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Priorisation multicritère sur système à référence spatiale ... · Yadh ZAHAR* Abstract The mid-term economic planning for water and soil conservation works in a

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IntroductionQue ce soit du point de

vue conceptuel ou du pointde vue appliqué, la gestiondes ressources naturelles,et particulièrement la Con-servation des Eaux et duSol (CES), correspond àdes domaines parmi lesplus multiformes. Indé-pendamment des méthodespropres à chaque type d'é-tude de conservation deseaux et du sol (études deplanification ou d'exécu-tion), elles sous-entendenttoutes qu'une approcheméthodologique passe parl'intégration d'un ensembleimportant de facteurs trèsvariés et souvent inter-dépendants (eau, sol,pente, couvert végétal,mais également, popula-tion, pratiques culturales etautres facteurs socio-économiques). Si par définition, laconservation des eaux et du sol est destinée à lutter effi-cacement contre l'érosion des sols, force est de reconnaîtreque cette vision est trop réductrice et cache les facettes mul-tiformes du domaine, notamment les facteurs socio-é-conomiques. Ainsi, par exemple, nous sommes passés d'uneCES sociale, au lendemain de l'indépendance (1956), pourl'encadrement des populations défavorisées (HIZEM :1995), à une CES plus économique, ces dernières décen-nies, avec une recherche de productivité des actions pro-grammées (FAO, 1977), et l'orientation actuelle est la dé-marche intégrée : à la fois sociale (approche participative),économique (développement durable) et technique (amé-nagement intégré), que l'on peut qualifier de démarche pro-

tectrice, productive, par-ticipative, intégrée etdurable (ZAHAR, 1996).

1. La complexitémultiforme du do-maine de la CES1.1. Objectifs etcontenu des étudesde planification

Selon les termes deréférences, les études deplanification des aména-gements de conservationdes eaux et du sol visenttrois objectifs :

a) Lutter efficacementcontre l'érosion et mo-biliser au maximum lesressources en eau de sur-face de la région ;

b) Répondre aux be-soins des populations desorte que celles-ci ado-ptent les aménagements

proposés et participent à leur réalisation ;c) Rentabiliser les investissements qui découlent de ces

aménagements, au niveau des exploitations et à l'échelle dela région.

Ces études ont pour cadre une région administrative (gou-vernorat) et elles doivent déboucher sur un programmed'actions anti-érosives à moyen terme (10 ans) et sur unplan d'aménagement. Elles doivent aider la région à trouverles crédits nécessaires à la réalisation et permettent d'organ-iser l'exécution des travaux.

L'étude de planification est pratiquée par unité d'étude (lebassin versant), auquel on applique le concept d'aménage-ment intégré, et elle se déroule selon le programme suivant

• Analyse de la situationIl s'agit de la phase multidisciplinaire, qui comprend l'-

analyse de chacune des caractéristiques du milieu physique(eau, sol, plantes, relief, etc.) pour faire apparaître la rela-

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Priorisation multicritère sur système à référence spatialepour l'aménagement anti-érosif des bassins versants :

démarche méthodologique et étude de cas pour la presqu'île du cap bon

Yadh ZAHAR*

AbstractThe mid-term economic planning for water and soil conservation works in ageographic or administrative poses a problem of prioritisation by watershed.This prioritisation involves multiple factors related to nature (status of soildegradation, water and soil resources, etc.), but also to socioeconomics (landor production aspects, human or animal pressure on the natural resources,etc…). Even if one can appreciate the particular influence, in qualitative terms,of each of these factors in the priority given to erosion control, it is still diffi-cult to express this influence by representative parameters (criteria) and to setpriorities for watershed according to a rational logic. This article tries to de-velop a simple and well-thought methodology of watershed prioritisation byusing a multicriteria analysis.

Keywords: Erosion - Watershed - prioritisation - multicriteria.

RésuméLa planification à moyen terme des travaux de conservation des eaux et du solpour une région géographique ou administrative pose notamment un problèmede priorisation par bassin versant de ces travaux. Cette priorisation a trait àde multiples facteurs d'ordre naturel (état de dégradation des sols, ressourcesen eau et en sols etc.), mais également socio-économiques (aspects fonciers oude production, pression humaine ou animale sur les ressources naturellesetc.). Même, si on peut se faire une idée qualitative de l'influence un à un deces facteurs dans la priorité à donner dans la lutte anti-érosive, la difficultéest d'exprimer cette influence par des paramètres représentatifs (critères), etde prioriser les bassins versants selon une logique raisonnée. Cet article tentede développer une démarche simple et raisonnée de priorisation des bassinsversants, en s'appuyant sur une analyse multicritère.

Mots-clés: Erosion - bassin versant - priorisation - multicritère.

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*Docteur - Ingénieur Maître de Conférences du GREF, Faculté de LaManouba, Département de Géographie

Jel classification: Q240

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tion de celle-ci avec l'état de l'érosion actuelle et les risquesde dégradation future, et qui doit également faire ressortirles données indispensables pour la planification future. Lesaspects socio-économiques et institutionnels doivent aidernotamment à mesurer le degré de participation des commu-nautés, leur sensibilité à l'érosion et leurs attentes du projet.

A la lumière de ces différentes caractéristiques et confor-mément à la carte de l'érosion, des zones à aménager serontdéfinies pour chaque bassin versant.

• Planification des aménagements et élaboration desplans d'aménagement

Il s'agit de procéder à la « lecture » et à l'interface des d-ifférentes « couches d'information », pour dégager les po-tentialités et les contraintes par bassin versant et proposerles aménagements adéquats.

• Etude de la situation avec projet (étude économique etétude d'impact)

Cette dernière phase doit mettre en relief le développe-ment futur de l'espace rural, l'analyse économique et derentabilité ainsi que l'étude de l''impact sur l'environnement.

1.2. Les limites et l'arbitraire de la démarcheclassique

L'expérience montre que les difficultés majeures d'une é-tude de planification ne résident pas vraiment dans le choixdes techniques anti-érosives les plus efficaces et appro-priées à chaque situation, mais dans l'élaboration d'ap-proches et méthodes qui intègrent aussi bien les aspectstechniques que socio-économiques et qui concilientl'ensemble des préoccupations et intérêts de l'analyse de lasituation de base. En effet, cette analyse débouche sur denombreux résultats qu'il s'agit de structurer (globalisationdes connaissances et orientation vers l'essentiel), avant depouvoir les compiler.

Face à la complexité et la multitude des résultats de la sit-uation de base et sans véritables démarches et méthodes, lesprocessus décisionnels sont confus. Classiquement, les dé-marches adoptées n'offrent qu'une vision réduite pour es-timer la vrai valeur des avantages que pourrait dégager unecollectivité d'un bassin versant à la suite d'un aménagementanti-érosif. Dans le meilleur des cas, on considère qu'unbassin versant est prioritaire à cause de l'état de dégradationdes sols relativement alarmant. La majorité des décisionssont d'ailleurs prises sur la base d'expertises spécifiquesd'un ou plusieurs spécialistes (géomorphologue, pédologue,socio-économiste etc.), ou sur des considérations basées surdes préoccupations politiques, économiques, sociales ouenvironnementales. Cette façon de faire exige du décideurde soupeser un ensemble complexe de facteurs sur une baseparfois objective, parfois subjective, mais en tout cas sou-vent intuitive (Dupont et al., 1998). La réalité est autrementplus complexe et la planification des aménagements deconservation des eaux et du sol doit souvent concilier demultiples objectifs. D'autant que ces dernières années ontpermis de voir apparaître plusieurs nouveaux concepts de

gestion et de conservation des ressources naturelles : l'ap-proche écosystémique, l'approche participative, l'approcheintégrée, le développement durable, etc. Ces nouvelles ap-proches visent pour la plupart à fournir une démarche plusglobale, permettant de confronter les multiples problèmestouchant le domaine. Elles reposent parfois sur des fonde-ments théoriques difficiles à traduire en termes pratiques.Les perceptions de ces approches sont d'ailleurs générale-ment floues pour les décideurs qui se posent souvent desquestions bien plus terre à terre. On cite :

- Comment choisir un bassin versant prioritaire qui puissesatisfaire plusieurs objectifs à la fois ? protection des sols,conservation des eaux, production agricole, etc.

- Quels sont les critères déterminants pour prendre unedécision de priorisation ?

- Quel est l'aspect prépondérant ? l'aspect social ? l'aspecttechnique ? ou l'aspect économique ?

- Quelle démarche faut-il adopter pour concilier et a-gréger des critères aussi contradictoires, et pas toujoursquantifiables, ou non-quantifiables dans un même systèmed'unités ?

Les liaisons extrêmement complexes, dans l'espace etdans le temps, entre les activités de l'homme et l'environ-nement sur lequel il agit et qu'il modifie, font que l'amé-nagement des bassins versants et la gestion des ressourcesnaturelles (eau et sol), constituent un exercice complexe etmultidisciplinaire (Chocat et al., 1990).

Les notions d'aménagement et de gestion sont d'ailleurscomplémentaires et indissociables. On notera que l'amé-nagement concerne plus un aspect spatial, alors que la ges-tion s'inscrit dans le temps. L'aménagement intégré consistealors à ne pas considérer chaque thème étudié séparément(hydraulique, agronomique, écologique, social, é-conomique, etc.). Le concept même de l'aménagement inté-gré des bassins versants repose sur l'idée que toutes lescomposantes d'un système doivent avoir une part d'influ-ence sur la décision. La prise de décision devrait cependantêtre réalisée sur la base d'un compromis acceptable ou lemoins irritant possible pour tous les intervenants (solutionla moins contraignante).

Cette problématique demande un difficile effort d'intégra-tion du décideur qui, de plus, ne possède souvent pas tousles éléments pour l'aider dans sa démarche décisionnelle.Les études de planification sont un bon prétexte pour aiderle décideur dans sa démarche future et lui déblayer le ter-rain.

2. Pour une approche multicritère2.1. Intérêts et limites de la démarche

Dans une démarche multicritère, la sélection des bassinsversants prioritaires doit obéir à des critères de choix, où serencontrent généralement des éléments de type qualitatif etquantitatif. Pour fixer ce choix, plusieurs paramètres « in-dicateurs » doivent être pris en considération en les soumet-tant à un système d'agrégation qui, en fonction de la

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pondération attribuée à chaque critère,permet d'obtenir une priorisation directe-ment dépendante, il faut le souligner, dusystème de pondération "inter-critère" u-tilisé.

Il est donc fondamental de ne pas perdrede vue que tout système d'agrégation et depondération a un caractère subjectif in-évitable, faisant que la méthode a pour butd'aider à la prise de décision, mais il nepeut pas garantir de façon absolue qu'ils'agisse de la meilleur décision. En effet,l'importance relative attribuée à chaquecritère avec le classement général qui endécoule reste une décision basée sur la"meilleure réflexion possible", mais in-évitablement subjective (Vincke, 1989).

S'il est relativement simple d'attribuerun classement pour un critère quantitatifdéfini - il suffit de trier les résultatsobtenus sans pour autant recourir forcément à une formula-tion mathématique- il est plus difficile, en revanche,d'adopter une décision qui demande la prise en considéra-tion de plusieurs critères à la fois. Le classement finaldépend du poids attribué à chaque critère objet dans ce typed'analyse : le recours à une technique d'agrégation multi-critère devient nécessaire pour effectuer des calculs depondération sur une base homogène.

Il importe enfin d'effectuer une analyse de sensibilité pourvérifier si la solution de référence s'en trouve fortement per-turbée. En effet quelle sécurité peut-on attribuer au classe-ment, si pour une relative modification sur le système depondération il s'en trouvait fortement perturbé ?

Les étapes d'une démarche multicritère peuvent ainsi êtrerésumées comme suit (Martel, 1988) :

a. identification des actions potentielles (solutions possi-bles, variantes et scénarios) ;

b. définition des critères à prendre en considération ;c. évaluation de la performance de chacune des solutions

par rapport à chacun des critères ;d. agrégation de ces évaluations pour désigner la solution

qui jouit globalement des meilleures évaluations.

2.2. Définition des critèresDans le cas de la sélection de zones ou bassins versants

prioritaires, plusieurs dizaines de critères pourraient être i-dentifiés (Zahar, 1988, Chevallier, 1997). Leur importanceest inégale et relative (vrai-critère, pseudo-critère, quasi-critère). Il convient toutefois d'en limiter le nombre à ceuxqui, en fonction même de l'objectif de l'étude, apparaissentdéterminants. En effet, si on considère une démarche moinsglobale que pratique, le concept d'aménagement anti-érosifintégré par bassin versant se traduirait par des actions ten-ant compte des interactions entre composantes du bassin,parmi lesquelles certaines sont prédominantes (les plus af-fectées par la décision ou celles qui l'influence le plus). Il

convient, donc, de retenir celles qui, dans une démarchemulticritère, seraient les plus pertinentes, les plus discrimi-nantes et non redondantes.

2.3. Formulations mathématiquesComme modèle d'intégration des critères, on cite les

méthodes les plus connues de type ELECTRE (ELimina-tion Et Choix Traduisant la Réalité, Benayoun et Roy,1966), ou l'approche SEMOPS (Sequential MultiObjectiveProblem Solving, Monarchi, 1982), PROMETHEE etc. Onpeut aisément imaginer la quantité imposante de modèlesdisponibles. Afin de ne pas alourdir l'exposé de cet articlepar le développement des différentes méthodes, nous ren-voyons le lecteur à la littérature. Bogardi et Nachtnebel(1994) ont notamment publié une synthèse de travaux sur lesujet.

Il convient cependant de bien saisir que, compte tenu deplusieurs contraintes, liées aux données (disponibilité,délais d'acquisitions, fiabilité, synergie etc.), liées aux mod-èles (incertitude, niveau de confiance, flexibilité, technolo-gies etc.) et liées à l'organisation humaine (manque de qual-ification, manque de personnel, complexité de l'outil,charge de travail, etc.), il vaut mieux s'appuyer, dans le casd'espèce, sur des modèles simples, faciles à développer et àcontrôler et reposant sur une technologie accessible (progi-ciels). Sans quoi, les contraintes citées précédemment, etbien d'autres encore identifiées (KING, 1996), pourraientrapidement décourager les planificateurs ou les utilisateurspotentiels.

3. Etude de cas de priorisation multicritere3.1. Essai d'une priorisation raisonnée pour

les bassins versants du Cap BonLa presqu'île du Cap Bon (gouvernorat de Nabeul) se

prête bien à cet exercice (Figure 1)

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Figure 1. La presqu'île du Cap Bon

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Elle se compose de quinze petits cours d'eau quidébouchent en mer et dont les bassins versants sont demême échelle de taille (de l'ordre de 50 à 100 km_). Sur leplan agricole et économique, ce gouvernorat a une place dechoix : avec seulement 5% de la superficie du pays, il par-ticipe à 14% de la production agricole nationale. La sauve-garde des ressources naturelles et particulièrement, la con-servation des eaux et du sol, revêtent donc une importancecapitale.

Compte tenu de la devise des études de planification quidoivent être « techniquement efficaces, socialement accept-ables et économiquement rentables », ces trois critères,composés chacun de deux indicateurs sont retenus. Il estentendu que l'identification des priorités repose sur cescritères, qui permettent d'étudier au minimum trois vari-antes (une variante technique, une variante économique etune variante sociale).

3.2. Critère techniqueIndicateur : indice global d'érosion (IE)L'érosion est une donnée essentielle, fiable, et disponible

(l'assise de base d'une étude CES, et de surcroît de planifi-cation, est la carte de l'érosion). Cette carte est réalisée surla base de l'état de l'érosion actuelle et des risques d'érosionfutures. Conclure que la zone prioritaire à traiter est celle laplus érodée n'est pas toujours vrai. Une zone qui a com-plètement perdu son sol, sa réhabilitation est presque tou-jours impossible, ou fort coûteuse, notamment lorsque laroche est à nue. Aussi classer la priorité en fonction desrisques potentiels seulement, risquerait de nous amener àdélaisser les sols dans un état potentiellement récupérable.Donc, la priorité est établie en pondérant l'état de dégrada-tion et le risque potentiel, afin d'obtenir un ratio, indiceglobal de l'érosion (IE) par bassin versant. Plus la valeur del'indice global de l'érosion est élevée, plus la priorité parrapport à l'érosion est prononcée pour le bassin considéré.

Indicateur : indice global de biovolume (IBV)Le Cap Bon appartient aux étages bioclimatiques sub-hu-

mide et semi-aride supérieur et dans cette région, le couvertvégétal joue un rôle principal dans la modification de l'éro-sion hydrique. En effet, de nombreuses recherches menéesun peu partout dans le monde (bassin méditerranéen,Afrique sahélienne et tropicale, U.S.A etc.) s'accordent àdire que parmi les facteurs qui modifient l'intensité de l'éro-sion hydrique, le couvert végétal a de loin le rôle principal(variation de 1 à 1000), puis viennent la pente (1 à 50), letype de sol (1 à 10) et les pratiques anti-érosives (1 à 10)(Roose, 1976).

La valeur de l'indice de biovolume dépend de l'occupa-tion du sol (forêts, parcours, cultures annuelles, arboricul-tures, etc.) et elle se calcule en tenant compte du pourcent-age de recouvrement du sol et de la hauteur de la stratevégétative de la manière suivante :

Ib = ri . hiri: Recouvrement de la strate i.hi: Hauteur de la strate i.

A chaque type d'occupation du sol, correspond donc unindice spécifique de biovolume. L'indice global de biovol-ume (IBV) par bassin versant se calcule par pondération desindices de chaque strate du bassin versant en fonction de sasuperficie.

Les valeurs d'indices obtenues globalement pour chaquebassin versant sont triées par l'inverse des valeurs, indi-quant ainsi la priorité des bassins (le bassin prioritaire estcelui qui a la plus faible valeur de biovolume).

3.3. Critère économiqueLa prise en compte du seul critère physique conduirait à

ne retenir en principe que les zones où la situation est laplus dégradée ou la plus menacée par l'érosion. Dans la pra-tique, particulièrement dans une économie où les ressourcessont limitées, toute opération de protection du patrimoinesans une évaluation coût - rentabilité serait incomplète. Ilconvient donc de rajouter le critère économique au critèrephysique afin de mieux évaluer l'opportunité de l'opérationenvisagée.

Les indicateurs économiques retenus pour la sélection desbassins versants prioritaires sont la valeur actuelle de laproduction et le potentiel de production après aménage-ment.

Indicateur : valeur globale de production (VP)La prise en compte de cet indicateur est basée notamment

sur le fait qu'il peut exister "normalement" une relation en-tre l'importance économique du bassin versant et sa capac-ité à supporter les coûts des investissements CES. L'indica-teur valeur globale de production est calculé pour chaquebassin versant en milliers de Dinars. Les calculs au niveaude chaque bassin versant ont été faits sur la base de la situ-ation agricole actuelle et des systèmes de prix en vigueur.Un classement sur la base de cette valeur traduit l'impor-tance économique des bassins versants les uns par rapportaux autres.

Indicateur : potentiel global de production (PP)Compte tenu des possibilités d'amélioration de la produc-

tion agricole par bassin versant (gain de production suiteaux aménagements CES programmés), cet indicateur per-met de donner la priorité aux bassins versants qui disposentdu meilleur potentiel de production en dinars.

3.4. Critère socialL'ajout d'un critère social aux critères économique et

physique apparaît une nécessité dans des régions où les po-tentialités sont non seulement souvent limitées, mais aussien danger par rapport aux activités et pratiques agricoles del'exploitant. Il est intéressant d'essayer de faire apparaîtreune hiérarchisation du "social" qui, en fonction de l'impor-tance qu'on lui attache, peut influer sur le classementgénéral que l'on obtiendrait à partir des seuls critèresphysique et économique.

Enfin, il convient de relever que, dans ces régions, les in-vestissements anti-érosion ne visent pas un objectif pure-ment économique, mais aussi un objectif social (stabilisa-

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tion de la population, réduction de la pauvreté, participationde la population à l'aménagement et à son entretien etc.).

Deux indicateurs spécifiques au gouvernorat de Nabeulsont proposés tout naturellement comme critère social danscette analyse :

Un indicateur du morcellement des terres (superficies in-férieures à 5 hectares) et un indicateur de la pression hu-maine sur les ressources naturelles (densité de populationrurale/ha labourable).

Indicateur : morcellement foncier (MF)Les problèmes fonciers dans le gouvernorat

de Nabeul se posent avec une acuité remar-quable relativement au reste du pays (72% desexploitations ont moins de 5 ha et 89% moinsde 10 ha). Nous savons que le morcellementfoncier constitue un frein à toute action CES etdéveloppe chez les petits exploitants des atti-tudes de refus à tout aménagement (indivi-sions, situations foncières non apurées, conflitsentre héritiers, pertes de surfaces, intervention-nisme de l'administration, faibles ressources fi-nancières, gêne du labour, etc.) Nous les inté-grons dans notre système d'analyse afin de fa-voriser, si tant est, les bassins versants les"moins morcelés". Comme indicateur declassement des bassins prioritaires par rapportà cet indicateur, il est retenu le pourcentage deparcelles supérieures à 5 ha dans chaque bassinversant.

Indicateur : pression anthropique (PA)La mécanisation aidant et le morcellement

des terres existant font que, ces vingt ou trentedernières années, on assiste de plus en plus àune intensification de la production avec, pourconséquence, une forte pression humaine surles ressources en sols et à leur dégradation deplus en plus accélérée. La pratique du labourdans le sens de la pente sur de petits lopins deterre morcelés (également dans le sens de lapente) en est une manifestation évidente et elledétermine les paysages désolants de quelquesrégions, particulièrement dans le nord.

L'indicateur densité de population rurale estbasé sur le nombre d'habitant agricole/ha

labourable pour chaque bassinversant et il permet de classerles bassins verants en fonctionde la « pression anthropique ».

4. Analyse multicrite-re a l'aide d'un S.I.G.

Une fois les critères choisis,il s'agit de réaliser une com-paraison et une synthèse desrenseignements multiformes(technique, social, é-

conomique), en vue d'établir une corrélation entre un sitegéographique donné (une zone) et les attributs qui lui sontpropres.

L'analyse multicritère est basée sur l'utilisation concomi-tante des six indicateurs définis ci-dessus, formant deux àdeux les trois critères (figure 2). D'ores et déjà, nous avonspris pour situation de référence un poids égal entre les troiscritères du projet, à savoir : la composante technique, la

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composante sociale et la composante économique. L'ap-proche méthodologique au niveau du traitement reste baséesystématiquement sur l'attribution d'un poids (notation)pour chaque indicateur. Une fois la valeur maximale (ouminimale) fixée, les autres notations sont proportionnelles àcette valeur, le processus mathématique donnant au systèmede notation un caractère rigoureux. Le classement généralde chaque bassin versant dépend dutotal de points obtenus (sommationdes valeurs points des critères).

L'analyse spatiale et le croise-ment des couches d'information estune démarche aujourd'hui parfaite-ment opérationnelle et prouvéepour une priorisation multicritère.L'outil utilisé est donc le S.I.G, ci-dessous, un rappel des fonctionsd'un S.I.G et des étapes à suivre(figure 3).

4.1. Règles générales dansl'élaboration de la basede données géo-graphiques

Dans toute mise en place d'unsystème d'information géo-graphique, on devrait penser à sat-isfaire les besoins actuels et futursde gestion et de planification (étudede faisabilité, avant projet, étude deplanification, d'exécution, suivi,contrôle, etc.). Ainsi, il est impor-tant d'identifier dans la base de don-nées toutes les informations(disponibles ou même manquantes)nécessaires à l'analyse, la planifica-tion et la prise de décision. Ceci est

justifié par le fait que la base de données devraitêtre flexible afin de pouvoir répondre aux besoinsnon prévus. Cette étape devrait être suivie parl'élaboration d'un modèle conceptuel de donnéespermettant de décrire les informations et les liensqui les unissent. Enfin, dans la saisie des donnéescartographiques, il faudrait veiller à vérifier la con-formité, la cohérence et la non-redondance desdonnées (les critères définis sont valides).

4.2. Croisement des couches d'infor-mation

L'information géographique relative à la mêmeétendue spatiale est, pour la plupart des SIGs., sé-parée en différents thèmes ou couches d'informa-tion indépendantes. Il est ainsi possible de les u-tiliser séparément, de les recombiner pour les dif-férentes analyses ou de les superposer pour la vi-sualisation ou l'établissement de cartes théma-

tiques. La séparation de l'information en plusieurs thèmespermet d'améliorer la gestion de la base de données et l'ef-ficacité des requêtes. Toutes les couches d'information sontsuperposables lorsqu'elles sont définies dans le même sys-tème de référence (figure 4).

4.3. Techniques d'analyse spatialeL'un des points forts du S.I.G. est sa capacité à effectuer

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des analyses spatiales d'une grande complexité en combi-nant plusieurs couches d'information avec leurs tables at-tributaires, comme il est indiqué dans la figure 5.

A ce niveau, doivent intervenir les thématiciens pour dé-cider de la démarche à suivre dans le traitement et l'analysedes informations disponibles (agronome, pédologue, amé-nagiste, etc.). Le choix des critères d'analyse et des opéra-tions spatiales dépend des spécificités de chaque théma-tique. En admettant que l'analyse et les critères adoptéssoient objectifs, la qualité des résultats dépendra surtout dela qualité des données, de leur degré de précision et de leurpertinence en matière de discrimination spatiale et dans lapriorisation.

5. RésultatsEn situation de référence, en attribuant un poids égal aux

trois critères, on obtient un premier classement (figure 6) oùil est possible de distinguer un premier groupe constitué parles bassins de Haouaria, Tazoghrane, Menzel Temmime etLebna (priorité 1). La priorité 2 est celle des 6 bassins ver-sants suivants (tableau 1). Le bassin versant de Nabeul BeniKhiar, paraît très peu prioritaire (priorité 3).

5.1. Evaluation de la performance dessolutions par rapport à chacun descritères

Le classement en situation de référence n'est pasl'unique solution et comme nous l'avons dit, il n'ex-iste pas de solution rationnelle, mais plutôt de mul-tiples dimensions à rationalité différente et parfois,en conflit. D'autres scénarios sont donc envisage-ables.

Suite à une pondération significative des scores obtenuspour un critère par rapport aux deux autres (coefficient dou-ble des points du critère pondéré), il a été procédé à 3 autressolutions que nous qualifierons, respectivement, de variantetechnique (doublement des points techniques), variante é-conomique et variante sociale qui, rajoutées à la solution deréférence, portent à quatre le nombre de combinaisons.

On évalue ainsi la performance de chacune des solutionspar rapport à chacun des critères. Manifestement, un pre-mier groupe de bassins versants se distinguent quelle quesoit la variante adoptée et ils se classent toujours en priorité1. Il s'agit des bassins versants de : Haouria, Menzel Tem-mime, Tazoghrane et Lebna. D'autres se situent souventdans le tiers inférieur. Il s'agit très nettement du bassin N-abeul Beni Khiar, des bassins de Bezirk, Masri, Bey etSoltane. Le tiers médian se compose du reste des bassinsversants que nous classerons en priorité deux. Sachanttoutefois que si on penche pour l'une ou l'autre des varianteset particulièrement, pour l'un des bassins versants, on peutêtre tenté de le reclasser. A ce titre, il est possible par ex-emple, pour des raisons économiques ou sociales, de re-hausser le bassin Abid en priorité 1, à cause de la forte pres-sion anthropique et du potentiel de production agricole.

5.2. Analyse de sensibilité : validation/rejetOn peut procéder à des tests de sensibilité, au moins pour

vérifier si le classement des unités tel qu'obtenu en situationde référence, est rapidement modifié pour de simples vari-ations du système de notation. En effet, si tel était le cas, ilserait difficile de se prononcer avec une sécurité suffisantepour la sélection des bassins versants prioritaires, car il ex-iste toujours un côté arbitraire dans un système de notation.Si, par contre, pour une variation significative du nombrede points, le classement général n'est que peu affecté, unecertaine confiance peut être accordée à la sélection deszones prioritaires telle qu'issues de la solution de référence.On note (tableau 2) que les écarts de classement d'une vari-ante à l'autre sont faibles ; nous avons enregistré, toutesvariantes confondues, les écarts de rang suivants :

Donc, dans 85% des cas, les écarts de rang d'une varianteà l'autre sont de 2 rangs au maximum, ce qui démontre une

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Tableau 1. Classement des bassins versants

rang PRIORITE 1 rang PRIORITE 2 rang PRIORITE 3

1 HAOUARIA 5 HAMMAMET 11 BEY 2 TAZOGHRANE 6 ABID 12 BEZIRK 3 MENZEL TEMMIME 7 JEDIDI 13 MASRI 4 LEBNA 8 KORBA 14 SOLTANE

9 CHIBA 15 NABEUL BENI KHIAR 10 KELIBIA

Tableau 2 . Test de sensibilité

éca rt de rang 0 1 2 3 5 % 27% 60% 85% 98% 100%

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faible sensibilité du système de notation et permet d'ac-corder plus de confiance aux critères et indicateurs de dis-crimination sélectionnés.

6. Commentaires et recommamdations Le cas qui vient d'être exposé nous suggère les réflexions

sur les points suivants :- La méthodologieSouvent, on a tendance à accorder une importance

prépondérante à la phase d'agrégation (développementsmathématiques) qui conduit parfois à des modèles com-plexes, rigides et peu conviviaux. Mais il faut savoir que,même si l'agrégation correspond encore à une simple « cui-sine », cela n'empêcherait pas la pertinence de la décision,à condition qu'on ne néglige pas le choix des critères(Montgolfier et Bertier, 1978). Le caractère essentiel de laméthode développée est donc sa cohérence, sa simplicité etsa souplesse. Cette simplicité, volontairement adoptée, estdirectement dépendante du problème posé d'une manièrerelativement simple (priorisation des bassins versants) et deseulement trois critères identifiés, quoique essentiels, dansle processus de décision, en matière de planification destravaux CES.

- Le choix des critèresSi les trois critères retenus sont indiscutables, on peut

néanmoins en imaginer d'autres (environnement,développement durable, etc.) : en effet, que sait-on aujour-d'hui des valeurs que (au bout de la période du projet) lesgénérations futures attacherons aux ressources naturelles ?Il va sans dire qu'au sein de ces trois critères, les indicateurssont beaucoup plus changeables, d'un région à l'autre (bi-lans hydriques, fertilité des sols, aridité, chômage, pauvreté,exode, etc.), même si, en terme absolu, l'indicateur de l'éro-sion paraît incontournable.

- La pertinence des résultatsDans une démarche classique, quand des situations con-

flictuelles existent entre telle ou telle décision, le choix ar-bitraire peut pencher en fonction du rapport de forces.Généralement, ce rapport de force profite au décideur quiest souvent l'aménageur et qui peut conduire à ignorer cer-taines exigences des populations. L'approche multicritèrepermet d'intégrer leurs besoins et permet en effet de con-fronter des points de vue différents, voire opposés. Même sielle ne permet pas de dégager une solution unanime, ellemet cependant en lumière des points de vue contradictoires,voire en conflits et conduit à ajuster une décision qui seraitla moins contraignante possible pour la majorité des acteurs(notion de « satisfaicum »).

ConclusionL'approche multicritère des problèmes de décision mar-

que sans doute une évolution dans les études de conserva-tion des eaux et du sol. La réflexion à laquelle nousvenons de nous livrer est sans doute généralisable à beau-coup d'autres situations de prise de décision et elle ac-compagne l'évolution des récents concepts d'études (amé-

nagement intégré, approche participative etc.). Ceci dit, le foisonnement des procédures (multi-attributs,

multi-objectifs etc.) et les applications possibles (échellenationale, régionale ou locale) nous invite à reconsidérer,sur des bases plus rigoureuses et plus théoriques, les con-cepts et les méthodes, afin de perfectionner la méthodolo-gie des études (de planification et d'exécution), de sortequ'elles soient plus cohérentes avec ces nouveaux conceptset outils numériques d'aide à la décision (systèmes d'infor-mation à référence spatiale, systèmes experts, systèmesd'aide à la décision, tableaux de bord, modèles mathéma-tiques etc.).

Enfin, cette démarche de priorisation multicritère de pro-jets de lutte anti-érosive est testée et pratiquée avec satis-faction depuis une dizaine d'années, notamment sur l'île deSantiago au Cap Vert (aménagement hydro-agricole desbassins versants arides) et en Nouvelle Calédonie (luttecontre l'érosion hydrique du fait des activités minières).Dans ces études, les critères de priorisation adoptés ont étésdifférents, en fonction des problématiques spécifiques lo-cales relatives aux contextes et aux milieux qui les carac-térisent (arides, tropicaux, etc.)

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