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FRAN 4001 Introduction à la littérature I Poèmes : Charles d’Orléans Le temps a laissé son manteau (rondeau) Texte Moderne par Maurice des Ulis Version originale Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderies, De soleil luisant, clair et beau. Il n'y a bête ni oiseau Qu'en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau ! Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolie, Gouttes d'argent, d'orfèvrerie, Chacun s'habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau. Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderies, De soleil luisant, clair et beau. Il n'y a bête ni oiseau Qu'en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau ! Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolie, Gouttes d'argent, d'orfèvrerie, Chacun s'habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau. La noire bile (rondeau) Version moderne Version originale Laissez-moi penser à mon aise , Hélas !, donnez m’en permission ; Je m’entretiens avec Plaisir, Bien que ma bouche se taise. Mauvaise et noire bile Me vient tant de fois assaillir ! Laissez-moi penser à mon aise, Hélas !, donnez m’en permission¡ Car pour calmer mon cœur, J’appelle Plaisant-Souvenir, Qui bientôt me remettra en joie, C’est pourquoi, pour Dieu, ne vous déplaise, Laissez-moi penser à mon aise. Laissez-moy penser à mon aise, Hélas ! donnez m’en le loysir ; Je devise avecques Plaisir, Combien que ma bouche se taise. Quand Merencolie mauvaise Me vient maintes fois assaillir, Laissez-moy penser à mon aise, Hélas ! donnez m’en le loysir . Car afin que mon cueur rapaise, J’appelle Plaisant-Souvenir, Qui tantost me vient réjouir. Pour ce, pour Dieu ! ne vous desplaise Laissez-moi penser à mon aise.

Poèmes de Charles d'Orléans

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Poèmes de Charles d'Orléans

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FRAN 4001

Introduction à la littérature I

Poèmes : Charles d’Orléans

Le temps a laissé son manteau (rondeau)

Texte Moderne par Maurice des Ulis Version originale

Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderies, De soleil luisant, clair et beau. Il n'y a bête ni oiseau Qu'en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau ! Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolie, Gouttes d'argent, d'orfèvrerie, Chacun s'habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau.

Le temps a laissé son manteau De vent, de froidure et de pluie, Et s'est vêtu de broderies, De soleil luisant, clair et beau. Il n'y a bête ni oiseau Qu'en son jargon ne chante ou crie : Le temps a laissé son manteau ! Rivière, fontaine et ruisseau Portent, en livrée jolie, Gouttes d'argent, d'orfèvrerie, Chacun s'habille de nouveau : Le temps a laissé son manteau.

La noire bile (rondeau)

Version moderne Version originale Laissez-moi penser à mon aise , Hélas !, donnez m’en permission ; Je m’entretiens avec Plaisir, Bien que ma bouche se taise. Mauvaise et noire bile Me vient tant de fois assaillir ! Laissez-moi penser à mon aise, Hélas !, donnez m’en permission¡ Car pour calmer mon cœur, J’appelle Plaisant-Souvenir, Qui bientôt me remettra en joie, C’est pourquoi, pour Dieu, ne vous déplaise, Laissez-moi penser à mon aise.

Laissez-moy penser à mon aise, Hélas ! donnez m’en le loysir ; Je devise avecques Plaisir, Combien que ma bouche se taise. Quand Merencolie mauvaise Me vient maintes fois assaillir, Laissez-moy penser à mon aise, Hélas ! donnez m’en le loysir . Car afin que mon cueur rapaise, J’appelle Plaisant-Souvenir, Qui tantost me vient réjouir. Pour ce, pour Dieu ! ne vous desplaise Laissez-moi penser à mon aise.

En regardant vers le pays de France (ballade)

En regardant vers le pays de France , Un jour m' advint , à Douvres sur la mer ,

Qu' il me souvint de la douce plaisance Que je souloie ( j' avais l' habitude ) au dit pays trouver .

Si commençai de coeur à soupirer , Combien certes que grand bien me faisoit De voir France que mon coeur aimer doit .

Je m' avisai que c' était nonsavance

De tels soupirs dedans mon coeur garder , Vu que je vois que la voie commence

De bonne Paix , qui tous biens peut donner ; Pour ce , tournai en confort mon penser ; Mais non pourtant mon coeur ne se lassoit De voir France que mon coeur aimer doit .

Alors chargeai en la nef d' Espérance

Tous mes souhaits , en leur priant d' aller Outre la mer sans faire demeurance ,

Et à France de me recommander . Or nous doint Dieu bonne Paix sans tarder :

Adonc aurai loisir , mais qu' ainsi soit , De voir France que mon coeur aimer doit .

Paix est trésor qu' on ne peut trop louer ;

Je hais guerre , point ne la doit priser : Destourbé m' a longtemps , soit tort ou droit ,

De voir France que mon coeur aimer doit .

Questions guide :

1. Quels sont les thèmes traités dans ces trois poèmes ? 2. Le premier poème est construit à partir d’une métaphore, quelle est-ce ? Pourriez-

vous repérer les éléments sur lesquels cette métaphore est travaillée ? 3. Quelle figure de rhétorique est employée dans le deuxième poème ? Prenant en

compte le thème du poème, avec quel but emploie-t-on cette figure ? Comment définiriez-vous ce type de poème ?

4. Décrivez le ton du troisième poème. Repérez les vers qui illustreraient votre réponse.

5. Par rapport à la poésie lyrique du Moyen Âges, quels thèmes sont les « grand absents » dans ces trois poèmes?