O Noua Lucrare a Lui Th Mp

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  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

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    E. Amann

    Un nouvel ouvrage de Thodore de MopsuesteIn: Revue des Sciences Religieuses, tome 20, fascicule 3-4, 1940. pp. 491-528.

    Citer ce document / Cite this document :

    Amann E. Un nouvel ouvrage de Thodore de Mopsueste. In: Revue des Sciences Religieuses, tome 20, fascicule 3-4, 1940.

    pp. 491-528.

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rscir_0035-2217_1940_num_20_3_3979

    http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rscir_109http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rscir_0035-2217_1940_num_20_3_3979http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rscir_0035-2217_1940_num_20_3_3979http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/author/auteur_rscir_109
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    M

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE

    LITTRATURE CHRTIENNE

    Un

    nouvel

    ouvrage

    de f hodore de IVlopsueste

    Les unes

    aprs les

    autres

    sortent

    de l'ombre o

    les avait relgues

    la haine de Justinien et de son monde, des uvres capitales du trs

    grand

    thologien

    et du trs grand exgte

    que

    fut Thodore de

    Mopsueste.

    Retrouv

    en

    une traduction syriaque, son commentaire

    sur l'vangile de saint Jean a t

    publi,

    ds

    1897, par M.

    Chabot

    et

    l'on

    attend, non sans impatience, l'dition avec

    traduction

    latine

    de

    cet

    ouvrage magistral

    que

    promet

    depuis longtemps

    le

    R.

    P.

    Vbst.

    Plus importante peut-tre fut la publication en 1933, par M. Mingana,

    de la srie des catchses

    ante

    et post-baptismales, dont nous

    avons

    entretenu les

    lecteurs

    de la Revue (1). Cet

    ouvrage,

    fruit

    de

    la

    maturit

    du

    grand vque, permet, nous l'avons

    dit,

    de se faire de

    la ohristologie

    de

    celui-ci

    une

    image

    assez diffrente de

    celle

    que

    l'on

    a essay pendant

    des

    sicles

    d'en

    donner,

    en mettant bout bout ;

    des lambeaux de textes dcoups

    dans

    ses ceuvres

    par

    des gens qui

    ne lui

    voulaient

    pas

    de

    bien.

    Il

    faut

    assurment

    regretter que les

    critiques

    n'aient

    eu connaissance du

    fameux

    trait De incarnatione,

    retrouv

    par Mgr

    Adda Scheer, que

    pour apprendre,

    trs peu aprs,

    la

    disparition

    de

    l'inestimable

    manuserit

    qui le

    contenait

    en

    mme

    temps que

    la mort tragique

    de son

    dtenteur. Cette

    perte

    est-elle

    irrparable 1 On

    voudrait bien

    conserver ce sujet quelques espoirs.

    Pour l'instant nanmoins

    il faut renoncer l'ide d'exprimer,

    dans

    les termes

    mmes o le fit

    l'Interprte , la

    doctrine 'de licole

    antiochienne concernant

    l'incarnation. Mais voici que vient de paratre

    (1) Cf..

    Revue, aime

    1934. p. 161 et sq.

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    .

    A-MANN

    un gros ouvrage qui

    donnera

    des premiers essais

    d'exgse

    de Thodore

    une notion

    autrement claire que

    toutes

    celles

    o

    nous nous arrtions

    jusqu'ici

    (1).

    Mgr

    R.

    Devreesse,

    scriptor

    la Bibliothque

    vaticane

    a rassembl

    dans

    ce

    gros volume de prs de 600 pages

    les

    rsultats

    d'un labeur

    prolong,

    dont

    ses

    multiples articles

    dans la Bvue

    'biblique et son

    admirable travail

    sur

    les Chanes exgtiques

    grecques,

    dans le

    Supplment

    au

    Dictionnaire de la

    Bible

    (2) peuvent

    donner

    quelque

    ide.

    Ce

    livre

    compact

    restitue une bonne

    moiti du

    commentaire sur

    les

    Psaumes, auquel

    le futur vque

    de Mopsueste avait consacr, presque

    au

    sortir

    de l'cole,

    sa juvnile

    activit.

    Pour

    juger

    de l'importance

    de cette publication il suffit de lui comparer les

    maigres colonnes

    de

    la Patrologie

    grecque (3)

    o

    l'on avait

    recueilli,

    la suite

    de

    Fritzsehe,

    les

    glanures

    du

    commentaire

    de

    Thodore

    recueillies*

    dans

    les

    chanes.

    Encore

    de

    ce total

    conviendrait-il de retrancher un bon

    tiers d'

    exgses

    qui doivent tre rendus

    Thodoret et

    d'autres

    commentateurs

    (4).

    A

    la

    vrit,

    Mgr

    Devreesse a

    largement

    bnfici du travail de

    plusieurs

    critiques

    antrieurs.

    A premier examen

    son

    livre

    se compose

    de deux

    parties

    dont

    la premire

    reproduit,

    en la doublant

    et

    l

    de quelques bribes de grec, une

    traduction

    latine du

    commentaire

    (5),

    tandis que la

    seconde restitue

    le

    texte

    grec

    lui-mme (6). Le

    texte

    latin en question tait connu depuis la publication qu'en avait faite

    G.

    L.

    Ascoli,

    en

    1878

    (7). S il

    n'avait

    pas

    t

    publi

    intgralement,

    'le

    texte

    grec

    avait

    t

    signal ds

    1902, par

    H. Lietzmann (8) ; il

    s'agissait

    avant tout d'en

    donner une

    dition exacte, comme

    aussi

    (1) Robert

    Devreesse,

    Le commentaire de Thodore de

    Mopsueste

    sur

    les

    Psaumes.

    Citt

    del Vaticano,

    Biblioteca

    apostolica vaticana,

    1939,

    fasc.

    93

    de la collection

    Studi et TestL

    (2) T. I, 1928, col. 1084-1233.

    (3) P. G., t. LXVI,

    col. 648-696,

    texte grec

    doubl d'une

    traduction

    Jatine, soit

    24

    colonnes de

    texte

    grec.

    (4)

    Of. R.

    Devbeesse,

    Le commentaire de Thodore de Mopsueste sur

    les Psaumes, dans Revue

    biblique, 1928,

    p.

    347-349.

    (5)

    P.

    1-141, donnant le commentaire

    de

    Ps.

    I-XXXI

    (citations

    toujours

    faites

    d'aprs

    la

    numrotation

    des

    LXX et

    de

    la

    Vulgate).

    (6) P.

    142-561, commentaire de

    Ps. XXXII-LXXX. A

    partir de ce

    dernier

    psaume,

    les

    ressources textuelles ne

    permettent plus

    de

    prolonger

    l'dition.

    (7) G. I. Ascoli,

    II

    codice irlandese delV Ambrosiana

    edito

    e

    illustrato,

    Rome, 1878. Ce n'tait

    d'ailleurs pas le point

    de

    vue

    exgtique

    qui

    avait

    l'ctenu

    l'attention de l'diteur.

    Le

    ms. publi par lui tait rempli dans

    les interlignes et les marges

    de gloses

    irlandaises. Celles-ci

    ont fait

    l'objet,

    ultrieurement,

    d'une

    publication

    part.

    (8) Der Psalmencommentar Theodors

    von

    Mopsustia, dans

    les

    Sitzungs-

    lerichte

    de

    l'Acadmie

    des

    sciences

    de Berlin, 1902,

    p.

    334-346,

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    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE LITTRATURE

    CHRETIENNE

    493

    de reprendre, nouveaux frais, la publication des passages fournis

    antrieurement

    par

    les

    compilateurs de

    chanes. Le

    nouvel

    diteur

    s'est

    fort

    consciencieusement

    acquitt

    de

    sa

    tche;

    un

    simple coup

    d'iil dans le volume

    permet

    de

    voir

    immdiatement la provenance du

    texte

    qui est

    donn, un examen

    plus

    attentif rvle

    toutes les res-,

    sourees qui sont

    mises

    la disposition du lecteur

    pour

    clairer sa

    religion.

    Car

    nous

    n'avons

    pas affaire ici avec

    la

    publication d'un texte

    intgral de Thodore qui se

    lirait

    de

    bout-en-bout soit dans

    sa

    rdaction

    grecque primitive, soit dans une

    vieille version latine.

    Sauf

    pour

    le commentaire des psaumes XLIII-XLIX dont nous avons,

    par un heureux hasard, une exgse continue, nous ne lisons, somme

    toute, que

    des

    extraits plus

    ou

    moins copieux, plus ou moins suivis,

    au

    travail

    sorti

    de

    la

    plume

    de

    Thodore ou

    de

    son traducteur.

    L'uvre primitive

    s'est

    trouve

    monnaye par

    les

    auteurs

    de

    chanes (1), qui n'ont relev dans celle-ci que ce qui allait leur

    propos. Mais l'on sait les multiples difficults auxquelles se heurte

    un diteur quand

    il

    s'agit

    d'identifier

    les

    fragments

    fournis

    par un

    catniste. Outre que certains d'entrs eux sont anonymes, l'exactitude

    du lemme qui annonce les autres peut trs souvent tre suspecte.

    Qui nous garantira que

    tel texte

    donn comme de Thodore n'est

    pas

    de

    Thodoret, voire de Chrysostome

    ou de Cyrille

    d'Alexandrie

    %

    Quand

    on

    ralise les chances d'erreurs,

    on

    se prend

    parfois

    douter

    qu'il

    soit

    possible

    d'difier sur

    les

    textes

    fournis

    par

    les

    chanes

    une tude ayant quelque

    garantie

    d'exactitude.

    Et

    pourtant,

    quand on

    s'est rendu compte

    du

    procd suivi par

    Mgr

    Devreesse, on

    arrive

    la

    conviction que

    l'on

    peut, dans l'immense

    majorit des cas, faire confiance

    l'diteur et que nous lisons

    bien

    ici l'uvre

    de

    l'Interprte , sinon

    toujours

    dans

    sa

    rdaction

    continue, du

    moins

    en des

    extraits fidles;

    on se

    persuade

    ds lors

    qu'il

    sera possible

    de faire usage, sans arrire-pense,

    des

    matriaux

    ici rassembls pour reconstruire la pense de Thodore.

    Commenons par

    le texte grec, qui

    occupe,

    nous l'avons

    dit,

    les

    deux

    derniers tiers du volume.

    A

    la

    p.

    142

    (dbut

    du

    Ps.

    XXXII)

    noussommes avertis

    tant

    par

    une note insre

    au

    bas

    de

    la

    page, que

    par

    le

    sigle C

    qui apparat

    dsormais dans

    la

    marge

    extrieure

    et

    qui se

    poursuivra jusqu la p.

    401,

    que le texte des

    fragments donns

    est

    emprunt au

    ms. Coislin grec

    12,

    sur

    lequel

    la

    prface

    du volume

    (1) Pouf bien entendre

    ce que sont

    les chanes et

    la difficult de

    dmontrer

    l'authenticit des passages

    donns comme

    de tel auteur, se reporter

    l'article

    du

    Supplment au Dictionnaire

    de la

    Bible signal plus haut.

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    .

    AMANN

    nous renseigne abondamment (1). C'est une chane

    deux

    ou trois

    auteurs (2),

    dans

    laquelle

    le

    eatniste

    fait alterner,

    pour l'explication

    de chaque verset des psaumes, d'abord Athanase,

    Basile

    et Jean

    Chrysostome.

    Quand

    il

    arrive

    au

    psaume

    XXXII,

    ayant dcouvert

    sans doute un manuscrit d'un des plus

    clbres

    commentateurs du

    psautier,

    notre

    Thodore, l'auteur de la chane emprunte frquemment

    au nouveau venu des

    explications

    complmentaires. Du ps. XXXIV

    au

    ps.

    XLII ce sont exclusivement Athanase et Thodore

    qui

    se

    relaient pour

    expliquer le texte

    sacr ; il en

    sera

    peu prs de

    mme

    pour

    l'exgse

    des psaumes L-LX. Un hasard

    tout

    fait inattendu

    fera

    de

    plus que, du

    ps.

    XLIII

    au ps.

    XLIX,, le

    catniste

    nous livre,

    non plus des

    fragments

    de Thodore, mais un

    expos

    continu (3).

    Au dbut du

    ps. XLIII,

    en effet,

    une

    note du

    scribe

    nous prvient

    qu'il

    n'avait

    pu

    d'abord

    mettre la

    main

    sur

    les

    exgses

    de Thodore

    relatives

    aux psaumes

    XLIII

    -

    XLIX. Les

    ayant dcouvertes

    plus tard

    il trouva

    plus commode,

    au

    lieu de les intercaler entre les extraits

    d' Athanase et de Chrysostome, dj arrangs, de les

    donner

    la

    file

    i(4). Cette note lve tous les

    doutes

    sur

    l'authenticit

    du

    commentaire des sept psaumes en question; et voici restitus, dans leur

    intgrit primitive,

    de

    trs beaux dveloppements

    dont

    quelques uns

    de capitale importance.

    Il

    est

    peine

    besoin de faire remarquer les

    garanties d'authenticit que tout

    ceci

    apporte

    aussi bien

    pour

    cette

    srie

    limite,

    que

    pour

    l'ensemble des

    textes fournis

    par le

    Coiin

    12.

    . II est

    bien

    regrettable

    que

    ce

    manuscrit, fort mutil

    dans sa

    dernire

    partie, ne dpasse gure

    le

    commentaire

    du

    ps.

    LX. A

    partir de

    ce

    moment, il

    peut tre

    suppl

    par un

    groupe

    de manuscrits

    qui

    avaient dj

    fourni

    quelque

    appoint pour

    la

    reconstruction

    du

    commentaire grec

    des

    trente

    premiers

    psaumes,

    qui

    avaient dj

    t

    exploits

    par

    les

    prcdents

    diteurs et qui fournissent pour la srie des

    psaumes

    LXI -

    LXXX

    une contribution importante. Il

    s'agit

    surtout

    du

    Parisinus

    graecus

    139 et

    du

    Vaticanus

    graecus

    1682-3 dont

    Mgr

    Devreesse a essay,

    avec

    beaucoup de bonheur, d'expliquer la gense.

    (1) P.

    XI-XV.

    (2) En

    de telles chanes

    le risque

    de

    confusion

    entre

    les divers

    auteurs

    est

    rduit

    au minimum

    ;

    il est facile de le comprendre.

    (3)

    Parmi les psaumes ainsi traits figure

    donc

    le

    Ps.

    XLIV nous

    signalerons

    plus

    loin son importance. C'en est donc fait des

    doutes

    que

    certains avaient exprims sur l'authenticit thodorienne des exgses

    de

    ce

    psaume.

    (4) Le ms. contient donc deux commentaires successifs

    de la

    srie

    de

    psaumes

    XLIII

    XLIX :

    celui de

    Thodore, qui est continu, et celui qui

    est fait

    par

    alternance

    d'exgses d'Atbanase et

    de

    Chrysostome,

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    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE

    LITTERATURE

    CHRETIENNE

    495

    Ces

    manuscrits

    driveraient d'une

    autre

    srie

    qui reprsenterait

    mieux

    qu'aucun

    des mss

    connus

    le travail

    sinon

    de Procope de Gaza,

    au

    moins

    de

    son

    cole

    (1).

    Dans

    cette

    srie primitive

    o l'on trouvait

    des

    textes d'Origne, d'Eusbe, de Thodoret, de Didyme,

    d'Apollinaire,

    de Cyrille, figuraient trs peu

    d'extraits

    de Thodore.

    Des

    catnistes

    postrieurs ont voulu

    combler

    cette

    lacune,

    en" ajoutant, aux

    fragments antrieurement transcrits des textes d'autres Pres, en

    particulier

    des

    passages de

    Thodore,

    de Diodore, d'Athanase.

    Pour

    ne

    pas

    augmenter dmesurment

    le

    volume de telles compilations, ils

    se

    mirent

    rsumer les exgses des auteurs antrieurement

    rassembls,

    y ajoutant ensuite de longs extraits, fournis

    souvent

    par la

    tradition

    directe,

    pour

    Thodore-,

    Athanase,

    Diodore,

    qui

    se

    trouvrent

    ainsi particulirement bien

    traits

    (2).

    Le

    Parisinus

    graecus

    139

    et

    le Vaticanus graecus 1682-3, qui sont de ce dernier type, sont

    donc

    susceptibles de fournir un appoint considrable pour les psaumes

    LXI-LXXX;

    on

    retrouvera leurs

    sigles, P

    et

    Y,

    au bas de bien des

    pages de la prsente dition, partir de la p. 401. Ils ne sont

    pas

    d'ailleurs

    les

    seuls, et

    il

    faut

    tout spcialement tenir

    compte d'un

    autre

    ms, le

    Vaticanus graecus 1422, qui reprsente un stade plus

    avanc

    de la rdaction des chanes

    sur les

    Psaumes,

    Avec ce

    manuscrit,

    nous

    arrivons au

    moment

    o

    les

    catnistes exploitent une

    masse

    de

    nouveaux interprtes,

    en

    sorte

    que

    le nombre

    des

    commentateurs cits

    atteint

    la

    trentaine.

    Dans

    ce

    fouillis

    de

    nouvelles gloses

    il

    s'en

    est

    introduit

    un certain

    nombre en provenance

    de Thodore

    qui

    n'avaient

    pas

    encore t mises en circulation.

    L apport

    fourni par ces diverses

    sries

    de chanes n'est point ngligeable; en fin de compte,

    bien

    que

    le

    commentaire

    fourni

    par Mgr Devreesse pour

    la srie des psaumes

    LXI

    LXXX soit

    loin d'tre aussi

    toff que

    celui

    qui est

    donn

    des

    psaumes XXXII

    LX,

    il

    n'en forme pas moins

    un

    texte

    sensiblement continu. A peu

    prs

    chaque verset se trouve

    comment,

    encore

    qu'en abrg,

    et surtout

    les arguments des psaumes, qui

    ont

    tant d'importance

    pour une juste comprhension

    de la

    pense

    de

    Thodore,

    sont d'ordinaire conservs dans leur

    intgralit.

    Pour

    ne point

    surcharger

    notre

    expos, nous

    ne

    signalerons

    que

    pour

    mmoire

    les

    autres

    mss grecs

    de

    chanes

    auxquels ont

    t

    emprunts

    1)

    Aux

    dernires annes du Ve sicle et au dbut du VIe, Procope

    est,

    Gaza, le plus illustre reprsentant de la

    deuxime

    sophistique

    christianise. Sur

    ses travaux

    exgtiques,

    qui

    semblent tre au

    point

    de

    dpart de

    l'activit

    des catnistes,

    voir

    l'art. Chanes exgtiques, col.

    1087-1088.

    (2) Sur ce dveloppement progressif des chanes sur

    les Psaumes,

    par

    introduction

    continue

    de

    nouveaux commentateurs, voir

    le mme

    article,

    col.

    1110

    sq.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    7/39

    496

    .

    AMANN"

    de ci de l quelques exgses inconnues

    par

    ailleurs, mais qui

    sont surtout importantes en

    ce

    qu'elles confirment, quand

    elles

    se

    rencontrent

    avec

    ceux-ci,

    l'authenticit

    des extraits

    provenant

    des

    manuscrits principaux.

    En

    rsum le Coilin 12, bon type de chane

    deux ou trois auteurs, a fourni la partie centrale

    du

    volume, celle

    qui se trouve tre

    de beaucoup

    la plus importante; les mss Pari-

    sinus graeeus

    139 et Vaticanus graecus 1628-3,

    supplent

    le

    codex

    prcdent au moment o il commence tre dficient; d'autres mss

    permettent soit

    de supplmenter,

    soit

    de

    doubler

    de

    certains

    moments tous ces textes grecs.

    Si l'on

    y

    ajoute l'appoint

    que fournit

    la chane publie par

    B.

    Cordier au

    XVIIe sicle

    sous

    le

    nom Ex-

    positio Patrwm

    graecorum

    in Psal/mos

    (1),

    on se trouve

    devant un

    matriel relativement considrable,

    dont les

    diverses

    parties

    se

    garantissent

    les

    unes

    les

    autres.

    La

    prsente

    dition

    permet de retrouver

    sans aucune peine les endroits

    o

    se rencontrent

    soit

    indits,

    soit

    publis,

    les

    passages

    parallles celui que

    donne

    le corps mme

    du

    texte.

    Quand on lit ce

    texte

    grec d'affile

    et ce

    n'est

    point chose

    pnible,

    tant

    l'ensemble est

    intressant

    on

    ne peut qu'tre frapp

    par une

    homognit

    qui est un

    critre

    sr d'authenticit.

    Ce

    n'est

    pas

    seulement

    dans

    les arguments conservs en tte de chaque

    psaume que cette

    ressemblance

    se peroit ;

    dans

    ce

    cas

    elle est au

    maximum et il est impossible de concevoir le moindre doute sur

    l'unit

    d'auteur.

    Cette

    ressemblance

    est

    encore

    sensible

    dans

    l explication mme du texte

    sacr, qu'il

    s'agisse,

    comme

    dans le

    Coislin 12,

    de

    dveloppements

    assez copieux,

    ou,

    comme il arrive

    souvent dans

    les

    autres

    manuscrits, de

    simples notes, rsultant

    du travail

    d abrviation

    fait

    par le

    catniste.

    Nous nous en rendrons mieux

    compte

    en tudiant le contenu

    (mme

    du

    commentaire.

    Le seul

    regret

    qu il

    soit permis

    d'exprimer c'est

    que

    les

    lacunes de

    la

    tradition

    manuscrite

    ne

    permettent

    gure de pousser les

    recherches

    au del du psaume

    LXXX. Il est, en effet,

    dans

    la

    dernire partie

    du psautier quelques

    textes sur lesquels

    on aimerait avoir le

    sentiment de

    l'Interprte.

    Le

    premier

    tiers du

    commentaire,

    comportant

    l'explication

    des

    psaumes I-XXXI, ne s'est

    plus

    conserv, avons-nous dit, que

    dans

    une

    traduction

    latine d'une incontestable lgance et dont la fidlit,

    (1) Chaque psaume

    y est

    expliqu

    trois reprises

    : 1

    par une

    Paraphrase assez brve,

    emprunte

    aux Vindobonenses 8, 297, 298 ; 2 par un

    commentaire attribu Thodore

    d'Hracle, qui

    est en

    ralit

    d'un

    certain

    Pierre

    de

    Laodice et

    qui

    n'est

    qu'une chane sans lemmes o

    se

    retrouve

    le

    bien

    de nombreux commentateurs des

    Psaumes ; 3 par

    une

    chane

    fournie par divers mss. de Munich et de Venise. Cette

    chane

    est au

    point

    de dpart de

    l'dition

    de

    Fritzsche reproduite dans la

    P. G.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    8/39

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE

    LITTERATURE

    CHRETIENNE

    497

    au moins gnrale, est

    garantie

    par la

    comparaison avec les

    rares

    fragments grecs,

    qui

    et l doublent le

    latin.

    Cette

    version

    est

    conserve

    dans

    un

    ms

    de

    Milan

    {1)

    l'Ambrosimug

    C

    301

    inf.j

    publi

    en 1878 par G.

    I.

    Ascoli

    (2). Si l'on

    nglige

    les

    feuillets liminaires

    de

    ce

    codex jusqu au folio 14a (3),

    on

    voit dbuter

    cet

    endroit un

    commentaire

    complet du psautier.

    Il

    ne

    s'agit nullement d'une chane,

    mais

    d'un

    texte

    suivi,

    si

    bien que

    le premier

    inventaire de

    l'Ambro-

    sienne

    le

    dcrit comme un

    travail

    de

    saint

    Jrme sur le Psautier :

    Hyeronimi

    presbiteri

    super Psalterimm.

    Cette attribution n'a

    pas

    t

    retenue par les critiques du XVIIIe

    sicle;

    ni

    Muratori, qui

    imprima

    une douzaine d'extraits

    du

    manuscrit,

    ni

    Dominique

    Vallarsi

    ne

    voulurent admettre

    l'origine hirony

    mienne. Ce dernier suggra

    le

    nom de

    saint Colomban,

    que

    retenait encore

    tout rcemment,

    encore

    qu'avec des rserves, le trs rudit dom

    Morin.

    En ralit

    il s'agit (bien d'une traduction

    du

    commentaire de

    Thodore . Aux endroits

    o d'autres

    tmoins

    : fragments grecSj citations

    de Faeundus d'Hermiane ou du

    Ve

    concile permettent la comparaison,

    est

    impossible

    de s'y mprendre.

    Mais

    et cette

    observation

    est

    d'une extrme

    importance

    il

    vient un

    moment,

    au

    psaume XVI,

    11

    tois,

    o

    dans le

    manuscrit la contexture

    du

    commentaire

    change

    brusquement

    (4). Au lieu

    de transcrire intgralement

    le texte

    qu'il

    avait

    sous

    les

    yeux et dont nous

    pouvons

    juger par

    le texte

    parallle

    de

    B, le

    copiste

    se met

    abrger, se

    contentant de transcrire

    des

    fragments

    souvent

    spars

    l'un

    de

    l'autre

    par

    de

    longs

    espaces

    (5).

    Fort

    heureusement'

    le ms.

    B d'une part,

    les

    feuillets liminaires

    de

    A,

    d'autre

    part, ont

    conserv assez

    de

    fragments

    de la traduction

    intgrale

    pour

    que l'on puisse arriver, sans

    trop de lacunes, au ps.

    XXXII,

    avec lequel dbute le texte

    grec

    du Coislin 12. Atteint

    oe

    point, l'diteur se contente de

    donner

    en note les

    rfrences

    A0,

    mais il a soin, partout

    o

    des

    fragments de

    A

    ou de

    B doublent

    le

    texte grec,

    de

    citer

    intgralement

    le

    latin.

    Nous

    avons fait allusion,

    prcdemment,

    aux quelques

    autres

    textes

    latins

    qui permettent l'occasion de

    contrler

    les

    leons

    des deux

    (1)

    Outre ce ms. de Milan, il existe

    aussi un

    ms. de

    Turin F.

    IV, 1

    dont

    les

    fascicules 5 et 6 donnent une explication suivie de ps. XIII, 7

    ps.

    XVI,

    15 et

    une suite

    d'exgses

    de

    ps. XVII ps.

    XL,

    13.

    Mgr

    Devreesse

    le dsigne sous le nom de

    B.

    (2) Ci-dessus, p. 492, Mgr Devreesse l'appelle A.

    (3)

    Dans ees

    fenillets, fol.

    4a-13d se

    trouvent

    dj

    quelques fragments

    dt commentaire sur ps. XVII-XL,

    13.

    (4) C'est la

    comparaison

    entre A et

    B,

    lesquels

    couraient jusqu'alors

    paralllement,

    qui permet

    de

    dceler

    ce

    changement.

    (5) Mgr

    Devreesse

    dsigne

    par

    le

    sigle

    Ae cet abrg ou pitom de A,

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    9/39

    498

    . AMANN'

    manuscrits A

    et

    B.

    On sait que,

    dans sa

    liste

    de gravamina contre

    Thodor

    de Mopsueste,

    le

    Ve concile,1

    dont

    nous

    n'avons

    que la

    traduction

    latine,

    a

    retenu un certain

    nombre

    de

    textes

    extraits

    "des

    commentaires

    de

    l'Interprte. Pour

    le point qui nous

    intresse

    sont

    cites

    des

    exgses

    sur

    les ps. Vllf, XV, XXI et LXVIII

    (i).

    En

    sens

    inverse et pour dfendre

    Thodore, Faeundus d'Hermiane dans

    son trait Pro

    defensiane trium eapittiorum a cit

    un passage de

    capitale importance

    du

    eommeritaire sur le ps. XLIV

    (2).

    On

    trouvera

    tous ces textes

    dans la prsente

    dition,

    paralllement

    aux

    textes

    des

    manuscrits qu'ils

    doivent clairer.

    Peut-tre

    sera-t-on d'abord surpris que l'diteur

    n'ait pas

    recouru,

    pour

    l'tablissement de

    son

    texte, la

    tradition

    syriaque.

    Il

    y a

    une

    dizaine d'annes,

    le

    R.

    P.

    Vost signalait avec

    beaucoup

    d'insistance le confirmatur

    sensationnel

    que donnait l'quit des sentences

    chi

    V8

    concile

    contre Thodore

    l'tude

    de certains textes en cette

    langue

    (3).

    Il

    considrait en particulier les

    commentaires publis au

    milieu

    du IXe

    sicle par l'vque Iso dad de Merv comme un dcalque,

    pour ne pas dire comme une traduction, de l'uvre exgtique de

    Thodore

    '(4). Avec Mgr Devreesse nous

    estimons qu'il convient

    d'tre beaucoup

    plus

    rserv.

    Il est incontestable que

    l'exgse de

    l'glise nestorienne s'est

    inspire trs abondamment de Thodore,

    que la pense de celui-ci, ses

    expressions

    mpmes passent

    presque

    naturellement dans

    les commentateurs

    de cette confession.

    Mais

    de

    l

    utiliser

    pour

    la

    restitution

    du

    texte

    de

    l'Interprte

    les

    commentaires de ses

    lointains imitateurs,

    La distance est considrable. Et

    l'diteur de

    Thodore

    a

    bien

    fait, pensons-nous, de ne point cder

    la tentation

    o

    on voulait l'induire (5). 11

    a

    fait toute diligence

    pour nous donner,

    au

    moins

    mal,

    le

    commentaire

    tel que Thodore

    l'avait

    rdig. Ce commentaire est acuneux,

    c'est

    incontestable, et

    nanmoins il

    en reste des portions suffisamment

    continues pour

    qu il

    ne soit

    pas

    impossible de

    juger

    de la manire de l'Interprte et de

    (1)

    Ve Concile,

    act. IV, n. XIX, XXI, XXII et XXIII, XXIV,

    Mansi,

    Concil.,

    t.

    IX,

    col.

    211

    ;

    mmes textes

    dans

    le Gonstitutum

    du

    pape

    Vigile,

    n.

    XX, XXII, XXIII

    et XXIV, XXV, texte dans

    la Collectio

    Avellana, Corpus

    de

    Vienne, t. XXXV a, p. 255 sq.

    (2) P.

    L.,

    t. LXVII,

    col.

    739 C-741

    D.

    (3) J. M. Vost,

    L'uvre

    exgtique de Thodore de

    Mopsueste

    au

    }Ie concile

    de

    Constantinople, dans Revue Biblique,

    1929,

    p. 382-395 et

    p.

    542-554.

    .

    (4) Voir dans l'art, cit le

    texte

    syriaque

    et la

    traduction

    franaise

    des

    ps. VIII et XXI.

    (5)

    II s'en est

    expliqu d'ailleurs dans un

    article

    qui rpond

    directement au

    R.

    P.

    Vost

    : Par

    quelles

    voies

    nous

    sont parvenus

    les

    commentaires

    de

    Thodore

    de

    Mopsueste

    ?

    dans Revue

    biblique, 1930,

    p. 362-377.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    10/39

    Chronique

    d ancienne littrature chrtienne 499

    recueillir

    sur ses

    mthodes d'exgse

    et mme.sur sa thologie quelques

    enseignements qui ne sont

    pas

    sans

    intrt.

    Si l'on

    veut

    se rendre compte de la violence des passions qui,

    aux

    premires

    dcades du VIe

    sicle,

    se

    sont dchanes contre la mmoire

    de Thodore,

    il

    faut lire le rquisitoire violent et haineux que dresse,

    contre l'vque de Mopsueste, l'un des thologiens

    les plus

    avertis

    de l'poque, Lonce de Byzance

    (1).

    Retenons seulement

    ce

    qu'on y

    lit de

    l'activit

    de Thodore comme exgte. On nous le

    reprsente,

    peine

    g de dix-huit ans, commenant dblatrer

    (2)

    contre

    les

    saintes

    critures, rejetant

    tout

    ce

    qu'avaient

    dit

    avant

    lui

    les

    docteurs

    autoriss, retranchant arbitrairement

    du

    canon

    les

    livres qui ne lui

    convenaient pas, le livre

    de Job, i'ptre

    de

    Jacques, les

    Paralipo-

    mnes avec

    Esdras,

    s'exerant

    contre le Psautier dont il

    supprimait

    les titres mis en tte de chaque psaume,

    interprtant

    tous les

    cantiques

    sacrs

    d'une

    manire judaque en les

    rapportant Ezchias,

    n'en

    accordant que trojs, et de

    quelle manire ddaigneuse

    (3), au

    Christ.

    Un dtail, en tout ceci, est retenir

    : le

    futur voque de

    Mopsueste

    a

    commenc de

    bonne heure sa carrire d'exgte. Celui-ci le reconnat

    lui-mme

    dans la

    prface qu'il a mise

    en tte

    de son livre Sur

    V

    allgorie

    et

    l'histoire,

    pour

    son

    ami Cerdon.

    Aux

    louanges que

    ce

    dernier

    lui prodigue

    sur

    son

    commentaire

    des psaumes

    Thodore

    rpond avec-

    la

    modestie

    qui

    sied

    en semblable

    occurrence.

    Il attribue

    l'amiti

    de Cerdon, plus qu au souci de la vrit, des compliments

    qu'il

    n a

    pas conscience d'avoir

    entirement

    mrits. Son

    commentaire

    tait

    une

    uvre de dbutant o peut-tre il aurait

    pu mettre

    plus de diligence;

    il ne

    tenait

    pas mordicus

    toutes

    les

    interprtations qu'il

    avait jadis

    admises (4). On a voulu voir

    une

    rtractation dans ces quelques

    mots de

    Thodore.

    C'est aller trop loin et transformer en un aveu

    de culpabilit une phrase tout fait anodine (5).

    Il

    reste que, jugeant

    (1) Contra nestorianos et

    tutychianos,

    1. III, dans

    P.

    G.,

    t.

    LXXXVIw

    col. 1364-1376.

    (2) apoivfiffoti, tenir

    des propos

    d'homme ivre.

    (3) IIpapL^a, jetant

    ddaigneusement.

    (4) Texte conserv par Facundus, op. cit., III, 6, P.

    L., t.

    LXVII,ol. 602.

    (5)

    Siquidem

    et multas immutationes Mo

    tempore

    quae nostra sunt

    susceprunt. Voici

    comment

    Hsychius

    de

    Jrusalem a paraphras ces

    quelques

    mots

    : Prima

    autem elementa

    suae

    doctrinae

    ex

    judaico vanilo-

    quio

    incipiens codicem

    in

    prophctiam psahnorum conscripsit, omnes de

    Domino

    abnegantem, praedicationes. Culpatus

    vero

    et

    pericliiatus, con-

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    11/39

    5 E. AMANK

    la

    premire de

    ses

    uvres

    avec

    un

    peu

    de

    recul,

    l'vque de Mopsueste

    n'en

    garantissait

    pas

    la parfaite

    exactitude. Et

    pourtant il est bien

    certain

    que

    le

    mme

    esprit

    se remarque,

    et

    la mme mthode, dans

    le

    commentaire

    des

    psaumes

    et

    dans

    les

    nombreuses compositions

    exgtiques de cet auteur. Celle qui est le mieux

    conserve,

    l explication

    des

    douze petits prophtes, ressemble, comme une

    sur,

    la

    paraphrase du Psautier.

    Pour

    tre moins

    bien

    gards, les

    commentaires

    sur les

    autres

    parties de l .cTiture,

    ceux

    en particulier qui

    expliquent

    le Nouveau Testament et qui datent de

    l'piscopat,

    tmoignent

    du

    mme esprit, sinon toujours des mmes audaces.

    Somme

    toute,

    l'on

    peut affirmer que

    la

    mthode exgtique de Thodore

    tait

    fixe

    ds

    le dbut

    et qu'il y est dsormais rest fidle. Et ceci,

    avec les quelques restrictions que nous avons faites jadis, peut

    galement

    se

    dire

    de sa

    thologie.

    C'est

    l'cole

    de

    Diodore

    de

    Tarse

    qu il avait

    puis

    l'une

    et

    l'autre;

    il

    ne

    parat pas

    que

    la vie lui

    ait impos de srieuses et

    importantes

    rtractations.

    On

    conoit ds lors tout

    l'intrt

    qu'offrirait, si

    elle pouvait

    tre

    pousse fond, une tude de cette premire uvre

    de

    jeunesse qu'est

    le commentaire

    du

    Psautier. Nous nous contenterons d'en

    signaler

    rapidement ici divers aspects. Peut-tre

    ces

    remarques

    mettront-elles

    quelque

    sourdine aux

    observations si justes,

    et

    dans l'ensemble si

    pertinentes, que le regrett M.

    Pirot

    a

    prsentes,

    voici maintenant

    une trentaine d'annes

    (1),

    et

    qui

    paraissent

    s'inspirer

    parfois d'une

    lvrence

    exagre

    l'endroit

    des

    dcisions

    du

    concile

    de

    553.

    Il est peine besoin de signaler

    l'attitude

    que

    Thodore

    prend, ds

    le

    dbut,

    l'endroit de la

    mthode d'exgse

    allgorique si fort en

    honneur

    Alexandrie

    et

    contre

    laquelle

    l*cole

    d'ntioche,

    ds le

    temps de Lucien, s'tait

    inscrite

    en faux. Aux fantaisies de

    l ' imaginat ion qui propose du

    texte

    sacr les explications les plus inattendues,

    au

    risque

    de vider celui-ci de son contenu rel, il

    faut

    substituer

    la

    recherche consciencieuse, inspire par le respect de la grammaire et

    traria

    sibi

    dixit non

    ex

    voluntate, sed cotnpulsus omnium querimoniis

    et

    codicem

    ipsum delere pollicitus,

    latenter

    conservabat

    judaicae

    impie-

    tatis viaticum.

    Texte

    lu

    au

    Ve

    concile,

    Actio

    V,

    Mansi,

    t.

    IX,

    col.

    248.

    Ce

    texte

    serait emprunt une Histoire ecclsiastique d'Hsychius sur

    laquelle nous n'avons point d'autres

    renseignements.

    Hsyehius qui fut un

    des reprsentants les

    plus

    qualifis de

    l'exgse allgorisante

    est

    un

    contemporain de Thodore

    ;

    il a comment le

    Psautier.

    Le fragment lu au

    Ve

    concile n'appartiendrait-il pas un commentaire Y

    (1) L.

    Pirot,

    L uvre exgtique

    de

    Thodore de Mopsueste,

    Rome,

    1913. Par

    l'dition

    d'Ascoli, l'auteur connaissait

    le

    texte latin

    du

    commentaire .

    Mais il

    n'a pas eu suffisamment

    de confiance

    dans

    les

    quelques parties, dj publies

    cette

    poque,

    du

    texte

    grec

    fourni

    par le

    oislin

    12.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    12/39

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE LITTERATURE

    CHRETIENNE 501

    de l'histoire. Le texte inspir avait dans la bouche ou sous la plume

    de l'auteur qu'animait le

    Saint

    Esprit un

    sens

    prcis dont le

    prophte

    avait

    conscience.

    C'est

    cela

    d'abord qu'il

    faut

    atteindre.

    Ce

    n'est

    pas

    nier pour autant que, en diverses occurrences, les paroles sacres

    yient, de surcrot, une signification

    plus

    profonde

    et, en

    un certain

    sens, plus

    vraie.

    Thodore, ds

    son premier

    commentaire, a affirm

    l'existence

    du

    lien mystrieux qui joint l'ancienne et la

    nouvelle

    alliance,

    celle-ci

    se

    trouvant

    prfigure,

    prpare,

    annonce dans

    celle-l.

    Telles

    situations

    o

    se trouvent les

    personnages de l'Ancien

    Testament

    sont

    le type, la

    figure d'vnements

    qui se

    sont

    raliss

    dans le Nouveau. Et, par exemple, les malheurs avec lesquels David

    se trouve

    parfois

    aux prises sont comme une anticipation

    prophtiques

    des

    souffrances

    et. des misres

    qui

    vinrent,

    au

    temps marqu,

    assaillir

    l'Homme-Dieu.

    Les

    paroles qu'en

    ces

    conjonctures

    pronona

    le

    roi

    d'Isral

    dpassent donc

    en partie les sentiments qui les faisaient

    natre,

    elles

    sont celles-l mmes

    qui

    viendront naturellement sur les

    lvres du

    Sauveur;

    c'est alors

    qu'elles prendront

    toute leur

    signification.

    Mais l'on voit immdiatement

    qu'il

    faut, avant de les mettre

    dans

    la bouche

    du Christ,

    s'assurer

    du

    sens exact qu'elles araient,

    prononces

    par

    David.

    Il

    ne s'agit pas,

    sous prtexte

    que telle

    phrase

    arrache

    tout ce

    qui

    l'environne dans

    un psaume,

    s applique (plus

    ou moins exactement aux

    sentiments

    qui

    animaient le

    Seigneur

    dans

    une circonstance dtermine, de dclarer qu'elle

    est

    une prdiction,

    qu'elle

    a

    t

    prononce

    par

    le roi

    prophte

    comme

    une anticipation

    des

    paroles

    mmes du Sauveur (1). Que si, remises

    dans leur

    contexte,

    elles

    se rvlent

    comme ayant un sens bien

    diffrent,

    il

    ne

    convient

    point de

    les forcer,

    pour

    les appliquer tout

    prix

    une situation

    pour lesquelles

    elles

    ne sont pas faites. La recherche du sens

    typologique doit se rgler d'abord sur le sens

    littral.

    Ce

    sens littral, comment l'tablir

    1

    La grammaire, le dictionnaire

    sont videmment les

    premiers

    instruments

    mettre

    en uvre et

    Thodore n a

    garde

    de l'oublier. Si

    le texte

    qu'il commente lui est

    fourni par la traduction courante des Septante, il sait que, s'agissant

    d'une

    version, il serait

    tout

    indiqu de

    recourir

    si

    possible au

    texte

    primitif

    (2). Mais,

    comme

    l a

    bien montr M.

    Pirot, les

    connaissances

    (1)

    II

    est facile de faire

    l'application

    de

    ce principe

    quelques textes

    particulirement

    expressifs :

    au Foderunt manus

    meas

    et

    pedes

    meos de

    Ps.

    XXI,

    17 ;

    au Dederunt in escam meam

    fel

    et in siti mea potavcrunt

    me aeeto de

    Ps.

    LXVIII,

    22.

    (2) Discutant

    les

    interprtations

    de

    Ps.

    XXXV, 2a, Thodore en rejette

    une

    comme tant contraire l'hbreu qui

    est le

    premier guide en

    hermneutique .

    T.

    195, 1.

    23; nous

    renverrons

    ainsi

    la page

    et la ligne

    de la prsente

    dition.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    13/39

    502

    ;

    .

    AMANtf-

    que l'on avait de la

    langue

    hbraque l'cole d'Antioche,

    paraissent

    assez parcimonieuses.

    Et si

    Thodore, fait justice, par un

    appel

    l'hbreu,

    de

    certains contre-sens commis

    par

    le

    grec

    des

    Septante,

    c'est

    plutt

    par une sorte de divination que par une connaissance

    approfondie de la

    grammaire.

    Il a fort bien.remarqu que, en de

    multiples endroits, le futur

    du

    grec doit se rendre par un

    imparfait

    ou un parfait, et que cette simple substitution rend tout

    aussitt

    clairs

    es

    passages

    qui demeurent sans cela inintelligibles (1). Mais

    il

    attribue

    avec

    complaisance au gnie de la langue hbraque une

    particularit

    qui tient

    simplement

    la brutalit de l'interprte grec,

    qui, au mpris

    de

    la syntaxe, a systmatiquement traduit

    le

    temps

    perfectif

    de l'hbreu par un parfait, l'imperfectii par

    un,

    futur (2).

    Faute

    de

    pouvoir

    recourir

    au

    texte

    original,

    Thodore a

    du

    moins

    ia ressource de pouvoir

    s'adresser

    aux autres versions grecques dont

    le

    patient labeur

    d'Origne

    avait

    rendu

    facile

    la comparaison avec

    les -Septante. En

    son

    premier travail d'exgse, il recourt trs

    frquemment

    la

    version de

    Symmaque (3).

    qu'il

    dclare plus claire

    que

    le texte

    courant (4).

    Plus

    rduit est l'usage de Thodotion;

    mais

    Thodore ne

    laisse

    pas, quoi

    qu'ait

    dit M. Pirot, de

    l'utiliser.

    Et cette

    utilisation

    des

    deux versions

    grecques parallles

    celle des

    Septante

    n'est

    certainement

    pas, comme l a

    prtendu

    ce

    critique, un

    simple

    effet d'imitation de

    ce

    qui s'tait

    fait

    antrieurement.

    On

    sent

    dans

    la

    manire dont

    Thodore se

    renseigne auprs de

    Symmaque

    et de

    Thodotion

    un

    rel

    souci

    de

    s'clairer

    personnellement.

    Il

    n'est

    pas

    jusqu la

    version syriaque,

    la Peshita,

    qu'il

    n'utilise. Si plus tard,

    sans

    doute

    la

    suite

    d'objections qui lui ont t faites, il se montrera

    trs svre l'endroit de cette

    version

    dclare par lui sans autorit,

    il

    n'en est

    pas

    l dans le

    commentaire

    des psaumes.

    Elle

    n a

    pas

    encore

    ses

    yeux

    tous les dfauts; tel endroit, le

    texte

    qu'elle

    fournit est plus

    clair

    que les autres (5).

    Mais, laisse ses seules ressources, la

    philologie

    ne permet

    pas

    de saisir

    compltement

    le

    sens littral d'un

    texte. Plus importante

    (1))

    C'est

    tout

    aussi

    vrai pour le

    psautier

    dit

    gallican,

    dont

    la

    liturgie

    fait usage,

    et qui

    est

    un

    simple

    dcalque

    du

    texte

    des

    Septante.

    (2) Voir dims

    Devreesse

    p.

    566,

    la table alphabtique, au

    mot

    enallage temporum, la liste des passages o Thodore fait appel un

    changement de

    temps .

    (3) Voir la table au

    mot

    Symmachus, p. 570-571.

    (4) Symmaque

    est

    cpavcpwTspo,

    tandis que

    les Septante

    sont [xcpavuxw-

    xspoi, qu'il ne

    faut

    pas traduire par

    emphatiques

    . Voir p. 364-365.

    (5) Cf. p. 93, 1. 16 sq., le

    dveloppement

    se termine par ces mots

    :

    JJnde ,Mie

    magis sensus, qui

    de

    syro

    sive

    hebraeo

    nasitur est sequendus,

    unde et reliquorum dictorum

    conseqiientia reperitur

    ,

    ;

    p.

    395, 1. 15

    et 25,

    b xaiu

    a-aoTSov

    o Supo pir^v'jwv, etc.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    14/39

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE LITTERATURE

    CHRETIENNE 503

    se

    rvle

    sa connaissance

    des conditions diverses

    dans

    lesquelles ce

    texte a

    t rdig.

    La question

    d'auteur

    est

    primordiale; mais

    Thodore

    ne

    s'y

    attarde gure.

    Avec

    une

    assurance

    toute

    juvnile,

    il

    tranche

    la question en faveur de David.

    C'est

    lui qui

    est

    l'auteur de

    tous les

    psaumes. Qu'on

    ne

    lui dise

    pas

    que nombre d'entre

    eux

    portent

    en

    tte le

    nom d'autres

    auteurs

    : Asaph,

    les

    fils de

    Cor

    ;

    il

    n'a cure de

    ces

    titres, qui d'ailleurs

    varient

    dans le

    grec

    et dans le

    syriaque. Aussi

    bien s'est-il

    fait du grand

    roi,

    vrai fondateur

    de la monarchie isralite, une conception

    grandiose.

    David est

    le

    premier

    de la longue srie des prophtes qui, reprenant en

    sous-iuvre

    le travail de Mose, doivent prparer le peuple de Dieu

    son rle historique et religieux. Il est de la mme ligne que les

    Isae,

    les

    Jrmie,

    les

    Amos ou

    les

    Kacharie.

    Dans

    nombre

    des

    arguments,

    que

    Thodore consacre

    mettre

    en

    lumire

    ce

    rle

    uu

    roi,

    on

    sent

    passer

    le mme souffle qui anime tels splendides

    passages du

    commentaire

    sur les

    petits

    prophtes (1). Le

    prophte

    n'est

    pas

    seulement

    le

    prdiseur de l'avenir;

    c'est

    le prdicateur

    d'une vie religieuse et

    morale plus pure, le propagateur des grandes

    ides qui, aux pires moments, viennent arracher le peuple au

    dcouragement et au dsespoir et lui rendent confiance en

    sa

    mission. Ainsi,

    loin

    d'tre

    un simple recueil de cantiques, le

    psautier est

    d'abord

    et surtout une collection d'oracles

    (2).

    Est-il

    possible

    de distinguer

    les

    plans successifs que discerne

    dans

    l'avenir le

    voyant

    que

    Dieu

    claire

    1

    Thodore

    le

    pense, mais

    il

    faut

    bien reconnatre qu'il y a une part

    considrable

    d'arbitraire

    dans

    dont

    il

    procde pour tablir les temps viss par le prophte.

    (1) Voici l'argument du psaume LXXI

    :

    Deus

    judicium

    tuum rgi

    da.

    Pour

    Thodore

    c'est

    une

    prophtie

    du

    rgne

    de Salomon,

    mais qui

    dpasse de

    beaucoup

    le fils propre de David

    :

    David,

    ce grand roi,

    juste

    et

    prophte,

    avait grand souci de son

    peuple

    et se

    proccupait

    de ce que,

    aprs sa mort, ce peuple

    ft bien

    gouvern. Alors

    qu'il

    y rflchissait

    et

    qu'il

    priait,

    Dieu lui

    indiqua comment

    son fils

    et successeur jouirait d'un

    grand

    honneur, d'une

    grande

    gloire et comment, sous lui,

    le

    peuple serait

    eu

    grande prosprit, gloire

    et

    honneur.

    L'ayant compris, David

    prophtise

    d'une

    part, et prie,

    d'autre

    part,

    comme

    d'ailleurs

    en

    beaucoup

    d'autres

    endroits, il

    prophtise,

    demandant, sous

    forme de prire, que

    cet

    avenir

    se ralise, enseignant

    aussi ceux

    dont il

    vise l'poque qu'il ne suffit pas

    de

    savoir ce'qui sera, mais qu'il faut demander que cela soit, en se rendant

    digne soi-mme, par la

    rectitude de

    la

    vie, des

    choses

    prophtises.

    C'est

    le cas de

    beaucoup

    de psaumes concernant le

    peuple

    captif

    Bbylone,

    ou

    encore du temps d'Ezchias , P. 470, 1. 15 et sq.

    (2) Cela ne veut

    pas

    dire que, pour

    Thodore, chaque psaume

    soit

    un

    oracle prophtique; il en est

    qui

    expriment

    les

    sentiments de David dans

    telle

    circonstance de

    sa vie; ces sentiments peuvent en

    inspirer

    d analogues ceux qui

    se

    trouveront

    ultrieurement

    en

    semblables conjonctures,

    \oir l'argument;'

    du

    psaume XXXVI, p.

    205-206.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    15/39

    504

    .

    AMANN

    D'abord il ne tient aucun

    compte

    des titres qui

    frquemment

    se

    rencontrent en

    tte des

    psaumes. Sans doute la comparaison de

    ces

    titres

    dans

    les

    diffrentes

    versions l'a-t-elle

    averti

    du

    peu

    de confiance

    que mritent

    ces

    textes (1). Ceux du

    grec

    ne sont pas

    toujours ceux

    de l'hbreu

    et la

    PesMt

    syriaque lui en fournit

    d'autres

    qui sont

    totalement

    diffrents.

    Cette

    dernire version

    pousse

    au maximum

    l'arbitraire dans la dtermination du sujet des psaumes. D une part

    elle prcise

    avec minutie les circonstances

    de

    la

    vie de

    David

    o

    fut

    compos tel ou tel

    cantique;

    d'autre

    part elle fait d'un certain nombre

    des psaumes des

    prophties

    relatives

    un

    avenir trs prcisment

    dsign (2).

    Pourquoi

    Thodore ne pourrait-il y aller lui aussi de

    ses conjectures personnelles

    ? Il

    n'y a pas manqu

    et,

    notre avis,

    c'est dans

    la PesMt qu'il a pris,

    sinon

    l'attribution de chacun des

    psaumes

    telle

    circonstance

    donne,

    du

    moins

    l'ide gnrale

    que

    telle des vues prophtiques

    exprimes

    par David se rapportait au

    roi

    Ezechias

    et

    son,

    temps, telle autre la captivit de

    Babylone,

    telle

    autre mme aux

    temps

    machabens. On s'est parfois

    tonn qu'il

    ait fait

    du

    psaume VIII un psaume messianique au sens strict ; il

    ne faisait par l que dvelopper le titre

    donn

    ce cantique par

    la Peshit

    (3).

    De fait il

    est

    dans la

    vie

    du

    peuple hbreu un certain nombre de

    circonstances importantes

    qu'aurait

    spcialement

    vises le

    roi

    prophte : la miraculeuse

    dlivrance

    de Juda au temps d'zchias, alors

    que

    la

    menace

    de

    Sennacherib

    se

    faisait

    le

    plus

    terrible

    contre

    Jrusalem (4) ; la captivit de Babylone, avec ses

    angoisses

    et aussi les

    joies

    du

    retour; l'poque

    machabenne enfin,

    o

    s'organise, aprs les

    rudes

    combats

    des

    Juifs

    contre

    les conqurants

    paens, la thocratie

    Isralite,

    le

    rgne

    des

    prtres-rois. C'est envers

    zchias

    que Thodore

    s'est

    montr le plus

    libral; selon

    la

    Peshit son cas

    tait

    vis par

    (1) A

    propos du titre du

    psaume

    L

    :

    Miserere mei

    Deus

    secundum

    magnam, misericordiam tuam , Thodore crit

    :

    Nulle

    part,

    nous

    ne

    voulons tre esclave des titres, et nous avons dit, dans notre

    prface,

    que

    nous

    recevons ceux-l seuls

    dont

    nous pouvons

    vrifier

    l'exactitude

    .

    P.

    332,

    p.

    27.

    Cette prface n'est pas conserve.

    (2) Le Ps.

    XC est rapport

    zchias ;

    la

    Ps.

    OVI au retour de la

    captivit de Babylone

    les

    psaumes graduels sont la prire du peuple

    Babylone le

    Ps. CXXII

    est mis dans la

    bouche

    de Zorobabel le

    Ps.

    CXXIX dans celle de Nhmie

    ;

    le

    Ps. CXLVI

    prdit l'action de

    Zorobabel et d'Esdras.

    (3) Prophetia

    quod laudem

    osannis dicturi

    esnent

    infantes et pueri

    atqtte adolescentes Domino.

    (4) IV

    Reg., XVIII,

    13-XX,

    21;

    cf,

    Is.,

    XXXVI-XXXVIII,

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    16/39

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE

    LITTRATURE

    CHRETIENNE

    505

    un

    seul psaume (1) ; en croire Thodore quatorze cantiques

    au

    moins

    concerneraient

    soit les menaces qui lui furent faites,

    soit

    le

    triomphe

    prodigieux

    qui anantit sous

    les murs

    de

    Jrusalem l'arme

    d'Assour,

    soit

    la maladie ultrieure dont

    fut

    victime

    le pieux roi, soit enfin sa

    miraculeuse gurison.

    Voici

    l'argument

    du psaume XIII

    :

    Dixit

    incipiens in

    corde

    suo

    :

    non est Deus-

    (2) :

    Sous zchias,

    roi

    de

    Juda,

    Sennacherib,

    roi

    d'Assyrie,

    ayant

    triomph

    main arme de

    nombre de cits de la Jude, emmena en captivit, du droit du

    vainqueur, les dix

    tribus;

    il fit

    prisonniers

    galement plusieurs de ceux

    qui

    taient

    des ressortissants d'izehias. Puis, se disposant emporter

    par

    force

    Jrusalem, il envoya

    son Rabsaqs pour

    amener

    le peuple

    de la ville

    capituler,

    soit

    par promesses,

    soit

    par

    menaces. Et parmi

    les

    paroles

    de

    jactance

    que

    cet

    officier

    pronona alors

    de

    la

    part

    de

    son

    roi, il

    ne

    sut

    mme pas s'abstenir de blasphmer Dieu,

    s'eriant

    pour terrifier le peuple

    :

    Qu'zchias ne

    vous

    induise pas en erreur

    en vous promettant la dlivrance de la part de Dieu. Les dieux

    des

    nations voisines ont-ils chacun pour sa part dlivr leurs

    pays

    du

    roi

    d'Assyrie

    ?

    O est le Dieu d'Emath et d'Arfath

    ?

    . Et

    encore : Quel Dieu arrachera son pays ma puissance

    ?

    . Telles

    sont les

    paroles

    pleines de

    vanit

    et de

    superbe

    qu'il lanait avec

    jactance,

    voulant

    faire croire qu son pouvoir Dieu lui-mme ne

    saurait

    s'opposer. Voil ce que David,

    dans le

    prsent

    psaume, prdit

    longtemps

    l'avance . Et Thodore de commenter en ce sens chacun

    des

    mots

    du

    psaume.

    L'insens

    qui

    dit en

    son cur

    :

    il

    n'y

    a

    pas

    de Dieu ,

    c'est

    bien l'Assyrien, qui, sans aucun doute,

    ne

    croit pas

    en Dieu puisqu'il il ne craint

    pas

    de se

    prfrer

    lui.

    On sait quelle

    fut,

    d'aprs le livre des Rois (3) la

    rponse

    de

    Jahvh l'insolent

    dfi

    de l'Assyrien :

    L ange

    de Jahvh

    sortit

    et

    frappa dans

    le camp des

    ennemis

    185.000 hommes, et, quand

    on

    se leva le

    matin,

    c'taient tous des

    morts

    . C'est pour remercier

    le Seigneur

    de cette mmorable

    dlivrance

    que David

    met

    dans

    la bouche d'zchias

    le

    psaume XXVIII : Afferte

    Domino,

    filii

    Dei,

    afferte Domino

    filios

    arietwm

    .

    Le roi ordonne

    par

    l

    l'offrande

    d'un

    grand

    sacrifice

    d'action

    de

    grces

    (4),

    Et,

    gnralisant

    cette ide : Le bienheureux David, continue Thodore,

    parle

    au nom

    (1) Ps. XC :

    Qui

    habitat in adjutorio Altisimi

    . Nous n'avons pas

    dans la prsente dition le

    commentaire de ce

    psaume; il serait

    intressant

    de

    savoir

    si Thodore lui avait

    conserv cette

    attribution.

    (2)

    P.

    78.

    (3) IV

    Reg.,

    XIX, 35.

    (4)

    Hune

    psalmwm beatus

    David sub ejusdem

    Ezechae persona cecinit,umque

    post eadem Assyriorum

    introducit Deo

    triumphqlcs

    hostias

    immo*

    lare. P.

    13g,

    1.

    19,

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    17/39

    506-

    . AMAKN

    '''.

    1

    de ceux

    (1)

    qui devaient tre mls des vnements futurs, et il

    prononce

    non pas

    exactement

    les paroles que ceux-ci devaient

    dire,

    mais celles

    qu'il

    convenait

    de

    prononcer alors . Mme argument

    pour

    le

    psaume XXIX : Exaltabo te, Domine, quoniam suscepisti me .

    Heureux de cette dlivrance inespre,

    Jzchias,

    au dire des Parali-

    pomnes,

    ne rpondit

    pas

    au bienfait qu'il

    avait

    reu et son etur

    s'leva et la colre

    de

    Jahvh fut

    sur

    lui ainsi que

    sur

    Juda et

    sur

    Jrusalem (2). Une

    grave

    maladie mit

    le roi aux

    portes

    du

    tombeau,,

    qui devait lui apprendre ne point entretenir

    de

    penses de

    superbe.

    Dieu

    eut

    ensuite piti de son

    humilit,

    lui

    rendit

    la sant et

    le

    dlivra

    de la

    mort

    qui

    dj le

    tenait. Voil

    ce

    que David,

    dans le

    psaume

    en

    question,

    prophtise en mettant

    dans

    la

    bouche

    d'tzchias des.

    actions

    de

    grces

    pour

    sa

    dlivrance tant de son

    erreur

    que de

    sa

    maladie.

    Je

    vous exalterai,

    mon

    Dieu,

    parce que

    vous

    m'avez

    relev,

    c'est--dire parce que vous

    m'avez

    ,fait revenir de

    la mort

    la

    vie

    (3). Ce thme donn,

    l'application

    est

    facile

    chacun des

    versets.

    On multiplierait

    ces

    exemples (4).

    Un autre vnement, qui devait tre

    dans

    l'histoire d'Isral

    d'une

    incalculable porte, la transplantation

    Babylone,

    va

    tre exploit

    par

    Thodore dans un

    sens

    analogue. Et d'abord les circonstances

    qui la prcdent immdiatement,

    entre

    autres la prdication de Jr-

    mie et les perscutions

    quevaut au

    prophte

    son obissance

    aux ordres

    divins.

    Ce sont les plaintes de ce juste

    qu'exprime

    l'avance le

    psaume

    XXXIV

    :

    Judica, Domine,

    nocentes

    me,

    impugna

    expn-

    gnantes me. Sans doute, dclare

    Thodore,

    Jrmie

    n'est

    pas

    le seul des prophtes

    avoir

    prdit

    les maux qui

    devaient

    s'abattre

    sur le

    peuple coupable.

    Pourquoi donc

    David vise-t-il

    celui-ci

    exclusivement

    ?

    C'est

    parce

    qu'il merge

    parmi les prophtes de

    cette

    poque et

    c'est l'habitude de

    David, quand il prdit l'avenir, de

    prophtiser en mettant les paroles convenables dans la bouche d'un

    personnage

    plus remarquable et d'exprimer

    lui-mme

    les sentiments qui

    conviennent celui-ci dans

    telle

    situation

    donne (5). Nous-

    n'avons

    pas le commentaire du clbre, psaume CXXXVI

    :

    Super flumina

    (1) x: erum

    persona,

    expression frquente

    ;

    nous

    verrons plus loin

    l'abus qui a

    t fait de

    cette tournure, en

    une autre

    circonstance, pour

    chercher

    querelle

    l'Interprte.

    (2)

    II

    Par., XXXII,

    24.

    (3) P. 135, 1. 2-18.

    (4) Voir la table, au

    mot

    Escchias. D'autre part le ps. XLV

    :

    Deus

    noster refugium et. virtus se

    rapporte

    l'poque d'Achaz et

    de

    l'invasion de Juda par les rois

    de

    Samarie et

    de

    Damas.

    s

    (5) P.

    169,

    1. 6 et sq. Ici

    nous

    avons cte cte le texte grec de G 12

    et celui du latin fourni par A et

    B,

    ,

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    18/39

    CHBONIQUE

    D'ANCIENNE

    LITTRATURE CHRETIENNE 507

    Babylonis

    ; nul

    doute que

    Thodore

    ne

    l'ait expliqu

    le plus

    l ittra lement possible.

    C'est

    dans le mme sens

    qu'il interprte

    le

    psaume

    XXXIX:

    Exsptans

    exspectavi Ddmmwnl,

    en

    dpit

    de

    la

    prsence

    dans

    ce cantique des clbres

    paroles

    Vous n'avez pas

    demand d'holocaustes et de sacrifices, alors

    j ai dit

    :

    : Voici, je

    viens ,

    paroles

    que l'on tait si

    naturellement

    tent de mettre dans

    la bouche

    du

    Christ

    (1).

    Il

    faut savoir,

    dit

    Thodore, rsister

    cette tentation

    :

    Le fait que Paul (2) rapporte

    ces

    paroles

    au

    Seigneur

    ne prouve pas, comme certains

    le

    pensent, que

    le

    psaume

    parle directement de celui-ci. Quel danger il y

    a

    les appliquer

    la

    personne du Seigneur,

    il n'est

    pas

    malais de l'apercevoir... Aussi

    bien Paul ne

    les

    dit-il

    pas

    de la personne

    du

    Sauveur, il

    se contente

    de les citer dans

    un sens analogue

    (3). Dissertant cet endroit des'

    sacrifices de

    la

    loi

    et

    de

    leur

    inutilit,

    il

    se sert

    de

    ces

    mots

    prononcs

    par

    le

    peuple

    (captif

    Babylone) pour montrer que bien

    suprieure

    est aux

    sacrifices matriels l'obissance

    la loi de Dieu .

    On expliquera

    encore,

    en les faisant

    prononcer par

    les dports de

    Rabylonie, les

    paroles

    du

    beau psaume

    XLI

    :

    Quemadmodum desi-

    derat cervus ad fontes

    aquarum

    .

    David, jouant le personnage

    du

    peuple captif,

    prononce

    les

    mots

    eux-mmes qu'il leur convenait

    de

    dire

    en ce

    temps-l.

    Et s'il est vrai

    qu'ils

    prennent dans la bouche

    du

    roi-prophte un ton

    plus

    personnel,

    cela rien

    d'tonnant... Car,

    recevant du

    Saint-Esprit

    la connaissance du futur,

    il ressentait

    plus

    profondment

    cause

    de ses

    propres

    dispositions

    le

    sens

    de ce

    qu'il

    disait. Aussi

    bien David ns

    disait-il

    pas les

    paroles mmes que

    les

    captifs

    prononceraient un jour,

    mais

    bien celles

    qu'il'

    leur eonviendrait

    alors de

    profrer;

    et c'tait

    une manire

    de leur fournir les sentiments

    mmies

    qu'ils

    devaient alors cultiver dans leurs mes (4) Le psaume

    LX,

    :

    Exaudi,

    Deus, depreeutionem

    meaim est

    relatif

    lui

    aussi

    la captivit; il montre aux exils de quelle

    manire

    leurs

    demandes

    obtiendront le secours de Dieu et le retour dans la patrie. N'est-ce

    point des

    extrmits

    de

    la

    terre, a

    finibus

    tenrae,

    qu'ils

    font

    monter

    jeur clameur vers Dieu ? (5) Et

    le

    verset

    7

    :

    Dies super

    dies rgis

    adjicies

    ne

    vise-t-il

    pas

    clairement Zorobabel,

    le

    reprsentant

    accrdit,

    le vrai

    roi

    des exils ? Par la suite, dans son

    commentaire

    des

    petits prophtes, Thodore reviendra

    sur

    cette belle figure

    de Zoro-

    (1) P. 248.

    (2) Hebr., X, 4-7.

    (3) KotTi xaiixTjV ttiV Siavoiav.

    (4) P.

    260-261.

    (5) P.

    397, 398,

    18

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    19/39

    508

    . -

    AMANN

    :

    babel, dont il clbrera

    les

    mrites

    (1). Ds le

    commentaire des

    psaumes le voici qui

    prlude

    aux ides

    qu'il dveloppera

    plus

    tard. C'est

    encore

    le

    retour

    de

    la

    captivit

    qui

    est

    annonc

    aux

    psaumes

    LXIV

    :

    Te decet hymnus Deus in Sion , et LXV

    :

    Jubilate Deo

    ommis

    terra ,

    encore

    que ce

    dernier

    soit mis plus spcialement dans la

    bouche

    des

    plus

    vertueux

    parmi

    les exils.

    De

    mme

    le psaume

    LXVI

    :

    Deus

    misereatur noslri et beinedicat nobis , et le psaume LXXX

    :

    Exsultate

    Deo adjutori nostro .

    Nous

    en omettons d'autres, non

    moins caractristiques, les

    citations

    prcdentes suffiront montrer

    avec quelle virtuosit le thme en question s'est trouv exploit.

    Tout autant celui de la priode

    machabenne

    (2). C'est dans

    l'argument

    du

    psaume LIV :

    Exa-udi,

    Deus, orationem meam , que

    Thodore a le mieux

    marqu

    la signification qui s'attachait cette

    nouvelle

    poque

    de

    la

    vie

    d'Isral

    (3). En

    quelques

    traits,

    vigoureusement marqus il brosse le

    tableau

    de

    la rsistance

    du grand prtre

    Onias

    aux

    menes

    du

    parti

    hellnisant,

    des intrigues de Jason,

    frre

    d'Onias, pour

    se

    faire donner

    le suprme pontificat,

    de la dposition

    d'Onias,

    qui

    abandonne la Palestine,

    se

    rfugie en Egypte, y dresse

    un autel et y construit un temple, o pourront s'accomplir les rites

    de la

    pit, devenus

    impossibles

    Jrusalem (4).

    C'est en fonction

    de cette ide

    qu il

    commente

    les clbres

    versets 13 et 14 :

    Quoniam,

    si

    inimicus

    meus

    maledixisset

    mihi sustinuissem

    utique...

    tu autem

    homo

    unanimis, dux meus

    et

    notus meus .

    La rsistance arme de

    Mathathias

    et

    de ses

    fils,

    les

    succs

    qu'elle

    remporte,

    tout

    cela

    est

    annonc,

    au

    psaume

    XL

    VI Omnes gentes plaudite manibus qui

    est

    un chant

    de triomphe,

    au

    lendemain des

    premires victoires.

    A

    quoi l'on

    rapportera encore

    les

    psaumes

    LV

    :

    Miserere mei,

    Deus,

    quoniam coneulcavit me homo , LVI

    :

    Miserere

    mei, Deus,...

    quoniam in te

    confiait

    anima mea ,

    LVII :

    Si vere

    utique

    justitiam

    loquimini , et

    encore

    les

    deux

    suivants,

    puis

    le psaume LXI,

    dont

    il manque

    l'argument

    en grec, mais dont le

    latin

    de A2

    donne la

    signification gnrale.

    Il

    y en a d'autres encore, mais il convient de

    s'arrter un instant au psaume LXVIII

    :

    Salvum mie fac,

    Deus,

    quoniam

    intraverunt

    aquae

    usque

    ad

    animam

    meam

    .

    Aussi

    bien

    le verset

    22

    de cette pice

    :

    dedirunt in

    escam meam

    fel et

    in

    siti

    mea potaverunt me aceto , avait-il invit les commentateurs prc-

    (1) Voir surtout In Michaeam, V, F. G., t. LXVI, col.

    372

    et sq.

    (2) Voir la

    table le mot

    : Macchabucorum

    historia.

    (3)

    P. 351-353.

    (4) Thodore fait ici

    une

    confusion entre Onias III, qui devait tomber

    victime

    des machinations

    de ses ennemis, et Onias

    IV, son

    fils,

    responsable de

    l'rection, qui

    fut juge schismatique, du sanctuaire gyptien de

    Lontopolis.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    20/39

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE LITTERATURE CHRTIENNE

    509

    dents

    faire

    au Christ lui-mme l'application directe

    de

    la prophtie.

    Sans compter que,

    au dire

    de saint Jean

    (1),

    les aptres

    avaient,

    aprs

    coup,

    remarqu combien

    un

    autre

    mot du

    psaume

    convenait

    au

    Sauveur.

    '\ZePws

    domus tuae

    comedit me,

    disait

    le

    psalmiste au

    verset 10;

    l'pisode

    des

    vendeurs

    chasss du

    temple

    n'avait-il pas

    ralis

    cette prophtie 1

    Thodore

    ne

    s'meut

    pas

    de ces

    rapprochements. L'argument qu'il met en

    tte

    du psaume, beaucoup plus bref

    qu'

    l'ordinaire,

    se contente

    de dire :

    Prdisant

    les

    vnements de

    l'poque

    machabenne,

    David

    expose

    (en mettant

    ces paroles

    sur les

    lvres

    des hros) la grandeur

    de leurs

    misres,

    disant

    les guerres qui

    leur

    furent imposes

    par

    les trangers, celles aussi qu'occasionnrent

    les complots de

    leurs proches.

    Le verset 10,

    dans

    cette

    perspective,

    ne prsente

    aucune

    difficult

    :

    Le

    zle

    de

    votre maison me dvore ,

    qu'est-ce

    dire

    :

    Contemplant

    votre

    maison

    deshonore,

    l'autel

    qui s'y

    dresse

    mis sous le vocable de Zeus, les sacrifices accomplis

    l'honneur

    des

    idoles,

    emport

    par

    la

    colre et

    le zle

    je n'ai

    pu

    supporter d'tre le tmoin

    de tout

    cela et je me

    suis

    retir

    .

    Voil qui

    s'adapte

    parfaitement

    la

    situation

    de Mathathias, qui, de plus,

    massacra

    le prpos aux

    sacrifices

    paens

    et celui qui

    se

    prparait

    sacrifier

    . Non

    moins

    obvie

    est l'explication du verset

    22

    sur le

    fiel et

    le

    vinaigre

    dont

    est rassasi

    celui que

    David fait

    parler (2) :

    La

    nourriture et la boisson paraissent

    agrables

    lorsque

    l'on

    est dans la

    joie, dsagrables,

    amres dans

    le

    deuil et telle

    tait

    bien

    la

    situation

    des

    Machabes,

    au

    point

    qu'en

    toute vrit,

    raison

    de

    leurs

    inquitudes et de leur irritation, la nourriture leur

    paraissait

    fiel, la

    boisson peu diffrente

    du

    vinaigre et

    d'autant

    que leurs

    inquitudes

    et leurs

    colres

    taient

    causes

    par l'attitude

    de

    leurs proches.

    D'autre

    part

    l'vangliste

    s'est

    servi

    de

    ce texte en

    parlant de Notre Seigneur;

    celui-ci s'est

    appliqu

    lui-mme

    les mots

    :

    Le zle

    de

    votre

    maison

    me dvore ;

    Paul, s'exprimant

    sur

    le compte

    des Juifs, a dit

    :

    que leur table leur devienne un pige,

    etc. (3)

    ;

    et

    Pierre, parlant

    de Juda :

    Que sa demeure

    devienne dserte (4). Tout cela dans

    des

    circonstances bien

    diffrentes. Ce n'est donc pas que le psaume

    vise simultanment les

    Machabes d'abord?

    puis celui-ci

    et celui-l.

    Non,

    les

    paroles

    en

    question

    visent les Juifs

    apostats

    de

    Dieu

    et

    de

    la loi,

    elles

    leur

    reprochent

    leur duret; mais leur application

    allait

    (1) Joa, II,

    17.

    (2) Ici

    le

    grec

    est doubl

    par

    la citation du Ve

    concile, lequel

    fait

    grief

    Thodore d'avoir

    dtourn

    ce

    passage

    de son

    sens messianique. Les

    deux textes, p. 454-455.

    (3)

    Rom., XI,

    9, se

    rfrant

    Ps. LXVIII, 23.

    (4) Act.,

    I, 20, se rfrant

    Ps. LXVIII, 26.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    21/39

    510

    .

    AMANN

    de

    soi

    d'autres cas

    semblables.

    En bref,

    c'est par

    simple accomo-

    dation que les crivains du

    Nouveau Testament ont

    appliqu

    ces

    textes

    des

    circonstances

    qui

    n'taient

    pas

    sans analogie

    celle

    qui

    visait

    l'auteur

    inspir

    du

    psaume.

    N'oublions pas d'ailleurs que le dessein de

    l'crivain

    sacr n'est pas

    prcisment

    d'annoncer

    l'avenir en

    tant

    que

    tel,

    mais d'inspirer aux

    lecteurs, jusqu au plus loin des, ges futurs les sentiments de pit, de

    religion, de repentir, de viriles rsolutions qui

    l'animent

    lui-mme,

    au moment

    o,

    sous

    l'inspiration

    d'en haut, il voit les vnements

    qui

    se

    drouleront

    dans

    l'avenir. La prophtie,

    en

    d'autres

    termes,

    est surtout un

    thme

    de prdication, et

    les

    psaumes, de

    ce chef,

    ne

    diffrent pas des

    uvres

    composes ultrieurement par les voyants

    d'Isral. Cette

    ide,

    Thodore la reprendra sans se

    lasser

    dans ses

    commentaires

    des

    petits

    et

    des

    grands prophtes.

    C'est

    ce

    qui

    donne

    son

    exgse

    de la

    littrature prophtique

    son caractre trs

    particulier, disons aussi trs moderne. Depuis l'poque dj lointaine des

    Pres

    apologistes, on

    s'tait

    habitu

    voir

    dans les

    crits de l'Ancien

    Testament, dans

    les

    prophtes en particulier, un arsenal de

    preuves

    qui convergeaient toutes vers la

    dmonstration

    de la vrit de la

    Nouvelle Alliance.

    Qu'on

    relise Justin, Origne,

    Eusbe,

    les

    textes

    du pass

    isralite

    n'y

    sont gure

    tudis

    qu'en fonction des ralits

    chrtiennes.

    Peu

    de souci,

    chez tous

    ces auteurs, de reconstituer le

    milieu juif,

    ses

    sentiments,

    sa

    pit, de

    le

    comprendre

    en lui-mme,

    pour

    lui-mme.

    Si

    l'on demande

    aux

    livres

    inspirs

    de

    l'Ancien

    Testament

    une

    rgle de

    vie, un

    modle de prire,

    un type

    de religion,

    c'est en les transposant

    d'emble

    en

    une

    autre

    tonalit.

    Ces livres,

    ils

    sont tout

    ntres

    ,

    comme

    dit

    l'ptre

    de Pseudo-Barnabe, et,

    au

    risque de

    puissants

    contre-sens, on

    leur

    fait

    parfois

    exprimer des

    sentiments,

    des

    ides

    qui n'avaient mme pas

    effleur

    la penss de leurs

    auteurs. Combien

    plus

    sage,

    plus

    conforme

    aux lois

    de

    la psychologie

    et de l'histoire apparat la mthode de l'cole

    Antiochienne,

    celle de

    Thodore, son plus remarquable disciple Aller d'abord

    au sens

    premier

    du texte,

    voquer

    toutes les rsonnances

    dont

    il tait charg

    dans

    la

    conscience

    de

    son

    premier

    auteur,

    de ses

    premiers auditeurs,

    de

    ceux encore

    qu'il visait dans

    un

    avenir

    plus

    ou moins loign, puis

    montrer

    comment,

    aujourd'hui

    encore, tous ces chos pouvaient se

    prolonger en nous. Nous n'avons plus qu'un fragment insignifiant

    du

    trait

    compos

    par

    Thodore

    contre

    Origne et sa mthode

    d interprtation (1),

    o

    taient opposes

    l'exgse

    historique et

    l'allgorie.

    (1) Dans Facundus, Pro defensione

    trhim capitulorum,

    1, III,

    c.

    m,

    . L.,

    t. LXVII,

    col.

    602 B-C.

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    22/39

    CHRONIQUE

    D'ANCIENNE

    LITTERATURE CHRETIENNE 511

    Sans doute y trouvait-on explicitement dveloppes des considrations

    du

    genre de celles que nous faisons ici.

    Or,

    ds

    le

    dbut

    de

    sa

    carrire

    d'exgte,

    le

    futur

    vque

    de

    Mopsueste

    a multipli les remarques

    en

    ce

    sens. Voici comment il

    introduit

    l'exgse du

    psaume XXXVI : Noli aemulari in maiig-

    nantibus

    :

    Tous les

    psaumes

    du bienheureux David

    visent

    l'utilit spirituelle des hommes; mais tous n'y visent

    pas

    de

    la

    mme

    manire.

    Dans certains l'auteur

    expose

    des thmes

    dogmatiques;

    en

    d'autres

    il

    chante des hymmes la louange du Crateur; en d'autres

    il suppose

    (par une vue prophtique) des situations futures

    et,

    tout

    en les

    annonant,

    il indique

    les

    sentiments

    qui

    conviendront en

    l'occurrence et

    dans

    des

    circonstances

    analogues. Il y

    a

    des psaumes o

    c'est

    par sa propre histoire qu'il

    enseigne

    ses auditeurs leur montrant

    comment

    il

    se

    faut

    comporter

    dans

    le

    pch

    ou

    dans le

    malheur.

    Il

    en

    est

    d'autres

    o, en

    dehors de

    toute supposition prcise

    et concrte,

    il prononce des

    exhortations, disant

    tout

    simplement

    ce

    dont il faut

    ^ s'abstenir

    ou

    ce

    qu'il faut faire d'une

    manire gnrale. Tel

    est le

    psaume en question.

    Il

    arrive

    souvent

    que,

    voyant le

    bonheur des

    mchants,

    nous

    protestons et disons

    que

    la justice n'est d'aucune

    utilit. Beaucoup de justes sont dans le

    malheur,

    perscuts

    qu'ils

    sont

    par

    les

    mchants,

    tandis que l'iniquit ne

    parat

    pas,

    tant

    s'en

    faut, tre une cause de dtresse. C'est cette plainte que rpond notre

    psaume (1).

    Par

    contre,

    le

    psaume

    suivant

    :

    Domine,

    ne

    in

    furore

    tuo

    arguas

    me , dveloppe un

    thme

    religieux et moral, celui de l'humble

    confession du

    pch, en faisant vibrer le

    lecteur l'unisson

    des sentiments

    de

    douleur

    qui remplirent David aprs

    sa faute

    avec Bethsabe :

    C'est

    ici (2)

    l'humble

    confession du

    souverain,

    n'en

    dplaise

    certains

    qui

    trouvent

    fort dplace,

    dans le psautier,

    une telle

    confession.

    Ces

    gens-l me

    semblent ne rien entendre la

    nature

    des exposs faits

    par l'criture et

    spcialement

    par

    les

    psaumes.

    S'ils

    savaient

    que

    nous

    n'avons le

    psautier que

    pour

    en

    recevoir

    des leons

    de

    morale,

    ils

    reconnatraient qu il faut placer en toute premire ligne

    ees

    psaumes

    de

    confession

    (3). Aussi

    bien,

    nous

    avons

    besoin,

    pour

    notre

    part,

    d'apprendre la

    confession

    et la rforme de nos murs. Car, s'il est

    possible de trouver des

    hommes

    qui arrivent gouverner plus ou moins

    leurs

    murs,

    il

    n'en

    est point

    qui

    soient jamais assez purifis pour

    n'avoir jamais besoin de

    confession. D ailleurs

    en d'autres textes

    (1) P. 205-206.

    (2) 218-219.

    (3) Tout; lFaXij.o'j; to;

  • 7/25/2019 O Noua Lucrare a Lui Th Mp

    23/39

    512

    . AMANSf .

    scriptufaires se rencontrent des confessions analogues (1).

    Mais

    une

    objection se prsente

    :

    comment

    concilier

    la

    grce de l'inspiration

    avec

    l'tat de

    pch

    1

    Cet tat

    de

    pch

    n'est-il

    pas

    suppos

    par la

    confession mme

    du

    roi

    ?

    Et Thodore de rpondre : Nous ne

    prtendons

    pas

    que c'est

    avant

    d'avoir reu son pardon que

    David a parl

    ainsi. De fait, le

    roi

    n'est pas

    demeur

    longtemps dans l'tat de pch.

    C'est aprs

    coup

    qu'il

    est

    revenu

    sur sa faute, et spcialement quand

    le malheur

    a

    fondu sur lui

    la suite des menes

    d'Absalon.

    En

    dfinitive cette confession peut demeurer

    le modle

    de

    la

    ntre

    (2).

    Aprs quoi l'on

    peut s'tonner

    que

    Thodore

    ne

    traite

    pas 'de la

    mme

    manire

    le clbre psaume L : Miserere mei, Dews, secundum

    magnam

    misericordiam tuam .

    En

    dpit du

    titre

    qui se lisait dans les

    Septante : Psaume de David,

    quand

    il reut la visite

    du prophte

    Nathan,

    aprs

    l'aventure

    avec Bethsabe

    ,

    notre

    exgte se

    refuse

    prendre ce psaume pour une confession personnelle du roi-prophte

    pu

    lendemain

    de sa

    faute. Cette composition, dit-il, est une

    prophtie,

    non

    une confession. Que l'on songe, en effet, aux derniers versets :

    Bnigne foc,

    Domine,

    in bonu vluntate tua

    Sion, ut

    aedificentur

    mri

    Jerusalem

    .

    Au

    temps de

    David,

    Sion n'avait

    pas

    tre

    rebtie,

    la liturgie

    du

    temple n'avait

    pas

    cess.

    Persuad

    que

    le

    psaume est

    d'une seule venue,

    ne souponnant pas

    qu'il ait

    pu

    subir

    dans

    la suite

    des temps des additions ou des changements,

    demeurant

    fidle, envers

    et

    contre

    tout, sa rgle

    d'exgse suivant

    laquelle

    il

    ne peut y avoir

    au

    cours

    'd'un

    cantique,

    changement

    de

    la

    personne

    qui

    parle,

    Thodore ne trouve

    qu'une

    solution : dans tout le

    texte

    David envisage

    le sort du peuple

    emmen

    captif en Babylonnie,

    il

    lui fait d'abord

    regretter

    ses fautes, puis demander la dlivrance. Bref le Miserere

    rentre dans la catgorie des psaumea de la captivit.

    Voici un cantique enfin

    que

    nulle circonstance

    historique,

    ni du

    prsent,

    ni

    de l'avenir n'a inspir, c'est

    le

    long psaume

    LXXVII

    :

    Attendite, papule

    meus, legem meam,

    ,

    o

    est

    raconte l'histoir