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SOCIETE NATIONALE DE TRANSFUSION SANGUINE 413 anticorps irr6guliers. Aux Etats-Unis, le test de compatibilit6 est seul rdalis4 ; en cas de positivit6 une R.A.I. est pratiqu6e. I1 semble que cette tendance soit en train de changer afin de pratiquer plus de R.A.I. Cette stratdgie a l'inconvdnient majeur de ndcessiter un stock plus important de produits sanguins que le processus d6crit en premier lieu. Quoi qu'il en soit, la v4rification ultime au <( lit du malade ,, est n6cessaire. C'est au prix d'une grande rigueur dans la prescription et la r4alisa- tion de ces examens que l'on pourra assurer la s6curit6 immunologique des transfusions. Propositions pour une meilleure s6curit6 transfusionnelle. par J. Selva et G. Kandel Centre de Transfusion de MULItOUSE Le risque transfusionnel est impossible ~ chiffrer avec pr6cisio n, tant dans ce domaine, la pudeur m6dicale est grande. En 12 arts (1967- 1978) pour 200 000 unit6s de sang transfus6es, nous avions eu la connais- sance de 5 accidents ABO, un incident Rh6sus et un nombre ind6fini d'incidents immunologiques (20) dus ~t d'autres groupes (Kell, Duffy, M, N, S, s, c, etc.) et m4me une transfusion de sang h6molys6, mais seule- merit deux ddc6s. Subitement entre le 11 d6cembre 1978 et le 20 octobre 1979, quatre accidents graves causent deux ddc6s. I1 s'agissait: -- d'un accident ABO : 4 unit6s A 1 transfus6es /tune femme O (d6c6s le 15° jour dans un tableau toxi-infectieux), --deux accidents dus ~ des alloanticorps, anti-Kell et anti-c + JKa (un d6c6s), --d'un accident d6 /~ un anticorps naturel, anti-Tja (gudrison sans s6quelles). Dans tousles cas, les indications transfusionnelles 6taient correctes, le contr61e ultime au lit des malades effectu4. Un groupe de travail sur la s6curitd transfusionnelle a dt6 charg6 par la Commission M6dicale Consultative du Centre Hospitalier de Mulhouse, de l'6tude des causes et les solutions ~ apporter ~ ce probl6me. Les conclusions proposdes sont les suivantes : 1. Obligation de la double ddtermination pour la d6finition shre d'un groupe sanguin. Cette d6cision a pos6 le choix d'un module de carte de groupe qui permette l'inscription, sans 6quivoque, du groupe sanguin et de son contr61e ainsi que des mentions biologiques 6ventuelles. Ce type de docu- ment existe darts le commerce. Une erreur de groupe sur 1 500 pr616vements est 6vitde de cette mani~re.

Propositions pour une meilleure sécurité transfusionnelle

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SOCIETE N A T I O N A L E DE TRANSFUSION SANGUI NE 413

anticorps irr6guliers. Aux Etats-Unis, le test de compatibi l i t6 est seul rdalis4 ; en cas de positivit6 une R.A.I. est pratiqu6e. I1 semble que cet te tendance soit en train de changer afin de pra t iquer plus de R.A.I. Cette stratdgie a l ' inconvdnient ma jeu r de ndcessiter un stock plus impor tan t de produits sanguins que le processus d6crit en p remier lieu. Quoi qu'il en soit, la v4rif ication ul t ime au <( lit du malade ,, est n6cessaire.

C'est au prix d 'une grande r igueur dans la prescr ipt ion et la r4alisa- tion de ces examens que l 'on pourra assurer la s6curit6 immunologique des transfusions.

P r o p o s i t i o n s p o u r u n e m e i l l e u r e s 6 c u r i t 6 t r a n s f u s i o n n e l l e .

p a r J. Se lva e t G. K a n d e l

Centre de Transfusion de MULItOUSE

Le r isque t ransfusionnel est impossible ~ chiffrer avec pr6cisio n, tant dans ce domaine, la pudeur m6dicale est grande. En 12 arts (1967- 1978) pour 200 000 unit6s de sang transfus6es, nous avions eu la connais- sance de 5 accidents ABO, un incident Rh6sus et un nombre ind6fini d ' incidents immunologiques (20) dus ~t d 'autres groupes (Kell, Duffy, M, N, S, s, c, etc.) et m4me une t ransfusion de sang h6molys6, mais seule- merit deux ddc6s. Subi tement entre le 11 d6cembre 1978 et le 20 octobre 1979, quat re accidents graves causent deux ddc6s. I1 s 'agissai t :

- - d'un accident ABO : 4 unit6s A 1 transfus6es / t u n e f emme O (d6c6s le 15 ° jour dans un tableau toxi-infectieux),

- - d e u x accidents dus ~ des alloanticorps, anti-Kell et anti-c + JKa (un d6c6s),

- - d ' u n accident d6 /~ un anticorps naturel , anti-Tja (gudrison sans s6quelles).

Dans t o u s l e s cas, les indications transfusionnelles 6taient correctes, le contr61e ul t ime au lit des malades effectu4.

Un groupe de travail sur la s6curitd transfusionnelle a dt6 charg6 par la Commission M6dicale Consultat ive du Centre Hospi ta l ier de Mulhouse, de l '6tude des causes et les solutions ~ appor ter ~ ce probl6me.

Les conclusions proposdes sont les suivantes :

1. Obligation de la double ddterminat ion pour la d6finition shre d'un groupe sanguin.

Cette d6cision a pos6 le choix d 'un module de car te de groupe qui permet te l ' inscription, sans 6quivoque, du groupe sanguin et de son contr61e ainsi que des ment ions biologiques 6ventuelles. Ce type de docu- ment existe darts le commerce. Une e r reur de groupe sur 1 500 pr616vements est 6vitde de cet te mani~re.

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2. Recherche syst6matique iors de chaque groupage des anticorps anti6rythrocytaires.

Deux des accidents 6taient dus ~ la pr6sence, dans le s6rum des malades, d 'a l loant icorps dus h des t ransfusions faites vingt arts aupa- ravant. Bien que leur t i t re ait 6t6 faible (1/2), les deux malades ont fait un choc impor tan t suivi de l 'anurie t6moignage d 'une h6molyse intravas- culaire. Du 1 'B" octobre 1979 au 30 sep tembre 1980, la recherche des al loanticorps a permis l ' ident if icat ion de 177 ant icorps ( ~ 1 % des s6rums sont posit ifs) :

98 (dont anti-D : 45) pour la famil le Rh6sus 35 (dont anti-Lea : 20) pour la famil le Lewis 28 (dont anti-Kell : 14) pour les autres systbmes 16 (dont anti-P 1 : 10) pour les ant icorps naturels

3. Recherche de sang compat ib le pour les malades polytransfus6s.

La survenue d 'un accident grave dfl h u n anti-Tja chez une jeune fille de 14 arts, sans ant6c6dent t ransfusionnel , a sensibilis6 les ut i l isateurs sur l ' int6r6t de compatibil i tds prdtransfusionnelles.

En un an les r6sultats sont les suivants.

Nombre de malades transf, avec du

sang compatibilis~

2 668

Unit6s com- patibilisdes

6 486

Unitds transl. par malade

2,43

Anticorps identifi6

20

%

0,72

Les spdcificitds son t : anti-E -- 6, anti-Lea = 5, anti-Kell = 3, anti- Jka = 3, anti-JKa + s = 1, anti-Fya = 1, anti-P 1 = 1.

I1 n 'es t plus rare de t rouver 4 ant icorps dans un sdrum de malade ce qui pose des probl6mes de recherche parfois difficiles.

4. Format ion permanente des personnels mddicaux (internes, infir- mi6res) basde sur le contr61e u l t ime pr6transfusionnel au lit du malade.

Dans tous les cas, les contr61es ul t imes au lit du malade sour prati- qu6s, mais si mal qu' i l est parfois impossible de les life.

Les infirmi~res sont obl iga to i rement invit6es ~t tm stage pra t ique au Centre de Transfusion Sanguine. Cette fo rmat ion est pe rmanen te tout au long de l'annde. T o u s l e s probl6mes de s6curit6 t ransfusionnel le sont confids h ce groupe de t ravai l qui doit rendre compte de ses conclusions :

- - au Pr6sident de la Commission Mddicale Consultat ive et au Direc- teur de l 'h6pital pour les in former des probl~mes rencontrds.

Pour facil i ter l 'applicat ion des mesures de s6curit6 dans cet te mati~re, nous proposons :

- - l a ddfinition rdglementai re d 'un mod61e nat ional unique de carte de groupage sanguin qui pe rmet te l ' inscript ion de la double d6termination,

SOCIETE N A T I O N A L E DE TRANSFUSION S A N G U I N E 415

- - la crdation dans chaque h6pital d 'une commission de sdcuritd trans- fusionnelle qui ait autoritd pour toutes enqn6tes h ce sujet,

- - l a central isat ion obligatoire mais confidentielle de tout incident mortel ~ une commission commune aux socidtds de t ransfus ion et d'anes- thdsie-rdanimation,

- - la crdation d 'un outil pddagogique pour l 'enseignement du contr61e ulfime au lit du malade.

U n a c c i d e n t t r a n s f u s i o n n e l m o r t e l d f i h u n a n t i c o r p s ant i -Jka .

pa r M.F. F r u c h a r t , H. Y a n n o u t s o s , M. Saly et A. Goguel *

Poste de Transfus ion Sanguine de l 'h6pital Ambroise-Par6, 92100 BOULOGNE.

Histo ire c l in ique

Une femme de 70 ans est hospitalisde pour in tervent ion sur un ad6no- carcinome gastrique. Cette malade avait dt6 antdr ieurement transfus6e darts des condit ions dont le d6tail n 'est pas connu. Le 6-4-80, la malade reqoit une t ransfus ion de 4 concentr6s globulaires (sans aucune recherche d'agglutinines irr6guli6res); on note au cours de cette t ransfus ion une rdaction du type fr isson-hyperthermie; une recherche d'agglutinines est alors demand6e et faite le sur lendemain. Le 15-4-1980, c'est-h-dire 9 jours apr6s, l ' in tervent ion a lieu (gastrectomie totale avec pancr6atectomie caudale, spl6nectomie et anastomose oesophago-j6junale), sans qu 'aucune nouvelle recherche d 'agglutinines irrdgulibres n 'a i t 6td demandde h ti tre prd-op6ratoire; 4 unit6s de sang sont transfusdes en per-op6ratoire. Les groupes A.B.O. de la malade et des flacons ont 6t6 trouvds concordants en pr6-transfusionnel. Aucune chute de la pression art6rielle, aucun saigne- ment anormal n 'est not6 pendant l ' intervention, mais le r6veil est tardif et agit6 et une oligo-anurie s ' installe r ap idemen t ; la malade est alors transf6rde h l 'h6pital Ambroise-Par6. A l'arriv6e, l '6tat cardio-vasculaire est cor rec t ; l 'an6mie est mod6rde (Hb h 10 g/100 ml) et s 'accompagne d'h6moglobinurie (les autres stigmates d'h6molyse sont mis en 6vidence le l endema in : b i l i rubine h 27 rag~1 et haptoglobine effondr6e). I1 existe une insuffisance r6nale oligo-anurique (diur6se/24 h h 400 ml et crdatine h 27 mq/1). On note aussi une coagulation intra-vasculaire diss6minde mod6r6e sans expression clinique (et qui rdgressera sous h6parine). En raison d 'une sous-estimation de l 'andmie, la malade n 'est transfus6e q u e le sur lendemain au matin, en sang A÷ (JKa) devant un taux d 'Hb h

* Observation publide dans le Concours Mddical, 102, 42, 6457-62. - - M.F. FRU- CHART, H. YANNOUTSOS, M. SALY, A. GOGUEL. Un accident d'incompatibilit6 trans- fusionnelle.