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Tribune de Genève | Samedi-dimanche 11 - 12 février 2017 30 Voix et chapitres Tribune de Genève | Samedi-dimanche 11 - 12 février 2017 31 Voix et chapitres Eva Joly, 73 ans, avocate, députée européenne, se pique désormais d’écrire des thrillers plus vrais que nature. XAVIER LEOTY/AFP A lire au coin du feu Album enfants Cherche et trouve! Tel est le principe de ce livre-jeu pour des minots dès 4 ans. Il rappelle la série «Où est Charlie», où il faut repérer le garçon au pull à rayures dans des scènes grouillant de monde. Sauf qu’ici, il y a autant de personnages à surveiller que d’enquêtes à mener sur la route des vacances, près d’une piscine ou sur un terrain de foot. A chaque double page, les auteurs nous plongent dans un lieu où vient de se passer un événement singulier. Si le narrateur fournit des indices précis, l’illustrateur cache les solutions au milieu de quantité d’êtres assez bizarres et très occupés. Alors il faut ouvrir grands les yeux! FNY «Enquêtomania» Valérie Sansonnet et Daniel Sponton Ed. la Martinière Jeunesse, 40 p. Album enfants La fable se déroule dans le pays de Tout- reste-à-sa-place. Dans cette contrée, on ne se pose pas trop de questions. Chaque chose a un nom et chaque être a un rôle précis à jouer. Mais voilà. Au milieu de tant de certitudes vivent un chat qui se sent chien et un roi qui se sent ours. Ces deux-là vont se trouver. Ensemble, ils s’interrogent sur leur vie et leur devenir au fil des rencontres qu’ils sont amenés à faire. Leur chemin les conduira dans un pays où tout est possible et où la différence est admise. Cette réflexion sur l’identité et la liberté est soutenue par un graphisme japonisant raffiné, coloré et un brin décalé. Dès 5 ans. F.NY «Le chat qui est un chien» Alex Cousseau, Charles Dutertre Ed. Rouergue, 32 p. Polar La reine du polar psychologique américain a plus d’un tour dans son sac. Pour son 30e roman, l’auteure du New Hampshire frappe fort avec une intrigue angoissante au possible. Nicky, commotionnée, réussit à s’échapper de sa voiture démolie après un gros accident. Elle n’a qu’une obsession: chercher Véro, sa petite fille assise à l’arrière. Les policiers lancent une battue. Mais le mari leur annonce alors qu’ils n’ont jamais eu d’enfant. Qui croire? L’épouse a-t-elle perdu la raison après une commotion cérébrale? Le mari a-t-il monté une machination? Démoniaque et passionnant. D.MOG. «Le saut de l’ange» Lisa Gardner Ed. Albin Michel, 480 p. Essai Ex-champion de tennis, échecs et courte paume, «Grozda» attrape l’intelligence au vol. Elle étincelle chez l’idiot du village, prend le pas sur les bisbilles de rabbins ou s’épanouit par miracle sur le purin de la stupidité de nos sociétés imbéciles. Après ses délicieux papillonnages dans la flemme ou le paranormal, cet exquis vagabond des lettres convie Marivaux, Beckett, Dac ou Montaigne au chevet des sots et autres crétins. Car en déduit-il, suivant là Flaubert, il arrive souvent que l’ignorance se fissure pour laisser percer une inouïe sagacité. Dans ce cocktail pétille alors Le génie de la bêtise. Pur plaisir. C.LE. «Le génie de la bêtise» Denis Grozdanovitch Ed. Grasset, 318 p. Dans les oreilles de la rédaction Classique Un menu russe, bâti autour de grands classiques qui se laissent littéralement dévorer tant les coups d’archet de Johannes Moser et le toucher d’Andrei Korobeinikov s’avèrent puissants et sophistiqués. D’entrée, avec l’ Opus 119 de Prokofiev, on se frotte à des articulations souples et aux couleurs captivantes («Allegro ma non troppo»). Plus loin, dans l’ Opus 19 de Rachmaninov, s’affichent avec force la verve lyrique de Moser, sa virtuosité et ses atmosphères éblouissantes. Une première étape discographique du duo qui annonce de beaux lendemains. R.Z. Prokofiev, «Sonate op.119»... Rachmaninov, «Sonate op.19»... Johannes Moser (Violoncelle), Andrei Korobeinikov (piano) Pentatone Contemporain Cinq ans de la vie artistique de Jérôme Combier concentrés dans un aperçu monographique stimulant: l’univers du compositeur Français (1971) trouve avec l’Ensemble Cairn – dont il signe la ligne artistique – une belle illustration. De quoi est fait son paysage? De textures sonores abrasives et glissantes à la fois ( Dawnlight , Gone), de territoires mouvants mêlant suspensions contemplatives et petites épisodes abrupts ( Terra d’ombra). D’incursions électroniques discrètes aussi, qui confèrent au propos un surplus de modernité. Une figure qu’il faut continuer de suivre. R.Z. Jérôme Combier, «Dawnlight», «Noir gris», «Terra d’ombra»… Ensemble Cairn Æon Rap De la soul dans le rap, des claviers froufroutants sous les breakbeats, rien de tel pour illuminer la rampe avant la montée en gloire de Big Sean. De Light à Inspire me, le protégé de Kanye West a choisi la manière douce pour ce qui doit être le manifeste de son émancipation. Mais peut-on échapper à l’archivedette West lorsqu’on a bénéficié de sa grâce pour sortir de l’anonymat? Big Sean a longtemps affûté son lexique personnel avant de le transcrire en musique. En mots, c’est un point de vue critique sur l’actualité américaine, plus proche de la finesse des Roots que du tapage sans queue ni tête de son mentor. F.G. «I Decided» Big Sean Def Jam Soul Un barbu tatoué aux allures de boucher fait-il un bon chanteur soul? Dans la veine languide d’une Adele, avec le frisson black d’un Seal, mais bien moins pêchu qu’un Cee Lo Green, Rag’n’Bone Man a fait le buzz au Montreux Jazz Festival avant de s’imposer dans le hit-parade suisse alémanique. Comme partout ailleurs dans le monde, paraît-il. Hormis ce succès fulgurant, l’Anglais que voici propose de jolies mélodies épuisant le peu qu’il reste de la black music d’antan, blues, gospel, R’n’B, arrangeant le tout d’une patte hip-hop new jack des plus convenues. C’est efficace? Ce n’est pas déplaisant. Mais de là à crier au génie… F.G. «Human» Rag’n’Bone Man Sony LIVRES 1. Enfance, adolescence. L’amie prodigieuse, Tome I Elena Ferrante - Folio 2. Le nouveau nom. L’amie prodigieuse, Tome II Elena Ferrante - Folio 3. Celle qui fuit et celle qui reste. L’amie prodigieuse, Tome III Elena Ferrante - Gallimard 4. Tintin au pays des Soviets (Les aventures de Tintin) Hergé - Coédition Casterman/Moulinsart 5. 3 minutes à méditer Christophe André - L’Iconoclaste CD 1. La La Land Bande originale 2. Silver Gotthard 3. Tour le bonheur du monde Kids United 4. Viannay Viannay 5. You Want it Darker Leonard Cohen Top 5 des meilleures ventes Pop Revoilà Amy Macdonald, très gentille comme sa musique O n y allait à reculons, à cette interview. Souvenirs pénibles d’une rencontre dans ce même hôtel zurichois, il y a cinq ans, avec une Amy Macdonald déjà idole des Suisses mais terriblement timide, limite apeurée, enchaînant les poncifs en regardant ses pieds. La porte franchie pour ce second round lié à un nouvel album après un long hiatus, la présence de trois managers attablés dans un coin ne présage pas d’une chanteuse plus assurée. Mais droite sur sa chaise, le regard très bleu fixant son interlocuteur, l’Ecossaise de 29 ans expose une confiance inédite. «J’ai grandi, reconnaît-elle sans fard. Je ne suis pas la plus forte des personnes, il m’a fallu du temps. Tout est allé très vite, du jour au lendemain la presse s’est intéressée à moi. Là, j’ai dix ans de carrière, je me sens plus à l’aise. Et j’ai un peu plus de vécu, ça aide à se raconter!» Sans partager le passif rock’n’roll d’un Peter Doherty dont elle chanta le panache mortifère sur Poison Prince, son premier succès en 2007, Amy Macdonald a effectivement une vie à part. Un succès contenu à quelques territoires européens (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Suisse, Angleterre) mais d’une taille maousse (8 millions de ventes); un statut de pop star qui ne l’empêche pas de se balader incognito; une notoriété que nul scandale ne nourrit, malgré les allures étonnam- ment bad girl de la gentille tatouée, dont un crâne et des roses ornent le bras gauche. «J’ai enfin pu m’offrir le temps de rester quelques mois avec ma famille. J’ai pu promener mes chiens, retrouver la campagne de Glasgow, revoir mes amis… J’ai visité beaucoup de pays, mais jamais je n’imaginerais vivre ailleurs qu’en Ecosse. Je suis très patriotique.» Avoir participé à la campagne en faveur de l’indépendance l’a sans doute aidée à aiguiser sa personnalité nouvellement solide. Autre signe de maturité, un album assez loin des joliesses boisées de ses premiers pas, sur lequel la voix impérieuse de la demoiselle dompte des tempos plus véloces sans jamais quitter le terrain de la «folk pop». Bien qu’une version acoustique des chansons soit disponible en fin d’album, la guitare sèche, qui ne quittait pas Amy en photo, n’a pas servi de colonne vertébrale. Elle l’admet volontiers. «Pour tout vous dire, je n’adore pas en jouer. Je préfère me concentrer sur mon chant. Je ne suis pas devenue une meilleure instrumentiste depuis mes débuts, par contre ma voix a gagné en force et en profondeur. En studio et sur scène, j’ai assez de bons musiciens à qui confier les guitares.» Cinq années entre deux disques: une éternité pour le marché musical. Championne de la vente d’albums en 2012 (CD et ventes numériques), Amy Macdon- ald revient dans un univers de streaming et de singles. Elle ne s’en inquiète pas. «La façon avec laquelle les gens vont recevoir ma musique ne me perturbe pas quand je compose. On verra. Les vinyles ne se sont jamais aussi bien portés. Je suis d’une génération venue à la musique avec le CD, j’ai encore ma collection chez mes parents, mais j’avoue que je ne les écoute plus.» Son premier souvenir a même la forme d’une cassette, un Best of des Beach Boys offert par ses grands parents. «Et Thriller, de Michael Jackson, c’était un vinyle de mon père. C’est dingue, l’impact d’un seul concert. Je me souviens bien de la route pour descendre de Glasgow à Londres, où mes parents nous avaient amenés voir Jackson pour la tournée Dangerous. J’avais 5 ans! On avait fait tout le trajet en voiture, il y avait un embouteillage monstre autour de Wembley. J’ai retrouvé toutes ces images lorsque le succès m’a frappée. Du jour au lendemain, je jouais dans des festivals où les tentes débor- daient de monde. Je le comprenais pour Michael Jackson. Mais pour moi?» François Barras/Zurich «Under Stars» Amy Macdonald, Universal Music Après cinq ans d’absence, Amy Macdonald revient avec un CD carré et des tatouages arrondis. UNIVERSAL MUSIC Eva Joly voit aussi la vie en noir La députée européenne se fait un polar, «French Uranium», entre deux tours d’une élection présidentielle. Interview d’une femme qui connaît les rouages du pouvoir Cécile Lecoultre A lors que les politiciens français se déchi- rent, leur collègue écologiste Eva Joly pu- blie French Uranium. Retrouvant les héros des Yeux de Lira, déjà cosigné avec la jour- naliste Judith Perrignon, la députée euro- péenne situe ce deuxième thriller entre deux tours d’une élection présidentielle qui oppose le parti au pouvoir à l’extrême droite. Les coulisses du gouverne- ment grouillent sous les procédures manœuvrières, le ministre de l’Industrie est «suicidé», son chef de cabinet assassiné. Au Nigeria, une mine d’uranium qu’une déléga- tion française allait inaugurer est envahie par des groupes islamistes qui tuent septante ouvriers. De Paris à New York, les places boursières frémissent sous les attaques des tra- ders, tandis que de puissants industriels pervertissent les gouvernements, graissent la patte des fonctionnaires ou expédient leurs commandos de mercenaires. Quand l’an- cienne magistrate fait le ménage, Eva Joly, petite dame blonde de 73 ans, ne met pas de gants. «Le combat de ma vie, c’est la corruption», soupire-t-elle. Que vous inspire la campagne présidentielle en France? Tous ces scandales qui restent non réglés, François Fillon trahi par sa propre turpitude… il n’a pas vu que le monde avait changé, que les sénateurs ne pouvaient plus se per- mettre ces faveurs. Au-delà, la prochaine présidence n’aura pas d’élan pour gouverner, et je le regrette. Jusqu’à quel point la réalité inspire-t-elle vos fictions? Les faits dépassent la fiction. Inutile de noircir le trait. Voyez cette histoire d’ex-agent des services secrets britan- niques reconverti en consultant, qui aurait rédigé le rap- port sur des liens présumés entre Donald Trump et la Russie! J’évoque un «suicide assisté» dans mon thriller, cela ne me semble pas du tout invraisemblable. Que reste- t-il de la démocratie après avoir lu mon livre? Je vous l’accorde, pas grand-chose. La situation s’est-elle pourrie ou en sommes-nous plus conscients, l’information circulant mieux? Difficile de le dire… Nous vivons dans un tel étalage de mal- veillance. En fait, si moi aussi je participe à ces révélations quasi cyniques, j’en appelle aussi au civisme. Avec ce livre, je veux inciter à ce que nous reprenions nos vies en main. Le roman policier serait-il plus efficace qu’un discours politique? C’est surtout très distrayant de créer des atmosphères et refléter l’état d’une société. A travers mon héros nigérian, je trouvais par exemple intéressant de montrer que la lutte contre la corruption existe aussi là-bas. Cela se sait peu. Mon ambition, c’est d’égaler John Le Carré qui écrit ses intrigues d’espionnage sur un arrière-fond étayé de faits ancrés dans le réel. Il me semble aussi que le suspense rend le réel plus puissant et en facilite l’exposition. Ministre de la Justice et militante, votre compatriote Anne Holt écrit aussi des polars. Etre «dedans et dehors», une tradition norvégienne? Anne Holt n’a exercé que brièvement. Mais je ne vois en tout cas aucune ambiguïté à exercer dans la littérature et la justice. Grâce à la liberté de création, une œuvre litté- raire échappe aux règles. D’autant que l’outil magnifie, pousse le message à bout. Les lanceurs d’alerte comme le Vlad de French Uranium sont-ils les justiciers modernes? Ils tiennent un rôle indispensable. Notre survie démocrati- que dépend de ces journalistes indépendants. Là aussi, cela peut paraître cynique, du moins paradoxal. En ce moment, je siège à la Commission des libertés politiques qui tente au Parlement européen de protéger les données des citoyens, du moins d’obtenir un minimum de garantie. Je sais combien la demande de sécurité peut devenir domi- nante. Et trop souvent, je constate combien nous sommes prêts à sacrifier la liberté pour la sécurité. A mon avis, la politique du «rien à cacher», c’est perdre sur les deux fronts et s’acheminer vers un Etat totalitaire. Néanmoins, je persiste à croire dans l’engagement des hommes, de leur révolte. Seriez-vous une incurable optimiste? Prenez l’écologie au niveau mondial. Même dans les cir- constances les plus catastrophiques, l’élection de Donald Trump par exemple, qui met en exergue la faiblesse du système de vote américain, sa falsification aisée, une note d’optimisme demeure. Ainsi, les réactions que provoquent ses décisions démontrent la solidité de la démocratie. Cet engagement civique met des bornes à sa folie. D’où vous vient cette tournure d’esprit? J’ai grandi avec des individus merveilleux, des Lyra comme dans mes polars, qui osent changer de destin, à défaut de changer le monde. A 20 ans, j’avais la conviction qu’en mettant un pied devant l’autre, je pourrais aller très loin. Mon grand-père tailleur m’avait appris à coudre des bou- tonnières au fil de soie, sur des tissus délicats – et c’est incroyablement difficile. Quand j’y suis enfin arrivée, il m’a affirmé que je pouvais tout faire. Et je l’ai cru. 1943 Naît à Oslo, de famille modeste. 1961 Troisième à Miss Norvège; vit de petits jobs en voyageant. 1967 Epouse Pascal Joly, étudie le droit. 1990 Juge d’instruction, instruit les affaires Tapie, Elf, des frégates de Taïwan, etc. 2001 Suicide de son ex-mari; part en Norvège, premier job de conseillère dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, une activité poursuivie sans relâche. Publie Notre affaire à tous et divers essais militants. 2008 Rejoint le parti Europe-Ecologie conduit par Daniel Cohn-Bendit. 2011 Les yeux de Lira, premier polar. 2012 Candidate à la présidentielle, obtient 2,3% des voix. 2017 Députée européenne dès 2009, avocate en exercice au Barreau de Paris. C.Le Eva Joly en dates Roman noir Stratège rusé de futurs présidents et «junkie de la politique», habile scénariste de Hammet pour Wim Wenders, correspondant pour la CIA et même journaliste, Ross Thomas (1926-1995) ne connaît pas les faveurs de la postérité comme Westlake ou Leonard. Sonatine réédite une pépite. Le duo d’Artie, gros roi de Chine, et Quincy le finaud claque avec verve dans Zigzag. Seigneurs de l’arnaque, les excentriques se laissent tenter par un étrange mais riche promeneur de lévriers. Le deal s’avère meurtrier mais risquera à peine de friper leur dégaine de cool Californiens. Du pur polar vintage et increvable. C.LE. «Zigzag» Ross Thomas Ed. Sonatine, 478 p. BD La Chine et sa pollution urbaine… Ce titre vous y plonge alors que vous suivez l’arrivée d’un Allemand à Chengdu, dans la province du Sichuan. Il y est pour quelques mois et se cherche un appartement au sein de la communauté des expats, comme on dit. Et c’est à travers ce monde-là que le lecteur chemine entre rats et cafards mais sans croiser beaucoup de Chinois. Les trois protagonistes principaux portent des masques, Le Lotus bleu de Tintin y fait une pirouette, l’humour court dans ce drôle de livre. On en ressort un peu comme si on avait rêvé. M.RM. «Sascha Hommer… en Chine» Sascha Hommer Ed. Atrabile, 176 p.

Pop Eva Joly voit - arenes.fr · 30 Tribune de Genève | Samedi-dimanche 11-12 février 2017 Voix et chapitres Tribune de Genève | Samedi-dimanche 11-12 février 2017 31 Voix et

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Tribune de Genève | Samedi-dimanche 11-12 février 201730

Voix et chapitresTribune de Genève | Samedi-dimanche 11-12 février 2017 31

Voix et chapitres

Eva Joly, 73 ans, avocate, députée européenne, se pique désormais d’écrire des thrillers plus vrais que nature. XAVIER LEOTY/AFP

A lire au coin du feu

Album enfantsCherche et trouve! Telest le principe de celivre-jeu pour desminots dès 4 ans. Ilrappelle la série «Oùest Charlie», où il fautrepérer le garçon au

pull à rayures dans des scènes grouillant de monde. Sauf qu’ici, il y a autant de personnages à surveiller que d’enquêtes à mener sur la route des vacances, près d’une piscine ou sur un terrain de foot. A chaque double page, les auteurs nous plongent dans un lieu où vient de se passer un événement singulier. Si le narrateur fournit des indices précis, l’illustrateur cache les solutions au milieu de quantité d’êtres assez bizarres et très occupés. Alors il faut ouvrir grands les yeux! FNY

«Enquêtomania»Valérie Sansonnet et Daniel SpontonEd. la Martinière Jeunesse, 40 p.

Album enfantsLa fable se dérouledans le pays de Tout-reste-à-sa-place. Danscette contrée, on nese pose pas trop dequestions. Chaquechose a un nom et

chaque être a un rôle précis à jouer. Mais voilà. Au milieu de tant de certitudes vivent un chat qui se sent chien et un roi qui se sent ours. Ces deux-là vont se trouver. Ensemble, ils s’interrogent sur leur vie et leur devenir au fil des rencontres qu’ils sont amenés à faire. Leur chemin les conduira dans un pays où tout est possible et où la différence est admise. Cette réflexion sur l’identité et la liberté est soutenue par un graphisme japonisant raffiné, coloré et un brin décalé. Dès 5 ans. F.NY

«Le chat qui est un chien»Alex Cousseau, Charles DutertreEd. Rouergue, 32 p.

PolarLa reine du polarpsychologiqueaméricain a plus d’untour dans son sac.Pour son 30e roman,l’auteure du NewHampshire frappe

fort avec une intrigue angoissante au possible. Nicky, commotionnée, réussit à s’échapper de sa voiture démolie après un gros accident. Elle n’a qu’une obsession: chercher Véro, sa petite fille assise à l’arrière. Les policiers lancent une battue. Mais le mari leur annonce alors qu’ils n’ont jamais eu d’enfant. Qui croire? L’épouse a-t-elle perdu la raison après une commotion cérébrale? Le mari a-t-il monté une machination? Démoniaque et passionnant. D.MOG.

«Le saut de l’ange»Lisa GardnerEd. Albin Michel, 480 p.

EssaiEx-champion detennis, échecs etcourte paume,«Grozda» attrapel’intelligence au vol.Elle étincelle chezl’idiot du village, prend

le pas sur les bisbilles de rabbins ou s’épanouit par miracle sur le purin de la stupidité de nos sociétés imbéciles. Après ses délicieux papillonnages dans la flemme ou le paranormal, cet exquis vagabond des lettres convie Marivaux, Beckett, Dac ou Montaigne au chevet des sots et autres crétins. Car en déduit-il, suivant là Flaubert, il arrive souvent que l’ignorance se fissure pour laisser percer une inouïe sagacité. Dans ce cocktail pétille alors Le génie de la bêtise. Pur plaisir. C.LE.

«Le génie de la bêtise»Denis GrozdanovitchEd. Grasset, 318 p.

Dans les oreilles de la rédaction

ClassiqueUn menu russe, bâtiautour de grandsclassiques qui selaissentlittéralementdévorer tant les

coups d’archet de Johannes Moser et le toucher d’Andrei Korobeinikov s’avèrent puissants et sophistiqués. D’entrée, avec l’Opus 119 de Prokofiev, on se frotte à des articulations souples et aux couleurs captivantes («Allegro ma non troppo»). Plus loin, dans l’Opus 19 de Rachmaninov, s’affichent avec force la verve lyrique de Moser, sa virtuosité et ses atmosphères éblouissantes. Une première étape discographique du duo qui annonce de beaux lendemains. R.Z.

Prokofiev, «Sonate op.119»... Rachmaninov, «Sonate op.19»...Johannes Moser (Violoncelle), Andrei Korobeinikov (piano)Pentatone

ContemporainCinq ans de la vieartistique deJérôme Combierconcentrés dans unaperçumonographique

stimulant: l’univers du compositeur Français (1971) trouve avec l’Ensemble Cairn – dont il signe la ligne artistique – une belle illustration. De quoi est fait son paysage? De textures sonores abrasives et glissantes à la fois (Dawnlight, Gone), de territoires mouvants mêlant suspensions contemplatives et petites épisodes abrupts (Terra d’ombra). D’incursions électroniques discrètes aussi, qui confèrent au propos un surplus de modernité. Une figure qu’il faut continuer de suivre. R.Z.

Jérôme Combier, «Dawnlight», «Noir gris», «Terra d’ombra»…Ensemble CairnÆon

RapDe la soul dans lerap, des claviersfroufroutants sousles breakbeats, riende tel pourilluminer la rampe

avant la montée en gloire de Big Sean. De Light à Inspire me, le protégé de Kanye West a choisi la manière douce pour ce qui doit être le manifeste de son émancipation. Mais peut-on échapper à l’archivedette West lorsqu’on a bénéficié de sa grâce pour sortir de l’anonymat? Big Sean a longtemps affûté son lexique personnel avant de le transcrire en musique. En mots, c’est un point de vue critique sur l’actualité américaine, plus proche de la finesse des Roots que du tapage sans queue ni tête de son mentor. F.G.

«I Decided»Big SeanDef Jam

SoulUn barbu tatouéaux allures deboucher fait-il unbon chanteur soul?Dans la veinelanguide d’une

Adele, avec le frisson black d’un Seal, mais bien moins pêchu qu’un Cee Lo Green, Rag’n’Bone Man a fait le buzz au Montreux Jazz Festival avant de s’imposer dans le hit-parade suisse alémanique. Comme partout ailleurs dans le monde, paraît-il. Hormis ce succès fulgurant, l’Anglais que voici propose de jolies mélodies épuisant le peu qu’il reste de la black music d’antan, blues, gospel, R’n’B, arrangeant le tout d’une patte hip-hop new jack des plus convenues. C’est efficace? Ce n’est pas déplaisant. Mais de là à crier au génie… F.G.

«Human»Rag’n’Bone ManSony

LIVRES1. Enfance, adolescence. L’amie prodigieuse, Tome I

Elena Ferrante - Folio

2. Le nouveau nom. L’amie prodigieuse, Tome IIElena Ferrante - Folio

3. Celle qui fuit et celle qui reste. L’amie prodigieuse, Tome IIIElena Ferrante - Gallimard

4. Tintin au pays des Soviets (Les aventures de Tintin)Hergé - Coédition Casterman/Moulinsart

5. 3 minutes à méditerChristophe André - L’Iconoclaste

CD1. La La Land

Bande originale

2. SilverGotthard

3. Tour le bonheur du mondeKids United

4. ViannayViannay

5. You Want it DarkerLeonard Cohen

Top 5 des meilleures ventes

Pop

Revoilà Amy Macdonald, très gentille comme sa musique

On y allait à reculons, à cette interview. Souvenirs pénibles d’unerencontre dans ce même hôtel

zurichois, il y a cinq ans, avec une Amy Macdonald déjà idole des Suisses mais terriblement timide, limite apeurée, enchaînant les poncifs en regardant ses pieds. La porte franchie pour ce second round lié à un nouvel album après un long hiatus, la présence de trois managers attablés dans un coin ne présage pas d’une chanteuse plus assurée. Mais droite sur sa chaise, le regard très bleu fixant son interlocuteur, l’Ecossaise de 29 ans expose une confiance inédite. «J’ai grandi, reconnaît-elle sans fard. Je ne suis pas la plus forte des personnes, il m’a fallu du temps. Tout est allé très vite, du jour au lendemain la presse s’est intéressée à moi. Là, j’ai dix ans de carrière, je me sens plus à l’aise. Et j’ai un peu plus de vécu, ça aide à se raconter!»Sans partager le passif rock’n’roll d’un Peter Doherty dont elle chanta le panache mortifère sur Poison Prince, son premier succès en 2007, Amy Macdonald a effectivement une vie à part. Un succès contenu à quelques territoires européens (Allemagne, Autriche, Pays-Bas, Suisse, Angleterre) mais d’une taille maousse (8 millions de ventes); un statut de pop star qui ne l’empêche pas de se balader incognito; une notoriété que nul scandale ne nourrit, malgré les allures étonnam-ment bad girl de la gentille tatouée, dont un crâne et des roses ornent le bras gauche. «J’ai enfin pu m’offrir le temps de rester quelques mois avec ma famille. J’ai pu promener mes chiens, retrouver la campagne de Glasgow, revoir mes amis… J’ai visité beaucoup de pays, mais jamais je n’imaginerais vivre ailleurs qu’en Ecosse. Je suis très patriotique.» Avoir participé à la campagne en faveur de l’indépendance l’a sans doute aidée à aiguiser sa personnalité nouvellement solide.Autre signe de maturité, un album assez loin des joliesses boisées de ses premiers pas, sur lequel la voix impérieuse de la demoiselle dompte des tempos plus véloces sans jamais quitter le terrain de la «folk pop». Bien qu’une version acoustique des chansons soit disponible en fin d’album, la guitare sèche, qui ne quittait pas Amy en photo, n’a pas servi de colonne vertébrale. Elle l’admet volontiers. «Pour tout vous dire, je n’adore pas en jouer. Je préfère me concentrer sur mon chant. Je ne suis pas devenue une meilleure instrumentiste depuis mes débuts, par contre ma voix a gagné en force et en profondeur. En studio et sur scène, j’ai assez de bons musiciens à qui confier les

guitares.» Cinq années entre deux disques: une éternité pour le marché musical. Championne de la vente d’albums en 2012 (CD et ventes numériques), Amy Macdon-ald revient dans un univers de streaming et de singles. Elle ne s’en inquiète pas. «La façon avec laquelle les gens vont recevoir ma musique ne me perturbe pas quand je compose. On verra. Les vinyles ne se sont jamais aussi bien portés. Je suis d’une génération venue à la musique avec le CD, j’ai encore ma collection chez mes parents, mais j’avoue que je ne les écoute plus.»Son premier souvenir a même la forme d’une cassette, un Best of des Beach Boys offert par ses grands parents. «Et Thriller, de Michael Jackson, c’était un vinyle de mon père. C’est dingue, l’impact d’un seul concert. Je me souviens bien de la route pour descendre de Glasgow à Londres, où mes parents nous avaient amenés voir Jackson pour la tournée Dangerous. J’avais 5 ans! On avait fait tout le trajet en voiture, il y avait un embouteillage monstre autour de Wembley. J’ai retrouvé toutes ces images lorsque le succès m’a frappée. Du jour au lendemain, je jouais dans des festivals où les tentes débor-daient de monde. Je le comprenais pour Michael Jackson. Mais pour moi?»François Barras/Zurich

«Under Stars» Amy Macdonald,Universal Music

Après cinq ans d’absence, Amy Macdonald revient avec un CD carré et des tatouages arrondis. UNIVERSAL MUSIC

Eva Joly voit aussi la vie en noirLa députée européenne se fait un polar, «French Uranium», entre deux tours d’une élection présidentielle. Interview d’une femme qui connaît les rouages du pouvoirCécile Lecoultre

Alors que les politiciens français se déchi-rent, leur collègue écologiste Eva Joly pu-blie French Uranium. Retrouvant les hérosdes Yeux de Lira, déjà cosigné avec la jour-naliste Judith Perrignon, la députée euro-péenne situe ce deuxième thriller entre

deux tours d’une élection présidentielle qui oppose le partiau pouvoir à l’extrême droite. Les coulisses du gouverne-ment grouillent sous les procédures manœuvrières, leministre de l’Industrie est «suicidé», son chef de cabinetassassiné. Au Nigeria, une mine d’uranium qu’une déléga-tion française allait inaugurer est envahie par des groupesislamistes qui tuent septante ouvriers. De Paris à New York,les places boursières frémissent sous les attaques des tra-ders, tandis que de puissants industriels pervertissent lesgouvernements, graissent la patte des fonctionnaires ouexpédient leurs commandos de mercenaires. Quand l’an-cienne magistrate fait le ménage, Eva Joly, petite dameblonde de 73 ans, ne met pas de gants. «Le combat de mavie, c’est la corruption», soupire-t-elle.

Que vous inspire la campagne présidentielle en France?Tous ces scandales qui restent non réglés, François Fillontrahi par sa propre turpitude… il n’a pas vu que le mondeavait changé, que les sénateurs ne pouvaient plus se per-mettre ces faveurs. Au-delà, la prochaine présidencen’aura pas d’élan pour gouverner, et je le regrette.

Jusqu’à quel point la réalité inspire-t-elle vos fictions?Les faits dépassent la fiction. Inutile de noircir le trait.Voyez cette histoire d’ex-agent des services secrets britan-niques reconverti en consultant, qui aurait rédigé le rap-port sur des liens présumés entre Donald Trump et laRussie! J’évoque un «suicide assisté» dans mon thriller,cela ne me semble pas du tout invraisemblable. Que reste-t-il de la démocratie après avoir lu mon livre? Je vousl’accorde, pas grand-chose.

La situation s’est-elle pourrie ou en sommes-nous plus conscients, l’information circulant mieux?Difficile de le dire… Nous vivons dans un tel étalage de mal-veillance. En fait, si moi aussi je participe à ces révélations quasi cyniques, j’en appelle aussi au civisme. Avec ce livre, jeveux inciter à ce que nous reprenions nos vies en main.

Le roman policier serait-il plus efficace qu’un discours politique?C’est surtout très distrayant de créer des atmosphères etrefléter l’état d’une société. A travers mon héros nigérian,je trouvais par exemple intéressant de montrer que la luttecontre la corruption existe aussi là-bas. Cela se sait peu.Mon ambition, c’est d’égaler John Le Carré qui écrit sesintrigues d’espionnage sur un arrière-fond étayé de faitsancrés dans le réel. Il me semble aussi que le suspense rendle réel plus puissant et en facilite l’exposition.

Ministre de la Justice et militante, votre compatriote Anne Holt écrit aussi des polars. Etre «dedans et dehors», une tradition norvégienne?Anne Holt n’a exercé que brièvement. Mais je ne vois entout cas aucune ambiguïté à exercer dans la littérature etla justice. Grâce à la liberté de création, une œuvre litté-raire échappe aux règles. D’autant que l’outil magnifie,pousse le message à bout.

Les lanceurs d’alerte comme le Vlad de French Uranium sont-ils les justiciers modernes?Ils tiennent un rôle indispensable. Notre survie démocrati-que dépend de ces journalistes indépendants. Là aussi,

cela peut paraître cynique, du moins paradoxal. En cemoment, je siège à la Commission des libertés politiquesqui tente au Parlement européen de protéger les donnéesdes citoyens, du moins d’obtenir un minimum de garantie.Je sais combien la demande de sécurité peut devenir domi-nante. Et trop souvent, je constate combien nous sommesprêts à sacrifier la liberté pour la sécurité. A mon avis, lapolitique du «rien à cacher», c’est perdre sur les deuxfronts et s’acheminer vers un Etat totalitaire. Néanmoins,je persiste à croire dans l’engagement des hommes, de leurrévolte.

Seriez-vous une incurable optimiste?Prenez l’écologie au niveau mondial. Même dans les cir-constances les plus catastrophiques, l’élection de DonaldTrump par exemple, qui met en exergue la faiblesse dusystème de vote américain, sa falsification aisée, une noted’optimisme demeure. Ainsi, les réactions que provoquentses décisions démontrent la solidité de la démocratie. Cetengagement civique met des bornes à sa folie.

D’où vous vient cette tournure d’esprit?J’ai grandi avec des individus merveilleux, des Lyra commedans mes polars, qui osent changer de destin, à défaut dechanger le monde. A 20 ans, j’avais la conviction qu’enmettant un pied devant l’autre, je pourrais aller très loin.Mon grand-père tailleur m’avait appris à coudre des bou-tonnières au fil de soie, sur des tissus délicats – et c’estincroyablement difficile. Quand j’y suis enfin arrivée, il m’aaffirmé que je pouvais tout faire. Et je l’ai cru.1943 Naît à Oslo, de famille modeste.

1961 Troisième à Miss Norvège; vit de petits jobs en voyageant.1967 Epouse Pascal Joly, étudie le droit.1990 Juge d’instruction, instruit les affaires Tapie, Elf, des frégates de Taïwan, etc.2001 Suicide de son ex-mari; part en Norvège, premier job de conseillère dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière, une activité poursuivie sans relâche. Publie Notre affaire à tous et divers essais militants.2008 Rejoint le parti Europe-Ecologie conduit par Daniel Cohn-Bendit.2011 Les yeux de Lira, premier polar.2012 Candidate à la présidentielle, obtient 2,3% des voix.2017 Députée européenne dès 2009, avocate en exercice au Barreau de Paris. C.Le

Eva Joly en dates

Roman noirStratège rusé defuturs présidents et«junkie de lapolitique», habilescénariste deHammet pour WimWenders,

correspondant pour la CIA et même journaliste, Ross Thomas (1926-1995) ne connaît pas les faveurs de la postérité comme Westlake ou Leonard. Sonatine réédite une pépite. Le duo d’Artie, gros roi de Chine, et Quincy le finaud claque avec verve dans Zigzag. Seigneurs de l’arnaque, les excentriques se laissent tenter par un étrange mais riche promeneur de lévriers. Le deal s’avère meurtrier mais risquera à peine de friper leur dégaine de cool Californiens. Du pur polar vintage et increvable. C.LE.

«Zigzag»Ross ThomasEd. Sonatine, 478 p.

BDLa Chine et sapollution urbaine… Cetitre vous y plongealors que vous suivezl’arrivée d’unAllemand à Chengdu,dans la province du

Sichuan. Il y est pour quelques moiset se cherche un appartement au sein de la communauté des expats, comme on dit. Et c’est à travers ce monde-là que le lecteur chemine entre rats et cafards mais sans croiser beaucoup de Chinois. Les trois protagonistes principaux portent des masques, Le Lotus bleu de Tintin y fait une pirouette, l’humour court dans ce drôle de livre. On en ressort un peu comme si on avait rêvé.M.RM.

«Sascha Hommer… en Chine»Sascha HommerEd. Atrabile, 176 p.