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i%torial Pourquoi ce num6ro ? Roger Bello, Franqoise T&ard Notre pays aime les commkmorations et nous venons de vivre une anrke particulierement remplie de manifestations de ce type, 21 I’occa- sion du centenaire de la loi du 1 er juillet 1901. Dans ces occasions tres officielles, I’Histoire fait partie de tous les discours, on s’adresse 2 CC elle )), on lui met une majuscule, on Iui assigne un certain nombre de missions ou s’agenceraient de maniere quasi magique le passe, le present et I’avenir... Au-deli de la fascination immediate qu’elle exerce, la place de I’histoire dans notre soci&e a pourtant gag& en reconnaissance depuis quelques an&es. Des historiens sont appeles comme experts au chevet du malaise social, qui tou- jours est perqu comme grandissant. On compte sur eux pour faire des introductions contextuelles, mais aussi pour operer un deplacement du regard, qui peut apparaitre comme salutaire, lorsque I’on veut prendre de la distance par rapport a un quotidien parfois envahissant et imperatif. Telle une impreca- tion, les historiens se trouvent ainsi interpelk, mais leur presence reste generalement transi- toire et passagere, (( I’essentiel n’etant pas IA )). Cette situation paradoxale se retrouve lorsque nous essayons de cerner la place de I’histoire dans la formation des educateurs spe- cialisks. Cette place a peu bough dans les pro- grammes officiels depuis I’ instauration du diplbme en 1967, malgre plusieurs reformes des contenus de formation. A juste raison, nous pouvons nous demander pourquoi une telle situation s’est install&e et comment la faire changer dans le sens du mouvement social actuel qui souvent se ressource a la lumike de son histoire. C’est justement I’aven- ture et le combat que nous menons au Conser- vatoire national des archives et de I’histoire de I’education specialisee (Cnahes), nous nous mobilisons pour sauvegarder le patrimoine relatif A ce secteur et c’est a travers les archives qui ont f5te class&es et inventorif3es au Centre des archives de la protection de l’enfance et de I’adolescence (Capea) que nous avons cherche des reponses face 21ce constat. Ce numero pose des questions plus qu’ il n’en r&out. Nous souhaitons ici surtout amor- cer une demarche et ouvrir un debat, qu’ il fau- drait poursuivre, absolument ! ROGER BELLO Vice-R&dent du Conservatoire national des archives et de I’histoire de I’bducation spkialisee (Cnahes) et ancien directeur g&?&al de /‘Association vers /a vie pour I ‘education des jeunes (AWEJ). 23, rue du jeu de paume, 78180 Montigny le Bretonneux. France [email protected] FRANCOISE T~TARO Historienne, inggnieur Centre national de /a recherche scientifique (CNRS) au Centre d’histoire sociale du XXe si&le, administratrice au Conservatoire national des archives et de I’histoire de Education sp&iali&e (Cnahes) 29, rue Gabrielle, 75018 Paris, France Sauvegarde de I’enfance, 2002, vol. 57, no 2, 55 / 0 2002 Editions scientifiques et mbdicales Elsevier SAS. Tous droits r&e&s

Pourquoi ce numéro ?

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Pourquoi ce num6ro ? Roger Bello, Franqoise T&ard

Notre pays aime les commkmorations et nous venons de vivre une anrke particulierement remplie de manifestations de ce type, 21 I’occa- sion du centenaire de la loi du 1 er juillet 1901. Dans ces occasions tres officielles, I’Histoire fait partie de tous les discours, on s’adresse 2 CC elle )), on lui met une majuscule, on Iui assigne un certain nombre de missions ou s’agenceraient de maniere quasi magique le passe, le present et I’avenir... Au-deli de la fascination immediate qu’elle exerce, la place de I’histoire dans notre soci&e a pourtant gag& en reconnaissance depuis quelques an&es. Des historiens sont appeles comme experts au chevet du malaise social, qui tou- jours est perqu comme grandissant. On compte sur eux pour faire des introductions contextuelles, mais aussi pour operer un deplacement du regard, qui peut apparaitre comme salutaire, lorsque I’on veut prendre de la distance par rapport a un quotidien parfois envahissant et imperatif. Telle une impreca- tion, les historiens se trouvent ainsi interpelk, mais leur presence reste generalement transi- toire et passagere, (( I’essentiel n’etant pas IA )).

Cette situation paradoxale se retrouve lorsque nous essayons de cerner la place de I’histoire dans la formation des educateurs spe- cialisks. Cette place a peu bough dans les pro- grammes officiels depuis I’instauration du diplbme en 1967, malgre plusieurs reformes des contenus de formation. A juste raison, nous pouvons nous demander pourquoi une telle situation s’est install&e et comment la faire changer dans le sens du mouvement social actuel qui souvent se ressource a la lumike de son histoire. C’est justement I’aven- ture et le combat que nous menons au Conser- vatoire national des archives et de I’histoire de I’education specialisee (Cnahes), nous nous mobilisons pour sauvegarder le patrimoine relatif A ce secteur et c’est a travers les archives qui ont f5te class&es et inventorif3es au Centre des archives de la protection de l’enfance et de I’adolescence (Capea) que nous avons cherche des reponses face 21 ce constat.

Ce numero pose des questions plus qu’il n’en r&out. Nous souhaitons ici surtout amor- cer une demarche et ouvrir un debat, qu’il fau- drait poursuivre, absolument !

ROGER BELLO Vice-R&dent du Conservatoire national des archives et de I’histoire de I’bducation spkialisee (Cnahes) et ancien directeur g&?&al de /‘Association vers /a vie pour I ‘education des jeunes (AWEJ). 23, rue du jeu de paume, 78180 Montigny le Bretonneux. France [email protected]

FRANCOISE T~TARO Historienne, inggnieur Centre national de /a recherche scientifique (CNRS) au Centre d’histoire sociale du XXe si&le, administratrice au Conservatoire national des archives et de I’histoire de Education sp&iali&e (Cnahes) 29, rue Gabrielle, 75018 Paris, France

Sauvegarde de I’enfance, 2002, vol. 57, no 2, 55 / 0 2002 Editions scientifiques et mbdicales Elsevier SAS. Tous droits r&e&s