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EHESS Changer la carte, c'est changer l'objet Author(s): Caroline Pinoteau Source: Études rurales, No. 167/168, Objets en crise, objets recomposés (Jul. - Dec., 2003), pp. 247-262 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20123000 . Accessed: 28/06/2014 09:57 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Études rurales. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.0.146.141 on Sat, 28 Jun 2014 09:57:49 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Objets en crise, objets recomposés || Changer la carte, c'est changer l'objet

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Changer la carte, c'est changer l'objetAuthor(s): Caroline PinoteauSource: Études rurales, No. 167/168, Objets en crise, objets recomposés (Jul. - Dec., 2003), pp.247-262Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20123000 .

Accessed: 28/06/2014 09:57

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CHANGER LA CARTE, C'EST CHANGER L'OBJET

EN MATI?RE D'AM?NAGEMENT LOCAL, s'in

t?resser ? la relation entre la morphologie

agraire et la gestion de l'eau n'est pas nouveau. Les g?ographes fran?ais se sont pen ch?s sur cette probl?matique d?s le XIXe si?cle

en ?tudiant les r?seaux physiques, distinguant les facteurs physiques (le milieu) des facteurs

anthropiques (la population, l'?conomie, la tech

nique et la politique) [George 1963; Lebeau 1969; Meynier 1970].

La nouveaut? r?side dans le fait de changer

d'objet, et donc de m?thodologie et d'?pist?

mologie. J'en ai pris conscience lors d'une ?tude

d'arch?ologie du paysage men?e ? Sorigny (37)

pour le compte du Service r?gional d'arch?o

logie de la R?gion Centre [Joly et Pinoteau

2002]. Depuis, j'ai choisi d'approfondir cette

approche et de suivre cette voie.

Cet article pr?sente les premiers r?sultats

d'une recherche dont le plus significatif est

l'identification de processus morphologiques aboutissant ? la lecture de formes hydro

parcellaires* et fluvio-parcellaires* et de connec

teurs g?om?triques*. Il s'agit par cons?quent d'une contribution au renouvellement du langage

descriptif en arch?og?ographie.

Caroline Pinoteau

Des r?seaux et des trames

En d?butant l'?tude des formes agraires ancien

nes et diachroniques sur la commune de Sorigny -

laquelle m'est apparue comme un espace

ordinaire, sans formes paysag?res remarquables identifiables et sans formes planifi?es dat?es

susceptibles de devenir patrimoine et d'?tre

conserv?es -, j'ai mis en uvre les proc?dures

classiques de la photo-interpr?tation*. Je me

suis concentr?e - parce que c'?tait l'outillage

intellectuel dont on disposait ? l'?poque -

sur les formes chrono-typologiques ? pr? format?es ?, possibles cl?s de lecture pay

sag?re, telles les formes quadrill?es (la centuriation romaine) ou circulaires (la forme

radio-concentrique pr?sum?e m?di?vale), ?

m?me de fournir des grilles d'interpr?tation

spatiale par p?riodes dans lesquelles auraient

pu s'ins?rer les ?ventuelles d?couvertes de la

fouille arch?ologique. J'ai donc entrepris une

analyse de morphologie agraire orient?e sur la

g?om?trie des formes, avec l'espoir de r?unir

une documentation arch?ologique et historique

qui viendrait les pr?ciser. Mon travail a consist? ? identifier, ? petite

?chelle, ? partir de cartes d'?tat-Major et de

photographies a?riennes verticales de l'IGN, les axes majeurs et alignements remarquables

dans un espace ?tendu ceinturant ma fen?tre

d'?tude. Je supposais que ces ?l?ments paysa

gers pouvaient repr?senter les niveaux sup?

rieurs, structurants, de formes g?om?triques

quadrill?es, circulaires ou autres. J'ai ainsi ob

serv? quatre trames, grandes et petites, d'axes

majeurs et d'alignements remarquables. La pre mi?re compose un quadrillage souple orient?

* Se reporter au glossaire p. 295.

?tude& rurales, juillet-d?cembre 2003, 167-168 : 247-262

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Caroline Pinoteau

248 ? environ 20-24? E autour de Sorigny. Son axe

majeur le plus remarquable correspond ? la na

tionale 10, ancienne route d'Espagne. En fait,

le relev? des limites parcellaires isoclines* ? la

RN 10 (parall?les ou perpendiculaires ? cet axe

de r?f?rence) comporte de petits traits, peu nombreux. Plus qu'un ensemble de limites par cellaires structurant et structur?, le tout cons

titue un semis de ? miettes ? incoh?rent. Les

trois autres relev?s aboutissaient au m?me r?

sultat : des semis de traits plus ou moins denses

? partir desquels des formes paysag?res struc

tur?es ne pouvaient pas ?tre s?rieusement iden

tifi?es.

Ce secteur apparaissait d?pourvu d'une orga nisation privil?gi?e, d'une structuration globale de grande ampleur se r?f?rant ? une forme

chrono-typologique av?r?e. Finalement, je me

retrouvais sans ces mod?les (telle la centuria

tion) cens?s expliquer l'histoire du lieu, et je ne pouvais pas non plus contribuer ? d?chiffrer

l'identit? historique de la commune de Sorigny. Ma mission, ? peine commenc?e, allait-elle

s'achever sur ce modeste constat?

Les r?seaux hydro- et fluvio-parcellaires

Sorigny n'est pas au bout du monde. Intrigu?e,

je repris mes documents planim?triques : une

deuxi?me lecture s'imposait afin de compren dre la sp?cificit? de cet espace ordinaire. De

nouvelles proc?dures seraient n?cessaires, sur

la base d'une cartographie exp?rimentale. La simple observation des cartes, plans et

photographies indique que la commune de So

rigny est un espace davantage caract?ris? par son hydrographie que par son relief : c'est un

plateau l?g?rement ondul? aux multiples traces

hydromorphes fossiles, parcouru par quelques

ruisseaux actifs ou temporaires, et sur lequel sont dispers?s maints points d'eau. Cette br?ve

description ne doit pas avoir pour objectif de

pr?senter, comme pour s'en d?barrasser, la

g?ographie du lieu, l'aspect physique de la

commune, mais de saisir des ?l?ments concrets

? partir desquels je pourrais b?tir des hypoth? ses valables sur la morphologie dynamique des

paysages. Ainsi, bien que le territoire de Sori

gny ne soit pas en zone humide, la dynamique de son espace pouvait-elle avoir ?t? organis?e en fonction de son hydrographie, fossile et

active ?

La question est plus que classique, sera-t-on

tent? de dire, et se pose d?s que l'on est en pr? sence d'un bassin-versant. L'id?e ?tait plut?t de partir du d?terminisme physique (cours

d'eau, points d'eau, traces fossiles hydromor

phes) et du d?terminisme social (projet local

et/ou supralocal), consid?r?s ? ?galit?, sans

tenir compte du concept dual ? milieu/soci?t? ?

ou ? soci?t?/milieu ?, pour tenter de cr?er du

sens ? travers de nouvelles repr?sentations*

spatiales. Je relevai, dans un premier temps, sur la

carte compil?e* qui sert de base aux ?tudes de

morphologie dynamique [Robert 2003], tout ce

qui ?tait en rapport direct avec l'hydrographie, active et fossile, naturelle et anthropique; en d'autres termes, j'associais des ?l?ments

physiques et sociaux, d'un point de vue mor

phologique, c'est-?-dire g?om?trique (fig. 1 ci

contre). J'ai donc relev? les limites parcellaires

(?l?ments fondamentaux de l'organisation spa tiale agraire) et les foss?s potentiellement en eau

(?l?ments n?cessaires de toute gestion de

l'espace agraire), li?s, par le principe de l'iso

clinie, aux cours d'eau, aux pal?ochenaux*, aux

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Fig. 1. R?seau hydro-parcellaire. Sorigny (Indre-et-Loire)

Source : plan cadastral napol?onien ; cartes topographiques et th?matiques anciennes et r?centes ; photographies a?riennes

verticales anciennes et r?centes.

limites parcellaires et foss?s en eau

constitutifs du r?seau hydro-parcellaire

r?seau hydrographique actif

cours d'eau figurant sur le cadastre napol?onien sous la forme d'un foss? en eau

cours d'eau ne figurant pas sur le cadastre napol?onien

mares et ?tangs figur?s sur le cadastre napol?onien

pal?ochenaux et zones hydromorphes fossiles

** habitat

indices de sites arch?ologiques

ancienne route d'Espagne

limites parcellaires

!*

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250 points d'eau actifs ou encore aux traces hydro

morphes fossiles ponctuelles apparaissant sur

les photographies a?riennes. Cette carte a pro duit une forme particuli?rement dense, tant le

long des cours d'eau que le long des pal?oche naux des points d'eau actifs ou fossiles qui couvrent la totalit? du secteur ?tudi?.

Cette forme paysag?re comporte des ni

veaux structurants : des ?l?ments, majeurs et

interm?diaires, surfaciques (les taches d'humi

dit? r?manente lues sur les photographies

a?riennes), lin?aires (les cours d'eau et pal?o chenaux appr?hend?s group?s, dans leur en

semble) ou ponctuels (les points d'eau actifs et

fossiles), sur lesquels viennent s'appuyer les

petits ?l?ments (les foss?s en eau, les limites

parcellaires) qui repr?sentent le niveau le plus d?taill? de la forme (trame de remplissage par les masses parcellaires). Tous ces ?l?ments

sont en connexion; l'unit? morphologique a

atteint son niveau de continentalisation*. Cette

forme est une trame ? part enti?re - une ou,

plut?t, ma repr?sentation de l'espace -

que je

qualifierais de trame mixte physicosociale ? hydro-parcellaire ?, en raison des ?l?ments

qui la composent. Pour montrer la combinaison des ?l?ments

physiques et sociaux qu'il n'est plus opportun de distinguer, je les ai tous cartographies dans

une m?me couleur (ici le bleu). Je consid?re

ainsi le r?seau, dans son ensemble, comme un

unique objet cartographique profond?ment mar

qu? par les h?ritages, et m'?carte des principes

classiques qui, par un figur? et une couleur

dissemblables, attribuent ? chaque ?l?ment phy

sique ou social, ou ? chaque ?l?ment temporel, une valeur diff?rente [Joly 1999; Poidevin

1999; Rouleau 1991].

? mon sens, ce r?seau n'est pas anodin.

Quoiqu'il soit ma propre repr?sentation de

l'organisation spatiale, mon choix d'associa

tion de formes, il s'appuie sur des ?l?ments

concrets : je n'invente ni les ?l?ments relevant

de l'hydrographie, ni les limites parcellaires, ni

les foss?s en eau. En outre, il comprend des

?l?ments anciens (traces fossiles, pal?oche

naux) et d'autres relativement plus r?cents (la carte compil?e ayant ?t? r?alis?e ? partir du

cadastre napol?onien). De la sorte, il poss?de un caract?re transmis. Il serait ancien (hypo th?se sugg?r?e par la pr?sence conjointe de

traces fossiles avec des limites parcellaires et

foss?s en eau) mais non dat?; il perdurerait

jusqu'au milieu du XIXe si?cle et m?me jus

qu'? aujourd'hui puisqu'on le lit en partie sur

des clich?s a?riens actuels. Une ?tude ult?

rieure r?v?lera d'ailleurs que ce r?seau est

toujours pregnant. Il s'auto-entretiendrait,

s'auto-organiserait, au gr? de la vie de la

population locale, sans projet social planifi?

global connu.

En observant ce nouveau r?seau hydro

parcellaire, on constate que les ruisseaux du

Mardereau et des Courrances de la Craye res

sortent particuli?rement, par la densit? des

?l?ments connect?s. Est-ce une impression due ? un effet visuel? D'autre part, en consi

d?rant la carte d'Etat-Major (fig. 2 ci-contre), on remarque que les cartographes du XIXe si?

cle avaient repr?sent? ces cours d'eau en les ? associant ? aux prairies, aux p?tures, aux bois

et au relief. Le trac? du cours d'eau n'appara?t

pas avec un figur? sp?cifique, ? savoir le trait

bleu des cartes actuelles. Seuls l'aspect lin?aire

sinueux, en corridor, des masses parcellaires relevant de la v?g?tation ou des figur?s en

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Fig. 2. Repr?sentation cartographique du r?seau hydrographique associ? aux prairies, p?tures, bois et relief

sur la carte d'Etat-Major

o c cl ?

Source : carte d'Etat-Major de Loches Nord-Est, n?120, 1839, 1 : 40 000e

fen?tre d'?tude

localisation

des corridors ?tudi?s "%%

ruisseaux actifs

(anonymes)

relief

prairies et p?tures

bois

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252 hachures du relief permettent de voir l'hydro

graphie. Par cons?quent, en combinant les ?l?

ments de mon r?seau hydro-parcellaire, j'avais invent? l'eau ti?de puisque ce travail avait d?j? ?t? fait par les cartographes du XIXe si?cle !

Mais, on va le voir, ? moiti? seulement.

Plus s?rieusement, l'examen de la carte

d'?tat-Major renvoie imm?diatement ? l'?co

logie du paysage et ? sa repr?sentation des cor

ridors ?cologiques*, soit par un trac? lin?aire,

soit par un figur? zonal lin?aire, un corridor

?cologique pouvant correspondre tant?t ? un

?l?ment physique tel que le cours d'eau, tant?t

? un ?l?ment anthropique tel que la masse par cellaire bois?e, la haie ou la route.

En reprenant l'?tude du r?seau hydro

parcellaire, je voyais bien cette fois, le long de

chaque cours d'eau, un ensemble d'?l?ments

g?om?triquement associ?s : des limites par

cellaires, des foss?s potentiellement en eau,

isoclines au cours d'eau; l'ensemble formant

des corridors (en beige fonc? sur la figure 3)

plus ou moins ?pais dont la lin?arit? s'adapte tant bien que mal ? la sinuosit? des cours

d'eau.

J'identifiai ensuite le m?me type de corridor

le long des pal?ochenaux (en beige clair sur la

figure). En poursuivant l'analyse, d'autres formes de

corridors sont apparues, non plus associ?es di

rectement aux cours d'eau ou aux pal?o

chenaux mais s'appuyant, par isoclinie, sur les

corridors des cours d'eau actifs et des pal?o chenaux (en mauve sur la figure). Ces corridors

induits sont, eux aussi, constitu?s de limites

parcellaires et de foss?s en eau qui, dans le

d?tail, sont isoclines aux corridors initiaux

(associ?s aux cours d'eau ou pal?ochenaux).

L'illustration la plus ?vidente est celle du ruis

seau du Mardereau.

J'ai enfin rep?r? un autre type de corridor

induit, situ? sur la figure au niveau des ha

meaux de Maltache et N?tilly. Il s'agit d'une

succession de foss?s en eau qui dessinent un

trac? lin?aire succ?dant au cours d'eau, autour

duquel se trouvent des limites parcellaires et

foss?s en eau, isoclines ? ce trac?, et dont l'en

semble repr?sente un corridor, dans la conti

nuit? du corridor associ? au cours d'eau, plus ou moins parall?le localement au corridor

voisin associ? aux pal?ochenaux.

Ainsi, ? partir de mon r?seau hydro

parcellaire, et uniquement ? la lumi?re de cette

unit? morphologique, j'ai identifi? un autre type de r?seau, ax? sur les cours d'eau actifs et fossi

les : je le nomme r?seau ? fluvio-parcellaire ?.

Il g?n?re ? son tour des structures parcellaires

ponctuelles sous forme de corridors induits.

C'est, l? encore, ma propre repr?sentation spa tiale de l'agencement d'?l?ments concrets du

paysage. Le principe ? l'origine de l'?laboration

de cette carte consiste, en effet, ? chercher un

niveau interm?diaire d'organisation des formes

dont la figure 1 donne le relev? brut, non hi?rar

chis?. De nouveau, je repr?sente les ?l?ments

physiques (cours d'eau actifs et fossiles) et

sociaux (limites parcellaires et foss?s agraires

potentiellement en eau) de la m?me couleur (en bleu sur la figure 3), et montre que leur associa

tion produit une forme. Le corridor pris dans

son ensemble, figur? zonal cette fois, est d'une

seule couleur, cet effet permettant de le mettre

en ?vidence en tant qu'objet unique. Dans un

souci de clart?, j'ai diff?renci? la couleur du

corridor, dans son ensemble (beige ou mauve), de celle de ses ?l?ments internes (bleu, et blanc

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Fig. 3. R?seau fluvio-parcellaire

o c

? ?

474

Source : plan cadastral napol?onien ; cartes topographiques et th?matiques anciennes et r?centes ; photographies a?riennes

verticales anciennes et r?centes.

jhd>. habitat

-^.'4- limites

\V< parcellaires

structures parcellaires ponctuelles induites

par le r?seau fluvio-parcellaire

corridor associant les

pal?ochenaux aux limites

parcellaires et foss?s en eau

corridor associant les cours

d'eau actifs et les pal?ochenaux aux limites parcellaires et foss?s en eau

limites parcellaires et foss?s en eau, appartenant au

r?seau hydro-parcellaire, constitutives du r?seau

fluvio-v?g?talo-parcellaire

limites parcellaires et foss?s en eau constitutives du

r?seau hydro-parcellaire

r?seau hydrographique actif

cours d'eau figurant sur le cadastre napol?onien sous la forme d'un foss? en eau

cours d'eau ne figurant pas sur le cadastre napol?onien

mares et ?tangs figur?s sur le cadastre napol?onien

pal?ochenaux et zones hydromorphes fossiles

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Caroline Pinoteau

254 pour les corridors induits dont certaines limites

parcellaires n'appartiennent pas aux corridors

li?s aux cours d'eau actifs ou fossiles, mais qui leur sont isoclines par induction g?n?rale). La

logique voudrait que les ?l?ments internes et le

corridor global soient cartographies dans une

m?me gamme de couleur puisqu'il s'agit d'un

m?me objet, observ? ? des ?chelles diff?rentes

ou dont la repr?sentation change en fonction

du projet. Ces corridors morphologiques n'ont pas la

m?me ?tendue que les corridors relev?s sur la

carte d'?tat-Major, bien qu'ils soient locale

ment plus ou moins superposables, notamment

pour ce qui est du corridor morphologique li?

au cours d'eau des Courrances de la Craye. Les

cartographes du XIXe si?cle ont associ? diff?

rents ?l?ments relatifs ? l'occupation du sol en

se r?f?rant aux techniques et aux objectifs de la

topographie. Ce n'est pas mon cas car mon tra

vail morphologique s'appuie en partie sur la

g?om?trie des formes. Mes corridors ne cor

respondent pas non plus au lit majeur des ruis

seaux, ? leur zone inondable. Mon relev?

diff?re donc de celui de Sandrine Robert dont

l'?tude du plateau de S?nart porte, entre autres,

sur des unit?s morphologiques li?es aux zones

d'inondation des cours d'eau que l'auteur qua lifie de ? parcellaires de d?bordement ? [1995 :

44-45]. Cependant les deux notions sont tr?s

voisines et int?ressantes ? combiner. La r?gle ici est de ne pas se contenter d'attribuer une

nouvelle apparence g?om?trique ? des r?alit?s

g?ographiques physiques ou agraires d?j? bien

connues, comme lit mineur et lit majeur de

rivi?re, mais de chercher ? d?finir, si possible, un nouvel objet de recherche.

L'imbrication et la connexion ?comorpho

logiques Gr?ce ? l'enqu?te morphologique j'ai pu iden

tifier une organisation spatiale ax?e sur l'hy

drographie; elle combine deux r?seaux, l'un

hydro-parcellaire, l'autre fluvio-parcellaire, g? n?rant eux-m?mes des unit?s morphologiques

ponctuelles. Pouvait-on ?tablir des rapports entre ces deux formes et d'autres ?l?ments du

paysage, tels la v?g?tation, le r?seau de l'habi

tat, les formes parcellaires ponctuelles li?es ou

non ? l'habitat, la voirie ?

C'est avec la v?g?tation que le lien est le

plus ?vident. La plupart des masses* et limites

parcellaires du r?seau fluvio-parcellaire se

rattachent ? celle qui s'y d?veloppe (fig. 4

ci-contre).

Dans les corridors fluvio-parcellaires, l'im

brication avec les masses parcellaires s'effectue

par association notamment des p?tures et prai ries humides - observation banale, ces types de

masses parcellaires ?tant couramment situ?s en

bordure des cours d'eau. Une partie du r?seau

des haies en taillis se superpose aussi aux limi

tes parcellaires internes, reli?es ou parall?les aux cours d'eau.

Le long des corridors fluvio-parcellaires, certaines haies en taillis sont superpos?es aux

limites parcellaires. Par ailleurs, quelques par celles v?g?talis?es (bois?es, p?tur?es...) sont

connect?es par accolement: il s'agit de parcel les dont la g?om?trie respecte la g?om?trie

g?n?rale des corridors.

L'imbrication, la connexion du v?g?tal et du

parcellaire d'une part, la relative densit? de la

v?g?tation concern?e d'autre part m'invitent

? qualifier mon r?seau de ? fluvio-v?g?talo

parcellaire ?.

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Fig. 4. R?seau fluvio-v?g?talo-parcellaire

o c cu ? ?

Source : plan cadastral napol?onien ; cartes topographiques et th?matiques anciennes et r?centes ; photographies

a?riennes verticales anciennes et r?centes.

haies en taillis

bois

landes

friches

p?tures et

prairies humides

jp?. habitat

limites

parcellaires

structures parcellaires ponctuelles induites par le r?seau fluvio-parcellaire

corridor associant les

pal?ochenaux aux limites

parcellaires et foss?s en eau

corridor associant les cours

d'eau actifs et les pal?ochenaux aux limites parcellaires et foss?s en eau

*ux"4>

limites parcellaires et foss?s en eau appartenant au

r?seau hydro-parcellaire, constitutives du r?seau

fluvio-v?g?talo-parcellaire

limites parcellaires et foss?s en eau constitutives du r?seau

hydro-parcellaire

r?seau hydrographique actif

cours d'eau figurant sur le cadastre napol?onien sous la forme d'un foss? en eau

cours d'eau ne figurant pas sur le cadastre napol?onien mare et ?tang figur?s sur le cadastre napol?onien

pal?ochenaux et zones hydromorphes fossiles

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Caroline Pinoteau

256 Le lien entre les formes hydro- et fluvio

v?g?talo-parcellaires et le r?seau de l'habitat

group? et dispers? est plus complexe ? mod?

liser. C'est ce que je me propose de faire en

introduisant une autre forme de connexion.

Les connecteurs morphologiques g?om?

triques li?s ? l'habitat

Dans les interfluves du r?seau fluvio

parcellaire, ce qui distingue les limites parcel laires en eau, appartenant au r?seau hydro

parcellaire, des autres limites parcellaires attire

l'attention sur un aspect nouveau. On constate

que les principaux habitats dispers?s se trou

vent souvent en connexion directe avec une

forme hydro-parcellaire particuli?rement orga nisatrice d'un versant ou d'un plateau inter

fluvial, et ce par le biais de limites parcellaires

fossoy?es. On remarque cette situation autour

d'habitats encore occup?s comme autour d'ha

bitats disparus. Autour du ch?teau de Longue Plaine et de

la ferme de Cigogne, la carte du r?seau hydro

parcellaire montre de grands enclos ceignant le ch?teau et la ferme, d'o? divergent des

foss?s qui relient ces formes centrales avec les

corridors. Le bon drainage des sols est sans

doute la raison principale de ces am?nage ments. Pour cet interfluve, le r?seau des foss?s

en eau joue le r?le de structures interm?diaires

du parcellaire : ? l'int?rieur des quartiers ainsi

form?s, le d?coupage parcellaire s'op?re par des limites en bandes ou en lani?res (fig. 5

ci-contre).

Au nord-est des lieudits Longue Plaine et

Cigogne, ? la jonction du corridor du ruisseau

des Courrances de la Craye et d'un petit corri

dor affluent, mais en marge de ces corridors,

le site des Petites Mottes offre, lui, un habitat

disparu correspondant ? un fief mentionn? au

d?but du XVIe si?cle (fig. 5). Des fermes ac

tuelles p?rennisent l'occupation de cet espace m?di?val. La carte du r?seau hydro-parcellaire met en ?vidence l'enclos des Petites Mottes et

les foss?s qui le relient aux corridors adja

cents, comme dans l'exemple pr?c?dent. L? encore, le r?seau hydro-parcellaire orga nise et induit les subdivisions plus fines du

parcellaire. On pourrait se livrer ? une d?monstration

identique autour du ch?teau et de la ferme de

Thais, ou encore sur le site du versant de la

Nouill?re.

? la Besnerie, le sch?ma diff?re quelque

peu (fig. 5). Le r?seau hydro-parcellaire ren

voie l'image d'un grand enclos g?om?trique autour de l'habitat et de quelques lignes diver

gentes. La fonction de connexion est assur?e

par le biais d'un des corridors fluvio-parcellai res voisins. Mais le parcellaire de la zone d?

pend moins de cet ensemble que de la route et

des chemins qui lui sont parall?les ou perpen diculaires. Il est l? plus ind?pendant que dans

les cas mentionn?s plus haut, c'est-?-dire qu'il est induit par le r?seau viaire plus que par les

foss?s divergents de la ferme. Ici, il y a conflit

de formes*.

Bien entendu, ces ensembles hydro-parcel laires ponctuels ne constituent pas la totalit?, ni

m?me parfois l'essentiel du parcellaire. Celui

ci se d?veloppe ?galement sur des chemins ou

de fortes limites parcellaires ne relevant pas du

r?seau hydro-parcellaire. Ces formes sont donc relativement sp?ci

fiques. Je sugg?re de les baptiser ? connecteurs

morphologiques g?om?triques ? en raison du

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Cigogne et

Longue

Plaine

Fig. 5.

Connecteurs g?om?triques

ponctuels

lOOOm

473

Source : plan cadastral napol?onien ; cartes topographiques et th?matiques

anciennes

et r?centes ; photographies a?riennes verticales anciennes et r?centes.

habitat

/b fc % indices possibles

de sites

( ' * J arch?ologiques

limites parcellaires

itin?raire marginalis? par " ""~

l'am?nagement de Longue Plaine

haies

en taillis

-*

connecteurs g?om?triques

ponctuels

parcellaire d?termin? par du

connecteur g?om?trique ponctuel

?

? morphog?nes probables du parcellaire

route de Sorigny ? la Fresnay parcellaire d?termin? par ces

morphog?nes

/;M? emprise des corridors du r?seau fluvio-parcellaire limites parcellaires et foss?s en eau constitutifs du

r?seau hydro-parcellaire

"W r?seau hydrographique

actif

*v cours d'eau

figurant

sur

le

cadastre napol?onien

sous la forme d'un foss? en eau

k"?o cours d'eau ne figurant pas sur le cadastre napol?onien ^ mares et ?tangs

figur?s

sur

le

cadastre napol?onien pal?ochenaux et zones hydromorphes fossiles

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Caroline Pinoteau

258 r?le d'articulation qu'elles ont entre les habitats

et les corridors, avec quelquefois une certaine

ind?pendance par rapport au dessin d?taill? du

parcellaire. Le fait qu'elles soient attach?es ?

l'habitat dispers? les range dans les formes de

type polaris?. En r?sum?, la voirie et le parcellaire de la

zone de Sorigny peuvent ?tre d?finis comme

l'association et le conflit de trois sortes de

formes (fig. 6 ci-contre) :

des formes viaires et parcellaires dict?es par les corridors fluviaux et par les pal?ocorridors l?

o? toute circulation d'eau en surface a disparu mais o? les photographies a?riennes r?v?lent

une humidit? significative ;

des formes parcellaires li?es aux formes de

connexion g?om?trique existant entre les habi

tats et les corridors ;

des formes viaires et parcellaires dict?es

par des ?l?ments morphog?n?tiques locaux

ou supralocaux - voies et alignements remar

quables - d?terminant l'orientation privil?gi?e

de certaines plages du parcellaire. Autour du ch?teau de Longue Plaine, par

exemple, aucune voie ou alignement remarqua ble ?trangers ? la forme du connecteur morpho

logique g?om?trique n'appara?t. Le ch?teau a

su prot?ger son espace interfluvial de toute

ligne s?cante et, ?ventuellement, effacer ou

marginaliser des lignes ant?rieures qui entraient

en conflit avec la forme de son am?nagement.

Ailleurs, dans le cas d'habitats plus modestes, le

conflit a eu lieu et les formes g?om?triques de

connexion n'ont pas tout organis? : ainsi ? la

Besnerie o? le r?seau quadrill? local fond? sur

la route qui m?ne de Sorigny ? la Fresnay reste

la base principale d'organisation du parcellaire.

R?flexions sur la gen?se et la dynamique des formes parcellaires Le lecteur aura observ? que le dossier pr?sent? ici est, h?las, pauvre en informations arch?o

logiques connues, cette ?tude ayant ?t? entre

prise avant que la ZAC de Sorigny ne fasse

l'objet d'une enqu?te d'arch?ologie pr?ventive. On pourra l?gitimement le regretter et remettre

? plus tard la comparaison entre donn?es

morphologiques et arch?ologiques. Cela signi fie-t-il que toute exploitation arch?ologique des

observations qui viennent d'?tre faites est com

promise ?

Je sugg?re, en premier lieu, de consid?rer

que la forme ?tudi?e est une forme transmise, donc fortement charg?e en ?l?ments histo

riques, m?me si leur individuation est impossi ble. Il faut donc apprendre ? travailler avec une

m?moire existante mais masqu?e. Je sugg?re, ensuite, qu'on inverse le propos

et qu'on se demande ce qui est transf?rable

dans la question difficile de la gen?se et de la

dynamique des parcellaires. Les arch?ologues

s'interrogent, en effet, sur la forme que peuvent

prendre les paysages de la fin de la protohis toire et de l'?poque romaine, autour des fermes

indig?nes et des villae, d?sormais bien recen

s?es par la prospection a?rienne dans certaines

r?gions favoris?es ou fouill?es lors des op? rations d'arch?ologie pr?ventive [Bayard et

Collart eds. 1996; Buchsenschutz et M?niel

eds. 1994; Leroux et ai 1999]. Un sch?ma convaincant a ?t? mis en ?vi

dence en Baugeois, dans la r?gion angevine, ?

l'occasion de l'?tude arch?ologique de l'A 85

[Carcaud et al. 1997]. Les morphologues ont

mis au jour l'existence de grandes orientations

organisatrices, de caract?re supralocal, qui

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Fig. 6. Organisation spatiale g?n?rale ?comorphologique

Cu ? O

o 100 500 4?3 1000 m

Source : plan cadastral napol?onien ; cartes topographiques et th?matiques anciennes et r?centes ; photographies a?riennes

verticales anciennes et r?centes.

habitat

i*

connecteur g?om?trique ponctuel

bois

landes

friches

p?tures et

prairies humides

haies en taillis

structures parcellaires ponctuelles induites par le r?seau fluvio-parcellaire

corridor associant les pal?ochenaux aux limites parcellaires et foss?s en eau

corridor associant les cours

?p* d'eau actifs et les pal?ochenaux aux limites parcellaires et foss?s en eau

? *wv

limites parcellaires et foss?s en eau constitutifs du r?seau

hydro-parcellaire

r?seau hydrographique actif

cours d'eau figurant sur le cadastre napol?onien sous la forme d'un foss? en eau

cours d'eau ne figurant pas sur le cadastre napol?onien

mares et ?tangs figur?s sur le cadastre napol?onien

pal?ochenaux et zones hydromorphes fossiles

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Caroline Pinoteau

26o constituent la trame de fond dans laquelle les

unit?s locales semblent incrust?es comme au

tant d'enclaves. Gr?ce ? la confrontation de ces

formes avec les observations arch?ologiques des

nombreux chantiers g?n?r?s par la construction

de l'autoroute, on a pu montrer que cette trame

n'?tait pas une planification mais un cadre spa tial auto-organis? dans la dur?e, dont la carto

graphie indique plus le point d'arriv?e que le

point de d?part. Comment ces formes en r?seau

supralocal se mettent-elles en place? On sup

pose, avec vraisemblance, que quelques axes

routiers ont d? jouer un r?le d?terminant. Mais

le d?tail ?chappe. En revanche, la parent? entre

les orientations pr?romaines et romaines et les

orientations ult?rieures du parcellaire, jusqu'?

aujourd'hui, a ?t? maintes fois affirm?e. L'hy

poth?se d'une transmission dynamique (par iso

clinie*, isotopie*, isoaxialit?*) est ? retenir.

Il est clair que la zone de Sorigny n'entre

pas dans ce cadre. On n'y trouve pas de grande trame supralocale isocline organisant et diri

geant la majeure partie du parcellaire. Au

contraire, diverses orientations apparaissent,

qui s'expliquent par des r?seaux locaux, voire

microlocaux, sur l'anciennet? desquels on ne

peut pas se prononcer. Dans les r?gions armoricaines, on a pr?f?r?

proposer une autre modalit?. Comme les pros

pections a?riennes d?voilent des enclos d'habi

tat entour?s d'amorces de trames parcellaires

qui ne se prolongent jamais bien loin dans

l'espace environnant (sauf exception), on a

sugg?r? d'y lire un paysage de ? cellules ind?

pendantes ?, sans lien entre elles, telles des ?les

dans un espace non encore continentalis?. On a

?galement pr?f?r?, ? l'inverse de ce que l'on

a observ? dans la r?gion du Baugeois, souligner

le hiatus entre les formes antiques, protohis

toriques et romaines, et les formes enregistr?es

par le cadastre napol?onien, sur la base de

discordances manifestes.

Or la lecture des cartes [Leroux et al op.

cit., fig. 41, 45, 48, 49, 51, 52, 55, 60, 61] ainsi

que la consultation de l'excellent album de cli

ch?s a?riens qui l'accompagne r?v?lent des for

mes qui ne sont pas sans ?voquer ce qui vient

d'?tre dit. Les principales ? fermes indig?nes ?,

avec leurs amorces de parcellaires orthogonaux ou plus radiaux, souvent en situation de som

met d'interfluve ou de pente, ou encore d'inter

section entre corridors fluviaux, semblent en

tous points comparables aux connecteurs g?o

m?triques d?crits ci-dessus. Une ?tude des fer

mes indig?nes et de leur ?bauche de parcellaire

fossoy?, concomitante d'une ?tude des corri

dors fluvio-?co-parcellaires, permettrait sans

doute de mod?liser le processus de continenta

lisation de l'espace.

Ainsi, au lieu de mettre l'accent sur la dis

cordance entre les formes antiques et celles du

cadastre napol?onien (qui se produit en effet ?

un certain niveau de la morphologie), il y aurait

plut?t int?r?t ? relever la parent? des modalit?s

d'insertion dans l'espace, la transmission se

faisant moins trait pour trait (discordance des

dessins) que mode par mode.

On peut se demander si le fait que, dans un

certain nombre de cas, les prospections a?rien

nes permettent de voir la ferme et quelques foss?s qui divergent de l'enclos ne signifie pas

que nous serions en pr?sence de formes de

connexion g?om?trique interfluviales, et non

de la totalit? du parcellaire. Celui-ci, ? l'instar

de l'espace de Sorigny, a tr?s bien pu se d?ve

lopper selon des trames locales quadrill?es, ?

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Changer la carte, c'est changer l'objet

partir d'une voie ou d'un chemin, d'une ligne

morphog?n?tique, et sans laisser de traces aussi

pr?gnantes que les foss?s creus?s autour de la

ferme indig?ne. Il serait alors int?ressant de

chercher ? quel niveau peut s'effectuer la trans

mission dynamique : si ce n'est pas au niveau

des fermes et de leurs formes de connexion,

c'est peut-?tre ? un autre niveau.

On peut donc sugg?rer que dans ces r?gions

armoricaines, o? la documentation arch?o

logique est abondante et ?labor?e, on travaille ?

la restitution du parcellaire antique en se fon

dant sur trois entr?es, dans un sch?ma d'asso

ciation et de conflit de formes :

des corridors hydro-parcellaires ;

des connecteurs g?om?triques (les fermes

et leurs trames radiales ou orthogonales) ;

des plages parcellaires d?termin?es par les

voies et les chemins, probablement sur une base

quadrill?e non rigoureusement orthogonale.

Finalement, cette ?tude morphologique, ax?e au d?part sur la relation entre l'hydro

graphie et la gestion du paysage agraire comme

facteur principal d'organisation spatiale ? Sori

gny, se r?v?le positive. Un nouveau paysage,

coh?rent, structur?, appara?t (fig. 6). Une orga nisation paysag?re que l'on ne soup?onnerait

pas en consultant une photographie a?rienne

ancienne (dat?e d'avant les remembrements des

ann?es 1940-1950), la premi?re ?dition de la

carte topographique au 1 : 25 000e du secteur, ou encore le cadastre napol?onien.

En abandonnant les proc?dures classiques de

la photo-interpr?tation, les mod?les morpho

logiques chrono-typologiques, au profit d'un

travail sur la combinaison des donn?es phy

siques et sociales (mes r?seaux hydro- et fluvio

parcellaires) d'une part, et sur l'articulation des

repr?sentations de diff?rentes disciplines (la

morphologie dynamique, l'?cologie du pay

sage, la cartographie) d'autre part, on est amen?

? proposer de nouveaux objets. Cette d?marche

s'inscrit dans l'?laboration actuelle d'une mor

phologie dynamique, approche ?mergente en

arch?og?ographie. Celle-ci permet de renouveler notre lecture

de la morphologie agraire, ancienne et r?cente, et de la repr?sentation spatiale par :

le retour aux documents cartographiques anciens (type ?tat-Major) ;

la cr?ation de nouvelles cartes, ou plus exac

tement l'utilisation de l'exp?rimentation carto

graphique pour construire un nouveau discours ; un nouveau langage propre aux morpho

logues et accessible ? tous, fond? sur la mise en

?vidence de la concr?tude des relations des

hommes ? l'espace g?ographique ;

de nouveaux concepts comprenant de nou

veaux processus et objets morphologiques,

hybrides, physiques et sociaux.

La carte morphologique est-elle susceptible de devenir un nouvel outil cartographique utilis?

en mati?re d'am?nagement local? L'?valuation

de ce nouvel outil est maintenant n?cessaire.

26]

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Caroline Pinoteau

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R?sum? Caroline Pinoteau, Changer la carte, c'est changer l'objet En cherchant ? caract?riser, ? l'aide des proc?dures clas

siques de la photo-interpr?tation, l'organisation spatiale an

cienne et h?rit?e d'un paysage ordinaire situ? ? Sorigny

(37), l'auteur se heurte ? une impasse et sugg?re une autre

m?thode d'identification des processus morphologiques, ax?e sur la combinaison d'?l?ments physiques et sociaux et

l'articulation des objets des diff?rentes disciplines. Elle

identifie deux r?seaux imbriqu?s l'un dans l'autre : un r?

seau ? fluvio-parcellaire

? et un r?seau ? hydro-parcellaire

?

? partir desquels se connectent et s'organisent la plupart des

autres ?l?ments spatiaux. L'?laboration cartographique met

en valeur le r?le de ? connecteurs g?om?triques ?

jou? par certains habitats et parcellaires. Le travail se prolonge par une r?flexion sur la gen?se et la dynamique des formes per

mettant de se demander en quoi cette ?laboration de type

?cog?ographique int?resse l'historien et l'arch?ologue.

Abstract

Caroline Pinoteau, Change the Map Changes the Object

Trying to describe the ancient and inherited spatial orga nization of an ordinary landscape at a location in Sorigny

(Indre-et-Loire Department, France) by using classical

procedures for interpreting photographs leads to a dead

end. Another method for identifying morphological pro cesses is suggested that hinges on a combination of physi cal and social factors and on interrelations between various

disciplines. Two interlocking networks are identified: a

"fluvio-parcel" network and a "hydro-parcel" one. Most

other spatial elements hook up to these networks and are

organized around them. Drawing maps sheds light on how

certain habitats and plots of land act like "geometrical connectors". Thought is given to the genesis and dynamics of patterns so as to inquire into the reasons why this eco

geographical approach is of interest to historians and

archeologists.

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