Presses Universitaires du Mirail

Alejandro LOSADA 1936-1985Author(s): Jean ANDREU, Georges BAUDOT, Maurice FRAYSSE and Eva MONTOYASource: Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 44, Numéro consacré à la Bolivie(1985), pp. 219-220Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851298 .

Accessed: 18/06/2014 07:09

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Alejandro LOSADA 1936-1985

Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler et ce n'est pas le silence,

René Char

Le matin du 19 janvier 1985, un avion tombe à la Havane et un ami nous quitte. Il était né à Córdoba d'Argentine, mais c'est au Pérou qu'il avait découvert l'Amérique. Puis il était venu en Europe, au contact de cet « horizon culturel dominé par des facteurs histori- ques » qui n'étaient pas les siens mais qui avaient si fortement mar- qué le monde américain dans les derniers siècles.

L'écart entre la réalité profonde américaine et l'image qu'on en donnait par ailleurs l'intriguait, de même que les rapports entre les cultures dominantes et les contre-cultures populaires et politisées. Il y avait là un problème et il n'était pas simple. Contre les simplifica- tions et les réductions hâtives, s'imposait l'urgence de « dar razón de un mayor nivel de complejidad del fenómeno, articularlo a la socie- dad, interpretarlo como un fenómeno latinoamericano. » C'est ainsi qu'il rêva à Berlin, où il menait de front l'enseignement et la recher- che, d'une vaste Histoire sociale de la littérature d'Amérique Latine qui dirait les soumissions et les révoltes, les adhésions et les refus, les élans et les contradictions qui ont donné naissance, là-bas, à des œuvres littéraires que nous aimons ou qui simplement nous impor- tent.

Ce rêve, ce projet considérable est la tâche qu'il proposait en priorité à la « Asociación de Estudios de Literaturas y Sociedades de América Latina » (AELSAL) que nous avions fondée à quelques-uns

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220 CM.H.L.B. Caravelle

dans le soleil de Travers (Suisse), au printemps de 1982, et dont il était le Président. Ses dernières publications, dont un article dans le numéro 42 de Caravelle, montrent clairement l'originalité d'une démarche, que nous partagions et discutions, pour approcher sous un angle nouveau le fait littéraire latino-américain.

Il y a quelques semaines, il partait à La Havane, à Managua, à Mexi- co présenter aux principaux intéressés les premiers résultats d'une recherche portant sur le monde caraïbe. C'est là qu'énigmatiquement il a rencontré la mort.

Faut-il encore ajouter que s'il avait su nous réunir si aisément autour d'un projet intellectuel, c'est parce qu'il apportait aussi à cha- cun d'entre nous une attention, une générosité, une amitié de tous les instants. C'est pourquoi, aujourd'hui qu'il n'est plus, il vit dans notre admiration et notre affection mêlées.

Jean ANDREU, Georges BAUDOT, Maurice FRAYSSE, Eva MONTOYA.

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