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Pour en finir avec les « trois » maxillaires P. Goudot 1, *, C. Vacher 2 1 Service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, CHU de Montpellier, ho ˆpital Lapeyronie, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France 2 Service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, ho ˆpital Beaujon, Clichy 92118, France Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com L a description anatomique des bases osseuses portant les arcades dentaires est sans ambiguı ¨te ´. Elles sont constitue ´es de trois structures osseuses. Ces structu- res sont l’os maxillaire droit, l’os maxillaire gauche et la mandibule. Les termes de « maxillaire supe ´rieur » et « maxil- laire infe ´rieur » ont disparu de la nomenclature anatomique internationale depuis la re ´vision de celle-ci par le Comite ´ international de la nomenclature anatomique de ´signe ´ lors du congre `s international d’anatomie re ´uni a ` Oxford en 1950 dont les travaux ont e ´te ´ publie ´s en 1955 [1]. Or notre vocabulaire de ´crivant les pathologies et traitement de ces structures osseuses est entache ´ d’appellations inap- proprie ´es. Lorsque nous parlons de blocage bimaxillaire et d’oste ´otomie bimaxillaire, tout stomatologiste, chirurgien maxillofacial, odontologiste francophone comprend que la mandibule a e ´te ´ immobilise ´e et fixe ´e a ` l’arcade supe ´rieure ou que la mandibule a e ´te ´ sectionne ´e au cours de la me ˆme proce ´dure chirurgicale que le massif facial. Devant une question appele ´e « tumeur des maxillaires », tout e ´tudiant de ces spe ´cialite ´s sait qu’il doit traiter des tumeurs des os des deux e ´tages moyen et infe ´rieur de la face. Ces habitudes sont-elles un argument suffisant pour ne pas changer cette terminologie a ` l’heure ou ` nous de ´veloppons au sein de notre spe ´cialite ´ une francophonie pleine de promesses, comme l’a montre ´ le re ´cent congre `s francophone de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, troisie `me du nom, organise ´ a ` Hammamet ? De fac ¸on paradoxale, nous pourrions d’ailleurs faire appel a ` la langue anglaise pour appuyer ce propos. En effet, les anglo-saxons utilisent de fac ¸on habituelle dans leur litte ´rature scientifique spe ´cialise ´e le terme de jaws pour de ´finir l’ensemble des structures osseuses maxillaires et mandibulaires. Sans aucune ambiguı ¨te ´, la traduction en est « ma ˆchoires » (« os de la face portant les dents » selon Larousse). A ` l’e ´vidence, ce terme ne comporte aucune note pe ´jorative ou seulement vulgaire qui doive nous conduire a ` le bannir de notre langage scientifique. De la sorte, notre terminologie s’enrichit de ce terme de ma ˆchoire qui comprend l’ensemble des deux maxillaires et la mandibule. Ainsi, les tumeurs mandibulaires et maxillaires sont traite ´es dans une question intitule ´e « tumeur des ma ˆchoires ». De la me ˆme fac ¸on, la mandibule est fixe ´e au maxillaire par le moyen d’un blocage maxillomandibulaire ; la dysmorphie maxillomandibulaire, quand elle est traite ´e par une oste ´o- tomie maxillaire associe ´e a ` une oste ´otomie mandibulaire, justifie d’une oste ´otomie maxillomandibulaire. Lorsqu’il est ne ´cessaire de re ´se ´quer la moitie ´ late ´rale de la vou ˆte palatine et l’he ´miarcade qui l’accompagne, le chirurgien effectue une maxillectomie unilate ´rale et non une he ´mimaxillectomie. Lorsqu’il re ´se `que la totalite ´ de la vou ˆte et de l’arcade, il re ´alise alors une maxillectomie bilate ´rale. A ` l’heure ou ` nous avons banni de nos e ´crits et expose ´s le nerf dentaire au profit du nerf alve ´olaire infe ´rieur, pour respecter la nomenclature anatomique internationale actualise ´e [2], il est temps d’appliquer la me ˆme rigueur a ` la terminologie de notre pratique chirurgicale. Re ´fe ´rences 1. Nomina anatomica. London: Spottiswoode, Ballantyne et Cie; 1955. 2. Terminologia anatomica: international anatomical terminology: Paris: Lavoisier; 1998. * Auteur correspondant. e-mail : [email protected] Rec ¸u le : 17 janvier 2008 Accepte ´ le : 22 janvier 2008 Disponible en ligne 25 mars 2008 E ´ ditorial 80 0035-1768/$ - see front matter ß 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´serve ´s. 10.1016/j.stomax.2008.01.002 Rev Stomatol Chir Maxillofac 2008;109:80

Pour en finir avec les « trois » maxillaires

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Editorial

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Pour en finir avec les « trois » maxillaires�����

Recu le :17 janvier 2008Accepte le :

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22 janvier 2008Disponible en ligne

P. Goudot1,*, C. Vacher2����Disponible en ligne sur

25 mars 2008

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Service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, CHU de Montpellier, hopital Lapeyronie,

371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France���

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Service de stomatologie et chirurgie maxillofaciale, hopital Beaujon, Clichy 92118, Francewww.sciencedirect.com

L a description anatomique des bases osseuses portantles arcades dentaires est sans ambiguıte. Elles sontconstituees de trois structures osseuses. Ces structu-

res sont l’os maxillaire droit, l’os maxillaire gauche et lamandibule. Les termes de « maxillaire superieur » et « maxil-laire inferieur » ont disparu de la nomenclature anatomiqueinternationale depuis la revision de celle-ci par le Comiteinternational de la nomenclature anatomique designe lorsdu congres international d’anatomie reuni a Oxford en 1950dont les travaux ont ete publies en 1955 [1].Or notre vocabulaire decrivant les pathologies et traitementde ces structures osseuses est entache d’appellations inap-propriees. Lorsque nous parlons de blocage bimaxillaire etd’osteotomie bimaxillaire, tout stomatologiste, chirurgienmaxillofacial, odontologiste francophone comprend que lamandibule a ete immobilisee et fixee a l’arcade superieureou que la mandibule a ete sectionnee au cours de la memeprocedure chirurgicale que le massif facial. Devant unequestion appelee « tumeur des maxillaires », tout etudiantde ces specialites sait qu’il doit traiter des tumeurs des os desdeux etages moyen et inferieur de la face. Ces habitudessont-elles un argument suffisant pour ne pas changer cetteterminologie a l’heure ou nous developpons au sein de notrespecialite une francophonie pleine de promesses, comme l’amontre le recent congres francophone de stomatologie etchirurgie maxillofaciale, troisieme du nom, organise aHammamet ? De facon paradoxale, nous pourrions d’ailleursfaire appel a la langue anglaise pour appuyer ce propos. Eneffet, les anglo-saxons utilisent de facon habituelle dans leurlitterature scientifique specialisee le terme de jaws pourdefinir l’ensemble des structures osseuses maxillaires et

* Auteur correspondant.e-mail : [email protected]

800035-1768/$ - see front matter � 2008 Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.10.1016/j.stomax.2008.01.002 Rev Stomatol Chir Maxillofac 2008;109:80

mandibulaires. Sans aucune ambiguıte, la traduction enest « machoires » (« os de la face portant les dents » selonLarousse). A l’evidence, ce terme ne comporte aucune notepejorative ou seulement vulgaire qui doive nous conduire ale bannir de notre langage scientifique. De la sorte, notreterminologie s’enrichit de ce terme de machoire quicomprend l’ensemble des deux maxillaires et la mandibule.Ainsi, les tumeurs mandibulaires et maxillaires sont traiteesdans une question intitulee « tumeur des machoires ». De lameme facon, la mandibule est fixee au maxillaire par lemoyen d’un blocage maxillomandibulaire ; la dysmorphiemaxillomandibulaire, quand elle est traitee par une osteo-tomie maxillaire associee a une osteotomie mandibulaire,justifie d’une osteotomie maxillomandibulaire. Lorsqu’il estnecessaire de resequer la moitie laterale de la voute palatineet l’hemiarcade qui l’accompagne, le chirurgien effectue unemaxillectomie unilaterale et non une hemimaxillectomie.Lorsqu’il reseque la totalite de la voute et de l’arcade, ilrealise alors une maxillectomie bilaterale. A l’heure ou nousavons banni de nos ecrits et exposes le nerf dentaire au profitdu nerf alveolaire inferieur, pour respecter la nomenclatureanatomique internationale actualisee [2], il est tempsd’appliquer la meme rigueur a la terminologie de notrepratique chirurgicale.

References

1. Nomina anatomica. London: Spottiswoode, Ballantyne et Cie;1955.

2. Terminologia anatomica: international anatomical terminology:Paris: Lavoisier; 1998.