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SEQUENCE II : UN IMAGINAIRE QUI REVEILLE NOS EMOTIONS Problématique : Quelles nouveautés artistiques le courant surréaliste et fantastique vont-t-ils introduire pour exprimer des sentiments ? SEANCE 1 : LA TERRE EST BLEUE COMME UNE ORANGE… Lancement de cours : Ecrire au tableau « La terre est bleue comme une orange ». - Est-ce que cette citation vous surprend ? - Que signifie pour vous cette citation ? - Que pensez-vous que le poète ait voulu dire ? - Pourquoi a-t-il pensé à une orange ? - Pourquoi a-t-il pensé à la couleur bleue ? - Qu’est-ce qui est étonnant, dans cette phrase ? - Comment pensez-vous que le poète se représente le monde ? Mise en commun à l’oral 1 er support : On distribue aux élèves le poème et on travaille sur la 1ere strophe Exercice sur la comparaison, métaphore - Si vous aviez à décrire la Terre de façon artistique en une seule phrase, que diriez-vous ? 2eme support : La courbe de tes yeux de P. Eluard + tableau de Dali - Gala Problématique : quelle réalité de l’amour ont voulu représenter Paul Eluard et Salvador Dali? Lecture + présentation du poème par les élèves. - Quel est le thème de ce poème ? L’amour. Analyse des champs lexicaux . Les élèves doivent trouver eux mêmes quelques champs lexicaux. On attend les champs lexicaux du regard, de la rondeur, des sentiments, de la nature, des sens. C'est un éloge insolite > courbe des yeux mais aussi courbe du regard On trouve un champ lexical très riche + Dénotation claire de la courbe: "tour", "courbe", "rond", de la figure géométrique du cercle, de l'ondoiement de la courbe. Analyse du rythme du poème : Tout dans ce poème est ondoyant. - Beaucoup d'assonances en [ou] >> courbe (cf. vers 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 15). Ce ne sont pas les seuls jeux mélodieux ([r].....) - Cette cadence circulaire est aussi marquée par la fantaisie des rimes, qui sont souples comme une courbe. Sur quelle figure géométrique est construit ce poème ? Pour répondre, regardez-le vers 1 et le vers 15. Le vers 15 revient au vers 1 >> il ferme le poème par un retour au vers 1. On remarque un chiasme entre ces 2 vers. Toute cette structure formelle du poème suggère l'ondoiement heureux du regard. Définition du mouvement "Surréalisme" : Le mouvement « Surréaliste » date de 1924, juste après la première guerre mondiale, année lors de laquelle André Breton publia son « Manifeste au surréalisme ». Cette école a pour particularité de faire appel avant tout au rêve, à l’imaginaire, à la folie et à l’inconscient de chacun. La plupart du temps, un tableau surréaliste est une toile généralement figurative traduisant un rêve de son auteur, rompant ainsi avec le conformisme littéraire pour libérer le langage de toutes les entraves de la morale ou de la conscience. Ce mouvement artistique lutte de ce fait contre les valeurs reçues, libérant l’artiste du contrôle de la raison : rien ne doit être calculé. Si Paul Eluard chef de file des surréaliste s’est permis d’écrire « la Terre est bleue comme une orange » c’est parce qu’il est poète et que la poésie lui permet de dépasser les normes et cadres culturels qui modèlent notre façon de voir le monde. La citation de Paul Eluard est un encouragement à insérer une part de rêve, d’imagination. Sa nouvelle conception du monde lui amène à penser que la Terre est bleue comme une orange avec la couleur orange qui peut faire référence au soleil qui illumine la Terre, la couleur bleue peut évoquer celle du ciel et le fruit l’orange – peut faire penser à une source de vitalité. Elle décrit une certaine perception et une certaine compréhension du monde. Pour cela, les poètes vont beaucoup utiliser deux figures de style : La comparaison met en relation deux éléments. Le comparé et le comparant à l'aide d'un outil de comparaison explicite (comme, ressembler à tel que...).La comparaison est établie à partir d'un point commun entre deux éléments. La métaphore met en relation de manière explicite deux éléments, le comparé (qui est parfois sous-entendu) et le comparant. La métaphore est établie à partir de deux éléments.

Problématique : Quelles nouveautés artistiques le … · Grâce à des questions, les élèves vont devoir remplir le tableau de définition du genre fantastique. Lecture de la

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SEQUENCE II : UN IMAGINAIRE QUI REVEILLE NOS EMOTIONS

Problématique : Quelles nouveautés artistiques le courant surréaliste et fantastique vont-t-ils introduire pour exprimer des sentiments ?

SEANCE 1 : LA TERRE EST BLEUE COMME UNE ORANGE… Lancement de cours : Ecrire au tableau « La terre est bleue comme une orange ».

- Est-ce que cette citation vous surprend ? - Que signifie pour vous cette citation ? - Que pensez-vous que le poète ait voulu dire ? - Pourquoi a-t-il pensé à une orange ? - Pourquoi a-t-il pensé à la couleur bleue ? - Qu’est-ce qui est étonnant, dans cette phrase ? - Comment pensez-vous que le poète se représente le monde ?

Mise en commun à l’oral 1

er support : On distribue aux élèves le poème et on travaille sur la 1ere strophe

Exercice sur la comparaison, métaphore

- Si vous aviez à décrire la Terre de façon artistique en une seule phrase, que diriez-vous ? 2eme support : La courbe de tes yeux de P. Eluard + tableau de Dali - Gala Problématique : quelle réalité de l’amour ont voulu représenter Paul Eluard et Salvador Dali? Lecture + présentation du poème par les élèves.

- Quel est le thème de ce poème ? L’amour. Analyse des champs lexicaux. Les élèves doivent trouver eux mêmes quelques champs lexicaux. On attend les champs lexicaux du regard, de la rondeur, des sentiments, de la nature, des sens. C'est un éloge insolite > courbe des yeux mais aussi courbe du regard On trouve un champ lexical très riche + Dénotation

claire de la courbe: "tour", "courbe", "rond", de la figure géométrique du cercle, de l'ondoiement de la courbe. Analyse du rythme du poème : Tout dans ce poème est ondoyant.

- Beaucoup d'assonances en [ou] >> courbe (cf. vers 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 11, 12, 13, 15). Ce ne sont pas les seuls jeux mélodieux ([r].....)

- Cette cadence circulaire est aussi marquée par la fantaisie des rimes, qui sont souples comme une courbe. Sur quelle figure géométrique est construit ce poème ? Pour répondre, regardez-le vers 1 et le vers 15. Le vers 15 revient au vers 1 >> il ferme le poème par un retour au vers 1. On remarque un chiasme entre ces 2 vers. Toute cette structure formelle du poème suggère l'ondoiement heureux du regard.

Définition du mouvement "Surréalisme" : Le mouvement « Surréaliste » date de 1924, juste après la première guerre mondiale, année lors de laquelle André Breton publia son « Manifeste au surréalisme ». Cette école a pour particularité de faire appel avant tout au rêve, à l’imaginaire, à la folie et à l’inconscient de chacun. La plupart du temps, un tableau surréaliste est une toile généralement figurative traduisant un rêve de son auteur, rompant ainsi avec le conformisme littéraire pour libérer le langage de toutes les entraves de la morale ou de la conscience. Ce mouvement artistique lutte de ce fait contre les valeurs reçues, libérant l’artiste du contrôle de la raison : rien ne doit être calculé. Si Paul Eluard – chef de file des surréaliste s’est permis d’écrire « la Terre est bleue comme une orange » c’est parce qu’il est poète et que la poésie lui permet de dépasser les normes et cadres culturels qui modèlent notre façon de voir le monde. La citation de Paul Eluard est un encouragement à insérer une part de rêve, d’imagination. Sa nouvelle conception du monde lui amène à penser que la Terre est bleue comme une orange avec la couleur orange qui peut faire référence au soleil qui illumine la Terre, la couleur bleue peut évoquer celle du ciel et le fruit – l’orange – peut faire penser à une source de vitalité. Elle décrit une certaine perception et une certaine compréhension du monde. Pour cela, les poètes vont beaucoup utiliser deux figures de style : La comparaison met en relation deux éléments. Le comparé et le comparant à l'aide d'un outil de comparaison explicite (comme, ressembler à tel que...).La comparaison est établie à partir d'un point commun entre deux éléments. La métaphore met en relation de manière explicite deux éléments, le comparé (qui est parfois sous-entendu) et le comparant. La métaphore est établie à partir de deux éléments.

- Quels thèmes communs rapprochent ce tableau de Dali et le poème d’Eluard ?

- « La femme aimée est beaucoup plus qu’un être humain. Elle s’incarne dans les éléments à l’origine de la création terrestre : l’eau, l’air, la terre et le feu. » Justifiez cette affirmation d’Eluard en vous aidant du poème et du tableau.

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ème support : tableau de Chagall, Amour.

Travail d’écriture : Quelle Réalité percevez-vous dans cette peinture de Chagall ? Rédigez cela en 15 lignes environ + Mise en commun de leur travail à l’oral. Travail : En Utilisant le lexique des émotions, des sentiments vu précédents, décrivez pour perception de cette œuvre en 15-20 lignes. Travail à rendre.

L’amour et le surréalisme : Tous les surréalistes ont vanté le rôle de l’amour-passion dans la recherche d’une autre réalité, une réalité plus riche qu’ils appellent « surréalité ». La femme est alors rêvée, fantasmée et vénérée puisqu’elle est l’intermédiaire entre le poète et le monde. De nombreuses muses telles que Gala pour Dali, ou Nush pour Eluard vont exercer sur eux ce pouvoir. L’absence de cette passion est une catastrophe pour le poète car il ne crée plus. Le retour de la passion le conduit alors à aimer tous les êtres dans un élan d’absolue fraternité.

SEQUENCE II - SEANCE 2 : LA CAFETIERE DE THEOPHILE GAUTIER

Problématique : En quoi le fantastique permet-il de jouer avec la réalité, avec les sens, avec les mots ? Grâce à des questions, les élèves vont devoir remplir le tableau de définition du genre fantastique. Lecture de la nouvelle fantastique. Demander aux élèves ce qu’ils en ont compris.

1. Etude de l’œuvre par une série de question Qui est le narrateur du récit ?

Le narrateur du récit est le héros de l’histoire. Il s’agit d’un jeune homme portant le prénom de Théodore (compromis entre Théophile et l’un des prénoms d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann), qui s’exprime à la première personne, mais dont on ignore l’exacte identité. Tout le récit est relaté à travers ses yeux (point de vue interne dominant). ETUDE DES DIFFERENTS POINT DE VUE.

Narrateur - IL

INTERNE =connait les pensées

A l’intérieur du personnage

EXTERNE =description

A l’extérieur du personnage

OMNISCIENT Il sait tout = connait le

passé, présent, le futur. On parle de point de vue

de Dieu

N N N

De quels événements surnaturels est-il le témoin ?

Théodore semble être le témoin d’événements surnaturels, puisqu’ils voient les meubles et les objets de sa chambre s’animer (I, l. 11 à 46), puis des personnages sortir des tableaux qui la décorent pour se lancer dans une danse un peu ridicule (II, l. 1 à 46). Enfin, il danse avec une magnifique jeune femme, qui s’effondre dans ses bras et se métamorphose en cafetière (III, l. 15) !

Délimitez les principales étapes de la nouvelle : la situation initiale, la perturbation, les actions, le dénouement, la situation finale. A quel moment le récit bascule-t-il ?

La Cafetière est constituée de 4 « chapitres » : Arrivée et installation du narrateur dans une curieuse chambre de style « Régence » au fin fond de la Normandie ; sa

terreur à la soudaine animation des objets. La « libération » des personnages des tableaux. Le bal « fantastique » et les deux danses : le menuet ridicule opposé à la

valse « romantique » (nouveauté mondaine du XIXe siècle) du narrateur et de la mystérieuse héroïne Angéla.

A l’aube, double évanouissement du couple. Douloureux réveil du narrateur et retour à la réalité diurne ; portrait d’Angéla en cafetière...

On peut cependant délimiter les étapes d’un schéma narratif dans le récit de Théodore : 1. Situation initiale (I, l 1 à 19) : arrivée du héros et de ses amis en Normandie ; installation dans une étrange chambre. 2. Perturbation (I, l. 20 à 40) : animation de la chambre ; le narrateur est « [entré] dans un monde nouveau ». 3. Actions : (L.41 à L.166) – les personnages sortent des tableaux et dansent; – Le narrateur rencontre et danse avec Angéla – Angéla a un malaise, s’évanouit, de même que le narrateur – Le narrateur s’éveille, entouré de ses amis, dans un habit étrange 4. Résolution : (l.167 à 176)Théodore dessine une cafetière, qui se révèle être le portrait… d’Angéla, la sœur de l’hôte; 5. Situation finale : le héros est effondré et condamné au malheur (l.177-178).

2. Etude du cadre spatio temporel Ou a lieu l’action ? Quand a lieu cette histoire ? Justifiez votre réponse par un relevé du texte.

= Ancrage dans le réel A. Espace

« Normandie », « lieu de notre destination »

« Bourbe », « terre grasse » (I, 3è§) « Mon âme dégagée de sa prison de boue nageait dans le vague et l’infinie » (III, 3è§)

Mais lieu où est hébergé le narrateur non précisé.

B. Temps : chronologie simple : du coucher au lever du soleil l’année dernière

I : « L’année dernière », « quelques jours », « une heure après le coucher du soleil »

III : « L’alouette chanta, une lueur pâle se joua sur les rideaux »

IV : « voilà bientôt une heure que je te frotte ... », « Ce matin », « le déjeuner fini ».

Rupture spatio-temporelle : « j’entrais dans un monde nouveau », « ce que j’avais pris pour de vaines peintures était la réalité », « jamais, même en rêve ... », « le monde réel n’existait plus pour moi », « le vague et l’infini ».

Perte progressive de repères temporels : de l’obsession de l’horloge à l’atemporel. « la pendule sonna onze heure », « les yeux fixés sur la pendule », « vers minuit », « minuit sonna », « la pendule sonna une heure »

Le temps se dérègle passé minuit-une heure ( Cendrillon : retour à la réalité à minuit)

« quand l’aiguille sera là », « l’heure indiquée sonna », « une minute auparavant » « Je ne sais pas combien de temps nous restâmes dans cette position ».

Retour à la réalité : « L’alouette chanta » (III), puis « bientôt une heure » et « Le déjeuner fini » (IV).

3. L’univers fantastique.

Relevez le champ lexical de l’étrange, du bizarre.

Chap. I un étrange degré d’activité (l. 30), d’une manière surprenante (46), fou (39).

Chap. II bien plus extraordinaire (l. 2), un spectacle si bizarre (13), ces étranges causeurs (18), curieuse (19), un prodige bien étrange (58), émerveillés (81), une énergie et une justesse surprenantes (82-83) + démon (41).

Chap. III mystérieuse et fantastique créature (5) + illusion diabolique (17).

Chap. IV diable (l. 5), d’étranges distractions (17), imperceptibles (21), la plus merveilleuse exactitude (22), étonnant (24).

Récurrence de l’adjectif « étrange », sauf dans le chap. III (où « fantastique » prime). Univers du bizarre.

Recherchez la présence d’une dualité entre enfer/paradis dans cette nouvelle.

Allusions aux « démons », à une « illusion diabolique » ( « mon bel ange », Angéla ; « Par tous les Saints du paradis ») dualité enfer/paradis, répercutée dans la dualité des émotions du narrateur, entre frayeur et « joie ineffable ».

Angéla : fantôme, « apparition » cf. Adjectifs de couleur (blanc, albâtre, ivoire, ...) + onomastique Ange/Angéla.

Relevez des expressions qui pourrait décrire un univers surprenant et inquiétant : - objets qui bougent, personnages atemporels sortant du cadre, étrange danse à contretemps, applaudissement silencieux, métamorphose finale d’Angéla en cafetière ...

- « un étrange degré d’activité », « d’une manière surprenante » (I), « bien plus extraordinaire », « un spectacle si bizarre », « ces étranges causeurs », « un prodige bien étrange » (II), « mystérieuse et fantastique créature » (III), « d’étranges distractions », « la plus merveilleuse exactitude » (IV)

- entre frayeur et rire « sottes frayeurs », « violemment », « terreur insurmontable » (I), « saisi d’effroi », « une telle frayeur », « illusion diabolique » (III)... « Malgré ma frayeur, je ne pus m’empêcher de rire », « au comble du bonheur », « une pareille émotion », « une joie ineffable » (II).

- Univers extrême : exagérations - hyperboles (« jamais, même en rêve, rien d’aussi parfait ne s’était présenté à mes yeux », « au comble du bonheur », « jamais de la vie... »), interjection (« oh ! Non, je n’ose pas dire ce qui arriva... »), adverbes d’intensité (« une telle frayeur », « si bizarre », « si inconcevable »).

Que représente le dessin tracé par le narrateur ? Le dessin tracé par le narrateur représente une cafetière, celle qu’il tenait dans ses bras en s’éveillant et qui était brisée en mille morceaux. Mais, bizarrement, le « profil » de la cafetière s’avère être aussi celui de la « sœur » de l’hôte, « Angéla » (l. 24), morte « deux ans » auparavant (l. 30).

Que signifie la dernière phrase de la nouvelle ? Quel est l’effet produit par la fin du récit ? La dernière phrase suggère à quel point Théodore est tombé passionnément amoureux de la belle Angéla : elle morte, sa vie n’a plus de sens. La phrase donne toute sa dimension romantique au récit. Cependant, il ne faut pas négliger l’aspect comique du récit. Théodore est un personnage au caractère exacerbé, qui oscille constamment entre « comble du bonheur » (II, l. 59) et « joie ineffable » (l. 78), d’une part, « terreur insurmontable » (I, l. 35), « effroi », et « frayeur » (III, l. 14, 16), d’autre part.

Enfin, l’épisode comique du « menuet ridicule » (II, des lignes 28 à 46) qui provoque la « pitié » du narrateur, contrebalance l’aspect excessivement tragique, aux yeux du héros, de l’histoire.