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Parcours d'artistes - Artists in Context

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this presentation aims to be a testimony of young international artists' experiences in residences troughout europe and the rest of the world

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parcours et témoignages

d’artistes

artists in context

artistes de la relation à l’autre

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remerciements

à tous ceux qui ont permis de réaliser ces programmes de mobilité d’artistes : les acteurs des Pépinières européennes pour jeunes artistes et leurs partenaires institutionnels,

ainsi que les villes et les lieux de création partenaires.

ministère de la culture et de la communication (DAI, DAP, DDAT) / ministère de la jeunesse, de l'éducation et de la recherche/ministère des affaires étrangères / commission européenne (direction générale Education et Culture) / fondation européenne de la culture

Berlin : Schlesische 27, Karuna, Hochschule der Künste. Bruxelles : De Zeyp, Beursschouwburg. Copenhague : Terra Nova. Glasgow : Castlemilk Youth Complex, Pearce Institute. Dublin : Tallaght Community Arts Centre. Porto : Espaço T. Huesca : Municipalité de Huesca. San Sebastian : Arteleku. Madrid : Institud de la Juventud, AMAVI - UAAV. Perpignan : Ecole des Beaux arts. Chambon Feugerolles : MJC - Maison du citoyen. Mantes la jolie : Collectif 12. Meaux :TIC (Théâtre itinérant de la Cité). Roubaix : TEC (travail et culture), L'Oeil, Chez Rita, A.R.A.( Autour des Rythmes Actuels). Longjumeau : Théâtre du Menteur-La Manufacture. Padoue : Progretto Giovani. Amsterdam : Trans artist & Artoteek Zuidoost /Het Nieuwe Podium. Varsovie : Fondacja dla Polski. Lublin : Fondacja Galeria Na Prowincji. Luxembourg : Coopérations

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le champ de la relation à l’autre, objet de la démarche artistique

Pour accompagner et promouvoir une jeune génération d'artistes qui invente de nouvelles formes d'expression en redessinant la place de l'artiste dans sa relation à l'autre, les Pépinières européennes pour jeunes artistes ont conçu le projet Artists in context-Artistes contre l'exclusion. Depuis plus de cinq ans, ce programme de mobilité réalisé dans le cadre du service volontaire européen, à permis a une quarantaine de jeunes créateurs de construire un projet artistique en rapport avec un contexte social et humain défavorisé.

Abandonnant les lieux habituels de la création contemporaine, ces artistes investissent des ailleurs inattendus pour aller à la rencontre de nouveaux publics, au sein même de leur cadre de vie : hôpitaux, prisons, banlieues déshéritées, campagnes isolées, zones urbaines socialement sinistrées… Immergés dans ces cadres inhabituels, ils y inventent des démarches fortes d'intelligence créative, dans lesquelles se risquent les enjeux de rapports humains authentiques et se dessinent les figures possibles d'une nouvelle forme d'engagement artistique.

Expériences souvent difficiles que celles qui articulent solitude et confrontation pour ces jeunes créateurs découvrant un autre pays, une autre culture ; sentiments de reconnaissance et de renaissance pour ces publics isolés qui ont partagé les parcours artistiques conçus dans le respect d'une interactivité attentive aux contextes humains ; telles sont les lignes qui tracent la personnalité de ce programme. Au seuil de cette troisième édition, le bilan s'impose, étonnant, riche d'expériences originales, de propositions inattendues et, parfois, d'échecs constructifs. Toutes les démarches développées, tous les projets réalisés dans plus de dix pays représentent un investissement considérable pour les acteurs de ce programme. Ils dessinent un bilan essentiel : des publics ont accompagné avec enthousiasme des processus artistiques dont ils sont d'ordinaire exclus et de nombreuses productions ont été construites et présentées. Toutes témoignent d'une exigence de sens et d'une qualité d'invention surprenante, qui renouvellent le champ de la création au travers de la relation à l'autre.

Ce document se propose de présenter de manière non exhaustive quelques expériences et témoignages significatifs. Ils permettront au lecteur, sans doute, de mieux apprécier, au travers d'une description plus précise de certains projets, la valeur et les enjeux des démarches que ces jeunes artistes esquissent avec générosité et construisent dans le risque vrai d'une relation à l'autre toujours imprévisible.

Patrice Bonnaffé

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Pépinières européennes pour jeunes artistesBP 139-11, rue Paul Leplat78164 Marly le Roi

T : +33 1 39 17 11 00 email : [email protected] : + 33 1 39 17 11 09 site : www.art4eu.net

Retrouvez les artistes et les lieux de création sur www.art4eu.net

Direction de la publicationFranco Torriani

Textes :Patrice Bonnaffé (parcours), Nadine Coque, Diane Monserat (témoignages)Relecture :Pierre Charles Hardouin Finez, Michel Lisowski, Pierre KeryvinTraduction :Annette Andrews, Chris Turner avec le concours de Anthony Lumley

Editions PépinièresISBN 2-914479-00-x Prix : 6 euros

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1. parcours d’artistes 7

Laëtitia Philippon 7

Alessandro Quaranta 9

Lorna Macintyre 12

Valérie Prot 14

Vlad Nanca 16

Sandra Cadet 18

Majella Clancy 19

Carol Kennedy 20

2. témoignages 23

témoignages d’artistes 23

témoignages des responsables de lieux de création 27

3. documents 30

Trois éditions du programme 30

Un programme générateur d'idées fortes 41

annexes 43

sommaire

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partenaires institutionnels

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Laëtitia Philippon, France en collaboration avec Stephen Skrynka Pearce Institute de Glasgow - Ecosse

Le projet développé par Laëtitia Philippon en collaboration avec Stephen Skrynka, à Glasgow, s'inscrit dans un contexte particulièrement sensible et stimulant.

Il y a une dizaine d'années, un ensemble d'immeubles d'une banlieue de Glasgow a été séparé, par la construction d'un boulevard périphérique. Un tunnel piétonnier a alors été improvisé pour permettre aux habitants de se retrouver. Au fil des années, ce tube de béton tortueux, passage incontournable, s'est transformé en une zone improbable : dangereux terrain d'affrontement entre les deux cités voisines, mais également territoire d'expression libre. Graphant, et taggant les murs, les habitants se sont appropriés cet espace, l'érigeant en zone duale de communication, physique et sociale.

Ces témoignages gravés sur les murs, mis bout à bout, révèlent dix années de vie locale et forment un condensé unique d'histoire sociale et humaine. En quelque sorte, le journal de bord de ces deux cités, au travers de chroniques anonymes empruntant aux registres religieux, politiques, amoureux, graveleux, sexuels… et mêlant arts graphiques, poésies ou graffitis. Un lien social à l'état brut fait pour être lu par le promeneur souterrain et appelant sa réponse. Un formidable matériau de travail pour des artistes qui explorent la relation à l'autre.

Forts de cette analyse, les artistes ont fait une proposition inattendue et pertinente face à ce patrimoine transformé en lieu de passage, d'affrontement et de mémoire urbaine. Stephen Skrynka et Laëtitia Philippon sont partis à la recherche des auteurs des graffitis, les ont réunis dans le tunnel et leur ont proposé d'enregistrer, en lisant, en criant ou en chantant, les traces de leur passage. Reconnaissant ainsi la valeur de leur empreinte, les deux artistes ont construit avec ces grapheurs et tagueurs du quotidien un parcours sonore et visuel original. Parcours qui allait prendre place dans le tunnel après sa réhabilitation et se traduire par un dispositif complexe qui déclenchaient de manière aléatoire -au gré des déambulations des usagers- un système de spots lumineux et de haut-parleurs. Ces derniers diffusaient une création sonore dans laquelle les cris, les chants et les paroles enregistrées se superposaient pour se

1. parcours d’artistes

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fondre en une partition visuelle et musicale aux tonalités d'aujourd'hui. Dans un pipe-line situé à l'extérieur du tunnel, étaient également conservés, par un procédé de transfert photographique, les graphes et tags relus par le mouvement permanent de va et vient d'une caméra vidéo mobile.

Stephen Skrynka et Laëtitia Philipon avaient d'abord été sollicités à Glasgow pour réaliser une fresque dans un tunnel dégradé. Leur peinture devait effacer toutes les traces "de graffitis et tags". En déplaçant la proposition qui leur était faite, en mettant en lumière et en son par un transfert de médium -du graphe à la parole- ce qui était originellement à cacher, Stephen Skrynka et Laëtitia Philipon ont offert par la même une nouvelle forme d'expression aux auteurs. Leur création s'est d'abord nourrie du contexte existant, puis s'est construite, pas à pas, dans une relation à l'autre, tissant ainsi une chaîne d'échanges et de reconnaissances pour redonner sens à un patrimoine unique de passage.

Laëtitia Philippon et Stephen Skrynka, Tunnel project, 2000

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Alessandro Quaranta, Italie Terra Nova à Copenhague - Danemark

Turinois d'origine, Alessandro est un jeune artiste vidéaste qui nourrit sa démarche artistique du caractère imprévisible de la relation à l'autre. Pendant six mois, au sein du centre culturel Terra Nova de Copenhague, il a collaboré à des projets sollicitant les habitants du quartier, en majorité des immigrants, des personnes isolées et des SDF.

Face à ce constat d'errance et de solitude, Alessandro a choisi de développer son projet autour du thème de la table, symbole de rencontres et d'échanges. Il a ainsi convié des inconnus rencontrés dans la rue, par groupes de deux, à partager un repas préparé par ses soins. Ses convives se sont alors retrouvés face à deux autres compagnons de table virtuels, apparaissant sur un écran installé en face d'eux et qui se restauraient également d'un repas servi quelques heures auparavant. Les acteurs de ce dispositif, filmés à leur tour, échangeaient d'abord sur les mets qui leur étaient offerts par Alessandro, puis ils se tournaient, intrigués, vers ceux qui les avaient précédés à la même table. Écoutant les commentaires de leurs prédécesseurs, cherchant à identifier ce qui leur avait été préparé, ils semblaient oublier le dispositif et esquissaient un impossible dialogue avec ces voisins de table virtuels, absorbés par leur propre expérience.

En invitant ainsi presque deux cent personnes à partager de cette manière un repas, Alessandro créait, au-delà de cette chaîne de communication virtuelle, un réseau de relations humaines qui se tissait au hasard des rencontres dans le quartier. En reconnaissant dans la rue les personnages vus sur l'écran, les invités d'Alessandro pouvaient enfin poursuivre ce dialogue esquissé, échanger sur l'expérience, partager ce qu'ils venaient de vivre. Pour peut-être tisser le point de départ d'une nouvelle aventure humaine.

Parmi ces deux cent invités, Alessandro Quaranta a été particulièrement marqué par la rencontre faite avec Jack, un jeune tétraplégique s'exprimant avec un synthétiseur vocal. De cette rencontre rare est né un projet qui a été présenté à l'Aéronef de Lille, pendant les Rencontres jeunes créateurs et réalités sociales. Jack était installé sur une passerelle d'accès au grill technique, dans les hauteurs de la salle de concert plongée dans l'obscurité. Lointain et apparemment inaccessible, éclairé par la lumière bleutée de l'écran de son ordinateur, son visage se détachait, seul, dans la pénombre. Sur le mur derrière lui, étaient projetés les messages qu'il composait sur son ordinateur, mais ceux-ci étaient trop lointains pour qu'ils soient lisibles.

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Après avoir emprunté un escalier technique assez raide, la rencontre avec Jack se déroulait en l'absence de public, dans un espace réduit qui semblait suspendu au-dessus du vide, dans un équilibre fragile. Le silence s'imposait d'abord, tandis que la silhouette de Jack, enfoncé dans son fauteuil roulant, se découpait sur le fond bleu de la projection. Puis, inattendue, une voix de synthèse aux accents de film de science-fiction demandait "Qui es-tu ?", tandis que la même phrase s'inscrivait en lettres blanches sur l'écran projeté sur le mur. Un dialogue sous-titré s'esquissait ainsi, conférant au temps une autre dimension, et provoquant un décalage entre le chemin imprévisible que prenaient les mains recroquevillées de Jack pour atteindre les touches de son PC, les sourires avec lesquels il ponctuait chacun de ces gestes et la froideur clinique de l'installation. Puis de mot en mot, de phrase en phrase gagnée sur le handicap, le moment venait où Jack pouvait écrire "Peux-tu me donner ta main ?". La parole virtuelle s'effaçait alors et la rencontre basculait dans la réalité retrouvée d'un contact charnel émouvant, sensible et fort d'authenticité.

Dans ses projets, Alessandro interroge et associe les media d'aujourd'hui : le son, l'image virtuelle, la vidéo et les nouvelles technologies. Les installations qu'il présente ne sont cependant pas une œuvre figée mais le révélateur d'une démarche à découvrir et à partager. L'œuvre artistique se construit progressivement en interaction avec le public, qui la révèle en utilisant l'installation. Le dispositif est ainsi à la fois support et objet de communication.

Alessandro Quaranta en double en quelque sorte l'effet pour mieux l'annuler. Dans cette redondance, le spectateur est renvoyé à lui-même et à la réalité de l'autre. L'image diffusée, qu'elle le soit en différé ou en direct, attire le regard. Le support visuel joue pleinement son rôle, mais dans le même instant, il introduit le spectateur-acteur dans le processus qui le conduira à dépasser la proposition confortable d'une rencontre virtuelle, pour se risquer dans une authentique relation à l'autre.

Un saut d'image en quelque sorte, un dépassement inspiré par un profond respect de l'autre et une quête permanente de ses réactions les plus spontanées et authentiques.

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Alessandro Quaranta, Allo, es tu là ?, Lille 2000

Alessandro Quaranta, Chain reaction, Copenhague 2000

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Lorna Macintyre, Ecosse De Zeyp à Bruxelles - Belgique

Lorna, écossaise séjournant à Bruxelles, s'est intéressée à la sociabilité du quartier où elle résidait. Constatant une forte présence de personnes âgées entre lesquelles le dialogue était inexistant, elle s'est interrogée sur la manière dont les relations se tissent entre les habitants. Elle a alors constaté que la ballade quotidienne de leur chien était le principal vecteur de rencontre entre habitants, ceux-ci se saluant et dialoguant au gré des déambulations de leur animal de compagnie, comme si la laisse qui les reliait à leur maître dessinait le lien si mince, fil conducteur, d'une hypothétique rencontre.

Traitant avec humour cette situation figée, elle a alors créé une agence de baby-sitter pour animaux de compagnie. Par voie d'annonce dans la presse et par la distribution de tracts dans les boîtes aux lettres, Lorna se proposait de garder les animaux, afin que leurs maîtres puissent profiter plus librement de leur temps. En l'absence de réponse, la jeune artiste s'est résolue à faire du porte-à-porte. Offrant directement ses services, Lorna en profitait ensuite pour demander l'autorisation de faire une photo du compagnon fidèle. L'ensemble de la population canine du quartier répertorié en autant de portraits, Lorna a alors organisé une exposition pour les chiens. Les cartons d'invitation du vernissage étaient ainsi adressés au nom de chaque animal, à l'adresse de leur maître. Ces invités singuliers, toujours tenus en laisse, ont pu découvrir leurs portraits installés presque au ras du sol, à leur hauteur, tandis que quelques croquettes faisaient office de buffet. Cette fois ci, les laisses se mêlaient et s'entremêlaient dans une pagaille conviviale, offrant aux acteurs de cette scène un parcours de rencontres multiples et improvisées.

Lorna se présente ici en artiste entremetteuse : de toute évidence la photographie n'est pas l'objet de sa démarche. Si elle focalise son regard sur une tension, celle de la laisse du chien, signe de solitude, c'est pour mieux en capter la force et en renverser d'une certaine manière l'effet. Lorna saisit ce lien comme vecteur pour rassembler ces lignes de vie qui empruntent le même itinéraire, mais se croisent sans jamais se rencontrer.

Le projet de Lorna s'inscrit bien dans l'observation de processus relationnels d'un contexte social. Mais il ne s'agit pas pour elle d'en souligner uniquement les absences, au contraire, la jeune artiste se risque avec humour et humanité dans une proposition-tentative dont la vocation est de rassembler différents acteurs isolés, mais qui se côtoient néanmoins en permanence. Sa démarche se développe autour de ce lien social ténu et fragile, qu'elle désigne comme le point de départ possible d'histoires humaines à construire.

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Lorna Macintyre, Brusselsdog, 2000

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Valérie Prot, France Arteleku à San Sebastian - Espagne

Tentant de reformuler avec originalité et efficacité des problématiques liées au racisme, à l'immigration ou la société de consommation, Valérie Prot, lors de son passage à Arteleku à San Sebastian, s'est interrogée sur le rôle des images dans la ville. Station balnéaire de la côte Atlantique, cette ville touristique revendique avec fierté son appartenance au pays basque et tente d'assumer dans ce contexte une immigration de plus en plus présente.

Travaillant dans le cadre du projet Migraciones, Valérie Prot a développé une démarche qui associe provocation et humour. Dans un environnement urbain, elle a ainsi inventé différentes manières de détourner la réalité des signes afin d'amener les passants à s'interroger sur leur propre condition. Elle a réalisé une série de tirelires qu'elle vendait dans la rue en faveur de "causes innombrables, négligeables et parfois farfelues : les amnésiques confus, les victimes de consanguinité, les raisons non valables".... Elle a également affiché des étiquettes incisives dans les supermarchés, questionnant de cette façon la provenance des produits. Ou encore elle rentrait dans les banques basques, le visage masqué d'une cagoule noire et armée d'un pistolet en plastique pour réaliser un détournement d'affiche publicitaire. Valérie plaçait également des bombes à eau dans différents lieux publics.

Toutes ces idées pour le moins insolites ont été, dans le cadre du projet Migraciones, un moyen de s'approprier un espace confus, dense et complexe, en tentant d'en souligner les contradictions, sans nécessairement le remettre en cause. Son questionnement initial permet de mieux comprendre son intention générale : "Comment déclencher la surprise et l'étonnement dans un regard aveugle et soumis à l'aliénation d'une représentation de vie, sans imposer mais proposer afin que l'œil du regardeur dispose". Cette riche expérience faite de rencontres avec des artistes comme Jean Luc Moulène et des populations fortes d'identité ont donné à Valérie l'occasion de réorienter son parcours artistique et de poursuivre son travail à Madrid. Après une année ponctuée d'interventions dans l'espace urbain madrilène et d'expositions, Valérie a été sélectionnée pour Piece One et réside actuellement à New York.

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Valérie Prot, Action mendiante - Intervention, 2000

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Vlad Nanca, Roumanie Municipalité de Huesca - Espagne

Durant son séjour à Huesca, Vlad Nanca, un jeune photographe originaire de Bucarest, a découvert une situation singulière dans cette ville de 50 000 habitants qui joue, en Aragon, un rôle moteur dans le domaine culturel. Le centre historique de la ville, avec ses églises, ses monuments et ses bâtisses imposantes, traces d'un riche passé, avait été abandonné par la population bourgeoise qui s'était établie dans la périphérie, laissant la place à différentes communautés d'immigrés.

Les divers groupes qui s'y étaient installés se sont approprié les espaces, avec leurs musiques et leurs usages. Cependant la force de l'architecture et une forme d'urbanisme empirique de ce quartier typique, aux ruelles tortueuses, aux placettes inutiles, aux couleurs chaudes de la pierre, avaient opéré comme une subtile intégration de ces populations exogènes. La municipalité de Huesca qui souhaitait les y maintenir avait, de son côté, développé une politique d'accompagnement intelligente, tout en valorisant le patrimoine historique.

Malgré cela, les habitants de Huesca ne fréquentaient plus ce quartier, pourtant au cœur de leur ville - le considérant maintenant comme une zone impénétrable.

Face à cette inclusion-exclusion et à la complexité du constat contrasté, Vlad a voulu s'interroger sur l'influence que pouvaient produire sur le comportement des habitants, l'environnement, l'architecture, l'urbanisme et les signes qu'ils véhiculent. Une certaine manière de revisiter la proxémique.

Vlad Nanca, Locutorio de Teléfono, Huesca, 2002

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"Comment nous influencent les chemins que nous empruntons tous les jours ? Est-ce que les personnes que nous rencontrons, les rues que nous empruntons, les signaux que nous voyons influencent nos vies au quotidien ?"

Partant à la découverte de la ville avec son appareil photographique, Vlad Nanca, a observé les habitudes de ces habitants et a multiplié les rencontres. Repérant les lieux de Huesca les plus fréquentés, bars, cybercafés, salles téléphoniques privées, petits commerces d'alimentation, Vlad s'est tissé assez rapidement un solide réseau de relations humaines tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du vieux quartier.

Sur les bases de cette expérience, Vlad a décidé d'organiser un concours, dont l'objet était de retrouver certains lieux oubliés de la vieille ville. Avec le partenariat d'un éditeur de cartes postales publicitaires, Vlad Nanca a fait diffuser plus de vingt mille cartes dans tous les bars, cinémas, cafés et autres lieux. Un jeux de huit cartes sur lesquelles étaient imprimées sur le recto soit un détail, soit un signe repéré lors de ses parcours photographiques et sur le verso les conditions du concours. Les personnes ayant été capables d'identifier les huit lieux devaient se rendre dans l'un des deux sites de la vieille ville, choisis par l'artiste, pour y recevoir leur prix. Habituellement fréquentés par les gens du quartier, un bar et un comptoir de cabines téléphoniques, jouaient, non seulement, pleinement leur rôle, mais assuraient aussi, en décalant les regards, une habile transition, passage entre le vieux quartier interdit et le reste de la ville.

En quelque sorte une nouvelle porte d'entrée dans une histoire renouvelée, signifiée par un cadre qu'avait fait peindre Vlad Nanca autour des devantures. Un cadre doré aux moulures tarabiscotées, proposé pour franchir un seuil singulier et redécouvrir les images vivantes d'un patrimoine immuable dans lesquels s'étaient glissées d'autres populations, venues d'ailleurs.

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Sandra Cadet, France Artoteek Zuidoost à Amsterdam - Pays Bas

Sandra Cadet, une jeune artiste originaire de la Réunion, a développé son projet en relation avec Artoteek Zuidoost, une structure qui intervient dans un quartier excentré d'Amsterdam où séjournent plus de quatre-vingt pour cent d'immigrés sans papiers. Dans le cadre du festival “Black magic woman” qui interroge la place de la femme dans la société noire, Sandra a cherché à rencontrer la population masculine sri-lankaise.

Attentive aux temps et aux espaces que s'étaient réservé ces groupes d'hommes exilés, l'œil derrière sa caméra, Sandra Cadet faisait intrusion dans ces intimités masculines défendues, parfois, avec vigueur. Renversant les rôles avec humour et finesse, elle jouait la séduction avec une liberté inhabituelle. Au-delà de ces temps de provocation, Sandra, toujours derrière sa caméra, poursuivait et entretenait ses relations suscitant davantage la confidence. Sensibles à cette forme d'interview, ces hommes déracinés livraient un autre visage d'eux-mêmes se risquant parfois avec authenticité sur leur vie intime. Pendant le festival, Sandra avait installé un dispositif composé de deux écrans qui se faisaient face. Sur l'un était présenté le montage de ces interviews où la femme absente de l'image semblait dominer par la parole tandis que sur l'autre étaient projetés en direct les réactions, des acteurs et des habitants du quartier qui découvraient le film.

Réagissant spontanément, l'artiste et le public se sont surpris à participer à une situation pour le moins atypique, dans laquelle s'échangeaient des moments de vie intime habituellement cachés par une communauté repliée sur elle même. Sandra qui se connaît particulièrement timide a vécu cette première expérience de confrontation à l'autre comme un défi lancé à elle-même.

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Majella Clancy, Irlande Coopérations à Wiltz - Luxembourg

Pendant son séjour à Wiltz, Majella Clancy a découvert la philosophie et les différentes activités développées par Coopérations. Cette organisation favorise des programmes pédagogiques dans le cadre d'ateliers de projets destinés aux personnes handicapées, aux chômeurs de longue date, aux prisonniers et aux personnes ayant des problèmes psychiatriques.

La jeune artiste a développé principalement son projet dans une relation dyadique avec Jempi, un des artistes handicapés qui participait à l'atelier qu'elle animait. Majella Clancy s'est d'abord mise en phase avec le mode de production de Jempi. Puis, dans une attitude de distanciation, de jeux de miroir et d'interaction Majella a proposé d'opérer un sensible décalage au sein du contexte dans lequel le travail était réalisé. Les installations conçues ainsi avec Jempi à partir d'une quête initiatique offraient une nouvelle lecture et donnaient un autre sens à la démarche initialement proposée. Par ce geste, Majella proposait à Jempi un autre statut, réconciliant qualité humaine et valeur artistique.

Pour Majella, ces 6 mois à Coopérations ont été décisifs dans l'évolution de sa démarche essentiellement centrée sur la relation à l'autre. Passant du projet à l'expérience, Majella avait le sentiment d'avoir pu partager quelque chose de fort avec les publics qu'elle a côtoyés (enfants, personnes handicapées, chômeurs). Offrant son regard, elle découvrait qu'elle pouvait recevoir et que son parcours artistique se nourrissait de l'authenticité de ces rencontres.

Majella a décidé de poursuivre son parcours au sein de Coopérations et de vivre au Luxembourg.

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Carol Kennedy, Irlande Hôpital de Bligny / Théâtre du Menteur à Longjumeau - France

Carol Kennedy s'est particulièrement intéressée aux relations et liens qui se tissent parfois momentanément entre les différents acteurs de l'hôpital, les malades, les médecins, les personnels et les visiteurs. Partageant pendant huit mois ces moments de vie intime, Carol Kennedy a cherché à capter les signes et les traces de cette mémoire où se côtoie la vie et la mort. Ce projet s'est concrétisé par une exposition à l'hôpital, et une publication : "Auteurs de garde" avec les textes d'auteurs qui ont partagé trois semaines de son parcours.

Faire accepter sa présence, savoir s'effacer à certains moments, être là tout simplement, tel fut dans un premier temps le travail auquel Carol a du faire face.

Carole parle de son rapport privilégié avec les malades comme étant une source d'enrichissement personnel, ce qui lui a permis de se positionner en tant qu'artiste. Elle a su s'immiscer en douceur dans cette atmosphère très particulière où le contact humain est primordial. Dévoilant "la vie, sous toutes les sutures…", les photographies de Carol se veulent des traces d'instants partagés qu'elle ne pourra oublier et que ne pourront oublier ceux qu'elle a rencontrés.

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Carol Kennedy, Baillement, Hôpital de Bligny - Théâtre du Menteur, 2002

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témoignages d’artistes

Réjane Lhote, France Municipalité de Huesca - Espagne

"L'identité, c'est ce qui nous rend semblables à nous mêmes et différents des autres... Dans son milieu quotidien, quand on s'y sent bien, on s'interroge peu sur son identité, c'est lors de changements, de séparation que tout change. Partir à l'étranger est un lieu de conflit entre ce qui est "personnel" et le "rapport social", il faut à la fois se différencier, s'affirmer, mais aussi s'unifier, s'intégrer, en quelque sorte perdre un peu de soi dans l'autre, se dédoubler tout en restant unique. Dans ces moments de crise, l'identité prend plus de relief, on se défait, pour se refaire."

Réjane Lhote, Extrait Artist in context Huesca, Huesca, 2002

2. témoignages

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Rony Sidon, France Tallaght Community Arts Centre à Dublin - Irlande

"Pour un développement artistique c'est un moyen de stimuler et de mettre à l'épreuve sa démarche. Je pense que ce concept basé sur la rencontre répond au besoin d'une nouvelle génération artistique. Je crois que le statut de l'artiste change, les frontières ouvrent leurs portes en Europe mais également dans le reste du monde à travers Internet. En tant qu'artiste, je désire partager mon expérience avec d'autres et travailler dans un contexte de "Community Arts." J'ai toujours à l'esprit ces mots de Joseph Beuys : "Le vrai capital c’est l'esprit. Pour être conscient de sa liberté, l'être humain doit trouver l'artiste qui réside en lui."Cette expérience en Irlande se traduit par un oubli de soi afin de mieux comprendre l'autre et, de ce fait, soi-même."

Alessandro Quaranta, Italie Terra Nova à Copenhague - Danemark

"Il faut sortir de chez soi, aller dans un autre pays pour connaître différents niveaux de travail. J'aime beaucoup travailler avec des personnes très différentes de moi et j'aime me confronter aux autres et développer de nouvelles idées. C'est là que je puise la force qui me permet de pouvoir réaliser des projets comme celui de Terra Nova. "

Valérie Prot, France Arteleku à San Sebastian - Espagne

"Je voulais partir pour découvrir un nouveau milieu, rompre avec mes expériences antérieures en continuant mes recherches et en apprenant une langue. Tout cela pour un apprentissage de l'autonomie et voir les choses différemment. Sur tous ces points, je n'ai pas été déçue, bien au contraire. J'avais les bras ouverts sur tout et maintenant que mon séjour est presque terminé, je souhaite garder une forme de mobilité et rester dans mon pays d'accueil afin d'en découvrir les autres facettes. "

Lorna Macintyre, Ecosse De Zeyp à Bruxelles - Belgique

"C'est très positif de vivre au quotidien dans un autre pays, de tisser de nouvelles relations, d'avoir la possibilité et le temps d'utiliser ses compétences créatives."

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Valentina Mottura, Italie Espaço T à Porto - Portugal

"J'ai maintenant réalisé l'impact de la force que représente l'art dans le contexte social. L'art a une incroyable capacité à donner naissance à une nouvelle forme de langage et à développer de nouveaux types d'échanges entre les gens. La création permet aux publics en difficulté de reprendre confiance en eux et de découvrir des ressources personnelles qui avaient été jusque là oubliées. "

Carol Kennedy, Irlande Hôpital de Bligny / Théâtre du Menteur à Longjumeau - France

"Je suis entrée, j'ai observé. J'ai cherché mon chemin … J'étais à la fois nerveuse et enthousiaste, armée de mon appareil photo… Aujourd'hui, je suis encore intriguée par le fait que tant de patients qui ne me connaissaient pas, m'ont reçue avec bonne volonté et curiosité, plutôt qu'avec peur et méfiance, et m'ont laissée les photographier."

Mujesira Elezovic, France Castlemilk Youth Complex à Glasgow -Ecosse

"Cette expérience m'a permis de prendre confiance en moi. Cette résidence m'a montré que malgré le barrage de la langue, il peut y avoir échange, construction et partage. Le mouvement est au cœur de ma démarche plastique. Le déplacement, le voyage pas seulement vécu physiquement mais avant tout glissement du point de vue, mélange, rencontre avec d'autres modes de vie. Cette expérience n'a fait que renforcer mon opinion qu'il n'y a rien de possible sans l'autre."

Flavie Cournil, France De Zeyp à Bruxelles - Belgique

"Je pense que tout l'aspect social de la résidence, je l'ai vraiment intégré en tant que personne, je me sens vraiment plus attentive à ça... Par contre j’ai réalisé qu’il y avait un seuil, entre engagement artistique et engagement de vie, et justement les Pépinières et le programme ACE permettent que la question soit posée : est-ce que l'engagement social, politique doit passer par un travail artistique ou est-ce que faire un travail artistique n'est pas déjà un engagement social et politique ou je ne sais quoi...? D'un côté une vie et de l'autre côté un travail, c'est une question difficile..."

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Sandrine Binoux, France Progretto Giovani Padova - Italie

"C’était vraiment un beau projet. J’ai été amenée à réfléchir sur un thème, à exploiter celui-ci au maximum pour aboutir à la publication d'un ouvrage photographique... Ce projet était d'autant plus intéressant qu'il a impliqué une véritable réflexion. J’ai été amenée en tant qu'artiste à m'interroger sur les limites de la photographie sociale d'un point de vue éthique, telles que la conscience du photographe ou l'objectivité des images... Finalement, ce projet m’a permis d'évoluer dans ma démarche artistique en adoptant une position d'acteur plus que d'observateur au sens où au delà de la photo, je me suis efforcée de créer un contact, un échange."

Sandrine Binoux, Christian et Jacopo, Padoue, 2002

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témoignages des responsables de lieux de création

Christel Hartmann-Fritsch Directrice du Schlesische 27 à Berlin, Allemagne

"La participation du centre au programme Artists in context est motivée notamment par la tentative de développer une expérience culturelle et artistique avec une population qui ne semble pas intéressée par celle-ci. De plus, le contexte urbain voit également de plus en plus de violences éclater entre les populations de cultures différentes.

Les projets développés dans ce champ là ne sont pas si nombreux mais la politique interministérielle allemande permet plus de reconnaissance à ce type d'interventions dans le champ social. Néanmoins cela doit donner lieu à des réalisations concrètes...

Le travail d’Annemiek justement a été marqué par un certain choc culturel vécu par l’artiste mais aussi provoqué par celle-ci. C'était provocant mais ça a marché car elle n’était finalement ni allemande, ni turque.

Exploiter les lieux tiers de l'art dans un lieu tiers, c’est aussi une question que pose le programme des Pépinières. C'est un double catalyseur : il y a l'art et il y a justement ce qui devient possible parce que l’artiste ose, alors que dans son environnement habituel, Annemiek n’aurait pas osé réaliser ce projet. Si on continue de considérer la vie comme une mosaïque d'évènements comme ça, c'est bien de continuer ce genre de provocations artistiques."

François ChaffinDirecteur artistique de la compagnie du Théâtre du Menteur en résidence à l'Hôpital de Bligny, France

"L'inscription d'un projet artistique dans un établissement hospitalier a été tout à fait bénéfique pour nous. Elle a nourri notre désir d'investir les lieux de l'hôpital de Bligny et de mener un réel travail de proximité avec les patients, les familles, les personnels de l'hôpital et les habitants des villages voisins.

Le travail photographique de Carol Kennedy dans l'hôpital est complètement en phase avec le projet culturel que nous développons autour du spectacle vivant, les mots et les images étant un couple indissociable. Cette jeune artiste a été un lien entre l'hôpital et la compagnie ; sa discrétion et sa gentillesse ont participé de son intégration qui n'a pas été évidente au départ tant pour les médecins que pour les malades. Cette expérience témoigne finalement d'une réelle investigation humaine dans le milieu inhabituel de la santé. Le premier devoir de la culture étant pour nous d'associer l'art et le social, il semble que cette mission ait été accomplie à Bligny."

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Javier Brun GonzalezDirecteur du service culturel de la municipalité de Huesca , Espagne

"La ville de Huesca dans laquelle nous développons de nombreuses activités culturelles est une petite communauté espagnole composée en majeure partie d'immigrés. Vlad Nanca, artiste roumain, et Réjane Lhote, artiste française, ont séjourné durant 6 mois au sein de cet environnement sur lequel ils ont été amenés à s'interroger.

Il nous semblait pertinent d'inviter deux artistes européens à faire évoluer la perception de la réalité urbaine. D'une part, le regard porté par eux était certainement plus neutre que celui de nos artistes locaux qui sont confrontés de manière permanente à cette image d'une ville cloisonnée. D'autre part, les réponses apportées par Vlad et Réjane furent authentiques et très différentes.

Si Vlad nous a donné la possibilité de tisser des liens artistiques durables notamment avec un groupe d'étudiants en photographie en s'adaptant complètement à la vie locale, Réjane a incité les habitants immigrés à appréhender le sentiment d'identité hors de leur pays d'origine. Tous deux ont ainsi réussi à contribuer au développement local à leur façon avec leur vécu, leur personnalité et leur envie d'apprendre et de comprendre un ailleurs."

Jan KaweckiDirecteur de la Fundacja Galeria na Prowincji, Pologne

"Notre projet initial vise à préserver le bâtiment historique du vieux théâtre de Lublin en y développant diverses manifestations culturelles. Nous souhaitons réhabiliter ce monument abandonné par les habitants en Centre International pour artistes. A ce titre, il nous semblait très important de solliciter la participation d'une artiste européenne à la transformation de ce lieu oublié en espace vivant de création et de culture.

Laure Ardoin a apporté, grâce à son enthousiasme, un regard différent, mettant en valeur le délabrement et le vieillissement du lieu. Son approche créative a été très intéressante dans la mesure où elle s'est engagée émotionnellement, en s'inspirant de toute la richesse du lieu : son environnement, son évolution, sa fréquentation.

Très vite, elle s'est familiarisée avec cette atmosphère et a ainsi contribué à la renaissance de cet ancien théâtre pour les gens du voisinage, pour les enfants du quartier ; elle est devenue un élément du paysage. Elle nous laisse désormais la trace de son engagement grâce à l'ouvrage qu'elle a réalisé et qui nous livre ses émotions à l'intérieur de cet espace qu'elle a "apprivoisé" au fil des jours et dont elle a su lire la poésie le long des murs."

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Nadine MathieuDirectrice de la MJC CHambon Feugerolles, France

"La MJC Chambon-Feugerolles est située en zone semi-rurale dans le département de la Loire. Nous avons depuis longtemps un projet d'édition pour les enfants axé sur le dessin, ce qui a motivé notre choix d'un artiste plasticien pour la résidence ACE.

Les premiers temps de la résidence de Saara furent consacrés à la découverte de la commune et de ses alentours et à se familiariser avec la ville, ses habitants et ses coutumes. Elle a ensuite participé à un atelier de dessin sur la commune voisine du Chambon-Feugerolles dont la réalisation fut un peu problématique. Saarä a également participé aux rencontres organisées dans le cadre du jumelage intercommunal franco-allemand. Cela a donné lieu à une exposition au théâtre avec des jeunes participants.

L'expérience a été marquante pour l'artiste en des termes personnels, l'ayant poussé à faire un travail sur elle-même. Par ailleurs, cette résidence a été importante pour la MJC et pour les équipes de la ville concernées.

La présence de Saarä a contribué à soulever une série de questions quant aux enjeux de la politique culturelle locale en matière d'action artistique notamment pour les populations exclues socialement. Cette présence a également poussé la structure à se remettre en question de par le regard extérieur et étranger apporté."

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trois éditions du programme : trois expériences qui précisent la vocation d'Artists in context - Artistes contre l'exclusion 1997-2002

De 1997 à 2002, trois programmes se sont succédés permettant à une quarantaine de jeunes artistes de participer à des projets d'ordre social ou de réaliser des productions dans un contexte éloigné des lieux habituels de la création contemporaine. Au cours de ces années, le programme à évolué de manière significative, offrant aux artistes une autonomie plus grande et leur accordant la part de risque indispensable à toute activité créative. De simple participant à un projet d'insertion sociale, ils ont vu leur position se préciser et leurs propositions, souvent inattendues, reconnues comme le fruit d'une démarche artistique construite et pertinente, parce que nourrie du contexte dans lequel ils évoluaient. Au cours de ces deux dernières éditions, le programme a cherché à s'ouvrir plus particulièrement à cette jeune génération d'artistes qui s'investit dans le champ de la relation à l'autre pour construire son projet et à élargir son rayonnement à de nouveaux pays et de nouveaux partenaires, offrant par la même aux artistes un large choix de propositions en phase avec leurs recherches.

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Artistes du premier programme juillet 1997 - novembre 1998

Joël Lallement, France Association Karuna à Berlin - Allemagne

Travaillant avec l'association Karuna qui s'occupe de jeunes enfants et adolescents sans domicile fixe et menacés par des problèmes de drogue, Joël a réalisé un projet nommé "ARTminiMARKT". Il propose à ces jeunes sans abri une manière alternative de s'insérer dans la société en créant des produits artistiques destinés à être vendus à Berlin. Ces personnes exclues ont pu retrouver une certaine confiance en soi en partageant les démarches de l'artiste et en s'initiant à la création.

Yamina Essabri, Belgique L'ARA à Roubaix - France

Musicienne anversoise d'origine marocaine, Yamina a initié à son art des enfants en difficulté scolaire. Par la sensibilisation aux rythmes et à la pratique des percussions, elle voulait leur donner envie de s'exprimer par la musique. Yamina a présenté un mini-concert avec eux lors du vernissage d'une exposition, leur permettant ainsi de s'exprimer dans un autre cadre.

Henrike Schulz, Allemagne TEC (Travail et Culture) / CRIAC à Roubaix - France

Henrike a travaillé avec des enfants âgés de six à huit ans en difficulté d'apprentissage dans des ateliers où elle leur a appris des techniques photographiques simples et divertissantes (photogrammes, sténopé). En s'investissant complètement dans ce projet, ces enfants ont retrouvé le goût d'apprendre, de produire et de réussir.

Stefanie Seltner, Allemagne "Chez Rita" à Roubaix - France

Souhaitant apporter sa contribution à la société en tant qu'artiste, Stefanie a monté un atelier dans une école pour sensibiliser les enfants aux arts plastiques. Elle a choisi d'utiliser des matériaux textiles. Cette experience a été très enrichissante pour l'artiste et son jeune public. Stephanie a poursuivi son parcours dans le cadre de Capital Avenir.

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Rony Sidon, France Tallaght Community arts centre à Dublin - Irlande

Rony Sidon a élaboré un ouvrage " The five faces " avec un groupe de toxicomanes sous méthadone. Ce livre distribué dans les écoles, est un témoignage qui traite des dangers de la drogue . La relation que Rony Sidon a développée avec l’ensemble du groupe était particulièrement déterminante pour la suite de son parcours artistique. Il a également participé à l’exposition collective “Global Vision” dans laquelle il a présenté les démarches réalisées au Tallaght. Rony Sidon a développé un projet dans le cadre de Capital Avenir et s’est installé à Dublin.

Geneviève Harden, Angleterre Tallaght Community arts centre à Dublin - Irlande

Avec un public très divers, les toxicomanes du centre, les adolescents du festival Tallaght Arts ainsi que des personnes âgées au Glenview Lodge, l’artiste a essayé de construire un projet autour de plusieurs histoires. Une exposition a été organisée autour des travaux de l'atelier, réunissant tous les acteurs et organisateurs du projet. Geneviève Harden a développé par la suite un projet dans le cadre de Capital Avenir et s'est installée à Dublin.

David Loureiro, FranceStéphanie Marquet, France Beurschouwburg à Bruxelles - Belgique

Issus de l'école des Beaux Arts de Montpellier, ces deux artistes ont collaboré à l'animation d'un atelier destiné aux adolescents du centre. Ils leur ont proposé la réalisation d'un Totem "Totem Service Ado's". A travers ce projet, les jeunes ont pu exprimer leurs revendications, leurs goûts, leurs envies. Edifié en face de leur futur logement d'accueil, ce totem témoigne de leur passage et ancrage dans le tissu social et culturel. Atteignant 6 mètres de haut, cette réalisation marque le quartier d’une forte valeur symbolique.

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Artistes du second programme décembre 1998 - décembre 1999

Jon Arbuckle, Irlande Apreca ( Atelier Public de Recherches et de Créations artistiques ) à Avignon - France

Artiste musicien, John Arbuckle a participé à l'animation d'ateliers de "steel drum", avec des personnes en difficulté, souvent exclues de toute activité culturelle. Il a développé des actions de sensibilisation à la musique et a fait participer ce public au steelband du grand carnaval qui a célébré "Avignon, capitale culturelle de l'an 2000".

Leo Boyd/Rodway, Irlande De Zeyp à Bruxelles - Belgique

C'est autour du thème "l'art et les espaces publics", que Leo Boyd a développé son projet avec les habitants d'un quartier déshérité de logements sociaux de Ganshoren. Ces actions ont conduit Leo Boyd à développer une nouvelle forme de relation avec des publics habituellement éloignés des questions touchant à l'art, et suscité l'édition de plusieurs publications.

Lorna Macintyre, Ecosse De Zeyp à Bruxelles - Belgique

Lorna Macintyre a développé un projet à partir de l'observation du contexte quotidien de personnes âgées face à la solitude et ayant pour seul compagnon leur chien. Considérant que cet animal constituait le principal vecteur de sociabilisation entre les habitants du quartier, Lorna a organisé une exposition originale de portraits, particulièrement destinée à ces représentants du monde canin. Bouleversant l'ordre des choses, Lorna proposait avec humour une nouvelle forme de rencontre à ces maîtres solitaires.

Filipa Nascimento, Portugal Castlemilk Youth Complex à Glasgow - Ecosse

Filipa a travaillé dans un atelier d'arts plastiques avec un groupe de six jeunes (âgés de quatorze à seize ans) issus de quartiers difficiles de Glasgow, les impliquant dans la réalisation d'un spectacle original de marionnettes.

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Valentina Mottura, Italie Espaço T à Porto - Portugal

Considérant la photographie comme "ce lien qui leur permet d'échanger", Valentina, au sein de la prison de Porto, a questionné la relation à l'autre dans le contexte d'une communication "intérieure-extérieure" conditionnée par l'univers carcéral. Cette démarche sensible dans laquelle l'artiste s'est particulièrement investie a donné lieu à une exposition et a une publication.

Lisa Welsby, Grande Bretagne Schlesische 27 à Berlin - Allemagne

Travaillant avec des enfants d'immigrés, sur le thème de l'objet nomade, Lisa Welsby leur a fait confectionner des valises fascinantes pour un hypothétique voyage sans retour. "qui suis-je, d'où je viens, où vais-je ?" furent quelques unes des questions soulevées pour aborder ce thème qui suscitait des propositions étonnantes, comme celle de cette enfant qui avait réalisé une valise avec une bombe pour seule réponse.

Raphaël Peretti, France Tallaght community arts centre à Dublin - Irlande

Raphaël Peretti s'est interrogé sur le medium vidéo comme vecteur d'échange. Autour d'un projet de réalisation s'est dessinée une sensibilisation à la création et esquissé un travail de cohésion d'équipe entre les différents acteurs, notamment des toxicomanes qui fréquentaient le Tallaght community arts centre.

Laetitia Philippon, France avec la collaboration de Stephen Skrinka Pearce Institute à Glasgow - Ecosse

Face au constat révélé dans un tunnel abandonné reliant deux cités sensibles de Glasgow, les artistes ont fait une proposition inattendue et pertinente. Ils sont partis à la recherche des auteurs des graffitis, les ont réunis dans le tunnel et leur ont proposé d'enregistrer, en lisant, en criant ou en chantant, les traces de leur passage. Reconnaissant ainsi la valeur de leurs signes, Stephen Skrinka et Laëtitia Philippon reconnaissaient en ces grapheurs et tagueurs les co-auteurs potentiels d'un nouveau parcours sonore et visuel à inventer, ensemble.

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Alessandro Quaranta, Italie Terra Nova à Copenhague - Danemark

Turinois d'origine, Alessandro Quaranta est un jeune artiste vidéaste, qui nourrit sa démarche artistique du caractère imprévisible de la relation à l'autre. Pendant six mois, il a collaboré avec le centre culturel Terra Nova de Copenhague à des projets sollicitant les habitants du quartier, en majorité des immigrants, des personnes isolées et des SDF. Face à ce constat d'errance et de solitude Alessandro a choisi de développer son projet autour du thème de la table, symbole de rencontre.

Valérie Prot, France Arteleku à San Sebastian - Espagne

Travaillant dans le cadre du projet Migraciones, Valérie Prot a développé une démarche associant provocation et humour. Tentant de reformuler originalement et efficacement des problématiques liées au racisme, à l'immigration ou la société de consommation. Valérie s'est interrogée sur le rôle des images dans la ville lors de son passage à Arteleku à San Sebastian. Dans un environnement urbain, elle a ainsi inventé différentes manières de détourner la réalité des signes afin d'amener les passants à s'interroger sur leur propre condition.

Aoife Desmond, Irlande Collectif 12 à Mantes La Jolie - France

Questionnant de manière originale "les réalités intérieures et extérieurs", Aoife Desmond a réalisé une performance chorégraphique "The Bridge" basée sur un travail de recherche et des extraits de sa vie quotidienne avec des jeunes du Val Fourré.

Roberto Scarso, Italie Collectif 12 à Mantes la Jolie - France

Roberto Scarso s'est impliqué dans la vie de la cité en travaillant avec des jeunes du quartier sur des tags et des graphs inspirés par le hip hop et des scènes de fiction. En outre, sa participation à l'atelier d'alphabétisation dans le quartier du Val Fourré a renforcé son désir de nourrir sa démarche artistique dans un contexte social.

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Shermaine Slocombe, Grande Bretagne Théâtre itinérant de la cité à Meaux - France

Reformulant la question de la danse contemporaine dans l'espace urbain, Shermaine Slocombe a développé un projet autour du hip hop en relation avec les jeunes danseurs de rue de la Pierre Colinet à Meaux. Résidant dans une HLM du quartier, sa rencontre avec eux s'est construite autour de sa curiosité naturelle et de son désir d'apprendre le hip-hop. De cette relation rare et privilégiée est né un spectacle de danse de rue qui offrait, en quelque sorte, une alternative aux productions plus classiques du Théâtre itinérant de la cité.

Carolina Rios Vila, Espagne Théâtre itinérant de la cité à Meaux - France

Face à la destruction annoncée de plusieurs barres d'immeubles, Carolina Rios Vila a développé un travail vidéo sur la mémoire collective des lieux. Allant à la rencontre des gens du quartier, Carolina a capté leurs témoignages ensuite confrontés, dans un habile montage, aux images des quartiers bourgeois de Meaux.

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Artistes du troisième programme juin 2001 - juillet 2002

Saara Sillanpää, Finlande MJC Maison du Citoyen à Chambon Feugerolles - France

Saara Sillanpää a développé un travail orienté sur la mémoire commune. En collaboration avec des écoles au sein d'un quartier habité par une forte population maghrébine, Saara a participé à différents projets. Elle a principalement participé à un projet de réinsertion de six jeunes filles qui ont réalisé une fresque pour la Maison du citoyen. La rencontre avec l'artiste a permis à ces jeunes de reprendre confiance en elles et de découvrir une démarche de création.

Sandra Cadet, France Artoteek Zuidoost à Amsterdam - Pays-Bas

Dans le cadre du festival "black magic woman", Sandra a présenté une vidéo conçue à partir d'interviews sur le thème de l'homme noir dans son rapport avec la femme. Réalisés en direction des habitants du quartier, des immigrés Sri-lankais, les interviews présentaient des situations personnelles et intimes, habituellement peu dévoilées. L'installation-projection de cette bande en présence des familles du quartier a suscité de surprenants échanges.

Stefania Pignatelli, Italie Ecole supérieure d'art de Perpignan - France

Stefania Pignatelli a animé un atelier avec des jeunes (12-16 ans) d'origines et de cultures variées. Ces enfants apprennent à développer leurs propres compétences et leur créativité au contact direct avec l'artiste.

Vlad Nanca, Roumanie Municipalité de Huesca - Espagne

Vlad s'est interrogé sur l'influence de l'environnement sur la vie quotidienne des habitants. Logé dans le quartier historique de Huesca où réside une importante population d'immigrés et de gitans, Vlad a développé une démarche fondée sur l'observation, l'investigation, l'écoute et l'improvisation suscitée par les rencontres. En quelques mois il a constitué un vaste réseau de relations humaines avec lequel il a développé son projet. Il a également organisé la programmation de la section roumaine au festival "Periferias".

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Réjane Lhote, France Municipalité de Huesca - Espagne

Utilisant le dessin comme moyen de communication et d'échange, Réjane a interrogé des étrangers vivant en Espagne sur leur sentiment "d'être différent", afin d'analyser comment la vie en dehors du pays d'origine pouvait influencer leur identité. Elle a réalisé une installation-exposition de "dessins enregistrés" ainsi qu'un catalogue et une vidéo sur ses échanges. Les habitants du quartier, principalement des immigrés et des gitans, ont été particulièrement sensibles à l'intérêt et au regard qu'une jeune artiste européenne pouvait poser sur leur condition et leur propre environnement.

Flavie Cournil, France De Zeyp à Bruxelles - Belgique

Flavie Cournil a participé à différents projets au sein du centre, notamment la réalisation de petits livrets qui étaient insérés dans le mensuel édité par De Zeyp. Elle a également réalisé un mur peint avec des jeunes du quartier. Intégrant une réflexion sur le sens de l’échec dans sa démarche artistique, Flavie Cournil témoigne avec une authenticité particulière d’un parcours de 6 mois ponctué d’épreuves pour elle, jusque là insoupçonnées. Ses réalisations témoignent d'une qualité de réflexion sensible et de résultats lisibles.

Laure Ardoin, France Fundacja galeria na Prowincji à Lublin - Pologne

Associant différents modes d'expression, Laure Ardoin s'est tournée vers les jeunes errant dans le quartier de Lublin où elle intervenait. C'est en graphant sur les murs que Laure a établi le contact avec eux et les a associés au projet qu'elle menait sur la réhabilitation du Vieux Théâtre de Lublin. Une publication des dessins réalisés pendant son séjour à Lublin a été éditée.

Valérie Bouvier, France Espaço T à Porto - Portugal

S'intéressant au mouvement des corps comme forme de communication, Valérie Bouvier a souhaité monter une comédie musicale avec des aveugles. Particulièrement sensible à la façon de se mouvoir des non-voyants, Valérie a développé son travail à partir de chansons que chaque acteur proposait. Cependant, pour des raisons personnelles, Valérie Bouvier n'a pas pu terminer son parcours à Porto.

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Majella Clancy, Irlande Coopérations à Wiltz - Luxembourg

Majella Clancy a développé principalement son projet dans une relation dyadique avec Jempi, un des artistes handicapés qui participait à l'atelier qu'elle animait. Artiste dont la démarche se nourrit de la relation à l’autre, Majella a vécu cette expérience comme décisive pour l’évolution de son parcours. Offrant son regard, elle découvrait qu'elle pouvait recevoir et que son parcours artistique se nourrissait de cette interaction retrouvée. Majella a décidé de rester vivre au Luxembourg et elle travaille désormais à Coopérations.

Carol Kennedy, Irlande Théâtre du Menteur / Hôpital de Bligny - France

Carol Kennedy s'est particulièrement intéressée aux relations et liens qui se tissent parfois momentanément entre les différents acteurs de l'hôpital , les malades, les médecins, le personnel et les visiteurs. Partageant pendant huit mois ces moments de vie intime, Carol Kennedy a cherché à capter les signes et les traces de cette mémoire où se côtoient la vie et la mort. Ce projet s'est concrétisé par une exposition à l'hôpital, et une publication : "Auteurs de garde" réalisée avec les textes d'auteurs qui ont partagé trois semaines de son parcours.

Mujesira Elezovic, France Castlemilk Youth Complex à Glasgow - Ecosse

Mujesira Elezovic a animé un atelier photographique avec des adolescents (12-14 ans) qui habitent, travaillent ou étudient à Castlemilk. Elle leur a notamment proposé un travail expérimental “photocopies-photographies”. La jeune artiste a ainsi réussi à développer leur sens de l'initiative, leur participation étant très active. Son travail a donné lieu à une exposition intitulée "Cheese eh ?" qui retrace le parcours effectué avec les jeunes durant son séjour en Ecosse.

Annemiek Tuinhof de Moed, Pays-Bas Schlesische 27 à Berlin - Allemagne

Annemiek a développé un projet artistique basé sur les "réalités urbaines" en relation avec un public défavorisé. Le projet était axé sur des questions relatives à l'identité, aux cultures hybrides et à la vie quotidienne. Son travail a été particulièrement centré sur la relation privilégiée qu'elle a pu développer avec de jeunes musulmanes avec lesquelles elle a construit un projet, touchant l'identité, leur permettant de renouer avec leur image et une estime d'elles-mêmes.

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Sandrine Binoux, France Commune de Padoue - Italie

En relation avec les objecteurs de conscience de la ville de Padoue, Sandrine Binoux a développé un projet qui reformule la position du photographe dans le regard porté sur l’autre. Sa démarche se construit en deux temps : l’artiste prend un cliché sur le vif, puis elle demande à la personne photographiée de se préparer pour une photo posée. Le travail se concrétise dans une séquence vidéo de quelques secondes où se juxtapose les deux prises de vue, tandis que les impressions et les commentaires de la personne photographiée sont diffusés. Dans le même état d’esprit, Sandrine Binoux a réalisé une série de portraits dans lesquels elle a cherché à traduire l’échange qui se tisse entre elle et l’autre dans un espace temps défini. Le travail a donné lieu à une exposition et une publication éditée par la ville de Padoue.

Sandrine Binoux, camp de gitans, Padoue, 2002

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Un programme générateur d’idées fortes

La pertinence du SVE dans un contexte artistique spécifique

Le Service Volontaire Européen est basé sur trois principes fondamentaux :

- une expérience d'apprentissage originale pour les jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans ; accédant à une autre forme d'éducation et de formation, ils ont ainsi l'occasion d'élargir leur horizon en se familiarisant avec un environnement culturel et social différent ;

- une contribution au développement local en créant des projets culturels divers;

- une construction de partenariats européens grâce à l'échange des volontaires.

Le programme "Artists in context- artistes contre l'exclusion" offre, dans le cadre du SVE, l'opportunité à de jeunes créateurs de découvrir de nouveaux territoires, de se nourrir de nouvelles expériences et de confronter leurs démarches à des situations humaines et sociales jusque-là inconnues. Dans ces environnements sensibles, éloignés des lieux habituels de la culture, une autre forme de solitude s'annonce. Elle est pour l'artiste, le plus souvent, la source d'un dépassement qui mature les choix esquissés initialement.

Mais quelle que soit l'originalité des chemins empruntés, on peut considérer que cette première expérience, sur le terrain, hors de l'environnement habituel, complète de manière déterminante la formation de ces jeunes artistes curieux de se risquer dans de nouvelles recherches. Le plus étonnant certainement reste l'extraordinaire capacité d'analyse et la force de proposition dont font preuve ces très jeunes artistes. La vivacité d'esprit et l'authenticité de leurs démarches apportent des réponses particulièrement pertinentes qui témoignent d'une réelle qualité de réflexion, d'une créativité certaine et d'une intelligence sensible et humaine indéniable.

Pour les lieux partenaires, la rencontre avec un artiste, qui propose une approche singulière avec un regard extérieur et distancié, représente une ouverture riche d'aventure humaine et sociale. Les publics avec lesquels ils évoluent, le plus souvent en quête d'identité sociale, s'investissent plus volontiers dans des propositions qui se construisent dans l'interactivité d'une relation authentique leur offrant, par là même, des espaces pour leur propre reconnaissance.

Autant d'artistes venus de toute l'Europe, riches de leur identité et de leur désir de rencontre, autant de pistes proposées qui confortent le bien fondé d'une dimension artistique dans un programme européen dédié à la découverte et la reconnaissance de l'autre.

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structures d’accueil des partenaires

Allemagne

Schlesische 27Le Schlesische 27 est un ancien squat qui a pour objectif de donner des repères à des jeunes immigrés au travers d'actions artistiques diverses.Christel Hartmann-Fritsch, directrice Schlesische Strasse 27 10997 BerlinT : + 49 30 617 767 35 F : + 49 30 612 845 97e-mail : [email protected] : www.schlesische27.de

KarunaL'association Karuna collabore avec des enseignants de la Hochschule der Künste pour le montage de diverses opérations à vocation artistique dans un contexte social.Claudia ReyRudolfstrasse, 14 10245 BerlinT : + 49 30 55 49 34 27 F : + 49 30 55 48 95 27e-mail : [email protected] : home.snafu.de/karuna/

HDK - Hochschule der Künste Cristina Artola Kessler, chargée de projet Einsteinufer 4353 3.OG 10 587 Berlin - CharlottenburgT : + 49 30 782 33 15

Belgique

De ZeypDe Zeyp est un centre culturel destiné à promouvoir des actions pour la communauté flamande.Ivo Peeters, directeur Van Overbekeln, 164 1083 Ganshoren, BruxellesT : + 32 2 422 0011 F : + 32 2 422 0012e-mail : [email protected] site : digitaalbrussel.vgc.be/gc/de_zeyp

BeursschouwburgLe Beursschouwburg est un centre de réfugiés.Marijke Vandeburie, directrice Kazernestraat 37 rue de la Caserne 1000 BruxellesT : + 32 2 513 82 90 F : + 32 2 511 73 15e-mail : [email protected] site : www.beursschouwburg.be

annexes

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Danemark

Terra NovaLe Terra Nova est une compagnie de théâtre caractérisée par la multinationalité des comédiens, et qui expérimente de nouvelles formes culturelles et sociales.Marijana Milicevic, coordinatriceLyrskovgade, 4 1758 Copenhague VT / F : + 45 337 99 001e-mail : [email protected] site : worldonline.dk/~terra

Espagne

Municipalité de HuescaLa Municipalité de Huesca favorise des actions culturelles pour l'insertion des populations exclues. Elle travaille également à des programmes de diffusion et de formation artistique.Javier Brun, directeur du service culturel de la Municipalité de HuescaAyuntamiento de Huesca - Area de culturaAvenida Martínez de Velasco, 4-6 22071 HuescaT : + 34 974 213 693 F : + 34 974 215 698e-mail : [email protected]

ArtelekuArteleku est un lieu de création artistique permettant à des artistes de développer des relations avec l'environnement social du centre.Xanti Eraso, directeur Kristobaldegui, 14 Loiola Auzoa 20014 Donostia (San-Sebastián)T : + 34 943 45 36 62 F : + 34 943 46 22 56e-mail : [email protected] site : www.arteleku.net

Instituto de la JuventudJorge Diez Acon, chargé de projetC/ Marqués de Riscal, 16 28 010 MadridT : + 34 91 347 78 77e-mail : [email protected] site : www.mtas.es/injuve

AMAVI - UAAVFrancisco FelipeSector oficios, 16, 4° D 28 760 Tres Cantos /Madrid T : + 34 91 804 37 32 F : + 34 91 804 37 32e-mail : [email protected]

France

Ecole des Beaux arts de PerpignanL'école supérieure d'art de Perpignan organise des expositions, des échanges artistiques avec des enfants et des artistes et met en place des ateliers d'arts plastiques pour des enfants.Vincent Emmanuel Guitter, directeurEcole des Beaux Arts - 33 rue du maréchal Foch 66000 PerpignanT : + 33(0) 4 68 66 31 84 F : + 33 4 68 35 68 51e-mail : [email protected]

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MJC - Maison du citoyenLa MJC Maison du Citoyen est une association d'éducation populaire travaillant dans une logique d'insertion des jeunes.Michel Kemper, directeur 28 rue de la République 42500 Le Chambon FeugerollesT : + 33 4 77 61 42 97 F : + 04 77 89 06 71

Collectif 12Le Collectif 12 développe son projet culturel en proposant aux habitants de les associer aux multiples démarches de création.Catherine Booskowitz, directriceFriche André Malraux174, bd du Maréchal Juin 78200 Mantes la jolieT : + 33 (0)1 30 33 39 42 F : + 33 (0) 1 30 33 05 37

TIC (Théâtre itinérant de la Cité)Le Théâtre itinérant de la cité de Meaux regroupe un ensemble de professionnels du théâtre qui animent des ateliers artistiques en direction des populations des quartiers défavorisés de la ville de Meaux.Fathi Saadallah, directeur1, rue de Venise 77100 MeauxT : + 33 (0) 1 60 25 49 75 F : + 33 (0) 1 60 25 25 92e-mail : [email protected] site : http://theatre-itinerant-cite.com/

TEC (travail et culture)TEC (Travail et Culture) / CRIAC est une association qui développe un projet sur la mémoire du travail. Son partenaire principal dans ce projet, l'association l'œil, mène une réflexion sur les sujets de société les plus sensibles.Nicolas Naudet, directeur64, Bd de Strasbourg 59100 RoubaixT : + 33 (0)3.20.89.40.63 F : + 33(0) 3.20.89.40.69.e-mail : [email protected]

L'OeilArnaud Bruni, responsable64, Bd de Strasbourg 59100 RoubaixT : + 33 (0) 3.20.33.41.12

Théâtre du Menteur - La ManufactureLe théâtre du Menteur est une compagnie installée dans le théâtre de l'hôpital de Bligny qui développe le projet "l'art l'hôpital".François Chaffin, directeurBP 231 91162 Longjumeau cedexT : +33 (0)1 69 09 99 99e-mail : [email protected]

Chez Rita"Chez Rita" est espace alternatif qui met à disposition des artistes, des ateliers et des appartements à faible loyer.Bernard Agnias, responsable49 rue Daubenton 59100 RoubaixT : + 33(0) 3.20.26.22.88.

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L'A.R.A.L'ARA (Autour des Rythmes Actuels), centre de musiques actuelles et amplifiées, organise des ateliers pour les enfants.Laure Chailloux, directrice 301, av. des Nations Unies 59100 RoubaixT : + 33(0) 3.20.73.53.37. e-mail : [email protected]

Grande-Bretagne

Castlemilk Youth ComplexLe Castlemilk Youth Complex a été créé en réponse aux besoins exprimés par un Conseil de jeunes à Glasgow.Joe Herd, directeur 39 Ardencraig Road G45 0EU GlasgowT : + 44 (0141) 630 0000 F : + 44 141 63 0066e-mail : [email protected] site : castlemilkyouthcomplex.com

Pearce InstituteLe Pearce Institute est un centre qui propose de nombreuses activités aux jeunes de Govan et développe des projets pour les groupes sociaux de ces quartiers.Stuart Robertson, directeur 840 Govan Rd G51 3UU Glasgow LanarkshireT : + 44 141 445 1941 F : +44 141 445 4757e-mail : [email protected]

Irlande

Tallaght Community Arts CentreDans la banlieue de Dublin, le Tallaght Community arts centre (Centre de cure pour toxicomanes) est au coeur d'un quartier, défavorisé, confronté à des problèmes de chômage, de vandalisme, de drogue.Deborah Moore, directeur Virginia House, Old Blessington road Dublin, 24T : + 353 1 462 15 01 F : + 353 1 462 16 40e-mail : [email protected]

Italie

Progretto GiovaniLa Commune de Padoue développe une véritable politique d'intégration pour les jeunes.Fiorita Luciano, coordinatriceVicolo Ponte Molino, 7 35137 Padoue T : + 39 049 654 328 F : + 39 49 8753 259e-mail : [email protected] site : padovanet.it/infogiovani

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Luxembourg

CoopérationsHerbert Maly, directeur 10 rue de la Montagne L-9538 Wiltz (Wooltz)T : + 00 352 95 92 05 F : + 00 352 95 92 08e-mail : [email protected] site : www.restena.lu/cooperations

Pays Bas

Trans artist & Artoteek Zuidoost /Het Nieuwe PodiumMaria Tuerlings, directrice Rapenburgerstraat 109 1011VL BaselT : + 00 31(0) 54688073 F : + 00 31 6265341e-mail : [email protected] site : www.transartists.nl

Artoteek ZuidoostL'Artoteek Zuidoost à Amsterdam est un centre d'arts visuels qui travaille avec divers artistes sur plusieurs projets culturels.Annet Zondervan, directriceBijlmerdreef 119-121 1102 BP AmsterdamT : + 31 20 691 1322 F : + 31 20 697 6031e-mail : [email protected]

Pologne

Fundacja dla PolskiEva GrangierUl.Szpitalna 5/5, IIIp. 00-031 WarszawaT : + 00 48 22 828 9128 F : + 00 48 22 828 9129e-mail : [email protected] site : http://www.fdp.org.pl/

Fundacja Galeria na ProwincjiLa Fundacja galeria na Prowincji à Lublin en Pologne propose des activités culturelles autour du patrimoine de la Vieille Ville.Waldemar Mirek, présidentul. Jezuicka 4, BP 404 20-950 LublinT : + 00 48 81 534 5547 F : + 00 48 81 534 5547e-mail : [email protected] site : www.galeria.pl

Portugal

Espaço TL'Espaço T à Porto est un espace polyvalent destiné à l'appui de personnes en difficultés physiques ou psychosociales, utilisant l'art comme vecteur d’échanges.Jorge Oliveira, président Avenida de França, 256 4050 PortoT : + 351 22 830 2432 F : + 351 22 830 55 93e-mail : [email protected] site : espacot.wwebsolut.pt

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