela engendra naturellement des coûts supplémentaires mais aussi

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

5

INTERVIEWBERNARD CHARLÈS, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

Page 6: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

6

INTERVIEWBERNARD CHARLÈS, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

un glissement de planning qui intervint précisément au moment où dans l’aviation commerciale on passait de la philosophie Hub-to-Hub des transporteurs à grande capacité à la philosophie Point-to-Point des transpor-teurs de moyenne capacité, d’où des pertes de ventes. Avec la maquette numérique 100% dès le début du programme, cet échec n’aurait pas eu lieu.

J.-P. S. : Airbus a mis en place une maquette digitale pour la conception, de l’A350XWB, Boeing a fait de même pour le B787. Où en est la mise en place dans l’industrie aéronautique de votre nouvelle offre Product Lifecycle Management (PLM) qui adresse non seulement toutes les phases du cycle de vie d’un appareil mais aussi la gestion de l’enchaîne-ment de ces phases ? B.C. – Pour l’Airbus A350XWB, l’erreur du A380 n’a pas été répétée et c’est grâce à la clairvoyance et à l’autorité de Fabrice Brégier, PDG d’Airbus, et de Didier Evrard, Responsable du Programme, qui ont su imposer dès le début – après un travail de conviction au sein de l’entre-prise , la décision d’utiliser un seul outil commun, une maquette numérique complète, la plateforme virtuelle réalisée avec les outils de Dassault Systèmes. Cette maquette digitale a donné lieu à un travail collaboratif intégré particulièrement réussi – en vidéo – permettant à toutes les parties de se rencontrer, d’échanger des informations et de travailler ensemble. L’Airbus A350 est le premier avion intégré numériquement réalisé par Airbus. Nous sommes entrés dans une ère de travail collaboratif concentré entre Airbus et Dassault systèmes.

C’est une démarche analogue qui a été suivie par Boeing pour son 787.Ces deux appareils ont leur fuselage massivement composé de matériaux composites (>50% Carbone). De nouvelles méthodes d’assemblage ont permis de les assembler un peu comme dans un jeu de lego.Grâce à la plateforme virtuelle : développement court + fabrication rapide. Depuis le début des années 2000, nous sommes entrés dans l’ère du modèle numérique de manufactu-ring, après l’ère du modèle numérique de simulation. C’est l’ère du digital mock-up du PLM : Product Lifecycle Management. Là, Dassault Systèmes élargit son offre pour la fabrication d’un appareil, un outil capable de gérer non seulement toutes les phases du cycle de vie, mais aussi l’enchaînement de ces différentes phases. Le modèle numérique ici va jusqu’à l’outillage, la simulation de la production et la production.Le système de production du Boeing 777 est piloté par Dassault Systèmes.

J.-P. S. : Où en est Dassault Aviation en ce domaine dans les derniers programmes Falcon et le programme militaire « nEURon » ?

B.C. – Pour les derniers Falcon, nous somme allés jusqu’à simuler l’aménagement intérieur par des repré-sentations visualisées.Dans le cas de l’UCAV «  nEUROn  », c’est l’intégration électrique et la gestion électronique sol-bord, qui a fait l’objet de la maquette 3D intégrée.

J.-P. S.  : Comment voyez-vous les futures usines numériques et le déroulement des opérations d’assemblage en leur sein ? Quel y sera le rôle des opérateurs automatisés ? Quelle sera alors la place de l’homme ? B.C. – L a future usine numérique, c’est avec Toyota que nous avançons beaucoup en ce moment. La grande question, c’est de la physiologie de l’opérateur humain dans le système global «  usine  », c’est-à-dire la prise en compte des aspects ergonomiques du point de vue des positions de travail, de la fatigue, etc. Usine numérique + Product Lifecycle Management (PLM) : voilà le cœur de Dassault Systèmes. Nous sommes dans un secteur qui évolue à grande vitesse, avec les machines à commande numérique 3 axes/5 axes, le développe-ment des automates, de ces opérateurs automatisés que l’on appelle « cobots » (robots collaboratifs) et qui sont déjà à l’œuvre sur la ligne d’assemblage de l’Airbus A 350 XWB.

Et puis l’Impression 3D révolutionne la production. En effet, l’Impression 3D permet la fabrication additive – Additive Layer Management (ALM) - où là, le processus de fabrication consiste à déposer des couches de matière au lieu de la méthode consistant à fabriquer des pièces en partant d’un bloc auquel on enlève de la matière. Il ya renversement de la logique puisque c’est dès lors l’outil industriel qui définit le produit et non l’inverse. On peut concevoir des architectures impossibles auparavant. Par exemple des outils permettent de d’optimiser le placement de matière dans une pièce pour laquelle les seuls éléments d’entrée sont les contraintes aux interfaces avec les autres pièces du système. L’ALM permet également de choisir le matériau pour tirer le meilleur parti de ses qualités intrinsèques. Le choix de la matière doit être optimisé et pré-validé très en amont. D’où l’importance de la science des matériaux dans laquelle nous avons investi 1 milliard d’Euros en trois ans. L’Impression 3D va jouer un rôle clé dans la conception de l’Airbus A 350 – 1000. Puis ensuite dans celle des successeurs des A 320 et 737 à l’horizon 2020-2025, qui seront assemblés dans des usines numériques.

Page 7: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

7

INTERVIEWBERNARD CHARLÈS, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

J.-P. S.  : Investissez-vous suffisamment dans la préparation de la révolution des automates, précisément ? B.C. – Nous investissons dans la robotisation, ayant compris que l’avenir de la production industrielle se joue là. Conçus pour travailler avec l’homme, les robots vont informer, accompagner et aider l’opérateur humain afin qu’il gagne en précision, en efficacité et en performance, en un mot en efficience. Et il est bien évident que les robots ne vont pas détruire de l’emploi, c’est le contraire. Les tâches les plus fastidieuses vont être effectuées par des robots, mais les besoins de formation, de programmation, de maintenance, …, vont quant à eux augmenter de façon considérable.

J.-P. S.  : Le dernier produit que vous proposez est « 3DEXPERIENCE », de quoi s’agi-il ?

B.C. – Il s’agit de proposer aux clients et utilisateurs potentiels des expériences réalistes d’utilisation de ces produits. Un exemple réussi est celui de la plateforme «  3DEXPERIENCE passagers  »  , nouvelle plateforme 3D dédiée à l’expérience pasagers que nous avons présentée au Salon du Bourget 2015. Elle donne l’impression de voyager à bord d’un avion qui n’existe pas. Elle illustre cette nouvelle logique suivant laquelle on va du besoin client – le confort du passager – à la définition des spécifications de l’avion dont a besoin. Tout part de l’expérience du passager, de ce qu’il veut, étant entendu que ses demandes auront un impact sur toute la chaîne de valeur, depuis la compagnie aérienne au constructeur en passant par l’aéroport. Un autre exemple  : Airbus Helicopters à Marignane étudie en ce moment d’un petit avion VTOL de rayon d’action 100 km.

On part également de l’usage pour concevoir les voitures électriques autonomes Tesla : 4 places, moteur électrique, pas de pilote, rayon d’action 100 km.Nous travaillons avec JobyAviation et son CEO et Fondateur Joben Bevirt, dans la Silicon Valley, pour développer à l’aide notre plateforme 3DEXPERIENCE

sur le Cloud, un avion électrique de nouvelle génération – VTOL, 200 km de rayon d’action – fait essentiellement matériaux composites.

Les drones avec leur pilotage automatique, une intégration complexe de l’électronique, de l’informa-tique et de la mécanique sont des produits nécessitent au plus haut point tous les concepts que nous venons de passer en revue. Tout ceci va exactement à l’inverse du processus actuel qui va du produit au client  : au client de s’adapter au produit imposé. C’est un renversement de perspective parce qu’on bascule d’une économie de produit à une économie d’usage. Nous entrons dans l’ « Economie de l’Expérience ».

J.-P. S.  : Comment voyez-vous ans le temps se dérouler le passage de l’ « l’économie de produit » à l’ « économie d’usage » ? B.C. – Avec tout ce que nous venons de passer en en revue, nous allons vers une transformation en profondeur de la société. Grâce aux outils de calcul et de management nés de la révolution numérique, les métiers de l’industrie vont s’élever d’un cran car ils iront vers des tâches de plus en plus sophistiquées  : le compagnon (je préfère ce terme à celui d’ouvrier) va devoir accomplir un travail d’ingénieur tandis que l’ingénieur se verra confier la mission de penser, d’imaginer, de créer de l’innovation. Les inventeurs d’ « usages », ce seront précisément les ingénieurs.La révolution numérique améliore l’apprentissage : le compagnon apprend en temps réel grâce aux outils 3D, il élève ses capacités, améliorant ainsi ses perfor-mances dans un environnement qu’il comprend et qu’il peut partager.

L’évolution vers l’économie d’usage se place dans ce mouvement que Michel Serres appelle le « Monde des trois sphères  »  : le monde «  Homme  » l’homme crée la chose physique – le monde « Produits » - le monde «Planète ». ■

Page 8: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

8

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

INTERVIEWBERNARD CHARLÈS, VICE-PRESIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION ET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE DASSAULT SYSTÈMES

Page 9: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Dans un monde où les modèles physiques sont de plus en plus complexes, et, ont donc un nombre de degrés de liberté important, les techniques de réduction de modèles ont un intérêt grandissant. La réduction de modèles ROM (Réduction  de modèles et Optimisa-tion Multi-physiques) repose sur l’élaboration d’un espace de dimension réduit sur lequel sont projetées les équations physiques du problème d’intérêt. Aussi l’Analyse Modale Classique en dynamique des structures ou les techniques classiques de CMS (Component Mode Synthesis) de type Craig-Bampton, connues depuis plusieurs décennies, relèvent de la réduction de modèles. Cependant, il se développe aujourd’hui une nouvelle génération de méthodes, dont la Proper Orthogonal Decomposition (POD), utilisée notamment en mécanique des fluides, la Proper Generalized Decomposition (PGD),  etc., qui offrent un énorme potentiel pour la résolution de problèmes hors de portée des codes industriels. Des métamodèles, fondés sur des approches statistiques/probabilistes pour l’analyse de données, peuvent être élaborés à partir de données d’essais et de calculs et, une fois constitués, conduire à des réductions de coûts importantes.

Cette journée scientifique, organisée par la Commission technique Structures de la 3AF, a pour objectif de présenter l’état de l’art sur les techniques de réduction de modèles et de faire un état des lieux des pratiques industrielles. Elle se compose de 10 présentations et d’une table ronde, où le monde académique et les laboratoires (Ecole Normale Supérieure Paris-Saclay, Mines ParisTech, Ecole Centrale de Lyon, Cenaero, ONERA) et industriels (ANSYS, Airbus Defence & Space, Turbomeca, Safran Aircraft Engines, Safran, ESI Group) sont représentés. Cette journée a réuni 100 personnes environ.

Le premier exposé (Prof. P. Ladevèze de l’ENS Paris-Saclay) porte sur la nouvelle génération de modèles réduits, discute de leur maturité et présente les perspectives. Les défis industriels actuels sont de réduire les essais structuraux et de les remplacer par des démarches virtuelles au niveau de la conception, du dimensionnement et de la qualification des structures,

ce qui permet de réduire les coûts et les durées de développement. On distingue différentes approches de réduction de modèles  : Reduced Basis (RB), Proper Orthogonal Decomposition (POD), Proper Generalized Decomposition (PGD). La motivation principale est d’établir des abaques virtuels ‘offline’ utilisés ensuite pour la conception et l’optimisation.

Figure 1 : Abaques virtuels

Les principes de ces approches sont ensuite présentés. Dans les approches dont il est question lors de cette journée, on cherche à séparer les variables (temps/espace par exemple), à développer des techniques spécifiques de résolution des équations et à se donner la possibilité d’introduire des paramètres (géométrie, matériau, etc.). L’idée sous-jacente est de décomposer les variables et d’exprimer la solution via des fonctions de forme ou ‘modes’ en nombre réduit avec une erreur raisonnable, ce qui réduira les coûts de calcul. Ainsi, P. Ladevèze présente la PGD, développée par l’ENS Paris-Saclay, qui travaille dans le cadre d’une approximation espace/temps sur l’équation différentielle du phénomène physique étudié. Des travaux sont également effectués à l’Ecole Centrale de Nantes sur cette approche PGD (Prof. F. Chinesta). D’autres approches, comme la RB et la POD (employée notamment en dynamique des fluides) ont été développées. Enfin des exemples d’applications académiques et industriels sont présentés.

En conclusion concernant la construction offline de modèles réduits pour les problèmes linéaires, ce qui est mature :• les problèmes linéaires elliptiques et paraboliques avec paramètres;• les problèmes dynamiques linéaires ‘lents’ avec paramètres.

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALES

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

9

COMMISSION TECHNIQUE STRUCTURESSYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF «LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES»

ONERA, CHÂTILLON, 31 MAI 2016Bernard Troclet, Airbus Safran Launchers

Page 10: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Les problèmes dynamiques transitoires restent une question ouverte (problème espace/temps).

Dans le cas des problèmes non linéaires, ce qui est mature (offline) :• les problèmes viscoélastiques avec endommagement modéré et moins de 6 paramètres;• les problèmes dynamiques ‘lents’ avec paramètres.

Par contre, les problèmes avec grands déplacements et instabilités ne sont pas matures. En conception et optimisation, les problèmes difficiles inhérents aux techniques de réduction de modèles restent le traitement de l’endommagement et des fissures et la prise en compte de nombreux paramètres.

La présentation suivante intitulée ‘Panorama des applications des métamodèles et modèles réduits en aéroélasticité et optimisation’ de A. Placzek et D. Bettebghor (ONERA) s’attache à présenter l’application de modèles réduits et de métamodèles à la conception multidisciplinaire et à l’aéroélasticité. En effet, les modèles réduits, type POD et les métamodèles (réseau de neurones, krigeage, etc.), utilisés depuis de nombreuses années à l’ONERA, sont particulièrement adaptés à la conception multidisciplinaire et à l’optimi-sation des structures.

L’analyse de la stabilité aéroélastique et l’optimisation structurale, s’appuyant sur les codes CFD, nécessitent de nombreuses boucles de calcul particulièrement onéreuses. Des approches en modèles réduits sont développées pour décrire le couplage aéroélastique. Par exemple, la POD est employée pour décrire le champ aérodynamique à partir d’un ensemble de ‘snapshots’ précalculés, les modèles réduits POD-Galer-kin pour résoudre les équations Euler/RANS linéarisées (détection du flutter) et pour résoudre les équations Navier Stokes non linéarisées (vortex shedding).

Les métamodèles, fondés sur des approches statis-tiques et probabilistes, remplacent une simulation numérique CFD de l’interaction fluide/structure onéreuse par l’utilisation d’une équation non physique. La construction de cette équation (métamodèle) est faite au préalable à partir de données d’essais et/ou de calculs CFD/structure. Les approches pour construire des métamodèles sont les réseaux de neurones, le krigeage, les moindre carrés, l’apprentissage statistique, etc. Un exemple d’application à une nacelle de moteur est présenté en conception et optimisation (réduction de la consommation). Ces approches sont aussi utilisées en optimisation structurale (positionnement des fréquences pour la conception de pales, flambage), en

dynamique des rotors ou en aéroélasticité instation-naire.

En termes de perspectives, la robustesse des modèles réduits en non linéaire pour les grands nombres de Reynolds doit être améliorée. Quant aux métamodèles, ils restent limités en nombre de paramètres d’entrée.

Figure 2 : Réduction de modèle dans un processus d’opti-misation

Vient ensuite un exposé industriel fait par J. Duysens et M. Rochette de la société ANSYS présentant l’appli-cation de la réduction de modèles à l’analyse fluide-structure stationnaire et transitoire. L’accent est mis sur la possibilité de passer de la simulation 3D et 4D au calcul temps réel grâce à la réduction de modèle. L’approche d’ANSYS comprend deux étapes : approche offline consistant à élaborer un plan d’expérience de simulations 3D/4D en faisant varier les paramètres d’entrée (excitations dépendant du temps et des paramètres scalaires) et online conduisant à réaliser un modèle réduit dans une application verticale opérée en quasi temps-réel. Des exemples sont présentés  : entrée d’air/échappement générique 3D dans un écoulement thermo-aérodynamique, barre chauffée. L’application des techniques de réduction de modèles permet la résolution du problème (calcul des pressions statiques) dans le premier cas en 3 secondes sur un PC au lieu de 2 heures sur un cluster à 16 cœurs. Les techniques de réduction de modèles sont utilisées au niveau système pour des problèmes multi-physiques et multi-domaines.

Figure 3 : Vision ANSYS avec DYNAROM

10

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESSYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF«LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES»

Page 11: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

11

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESSYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF

«LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES»

CENAERO (présentation de V. Baudoui) s’intéresse à la réduction de dimension pour l’optimisation de la conception basée sur des simulations numériques coûteuses. L’idée est d’utiliser des modèles de substi-tution avec enrichissement adaptatif du plan d’expé-rience en conservant tous les paramètres et en définissant un sous-espace sur lequel réaliser l’opti-misation. La réduction de dimension est une interface dans une boucle d’optimisation adaptative. L’approche utilisée est alors l’analyse en composantes principales supervisées SPCA (Supervised Principal Component Analysis), l’erreur étant calculée par ‘Leave-one-out’. Les avantages de la démarche sont sa rapidité et son caractère multi-objectifs.

Figure 4 : Réduction de modèle dans une boucle d’optimi-sation adaptative

L’exposé d’Airbus Defence & Space (L. Ballère) porte sur le pré-dimensionnement en statique de structures à géométrie complexe, avec en toile de fond l’optimi-sation en termes de masse. La procédure habituelle demande la construction de modèles éléments finis pour chaque configuration et la réalisation d’un grand nombre de calculs. Elle demande beaucoup de temps et est onéreuse. Aussi, Airbus Defence & Space s’intéresse à l’utilisation d’abaques virtuels dans la logique de justification (construction offline d’abaques), en s’appuyant sur la PGD (en collabo-ration avec l’ENS Paris-Saclay). La formulation PGD en variables séparées (temps, espace) avec prise en compte de paramètres (Module d’Young, variations géométriques) permet un gain de coût important. Ces abaques sont construits ‘offline’ avec utilisation en temps réel. Cette approche, interfacée avec le logiciel SAMCEF, a été validée sur un démonstrateur industriel constitué d’une pièce métallique d’une structure de lanceur.

Figure 5 : Abaque virtuel pour une quantité d’intérêt

Figure 6 : Exploration d’un abaque virtuel en temps réel

Les turbomoteurs d’hélicoptères sont des assemblages complexes de différents organes comportant des roues aubagées. La conception de ces roues nécessite des modèles éléments finis pouvant comporter des centaines de milliers de degrés de liberté (DDL), faisant de la réduction de modèle, pour Safran Turboméca (présentation de C. Joannin de Safran Turboméca / Ecole Centrale de Lyon), une démarche indispen-sable pour le dimensionnement de ces composants. Une difficulté supplémentaire est la présence d’hété-rogénéités et d’usure du matériel qui empêchent toute prise en compte de symétrie. Les techniques classiques de CMS (Component Mode Synthesis) de type Craig-Bampton peuvent être utilisées, afin de réduire le nombre de degrés de liberté, tout en autorisant une perte en prenant en compte la symétrie. Cependant, les phénomènes non-linéaires complexes, comme la friction en pied d’aube ou en tête de pale conduisent Safran Turboméca à employer des approches fréquen-tielles, comme l’approche HBM (Harmonic Balance Method), couplées à des techniques de condensation. Mais la prise en compte du désaccordage (prise en compte des dispersions entre secteurs) en présence de non-linéarités demande à Safran Turboméca le développement d’approche CNCMS par modes non-linéaire, couplée à des techniques de sous-struc-turation CMS. Ce développement est au cœur des recherches actuelles de Safran Turbomeca.

La présentation d’A. Millecamps (Safran Aircraft Engines) revient sur les aubages sur trois thématiques : la durée de vie, la dynamique vibratoire et la dynamique rapide. Les modélisations en durée de vie dans le domaine de la thermomécanique demandent une modélisation fine de la géométrie (localisation de zones critiques, calcul des endommagements, calcul de propagation de fissures), ce qui conduit à un nombre de degrés de liberté important et rend nécessaire la diminution des temps de calculs thermomécaniques. Une approche globale/locale est utilisée, avec un dialogue entre le modèle global et le modèle locale.

Page 12: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Figure 7 : Approche globale/locale

Concernant la dynamique vibratoire des aubages, la problématique de Safran Aircraft Engines porte sur le contact rotor/stator. Les modélisations par éléments finis requises par solveurs explicites conduisent à des temps de calcul significatifs, sachant que les solveurs implicites sont rédhibitoires en environne-ment industriel. Une approche semi-analytique avec réduction de modèle est employée par Safran Aircraft Engines. La prévision du comportement vibratoire des redresseurs sectorisés s’appuie sur la méthode de Karhunen-Loeve (réduction du champ stochastique) et sur Craig-Bampton (réduction du modèle éléments finis).

Dans le cadre du processus de conception en dynamique rapide, la certification porte sur la tenue des aubes fan à l’impact des oiseaux et sur la tenue du carter fan face à la perte d’une aube. Les phénomènes à modéliser sont complexes et fortement non-linéaires. Safran Aircraft Engines s’oriente sur l’introduction de super-éléments sur le carter fan tout en se posant la question de leur légitimité en dynamique rapide (propagation d’ondes). Les perspectives concernent les méthodes de résolution multi-échelle en espace et en temps.

ESI Group (F. Daim) souligne l’importance de la simulation numérique dans l’industrie automobile dans les études d’influence des paramètres de conception (masse, consommation, sécurité, coûts, etc.). La simulation numérique requiert une importance particulière dans le cas de la simulation du crash, simulation fondée sur la méthode des éléments finis et le schéma explicite en temps, qui est chronophage en raison de pas de temps de calcul petits (stabilité). En conséquence, les études paramétriques et d’optimi-sation nécessitent l’utilisation de modèles réduits. Le modèle réduit développé dans VPS (Virtual Performance Solution) et PAMCRASH est fondé sur un calcul hyper-réduit (paramètres physiques déterminés sur un sous-domaine d’intérêt). Par ailleurs, ESI Group souligne que l’une des difficultés liées aux modèles réduits est leur caractère intrusif dans les logiciels.

La présentation de l’IRT SystemX (Y. Le Guennec) revient sur la thématique du crash. Les industriels tels que Renault doivent trouver des solutions pour réduire les temps de développement. La démarche présentée s’appuie ici sur la plateforme ALTERNOVA, plateforme logicielle d’optimisation multidisciplinaire pour la conception et le dimensionnement de systèmes complexes. Elle permet la prise en compte d’un nombre de paramètres supérieur à 100. La réduction de modèles porte sur les simulations de crash. L’approche s’appuie sur une décomposition CUR de la matrice des simulations (décomposition en un nombre réduit de colonnes et de lignes) et des techniques de régression.

La dernière présentation de la journée (D. Ryckelynck, Mines ParisTech) est consacrée à l’hyper-réduction en mécanique non linéaire des matériaux. Elle souligne la complexité croissante des modèles en mécanique des matériaux (finesse des modèles, augmentation du nombre d’essais, utilisation de la tomographie, traitement d’images, etc.) qui conduisent à une explosion des données. Confrontées à cette difficulté, les simulations numériques s’appuient sur l’hyper-réduction qui permet de simplifier la représenta-tion de l’état d’un système thermodynamique en exploitant une représentation tronquée et simplifiée des variables internes de la structure. Des applica-tions sont présentées : reconstruction d’un champ de température sur une aube, simulation élastoplastique, simulation du soudage, de pièces moulées et d’un système anti-vibration. Elle souligne également l’intru-sivité des approches d’hyper-réduction et d’hyper-réduction multidimensionnelle.

Le champ d’application des modèles réduits en mécanique est rappelé :• thermique transitoire et stationnair;• statique non linéaire des solides;• couplages thermo-métallurgico-mécaniques;• dynamiques lente des structures;• dynamique explicite (mise en forme, crash);• soudage. Les limitations concernent les problèmes de propagation d’onde et la fissuration.

Cette journée, particulièrement riche par les exposés et les discussions, s’est terminée par une table ronde animée par B. Mahieux (Safran). Même si l’utilisation des approches en réduction de modèles reste timide dans les bureaux d’études, nous notons les démarches en métamodèles (ONERA, ANSYS), les premiers outils métiers en dimensionnement statique (Airbus), les calculs hyper-réduits sur sous-domaines (ESI Group). Il ressort cependant que les méthodes employées

12

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESSYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF«LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES»

Page 13: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

Comme tous les deux ans depuis quelques années, la commission matériaux de la 3AF a organisé le 24 novembre dernier sa journée thématique aluminium. Les alliages d’aluminium sont les matériaux traditionnellement utilisés dans la fabrication des aérostructures. Leur performance (alliages 2024, 7075, 7150, 7449) a progressé de manière incrémentale au siècle dernier. En réponse aux développements des matériaux composites, les solutions Al-Cu-Li, notamment AIRWARE® développées par Constellium, marquent une rupture. Outre l’amélioration de leurs performances, les technologies de fabrication, mise en forme et d’assemblage, constituent un axe de travail essentiel afin de réduire les coûts, d’accéder à de nouveaux designs ou d’alléger les aérostructures en optimisant conjointement la technologie et l’uti-lisation du matériau. Cette journée, qui a rassemblé une cinquantaine de participants industriels et académiques, a permis d’échanger sur les expériences et sur les derniers développements de ces procédés d’assemblage et de mise en forme.

Organisée par Constellium avec le support d’Airbus, elle a eu lieu à Toulouse sur le site Airbus Jean-Luc Lagardère, où nous avons été accueillis par Eric Grosjean, Airbus. Le site est entièrement dédié à l’assemblage final et à la mise en vol de l’A380. Nous avons visité en début d’après-midi le hall d’assem-blage d’une surface de 10 hectares et ses différentes stations  : réception des sous-ensembles produits en Allemagne, Grande-Bretagne, Espagne et France puis assemblage, montage des moteurs et équipement de la cabine avant les postes de mise en peinture et d’essais.

Nous avons interrompu les présentations pour pouvoir assister en direct au décollage de l’Airbus A350/1000 pour son premier essai en vol. Cette coïncidence de calendrier était parfaite puisqu’il faut noter, qu’outre l’utilisation de matériaux composites sur cet avion, l’aluminium est majoritairement constitué d’alliages AIRWARE® (voir ci-après).

Eric Grosjean, Airbus

• Alliages d’aluminium : Nouveaux développements Constellium, Sylvain Henry, Bruno Chenal

Constellium a présenté les nouveaux développements des alliages de la famille AIRWARE®. C’est une famille de solutions qui correspondent à un juste équilibre métallurgique dans le domaine des alliages Al-Cu-Li. Les performances de ces alliages sont obtenues grâce à la maîtrise de la précipitation cohérente de la phase T1 (Al2CuLi) sur les plans {111}Al sous forme

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

13

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESSYNTHÈSE DE LA JOURNÉE SCIENTIFIQUE 3AF

«LA RÉDUCTION DE MODÈLES : PRATIQUES ET PERSPECTIVES»

dans les bureaux d’études restent classiques. Le frein au développement des approches en réduction de modèles est leur côté intrusif. Les approches locales/globales permettent cependant de s’affranchir de cet aspect intrusif en greffant le logiciel approprié sur les codes commerciaux.

Toutes ces démarches en réduction de modèles sont promises à un grand avenir, sous réserve d’une implication accrue des développeurs de logiciels, même si nous observons déjà une implication active d’ANSYS, ESI et SAMTECH. Soulignons enfin que la France est en pointe sur la réduction de modèles. ■

COMMISSION TECHNIQUE MATÉRIAUXCOMPTE RENDU DE LA JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LES ALLIAGES D’ALUMINIUM ORGANISÉE PAR LA COMMISSION TECHNIQUE MATÉRIAUX 3AFBruno Chenal, Constellium • Dominique Schuster, Airbus • Jean-Yves Guédou , Safran Aircraft Engines , président de la Commission technique Matériaux

Page 14: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

de plaquette hexagonale nanométrique. C’est cette structure à l’échelle nanométrique qui confère à AIRWARE® des propriétés uniques et des compromis de propriétés inégalés entre : basse densité, résistance mécanique, ténacité, rigidité, stabilité thermique et tenue à la corrosion. En comparaison avec les solutions aluminium existantes, il est ainsi possible d’atteindre jusqu’à 25% d’allégements en combinant les gains de densité (5-7%) et ceux liés aux caractéristiques mécaniques (+5 à 30% en moins de matière nécessaire pour une même performance). La tenue en fatigue et la résistance à la corrosion sont plus que doublées. Les intervalles d’inspection ou de maintenance peuvent ainsi être augmentés. Ces allégements et gains rendent ces solutions compétitives par rapport aux matériaux composites.

• HPP technologies – Applications for Helicopters parts, Mohamad El-Arab, Airbus Helicopters

Dans cet exposé, Airbus Helicopters a montré l’intérêt industriel des techniques de Hautes Puissances Pulsées que sont l’électro-hydroformage de cuves et de moules et le magnéto-soudage/ magnéto-sertissage.

Le magnéto-sertissage permet de réaliser des soudures à froid dans des jonctions de matériaux dissimilaires (alliages d’aluminium, aciers inox et spéciaux, etc.). Ont également été réalisés des soudages à plat de 6061 et des sertissages de câbles de puissance (application à des barres de suspensions et à des arbres de trans-mission). Le magnétoformage peut remplacer l’étirage longitudinal pour la réalisation de bords d’attaque. L’électro hydroformage permet lui de réaliser des déflecteurs d’huile en une seule opération remplaçant un formage à la presse suivi de divers traitements thermiques, sans reprise et avec un meilleur état de surface. Airbus Helicopters a lancé la construction d’une cuve de 3 m de diamètre avec un générateur B-Max, la plus grande installation jamais construite. L’objectif est de réduire les coûts de production de 30%.

• High Energy Hydroforming, Damien Guilloteau, Airbus

L’hydroformage à haute énergie se pratique dans une cuve au fond de laquelle repose le moule de la pièce, l’explosion se produisant à partir d’un explosif tenu par un système de cordes placé au–dessus de la plaque de métal à déformer.

La principale application étudiée est le nez de fuselage. L’hydroformage s’intègre dans une gamme comportant un roulage, des traitements thermiques ou/et de

détensionnement, un usinage. Des prototypes ont été réalisés sur des types A320 et A350. Airbus vise la fabrication d’un démonstrateur échelle 1 pour 2017.

Damien Guilloteau, Airbus

Cette méthode a permis de réduire les coûts de fabrication, notamment au travers du buy-to-fly et des coûts d’assemblage. En outre, le choix de l’alliage 2139, particulièrement adapté à ce type de déformation, permet de supprimer des traitements thermiques.

• Modeling and optimization of stretching for double curvature fuselage panel, AIRWARE 2198, Damien Sireude, Stelia Aerospace

L’ensemble des travaux a été réalisé dans le cadre du projet collaboratif METAFOR à l’IRT Jules Verne avec de nombreux partenaires (Airbus, Constellium, ACB, ENSAM Angers). On présente ici les résultats obtenus en étirage d’un panneau de fuselage double-courbure en alliage d’aluminium Airware®2198 de grande dimension.

Damien Sireude, Stelia Aerospace

14

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESCOMPTE RENDU DE LA JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LES ALLIAGES D’ALUMINIUM ORGANISÉE PAR LA COMMISSION TECHNIQUE MATÉRIAUX 3AF

Page 15: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

15

SCIENCES ET TECHNIQUES AÉROSPATIALESCOMPTE RENDU DE LA JOURNÉE THÉMATIQUE SUR LES ALLIAGES D’ALUMINIUM

ORGANISÉE PAR LA COMMISSION TECHNIQUE MATÉRIAUX 3AF

Le procédé d’étirage a été modélisé dans une chaîne numérique complète, de la détermination des lois de comportement du matériau, à l’opération d’étirage en passant par la modélisation complète de la cinétique de la machine d’étirage. Des essais grandeur nature instrumentés ont fourni des relevés expérimentaux permettant de valider les résultats numériques.

Stelia a montré que l’alliage Airware® 2198, grâce à un formage en une seule passe et un revenu, offre une réduction de temps de cycle de 30% par rapport à la solution actuelle en 2024 comportant deux passes avec trempe intermédiaire. La pièce obtenue a été usinée et est avionable.

• Simulation numérique du formage au revenu, Gilles Surdon, Dassault Aviation

Dassault Aviation vise à disposer d’un outil de simulation numérique d’aide à la mise au point des procédés de transformation de matière et au choix des paramètres procédés, l’objectif étant de réduire les gains de cycle sur les évolutions et de réduire les essais expérimentaux par des essais numériques.

Gilles Surdon, Dassault Aviation

L’application présentée ici se base sur l’opération de formage au revenu de l’alliage d’aluminium 7050 pour des panneaux d’extrados arrière, au cours de laquelle le panneau usiné dans une tôle brute de trempe est mis en forme dans une matrice portée à la température de revenu. La matrice est conçue de telle sorte qu’après retour élastique la géométrie est conforme à la forme avion.

Le modèle numérique développé comprend une loi de comportement visco-élasto-plastique intégrant les phénomènes de fluage et de plasticité à chaud. La cartographie des déformations finales a montré une bonne adéquation entre les résultats de calcul et les relevés expérimentaux.

• Assemblage d’alliages à hautes performance par procédés de soudage par friction FSW/LFW, Julien Laye, Constellium

Les techniques de FSW (Friction Stir Welding) et de LFW (Linear Friction Welding) offrent la possibilité d’assembler des alliages d’aluminium hautes perfor-mances dont certains sont réputés non soudables. Elles permettent de s’affranchir de certains défauts métallurgiques, d’améliorer la productivité et la qualité de la liaison.

Julien Laye, Constellium

Ces procédés sont complémentaires, chacun répondant à des morphologies différentes de joints : FSW est plutôt adapté à des soudages de pièces de plus grande section type longeron, alors le LFW convient mieux au soudage de pièces rapportées de type ailette.

Des alliages de nouvelle génération comme Airware® 2050 ont été soudés avec les deux procédés et présentent d’excellentes performances avec une efficacité de joint remarquable tant en statique qu’en fatigue, ce qui ouvre des opportunités d’assemblage dissymétrique et de réduction de coût (buy-to-fly, temps de cycle).

La journée s’est terminée par une discussion entre les participants à cette journée. Il est souligné que les alliages d’aluminium de nouvelle génération pour application à des structures aéronautiques et spatiales, en particulier de grande taille, ont certaine-ment un bel avenir. Les efforts portés actuellement sur les procédés de mise en oeuvre , objets des présenta-tions de la journée, doivent conduire à une fiabilisation de ceux ci tout en apportant une réduction des coûts significative qui est une des clés du succès.

La commission Matériaux tient enfin à remercier Airbus pour la qualité de l’accueil et du soutien logistique à cette journée. ■

Page 16: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Le 4ème Congrès International More Electric Aircraft, organisé par les groupes régionaux Aquitaine et Midi Pyrénées, de la Société de l’électricité, de l’électronique et des technologies de l’information et de la communi-cation (SEE) et de la 3AF, s’est tenu les 1er et 2 Février au Palais des Congrès de Bordeaux Lac, avec le soutien d’Airbus, Safran, Latécoère, Aerospace Valley, ONERA, IMS, Bordeaux INP/Enseirb-Matmeca, la Région Nouvelle Aquitaine et Bordeaux Métropole.

Il a bénéficié d’un large succès avec 250 participants dont une participation étrangère importante avec plus de 20 nationalités présentes, ainsi que 50 étudiants.

Monsieur Alain ROUSSET, Président de la région Nouvelle Aquitaine a ouvert ce Congrès riche en animations variées. En effet il fut constitué de 13 présentations techniques orales, 5 key notes, environ 40 posters. Le vaste hall du palais des Congrès fut, durant les 2 jours dédié à 22 stands à disposition des Entreprises notamment start up ou PME, rencontres B2B, permettant des échanges fructueux avec tous les acteurs du domaine.

Les principales sociétés mondiales de l’Aéronautique étaient présentes (Boeing, Rolls Royce, Safran, Thalès, Latécoère, Airbus…) ainsi que les organismes de recherche (DLR, IMS, ONERA, IRT St Exupéry, Aerospace Valley, etc.) et écoles d’ingénieurs.

Sur le plan technique, les exposés et posters présentés ont permis de mesurer les importants progrès acquis depuis la dernière édition de ce congrès à Toulouse en

2015. L’énergie électrique prend une part de plus en plus importante dans tous les composants de l’avion (moteur, fuselage, poste de commande, portes, train d’atterrissage). Ces avancées contribuent à la fois à la fiabilité, à l’allègement des avions, et à la diminution de la consommation de carburant, conduisant par la même à une contribution très favorable à l’environne-ment.

Eddie Orr (Rolls Royce), Président du Comité de Programme ouvrant le congrès devant un nombreux public.

Au delà de ces progrès acquis, une table ronde interna-tionale avec représentants de l’industrie et organismes de recherche a permis de clore ce congrès lors d’un débat très animé, de tracer les perspectives pour l’avenir et d’exposer les ambitions très importantes de tous les acteurs du domaine. Le prochain rendez-vous à Toulouse dans 2 ans promet d’être tout aussi passionnant. ■

Table ronde : «le futur de l’avion plus électrique» animée par Florent Christophe (ONERA)

16

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

LA VIE DE LA 3AFBILAN DU CONGRÈS MEA 2017Hervé Austruy, Président du Groupe 3AF « Aquitaine »

Page 17: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Fin 2016, Aeroadour, manifestation régionale aéronau-tique organisée conjointement par 3AF «  pays de l’Adour » et l’association Pau Wright Aviation, en était à sa quatrième édition depuis 2009.

Un millésime 2016 un peu particulier, puisque la formule usuelle, basée sur une journée profession-nelle avec stands d’expositions pour les entreprises et deux jours ouverts au grand public avec des démons-trations aériennes n’a pu se dérouler à l’image des précédentes.

En effet, les attentats qui ont frappé la France ont conduit à un renforcement notoire des mesures de sécurité et le 5ème Régiment d’Hélicoptères de Combat qui nous offrait ses installations à Pau-Uzein, ne pouvait assurer une sécurisation sérieuse d’une manifestation accueillant près de 50 000 visiteurs…Afin de maintenir cet événement et à la demande de nombreux acteurs, il a été décidé de maintenir la journée professionnelle et d’en faire un colloque qui a été consacré au thème de « l’Usine du futur ».

Cette manifestation a reçu le soutien de la Région Nouvelle-Aquitaine et du département des Pyrénées Atlantiques. Elle n’aurait pas été réalisable sans des soutiens privés et notamment du Gifas, de Dassault-Aviation, du groupe Humanis, de la PME Alisaero et de l’UIMM Adour, partenaire fidèle.

Le 1er décembre à Bordes-Assat, ce sont donc près de 200 participants, notamment de nombreux chefs d’entreprise et des représentants de grands groupes, comme Safran ou Dassault-Aviation, qui ont débattu sur des thèmes variés. Expériences dans les PME, financement des démarches innovantes, exemples concrets de technologies émergentes comme la fabrication additive, impact sur le management, impact sur l’enseignement en écoles d’ingénieurs et sur la politique de formation à de nouveaux métiers, etc, autant de thèmes abordés pendant cette journée.

En fin de journée MM. Alain Rousset, président de la région Nouvelle-Aquitaine et Jean-Jacques Lasserre, président du Conseil départemental, ont inauguré le centre de transfert de technologies Metallica-dour, situé sur le même site d’Aeropolis et dédié aux matériaux métalliques, notamment aux techniques de robotisation, de soudage, d’assemblage par FSW (Friction Stir Welding : soudage par friction malaxage) ou autres techniques d’assemblage, MIG (Metal Inert Gas), CMT (Cold Metal Transfer), TIG (Tungsten Inert Gas) et d’usinage sur métaux durs.

Le même jour, Safran Helicopter Engines inaugurait une ligne de production de pales par fabrication additive. Un «  carton plein  » pour Aeroadour 2016, pour une journée qui nous a aussi offert de nombreux témoignages de satisfaction. ■

Table ronde N° 1: «l’usine du futur: réalités et perspectives».Représentants d’Aerospace Valley, de deux PME (MAP et BMS Circuits) et du Groupe LISI AerospaceAnimateur: B. Vivier

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

17

LA VIE DE LA 3AFAEROADOUR 2016

AEROADOUR 2016 Bernard Vivier, président du groupe 3AF « Pays de l’Adour »

Page 18: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Depuis plus de 25 ans, les forums  Intelligence Economique et Stratégique (IES) sont organisés tous les deux ans par la Commission technique Intelli-gence Stratégique et Prospective (CISP) de 3AF. Le 13ème forum européen IES s’est déroulé à Rouen du 5 au 7 octobre 2016 autour du thème «  L’intelligence Stratégique et Prospective dans un monde connecté ». Il a été hébergé dans le nouveau Palais des consuls de Rouen, imposante reconstruction d’après-guerre, emblématique du style architectural de l’époque, inauguré en 1956 et siège de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) régionale. La décoration intérieure de l’édifice est particulièrement soignée, certains artistes ayant quelques années auparavant contribué à la parure du paquebot « Normandie ». Pour le plus grand bien-être des 170 participants, ces beaux, vastes et confortables locaux ont offert un cadre spacieux et agréable à notre forum.

Table ronde intitulée «Success stories de TPE/PME/ETI : « Être numéro un mondial et le rester» avec de gauche à droite : Thibault Renard (CCI France), Thomas Couaillet (Nutriset), Jean-Paul Trouvé (Terre de Lin/Fimalin), Amine Amouche (Club des champions cachés normands)

Laurence Monot (Business Intelligence Manager - Export Sales chez MBDA), présidente de la CISP et du forum IES 2016, ouvre la manifestation en remerciant Jean-Claude Lechanoine, président de la CCI Seine-Mer-Normandie d’accueillir cet évènement bisannuel de 3AF. Elle rappelle que l’Intelligence Economique (IE) constitue un levier majeur pour l’aide à la décision et précise, qu’à travers la thématique des objets connectés, IES 2016 sera résolument axé vers la prospective et l’innovation. Ce forum a été voulu particulièrement interactif, avec des démonstrations de « serious games » en libre accès sur tablettes, des

tables rondes au cours desquelles plusieurs grands témoins interviendront et échangeront avec l’auditoire et, tout au long de la première journée, des démonstra-tions d’impression 3D grâce à la présence du Fab Lab CESI, une plateforme d’échanges de connaissances et de ressources de prototypage mécanique et électro-nique.

A son tour, Jean-Claude Lechanoine accueille chaleu-reusement les participants au forum. Avec 110  000 entreprises en Normandie, dont plusieurs pépites dans le secteur du numérique, la CCI Seine-Mer-Norman-die est très sensibilisée aux questions d’IE et œuvre activement dans ce domaine, qui reste un sujet encore trop lointain pour nombre de PME et TPE locales. Organisation de tables rondes, rencontres thématiques pour les cadres des entreprises, formation pour les étudiants, sont des exemples d’actions concrètes mises en œuvre par la CCI, dont le président souligne avec fierté, que la Normandie, avec une quinzaine d’entreprises du domaine, est une région aéronau-tique d’importance.

Après une brève présentation de 3AF, Patrick Girault, président du groupe 3AF Normandie, fait écho aux propos précédents en citant quelques-uns des fleurons industriels normands du domaine aéronautique (Revima, Safran/Aircelle, etc.). Il précise que l’INSA de Rouen est membre collectif de 3AF et fait état du partenariat local emblématique de 3AF avec le réseau normand des acteurs du domaine aéronautique, spatial, défense et sécurité : Normandie AeroEspace.

La suite de ce compte rendu ne vise pas à donner une vision exhaustive des conférences et des débats, à travers lesquels on a démontré que l’IE permet à la fois de réduire l’incertitude au niveau de la prise de décision et aussi de garder ses avantages concurren-tiels  ; elle présente un focus sur quelques points qui ont plus particulièrement retenu mon attention.

SUCCESS STORIES DE PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES NORMANDES

Avec l’organisation d’une table ronde intitulée «  Être numéro un mondial et le rester », IES 2016 a donné la parole à des dirigeants d’entreprises locales devenues leader mondial dans leur secteur, pour savoir comment, grâce à l’IE, ils parviennent à pérenniser cette position dominante.

18

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

LA VIE DE LA 3AF

LE 13ÈME FORUM EUROPÉEN « IES »ROUEN : 5-7 OCTOBRE 2016par Marie-Claire Coët - ONERA

Page 19: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Thomas Couaillet est directeur général adjoint de Nutriset, leader mondial dans le domaine de la prévention de la malnutrition, grâce à l’invention du premier aliment thérapeutique prêt à l’emploi  : une solution nutritionnelle à destination des pays pauvres. Avec 177 personnes, Nutriset qui a un CA de 120 M€ exclusivement à l’exportation, maintient sa position de leader au moyen de plusieurs leviers : la recherche collaborative, l’identification et l’intégration des réseaux d’influence, l’application d’une politique de propriété intellectuelle adaptée mais aussi la partici-pation active à l’élaboration des normes relatives aux produits alimentaires.

Jean-Paul Trouvé est responsable recherche et innovation de Terre de lin, une coopérative normande spécialisée dans la culture et la transformation du lin. Avec 250 salariés, 60 M€ de CA, 600 agriculteurs adhérents et 15% de la production mondiale, Terre de lin, qui est la plus grande coopérative linière d’Europe, maintient sa position de leader grâce à la qualité de ses produits et à des rendements très supérieurs à la concurrence, mais aussi en s’ouvrant à d’autres domaines pour pénétrer le nouveau marché du renfort des matériaux composites. Terre de lin est ainsi membre fondateur de Fimalin, regroupant les acteurs de la filière émergente agro-industrielle du lin. Fimalin a été un important levier de développement qui a emmené Terre de lin vers des projets collaboratifs innovants avec de nouveaux partenaires industriels et scienti-fiques dans le domaine des matériaux composites.

Amine Amouche expose comment la région Normandie rayonne à travers le club des champions cachés normands : un réseau territorial pour identifier, fédérer et soutenir les entreprises régionales peu connues bien que leader sur leur marché et les inciter à essaimer en parrainant de futurs champions.

Influence active, volonté d’innovation ou de diversifica-tion et travail en réseau sont donc les leviers majeurs utilisés par ces petites et moyennes entreprises normandes à la pointe dans leur domaine, pour conquérir et conserver le leadership dans leurs secteurs d’activité.

LES OBJETS CONNECTÉS

Alors même que près de 90 % des consommateurs ignorent ce dont il s’agit, tous les secteurs adoptent d’ores et déjà l’Internet Of Things (IOT) pour se diversifier et proposer de nouveaux services : énergie, mobilité, textile, habillement, sport, santé, nutrition, agriculture, maison connectée, etc.

Anne Piquet (EPR Protection) dresse fort utilement et pédagogiquement un panorama sur le sujet des objets connectés. Quelques exemples viennent illustrer les changements de paradigme qui résultent de l’IOT, avec le passage du produit au service ou bien un glissement vers de nouveaux métiers pour les firmes commerciali-sant des objets connectés. Ainsi, Addidas se mue-t-il, de simple fournisseur de matériel, en entraineur sportif avec un ballon connecté dont l’analyse des paramètres enregistrés permet de conseiller son utilisateur. Ainsi Pirelli, en intégrant des capteurs connectés à ses pneus, peut-il aider les conducteurs à adapter leur conduite, mais aussi approfondir sa connaissance des compor-tements routiers et pourquoi pas un jour prochain proposer aux compagnies d’assurance d’ajuster la tarification de leurs polices selon les risques évalués. On prend conscience que la zoologie et les domaines d’application des objets connectés sont extrêmement variés et que des risques, notamment de cyber terrorisme, seraient à craindre si ces derniers n’étaient pas éthiquement utilisés et correctement sécurisés.

Philippe Chabrol directeur général d’Affinis IE, présente un focus sur la ville connectée, aujourd’hui au cœur du développement des entreprises et des collec-tivités. En effet, on estime actuellement que dès 2018, chacun de nous sera en moyenne connecté à 7 objets ; qu’en 2020, il y aura plus de 400 millions de véhicules connectés et qu’en 2050, 70 % de la population vivra en milieu urbain. L’enjeu de la ville connectée réside avant tout dans les moyens de traiter et d’analyser la masse de données non structurées, issue de la quantité et de la diversité des acteurs impliqués.

Gilles Debache de Dassault Aviation, rappelle quant à lui que les tous premiers « objets connectés » étaient les moteurs aéronautiques, qui dès les années 90, transmettaient déjà leurs données par satellite. Il illustre, sur des cas pratiques, l’importance qu’il y a à bien cribler les données volumineuses issues de ces objets connectés, afin d’en maitriser la volumétrie et d’être en capacité de les exploiter correctement et efficacement.

LES SERIOUS GAMES

Après avoir présenté les MOOC (Massive On line Open Course) et montré, principalement à travers l’exemple de la plateforme fun, que le MOOC est un cours en ligne dont la forme reste finalement assez tradition-nelle, Marie-Ange Delemotte de Dassault Aviation nous fait découvrir des concepts très ludiques et plus innovants de jeu documentaire et de web série, sur le thème de l’IE. Un avant-goût de serious game.

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

19

LA VIE DE LA 3AFLE 13ÈME FORUM EUROPÉEN « IES » ROUEN : 5-7 OCTOBRE 2016

Page 20: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Le forum IES 2016 a fait une large place au « serious game  » (ou jeu sérieux)  : une méthode nouvelle et participative d’apprentissage par le jeu qui s’avère adaptée à de multiples publics. Pendant les pauses, les participants au forum ont pu s’essayer à plusieurs de ces jeux sur le thème de l’IE (dont l’IS Game  ; voir § suivant), grâce à des tablettes tactiles en libre-service. Il s’agit de jeux de rôles destinés à sensibiliser à diverses problématiques de l’entreprise par une mise en situation réelle : sécurité informatique, partage des connaissances stratégiques, communication de crise, etc.

Au cours d’un atelier intitulé «  gamification et innovation », Vinciane Lentz de l’agence pour l’entre-prise et l’innovation de Wallonie présente l’IS Game. Destiné à sensibiliser les chefs d’entreprise et les étudiants à l’importance de la gestion de l’informa-tion et à la nécessité d’implémenter l’Intelligence Stratégique (IS) au sein de leur structure. Cet outil permet de découvrir et d’appréhender l’IS au travers d’une véritable simulation d’entreprise. Durant le « jeu », les participants reçoivent une multitude d’infor-mations, via les canaux Web 2.0 (plateforme de veille, réseaux sociaux, etc.), sur la situation d’une entreprise fictive et de son environnement. Les joueurs sont ainsi confrontés aux différents aspects de l’IS. Exemple  : le joueur est dirigeant d’une petite entreprise du domaine des matériaux de construction. La prospérité de sa société repose sur l’invention par son associé et ami d’un béton durable. Survient une situation, susceptible de mettre subitement en péril l’avenir de la société, lorsque cet ami, seul détenteur des secrets de fabrication, se suicide. A travers les décisions qu’il prendra aux diverses étapes du scénario, le joueur/chef d’entreprise doit alors affronter et surmonter une situation de crise (communication, stratégie, influence, etc.).

Pendant leurs études, les futurs managers que sont les élèves-ingénieurs ou les doctorants scientifiques sont avant tout autocentrés sur leur spécialité technique. Cependant, il est important qu’ils acquièrent aussi, avant d’entrer véritablement dans la vie active, une vision stratégique des enjeux de l’entreprise ainsi qu’une connaissance des motivations, intérêts, relations et pouvoirs de ses divers acteurs. Or, on a constaté qu’exposer de manière didactique les principes de l’influence n’a que très peu prise sur ces publics novices. C’est pourquoi, sous la direction de Béatrice Frézal, professeure associée à INSA de Lyon, une équipe pédagogique de l’école a conçu Techno-fluence, une méthode d’apprentissage sur ce thème par «  serious game  ». Le but du jeu est d’élargir la vision des étudiants sur les diverses dimensions de

l’environnement au sein duquel ils exerceront plus tard leurs activités, en leur faisant identifier les logiques et intérêts divergents qui s’y déploient, en les sensibi-lisant aux jeux d’acteurs et aussi en les familiarisant avec l’approche des parties prenantes et de l’influence. Le premier de ces jeux, Eurinfluence, met en scène une ETI française confrontée à un enjeu européen d’acceptation d’une nouvelle boisson énergisante. Il a été déployé en 2016 et a fait ses preuves auprès de 24 doctorants scientifiques européens d’un programme Erasmus de l’INSA de Lyon  ; il va maintenant être proposé à d’autres établissements partenaires de l’INSA. Cette nouvelle méthodologie d’apprentis-sage, qui requiert la présence active de plusieurs animateurs  (enseignants, managers d’entreprise et concepteurs du jeu) intervenant durant les différentes étapes de la partie, s’avère être un vecteur efficace de formation, de motivation et de créativité.

LES GRANDS TÉMOINS D’IES 2016

Éric Le Grand, directeur de la protection et de la prévention du groupe Renault, a fait le constat que pour continuer d’exister dans le monde actuel en forte et rapide mutation, une entreprise doit néces-sairement prendre des risques, mais de justes risques. D’où son choix de mener des veilles analysées sur les risques a priori identifiés. Ainsi « business oriented » chez Renault, l’IE y est très bien reconnue  : en effet, démonstration a été faite, par l’exemple, de l’utilité de telles actions. Et désormais, la direction générale sollicite régulièrement les équipes qui les mènent, en quête d’éléments stratégiques pour sécuriser ses prises de décision.

Moussa Hoummady s’exprime au nom de Futuribles sur la nécessité d’associer prospective et IE dans une même boucle, le rythme de circulation de l’information s’accélérant et, plus généralement, tout se transfor-mant très vite dans le monde d’aujourd’hui. Il montre que la veille, complétée d’une analyse - qui seule permet de passer de la donnée brute à l’information - est essentielle dans le processus de prospective visant à anticiper les transformations à long terme en vue d’éclairer la stratégie : en surveillant de manière active l’environnement pour en anticiper les évolutions, la veille participe à l’élaboration des scénarios prospectifs, lesquels vont à leur tour conditionner la veille à mener.

Au cours d’une longue intervention, Jean-Baptiste Carpentier, commissaire à l’information stratégique et à la sécurité économique au Ministère de l’économie et des finances, présente les services qu’il dirige  à Bercy (~ 40 personnes). Leurs membres sont avant tout animateurs, plutôt que réellement acteurs de l’IE,

20

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

LA VIE DE LA 3AFLE 13ÈME FORUM EUROPÉEN « IES » ROUEN : 5-7 OCTOBRE 2016

Page 21: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

qu’il considère en tant que « mode de gouvernance » et «  état d’esprit  ». L’objectif de ses équipes est de conforter une politique de sécurité économique globale pour le pays, avec une première étape en cours consistant à identifier les entreprises participant à la souveraineté nationale.

Vincent Aussilloux présente quelques-unes des propositions, concernant l’Europe, issues d’un exercice de veille et de réflexion stratégique à horizon 2027, mené par le Think Tank public France Stratégie. L’Europe est aujourd’hui face à quatre interrogations existentielles  : la crise, pour ne pas dire l’échec de l’euro, la panne de l’intégration économique et sociale, l’instabilité de son voisinage, frein à son incessant élargissement et enfin une crise de légitimité nourrie par l’insatisfaction de ses peuples. L’exercice vise, par la concertation de nombreux experts d’horizons divers garante d’indépendance vis-à-vis des politiques, à identifier des scénarios possibles de réponses à ces questions.

QUELQUES CAS CONCRETS DE VEILLE ET D’ANALYSES

Jordan Jambenoit, chargé de veille et d’analyse du marché des trains d’atterrissage chez Safran Messier-Bugatti-Dowty, présente une méthodologie experte, qu’il a mise en place dans la perspective d’actions d’influence au service de la stratégie globale de l’entre-prise. Il s’agit d’une démarche concrète de cartographie et d’analyse des relations entre acteurs (notamment via les réseaux sociaux) en vue d’orienter des actions stratégiques du groupe. Les principales phases en sont : la collecte d’information en interne et en externe, la cartographie de l’entreprise et de ses interactions avec l’environnement et la production par l’ensemble des experts d’une analyse commune en vue de mettre en place des plans d’actions et d’influence. Les facteurs clés de succès d’une telle démarche étant son portage à haut niveau et son animation.

Seddick Cherif illustre très concrètement une méthode de veille stratégique mise en place par Publicis, au bénéfice d’une entreprise cliente commercialisant des produits destinés aux insomniaques, avec l’objectif atteint de lui faire gagner des parts de marchés. Seddick Cherif postule que, pour anticiper, il importe de ne pas donner la priorité au seul volume d’informa-tion qui reflète surtout la tendance d’hier, alors que les signaux faibles sont eux porteurs des tendances naissantes. C’est en appliquant ce principe qu’il a fait le choix d’écouter les conversations des insomniaques sur les réseaux sociaux, afin de bien comprendre les problèmes de cette communauté, pour ensuite habilement mettre en place un service consistant,

tout d’abord à gagner la confiance de ses membres en leur prodiguant des conseils contre l’insomnie, puis à les diriger naturellement et habilement vers le site de son client. Il souligne au passage que l’interpréta-tion humaine est déterminante dans un tel processus de veille et d’analyse car il y a une grande difficulté à exploiter l’information déstructurée des conversa-tions.

François Neuville présente Safran Link, une application de veille nomade, déployée en 2015 auprès des collaborateurs du groupe safran disposant d’un smartphone d’entreprise. Il s’agit de favoriser la veille opportuniste à travers un dispositif simple de saisie et de diffusion d’information. Utilisée pour la première fois à grande échelle lors du Bourget 2015, l’application développée permet de générer et diffuser en temps réel, vers des listes ad hoc, un rapport d’étonnement en lui associant un indice de fiabilité et en y joignant des visuels. Une idée à la fois simple, ingénieuse et prometteuse, bien que le bilan quantitatif d’usage de l’application soit un peu décevant avec seulement 5 % des utilisateurs potentiels l’ayant téléchargée et, parmi eux, 40 % l’ayant utilisée ; mais ce n’est qu’un début…

Jean-Marc Belot, chargé de veille technologique et stratégique au Cetim, présente trois outils opéra-tionnels qu’il utilise pour synthétiser en une page les veilles qu’il réalise au profit d’industriels. En constante recherche d’opportunités de croissance, les industriels se tournent volontiers vers la veille, démarche qui, si l’on n’y prend garde, inonde de signaux. Il importe donc de savoir proposer des outils concrets synthéti-sant les signaux porteurs et permettant d’aller vite à l’information essentielle. En illustrant par des exemples d’application chacune des trois représentations qu’il propose à ses clients (Mégatendance & micro-impli-cations, SWOT avec zone de mouvement et courbe de Hype) J.M. Belot démontre magistralement comment il parvient à synthétiser en un tableau de bord ou en une courbe les signaux porteurs d’information, au risque de masquer la masse et la complexité du travail qu’il réalise par l’apparente simplicité de sa présenta-tion finale.

Julien Duprat, co-fondateur de la société de conseil en intelligence collective « Esprits Collaboratifs », livre sa vision d’une digitalisation réussie de l’entreprise  : remplacer le mille-feuille numérique de l’entreprise par une plateforme de veille collaborative et de médiation permettant d’accéder et d’interagir avec l’ensemble des ressources informationnelles internes et externes utiles au travail quotidien. Il raisonne par analogie avec l’exemple des grandes plateformes web de médiation (Le bon coin, Amazon, airBnB, blablaCar, etc.). Basées

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

21

LA VIE DE LA 3AFLE 13ÈME FORUM EUROPÉEN « IES » ROUEN : 5-7 OCTOBRE 2016

Page 22: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

sur la mutualisation et le partage des ressources, par le recours aux solutions numériques, ces dernières connaissent un énorme succès, car elles proposent et rendent des services tout en faisant gagner du temps et en simplifiant la vie de leurs utilisateurs.

La capacité à apprendre et changer plus vite que ses concurrents est un avantage majeur pour le futur. Or, les surprises émergent rarement sans signes avant-coureurs. Fort de ce postulat, Christophe Bisson, président d’IAMS (Internationally Accepted Marketing Standards), a développé le Système Stratégique de Signaux Précoces (3SP). Il s’agit d’une méthode et d’un logiciel de veille, de gestion agile des connaissances et de prédiction stratégique, basés sur la détection et l’analyse des signaux faibles. Fruit de plusieurs années de R&D, 3SP est une application permettant de construire les scénarios stratégiques potentiels, de calculer leurs probabilités et d’identifier leurs impacts ; elle vise à aider à anticiper les événements et optimiser les décisions au sein des organisations publiques et privées.

CONCLUSION

D’entrée de jeu, Jean-Louis Tertian, coordonna-teur ministériel à l’intelligence économique à Bercy a brossé le tableau d’un monde en profonde mutation (développement du numérique, big data, Internet des objets, intelligence artificielle, etc.) dans lequel la valeur ajoutée est de plus en plus captée par les acteurs du numérique. Dans cet univers changeant, au sein d’un environnement extrêmement concurrentiel, il devient indispensable de se placer en capacité d’adapter sa stratégie en utilisant les différents outils de l’IE et en adoptant une approche d’intelligence collective. IES 2016 a montré que l’IE est une vraie ressource pour les entreprises, à condition que la démarche soit mise en œuvre et portée dans la durée par la gouvernance et qu’elle se décline à tous les niveaux de la structure, avec une réelle et sincère volonté de partage d’infor-mation, dépassant les silos et l’équation classique « information = pouvoir ». Mise en œuvre dans cet état d’esprit, l’IE permet de réduire l’incertitude au niveau des décisions et aussi de pérenniser ses avantages concurrentiels.

Dans ce monde changeant, aujourd’hui dominé par le numérique, le rôle de l’humain reste néanmoins capital. En effet, l’intelligence n’est pas dans les flux ni l’abondance de l’information, mais dans son criblage et son interprétation. Tout l’enjeu de l’IE réside donc dans l’analyse qui seule permet de transformer les données glanées en recommandations et actions intelligentes.

Leitmotiv d’IES 2016, la primauté de l’humain sur la technologie est une fois de plus soulignée par Michel Scheller, Président de 3AF, lors de son allocution finale.

Vincent Laudat (CCI Seine Mer Normandie), Françoise Guegot (vice-présidente CR Normandie) et Michel Scheller

Michel Scheller clôt le forum sur le constat que si le 19ème siècle fut celui de la motorisation, le 20ème celui de la fée électricité, le 21ème sera celui du numérique, du digital et des réseaux sociaux  et qu’il faut s’attendre à des ruptures sociologiques, techniques et systémiques. Il annonce de telles ruptures, dans le domaine aérospatial notamment (gestion du trafic aérien, nouveaux usages de l’Espace, etc.)  ; l’intel-ligence artificielle va aussi révolutionner nos vies. L’Intelligence Economique et Stratégique est justement là pour nous permettre d’accueillir positivement les changements à venir et d’en profiter à plein, plutôt que de se trouver déroutés, voire désarçonnés par ces ruptures. Parmi les premières sources de richesses pour les entreprises, l’IES est donc une discipline qu’il faut absolument enseigner aux étudiants et continuer d’enrichir en permanence. C’est précisément ce à quoi contribuent les forums bisannuels IES de 3AF. Rendez-vous en 2018 ! ■

22

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

LA VIE DE LA 3AFLE 13ÈME FORUM EUROPÉEN « IES » ROUEN : 5-7 OCTOBRE 2016

Page 23: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Forte de plus de 18000 emplois dans les activités de l’aéronautique, du spatial et de la défense et de la sécurité, la Normandie peut légitimement revendiquer une place parmi les grandes régions aéronautiques tant au plan industriel, grands donneurs d’ordres et PME, que dans le domaine de la formation et de la recherche avec le pôle des universités de Rouen-Caen-Le Havre, des écoles d’ingénieurs (INSA Rouen Normandie, ESIGELEC, ENSICaen, CESI…) et les labora-toires associés dont plusieurs développent des compétences de niveau international (ex  : GPM pour l’analyse des matériaux à l’échelle atomique, CORIA pour la combustion, CRISMAT dans le domaine des matériaux thermoélectriques…).

Dans ce contexte, 3AF s’est doté d’un groupe régional en Normandie à vocation de rayonnement techni-co-scientifique en complément au réseau de filière Normandie AeroEspace dont l’objectif est de favoriser le développement économique de ses membres sur le territoire, en France et à l’international.

Normandie AeroEspace, la passion de l’Excellence !

Fondé en 1998, Normandie AeroEspace (NAE) est le réseau normand des acteurs du domaine de l’aéro-nautique, du spatial, de la défense et de la sécurité, participant aux grands projets de demain.

Présidé par Philippe Eudeline (Directeur Technologie & Innovation, THALES Air Systems), le réseau NAE, dont le siège est basé sur le Technopôle du Madrillet en périphérie de Rouen, est présent sur toute la Normandie et bénéficie du soutien de l’Europe, de l’Etat et de la Région Normandie.

En décembre 2016, 138 membres composent cette filière d’Excellence régionale : 16 grands groupes industriels, 4 aéroports et une base militaire, 75 PME et ETI, 2 start-up mais également 25 laboratoires de recherche et 15 établissements d’ensei-gnement supérieur.Son objectif : donner à la filière aéronautique, spatiale, défense et sécurité un rôle majeur dans les grands projets d’avenir.

La filière Normandie AeroEspace fête cette année (juin 2016 / juin 2017) les « 100 ans de l’industrie aéronau-tique en Normandie ». Un centenaire célébré autour

d’objectifs ambitieux, confortés par des très bons résultats, une évolution positive des effectifs et des belles concrétisations en Recherche, Technologie et Innovation.

Affichant une croissance continue, la filière s’installe en cinquième région de construction aéronautique de l’hexagone, selon la dernière étude INSEE publiée en décembre 2014. Ainsi, sur les 662 M€ de CA total réalisés par les PME-ETI membres NAE en 2015, 179 millions sont attribués aux secteurs aéronautique/défense/sécurité/spatial en augmentation de 24% par rapport à 2012. Une croissance bien supérieure à la moyenne nationale (se situant aux alentours de 5 à 7% par an).

Pour soutenir cette croissance, la filière intensifie ses actions sur le front de l’emploi et de la formation (245 emplois créés en deux ans dans les PME/ETI de la filière, soit une augmentation de 4%), et accompagne le développement de ses membres à l’export qui représente aujourd’hui 25% du chiffre d’affaires des PME/ETI de la filière.

L’international est en effet un axe fort de son dévelop-pement  : NAE travaille à l’élargissement du réseau international. L’objectif prioritaire est d’identifier comment l’Europe peut renforcer la compétitivité de ses membres. Ce travail passe par la construction d’un réseau européen impliquant des universitaires et des clusters avec lesquels NAE a déjà amorcé des contacts (Allemagne, Grande-Bretagne, Pays-Bas, Belgique et Suisse). NAE vient ainsi de rejoindre le cluster européen EACP « European Aerospace Cluster Partnership » en juillet dernier. La filière travaille également au renfor-cement des actions sur les Appels à Projets européens type Cleansky.

LES 4 AXES DE DEVELOPPEMENT DE NORMANDIE AEROESPACE

La filière Normandie AeroEspace est organisée autour de 4 activités :

1. Business & Performance : Développer le business de ses membres dans ses secteurs d’activités, tant en France qu’à l’international :

• Stratégie : Détecter les grandes évolutions indus-

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

23

LA VIE DE LA 3AF

LA NORMANDIE : UNE RÉGION DE POIDS POUR L’AÉRONAUTIQUE ET LE SPATIALPatrick Girault, Président du Groupe Normandie, membre Senior 3AF.

Page 24: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

trielles et achat chez les grands clients, et amener les PME ETI à la réflexion stratégique nécessaireCela passe par la proximité et la veille chez les grands industriels, une réflexion stratégique, en particulier sur le volet international et une capitalisation accrue du réseau étendu NAE en France (Gifas, Gicat,…) et à l’international (EACP).

• Business : Mener des actions business en France et à l’international en démultipliant ses réseaux clients, partenaires et filières aéronautiques étrangères NAE organise la présence de ses membres sur plusieurs salons et conventions en France (Bourget – Eurosatory,…) comme à l’international. Capitalisant sur la synergie entre les membres, la filière veille au renforcement des opportunités de business intra NAE (séminaires, mises en relation, chasse en meute…) et hors Normandie et adopte une démarche vertueuse de « toile d’araignée » grâce à notre réseau Clients étendu.

• Performance et Promotion : Continuer à mener ses membres vers l’Excellence.Valoriser leurs performances et leurs grandes évolutions en France comme à l’étranger. NAE participe activement à la promotion de leur performance industrielle mais également en Négociation et Communication…

2. Recherche Technologie & Innovation (RTI) : Faire de la RTI un levier majeur de compétitivité et positionner la Normandie et ses membres comme un « acteur » incontournable de la RTI sur un plan national et international :

• Stratégie : Détecter, identifier et préparer les techno-logies du futur sur des thématiques de pointe pour renforcer le positionnement des acteurs normands NAE veille au renforcement des synergies avec les acteurs stratégiques RTI autour de 4 spécialisations  : énergie, électronique, matériaux et briques technolo-giques transverses. Cette approche se fait en collaboration avec les acteurs académiques dont NAE s’efforce de renforcer la spécificité aéronautique.

• Réseau : Animer un réseau de partenaires Si NAE a pour rôle de favoriser le lien entre les membres de NAE, la filière œuvre également pour le rapproche-ment entre les étudiants et le monde de l’industrie, comme en témoignent ses actions pour faire émerger les projets innovants des entreprises en y impliquant les étudiants ingénieurs en recherche de stages.

• Projets : Favoriser l’émergence de projets collabora-tifs

NAE accompagne la structuration de projets collabo-ratifs et œuvre pour positionner les membres sur les Appels à Projets.

• Soutien : Soutenir et promouvoir NAE promeut les innovations, labellise des projets et accompagne ses membres par la formation technolo-gique et stratégique.

3. Promotion Filière : Accroître la notoriété de Normandie AeroEspace et de ses membres :

• Stratégie : Contribuer à la promotion de la « Marque Normandie », et mettre en lumière nos secteurs d’activités sur le plan national et international Viser l’Excellence dans tous les domaines a pour objectif de renforcer l’attractivité des entreprises NAE. Cette promotion passe également par un partenariat fort avec les Institutionnels et le réseau élargi de la filière.

• Image : Développer l’image nationale et internatio-nale de la filière NAE C’est un travail à double niveau  : œuvrer pour le rayonnement des membres sur le champ régional, national et international et assurer une couverture médiatique forte des événements NAE sur ses quatre axes, en France et progressivement à l’international.

• Réseau : Nouer des partenariats stratégiques et poursuivre notre stratégie d’Excellence et de proactivité Déjà très active dans ce domaine, NAE entend étendre son réseau avec ses cibles stratégiques (grands clients , CRT nationaux et internationaux, clusters étrangers, etc.)

4. Emploi & Formation : Permettre aux entreprises NAE de disposer des ressources humaines dont ils ont besoin, ayant une formation adaptée et de qualité pour leur permettre de relever leurs enjeux stratégiques

• Stratégie : Détecter et Anticiper les grandes évolutions RH nécessaires. Mener des actions de fond sur l’attractivité de nos métiers et formations.NAE a su démontrer sa capacité à anticiper les évolutions des métiers et les mutations technolo-giques en mettant en place des formations labellisées, que la filière entend développer et faire évoluer.

• Formation : Redorer l’image de nos formations, les faire évoluer, avec un lien de proximité avec les industriels et une étroite collaboration avec le CMQ Renforcer l’attractivité des formations et des métiers, notamment les métiers en tension, passe aussi par un

24

LA VIE DE LA 3AFLA NORMANDIE : UNE RÉGION DE POIDS POUR L’AÉRONAUTIQUE ET LE SPATIAL

Page 25: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

renforcement des liens entre les jeunes, les écoles et les industriels.

• Emploi : Recruter et fidéliser NAE aide par ailleurs les membres à recruter et à fidéliser les talents et à rendre les métiers de l’aéro-nautique attractifs, notamment en menant des actions particulières pour les métiers en tension (usinage) avec ses partenaires et en utilisant les vecteurs d’image auprès des jeunes (forum métiers, réseaux sociaux, etc…).

Le Groupe 3AF Normandie

Le groupe régional de Normandie a été créé au début des années 2000 sur la base de la douzaine de membres individuels de l’époque issus de SNECMA Vernon et du LRBA (Laboratoire de recherches balistiques et aérody-namiques de la DGA) voisin, ainsi que d’Aircelle au Havre (maintenant Safran Nacelles).L’éloignement relatif de ces deux «  pôles  » constitue encore aujourd’hui un frein au développement d’activités communes. Cependant le nombre de membres s’est accru grâce en particulier à l’action volontariste menée par Safran et atteint aujourd’hui 37 membres individuels.

Parallèlement se constituait à partir de 1998 un réseau de filière à vocation de développement économique devenu Normandie AeroEspace.

Conscients de la complémentarité de leurs actions sur le territoire, NAE et 3AF ont conclu une convention de coopération par laquelle ils entendent développer des actions coordonnées ou conjointes dans les trois domaines suivants :

Expertise : • 3AF s’engage à proposer à NAE suivant ses besoins, le nom d’experts susceptibles d’apporter leur concours (ex : labellisation de projet…).• Réciproquement, NAE s’engage à faire connaitre 3AF au travers de l’apport de ses experts.

Manifestations : • NAE et 3AF s’engagent à se concerter sur les thématiques d’intérêt commun et à définir les manifes-tations à organiser conjointement.

Communication :• NAE et 3AF s’engagent à assurer la promotion des activités du partenaire, en particulier auprès de leurs membres respectifs.

La première signature de cette convention a eu

lieu le 21 Mai 2010 à l’occasion d’une rencontre du Président de 3AF, Michel Scheller et du Président de NAE, Philippe Eudeline sur le site d’Aircelle (aujourd’hui Safran Nacelles). Un premier renouvellement a été conclu entre les deux Présidents à l’occasion du Salon du Bourget en 2013, le second renouvellement est en cours.

Parmi les actions conjointes menées récemment par NAE et 3AF on notera :

• «  L’allée de la Propulsion Aérospatiale  » au sein de l’INSA Normandie-Rouen : une exposition permanente créée à l’initiative de l’INSA et retraçant les grandes étapes de l’histoire de la propulsion aéronautique et spatiale. Un moteur Vulcain prêté par Safran est exposé, le président de la commission Histoire de 3AF est intervenu pour proposer conseils et documents. Cette contribution de 3AF s’inscrit dans le cadre d’une convention de coopération signée entre 3AF et l’INSA Normandie-Rouen le 30 Mai 2011.

• La planète Mars à la semaine de la science 2016  : organisation de deux conférences ciblées en direction des étudiants et lycéens sur l’exploration de Mars, données par Alain Souchier Membre Emérite de 3AF et de l’APM. Le conférencier au-delà de ses propos a su retenir l’attention de nombreux jeunes intéressés par une exposition très pédagogique mettant en particulier en valeur les réflexions et réalisations autour de la simulation sur terre des conditions de vie et de travail sur Mars.

• Présentation de NAE et du groupe 3AF Normandie lors du Forum Intelligence Economique 2016, organisé par la Commission Intelligence Stratégique et Prospective de 3AF et tenu à la CCI de Rouen du 5 au 7 Octobre 2016.

La Normandie sera présente au Salon du Bourget du 19 au 25 Juin prochain. N’hésitez pas à venir découvrir les compétences et savoir-faire des 41 entreprises normandes présentes sur le pavillon NAE dans le hall 2B !

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

25

LA VIE DE LA 3AFLA NORMANDIE : UNE RÉGION DE POIDS POUR L’AÉRONAUTIQUE ET LE SPATIAL

Page 26: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Assemblage d’un inverseur de poussée chez Safran Nacelles au Havre.Credit : Safran Nacelles ■

Train d’atterrissage en révision chez REVIMA à Caudebec-en-Caux. Crédit : REA Benoit Decout REVIMA

Le moteur Vulcain d’ARIANE 5 produit chez Airbus-Safran-Launchers à Vernon. Crédit : REA Benoit Decout

La vitrine normande au salon du Bourget 2015

26

LA VIE DE LA 3AFLA NORMANDIE : UNE RÉGION DE POIDS POUR L’AÉRONAUTIQUE ET LE SPATIAL

Page 27: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

Jean-Pierre Sanfourche : L’IPSA forme essentielle-ment de futurs ingénieurs de l’Aéronautique et de l’Espace, or le sigle IPSA – Institut Polytechnique des Sciences Avancées – laisse penser qu’il dispense un enseignement multidisciplinaire, d’une part, et d’autre part plus orienté sur les sciences que sur les technologies. Ne serait-il pas souhaitable de faire apparaître les mots Aéronautique, Espace, Ingénieurs ?

Bernard Moretti : Outre IPSA, figure sous notre nom, le sous-titre «  L’Ecole des ingénieurs de l’Air et de l’Espace  » qui fait clairement référence aux secteurs de prédilection de nos diplômés. Ceci dit, nous avons voulu offrir à chaque étudiant qui intègre notre Ecole, que ce soit après le bac, après les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) ou sur titre, soit l’acteur de sa formation. Au cours des différentes années, il y a certes des sciences fondamentales mais, dès le départ, les matières applicatives sont abordées  ; le travail en groupe sur des projets concrets est encouragé et la recherche est naturellement un vecteur fertilisant de nos enseignements.

Les enseignants chercheurs sont également en appui des associations étudiantes parmi lesquelles certaines construisent des fusées et des drones, une autre enrichit chaque année le simulateur de vol, sur lequel tous les étudiants feront des vols, aéromodé-lisme, atelier mécanique, laboratoire composite, entre autres, viennent compléter ce panel d’activités, sans parler des associations sportives et culturelles.

A tout ceci, s’ajoutent de nombreux stages en entreprise au niveau ouvrier, technicien et enfin ingénieur, au total plus de 35 semaines.

J.-P. S.  : Quelle est en moyenne la proportion des élèves qui intègrent l’IPSA en première année du cycle préparatoire via le concours ADVANCE ?

Stéphane Roberdet : L’IPSA est une école d’ingénieurs en cinq années post baccalauréat. Elle privilégie donc le recrutement post bac via le concours ADVANCE qui représente environ 80% des nouveaux élèves qui intègrent l’école.

J.-P. S.  : Quelle est en moyenne la proportion des élèves qui intègrent en première année du cycle d’ingénieur via la procédure commune d’appel, et aussi sur titre en seconde ou troisième année du cycle d’ingénieur (admissions parallèles) ?

S.R. : Le recrutement en première année du cycle ingénieur représente quant à lui environ 12 % des nouveaux entrants. Ce recrutement en CPGE se fait par le Concours EPITA-IPSA à partir du portail Service Concours Ecoles d’Ingénieurs (SCEI).

Les admissions sur titres sont assurées à partir de candidatures recueillies sur un portail nommé «  ADVANCE PARALLELE  », elles représentent environ 8 % des candidats, admis pour l’essentiel en seconde et troisième année du cursus en cinq ans.

J.-P. S.  : Les enseignements sont-ils strictement identiques à Paris et à Toulouse, ou bien chacun des deux campus présente-t-il des spécificités ?S.R. : Les deux Campus se distinguent dans la mesure où les cinq années du cursus sont délivrées à l’IPSA Paris, alors que seules les trois premières années sont enseignées à l’IPSA Toulouse. Tous les élèves font donc leurs 4e et 5e années à Paris.

Les programmes académiques des trois premières années sont identiques sur les deux campus, les examens étant communs pour la troisième année. Les seules spécificités qui subsistent d’un campus à l’autre portent sur les projets proposés aux étudiants, qui diffèrent de toute façon d’un groupe d’étudiants à l’autre.

FORMATION ET CARRIÈRES

27

INTERVIEW DE BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET, DIRECTEURS ASSOCIÉS DE L’IPSApar Jean-Pierre Sanfourche, Chargé de mission à l’Association Aéronautique et Astronautique de France

Bernard Moretti, directeur associé de l’IPSA et directeur du cycle master

Stéphane Roberdet, directeur associé de l’IPSA, directeur de la formation et du site de Paris-Ivry

Page 28: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

28

FORMATION ET CARRIÈRESINTERVIEW DE BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET, DIRECTEURS ASSOCIÉS DE L’IPSA

J.-P. S.  : Les élèves choisissent-ils dès le début la spécialisation «  Systèmes Aéronautiques  » ou la spécialisation «  Systèmes Spatiaux  », ou bien le cursus est-il le même pour tous ?

B.M. : Les deux premières années constituent le cycle préparatoire au cours duquel les fondamentaux représentent l’essentiel de la formation  ; l’étudiant va également commencer à y aborder les domaines applicatifs  : aéronautique, matériaux, électronique et informatique. La part grande est donnée aux sciences humaines et sociales et des piscines d’anglais permettent de commencer à préparer les étudiants à obtenir le niveau B2 indispensable pour être diplômé. La 3e année, dans laquelle arrivent ceux qui intègrent après le concours CPGE, marque l’entrée dans le cycle ingénieur et comprend à la fois des cours communs mais aussi une première spécialisation vers une filière «  Véhicules  », orientée structures, motorisation  … ou vers une filière « Systèmes » orientée elle vers les systèmes embarqués, la mécatronique et les télécom-munications. Cette première spécialisation est donc enseignée sur les deux derniers mois de la 3ème année du cursus en 5 ans.

La spécialisation à proprement parler commence lors du semestre 8 (2e semestre de 4e année), c’est-à-dire au retour du semestre d’échange dans une université étrangère, en Europe ou à l’International. Précisons que le choix par l’étudiant de son université dépend de sa spécialisation.

J.-P. S.  : Un parcours individualisé est prévu en 4ème et 5ème année pour affiner le choix profession-nel de l’étudiant en lui permettant de s’orienter plus spécialement sur un domaine d’expertise particulier : comment cela se passe-t-il ? B.M. : Dans la poursuite de la première spécialisa-tion de 3ème année, prise en compte pour le choix de l’université partenaire (plus de 40 universités partenaires à la rentrée 2017), le cursus propose au second semestre de 4ème année une grande diversifi-cation à nos étudiants. Ce semestre est orchestré en 3 parties : un tronc commun pour les SHS et les Sciences de l’Entreprise, une spécialisation de filière, Véhicules ou Systèmes, celle choisie dès la 3e année, et enfin le choix d’une option parmi cinq : Mécanique et Structure (MS), Energie et Propulsion (EP), Espace Lanceurs et Satellites (ELS), Systèmes Mécatroniques (SM) et enfin Systèmes Embarqués et Télécommunications.

Les options MS et EP sont uniquement accessibles aux étudiants ayant choisi la filière Véhicules et les options SM et SET à ceux de la filière Systèmes ; en revanche

l’option ELS est possible quelle que soit la filière choisie.

J.-P. S.  : Trois voies d’expertise sont prévues en dernière année  : l’expertise technologique, la double compétence technologique et managériale (IPSA/ISG), le double diplôme à l’international avec une université partenaire. L’élève doit-il choisir une seule d’entre elles ou bien est-il possible de combiner ?

B.M. : Il faut se rappeler que les deux dernières années du cursus de l’IPSA sont celles qui permettent aux étudiants de se projeter dans le monde profession-nel à travers une spécialisation métier, mais aussi via la dimension internationale et les différents stages à réaliser. Or, depuis que l’école a choisi, en 2015, d’inscrire le semestre obligatoire à l’étranger en début de 4ème année, cette spécialisation métier des IPSAliens prend effet dès la fin de cette période et se poursuit lors de leur 5ème année. Depuis ce moment, nous avons réfléchi à la réorganisation de nos filières.

C’est ainsi que nous avons souhaité transformer l’option Management et Logistique Industrielle en une filière à part entière, dotée de deux options distinctes – Management de projets et ingénierie d’affaires et Management de production et maintenance – pour mieux coller aux besoins des sociétés qui embauchent nos étudiants.

Comme son nom l’indique, l’option Management de projets et ingénierie d’affaires concerne davantage la conduite de programme, l’élaboration de business plans, le financement de grands projets, etc. Elle permet également aux IPSAliens de pouvoir enchaîner juste après avec le double-diplôme Master of Business Administration de l’école de commerce ISG. Quant à l’option Management de production et maintenance, elle propose d’utiliser les compétences développées techniquement dans les domaines de la production et de la logistique, sans oublier le maintien en conditions opérationnelles (MCO).Les deux autres filières Conception des Systèmes Aéronautiques (CSA) et Conception des Systèmes Spatiaux (CSS) sont également transformées à l’occasion de cette rentrée. Jusqu’à présent, nous retrouvions dans ces deux filières des options Véhicules et Systèmes. Pour mieux orienter nos ingénieurs vers leurs futurs métiers, nous avons fait le choix de renforcer ces filières par l’ajout d’options spécifiques plus directement orientées métier.

Dans la filière CSA, nous proposons ainsi deux parcours différents liés à l’option Véhicules  : Cellules Aéronau-tiques ainsi qu’Énergétique et Motorisation. Dans

Page 29: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

29

FORMATION ET CARRIÈRESINTERVIEW DE BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET,

DIRECTEURS ASSOCIÉS DE L’IPSA

l’option Systèmes de la filière CSA, nous proposons à présent les parcours Traitement de l’Information Embarquée et Systèmes Aéroportés Autonomes.

Pour la filière CSS, nous avons gardé les mêmes orien-tations, à savoir Spatial Véhicules et Spatial Systèmes, tout en incorporant de nouvelles approches. Dans la première option, l’étudiant travaille essentiellement sur des questions propres aux moteurs et structures de fusées, missiles et satellites. Dans la seconde, il se concentre surtout sur les systèmes embarqués et le pilotage autonome.

Environ 10 % de nos étudiants intercalent entre la fin de ce semestre académique et leur stage de fin d’études un ou plusieurs semestres dans une université partenaire (UK, Chine, USA, Canada et Taïwan notamment) et obtiennent ainsi un double diplôme.

L’école propose donc au total 9 options en plus du cursus international. Accompagnée de matières en tronc commun (enjeux sociétaux, éthique, stratégie d’entreprise, code des marchés, droit des contrats, projet de fin d’études…), cette pluralité de choix place l’étudiant comme l’acteur de sa formation. Les IPSAliens comme les étudiants étrangers qui viennent chez nous via le programme Erasmus bâtissent leur parcours en fonction de leurs besoins et de leurs aspirations profes-sionnelles. On peut même quasiment parler d’ensei-gnement à la carte.

J.-P. S.  : Les 9 mois de stage en entreprise sont-ils inclus dans le cursus d’ingénieur ou viennent-ils en plus ?

S.R. : Trois stages figurent de base sur l’ensemble des 5 années. Un premier stage ouvrier, d’une durée minimale de 1 mois, est obligatoire en fin de 2ème année. Un stage technicien, d’une durée minimale de 2 mois, est à effectuer en fin de 4ème année. Et le dernier semestre est dédié au stage ingénieur de fin d’études qui se termine par la soutenance devant un jury. Remarquons que les étudiants intégrant en 3ème année (Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles et admissions parallèles) ont la possibilité d’effectuer le stage ouvrier à l’issue de celle-ci.

J.-P. S. : Parmi les enseignants, certains sont-ils des professeurs d’université ?

B.M. : Notre corps professoral est composé de professeurs permanents et d’intervenants vacataires. Les professeurs permanents sont des enseignants avec ou sans mission de recherche. Nos enseignants chercheurs, docteurs de l’Université, travaillent en

partenariat avec des laboratoires de recherche des universités, L2S de Centrale-Supélec, Centre de Mathé-matiques Appliquées de l’Ecole Polytechnique, Pprime de l’Université de Poitiers, LIP6 de l’UPMC … ils s’appa-rentent ainsi à des maîtres de conférence de l’univer-sité, certains d’entre eux sont Habilités à Diriger des Recherches (HDR).

Par ailleurs, surtout dans les phases de spécialisation, de nombreux intervenants viennent des entreprises et dispensent leur savoir sur des domaines très spécifiques.

Les projets sur lesquels travaillent nos étudiants sont également encadrés, outre par nos enseignants et nos enseignants chercheurs, par des représentants du monde de l’entreprise.

Pour les matières fondamentales, nous pratiquons également l’enseignement en classes inversées, en « présentiel » et avec l’utilisation de modules interactifs disponibles sur Internet conçus pour permettre l’acqui-sition préalable des notions essentielles des différentes matières concernées.

J.-P. S.  : L’INNOVATION est placée au cœur de la formation : comment menez-vous de front l’acquisi-tion des « fondamentaux » et le développement de l’esprit de création et d’inventivité ? Les laboratoires de recherche pour l’aérospatial sont ils identiques à Paris et à Toulouse ?

S.R. : À la différence de l’acquisition des fondamen-taux, qui peuvent reposer essentiellement sur un travail solitaire, l’esprit d’innovation repose avant tout sur l’échange et le travail d’équipe. Il ne s’agit plus en effet, d’acquérir les connaissances théoriques, figées et livresques, sur lesquelles reposent les fondements des différentes disciplines scientifiques, mais d’être capable de mettre en pratique des idées novatrices avec le souci d’apporter un service nouveau, utile et concret, à de futurs utilisateurs donc à la société.Il n’est donc pas possible d’innover sans un dialogue constant avec les autres permettant d’identifier les progrès souhaitables, voire d’imaginer des besoins nouveaux.

Pour le jeune étudiant qui intègre l’école, qu’il sorte du Lycée ou des classes préparatoires aux grandes écoles, la première étape pour l’amener à être un jour en position d’innover porte sur la culture du travail en équipe. Dans ce cadre, dès la première année post bac, des projets applicatifs qui viennent en soutien de l’apprentissage de la plupart des matières enseignées sont proposés aux étudiants. Ces travaux portent

Page 30: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

30

FORMATION ET CARRIÈRESINTERVIEW DE BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET, DIRECTEURS ASSOCIÉS DE L’IPSA

dans un premier temps sur une seule discipline et ont pour objectif principal de convaincre les étudiants qu’au-delà du dialogue indispensable avec les autres, si un travail individuel permet parfois d’aller plus vite, le travail d’une équipe bien organisée et travaillant dans la confiance réciproque permet toujours d’aller plus loin.

La seconde étape porte sur la prise de conscience du fait que la synergie de plusieurs domaines scienti-fiques est souvent nécessaire à la véritable innovation qui suppose souvent de réaliser plusieurs fonctions complexes simultanément. Un travail comportant plusieurs disciplines est ainsi proposé en fin de seconde année dans le cadre de l’enseignement de Sciences Humaines.

Ce Projet d’Intérêt Général (PIG) a pour finalité de proposer une solution réaliste et concrète pour répondre à un problème de la société contemporaine. On peut citer ici quelques exemples  : « Amélioration du trafic urbain à Cotonou au Bénin », « Avant-projet d’un drone aquatique dépollueur des océans  » ou encore «  Domotique pour contribuer au maintien à domicile des personnes âgées ou dépendantes ».

La troisième et dernière étape, se concrétise enfin par un projet de fin d’études (PFE) réalisé sur les quatrième et cinquième (et dernière) années du cursus, avant le stage en entreprise. La dimension supplémentaire qu’apporte le PFE par rapport au PIG est un approfon-dissement scientifique et technologique. Ce PFE peut prendre deux formes  : il peut s’agir soit d’un travail pluridisciplinaire orienté vers le développement et l’innovation comme par exemple «  La réduction des vibrations et nuisances sonores en aéronautique par l’utilisation de matériaux piézoélectriques, viscoélas-tiques et poreux », ou au contraire de la participation des étudiants à un projet de recherche au champ disci-plinaire moins étendu comme « La factorisation LU de matrices de Birkhoff ».

Les enseignants chercheurs de l’école sont très impliqués dans la conception des sujets de PFE et dans l’initiation des étudiants à la recherche et à l’innova-tion, mais ils interviennent essentiellement sur le cycle ingénieur. Les deux dernières années du cursus se déroulant uniquement à l’IPSA Paris, l’équipe de recherche de l’IPSA est localisée en région parisienne, comme d’ailleurs la plupart des laboratoires de recherche avec lesquels elle travaille (LSS/CNRS-Centrale-Supélec, LIP6/CNRS-UPMC, CMAP/CNRS-X, PPrime Université de Poitiers/ENSMA …). A Toulouse, des enseignants-correspondants recherche assurent le lien pour les étudiants de troisième année et ces

derniers viennent sur Paris pour un séjour recherche dans nos laboratoires.

J.-P. S. : L’ouverture sur l’international est l’une de vos priorités : un enseignement intensif de l’Anglais est-il pratiqué au sein de l’IPSA  ? Certains cours sont-ils dispensés en Anglais ?

B.M. : Comme indiqué plus haut, dès la première année du cycle préparatoire, l’anglais est l’objet d’entrai-nement intensif afin de satisfaire au minimum au niveau B2. C’est ce que nous appelons les « piscines » : pendant une semaine, plusieurs fois dans l’année, les étudiants sont en petit groupe, encadrés par un tuteur anglophone, et l’anglais est la seule langue autorisée tout au long de ces journées. Les progrès sont specta-culaires et les étudiants sont ainsi bien préparés pour leur semestre international.Par ailleurs, les cours de 4ème et de 5ème années sont dispensés en langue anglaise (à l’exception de certains cours comme droit du travail, droit des contrats …) ; c’est bien sûr pour continuer la préparation au monde professionnel de nos futurs diplômés mais cela nous permet également d’accueillir des étudiants étrangers non francophones, Néerlandais, Indiens, Chinois, Coréens, Japonais, Russes, Scandinaves en particulier. Ces échanges permettent aussi de faire rayonner l’excellence de la formation supérieure française !

J.-P. S.  : 100% des étudiants passent au minimum 6 mois à l’étranger  : ces 6 mois se situent-ils à l’intérieur des 3 ans du cursus d’ingénieur ou en plus ?

S.R. : Depuis quelques années, les étudiants doivent effectuer un semestre à l’international, dans une université partenaire. Initialement positionné en semestre S6 (second semestre de 3ème année), ce semestre est désormais positionné en semestre S7 (premier semestre de 4ème année), ce qui permet une meilleure adéquation et une meilleure transition entre le tronc commun et les spécialités.Ce semestre international obligatoire est donc bien inclus dans les 3 ans du cursus ingénieur, mais cela n’empêche pas une trentaine d’étudiants chaque année de faire un cursus double diplôme avec l’une de nos universités partenaires (University of Arizona à Tucson aux USA, National Cheng Kung University à Taïwan, Shenyang Aerospace University en Chine conti-nentale…), ce qui se traduit par le prolongement d’un semestre de leur scolarité.

J.-P. S. : La 3AF figure parmi vos partenaires : quels services attendez-vous plus spécialement de notre Association ?

Page 31: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

31

FORMATION ET CARRIÈRESINTERVIEW DE BERNARD MORETTI ET STEPHANE ROBERDET,

DIRECTEURS ASSOCIÉS DE L’IPSA

B.M. : Nos étudiants sont tous des passionnés qui d’aéronautique, qui du spatial, qui du transport aérien, qui de l’astronomie. Il est donc tout-à-fait logique d’être à la fois membre de la 3AF et son partenaire. Le Comité Jeunes suscite de nombreuses vocations. La représen-tativité de la 3AF est également un gage de qualité pour notre secteur. Les conférences et colloques organisés sont autant d’occasions offertes à nos étudiants de mieux s’intégrer dans la grande famille aéronautique et spatiale. Nous souhaitons également être force de proposition et nous sommes membres du conseil d’administration dans le collège 3 «  enseignement et recherche ».

J.-P. S.  : Quels sont les trois objectifs prioritaires que vous vous apprêtez à fixer à votre management pour l’année 2017 ?

S.R. : L’année universitaire 2016-2017 sera une année très importante pour l’IPSA, car elle marquera la réalisation d’un projet de développement exceptionnel de l’école, lancé en janvier 2014 avec les partenaires industriels de notre conseil de perfectionnement et avalisé par notre conseil d’administration. Celui-ci portait à la fois sur une augmentation des effectifs étudiants, sur une refonte complète des programmes de formation pour mieux les adapter aux besoins des entreprises, mais également sur un plan très ambitieux d’équipement de l’école, à Paris, comme à Toulouse.

Ainsi, sur le plan de l’équipement de l’école, comme nous l’avions fait il y a 2 ans pour notre établissement toulousain, nous venons de déménager notre établis-sement d’Ivry dans des locaux plus spacieux et plus en accord avec les besoins que représente une grande école d’ingénieurs  : augmentation significative du nombre et de la surface de nos laboratoires, amphi-théâtre de 300 places, correspondant à la taille de nos promotions pour les cours magistraux mais également très bien adapté pour l’organisation de conférences, salles de classes claires et fonctionnelles, espaces de détente et de restauration pour les étudiants … Nous allons par conséquent renforcer également nos laboratoires pédagogiques comme nos laboratoires de recherche pour tirer parti de ces nouveaux espaces, ce qui représente un plan d’équipement important à réaliser afin que tous, administratifs, enseignants, chercheurs et étudiants trouvent leurs marques et se sentent chez eux.

Sur le plan de la formation, nous avions l’an dernier effectué pour la première fois en anglais les enseigne-ments de quatrième année  ; c’est cette année le tour de la cinquième année qui voit, de surcroît, augmenter significativement le nombre d’étudiants étrangers

présents à Ivry ; c’est notre deuxième challenge.

Enfin, l’accroissement du nombre des étudiants signifie l’accroissement du nombre de stages à trouver pour et par nos étudiants et, par ailleurs, un besoin supérieur en séjours internationaux  : l’objectif de 50 partena-riats actifs avec des universités étrangères est en train d’être dépassé ce qui était notre troisième challenge aujourd’hui réalisé. ■

Fusée expérimentale réalisée dans le cadre du projet PERSEUS par des IPSAliens des associations Aero IPSA et IPSA Space Systems.

Parcours robotique du laboratoire électronique (assemblé dans le cadre de l’étude des systèmes embarqués et de l’intelligence artificielle)

Simulateur de BOEING 777 entièrement conçu et réalisé par les étudiants de l’association IPSA Flight. Il sera présent sur le stand de l’IPSA au prochain Salon du Bourget

Page 32: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

32

HISTOIREPOUR LE CENTENAIRE DE L’IMFT :UN COLLOQUE DÉDIÉ À UN SIÈCLE DE MÉCANIQUE DES FLUIDES

par Bruno Chanetz, membre émérite 3AF

Les participants au congrès au bord de la Garonne

C’est le privilège des vieilles dames de mentir sur leur âge, mais c’est pour …se vieillir que l’Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse (IMFT), fondé en 1930, fait remonter son histoire à 1913 avec la création d’un Laboratoire d’Hydraulique à Toulouse par Charles Camichel. C’est ainsi un centenaire bien révolu célébré cette année par l’IMFT, qui accueille ses visiteurs avec une large bannière indiquant «  100 ans de bulles, de vagues et pas une ride ».

Pour commémorer cet anniversaire, un colloque inter-national a été organisé par François Charru, dédié à « un siècle de Mécanique des Fluides  1870-1970 ». Ce colloque s’est déroulé du 19 au 21 octobre à l’IMFT et a rassemblé 70 participants, principalement franco-phones et scientifiques, mais aussi des historiens de la science. On notait également la présence de scien-tifiques anglais de grand renom, tels Brian Launder de l’Université de Manchester et Keith Moffatt de l’Univer-sité de Cambridge.

Ce colloque a été l’occasion de voir l’enchaînement des avancées scientifiques dans ce domaine d’une manière plus humaine en s’intéressant aux personnages qui ont écrit cette histoire de la mécanique des fluides avec leurs côtés sympathiques mais aussi avec leurs faiblesses.

Ainsi Michael Eckert du Deutsches Museum à Munich, dans son exposé sur Ludwig Prandtl et la naissance de la mécanique des fluides en Allemagne, a projeté des photographies prises lors d’inaugurations de nouvelles installations à Göttingen en 1934 et 1936 avec grand renfort de drapeaux à croix gammées. Prandtl a d’ailleurs reçu en 1940 la médaille Goethe pour l’art et la science et en 1945 la Croix de Chevalier de la Croix du Mérite de guerre avec glaives, décoration pour laquelle il remercie personnellement Herman Göring dans une lettre datée du 7 mars 1945.

Les deux conférences inaugurales ont ébranlé nos certitudes. Ainsi l’exposé de Olivier Darrigol (SPHERE CNRS) consacré à « Boussinesq et son héritage » nous a appris que Boussinesq n’avait jamais fait une hypothèse de fermeture des équations de la turbulence. Puis Uriel Frisch (Université Côte d’Azur) a consacré sa conférence à « Augustin Cauchy et Herman Hankel, pionniers de la mécanique des fluides  ». Il en ressort que la formule d’Ostrogradsky est en fait due à Hankel et qu’il faudrait un jour que les professeurs d’université fassent un acte de repentance pour avoir propagé auprès de leurs étudiants autant de faussetés.

Un exposé de José Eduardo Wesfreid (ESPCI, Paris) sur Henri Bénard, directeur du laboratoire expéri-mental de l’Institut de Mécanique des Fluides de Paris, faisait une large place aux célèbres allées de Bénard. La visualisation des écoulements fluides, qui a débuté avec Marey et sa machine à fumée, a fait l’objet de sept films pédagogiques par Léon Gaumont. Ces films sur les «  tourbillons cellulaires  » figuraient au catalogue Grand Public dès 1914, ce qui prouve que notre époque n’a rien inventé au niveau de la vulgarisation scienti-fique. Au sujet de ces tourbillons alternés, l’auteur a noté que si l’on évoquait à juste titre les « allées » de Von Kàrmàn, alors on devrait en toute justice parler des « boulevards » de Bénard.

Un intéressant exposé par D. Lo Jacono (IMFT Toulouse) a été consacré aux tourbillons d’Eole à Bénard. Les tourbillons alternés produits en aval des corps soumis à un courant d’air sont la source des sons produits par la « harpe d’Eole », cet instrument de musique, très prisé à la Renaissance. Disposé dans l’entrebâillement d’une fenêtre, il diffusait des sons grâce au vent naturel. Le procédé est bien plus ancien, puisque le souffle de Dieu faisait chanter dans la nuit la harpe de David pour le réveiller. Vers 1840 Wheatstone, l’homme du « pont », grâce à son kaléidophone, parvient à une première visualisation du temps. En 1878, Strouhal, motivé par la harpe d’Eole, mesure la fréquence du son émis par un cylindre de diamètre D mis en rotation à vitesse constante dans un fluide au repos. Il établit une formule donnant la fréquence du son, qui est proportionnelle à la vitesse et inversement proportionnelle au diamètre du cylindre. Ces travaux sont critiqués par Rayleigh, qui propose une formule faisant intervenir l’inverse du nombre de Reynolds, popularisant ainsi ce nombre dès 1892.

Page 33: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

33

HISTOIREPOUR LE CENTENAIRE DE L’IMFT :

UN COLLOQUE DÉDIÉ À UN SIÈCLE DE MÉCANIQUE DES FLUIDES

Un autre exposé de l’IMFT était consacré à l’histoire de la traînée du cylindre. Jacques Magnaudet est parti de la formule donnée par Stokes pour la sphère en 1851, qu’il a échoué à étendre au cylindre. Reprenant le problème en 1889, Whitehead ne trouva pas non plus de solution. Le suédois Karl Wihlelm Oseen s’y consacre également, puis Lamb, Paco Lagerstrom un autre suédois et enfin Philipp Saffman (CALTECH), qui publie en 1965 un article dans le Journal of Fluid Mechanics ( JFM).

Keith Moffat (University of Cambridge) a brossé une très intéressante histoire des débuts de ce journal, le JFM, qu’il a vécu de l’intérieur, ayant été recruté par Batchelor pour être coéditeur de la célèbre revue du Trinity College, dont le premier volume sort en 1956. Moffat a rappelé qu’à l’époque les mathématiques appliquées étaient en Grande Bretagne englobées sous le vocable «  Philosophie Naturelle  » et que les universités d’Oxford et Edinburgh  ont conservé cette « heureuse » dénomination.

Brian Launder (University of Manchester) a présenté une brillante conférence sur Horace Lamb, qui fut avec Reynolds l’un des deux premiers professeurs de mécanique des fluides à l’Université Victoria de Manchester. Pour autant les rapports entre les deux savants n’étaient pas très amènes et lorsque Reynolds soumit un article sur la moyenne de … Reynolds, Rayleigh le fit expertiser à Lamb, lequel en fit une critique acerbe de trois pages, ce qui obligea Reynolds à revoir sa copie en ajoutant quatre pages supplémentaires. Le différend devait être résolu quand Reynolds meurt en 1912 puisque Lamb prononce à son enterrement un fort sympathique discours sur le défunt. Une anecdote rend compte de la difficulté qu’éprouva toute sa vie Lamb vis-à-vis de la turbulence dans les fluides. Dans un discours prononcé en 1932 à la British Association for the Advancement of Sciences, il s’exprime ainsi : « Je suis maintenant un vieil homme, et quand je mourrai et irai au paradis il y a deux sujets sur lesquels j’aimerais bien être éclairé. L’un est l’électrodynamique quantique et l’autre l’écoulement turbulent des fluides. Et à propos du premier je suis plutôt optimiste ». Brian Launder a terminé son exposé en montrant le cratère lunaire de 106 km de diamètre qui porte le nom de ce célèbre mathématicien.

Concernant les écoulements turbulents, une rétros-pective a été faite par François Schmitt (Laboratoire CNRS d’Océanologie et de Géosciences de Wimereux). Du point de vue sémantique, ces écoulements ont été à l’origine qualifiés de « tumultueux », par rapport aux écoulements laminaires, traités de «  direct  », et «  régulier  ». Reynolds en 1884 oppose les troupes qui défilent en ordre (cas laminaire) aux foules (cas

turbulent). C’est en 1887 que Thomson, futur Lord Kelvin, mentionne le mot « turbulent », qui est repris en 1906 par Lamb et en 1907 par Lanchester. Ce mot vient à la fois de turba,ae : foule et de turbi, inis : tourbillon

Rossana Tiazzioli de l’Université de Lille a évoqué «  la contribution de Levi-Cività à l’hydrodynamique et son influence en France ». Professeur à Padoue (1898), puis à Rome (1918), il a établi la théorie du sillage très ingénieuse, mais incomplète car ne concernant que des fluides idéaux. Rome était au début du XXème siècle le troisième pôle de mécanique des fluides après Paris et Göttingen. A Paris, Villat, directeur de l’Institut de mécanique des fluides et professeur à Sup-Aéro est, comme Levi-Cività, un esprit esthétique, qui aimerait résoudre les équations de Navier-Stokes. A défaut il se contente de résolutions simples, mathématiquement rigoureuses, laissant de côté la réalité expérimentale, plus compliquée et mathématiquement moins belle. C’est Villat qui a contribué au procédé de transforma-tion conforme permettant la résolution des problèmes de profil d’aile en les ramenant au cas du cercle. La figure de Joseph Pérès, directeur de l’Institut de Mécanique des Fluides de Marseille, fut également entrevue dans cet exposé.

Claudine Fontanon (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales de Paris) a traité le sujet de l’Institut de Mécanique des Fluides de Paris pendant les années Villat (1928-1940) et de la Mécanique des Fluides à la Sorbonne. L’école parisienne a ainsi accueilli en 1917 Riabouchinsky fondateur de l’Institut de Koutchino en 1909 en Russie. C’est lui qui a fait connaître les travaux de Joukovski en France. Joseph Pérès et Lucien Malavard ont mis au point les analogies rhéo-électriques, permettant la résolution élégante des équations d’Euler et le tracé des lignes de courant autour d’un profil.

Antonieta Demuro (Université de Lille) a fait un exposé sur les recherches sur la turbulence de Joseph Kampé de Fériet à l’Institut de Mécanique des Fluides de Lille. Elle concluait son exposé en citant P. Levy qui écrivait en 1951  : «  Il est très estimé en Amérique mais je me demande si en France on se rend bien compte de sa valeur ».

Gérard Maugin, auteur d’un ouvrage intitulé «  Paul Germain (1920-2009), Savant, Educateur, Académicien, Croyant » devait parler de Paul Germain. En raison de son récent décès, l’attachante figure de Paul Germain a été évoquée avec brio par Pierre-Yves Lagrée (CNRS et Université Pierre et Marie Curie). Un des grands-pères de Paul Germain lui avait dit « ne fais pas de science, tu vas y perdre ton âme ». Celui qui devait devenir secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences fit malgré tout

Page 34: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

34

HISTOIREPOUR LE CENTENAIRE DE L’IMFT :UN COLLOQUE DÉDIÉ À UN SIÈCLE DE MÉCANIQUE DES FLUIDES

l’Ecole Normale Supérieure et réalisa à l’ONERA – dont il devait devenir le Directeur Général - un doctorat sur les écoulements supersoniques sous la direction de Joseph Pérès. Cette grande figure de la mécanique des fluides a - tout comme Reynolds avec Lamb – été exposé aux dures lois de l’expertise par ses pairs, en l’occurrence Henri Cartan : « j’ai lu votre dernière note aux Comptes Rendus. Je me demande à quoi ça sert.». A la fin de sa vie, se rappelant la mise en garde de son grand-père, Paul Germain écrivit un ouvrage intitulé «  mémoires d’un scientifique chrétien ». Pierre-Yves Lagrée a prononcé une autre conférence avec comme trame l’histoire de la couche limite et de la théorie de la triple couche.

Pierre-Eric Mounier-Kuhn (Université Paris Sorbonne) a brossé une histoire de la politique scientifique en mécanique des fluides de 1924 à 1964 et son intégration dans un réseau transatlantique. Il a rappelé que dès 1910 une chaire d’aviation avait été créée à la Sorbonne grâce au marchand de canons Basil Zaharoff, qui apparait aussi dans Tintin et l’Oreille cassée. Ce mécène sulfureux avait également fondé deux autres chaires à Göttingen et à Londres. Le cas de la mécanique des fluides offre l’exemple très précoce d’une véritable politique scientifique. Grâce à Von Kàrmàn, qui avait été formé par Prandtl à Göttingen, la mécanique des fluides est importée au Guggenheim Aeronautical Laboratory at the California Institute of Technology (GALCIT). Von Kàrmàn crée ensuite au sein de l’OTAN un réseau inter-national : Advisory Group for Aerospace Research and Development (AGARD).

Bruno Chanetz (ONERA) a retracé l’histoire des souffleries depuis Gustave Eiffel en débutant par une controverse entre Eiffel et Prandtl. Les mesures de coefficient de traînée effectuées par Eiffel dans sa soufflerie du Champ-de-Mars avant 1911 sur des sphères à des vitesses de 15 m/s étaient inférieures de moitié à celles trouvées pour des vitesses plus faibles par le professeur August Föppl du laboratoire de Göttingen, dirigé par Prandtl. Föppl n’hésita pas à écrire que le Français avait dû commettre une erreur de calcul. En 1912, Eiffel reprenant dans sa nouvelle soufflerie d’Auteuil les essais avec des sphères de différents diamètres, découvre que pour chaque sphère, il y a deux régimes d’écoulement de l’air : l’un aux basses vitesses correspondant au coefficient trouvé à Göttingen (décollement de la couche limite en régime laminaire) et l’autre, aux plus fortes vitesses, correspondant au coefficient trouvé au Champ-de-Mars (décollement de la couche limite en régime turbulent), le changement de régime laminaire/turbulent se faisant toujours pour la même valeur du produit vitesse × diamètre. Ainsi, l’étude expérimentale des sphères réalisée au Laboratoire d’Auteuil fut une des premières qui mit en

évidence le rôle important du nombre de Reynolds en aérodynamique. Une large part de la conférence a été consacrée à la Grande Soufflerie sonique de l’ONERA à Modane. Cette soufflerie d’une puissance 88 MW, fut une prise de guerre sur les Allemands en 1945. Lucien Malavard participa à la mission scientifique envoyée en Autriche afin de décider du rapatriement en France de cette extraordinaire installation. Elle constitue toujours une soufflerie stratégique pour la France. Cet exposé sur les souffleries, fut complété par la projection de la première époque du film de Jean Tensi (ENSMA Poitiers) : Des cathédrales pour le vent.

L’hydraulique a été à l’honneur au cours du colloque, avec la conférence de Pierre-Louis Viollet sur l’histoire des turbines, mais aussi celle de Charles Obled « aperçus sur l’histoire de l’hydraulique grenobloise au XXème siècle ». Mais nous avons également remonté le temps avec l’hydraulique dans l’antiquité grâce à une conférence «  La mécanique des fluides au service de l’archéologie » par Didier Viviers de l’Université Libre de Bruxelles. Des ouvrages d’art antiques, tels le triple siphon de l’aqueduc d’Aspendos, la nymphée dans la ville d’Apamée et le canal avec obstacle au centre de la rue principale à Pergé, jusque-là seulement étudiés par les observations de terrain et par les textes, ont ainsi fait l’objet de compléments d’analyse en résolvant des équations issues de la dynamique des fluides appliquées à ces vestiges.

François Charru, à qui revient le mérite d’avoir organisé cet original colloque, a donné une fort intéressante conférence  : « Une histoire de l’Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse ». Il a évoqué l’Institut Electro-nique fondé à Toulouse en 1907 par Charles Camichel, en liaison avec les compagnies de chemin de fer édifiant des barrages pour produire l’électricité nécessaire à leurs locomotives. C’est au sein de cet institut que le Laboratoire d’Hydraulique est fondé en 1913 et confié à Charles Camichel. En 1930, devenu IMFT, l’Institut se consacre à l’hydraulique et à l’aérodynamique. A partir de 1941, Léopold Escande succède à Charles Camichel pendant 29 ans. Pour en savoir plus sur l’IMFT, on lira avec plaisir le passionnant livre « L’Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse : 100 ans de recherches », paru aux éditions du CNRS sous la direction de François Charru. Chaque participant du colloque a reçu en cadeau ce magnifique ouvrage commercialisé par le CNRS. Pour approfondir les autres sujets évoqués lors de ce colloque, les lecteurs devront attendre la parution d’un numéro spécial des «  Comptes Rendus de l’Académie des Sciences  », puisque les articles fournis par les présentateurs feront l’objet d’un recueil spécifique de la revue. ■

Page 35: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

Livre vendu au prix de 29 € (s’adresser à [email protected])

IN MEMORIAMHOMMAGE À CHRISTIAN CORNUAULTpar Yves Martin-Siegfried (Dassault Aviation)

Christian Cornuault nous a quittés le 23 août 2016 à 59  ans après un long combat courageux contre la maladie.

Né le 14 novembre 1956 à Saigon, il sort diplômé de l’Ecole Centrale de Paris en 1980. Il effectue son stage de fin d’études et toute sa carrière au Bureau de Calculs au sein de la Direction Générale Technique de Dassault Aviation où il y devient Expert Senior.Il est un contributeur majeur à la suite ELFINI créée par Christian Petiau en 1970 et, en particulier, le fondateur de la branche « Non-Linéaire ».

Ses nombreux développements comprennent :• le flambage et post-flambage des structures composites par méthode de line-search exact;• la visco-élasto-plasticité des structures métalliques par une technique originale d’optimisation avec line-search exact; • les coques épaisses;• les grandes rotations;• la modélisation du choc à l’oiseau.

Il est un brillant mécanicien et numéricien aux nombreux développements originaux. Il est aussi un brillant ingénieur dans l’application des outils performants qu’il a créés, la conduite d’essais et la conception de nos avions. C’est un fin pédagogue qui a formé de nombreux jeunes ingénieurs au Bureau de Calculs. Il est apprécié par tous.Il participe à la conception de nombreux avions de la société  : Mirage 2000, Rafale A, Rafale Marine et Air, navette Hermès, Falcon 900, 2000 et 7X.Il enseigne à l’ENSTA-ParisTech, l’IUT de Ville-d’Avray, le Pôle Léonard de Vinci, EUROSAE et l’ECP. Il participe à la formation ELFINI des ingénieurs indiens dans le cadre de la conception d’un Light Combat Aircraft et des ingénieurs de Boeing dans le cadre de la conception du 777. Il publie de nombreux articles.Expert émérite en résistance des matériaux, il était membre de la Commission Technique Structure de la 3AF. ■

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

35

HISTOIREPOUR LE CENTENAIRE DE L’IMFT :

UN COLLOQUE DÉDIÉ À UN SIÈCLE DE MÉCANIQUE DES FLUIDES

L’Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse a cent ans. Ce livre, issu d’un travail collectif, en retrace l’histoire depuis la création par Charles Camichel, en 1913, d’un Laboratoire d’Hydraulique au sein du nouvel Institut Électrotech-nique de Toulouse. Il s’agit alors pour l’Université et la Municipa-lité de développer conjointement recherche, formation et dévelop-pement économique, autour de l’industrie naissante de l’hydroé-lectricité. Ce contexte permet à Camichel d’initier de remarquables travaux de mécanique des fluides, notamment sur les tourbillons. Une nouvelle page s’ouvre en 1930 avec la création d’un Institut de Mécanique des Fluides, par le Ministère de l’Air, et la construction d’une soufflerie aérodynamique.

Dans l’après-guerre et jusqu’aux années 1960, l’hydraulique domine l’activité du laboratoire et fait sa réputation, sous la direction de Léopold Escande. En 1966, l’IMFT devient Laboratoire Associé au CNRS. Une nouvelle génération de chercheurs émerge. Les thématiques et les partena-riats industriels et académiques se diversifient, le questionne-ment scientifique s’approfon-dit, le rayonnement internatio-nal s’affirme. Dans les années 2000, l’IMFT, qui compte plus de 200 personnes, poursuit le mouvement notamment vers l’écologie, les énergies renouve-lables et la mécanique du vivant, toujours fortement lié aux dépar-tements d’enseignement. ■

Sous la direction de

François Charru

CNRS ÉDITIONS

L’Institut de Mécanique des Fluides de Toulouse

100 ans de recherches

Page 36: NUMÉRO 23 JANVIER - FÉVRIER 2017 LETTRE 3AF · Elisabeth Dallo Jean Délery Pierre Froment Paul Kuentzmann Jean Tensi Jean-Yves Guedou Anne Venables CONCEPTION GRAPHIQUE ICI LA

LETTRE 3AF NUMÉRO 23 / JANVIER - FÉVRIER 2017

36

PARMI LES PROCHAINS ÉVÉNEMENTS

MARS

JUIN

JUIN

OCTOBRE

AVRIL

52ND INTERNATIONAL CONFERENCE ON APPLIED AERODYNAMICS27, 28 et 29 mars 2017 à Lyon, École Centrale de Lyon (ECL)http://3af-aerodynamics2017.com/

ETTC’17 - CONFÉRENCE EUROPÉENNE DES ESSAIS ET TÉLÉMESURE13 et 15 juin 2017 à Toulousehttps://www.see.asso.fr/manifestation/17062_ettc-2017

12th INTERNATIONAL CONFERENCE ON INTEGRATED AIR AND MISSILE DEFENCE27, 28 et 29 juin 2017 à Stockholm (Suède)http://3af-integratedairmissiledefence.com

3ème PROPRIÉTÉ INTELLECTUELLE ET INNOVATION11 et 12 octobre 2017 à Strasbourg, CCI Alsace Eurométropolehttp://www.p2i2017.com

LES ENTRETIENS DE TOULOUSE19 et 20 avril 2017 à Toulousehttp://entretiensdetoulouse2017.com/