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P R O C H A I N E E X P O S I T I O N à la galerie
“ Perceptions photographiques” Philippe DOMERGUE
Marie-France LEJEUNECatherine MARCOGLIESE
Joyce PENELLEDominique ROUX
•21mai>26juin2010
•vernissage:jeudi20mai2010
•visitecommentée:samedi5juinà16h
•mercredi>samedi-15h>19housurR.V.
TrèsintéressésparlaperformancedecejeunegroupedecréateurslorsdeleurexpositionàPer-pignan en mai 2009, nous avons décidé de leur offrir en cette fin de saison une carte blanche etl’espacedelagalerie.Leurcréationinterrogedifférentesinterprétationsdel’espacephoto-graphiqueetleurmiseenscènedanslesespacesd’exposition.Cesartistesnesontpastousdesinconnuspourlagaleriepuisque,àdesmomentsdifférents,troisd’entreeuxontdéjàétéprésentésàlagalerieouenhors-mursparlagalerie.Cetravailducollectifestdoncpournousl’occasionderenouveler,avecplaisir,uneexpériencephotographiqueaveceux.
Lecollectif«Perceptionsphotographiques»estcomposédecinqartistesdusuddelaFrancequipartagentlesmêmesvisionsouinterrogations,àsavoirMarie-FranceLejeune,DominiqueRoux,PhilippeDomergue,JoycePenelleetCatherieMarcogliese.
P h i l i p p e D O M E R G U E
L’espace, le doute et la photographie
Par le simple glissement d’une image sur un objet celui-ci devient autre. J’aime cette faculté qu’a un objet ou unélémentdupaysage,àdevenirautre,àsemétamorphoseràtraverslarencontred’uneimage.Si pour Georges Perrec « l’espace est un doute et non cette présence à laquelle nous nous abandonnons », pour moi il est à la fois « présence » et « doute », forme visible et interrogation permanente. J’ai besoin de le réinventer,constamment,etlaphotographieestpourmoil’undesmoyensprivilégiés.
Hybridation, détournement, mise en abîme
Avec les gestes croisés du photographe, du sculpteur et du jardinier, je recouvre et/ou transforme murs, bâti-ments,fragmentsdepaysages...Détournésdeleurréalitéphysiqueinitiale,cesélémentsdupaysage donnent chair aux images photographiques quiles enveloppent. Pour quelques jours ou durablement. Transplantées dans la friche, greffées sur les parois ou lesvolumesarchitecturaux, les imagestrouventuncorps,unetexture,uneépaisseur.Photographiéesunenouvellefois,ellesréactiventnotreper-ception,réinterrogentlestatutdelaréalité.
Incertitude
Face à l’étrangeté du monde, à ce mélange précaired’objets inertes, de corps en mouvement, d’images toujours plusenvahissantesetimmatérielles,jeréagisenessayantdedonnerformeàcetteénigmedesapparences.Dans un premier temps, en marouflant les images photo-graphiques sur des supports émergents, solides, substantiels, j’augmente la réalité de l’image, lui donne une consistance, une véritable physicalité. « L’image devient objet, matière tangible, elle négocie avec son support»(1).Ellenefaitplusqu’unaveccelui-ci.Dansundeuxièmetempsjerenverselasituationenrestituantunmondeàplatparlesnouvellesprisesdevues.Incertitudedumondedanslaréalitéprégnantedesimages.
Janvier2010
(1) Judicaël Lavrador (Critique d’art, curateur). « L’image cabrée » Fondation Ricard, 2009
Qu’est ce que la réalité? Qu’est ce que nous voyons? Est ce la réalité ou est ce notre pensée?
Michel Paty (Physicien, épistémologue)
©PhilippeDomergue
©PhilippeDomergue
M a r i e - F r a n c e L E J E U N E
H O R I Z O N
Unegrandeligned’horizonestconstituéeàpartird’uneinstallationcomposéedeseptphotographies.L’idéedecetteséried’installationsphotographiques(ilenexisteplus-ieurs)estvenueenréponseàunconstatd’unedeslimitesduregardhumain : en aucun cas il ne nous est possible de voir simultanément cequisesituejusteànospiedsetcequisetrouveaudessusdelui,dansleciel.C’estpourquoi,faceàlamerj’aieffectuédansunpre-miertempstroisàcinqphotographiesdecequiseprésentaitdevantmoi, du sol au ciel, afin d’en reconstituer un panoramique vertical. Cette photographie est ensuite recadrée de différentes manières afin deprivilégiercequisetrouveaudessusduniveaudelameroucequi se trouve plus bas. Une grande ligne d’horizon et ainsi reconstituée etoffreauregardunevisiondupaysagequinevanonplusduhauten bas mais de droite à gauche (ou l’inverse). C’est une réflexion sur la perception de l’espace, sur le point de vue, mais aussi une réflexion surnotreexistence,notrequotidien,prochedenous,etcequiestauloin, plus flou, qui emporte notre pensée vers d’autres espaces.
Marie-FranceLEJEUNE
L e f i n i n e s a u r a it s u f f i r e
L’horizon marque la limite de ce que l’on peut observer, depuis une position ousituation.Mais, à y bien songer, en soi, la ligne d’horizon n’existe pas ! Elle est impalpa-ble, impraticable, sans lieu. Elle est utopie !QuandMarieFranceLejeuneinstallesesphotographiesterrestres-célestesdanslaChapelleduTiersOrdre,dequelleutopies’agit-il?L’artistejuxtaposetoutlelongdelanef,commeautantdepointsdevue,plusieursphotographiesmontrantchacunelaligned’unpartagedifférenciéentreterreetciel.Enjouantensuitesurlahauteurdesimagescôteàcôte,elleparvient à tracer une seule ligne d’horizon... Elle nous invite d’emblée à une variation,unevariétéderegards.Quand de surcroît cette ligne d’horizon se dessine dans une chapelle baroque, elle dévie subtilement (ou spirituellement) notre perception du réel. Le ba-roques’estimposédansl’histoireparunenouvelleconceptiondelareprésen-tation. L’espace représenté s’affirma dorénavant plus étendu que l’espace réel. L’autre lieu se fit plus vaste que ce lieu-ci.Enplaçantsoninstallation-compositiond’horizonsdanslachapelle,MarieFrance Lejeune redouble l’utopie baroque. Elle la met en abyme. Les archi-tectesdelaChapelleduTiersOrdreontmislaréalitéenhautspectaclesurlavoûte de l’abside pour remettre en cause les valeurs traditionnelles et annon-cer une sensibilité nouvelle, toute chavirée par les découvertes de la Renais-sance.Dansunmêmequestionnement-limiteouàlacharnièrede,MarieFranceLeje-uneinterrogele«manqueàvoir»queJeanPaulCurnierdécritdans«Montrerl‘invisible ».Enchoisissantl’horizoncommerepèrepourjaugerlaperception(+ou–deterre,+ou–deciel,selonlespointsdevue)ellerendhommageàl’expériencecomme moyen poétique et parvient à parler finalement sans gradation du désir.Suspenduesenlégèretéàl’utopiquehorizon,lesphotographiesdeMarieFrance Lejeune désignent la finitude certaine de l’être, son aspiration à un ailleurs et son tremblement face à l’irréparable du temps... Images comme enlévitation,témoinsaussid’unepuissancedecréationetdetransgressionpar laquelle l’humanité s’affirme et se développe. Histoire de s’accrocher au présent,des’ouvriràl’espacedesaproprevieetdetrouverlesgestesoùellese donne. Comme le baroque a marqué une transition entre l’idéal Renais-sant d’équilibre et celui plus frictionné des temps modernes, l’oeuvre de Marie FranceLejeuneretientlaféerieduelledescontes(nésauXVIIèmesiècle)pourparticiperaunécessaireréenchantementdumondecontemporain.
FlorenceMoraliEnseignanteàl’EcoleSupérieured’Art
DeToulonProvenceMéditerranéeMars2009
C a t h e r i n e M A R C O G L I E S E
L’effet tunnel ou l’instant magnifié
Rarementlanatureselaisseregardertoutenue.Lavie urbaine lui a imposé ses oripeaux jusque dans ses zoneslesplussecrètes.Silavégétationoffreencoreparfoisl’illusiond’unevirginitétrompeuse,cen’estquel’instantd’unregard.Notrevisiondoitsesat-isfaire de ces reflets furtifs, captés au hasard de la viecontemporaine.L’accèsdirectàl’imageresteillusoire.«Onvoittoujoursàtraversquelquechose»,expliquelaphotographeCatherineMarcogliesequinous offre ici des instants de nature magnifiés par un cadreimposé:letunnelroutier.
Ce n’est pas un artifice. L’artiste a saisi son sujet, et son décor avec. Et elle nous en impose. Elle fixe ainsi, sans obligeance, les limites du rêve. Elle nous révèlesesimagesd’unenaturecapturéeàtraversde multiples filtres : un objectif photo, un pare-brise de voiture et ce tube de béton par lequel elle canal-ise le spectateur comme pour l’obliger à pénétrer le décor,àselaisseraspirerdetoutsoncorps,nelelais-sant respirer enfin, à l’autre extrémité, que le temps d’uninstantdéjàpassé.
Au-delàdesclichés,l’artistepoursuitsonœuvre.L’installation, ici, réussit à figer le temps. La cap-turedelanatureproduitsoneffetjusquedansl’exposition. Du cadre tubulaire passe-muraille jusqu’auxlunettesàdiapositivesoffrantl’illusiond’unregard dans la chambre d’à-côté, le spectateur estinvité,discrètement,àpartageravecCatherineMarcogliese une bien curieuse (mais bien naturelle) indiscrétion.
FH
©CatherineMarcogliese
©CatherineMarcogliese ©CatherineMarcogliese
J o y c e P E N E L L E
F I A T L U X
JoycePenelleapassédelonguesheuresàassisteràdesopérationschirurgicales.Maisoùd’autrestourneraientdel’œilfaceàla terrible ouverture des corps, son œil a su tournerautourdel’actechirurgicalpourletransfigurer par l’acte photographique en des clairs- obscurs d’une grande plasticité. Attentive à la beauté du geste elle donne à ces opérations une véritable dimension de ritueldestinéàredonnerlavie.Certainesdecesimagestiréessurtranspar-ent sont fixées sur des panneaux lumineux renforçantl’effetmétaphoriquedesontra-vail.D’autres,représentantdifférentsgesteschiru-rgicauxsonttiréesauformat120x80cmetplacéesauxmursDes « objets photographiques » : Confronta-tionsd’imagesàcaractèrereligieuxoumédi-cal présentées dans du matériel de bloc opératoire (boites de pansements, bocaux, coupelles, verres bombés) détournées de leur fonctionetévoquanttantparleurprésenta-tionqueleurcontenulesicônes,ex-votoouvanitésquidisentlafragilitédenotrecondi-tion humaine, notre besoin de magie face à lamort.
©JoycePenelle-FiatLux
D o m i n i q u e R O U X
C e C I N ’ e s T p A s m O N C O R p s
Installationphoto+vidéo
DanscetteinstallationDominiqueRouxmetenrésonancel’universreligieuxetl’universchiru-rgical.Ilrevisitel’histoiredel’artquiasouventquestionnéetreprésentélecorpsdanssadi-mensionreligieuse(Cène,Piétas,Descentesdecroix,Vanités),oumédical(leçonsd’anatomie,dessins anatomiques, cabinets de curiosité).
Danslechœurdelachapelle:Reconstitutiond’unesalled’opération.Structuremétallique(3mx3m.hauteur2m50)entouréedevoileblanc. Au centre, une table d’opération sur laquelleestprojetéeàlaverticalesurleven-tred’unmannequinunevidéode16minutes:desmainsgantéesdechirurgienselivrentàunesimulationd’opération.Petitàpetitparunglissementprogressifl’actechirurgicalsetrans-formeenpréparationculinairepourseterminerparunesortederepasoudeCène.
Aufondduchoeur:unephotographieintitulée:«Miseen(s)Cène»(120cmx80cm).CetteœuvreestuneréinterprétationdelaCènedeLéonarddeVinciréaliséedanslasalled’anatomiepathologiedelafacultédeméde-cinedeToulouse.DominiqueRouxyrevisiteparl’autoportraittouslesprotagonistesdelaCèneentransposantl’universreligieuxdansl’universchirurgical.
Série«Champsopératoires»:(Departetd’autredela«Cène»)Confrontationduchampphotographiqueetduchampopératoirequilorsdesopérationsfragmen-tentetdélimitentlazonedetravailjusqu’àl’abstraction. Il s’agit de 12 « natures mortes /vanités»oùdesmainsgantéesdechirur-gietravaillentdifférentesmatièresdésignéescommedes«cycles»(cycledelachirurgie,cycledesos,cycledusang,cycledel’eau,cy-cledesinstruments,cycledelachimie,cycledel’électricité,cycledel’magerie…etc.…)Chaqueimage50x65cmcontrecolléesuralu-miniumestaccompagnéedetextesquimêlentlediscoursmédicaletlediscoursreligieux,etentremêlentleprofaneetlesacré,lescienti-fique et le trivial.
©DominiqueRoux-Cecin’estpasmoncorps
©DominiqueRoux