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POÉSIE QUÉBÉCOISE POÉSIE QUÉBÉCOISE Des balbutiements au Des balbutiements au verbe incarné verbe incarné Poètes du XIXe siècle Poètes du XIXe siècle Diane Boudreau Polyvalente Chanoine-Armand-Racicot © 2007

Po Sie Qu B Coise2

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Diaporama sur les poètes québécois du 19e siècle.

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POÉSIE QUÉBÉCOISEPOÉSIE QUÉBÉCOISEDes balbutiements au Des balbutiements au

verbe incarnéverbe incarnéPoètes du XIXe sièclePoètes du XIXe siècle

Diane BoudreauPolyvalente Chanoine-Armand-Racicot

© 2007

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NOUVELLE-FRANCENOUVELLE-FRANCEQuelques écrits des premiers habitants ont Quelques écrits des premiers habitants ont été retrouvés: tradition orale et œuvres été retrouvés: tradition orale et œuvres issues du clergé mettent en valeur les us et issues du clergé mettent en valeur les us et coutumes de l’époque. Par exemple, « À la coutumes de l’époque. Par exemple, « À la claire fontaine », ballade populaire d’origine claire fontaine », ballade populaire d’origine française :française :

À la claire fontaine,À la claire fontaine,M’en allant promener…M’en allant promener…J’ai trouvé l’eau si belleJ’ai trouvé l’eau si belleQue je m’y suis baigné;Que je m’y suis baigné;

Il y a longtemps que je t’aime,Il y a longtemps que je t’aime,Jamais je ne t’oublierai!Jamais je ne t’oublierai!

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René-Louis Chartier de René-Louis Chartier de Lotbinière (1641-1708)Lotbinière (1641-1708)

• Né à Paris, René-Louis Chartier de Né à Paris, René-Louis Chartier de Lotbinière arrive au pays à l’âge de Lotbinière arrive au pays à l’âge de 10 ans et fait ses études au Collège 10 ans et fait ses études au Collège des Jésuites de Québec. En 1666, il des Jésuites de Québec. En 1666, il participe à l’expédition malheureuse participe à l’expédition malheureuse de Monsieur de Courcelles contre les de Monsieur de Courcelles contre les Iroquois, qu’il racontera en vers Iroquois, qu’il racontera en vers moqueurs. On dit qu’il s’agit moqueurs. On dit qu’il s’agit probablement du premier poème probablement du premier poème écrit par quelqu’un qui a fait ses écrit par quelqu’un qui a fait ses études au Canada.études au Canada.

Il y eut matiere de rireIl y eut matiere de rireQue je ne scaurais vous descrireQue je ne scaurais vous descrire

Car on voyoit ces fiierabrasCar on voyoit ces fiierabrasPour nettoyer leurs museaux grasPour nettoyer leurs museaux gras

Se torcher au lieu de servietteSe torcher au lieu de servietteDe leur chemise ou chemisetteDe leur chemise ou chemisetteEt quelques uns de leur capotEt quelques uns de leur capot

Dont ils frottoient souvent leur potDont ils frottoient souvent leur pot

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Étienne Marchand (1707-1774), prêtre né à Étienne Marchand (1707-1774), prêtre né à Québec, devient grand vicaire du Québec, devient grand vicaire du Gouvernement de Montréal à 33 ans, et Gouvernement de Montréal à 33 ans, et compose des « railleries » rimées sur la compose des « railleries » rimées sur la déconfiture de l’ennemi. Par exemple, dans le déconfiture de l’ennemi. Par exemple, dans le Carillon de la Nouvelle-FranceCarillon de la Nouvelle-France::

Vous espériez dans notre fort,Manger une salade;

Nous vous avons servi d’abordUne fine poivrade,

Vous la trouviez d’un si haut goût,Que vous n’entendiez plus les coups

Du carillon (bis) de la Nouvelle-France

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LE ROMANTISMELE ROMANTISME

• Au Canada français, la Au Canada français, la poésie est le genre le poésie est le genre le

plus tôt constitué. plus tôt constitué. Généralement, elle Généralement, elle raconte les débats raconte les débats

politiques et politiques et identitaires. À partir de identitaires. À partir de 1860, la poésie se fait 1860, la poésie se fait davantage patriotique davantage patriotique et nationaliste. Seul et nationaliste. Seul Eudore Évanturel y Eudore Évanturel y

introduit la sensualité et introduit la sensualité et la passionla passion..

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Joseph Quesnel (1746-1809)Joseph Quesnel (1746-1809)

• Ce compositeur, violoniste, dramaturge Ce compositeur, violoniste, dramaturge et poète, après avoir fait fortune dans le et poète, après avoir fait fortune dans le commerce des fourrures, s’installe à commerce des fourrures, s’installe à Boucherville et s’occupe de théâtre, puis Boucherville et s’occupe de théâtre, puis compose des chansons, duos, quatuors compose des chansons, duos, quatuors et symphonies, mais seules les parties et symphonies, mais seules les parties vocales des opéras vocales des opéras Colas et ColinetteColas et Colinette et et Lucas et CécileLucas et Cécile ont survécu. Ses ont survécu. Ses œuvres sont parmi les premiers opéras œuvres sont parmi les premiers opéras composés en Amérique du Nord.composés en Amérique du Nord.

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Stances sur mon jardin de BouchervilleStances sur mon jardin de Boucherville (extrait)(extrait)

Petit jardin que j'ai plantéPetit jardin que j'ai plantéQue ton enceinte sait me plaire !Que ton enceinte sait me plaire !

Je vois en ta simplicité,Je vois en ta simplicité,L'image de mon caractère.L'image de mon caractère.

Pour rêver qu'on s'y trouve bien !Pour rêver qu'on s'y trouve bien !Ton agrément c'est la verdure ;Ton agrément c'est la verdure ;À l'art tu ne dois presque rien,À l'art tu ne dois presque rien,Tu dois beaucoup à la nature.Tu dois beaucoup à la nature.

D'un fleuve rapide en son cours,D'un fleuve rapide en son cours,Tes murs viennent toucher la rive,Tes murs viennent toucher la rive,

Et j'y vois s'écouler mes jours,Et j'y vois s'écouler mes jours,Comme son onde fugitive.Comme son onde fugitive.

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Joseph Mermet (1775 - vers Joseph Mermet (1775 - vers 1828)1828)

• Soldat du régiment de Watteville, venu au Soldat du régiment de Watteville, venu au Canada en 1813, pour aider nos troupes à Canada en 1813, pour aider nos troupes à combattre les armées américaines. Joseph combattre les armées américaines. Joseph Mermet, envoyé à Kingston avec son régiment, y Mermet, envoyé à Kingston avec son régiment, y connaît Jacques Viger, se lie d'amitié avec lui, et connaît Jacques Viger, se lie d'amitié avec lui, et publie dans publie dans le Spectateur le Spectateur de Montréal de de Montréal de nombreuses poésies, entre autres, nombreuses poésies, entre autres, La Victoire de La Victoire de Châteauguay Châteauguay et et Le Tableau de la cataracte de Le Tableau de la cataracte de NiagaraNiagara. On se disputait dans les salons de . On se disputait dans les salons de

Montréal les vers inédits du poète de KingstonMontréal les vers inédits du poète de Kingston..

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Tableau de la cataracte de Niagara (extrait)Tableau de la cataracte de Niagara (extrait)

Un gouffre haut, profond, de ses Un gouffre haut, profond, de ses bouches béantes,bouches béantes,

Gronde, écume et vomit, en ondes Gronde, écume et vomit, en ondes mugissantes,mugissantes,

Deux fleuves mutinés, deux immenses Deux fleuves mutinés, deux immenses torrents;torrents;

Plus altiers, plus fougueux que ces Plus altiers, plus fougueux que ces rochers ardentsrochers ardents

Qui renferment la flamme, et lancent Qui renferment la flamme, et lancent de leur gouffrede leur gouffre

Les flots empoisonnés du bitume et du Les flots empoisonnés du bitume et du soufre;soufre;

Le premier des torrents, et le plus Le premier des torrents, et le plus irritéirrité

Des rayons du Soleil réfléchit la clarté.Des rayons du Soleil réfléchit la clarté.

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MICHEL BIBAUD (1782-MICHEL BIBAUD (1782-1857)1857)

• BIBAUD, MICHEL, né à Montréal, BIBAUD, MICHEL, né à Montréal, est professeur, journaliste, est professeur, journaliste, auteur, fonctionnaire et juge de auteur, fonctionnaire et juge de paix. Il publie paix. Il publie Épîtres,Épîtres, satires,satires, chansons,chansons, épigrammesépigrammes etet autresautres piècespièces dede versvers, le premier recueil , le premier recueil de poésie d’un Canadien français de poésie d’un Canadien français à être édité au Canada. à être édité au Canada. Cependant, la critique n’a pas crié Cependant, la critique n’a pas crié au génie, loin de là. Bibaud tentait au génie, loin de là. Bibaud tentait d’éclairer le peuple sur ses d’éclairer le peuple sur ses misères, d’ironiser en dévoilant misères, d’ironiser en dévoilant ses tares et ses méfaits, et de ses tares et ses méfaits, et de sublimer en présentant des héros sublimer en présentant des héros nationaux et étrangers, mais sa nationaux et étrangers, mais sa poésie, moralisatrice, sévère, poésie, moralisatrice, sévère, aigre et pessimiste, manquait aigre et pessimiste, manquait d’originalité, de spontanéité et de d’originalité, de spontanéité et de chaleur. chaleur.

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SATIRE III. CONTRE LA SATIRE III. CONTRE LA PARESSE (EXTRAIT)PARESSE (EXTRAIT)

Oh! Combien ce pays renferme d’ignorantsQu’on aurait pu compter au nombre des savants,

S’ils n’eussent un peu trop écouté la Paresse,Et s’ils se fussent moins plongés dans la mollesse!

Combien au lieu de lire, écrire ou travailler,Passent le temps à rire, ou jouer, ou bâiller!

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François-Xavier Garneau (1809-François-Xavier Garneau (1809-1866)1866)

• Autodidacte né à Québec et de Autodidacte né à Québec et de famille modeste, François-Xavier famille modeste, François-Xavier Garneau doit travailler Garneau doit travailler rapidement : il entre à 16 ans rapidement : il entre à 16 ans comme clerc dans l'étude comme clerc dans l'étude d'Archibald Campbell pour devenir d'Archibald Campbell pour devenir notaire en 1830. Il part ensuite notaire en 1830. Il part ensuite pour l'Europe en 1831, suit les pour l'Europe en 1831, suit les cours de Michelet à Paris. C'est à cours de Michelet à Paris. C'est à cette époque qu'il décide de cette époque qu'il décide de devenir écrivain et historien. On lui devenir écrivain et historien. On lui doit sa célèbre doit sa célèbre Histoire du CanadaHistoire du Canada publiée de 1845 à 1852. De retour publiée de 1845 à 1852. De retour à Québec, il est journaliste et fonde à Québec, il est journaliste et fonde L'AbeilleL'Abeille canadiennecanadienne en 1833 et en 1833 et L'InstitutL'Institut en 1841. Il publie aussi en 1841. Il publie aussi des poèmes dans des poèmes dans LeLe CanadienCanadien. Il . Il devient traducteur à l'Assemblée devient traducteur à l'Assemblée législative, puis greffier à la ville en législative, puis greffier à la ville en 1843, et, il est élu président de 1843, et, il est élu président de l'Institut canadien en 1851. l'Institut canadien en 1851. Épileptique, il démissionne de son Épileptique, il démissionne de son poste de greffier en 1863. poste de greffier en 1863.

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Les poèmes de Garneau, empreints de romantisme et de Les poèmes de Garneau, empreints de romantisme et de nationalisme, révèlent également un certain nationalisme, révèlent également un certain désenchantement et un culte à la liberté.désenchantement et un culte à la liberté.

À mon fils (extrait)À mon fils (extrait)Lorsque tu dors sur le sein de ta mère Lorsque tu dors sur le sein de ta mère

Souvent mes yeux s'arrêtent sur tes traits, Souvent mes yeux s'arrêtent sur tes traits, Où les zéphirs sous la gaze légère Où les zéphirs sous la gaze légère

Portent des champs les parfums toujours frais. Portent des champs les parfums toujours frais. Mais qui peut dire, en quittant le rivage, Mais qui peut dire, en quittant le rivage,

Que les zéphirs te suivront jusqu'au port ? Que les zéphirs te suivront jusqu'au port ? Dors, mon enfant; le ciel est sans nuage, Dors, mon enfant; le ciel est sans nuage,

Et l'aquilon ne souffle pas encor. Et l'aquilon ne souffle pas encor. Des rêves d'or berceront ton enfance; Des rêves d'or berceront ton enfance;

Insoucieux, tout te semblera beau. Insoucieux, tout te semblera beau. Tu grandiras, avec toi l'espérance, Tu grandiras, avec toi l'espérance,

Prisme trompeur qui nous suit au tombeau. Prisme trompeur qui nous suit au tombeau.

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Joseph Lenoir (1822-1861)Joseph Lenoir (1822-1861)

Né à Saint-Henri (Montréal), Joseph Lenoir Né à Saint-Henri (Montréal), Joseph Lenoir est admis au Barreau en 1847, mais il est admis au Barreau en 1847, mais il exerce peu sa profession, préférant exerce peu sa profession, préférant écrire. Écrivain aux idées libérales, il écrire. Écrivain aux idées libérales, il participe à la fondation du journal participe à la fondation du journal L’AvenirL’Avenir et aux activités de l’Institut et aux activités de l’Institut canadien. Condamné par Mgr Bourget à canadien. Condamné par Mgr Bourget à cause de ses idées, il devient cause de ses idées, il devient bibliothécaire, puis responsable de la bibliothécaire, puis responsable de la correspondance et assistant-rédacteur correspondance et assistant-rédacteur (journal) au département de l’Instruction (journal) au département de l’Instruction publique. Il ne parviendra pas à publier publique. Il ne parviendra pas à publier un recueil de son vivant.un recueil de son vivant.

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Caricature féroce, douceur élégiaque, exotisme pittoresque, Caricature féroce, douceur élégiaque, exotisme pittoresque, revendication sociale sont des caractéristiques des extrêmes revendication sociale sont des caractéristiques des extrêmes que le poète utilise selon les influences du moment.que le poète utilise selon les influences du moment.

Amour (extrait)Amour (extrait)À quoi pense la jeune fille,À quoi pense la jeune fille,

Celle qui rit, chante et s'habille,Celle qui rit, chante et s'habille,En se regardant au miroir;En se regardant au miroir;

Qui, posant les mains sur ses hanches,Qui, posant les mains sur ses hanches,Dit : Oh ! mes dents sont bien plus blanchesDit : Oh ! mes dents sont bien plus blanches

Que le lin de mon blanc peignoir ?Que le lin de mon blanc peignoir ?

Elle se promet, folle reine,Elle se promet, folle reine,De régner fière et souveraine,De régner fière et souveraine,Au milieu des parfums du bal ;Au milieu des parfums du bal ;

Elle compose son sourire,Elle compose son sourire,Afin que d'elle on puisse dire:Afin que d'elle on puisse dire:Son amour à tous fut fatal !Son amour à tous fut fatal !

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OCTAVE CRÉMAZIE (1827-OCTAVE CRÉMAZIE (1827-1879)1879)

Poète, Octave Crémazie est l'un des plus importants écrivains romantiques du Canada français. Il fonde avec son frère en 1843 une « librairie ecclésiastique » qui devient l'un des foyers de la culture de la Ville de Québec. En 1850, il fait un premier voyage en Europe, puis deux autres en 1854 et en 1856, et fréquente les salons littéraires. Vers 1860, l'arrière-boutique de la librairie est un lieu de rencontre où se côtoient les plus grands auteurs québécois. La librairie fait cependant faillite en 1862 et Octave Crémazie, endetté, doit s'enfuir clandestinement pour Paris, où il prend le nom de Jules Fontaine. Il vit dans la difficulté et assiste au siège de Paris. En 1872, il perd son frère, il est désormais sans appui et se rend travailler à Bordeaux puis au Havre pour des libraires. Ses poèmes sont réunis pour la première fois en 1864 dans le recueil Littérature canadienne de 1850 à 1860.

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Crémazie n’aura écrit que 34 poèmes, mais la plupart sont dominés Crémazie n’aura écrit que 34 poèmes, mais la plupart sont dominés par le sentiment patriotique de fidélité à la langue française et à la par le sentiment patriotique de fidélité à la langue française et à la foi catholique et à l’obsession de la mort. Il est consacré poète foi catholique et à l’obsession de la mort. Il est consacré poète national après la publication du national après la publication du Drapeau du Carillon.

Ô Carillon, je te revois encore,Ô Carillon, je te revois encore,Non plus hélas ! comme en ces jours bénisNon plus hélas ! comme en ces jours bénisOù dans tes murs la trompette sonoreOù dans tes murs la trompette sonorePour te sauver nous avait réunis.Pour te sauver nous avait réunis.Je viens à toi, quand mon âme succombeJe viens à toi, quand mon âme succombeEt sent déjà son courage faiblir.Et sent déjà son courage faiblir.Oui, près de toi, venant chercher ma tombe,Oui, près de toi, venant chercher ma tombe,Pour mon drapeau je viens ici mourir. Pour mon drapeau je viens ici mourir.

« Mes compagnons, d'une vaine espérance,« Mes compagnons, d'une vaine espérance,Berçant encor leurs coeurs toujours français,Berçant encor leurs coeurs toujours français,Les yeux tournés du côté de la France,Les yeux tournés du côté de la France,Diront souvent : reviendront-ils jamais ?Diront souvent : reviendront-ils jamais ?L'illusion consolera leur vie ;L'illusion consolera leur vie ;Moi, sans espoir, quand mes jours vont finir,Moi, sans espoir, quand mes jours vont finir,Et sans entendre une parole amie,Et sans entendre une parole amie,Pour mon drapeau je viens ici mourir. Pour mon drapeau je viens ici mourir.

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Félix-Gabriel Marchand (1832-Félix-Gabriel Marchand (1832-1900)1900)

Félix-Gabriel Marchand, né à Saint-Félix-Gabriel Marchand, né à Saint-Jean-sur-Richelieu, a été journaliste, Jean-sur-Richelieu, a été journaliste, auteur, notaire et premier ministre du auteur, notaire et premier ministre du Québec, sous la bannière du Parti Québec, sous la bannière du Parti libéral du Québec, du 27 mai 1897 au libéral du Québec, du 27 mai 1897 au 25 septembre 1900, date à laquelle il 25 septembre 1900, date à laquelle il est décédé dans l'exercice de ses est décédé dans l'exercice de ses fonctions. Il a surtout écrit des pièces fonctions. Il a surtout écrit des pièces de théâtre, mais son recueil, de théâtre, mais son recueil, Mélanges Mélanges poétiques et littérairespoétiques et littéraires contient des contient des poèmes et des essais. poèmes et des essais.

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Le sonnetLe sonnetNon, jamais je n’ai pu fabriquer un sonnetNon, jamais je n’ai pu fabriquer un sonnet

Sans mettre en désaccord le bon sens et la rime;Sans mettre en désaccord le bon sens et la rime;Un son qui, dans huit vers, quatre fois résonnait,Un son qui, dans huit vers, quatre fois résonnait,

En passant sur ma lyre avait un bruit de lime.En passant sur ma lyre avait un bruit de lime.

J’errais, sans rien trouver, du badin au sublimeJ’errais, sans rien trouver, du badin au sublimeEt très nerveux souvent, lorsque minuit sonnait,Et très nerveux souvent, lorsque minuit sonnait,Comme un pauvre forçat qui regrette son crime,Comme un pauvre forçat qui regrette son crime,

Je rougissais des vers que ma main façonnait.Je rougissais des vers que ma main façonnait.

Puis, le cœur pénétré de honte et de colère,Puis, le cœur pénétré de honte et de colère,Je déplorais tout bas mon peu de savoir-faire,Je déplorais tout bas mon peu de savoir-faire,

En maudissant ma muse et Pégase au surplus !En maudissant ma muse et Pégase au surplus !

Mais, grand Dieu, voilà bien que sur lui je remonteMais, grand Dieu, voilà bien que sur lui je remonteEt qu’insensiblement, sous ma main il se dompte ! ...Et qu’insensiblement, sous ma main il se dompte ! ...

Bravo ! … j’ai mon sonnet ! ... on ne m’y prendra plus.Bravo ! … j’ai mon sonnet ! ... on ne m’y prendra plus.

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Alfred Garneau (1836-1904)Alfred Garneau (1836-1904)

Poète, Alfred Garneau est le fils de François-Xavier Garneau, l’historien national. Il fait ses études au Petit Séminaire de Québec, puis il étudie le droit à l’Université Laval. Il occupe un poste de traducteur surnuméraire pour la session du Parlement, avant de devenir traducteur adjoint, en 1862. Quatre ans plus tard, à Ottawa, il est nommé chef des traducteurs au Sénat. En 1883, il fait un voyage de deux mois en Europe. De son vivant, Alfred Garneau n’a publié aucun recueil de poésie.

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On retrouve chez Garneau une influence romantique et On retrouve chez Garneau une influence romantique et parnassienne. Sa poésie est intimiste tout en s’ouvrant surparnassienne. Sa poésie est intimiste tout en s’ouvrant sur les valeurs universelles.les valeurs universelles.

CroquisCroquis

Je cherchais, à l'aurore, une fleur peu connue,Je cherchais, à l'aurore, une fleur peu connue,Pâle fille des bois et de secrets ruisseaux,Pâle fille des bois et de secrets ruisseaux,

Des sources de cristal aux murmurantes eaux,Des sources de cristal aux murmurantes eaux,Enchaînèrent mes pas et surprirent ma vue.Enchaînèrent mes pas et surprirent ma vue.

Ô fraîche cascatelle ! En légers écheveaux,Ô fraîche cascatelle ! En légers écheveaux,Son onde s'effilait, blanche, à la roche nue,Son onde s'effilait, blanche, à la roche nue,

Puis, sous un rayon d'or un moment retenue,Puis, sous un rayon d'or un moment retenue,Elle riait au ciel entre ses bruns roseaux !Elle riait au ciel entre ses bruns roseaux !

Et comme j'inclinais quelques tiges mutines,Et comme j'inclinais quelques tiges mutines,Sans bruit, l'oreille ouverte aux rumeurs argentines,Sans bruit, l'oreille ouverte aux rumeurs argentines,

Pareilles aux soupirs d'un luth mystérieux,Pareilles aux soupirs d'un luth mystérieux,

Soudain, glissant vers moi sur son aile inquièteSoudain, glissant vers moi sur son aile inquièteÀ travers les rameaux, doux et penchant sa tête,À travers les rameaux, doux et penchant sa tête,

Un rossignol vint boire au flot harmonieux.Un rossignol vint boire au flot harmonieux.

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Pamphile Le May (1837-Pamphile Le May (1837-1918)1918)

Né à Lotbinière, le 5 janvier Né à Lotbinière, le 5 janvier 1837, Léon-Pamphile Le May 1837, Léon-Pamphile Le May fait ses études classiques au fait ses études classiques au Séminaire de Québec suivies Séminaire de Québec suivies de deux années de théologie. de deux années de théologie. Il se lie d'amitié avec Louis Il se lie d'amitié avec Louis Fréchette et devient Fréchette et devient traducteur à l'Assemblée traducteur à l'Assemblée législative du Canada-Uni de législative du Canada-Uni de 1861 à 1866. Il étudie le droit 1861 à 1866. Il étudie le droit à Québec et est reçu avocat à Québec et est reçu avocat en 1865. Il travaille ensuite en 1865. Il travaille ensuite comme bibliothécaire au comme bibliothécaire au Parlement de Québec. Tout en Parlement de Québec. Tout en écrivant des textes de écrivant des textes de plusieurs genres littéraires plusieurs genres littéraires dont la poésie, le conte, le dont la poésie, le conte, le roman et le théâtre. Il a roman et le théâtre. Il a également traduit le poème également traduit le poème “Évangéline” de Longfellow. Il “Évangéline” de Longfellow. Il meurt le 11 juin 1918.meurt le 11 juin 1918.

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Première faute Première faute

Elle est belle et pourtant son front est nuageux. Elle est belle et pourtant son front est nuageux. Son oeil bleu flotte vague et son rire fascine. Son oeil bleu flotte vague et son rire fascine. Sa bouche enivre et ment. L'aurore capucineSa bouche enivre et ment. L'aurore capucine

Luit dans ses cheveux blonds près du muguet Luit dans ses cheveux blonds près du muguet neigeux.neigeux.

Prendre ou briser des coeurs, c'est pour elle des Prendre ou briser des coeurs, c'est pour elle des jeux, jeux,

Mais l'amour en secret a poussé sa racine.Mais l'amour en secret a poussé sa racine. Dans son esprit ému l'imprudente dessineDans son esprit ému l'imprudente dessine

Des chemins de lumière et des sentiers Des chemins de lumière et des sentiers fangeux...fangeux...

Maintenant elle pleure et sa beauté se fane; Maintenant elle pleure et sa beauté se fane; Et comme des vols noirs dans le ciel diaphane, Et comme des vols noirs dans le ciel diaphane,

Passent sur sa pauvre âme un essaim de remords. Passent sur sa pauvre âme un essaim de remords.

Emportez, emportez à jamais, heures lentes, Emportez, emportez à jamais, heures lentes, Ces souvenirs cuisants! Sous des cendres Ces souvenirs cuisants! Sous des cendres

brûlantesbrûlantesLes bonheurs entrevus depuis longtemps sontLes bonheurs entrevus depuis longtemps sont

morts! morts!

L’amour de la terre, de la patrie, la religion, la vie campagnarde et l’amour sont les thèmes de prédilection de ce poète. Il affectionne particulièrement les sonnets:

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LOUIS-HONORÉ FRÉCHETTE (1839-LOUIS-HONORÉ FRÉCHETTE (1839-1908)1908)

Poète, conteur, dramaturge et journaliste, il fait ses études Poète, conteur, dramaturge et journaliste, il fait ses études classiques au Séminaire de Québec, au Collège de Sainte-Anne-classiques au Séminaire de Québec, au Collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière et au Séminaire de Nicolet de 1854 à 1860. Il suit de-la-Pocatière et au Séminaire de Nicolet de 1854 à 1860. Il suit un cours de droit à l'Université Laval de 1860 à 1861. De 1861 à un cours de droit à l'Université Laval de 1860 à 1861. De 1861 à 1862, il est attaché au 1862, il est attaché au Journal de Québec et devient traducteur au et devient traducteur au Parlement. C'est à cette époque que sont jouées ses deux pièces Parlement. C'est à cette époque que sont jouées ses deux pièces de théâtre de théâtre Les Notaires du village et et Félix Poutré; en 1863 son ; en 1863 son premier recueil de poésie intitulé premier recueil de poésie intitulé Mes loisirs est publié. Devenu est publié. Devenu avocat, il ouvre un bureau à Lévis en 1864 et fonde deux journaux avocat, il ouvre un bureau à Lévis en 1864 et fonde deux journaux : : Le drapeau de Lévis puis puis La Tribune de Lévis. Sans de Lévis. Sans reconnaissance littéraire ni journalistique, il décide de s'exiler à reconnaissance littéraire ni journalistique, il décide de s'exiler à Chicago où il occupe un poste de secrétaire correspondant au Chicago où il occupe un poste de secrétaire correspondant au département des terres de l'Illinois Central Rail Road Co. Il département des terres de l'Illinois Central Rail Road Co. Il retourne à Québec en 1871 et se fait élire député du Comté de retourne à Québec en 1871 et se fait élire député du Comté de Lévis au parlement fédéral en 1874. Il perd aux élections de 1878 Lévis au parlement fédéral en 1874. Il perd aux élections de 1878 et décide de s'installer à Montréal pour se consacrer à son et décide de s'installer à Montréal pour se consacrer à son écriture. Il est nommé greffier du Conseil législatif du Québec en écriture. Il est nommé greffier du Conseil législatif du Québec en 1889. En 1880, il se rend à Paris et reçoit le Prix Montyon de 1889. En 1880, il se rend à Paris et reçoit le Prix Montyon de l'Académie française qui a aussi couronné son recueil de poésie l'Académie française qui a aussi couronné son recueil de poésie Les Fleurs boréales et rencontre Victor Hugo. Il devient membre et rencontre Victor Hugo. Il devient membre fondateur de la Société royale du Canada en 1882; il en est le fondateur de la Société royale du Canada en 1882; il en est le président de 1900 à 1901. Il a également participé à l’École président de 1900 à 1901. Il a également participé à l’École littéraire de Montréal en tant que président d'honneur.littéraire de Montréal en tant que président d'honneur.

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Sa thématique est variée comme l’est l’ensemble de son œuvre. La liberté est Sa thématique est variée comme l’est l’ensemble de son œuvre. La liberté est l’idée centrale, son obsession. Il explore aussi d’autres thèmes comme la l’idée centrale, son obsession. Il explore aussi d’autres thèmes comme la nature, l’artiste, l’amour, Dieu et les souvenirs. Comme Crémazie, il exalte nature, l’artiste, l’amour, Dieu et les souvenirs. Comme Crémazie, il exalte également les exploits des héros du passé. Il s’inspire à l’occasion du folklore également les exploits des héros du passé. Il s’inspire à l’occasion du folklore local ou de personnages amérindiens comme dans local ou de personnages amérindiens comme dans Le chant de la huronne..

Glisse, mon canot, glisseGlisse, mon canot, glisseSur le fleuve d'azur !Sur le fleuve d'azur !

Qu'un Manitou propiceQu'un Manitou propiceÀ la fille des bois donne un ciel toujours À la fille des bois donne un ciel toujours

pur ! pur !

Le guerrier blanc regagne sa chaumine ;Le guerrier blanc regagne sa chaumine ;Le vent du soir agite le roseau,Le vent du soir agite le roseau,

Et mon canot, sur la vague argentine,Et mon canot, sur la vague argentine,Bondit léger comme l'oiseau. Bondit léger comme l'oiseau.

Glisse, mon canot, glisseGlisse, mon canot, glisseSur le fleuve d'azur !Sur le fleuve d'azur !

Qu'un Manitou propiceQu'un Manitou propiceÀ la fille des bois donne un ciel toujours À la fille des bois donne un ciel toujours

pur ! pur !

De la forêt la brise au frais murmureDe la forêt la brise au frais murmureFait soupirer le feuillage mouvant ;Fait soupirer le feuillage mouvant ;L'écho se tait et de ma chevelureL'écho se tait et de ma chevelureL'ébène flotte au gré du vent ! L'ébène flotte au gré du vent !

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Benjamin Sulte (1841-1923)Benjamin Sulte (1841-1923)• Né le 17 septembre 1841 à Trois-Né le 17 septembre 1841 à Trois-

Rivières, Benjamin Sulte fut poète, Rivières, Benjamin Sulte fut poète, journaliste, chroniqueur, critique, journaliste, chroniqueur, critique, conférencier, historien et capitaine conférencier, historien et capitaine de la milice. Durant ses années de de la milice. Durant ses années de jeunesse, il se passionne pour la jeunesse, il se passionne pour la littérature et on le connaît pour ses littérature et on le connaît pour ses chansons. Il crée alors un cercle chansons. Il crée alors un cercle littéraire qui attire l'attention. Il littéraire qui attire l'attention. Il s'installe à Ottawa où il est rédacteur s'installe à Ottawa où il est rédacteur du Canada puis traducteur à la du Canada puis traducteur à la Chambre des Communes. Il a écrit en Chambre des Communes. Il a écrit en anglais et en français une foule de anglais et en français une foule de textes dont la liste a déjà paru dans textes dont la liste a déjà paru dans les Mémoires de la Société royale du les Mémoires de la Société royale du Canada. Il fut l'une des figures les Canada. Il fut l'une des figures les plus remarquables de cette Société. plus remarquables de cette Société. Quant à ses travaux, on peut croire Quant à ses travaux, on peut croire que son que son Histoire des Canadiens-Histoire des Canadiens-FrançaisFrançais (1882) est sa principale (1882) est sa principale réalisation. réalisation.

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Elle est partieElle est partie

Avec des larmes dans les yeuxAvec des larmes dans les yeuxJe revois ce toit solitaire !Je revois ce toit solitaire !Ici, jadis, j’étais heureux…Ici, jadis, j’étais heureux…

Autant qu’on peut l’être sur terre.Autant qu’on peut l’être sur terre.

Tout m’y parle des temps joyeuxTout m’y parle des temps joyeuxOù, me recevant comme un frère,Où, me recevant comme un frère,Ses plaisirs, ses peines, ses jeuxSes plaisirs, ses peines, ses jeuxM’étaient confiés sans mystère.M’étaient confiés sans mystère.

Dans mon cœur je réveille, hélas !Dans mon cœur je réveille, hélas !Des souvenirs sans espérance:Des souvenirs sans espérance:

Le passé ne reviendra pas !Le passé ne reviendra pas !

En vain pour calmer ma souffranceEn vain pour calmer ma souffranceJe veux retourner sur mes pas !...Je veux retourner sur mes pas !...

Tout me rappelle sa présence !Tout me rappelle sa présence !

Sulte a publié deux recueils de poésie, Les Laurentiennes (1870) et Les Chants nouveaux (1890), où l’écriture simple montre souvent plus de naïveté que de véritable inspiration.

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Moïse-Joseph Marsile (1846-Moïse-Joseph Marsile (1846-1933)1933)

Né à Longueuil, Moïse-Né à Longueuil, Moïse-Joseph Marsile entre chez Joseph Marsile entre chez les Clercs de Saint-Viateur les Clercs de Saint-Viateur en 1862. Il enseigne six en 1862. Il enseigne six ans à Rigaud, puis il est ans à Rigaud, puis il est envoyé au collège de sa envoyé au collège de sa communauté près de communauté près de Chicago, où il deviendra Chicago, où il deviendra directeur quelques années directeur quelques années plus tard. À 43 ans, il plus tard. À 43 ans, il décide de publier ses décide de publier ses premiers poèmes, premiers poèmes, Épines Épines et fleurset fleurs (1889), à la fois (1889), à la fois classiques et modernes, classiques et modernes, sur la poésie elle-même, sur la poésie elle-même, ses jardins ou ses ses jardins ou ses sensations.sensations.

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Je vis (extrait)Je vis (extrait)

Je vis ! oh ! quel réveil que cette heure première !Je vis ! oh ! quel réveil que cette heure première !Je vis ! et l’univers pour recevoir son roiJe vis ! et l’univers pour recevoir son roi

S’ouvre ainsi qu’un palais inondé de lumière,S’ouvre ainsi qu’un palais inondé de lumière,Dois-je en croire mes yeux ? Tant de splendeur pour moi !Dois-je en croire mes yeux ? Tant de splendeur pour moi !

Déroule, firmament, ton dais semé d’étoilesDéroule, firmament, ton dais semé d’étoilesD’où le rêve sourit à mon calme sommeil ;D’où le rêve sourit à mon calme sommeil ;

Bercez-moi, flots des mers, à l’ombre de vos voiles ;Bercez-moi, flots des mers, à l’ombre de vos voiles ;Comme une lampe d’or, resplendis, ô soleil !Comme une lampe d’or, resplendis, ô soleil !

Dressez vos blancs sommets, monts couronnés de neige :Dressez vos blancs sommets, monts couronnés de neige :Alpes, n’êtes-vous pas les colonnes des cieux ?Alpes, n’êtes-vous pas les colonnes des cieux ?Entre vos bleus piliers – majestueux cortège – Entre vos bleus piliers – majestueux cortège – Que l’aigle m’accompagne en son sol glorieux !Que l’aigle m’accompagne en son sol glorieux !

Fleurs, frais trésors auxquels il ne manque qu’une âme,Fleurs, frais trésors auxquels il ne manque qu’une âme,Répandez dans les airs vos parfums enivrants ;Répandez dans les airs vos parfums enivrants ;

Pour chanter, doux oiseaux, le bonheur qui m’enflammePour chanter, doux oiseaux, le bonheur qui m’enflammeDe vos gosiers versez l’harmonie à torrents !De vos gosiers versez l’harmonie à torrents !

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Apollinaire Gingras (1847-Apollinaire Gingras (1847-1935)1935)

Né à Saint-Antoine-de-Tilly, Né à Saint-Antoine-de-Tilly, ordonnéordonné prêtre en 1873, prêtre en 1873, Apollinaire Gingras exerce Apollinaire Gingras exerce son ministère dans son ministère dans différentes paroisses au différentes paroisses au Saguenay et dans la Saguenay et dans la région de Québec. Il publie région de Québec. Il publie un recueil de «poésies un recueil de «poésies fugitives» bien ancrées fugitives» bien ancrées dans le quotidien et dans dans le quotidien et dans le folklore en 1881, le folklore en 1881, Au Au foyer de mon presbytère, foyer de mon presbytère, poèmes et chansonspoèmes et chansons..

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Feuille d'automne et jeune artiste (extrait)Feuille d'automne et jeune artiste (extrait)

Par la brise d'automne à la forêt volée, Par la brise d'automne à la forêt volée, Une feuille d'érable erre dans la vallée :Une feuille d'érable erre dans la vallée :

Papillon fantastique aux ailes de carmin !Papillon fantastique aux ailes de carmin !Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,Un enfant, qui folâtre au pied de la colline,

S'élance pour saisir cette feuille divine :S'élance pour saisir cette feuille divine :Enfin, la feuille est dans sa main.Enfin, la feuille est dans sa main.

Ne méprisez pas, je vous prie, Ne méprisez pas, je vous prie, Cette feuille rouge et flétrie,Cette feuille rouge et flétrie,

Léger débris de la forêt :Léger débris de la forêt :Dieu la chérit, puisqu'il l'a faite !Dieu la chérit, puisqu'il l'a faite !

Pour cet enfant déjà poète, Pour cet enfant déjà poète, Cette feuille - pour nous muette -Cette feuille - pour nous muette -

Porte du beau quelque reflet.Porte du beau quelque reflet.

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WILLIAM CHAPMAN (1850-WILLIAM CHAPMAN (1850-1917)1917)• William Chapman fait des études de droit à William Chapman fait des études de droit à

l’Université Laval, mais il ne terminera jamais l’Université Laval, mais il ne terminera jamais ses études. Il collabore à des journaux comme ses études. Il collabore à des journaux comme La Patrie La Patrie (1883-1884), puis à (1883-1884), puis à La Minerve La Minerve (1884-1889). Pendant sept ans, il est (1884-1889). Pendant sept ans, il est fonctionnaire au ministère du Procureur fonctionnaire au ministère du Procureur général, puis devient vendeur d’assurances général, puis devient vendeur d’assurances dans les Cantons de l’Est avant de s’établir à dans les Cantons de l’Est avant de s’établir à Ottawa, en 1898, à titre de libraire. En 1902, il Ottawa, en 1898, à titre de libraire. En 1902, il occupe un poste de traducteur au Sénat. En occupe un poste de traducteur au Sénat. En 1876, Chapman publie 1876, Chapman publie Les QuébecquoisesLes Québecquoises, un , un des premiers recueils de poésies du Canada des premiers recueils de poésies du Canada français. En 1890, il publie français. En 1890, il publie Les feuilles Les feuilles d’érabled’érable,, un des plus importants recueils de un des plus importants recueils de poésie du XIXe siècle.poésie du XIXe siècle. Les thèmes patriotiques Les thèmes patriotiques et religieux et la nature sont omniprésents. Il a et religieux et la nature sont omniprésents. Il a aussi écrit plusieurs pièces de circonstance.aussi écrit plusieurs pièces de circonstance.

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L’AURORE BORÉALE L’AURORE BORÉALE (extrait)(extrait)La nuit d'hiver étend son aile diaphane

Sur l'immobilité morne de la savaneQui regarde monter, dans le recueillement,La lune, à l'horizon, comme un saint-sacrement.L'azur du ciel est vif, et chaque étoile blondeBrille à travers les fûts de la forêt profonde.La rafale se tait, et les sapins glacés,Comme des spectres blancs, penchent leurs fronts lassésSous le poids de la neige étincelant dans l'ombre.La savane s'endort dans sa majesté sombre,Pleine du saint émoi qui vient du firmament.Dans l'espace nul bruit ne trouble, un seul moment,Le transparent sommeil des gigantesques arbresDont les troncs sous le givre ont la pâleur des marbres.Seul, le craquement sourd d'un bouleau qui se fendSous l'invincible effort du grand froid triomphantRompt d'instant en instant le solennel silenceDu désert qui poursuit sa rêverie immense.

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EUDORE ÉVANTUREL (1852-EUDORE ÉVANTUREL (1852-1919)1919)

Il naît à Québec le 22 septembre 1852. Sa Il naît à Québec le 22 septembre 1852. Sa famille est aisée famille est aisée et son père est un homme politique. Il et son père est un homme politique. Il publie ses publie ses Premières poésiesPremières poésies en 1878 en 1878 et reçoit des critiques et reçoit des critiques virulentes d’un journaliste virulentes d’un journaliste catholique, Jules-Paul Tardivel, catholique, Jules-Paul Tardivel, qui le forcent à qui le forcent à quitter son emploi auprès du Conseilquitter son emploi auprès du Conseil

législatif de la province. Il s’exile alors aux législatif de la province. Il s’exile alors aux États-Unis où il États-Unis où il sera secrétaire d’un historien, sera secrétaire d’un historien, propriétaire d’un journal puis propriétaire d’un journal puis délégué du Québec délégué du Québec aux Archives de Boston et de aux Archives de Boston et de Washington. Washington. Il meurt à Boston le 16 mai 1919.Il meurt à Boston le 16 mai 1919.

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Ses thèmes de prédilection sont la tristesse, les amants séparés, la sensualité Ses thèmes de prédilection sont la tristesse, les amants séparés, la sensualité et la passion. Les critiques qu’il reçut feront qu’il cessera d’écrire croyant et la passion. Les critiques qu’il reçut feront qu’il cessera d’écrire croyant inutile de confronter les valeurs catholiques de l’époque. Plusieurs de ses inutile de confronter les valeurs catholiques de l’époque. Plusieurs de ses poèmes sont jugés immoraux comme poèmes sont jugés immoraux comme Le rendez-vous.Le rendez-vous.

J’ÉTAIS sorti, croyant la voir après la messe,J’ÉTAIS sorti, croyant la voir après la messe,Comme elle m’en avait d’ailleurs fait la promesse,Comme elle m’en avait d’ailleurs fait la promesse,En me quittant, la veille au bas de l’escalier.En me quittant, la veille au bas de l’escalier.Et j’allais respirant un parfum printanier,Et j’allais respirant un parfum printanier,Qui me versait l’odeur du paradis dans l’âme,Qui me versait l’odeur du paradis dans l’âme,En songeant que j’allais rencontrer cette femme,En songeant que j’allais rencontrer cette femme,- Qui me faisait souffrir encor plus que jamais –Qui me faisait souffrir encor plus que jamais –Pour ne plus lui cacher enfin que je l’aimais.Pour ne plus lui cacher enfin que je l’aimais.Je ne l’entrevis point au sortir de l’église.Je ne l’entrevis point au sortir de l’église.Pas un chapeau pareil au sien, ni robe grise.Pas un chapeau pareil au sien, ni robe grise.J’attendis vainement jusqu’au soleil couché.J’attendis vainement jusqu’au soleil couché.Je revins cependant, sans paraître fâché,Je revins cependant, sans paraître fâché,Très lentement, les yeux levés, la tête haute.Très lentement, les yeux levés, la tête haute.Mais j’ai battu mon chien en entrant.Mais j’ai battu mon chien en entrant.

C’est sa faute.C’est sa faute.

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NÉRÉE BEAUCHEMIN (1850-NÉRÉE BEAUCHEMIN (1850-1931)1931) Né le 20 février 1850 à Né le 20 février 1850 à

Yamachiche,au bord du lac St-Pierre, Yamachiche,au bord du lac St-Pierre, Beauchemin fait des études de Beauchemin fait des études de médecine et établit sa pratique dans médecine et établit sa pratique dans sa ville natale. Il publie d’abord des sa ville natale. Il publie d’abord des poèmes dans plusieurs journaux et poèmes dans plusieurs journaux et revues. En 1897, il publie un revues. En 1897, il publie un recueil,recueil,Les floraisons Les floraisons matutinalesmatutinales, constitué de ses , constitué de ses meilleurs poèmes. Ce recueil suscite meilleurs poèmes. Ce recueil suscite peu d’intérêt et reçoit de mauvaises peu d’intérêt et reçoit de mauvaises critiques, ce qui explique le silence critiques, ce qui explique le silence de plus de 30 ans de l’auteur. En de plus de 30 ans de l’auteur. En 1928, il publie un second recueil, 1928, il publie un second recueil, Patrie intimePatrie intime. Alors que le premier . Alors que le premier recueil se veut d’inspiration recueil se veut d’inspiration romantique où le poète laisse une romantique où le poète laisse une grande place aux émotions sans grande place aux émotions sans renoncer à une célébration de la renoncer à une célébration de la patrie et de la religion, le second patrie et de la religion, le second recueil possède une thématique recueil possède une thématique patriotique indéniable. Rêveries, patriotique indéniable. Rêveries, sobriété et réflexions côtoient le sobriété et réflexions côtoient le romantisme. « La cloche de romantisme. « La cloche de Louisbourg » est l’illustration parfaite Louisbourg » est l’illustration parfaite du patriotisme allié au romantisme.du patriotisme allié au romantisme.

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La cloche de LouisbourgLa cloche de Louisbourg

Cette vieille cloche d'égliseCette vieille cloche d'église Qu'une gloire en larmes encor Qu'une gloire en larmes encor Blasonne, brode et fleurdelise, Blasonne, brode et fleurdelise, Rutile à nos yeux comme l'or.Rutile à nos yeux comme l'or.

On lit le nom de la marraine, On lit le nom de la marraine, En traits fleuronnés, sur l'airain, En traits fleuronnés, sur l'airain, Un nom de sainte, un nom de reine, Un nom de sainte, un nom de reine, Et puis le prénom du parrain. Et puis le prénom du parrain.

C'est une pieuse relique : C'est une pieuse relique : On peut la baiser à genoux; On peut la baiser à genoux; Elle est française et catholique Elle est française et catholique Comme les cloches de chez nous. Comme les cloches de chez nous.

Jadis ses pures sonneries Jadis ses pures sonneries Ont mené les processions, Ont mené les processions, Les cortèges, les théories Les cortèges, les théories Des premières communions.Des premières communions.

Bien des fois, pendant la nuitée, Bien des fois, pendant la nuitée, Par les grands coups de vent d'avril Par les grands coups de vent d'avril Elle a signalé la jetée Elle a signalé la jetée Aux pauvres pêcheurs en péril. Aux pauvres pêcheurs en péril.

À présent, le soir, sur les vagues, À présent, le soir, sur les vagues, Quelque marin qui rôde là, Quelque marin qui rôde là, Croit ouïr des carillons vagues Croit ouïr des carillons vagues Tinter l'Ave Maris Stella. Tinter l'Ave Maris Stella.

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ÉMILE NELLIGAN (1879-ÉMILE NELLIGAN (1879-1941)1941)

12 ans

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NELLIGAN À TRAVERS LES NELLIGAN À TRAVERS LES ÂGES…ÂGES…

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Émile Nelligan est né à Montréal le Émile Nelligan est né à Montréal le 24 décembre 1879. Son père, 24 décembre 1879. Son père, d’origine irlandaise, est employé d’origine irlandaise, est employé des postes, et sa mère appartient à des postes, et sa mère appartient à la bourgeoisie canadienne-la bourgeoisie canadienne-française. Adolescent, Nelligan est française. Adolescent, Nelligan est un révolté. Les études l’ennuient et un révolté. Les études l’ennuient et il erre dans les rues de la ville alors il erre dans les rues de la ville alors qu’il devrait être au collège. Il se qu’il devrait être au collège. Il se sent proche de sa mère dont il sent proche de sa mère dont il adopte la langue et la culture alors adopte la langue et la culture alors que son père ne souhaite pour lui que son père ne souhaite pour lui que la réussite sociale. Les que la réussite sociale. Les relations entre Nelligan et son père relations entre Nelligan et son père sont tendues et nombreuses sont sont tendues et nombreuses sont les querelles. À 17 ans, il participe les querelles. À 17 ans, il participe à un concours de poésie et choisit à un concours de poésie et choisit dès lors la vie de poète et la dès lors la vie de poète et la bohème. Il lit Rimbaud et Verlaine bohème. Il lit Rimbaud et Verlaine et s’identifie à leur mélancolie. Il et s’identifie à leur mélancolie. Il écrira son œuvre en quelque trois écrira son œuvre en quelque trois années et sera interné dans une années et sera interné dans une institution psychiatrique le 9 août institution psychiatrique le 9 août 1899 à la demande de son père. Il y 1899 à la demande de son père. Il y demeura jusqu’à sa mort le 18 demeura jusqu’à sa mort le 18 novembre 1941. Nelligan est décrit novembre 1941. Nelligan est décrit comme un poète de l’inquiétude et comme un poète de l’inquiétude et de la désespérance à la sensibilité de la désespérance à la sensibilité exubérante. Le nationalisme cède exubérante. Le nationalisme cède donc la place au moi.donc la place au moi.

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LA ROMANCE DU VINLA ROMANCE DU VINTout se mêle en un vif éclat de gaieté verte

Ô le beau soir de mai ! Tous les oiseaux en choeur,Ainsi que les espoirs naguère à mon coeur,Modulent leur prélude à ma croisée ouverte.

Ô le beau soir de mai ! le joyeux soir de mai !Un orgue au loin éclate en froides mélopées;Et les rayons, ainsi que de pourpres épées,

Percent le coeur du jour qui se meurt parfumé.

Je suis gai! je suis gai ! Dans le cristal qui chante,Verse, verse le vin ! verse encore et toujours,Que je puisse oublier la tristesse des jours,

Dans le dédain que j'ai de la foule méchante !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le vin et l'Art !...J'ai le rêve de faire aussi des vers célèbres,

Des vers qui gémiront les musiques funèbresDes vents d'automne au loin passant dans le brouillard.

C'est le règne du rire amer et de la rageDe se savoir poète et objet du mépris,

De se savoir un coeur et de n'être comprisQue par le clair de lune et les grands soirs d'orage !

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Femmes ! je bois à vous qui riez du cheminOù l'Idéal m'appelle en ouvrant ses bras roses;

Je bois à vous surtout, hommes aux fronts morosesQui dédaignez ma vie et repoussez ma main !

Pendant que tout l'azur s'étoile dans la gloire,Et qu'un rythme s'entonne au renouveau doré,

Sur le jour expirant je n'ai donc pas pleuré,Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire !

Je suis gai ! je suis gai ! Vive le soir de mai !Je suis follement gai, sans être pourtant ivre !...

Serait-ce que je suis enfin heureux de vivre;Enfin mon coeur est-il guéri d'avoir aimé ?

Les cloches ont chanté; le vent du soir odore...Et pendant que le vin ruisselle à joyeux flots,

Je suis gai, si gai, dans mon rire sonore,Oh ! si gai, que j'ai peur d'éclater en sanglots !

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DEVANT DEUX PORTRAITS DE MA DEVANT DEUX PORTRAITS DE MA MÈREMÈRE

Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,

Le front couleur de lys et le regard qui brilleLe front couleur de lys et le regard qui brilleComme un éblouissant miroir vénitien! Comme un éblouissant miroir vénitien!

Ma mère que voici n'est plus du tout la même;Ma mère que voici n'est plus du tout la même;Les rides ont creusé le beau marbre frontal;Les rides ont creusé le beau marbre frontal;

Elle a perdu l'éclat du temps sentimentalElle a perdu l'éclat du temps sentimentalOù son hymen chanta comme un rose poème. Où son hymen chanta comme un rose poème.

Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,Aujourd'hui je compare, et j'en suis triste aussi,Ce front nimbé de joie et ce front de souci,Ce front nimbé de joie et ce front de souci,

Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années. Soleil d'or, brouillard dense au couchant des années.

Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer!Mais, mystère de coeur qui ne peut s'éclairer!Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées?Comment puis-je sourire à ces lèvres fanées?

Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer? Au portrait qui sourit, comment puis-je pleurer?

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SOIR D’HIVERSOIR D’HIVERAh! comme la neige a neigé!Ma vie est un jardin de givre.Ah! comme la neige a neigé!

Qu'est-ce que le spasme de vivreÔ la douleur que j'ai, que j'ai!

Tous les étangs gisent gelés,Mon âme est noire: Où vis-je? où vais-je?

Tous ses espoirs gisent gelés:Je suis la nouvelle Norvège

D'où les blonds ciels s'en sont allés.

Pleurez, oiseaux de février,Au sinistre frisson des choses,

Pleurez, oiseaux de février,Pleurez mes pleurs, pleurez mes roses,

Aux branches du genévrier.

Ah! comme la neige a neigé!Ma vie est un jardin de givre.Ah! comme la neige a neigé!

Qu'est-ce que le spasme de vivreÀ tout l'ennui que j'ai, que j'ai!...

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ARTHUR DE BUSSIÈRES (1877-ARTHUR DE BUSSIÈRES (1877-1913)1913)

Arthur de Bussières naît à Montréal le 20 janvier 1877. Il est un autodidacte, car il ne peut fréquenter le collège étant né pauvre dans une famille qui compte 13 enfants. Il sera peintre en bâtiments et décorateur de vitrines pour survivre. Il est curieux de nature et s’intéresse à une multitude de domaines: astronomie,architecture et poésie. Il mène une vie désordonnée et deviendra alcoolique très jeune. Il commence à fréquenter Nelligan et deviendra son ami intime très rapidement. Dès 1900, on l’oublie, et il meurt à Montréal en 1913. Bussières écrira 76 poèmes dont la majorité seront publiés sous le titre de Bengalis après sa mort. L’univers poétique de Bussières est teinté d’exotisme, de paysages lointains,de tristesse et de mélancolie.

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KITA-NO-TENDJIKITA-NO-TENDJIC’est un temple de pierre aux structures C’est un temple de pierre aux structures

énormes,énormes,Dont les contours pesants estompent Dont les contours pesants estompent

l’horizon;l’horizon;Granits, marbres en blocs, pylônes à foison,Granits, marbres en blocs, pylônes à foison,Flanqués d’ombres. Autour, des cèdres ou Flanqués d’ombres. Autour, des cèdres ou

des ormes.des ormes.

Au sein de l’éclatante et vaste floraisonAu sein de l’éclatante et vaste floraisonDes chrysanthèmes d’or aux sépales Des chrysanthèmes d’or aux sépales

difformes,difformes,Triste, ainsi que des dieux aux immobiles Triste, ainsi que des dieux aux immobiles

formes,formes,Un vieux bonze accroupi murmure une Un vieux bonze accroupi murmure une

oraison.oraison.

Kita-no-tendji dort. Ni les voix de l’enceinte,Kita-no-tendji dort. Ni les voix de l’enceinte,Ni les bruits éternels de Kioto la sainteNi les bruits éternels de Kioto la sainte

Ne vont troubler la paix de son divin Ne vont troubler la paix de son divin sommeil.sommeil.

Mais les temps l’ont penché vers l’abrupte Mais les temps l’ont penché vers l’abrupte colline;colline;

Il chancelle, pareil au vieillard qui déclineIl chancelle, pareil au vieillard qui déclineSous les grands rayons roux de l’hivernal Sous les grands rayons roux de l’hivernal

soleil…soleil…

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RÉFÉRENCESRÉFÉRENCES

MAILHOT, Laurent et P. Nepveu, MAILHOT, Laurent et P. Nepveu, La poésie québécoiseLa poésie québécoise, Montréal, , Montréal, Typo, 1996.Typo, 1996.

Athena : Athena : http://un2sg4.unige.ch/athena/html/athome.html

Biblisem : Biblisem : http://www.biblisem.net/

L’Île, Le centre de documentation virtuel sur la littérature et les L’Île, Le centre de documentation virtuel sur la littérature et les écrivains québécois : écrivains québécois : http://www.litterature.org/

Poésie française : Poésie française : http://poesie.webnet.fr/

Illustrations: Bibliothèque et archives nationales du Québec :Illustrations: Bibliothèque et archives nationales du Québec :http://www.banq.qc.ca/portal/dt/accueil.jsp