4
Prise de position sur l’accès libre à la recherche Présenté par David Alexandre Galiano Avec la participation de Camille Pelletier Vernooy Adoptée au Congrès national d’automne 2014, Sherbrooke Introduction L’accès libre à la recherche se définit par la disponibilité sans restriction, immédiate et gratuite au savoir de haute qualité et révisé par les pairs, à quiconque détient une connexion Internet, sans oublier le droit de pouvoir, par la suite, utiliser les résultats de la recherche à leur plein potentiel. Dans un contexte où l’exercice de la médecine telle qu’enseignée dans nos facultés repose en grande partie sur les fruits de la recherche académique, le corps médical au complet, des étudiant.e.s aux médecins en passant par les professeur.e.s et les chercheure.es, et même la population au complet, devrait avoir accès libre à la recherche sans embûche financière ou logistique aucune. Cependant, le mode préféré de communication et de dissémination de la recherche est présentement de publier ses résultats dans les journaux scientifiques dont les droits d’utilisation exorbitants bloquent le libre accès aux toutes dernières découvertes et résultats. Ceci (1) empêche leur utilisation rapide par d’autres chercheures et chercheurs afin de faire progresser la rechercher, (2) dédouble les efforts et ressources de chercheures et chercheurs travaillant sur les mêmes sujets puisqu’elles et ils ne sont pas au courant de ce qui se fait ailleurs, (3) limite de façon tout à fait injuste l’accès aux meilleures informations possibles dans le processus académique aux étudiantes et étudiants qui n’ont pour ainsi dire pas les moyens de se payer des abonnements aux journaux scientifiques, (4) prive les patientes et patients des dernières découvertes médicales dont elles et ils pourraient bénéficier et (5) prévient le public d’avoir accès aux meilleurs études qui les touchent directement, sur des sujets comme l’environnement, la gestion gouvernementale ou la santé publique. Nani gigantum homeris insidentes ou Des nains sur des épaules de géants. Cette citation de Bernard de Chartres, philosophe du XIIe siècle, reprise par Blaise Pascal et Isaac Newton, entres autres, est aussi le slogan de Google Scholar, moteur de recherche permettant de trouver efficacement n’importe quel article sur n’importe quel sujet encore faut-il y avoir accès. Utiliser les résultats d’une recherche financée en très grande partie par le public devrait être un droit, et les étudiantes et étudiants en médecine du Québec se doivent de promouvoir un accès juste et universel pour toutes et tous à ce bien commun.

Prise de position sur l'accès à la recherche

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Adpoptée le 4 octobre 2014

Citation preview

Prise de position sur l’accès libre à la recherche

Présenté par David Alexandre Galiano Avec la participation de Camille Pelletier Vernooy

Adoptée au Congrès national d’automne 2014, Sherbrooke

Introduction L’accès libre à la recherche se définit par la disponibilité sans restriction, immédiate et gratuite au savoir de haute qualité et révisé par les pairs, à quiconque détient une connexion Internet, sans oublier le droit de pouvoir, par la suite, utiliser les résultats de la recherche à leur plein potentiel. Dans un contexte où l’exercice de la médecine telle qu’enseignée dans nos facultés repose en grande partie sur les fruits de la recherche académique, le corps médical au complet, des étudiant.e.s aux médecins en passant par les professeur.e.s et les chercheure.es, et même la population au complet, devrait avoir accès libre à la recherche sans embûche financière ou logistique aucune.

Cependant, le mode préféré de communication et de dissémination de la recherche est présentement de publier ses résultats dans les journaux scientifiques dont les droits d’utilisation exorbitants bloquent le libre accès aux toutes dernières découvertes et résultats. Ceci (1) empêche leur utilisation rapide par d’autres chercheures et chercheurs afin de faire progresser la rechercher, (2) dédouble les efforts et ressources de chercheures et chercheurs travaillant sur les mêmes sujets puisqu’elles et ils ne sont pas au courant de ce qui se fait ailleurs, (3) limite de façon tout à fait injuste l’accès aux meilleures informations possibles dans le processus académique aux étudiantes et étudiants qui n’ont pour ainsi dire pas les moyens de se payer des abonnements aux journaux scientifiques, (4) prive les patientes et patients des dernières découvertes médicales dont elles et ils pourraient bénéficier et (5) prévient le public d’avoir accès aux meilleurs études qui les touchent directement, sur des sujets comme l’environnement, la gestion gouvernementale ou la santé publique.

Nani gigantum homeris insidentes ou Des nains sur des épaules de géants. Cette citation de Bernard de Chartres, philosophe du XIIe siècle, reprise par Blaise Pascal et Isaac Newton, entres autres, est aussi le slogan de Google Scholar, moteur de recherche permettant de trouver efficacement n’importe quel article sur n’importe quel sujet – encore faut-il y avoir accès. Utiliser les résultats d’une recherche financée en très grande partie par le public devrait être un droit, et les étudiantes et étudiants en médecine du Québec se doivent de promouvoir un accès juste et universel pour toutes et tous à ce bien commun.

Texte principal Le libre accès repose sur deux méthodes fondamentales, à savoir l’auto-archivage d’articles par leurs auteures et auteurs et la publication du savoir dans des journaux libres, c’est-à-dire essentiellement gratuits [4].

L’auto-archivage se définit par l’acte de la chercheure ou du chercheur de placer son article de elle- ou lui-même sur une base de donnée personnelle ou celle de l’institution où elle ou il travaille, appelé dépôt institutionnel. La base de donnée est accessible en ligne et gratuitement. Au Québec, bien que la majorité de nos universités ait des dépôts institutionnels pour les thèses et mémoires produits, très peu oblige le dépôt obligatoire d’articles scientifiques sur ces bases de données.. Les instituts finançant la recherche commencent à peine à s’y mettre [1]. Il est important de se rappeler que 80 % de la recherche est financée à même les fonds publics [7] : c’est donc dire que la très grande majorité du savoir produit appartient à la population et devrait être accessible à n’importe quelle citoyenne et n’importe quel citoyen. Il est d’ailleurs important de mentionner qu’une étude menée auprès de chercheures et chercheurs québécois.e.s en sciences de la vie révèlent que seulement 31% sont à l’aise avec le concept d’auto-archivage et 12 % ont déjà auto-archivé leurs travaux sur une plateforme Internet [8]. Ces données montrent à quel point un travail de sensibilisation est nécessaire auprès de la communauté scientifique québécoise.

Les revues scientifiques en libre accès sont celles dont la licence de consultation est gratuite et sans aucune restriction pour la réutilisation des publications. Tous comme les articles publiés par des éditeurs plus « traditionnels », ils sont révisés par les pairs et de très grande qualité. Selon l’Association of Research Libraries, entre 1986 et 2003, le prix d’achat des licences par les univeristés permettant d’accéder aux revues scientifiques a bondi de 315%, quand pour la même période, l’inflation n’a été que de 68% [6] . Encore plus frappant, selon des données de 2007 et 2008, Elsevier faisait une marge de profit de 31%, ce qui est plus que Google, Apple, ExxonMobile, Starbucks, eBay et bien d’autres [7][5]. Et qu’en retire les chercheures et chercheurs? Pas un sous. Cette profonde incohérence mènent les universités à soit augmenter leur budget d’accès aux publications, soit à couper dans ce dernier, limitant ainsi la diversité des journaux auxquels le corps académique et étudiant d’une institution a accès, touchant spécifiquement les universités plus petites ou avec moins de fonds [7].

À l’heure actuelle, environ 20% des journaux autour du monde sont en libre accès [2]. La principale raison pour laquelle les chercheures et chercheurs sont réticent.e.s à publier dans ceux-ci est l’impact diminué que pourrait avoir leur article dans ce type de publication et le manque de réputation que ces journaux n’ont pas encore – et dont elles et ils dépendent pour l’avancement de leur carrière, l’application aux bourses et le rayonnement de leur institution [8]. Plusieurs études tendent maintenant à démontrer que les publications en accès libre ont un impact grandissant car étant disséminée sans barrière, elles touchent beaucoup plus de gens. Il faut donc repenser le modèle d’affaire de la diffusion de la recherche qui est loin d’être durable et les principes de l’accès libre sont selon IFMSA-Québec, la voie à suivre.

Depuis près de 20 ans, le mouvement se met en marche et de multiples associations se forment pour défendre et promouvoir l’accès libre à la recherche et à ses publications. De nombreuses déclarations ont été signées, dont la Budapest Open Access Initiative et le Student Statement on the Right to Research the la Coalition pour le Droit à la Recherche. L’International Federation of Medical Students’ Associations a récemment adopté une prise de position sur le sujet. Les étudiantes et étudiants en médecine du Québec se doivent de contribuer avec tous les outils à leurs dispositions.

Position C’est pourquoi IFMSA-Québec, de par son mandat d’améliorer la santé d’ici et d’ailleurs, lance un appel en faveur :

1. De l’implantation d’un libre accès à l’information scientifique et technique: gratuit, immédiat et par les médias électroniques

2. Du développement dans les universités d’un libre accès à des ressources d’éducation pour tous: du matériel éducatif d’une qualité académique supérieure que tous peuvent utiliser, adapter et partager.

3. De l’implantation de l’ouverture des données comme philosophie d’accès à l’information, mais aussi comme pratique de publication de données librement accessibles et utilisables par tous sans égard au statut, au cheminement scolaire et au degré d’éducation

4. De l’incorporation d’une telle pratique plus spécifiquement par toutes les facultés de médecine du Québec

C’est pourquoi IFMSA-Québec, de par son mandat d’améliorer la santé d’ici et d’ailleurs, reconnaît que le libre accès à l’information scientifique et technique:

1. Améliore l’éducation des étudiant-es dans toutes les facultés et plus spécifiquement dans les facultés de médecine du Québec;

2. Démocratise l’accès à la recherche et à une éducation supérieure permettant l’accès à de l’information de qualité et diminuant l’inégalité de chances notamment pour le développement de médicaments essentiels;

3. Permet l’avancement et l’accélération de la recherche et de l’éducation 4. Améliore la visibilité et l’impact des découvertes scientifiques pouvant être

bénéfiques pour tout

C’est pourquoi IFMSA-Québec, de par son mandat d’améliorer la santé d’ici et d’ailleurs, s’engage à:

1. Refuser toutes subventions ou partenariats avec des organisations qui actuellement ou dans le passé ont milité activement contre le libre accès à l’information

2. Supporter les initiatives faisant la promotion de «Open Access, Open Data and Open Educational Resources »

3. Accréditer tous les documents d’IFMSA-Québec sous des licences communes

4. Encourager les universités partenaires à adopter des politiques de libre à accès à l’information et au matériel éducati

5. Signer le “Student Statement on the Right to Research” de la Right to Research Coalition.

6. Tenir des activités de sensibilisation auprès de la population médicale étudiante de la province

Sources

[1] CARL - ABRC. (n.d.). Canadian Institutional Repositories. Retrieved October 3, 2014, from http://www.carl-abrc.ca/ir.html [2] Directory of Open Access Journals. (n.d.). Directory of Open Access Journals. Retrieved October 2, 2014, from http://doaj.org/ [3] Harnad, S. (n.d.). ROARMAP: Registry of Open Access Repositories Mandatory Archiving Policies. About the Repository. Retrieved October 3, 2014, from http://roarmap.eprints.org/ [4] Libre accès la recherche. (n.d.). Les bibliothèques - UdeM. Retrieved October 3, 2014, from http://guides.bib.umontreal.ca/disciplines/62-Libre-acces-a-la-recherche [5] Morrison, H. (n.d.). The Imaginary Journal of Poetic Economics. : The enormous profits of STM scholarly publishers. Retrieved October 3, 2014, from http://poeticeconomics.blogspot.ca/2012/01/enormous-profits-of-stm-scholarly.html [6] Sous-comité Des Bibliothèques De La CREPUQ. Le Libre Accès. N.p.: Sous-comité Des Bibliothèques De La CREPUQ, n.d. Université De Montréal, 4 June 2012. Web. 3 Mar. 2014. [7] The Right to Research Coalition. (n.d.). The Problem: Students can't access essential research... (Right to Research Coalition). Retrieved October 3, 2014, from http://www.righttoresearch.org/learn/problem/index.shtml [8] Vézina, K. (2006). Libre accès à la recherche scientifique : opinions et pratiques des chercheurs au Québec. Partnership: the Canadian Journal of Library and Information Practice and Research, 1(1). Retrieved October 3, 2014, from https://journal.lib.uoguelph.ca/index.php/perj/article/view/103/169#.VC40R_l5OSr Why Open Access? (Right to Research Coalition). (n.d.). LEARN. Retrieved October 3, 2014, from http://www.righttoresearch.org/learn/whyOA/index.shtm