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PRESENTATION FAITE A L’OCCASION DU PREMIER CONGRES DE LA ... GITPA 500/GITPA 500-5... · 1 presentation faite a l’occasion du premier congres de la coordination autochtone francophone

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PRESENTATION FAITE A L’OCCASION DU PREMIER CONGRES DE

LA COORDINATION AUTOCHTONE FRANCOPHONE TENUE A

AGADIR- MAROC DU 01 AU 05 NOVEMBRE 2006 THEME : TERRITOIRE, ENVIRONNEMENT ET GESTION DES RESSOURCES

Les peuples autochtones du Cameroun sont nombreux et diversifiés. Ils sont essentiellement constitués des pasteurs nomades Peuls Mbororos qui vivent principalement dans les plateaux de l’Adamaoua, les hautes terres de l’Ouest du Cameroun et des peuples de la forêt appelés communément Pygmées. Ces derniers sont reconnus comme étant les premiers habitants de la forêt du Cameroun. La caractéristique commune des autochtones du Cameroun est leur profond attachement à leur environnement ( forêt ou savane/sahel) et à leur mode de vie traditionnel, bien que depuis quelques années, l’on note une évolution dans celle-ci avec l’intrusion progressive de l’agriculture et de celle de subsistance de surcroît. Le bien être de ces populations est essentiellement lié a cet environnement car non seulement il leur procure des moyens de subsistance mais est aussi pour eux source de paix et de sécurité. En raison de cette longue histoire de relation avec la nature les pygmées /peuls bororos ont développés des savoirs faire, des systèmes, pratiques et mode de gestion qui en font des experts en conservation et en gestion durable de la diversité biologique de leur milieu de vie. La présente communication décrit les relations entre les peuples autochtones et la terre, identifie les principaux obstacles à leur développement, et fait quelques propositions pour une meilleure prise en compte de l’identité culturelle des autochtones au Cameroun. Pour une analyse optimale de notre thème, nous présenterons dans une première approche la situation socio - économique des peuples autochtones du Cameroun, dans une seconde nous identifierons les moyens mis en œuvre par les peuples autochtones dans leur lutte contre la pauvreté et enfin nous présenterons la question de la terre chez les peuples autochtones.

I. situation socio économique des peuples indigènes/ autochtones

et tribaux au Cameroun

L’analyse de la situation des peuples autochtones demeure un exercice difficile dans la mesure où il est pratiquement impossible d’avoir des données desagregees sur les peuples autochtones hors du contexte global de la pauvreté au Cameroun. Les statistiques nationales sont toujours présentées sous forme globale .Cette pratique ne prend pas en compte la spécificité des

REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON ASSOCIATION POUR LE DEVELOPPEMENT MBORORO SOCIAL & CULTURAL SOCIAL & CULTUREL DES DEVELOPMENT ASSOCIATION MBORORO DU CAMEROUN OF CAMEROON BP : 1086 YAOUNDE BP : 1086 YAOUNDE

Tel : 00237 221 23 42 Email: [email protected] Cel:00237 960 48 03

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peuples autochtones qui sont mis sur le même pied d’égalité que les autres composantes de la population nationale .Ce qui ne correspond pas a la réalité. .

a) Les populations Mbororo

Les Mbororo appartiennent au groupe des Peuls, l’un des plus importants groupes ethniques d’Afrique occidentale et centrale. Ils vivent dans au moins 18 Etats Africains dont le Nigeria, le Niger, la Guinée, le Sénégal, le Mali, la Mauritanie, Le Burkina Faso, la RCA et le Cameroun. Le nombre des Mbororo au Cameroun est estimé à 1,85 million de personnes (Cf. TCHOUMBA dans PIT et DSRP) on les retrouve pratiquement dans toutes les provinces du pays. Les Mbororo sont des éleveurs nomades dont la vie est liée au bétail et au pâturage. A ce propos Boutrais dit d’eux: « Isolés au milieu de pâturages

difficiles d’accès, ces peuls (Mbororo) de Tchabbal ont développé une véritable

civilisation pastorale .Les autres Peuls les considèrent comme des gens à part,

habitués au froid, à la pluie et réputés pour leur richesse en betail. Pourtant, les

produits de l’élevage suffisent rarement à couvrir tous les besoins familiaux.

Alors que les pasteurs sahéliens diversifient leurs activités dans l’agriculture et

le commerce, les Mbororo de tchabbal affirment souvent qu’ils ne connaissent

que le travail auprès des animaux et ils s’avouent incapables de tout autre

activité » ; C’est dire à quel point le bien être de la vache est capital pour le Peul Bororo; La vache représente pour lui non seulement une source de richesse mais aussi et surtout une garantie de sécurité alimentaire. Plus le troupeau est important et en bonne santé, mieux se portent les Mbororo. Si les vaches ne trouvent pas leur compte dans un milieu, ils plaqueront tout sans regret pour un ailleurs meilleur. La vache ayant conditionné leur comportement séculaire, elle a été aussi celle par laquelle leur « malheur »actuel est arrivé.

A l’exemple d’autres peuples autochtones d’Afrique, les Mbororo, à cause de leur mode de vie souffrent de la discrimination, de la marginalisation, de nombreux abus de droits de la part de la population dominante et des politiques officielles ( pas de stratégies officielles de développement de l’élevage, un seul contact annuel avec le vétérinaire à l’occasion des vaccinations... Ils ont un très faible accès aux infrastructures (centres de santé, écoles, eau potable, électricité ). De plus en plus, ils souffrent de la pauvreté à cause de la diminution du cheptel dû à la peste bovine, au coût élevé de la vie, à la démographie galopante et à la réduction de l’espace pastorale. Ce phénomène, en plus du manque d’éducation/ scolarisation des jeunes a désorganisé les familles et nous avons actuellement des fractures sociales entre les jeunes avides de la civilisation moderne et les vieux désespérés quant au futur de leur descendance, et qui ne peuvent plus perpétuer la tradition séculaire. Il y a apparition des petits métiers ( gardiens de nuit, vendeurs à la sauvette, prostitution des jeunes filles et le travail des enfants.

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b) les populations pygmées

Les populations pygmées sont reparties au Cameroun en 3 grands groupes ethniques. Les bakas, les Bagyélis/Bakolas et les Bedzans repartis dans la forêt du sud et Est Cameroun. Ils sont chasseurs/collecteurs/agriculteurs. Ils représenteraient près de 0,4% de l’ensemble de la population du Cameroun (cf.

TCHOUMBA in PIT et Stratégies de Réduction de la pauvreté au Cameroun

2005). Si les pygmées sont traditionnellement des chasseurs-cueilleurs, leur mode de vie subit des mutations en raison de nombreuses pressions qui s’exercent sur eux et sur leur milieu. Tous leurs territoires sont aujourd’hui converties en aires protégées (parcs nationaux ou réserves naturelles), concessions forestières, zones de chasse sportive auxquelles les populations n’ont pas accès ou alors ont un accès très limité par la loi. Cette situation a fait dire à un Pygmée :<<nous avons eu l’impression que les écogardes ont été

envoyés ici pour nous tuer>> pour la raison suivante : <<Lorsqu’ils nous

rencontraient avec le gibier, quelle que soit la nature, ils nous arrachaient le

gibier, nos lances et nos marmites et saccageaient nos campements de chasse.

Des fois, ils organisaient des visites inopinées dans nos campements, on nous

faisait sortir et nous bastonnait devant tout le village après de simples soupçons

d’abattage du gibier. >> TCHOUMBA et NELSON dans « Protéger et encourager l’usage coutumier des ressources biologiques par les bakas à l’ouest de la Réserve de biosphère du Dja ». Édition Juin 2006. En l’absence des indicateurs fiables de mesure de la pauvreté on se rend compte que la situation de développement des pygmées au Cameroun est catastrophique. Ils constituent l’un des maillons les plus faibles et les plus vulnérables de la société camerounaise . Leur pauvreté peut être évalué sur le quatruple plan monétaire, culturel, accès aux services de soins de base, et le respect pour leurs droits humains individuels collectifs. Sur le plan matériel : il est très difficile d’estimer le niveau des revenus des populations pygmées. L’essentiel de leur revenu est tiré de la commercialisation des produits agricoles et /ou forestier. Leurs récoltes suffisent à peine pour assurer l’autosuffisance alimentaire et la commercialisation des produits forestiers et notamment ceux de la chasse est prohibés. On estime que le revenu moyen des pygmées représente à peine le tiers des revenus des autres camerounais dans les mêmes régions. Les populations pygmées ont un accès très limite aux services sociaux de base.La pharmacopée traditionnelle reste le moyen prédominant de se soigner chez les pygmées. Ils ont d’ailleurs une réputation établie dans ce domaine, ce qui leur vaut les visites de nombreux autres camerounais en quête de guérison et de pouvoir. Le taux de mortalité infantile est estime à 9,1% avant 1 an et à 18,2% entre la naissance et 5 ans

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Sur le plan culturel , la question de développement des pygmées se pose surtout en termes de la non reconnaissance et/ou de non respect de leur identité culturelle des expressions telles que¨sous développes¨ ou ¨rétrogrades¨ primitifs sont utilises a leur endroit. Ces stéréotypes négatifs et cette discrimination s’accompagnent de l’expropriation de ces populations de leurs terres ancestrales et de leurs ressources naturelles au profit des exploitants forestiers industriels cela entraîne leur appauvrissement et menace leur culture et leur survie en tant que peuple. Les pygmées se sont installes sur les terres appropriées par les populations bantous comme leur propriété et les traite comme telle. Sur le plan économique, les pygmées ne bénéficient presque jamais des redevances forestières et ne profitent que rarement de l’exploitation des ressources naturelles en raison de la non reconnaissance de leurs droits de riverains des forêts. En somme, le manque d’infrastructures et d’accès aux services de santé et aux systèmes d’éducations appropriés, les exclut de la véritable participation à leur propre développement ; et le déni de leur droit à une culture et à une langue propre aggravent leur marginalisation et leur appauvrissement.

II. Les Populations Autochtones du Cameroun et la lutte contre

la pauvreté

Les indicateurs utilisés dans le document de stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP) sont ceux promus par les agences de développement Il s’agit en particulier du PNB par habitant et de l’IHD. Bien que le PNB par habitant soit un indicateur qui a fait l’objet de beaucoup de critiques quant à sa pertinence comme outils de mesure de la pauvreté ou du développement. Ces indicateurs ne rendent pas compte de la situation particulière des peuples autochtones en ce qu’ils ne font aucun cas des questions environnementales, foncières, culturelles, et des droits de l’homme ou de la participation politique des peuples autochtones.

L’économie des pygmées reste centrée sur la forêt et ses ressources à travers la chasse, la pêche et la cueillette et celui des Mbororo sur l’élevage traditionnel et extensif du bovin sur des vastes étendues de la savane et du sahel.

a)Stratégies Mbororo de réduction de la pauvreté

Les Mbororo articulent leurs stratégies de réduction de la pauvreté et donc de développement autour de trois éléments essentiels, à savoir la reconnaissance et la sécurisation de leurs droits collectifs d’accès à la terre, la sécurité de leurs personnes et de leurs biens, et l’amélioration des conditions d’élevage. Pour beaucoup de Mbororo, la sécurisation foncière doit aller au-delà de la délimitation des aires de pâturage et consister en l’établissement des titres fonciers individuels et collectifs. Elle devra aller de pair avec le contrôle de

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l’expansion de l’agriculture industrielle et des ranchs privés, expansion se faisant aux dépens des populations Mbororo. De plus ils ont identifiés un certain nombre d’action susceptible d’encourager et de développer l’élevage extensif tel qu’ils le pratiquent et d’améliorer leurs conditions de vie. Il s’agit notamment de : * l’amélioration des pâturages (réhabilitation, enrichissement, etc.). Ils pourraient ainsi valoriser leur savoir et savoirs faire traditionnels. Cette mesure pourrait être efficace en cas d’existence d’une politique claire de cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, marquée par une délimitation consensuelle des espaces agricoles et des aires de pâturage ; *L’amélioration de la qualité et l’accroissement de la quantité du cheptel par le développement d’infrastructures d’élevages tels que l’approvisionnement en eau, les centres de soins pour animaux, les centres de vaccination ; *L’accès aux infrastructures et services sociaux de base dans le respect de leurs modes de vie. Il s’agira par exemple de rapprocher l’école et les centres de santé des communautés Mbororo; de les approvisionner en eau potable, etc. surtout de mettre l’accent sur les soins de santé primaires et de la reproduction pour les femmes ; *L’appui aux activités agricoles qui contribuent à une certaine autonomie financière des femmes. Il faut le souligner ici pour s’en féliciter, les Bororo pratiquent de plus en plus l’agriculture. Même comme celle-ci est embryonnaire et faite seulement pour les besoins familiaux, on trouve des champs de café. Dans ce domaine, la diversification des productions et la culture des légumineuses peuvent contribuer à l’alimentation en protéine, compensant ainsi les pertes dues à la diminution de la consommation du lait de vache ; La production laitière a fortement chuté à cause de la dégradation des aires de pâtureges et de la diminution du cheptel.

* Le développement de l’artisanat Mbororo valoriserait le savoir- faire des femmes et contribuerait à l’amélioration de leurs revenus et à une grande autonomie financière ;

* Le renforcement des capacités des organisations représentatives des Mbororo afin d’assurer la représentation de ceux –ci dans les processus de prise de décision sur les questions susceptibles de les affecter d’une façon ou d’une autre.

b) Stratégies Pygmées de réduction de la pauvreté La question de réduction de la pauvreté chez les pygmées est assez complexe car ces différentes stratégies ont été conçues par des concepteurs de développement qui ont eu la prétention de connaître les pygmées. Très peu d’attention a été accorde à ce que ces peuples avaient à dire, cette façon de faire à plongé les pygmées dans une sorte d’attentisme qui rend très difficile tout processus de consultation véritable et qui pourrait limiter les stratégies de

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développement à une liste interminable de besoins du genre : « construisez nous des maisons, construisez nous des écoles, donnez nous des outils agricoles ». Pour ces populations, toute stratégie de réduction de la pauvreté qui se veut durable doit passer nécessairement par la reconnaissance de leurs droits à la liberté culturelle entendue comme le droit pour un peuple d’exister et de vivre conformément à ses choix. Il s’agira alors de fonder le développement des pygmées sur des priorités qu’ils auront eux même identifiés. Il se dégage des consultations menées avec les pygmées que les principaux axes de réduction de la pauvreté doivent s’articuler principalement autour des points suivants :

! reconnaissance et respect des droits fonciers et accès aux ressources forestières. La formulation de cette revendication est sans équivoque : « nous voulons avoir une libre circulation en forêt pour y mener nos

activités », « bien faire la chasse et vendre le gibier pour avoir de

l’argent »

! l’amélioration de l’agriculture, dans les endroits ou ces peuples n’ont plus des droits à l’utilisation de la forêt et sont les sujets des pressions extérieures pour les sédentariser

! Accès a la citoyenneté et a la justice. : pour beaucoup de pygmées l’accès a la justice et a la citoyenneté sont intimement lies. Ils estiment qu’ils sont victimes de nombreuses exactions dont ils ne peuvent pas se plaindre parce qu’ils ne disposent pas de cartes nationales d’identités

! Renforcement des capacités organisationnelles afin d’assurer une représentation effective des populations dans le processus de prises de décisions

! Participation effective à la planification et à la gestion des ressources forestières. Toutes les décisions relatives à la gestion des ressources forestières sont prises d’en haut et les populations les subissent sans possibilité d’en modifier le contenu. La participation se résume dans ces cas à l’information des populations sur leurs devoirs de respecter les décisions prises au niveau central

! Compensation des terres allouées aux entreprises agro-industrielles ! Accès culturellement approprie aux infrastructures et aux services

sociaux de base .

III. Les peuples Autochtones et la question de la terre

a) Le droit de propriété et de possession au Cameroun

Le Cameroun n’est pas partie à la convention No 169 de l’OIT relative aux populations indigènes et tribaux dans les pays indépendants, mais a ratifie plusieurs instruments internationaux garantissant une protection

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des droits fonciers des peuples indigènes et tribaux. Il s’agit notamment de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale ; Le droit de possession et de propriété des peuples autochtones sur leurs terres est également protége par l’article 27 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques (PIDCP) également ratifié ; La convention d’Alger du 15 juillet 1965 sur la conservation de la nature et des ressources naturelles… A son tour la constitution camerounaise garantit le droit de propriété, sans faire une distinction entre le droit écrit et le droit coutumier. Les dispositions des articles 14 ,15 de la convention No 169 de l’OIT sont quasiment identiques aux règles coutumières et aux traditions des peuples indigènes du Cameroun. b) Le droit de propriété chez les Mbororo

Les Mbororo estiment avoir des droits sur les terres qu’ils occupent depuis plusieurs centaines d’années et desquelles ils dépendent pour le maintien de leur mode de vie tisse autour d’un élevage de type nomade et extensif. Leur notion d’appropriation de la terre est similaire a celle des pygmées, en ce sens que cette ressource est censée appartenir a toute la communauté et que son usage ne peut être exclusif. Encore récemment les Mbororo se limitaient à occuper et à utiliser un espace jusqu'à l’épuisement des ressources, avant de se lancer à la recherche d’une terre plus accommodante. Un Mbororo peut quitter un département pour aller faire paître son troupeau ailleurs, avec ou sans intention de revenir à son point de départ. Il faut néanmoins souligner que de plus en plus, à cause de la réduction de l’espace pastorale et de la démographie galopante, cet aspect de leur mode de vie disparaît progressivement pour faire place à la transhumance. C’est le fait d’avoir un village ou un campement stable où ils vivent toute l’année et partent en saison sèche vers des zones plus clémentes, fertiles. Généralement ce n’est qu’une infime partie de la famille qui se déplace. C’est très souvent le berger et sa famille ou les jeunes adolescents. Le fait pour le Mbororo de fertiliser les terres qu’ils occupent, du fait des déchets de leurs bétails, pourrait en partie expliquer les disputes de type foncier qui les opposent fréquemment aux communautés agricoles c) Le droit de propriété chez les pygmées

Chez les non pygmées, on hérite de la terre, et l’héritier se contente des cultures, de ses ressources et non de la terre en tant que telle. La terre étant un bien communautaire. Aux termes de cette coutume non pygmée, l’habitation, le défrichage et l’agriculture confèrent un droit foncier exclusif transmissible aux descendants. Ainsi, par exemple, un individu ou un lignage non pygmée

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peut se prévaloir d’un droit coutumier de propriété sur un campement pygmée ou alors sur toute une zone de chasse pygmée, simplement parce que lui ou un de ses ancêtres y avait plante un arbre ou un palmier a un moment donne. Cette collusion des coutumes des peuples indigènes et tribaux avec celle d’autres communautés pourrait expliquer également pourquoi des campements des pygmées sont souvent considères comme parties intégrantes des terres appartenant à des lignages non pygmées. Toutes les personnes non pygmées considèrent toutes les terres qu’ils ont défrichées comme les leurs, même si ces dernières se situent à quelques mètres d’un de nos campement. Plus étrange encore, les communautés non pygmées ont ce qu’ils appellent la pratique de la jachère. Il s’agit d’une portion de terre qu’ils ont exploitée et qu’ils laissent en états de reconstitution pour un usage futur. Chez les pygmées cette regle de jachère n’existe pas.

En conclusion

Nous pouvons dire que les Mbororo et Pygmées du Cameroun comme la majorité des populations Autochtones, à cause de leur culture, leurs modes de vie et d’occupation des terres, sont vulnérables, marginalisés et exploités par la population dominante. Ils ne jouissent pas de leurs droits fondamentaux comme l’accès à la terre, aux centres de santé et d’éducation et ne sont pas représentés aux instances de prise de décision (parlement, mairie…). Il y a à peine un adjoint au maire, et quelques représentants aux conseils municipaux qui sont là juste pour orner la galerie et donner l’impression qu’ils sont pris en compte. Par ailleurs il faut dire qu’ils ne bénéficient pas de la plupart des projets de développement même quand ceux-ci sont implantés dans leurs surfaces de vie (pipe line Tchad Cameroun). La non-possession des terres qui appartient à l’Etat et ne faisant pas l’objet de reconnaissance des droits collectifs a comme conséquence les conflits entre ces peuples et les organisations de conservation de la diversité biologique pour les pygmées et avec les autres peuples voisins et les représentants de l’Etat