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Planifier l’adaptation aux changements climatiques Le rôle d’une étude économique sommaire Par Claude Rioux Gestion des ressources maritimes Université du Québec à Rimouski ACFAS mai 2014 1

Planifier l’adaptation aux changements climatiques

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Planifier l’adaptation aux changements climatiques . Le rôle d’une étude économique sommaire Par Claude Rioux Gestion des ressources maritimes Université du Québec à Rimouski. AVANT-PROPOS Exemple d’évaluation économique : analyse coûts-avantages exercice exigeant en données - PowerPoint PPT Presentation

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Planifier l’adaptation aux changements climatiques

Le rôle d’une étude économique sommaire

Par Claude Rioux

Gestion des ressources maritimesUniversité du Québec à Rimouski

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AVANT-PROPOS• Exemple d’évaluation économique :

• analyse coûts-avantages • exercice exigeant en données • nécessite préparation afin d’éviter les sur ou les sous-estimations.

• Peut être incomplète et s’appuyer sur des estimations imprécises

• Oblige à faire la distinction entre une situation sans intervention, projet ou événement et une situation avec intervention, projet, événement.

• Le changement climatique induit des risques additionnels, distincts des mesures d’urgence, à court terme.

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INTRODUCTION

• Des aléas naturels affectent les communautés de l’Est du Canada.

• Problèmes de submersion (Provinces Maritimes) et d’érosion ont retenu l’attention en lien avec le changement climatique

• Le changement climatique va aggraver ces problèmes.

• L’adaptation au changement climatique va donc combiner une atténuation habituelle des impacts des aléas avec un « surcoût » attribuable au changement climatique.

• L’exemple de l’érosion montre la grande variabilité des estimations des pertes, variabilité accrue par le changement climatique…

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• Individuelles ou collectives, privées ou publiques, les décisions d’adaptation n’ont pas eu que des effets bénéfiques (enrochement et effets de bout, etc). L’urgence de la situation dictant parfois la solution.

• Or l’adaptation au changement climatique est une décision du long terme qui se prend toujours avec un degré élevé d’incertitude et, potentiellement, de risque.

• Habiter en zone côtière est une activité à risque.

• Ce risque ne peut être totalement éliminé.

• L’adaptation au changement climatique en zone côtière consiste au moins en partie à déterminer le niveau de risque socialement acceptable.

• L’adaptation ne se résume pas à « prendre » des décisions basées sur une évaluation du risque de court terme mais bien à « faire » une décision, à la structurer en mettant en relation autorités publiques, porteurs d’enjeux et experts, à « gérer » le risque

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PLAN DE LA PRÉSENTATION

1. COÛTS ET AVANTAGES DE L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE2. LE RISQUE « MARGINAL »3. LE (PRESQUE) CERTAIN ET LE (PLUTÔT) IMPROBABLE4. PRENDRE UNE DÉCISION ET FAIRE UNE DÉCISION

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1. COÛTS ET AVANTAGES DE L’ADAPTATION AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES

(Basée sur étude réalisée en 2008, sans information détaillée permettant une estimation des mesures d’adaptation envisageables sur le plan technique et les plus efficaces sur le plan économique. (Rioux et al. 2008))

• À défaut de pouvoir estimer le coût de l’adaptation on peut évaluer le coût de la « non adaptation ».

• Le principal impact du changement climatique retenu est l’érosion. Celle-ci affecte pour l’essentiel des propriétés privées.

• Des estimations permettaient d’évaluer un taux de recul moyen par année pour les 70 années précédentes (scénario 1 ou scénario de référence).

• Deux autres scénarios ont été envisagés : • ` scénario 2 moyenne des taux de recul (uniquement) mesurés sur la

période de 10 ou 15 ans la plus intense comprise entre 1931 et 2006• scénario 3 est une projection de la moyenne des taux de recul

supérieurs à la moyenne totale des taux de recul de l’intervalle le plus intense mesurée sur une période de 10 ou 15 ans entre 1931 et 2006.

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• Évaluation des coûts se base sur la valeur foncière des propriétés exposées (donnant directement accès à la plage)

• Estimation de la valeur foncière susceptible d’être perdue en moyenne par année pour une période de 42 ans (jusqu’en 2050).

• Les tableaux suivants présentent, tour à tour :• les principales étapes à franchir pour faire les estimations (Tableau1)• et une approche pour calculer l’ampleur des risques avec et sans

changement climatique et en particulier des risques additionnels liés aux changements climatiques (Tableau 2)

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Étapes Scénarios

Étape 1 : Valeurs économiques affectées

• Identification du secteur géographique touché• Valeur des propriétés affectées

• Autre valeur

Estimation identique pour scénario avec

et sans changement climatique

Étape 2 : Vulnérabilité économique

•Estimation de la proportion des propriétés affectées

•Superficie perdue en mètres carrés•Pertes économiques potentielles

Estimations distinctes selon le scénario

Étape 3 : Risque économique

•Probabilité d’occurrence de la perte économique•Coût attendu annuellement et en valeur

présente

Estimations distinctes selon le scénario

Tableau 1

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Risque pour le scénario sans changement climatique

Risque pour les scénarios avec changements climatiques

Impacts des changements climatiquesAugmentation du risque en moyenne par année et du

risque cumulé pour les prochaines années

Vulnérabilité pour le scénario sans changement climatique

Vulnérabilité pour les scénarios avec

changements climatiques

=

Probabilité pour ce scénario

Probabilité pour ces scénarios

Tableau 2

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2. LE RISQUE « MARGINAL » OU LE SURCROÎT DE RISQUE DÛ AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Une première approche est la prise en compte de la perte de terrain dans les différents scénarios et de la valeur du terrain perdu (exemple de Sept-îles)

Tableau 3Scénario 1 Scénario 2 Scénario 3

Taux d’érosion 0,50 mètre/année 1,29 1,83

Perte annuelle moyenne 130 356 $ 329 278 $ 491 235 $*Perte cumulative jusqu’en 2050 (actualisation de 5% pour 42 ans) 2 271 228 $ 5 737 079 $ 8 535 188 $Perte en % de l’actif total 11% 28% 42%Perte par 100$ d’évaluation 0,77 $ 1,93 $ 2,88 $Propriétés perdues 4 (3,5%) 74 (64%) 91 (79%)

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• Selon le scénario retenu, le changement climatique va accroître la vulnérabilité économique

• de 2,5 fois à 3,7 fois la tendance historique.

• Les bénéfices de l’adaptation sont les coûts qu’il sera possible d’éviter.

• Toutefois, ce n’est qu’une partie de l’histoire: • raisonner à partir d’une valeur annuelle moyenne de l’érosion peut faire

oublier qu’une moyenne basée sur des séries chronologiques (une extrapolation linéaire) ne garantit pas que cette valeur sera celle observée à chaque année pendant les prochains 20 ou 50 ans.

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3. LE (PRESQUE) CERTAIN ET LE (PLUTÔT) IMPROBABLE

Les séries chronologiques ne sont pas très longues et il serait abusif de prétendre qu’elles obéissent à une loi normale.

Cependant, les données permettent de mettre en évidence la grande variabilité de l’érosion ainsi que son imprévisibilité.

Tableau 4Variabilité du taux d’érosion à Sept-Îles

Scénario 1 Scénario 2 Scénario 2Moyenne 0,50 1,20 1,83Médiane 0,45 1,05 1,39Écart-type 0,31 0,93 1,67

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• Ce tableau permet d’illustrer au moins deux éléments importants :• premièrement, dans les 3 scénarios la valeur médiane est inférieure à la valeur

moyenne. Autrement dit, la moyenne est probablement « poussée » à la hausse par des événements majeurs où les taux d’érosion ont été plus élevés qu’à l’habitude;

• deuxièmement, dans tous les cas, l’écart-type est relativement élevé. Un seul écart-type par rapport à la moyenne peut faire augmenter le taux d’érosion de 60% pour S1 à 90% pour S3.

• Taux d’érosion très fluctuant (plusieurs années à faible érosion peuvent être suivies d’un ou deux événements extrêmes).

• Taux d’érosion historique présente une probabilité relativement faible de se réaliser. Pour l’ensemble de la période considérée, on peut observer un taux d’érosion égal ou supérieur à 50 cm dans seulement 10% des cas.

• Si les conditions propices à la réalisation du scénario 2 ou 3 sont réunies, on pourra observer le taux d’érosion retenu dans environ 40% des cas.

• La connaissance de cette probabilité d’avoir un taux d’érosion égal ou supérieur à celui retenu est ce qui permet d’évaluer le risque.

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Un risque économique est calculé comme étant une probabilité multipliée par une conséquence (une perte). Cela consiste à dire qu’à chaque année, il n’y aura réellement qu’une fraction de la perte qui se concrétisera.

Tableau 5S1 S2 S3Probabilité historique

0,1 0,43 0,38Risque annuel 13036 141589 186669Risque cumulatif

227 129 $ 2 466 941 $ 3 252 377 $

En tenant compte des probabilités, le risque économique avec S2 est 11 fois S1 et S3 est 14 fois S1.

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4. PRENDRE UNE DÉCISION ET FAIRE UNE DÉCISION

• Malgré les réserves émises sur la longueur des séries statistiques et sur la connaissance de la loi de distribution des probabilités, on peut tout de même souligner certains points :

• le risque de perdre une valeur économique importante liée à un actif physique comme une maison sera probablement plus élevé avec le changement climatique que sans

• les conditions propices à l’atteinte d’un taux d’érosion comme S2 (ou S3) vont s’accompagner d’une probabilité plus élevée que dans le scénario tendanciel S1.

• Prendre une décision dans un tel contexte d’incertitude est une tâche difficile. Les seuls événements certains sont des événements passés ou en cours qui nécessitent des décisions relativement rapides comme des mesures d’urgence.

• Le changement climatique va probablement accroître le nombre d’événements extrêmes avec, à terme, une augmentation de l’érosion moyenne. Les scénarios 2 et 3 sont des hypothèses pour illustrer ce phénomène.

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• L’absence de certitude sur les conséquences réelles du changement climatique peut justifier une nouvelle approche.

• D’une part, des décisions de court terme doivent être prises pour faire face à des situations de crise immédiate ou au moins des urgences.

• Des options peuvent être évaluées, comparées et choisies par des porteurs d’enjeux (intérêts individuels) et aussi par les autorités publiques (intérêts de la collectivité).

• Un des critères de décision demeure la comparaison entre les bénéfices anticipés (les coûts évités) et les coûts des mesures d’adaptation.

• À plus long terme, on peut envisager de considérer le fait d’habiter en zones côtières comme une activité à risque dont la probabilité peut s’accroitre à mesure qu’on se localise près du trait de côte.

• Le principal défi de la « gestion » d’une activité à risque est la structuration de la décision qui va inclure le niveau de risque socialement acceptable.

• Cette structuration de la décision ne peut se faire que dans un contexte particulier, une gouvernance de confiance mutuelle ou inclusive.(cf Trustnet-in-action, 2007))

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• Structurer la décision nécessite d’identifier les acteurs essentiels :• les autorités publiques concernées• les porteurs d’enjeux, individus, entreprises, ceux qui ont des intérêts à faire

valoir• les experts/scientifiques.

• Autorités publiques : La tâche principale des pouvoirs publics est de préparer et d’organiser les débats des experts et des porteurs d’enjeux.

• Rôle des experts-scientifiques: discutent des hypothèses de leurs études, en révèlent les incertitudes et en identifient le degré. L’expertise scientifique ne sert plus à légitimer une décision et à éviter d’expliquer publiquement les fondements proprement politiques des décisions. Faire la différence entre l’expert (comme dans témoin expert) et le chercheur.

• Les porteurs d’enjeux : discutent des enjeux aux niveaux local, national, etc. tout en s’efforçant de tracer les contours du bien commun.

• La décision n’appartient plus aux seuls pouvoirs publics. L’expertise et la prise de décision sont des processus ouverts et interactifs.

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CONCLUSION

• L’adaptation au changement climatique des communautés côtières, • fondamentalement la viabilité de ces communautés dans un environnement

souvent hostile et qui le deviendra de plus en plus, • fait appel à deux démarches distinctes mais étroitement complémentaires:

• l’évaluation de risque dont les résultats à court terme peuvent inspirer des actions immédiates, comme des mesures d’urgence;

• la gestion du risque où une démarche participative, inclusive, de confiance mutuelle peut contribuer à fixer des balises sur le niveau de risque acceptable et donc à inspirer des mesures d’adaptation.

• Comme dans le cas des activités à risque soumises à un processus public d’approbation, le rôle des chercheurs est, au départ, de lever l’ambiguïté entre l’intervention comme expert en faveur d’une partie prenante et le chercheur pour faire ressortir les options, incertitudes et zones d’ombre.

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MERCI DE VOTRE ATTENTION

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Références :

Bernatchez, P., Fraser, C., Friesinger, S., Jolivet, Y., Dugas, S., Drejza, S. et Morissette,A., 2008. Sensibilité des côtes et vulnérabilité des communautés du golfe du Saint-Laurent auximpacts des changements climatiques. Laboratoire de dynamique et de gestion intégrée deszones côtières, Université du Québec à Rimouski. Rapport de recherche remis au Consortium OURANOS et au FACC, 256 pages.

Rioux, C. et al. 2008. Évaluation économique des risques associés à l’érosion des zones côtières et aux méthodes d’adaptation dans le golfe du Saint-Laurent : secteurs de Sept-îles, Percé et des Iles-de-la-Madeleine. Gestion des ressources maritimes, UQAR. Rapport de recherche remis au Consortium OURANOS et à RNC.

Rioux, C. 2009. Changements climatiques et vulnérabilité économique associée à l’érosion côtière dans le golfe du Saint-Laurent. Présentation à Ouranos, octobre.

Rioux, C.et D. Roussel. 2009. Changements climatiques et risques économiques associés à l’érosion côtière dans le golfe du Saint-Laurent. Communication au Colloque international « Développement comparé des littoraux du Golfe du Saint-Laurent et du Centre-Ouest français » Université de Moncton , campus de Shippagan. Août.

Trustnet-in-action.2007. Final report.European commission, june. 86 p.

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