234
Quand La Réunion s'appelait Bourbon (XVIIe-XVIIIe siècle)

Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Quand La Réunion s'appelait Bourbon(XVIIe-XVIIIe siècle)

Page 2: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

site: [email protected]: [email protected]

@L'Harmattan,2005ISBN: 2-7475-9800-4E~:9782747598002

Page 3: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Michèle Dion

Quand La Réunion s'appelait Bourbon(XVIIe-XVIIIe siècle)

L'Harm.attan

L'Harmattan5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris

FRANCE

L'Hannattan Hongrie

Kônyvesbolt

Kossuth L. u. 14-16

1053 Budapest

Espace L'Harmattan Kinshasa L'Harmattan Italia L'Harmattan Burkina Faso

Fac..des Sc. Sociales, Pol. et Via Degli Artisti, 15 1200 logements villa 96

Adm. ; BP243, KIN XI 10124 Torino 12B2260

Université de Kinshasa - RDC ITALIE Ouagadougou 12

Page 4: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Collection "Populations"

Dirigée par

Yves Charbit, Maria Eugenia Cosio-Zavala, Hervé Domenach

La démographie est au cœur des enjeux contemporains, qu'ilssoient économiques, sociaux, environnementaux, culturels oupolitiques. En témoigne le renouvellement récent des thématiques:développement durable, urbanisation et mobilités, statut de lafemme et de l'enfant, dynamiques familiales, santé de lareproduction, poIitiques de population, etc.

Cette démographie contextuelle implique un renouvellementméthodologique et doit donc prendre en compte des variables eninteraction, dans des espaces de nature diverse (physiques,institutionnels, sociaux).

La collection Populations privilégie les pays et les régions endéveloppement sans pour autant oublier leurs liens avec les paysindustrialisés et contribue à l'ouverture de la démographie auxautres disciplines. Elle est issue d'une collaboration entre leschercheurs de l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD),de Populations et Interdisciplinarité (Université Paris V-RenéDescartes) et du Centre de Recherches Populations et Sociétés(Université Paris X-Nanterre).

Page 5: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

DEJAPARUS

V éronique Petit: Migrations et société dogon

Frédéric Sandron : Curiosités démographiques

Patrice Vimard et Benjamin Zanou, ed. : Politiques démographiqueset transition de la fécondité en Afrique

Jesus A. Alejandre et Jean Papail : L'émigration mexicaine vers lesEtats-Unis

Stéphanie Toutain : L'interminable réforme des systèmes de retraiteen Italie

Patrick Livenais : Peuplement et évolution agraire au Morelos(Mexique)

Bénédicte Gastineau et Frédéric Sandron : Dynamiques familiales etinnovations socio-démographiques

Sarah Hillcoat-Nalletamby : La pratique de la contraception à l'lIeMaurice

Myriam de Loenzien : Le Sida en milieu rural africain

Bénédicte Gastineau et Frédéric Sandron: La transition de lafécondité en Tunisie

Yves Charbit, et Catherine Scornet : Société et politiques depopulation au Viêt-Nam

Lelia Marmora: Les politiques de migrations internationales

Hervé Domenach et Michel Picouet (dir.): Environnement etpopulation: défis et perspectives

Véronique Petit et Marie-Laetitia des Robert: Entre résistance etchangements: la planification familiale en milieu rural sénégalais

Jean-François Léger: Les jeunes et l'armée

Ralph Schor: Français et immigrés en temps de crise (1930-1980)

Page 6: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

REMERCIEMENTS

Au terme de cette étude, je mesure la gratitude dont je SUISredevable à l'égard de :

Yves Charbit, professeur à l'université Paris V, qui a acceptéd'encadrer ce travail malgré ses nombreuses activités etresponsabilités. Son dynamisme a largement dopé mon calme.

Jean-Pierre Sylvestre, professeur à l'université de Bourgogne,lequel soucieux de me libérer de certaines tâches administratives,inhérentes à la direction d'un département de sociologie, est allécontre sa nature! Sa sollicitude a toujours été empreinte du plus grandtact: pas trop pour que la « pression» soit supportable, assez pour mepermettre de penser que ce travail aboutirait.

Jane Dion, ma mère, qui a eu sans doute, plus d'une fois sans ledire, le sentiment que l'esclavage n'avait pas été aboli. Elle a été,dans tous les domaines, à mes côtés.

En poste à Dijon depuis 1991, je remercie l'université deBourgogne, pour laquelle j'aime travailler, qui m'a permis dedévelopper la démographie sur son site et m'a procuré un état d'espritfavorable à la recherche.

J'aimerais évoquer ici les professeurs Alain Girard et AlainNorvez, membres en 1989 de mon jury de thèse consacrée à LaRéunion, et le professeur Michel Jaffrezo auxquels j'aurais tellementaimé faire découvrir Bourbon.

Page 7: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

A mon père

Page 8: Quand la Reunion s'appelait Bourbon
Page 9: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

PRÉSENTATION

Bourbon est déserte quand y arrivent, en novembre 1663, LouisPAYEN et Pierre PAU. Ils ont obtenu du gouverneur français deMadagascar l'autorisation de s'installer dans l'île. Ils sontaccompagnés de dix domestiques malgaches: sept hommes et troisfemmes.

Le 7 mars 1665 des navires chargés de colons quittent Brest. Ilsfont une escale quatre mois plus tard à Bourbon où débarquent vingtpersonnes.

Le 14 mars 1666 une flotte de dix bateaux1 quitte La Rochelle.Elle arrivera dix mois plus tard dans l'océan Indien. Mille six centquatre-vingt-huit volontaires ont ainsi fait route dont trente-deuxfemmes. Un tiers d'entre eux n'arrivera jamais à destination. Cinqjeunes filles resteront à Bourbon.

***

C'est le début du peuplement de ce territoire, département françaisdepuis 1946, que nous nous proposons d'analyser, avant qu'il nes'appelle La Réunion2.

1. La Marie, le Terron, le Saint-Charles, la Mazarine, la Duchesse, le Saint-Denis, leSaint-Luc, le Saint-Jean, le Saint-Robert et le navire amiral de la flotte le Saint-Jean-Baptiste commandé par le marquis de Montdevergues.

2 La Convention donne ce nom à l'île Bourbon par décret du 23 Ventôse an I (13mars 1793) en souvenir des Marseillais et des gardes nationaux pour l'assaut desTuileries le 10 août 1792.

Page 10: Quand la Reunion s'appelait Bourbon
Page 11: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Les sources

Les anciens recensements1 (1690, 1704-1705, 1708-1709, 1710,1711,1713,1719,1733-1734,1744,1752 et 1779) de l'île Bourbonsont accessibles sous forme de microfilms, au Centre d'Accueil et deRecherche des Archives Nationales (C.A.R.A.N.) sous les codes 5Mi1247, 5Mi 1248 et 319 Mi 1,2,3, et 8. Les «données» de 1678 neconstituent pas à proprement parler un dénombrement. Il s'agit en faitde la « marque », signature ou croix quand ils ne savent pas signer, decertains chefs de famille de l'île.

Le tout premier recensement, réalisé en septembre 1690, donne lenom et le prénom du chef de famille, éventuellement sa profession,l'origine géographique de son épouse, sans la nommer, le nombred'enfants répartis en garçons et filles et le nombre de domestiquesdivisé en nègres et négresses. La récapitulation en fin de recensementdistribue la population en Blancs et Noirs et dans chaque groupe enhommes, femmes et enfants.

Le recensement effectué entre 1704 et avril 1705, intitulé« Recensement général de tous les habitants chefs de famille, femmes,enfants et esclaves qui sont dans l 'fie de Bourbon, leur âge, le lieu deleur naissance, les terres qu'ils occupent et auxquelles cultures ellessont propres », fait une double récapitulation: d'une part, on disposed'un état chiffré, par lieu de résidence, décomposé en chefs defamille, femmes, veufs, garçons, filles, noirs et négresses et, d'autrepart, d'un état pour l'ensemble de l'île en hommes, femmes, veufs,garçons, filles, noirs et négresses.

Le recensement de 1708 et mars 1709 présente, dès sa premièrepage, les données globales réparties en hommes ayant femme, femmes

1. Il ne s'agit pas de recensement au sens actuel du terme, lequel a pour but decomptabiliser les habitants d'un territoire à une date exacte. Il convient plutôt decomprendre « population dénombrée ». Nous avons malgré tout gardé le mot quifigure en en-tête de chacune des différentes comptabilités de populations.

Page 12: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

ayant mari, veufs, veuves, garçons, filles, nègres et négresses. En facede l'addition qui donne la population totale on peut lire cette petitephrase: «il y a beaucoup d'apparence que cet état n'est pointjuste »... La récapitulation introduit une distinction entre les âges desgarçons et des nègres au-dessus et au-dessous de 14 ans, des filles etdes négresses au-dessus et au-dessous de 12 ans. Suit un état desbestiaux, les résultats de la récolte de 1708, un projet de dîmes et laliste alphabétique, par prénoms, des chefs de famille qui indique trèsprécisément leur pays d'origine, leur quartier de résidence et leurprofession.

Le dénombrement de 1710 est limité à la présentation des chefs defamille (nom, prénom et âge) et de leurs enfants mâles. Il semble quece dénombrement ait eu un but plutôt «militaire », car larécapitulation par quartier permet de conclure sur le nombre« d'hommes capables de porter les armes ».

Le recensement de 1711 présente tout d'abord une liste par quartierdes chefs de famille mentionnant leur origine, leur date d'arrivée dansl'île et leur profession. Puis chaque famille est décrite avec la femme,les enfants et les esclaves pour lesquels sont mentionnés les nom(femme), prénom et âge. Le recensement de 1713 se contente de listerle nom et le prénom du chef de famille et de sa femme, le prénom desenfants et des esclaves et, pour tous, l'âge. Le recensement de 1719 nefait état que du quartier de Saint-Paul. Les recensements de 1733-1734 citent les noms des conjoints et leur âge, les prénoms et âges deleurs enfants. Les esclaves sont mentionnés: prénom, situationmatrimoniale et âge. Les recensements de 1744 et de 1752 fournissentmoins de renseignements: les femmes ne sont plus citées sauf si ellessont célibataires ou veuves. Le nombre d'enfants est indiqué enséparant les garçons et les filles. L'origine, né hors ou à Bourbon, duchef de famille est précisée ainsi que, quelquefois, la date d'arrivéedans l'île. Le recensement de 1779 est fait sensiblement de la mêmefaçon que les précédents, mais l'âge du chef de famille est indiqué.

Ces trois derniers recensements ont été plus difficiles à exploiterdu fait de l'absence de l'identité de la femme. En effet, les prénomsmasculins dans une même famille étant très répétitifs, il est souventimpossible de décider quelle famille est concernée par le recensement.

Dans l'ensemble, les documents sont en bon état et la lecture surmicrofilm est de ce fait relativement aisée.

2

Page 13: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Un peu d'histoire

«L'ère pré-gamienne»1 avait vu la domination musulmane2 surl'océan Indien. Au Xe siècle l'islam est implanté sur la côte orientaled'Afrique: il crée la civilisation swahilie, civilisation des côtes, desouche bantoue et de religion islamique. Les Bantous échangeaientl'or de l'actuel Mozambique contre des cotonnades et de la verroterie.« Les Swahilis islamisés explorèrent les îles situées à l'est de la côteafricaine. Ils s'établirent aux Comores et sur divers points de la côtede Madagascar. Encore plus à l'est, ils découvrirent l'archipel desSeychelles et celui des Mascareignes. Ces petites îles, alors inhabitéeset pauvres en ressources naturelles, ne les retinrent pas. »3

Pendant huit siècles, les Arabes rendront l'océan Indieninaccessible à la chrétienté occidentale et ce d'autant plus facilementque la papauté interdisait aux chrétiens de commercer avec lesislamistes. Cependant, des échanges commerciaux avec laMéditerranée s'effectuèrent par l'intermédiaire de Byzance, puis dequelques cités marchandes italiennes, en particulier Venise. DeuxVénitiens, Mafféo et Nicolo Polo, parcourent l'Asie de 1254 à 1259.En 1271, ils repartent emmenant avec eux Marco4, le fils de Nicolo.Gênes, rivale de Venise, cherchait à atteindre l'Inde par deux voiesdifférentes, celle du levant qui échoua et celle du ponant: lespremières expéditions par l'Atlantique s'arrêtèrent aux Canaries...Les essais génois furent suivis par ceux des Catalans puis desPortugais. Ils explorèrent la côte occidentale de l'Afrique dès 1433 etil leur fallut encore une quarantaine d'années pour atteindre

1. L'expression est d'Arnold Toynbee (Londres, 1889 -York, 1975). Elle désigne lapériode qui précède le voyage de Vasco de Gama.

2. Apparition de l'islam en Arabie en 622.3. Auguste Toussaint, pp. 17, 18.4. Marco Polo (Venise, vers 1254 - Id., 1324). Il restera au service de l'empereur

Koubilaï pendant dix-sept ans. Il sera chargé de nombreuses missions et deplusieurs voyages. Il aura l'occasion de quitter le pays quand Koubilaï fiance safille au prince mongol Argoum qui règne en Perse: c'est Marco Polo qui estchargé d'accompagner la promise; il quitte Zayton vers 1291. Il passera parSumatra, Ceylan d'où il remonte vers le nord en longeant l'Inde et leBéloutchistan. Il rencontre alors des Arabes. Il est le premier Européen àmentionner Madagascar qu'il a peut-être confondu avec Mogadischio car il lapeuple de chameaux et d'éléphants.

3

Page 14: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

l'extrémité de l'Afrique. Enfin, en 1488, Bartolomeu Diasl doubla lecap de Bonne-Espérance, ainsi baptisé parce qu'il donnait l'espoird'atteindre bientôt l'Inde.

Déjà les Croisades, dès le XIe siècle, avaient entraîné lesEuropéens dans de longs déplacements. Le développement destechniques allait leur permettre de parcourir les mers. La fin du XVesiècle et le XVIe siècle verraient Hollandais, Anglais, Portugais etFrançais, dans une moindre mesure, sillonner les océans à larecherche d'échanges commerciaux. Dans ce but s'organisent, auXVIIe siècle, les «Compagnies» qui aident au financement de cescourses maritimes autour du monde: la Compagnie d'Angleterre,fondée en 1600, la Compagnie des Pays-Bas, établie en 1602, et laCompagnie de France, créée en 1664. Cette dernière avait étéprécédée en 1616 par deux tentatives qui avaient tourné court: l'une àpartir de Dieppe et l'autre de Saint-Malo. Les Compagnieshollandaise et anglaise avaient surtout comme vocation de s'imposerface aux Portugais dont l'hégémonie était forte dans l'océan Indien:ils possédaient le monopole du commerce dans la région depuisl'arrivée, en 1498, de Vasco de Gama2 à Calicut en Inde.

Il convient de noter «monopole du commerce»: en effet, il nes'agissait pas, pour les Portugais, de prendre possession de terres, caraucun pays ne fut réellement conquis, contrairement à ce que pourraitlaisser croire le terme Conquista. Ils avaient comme ambition derépandre le christianisme en Orient, pour faire échec à l'islam et,surtout, ils se consacraient aux échanges commerciaux axésprincipalement vers le poivre, les épices fines (cannelle, girofle,muscade), la soie, 1'or, l'ivoire et le «bois d'ébène » (esclaves). De1500 à 1528, deux cent quatre-vingt-dix-neuf navires firent le voyagede l'Inde, soit une moyenne de dix par an. De 1529 à 1612 on endénombrera cinq cent cinq, soit une moyenne de six par an. DeLisbonne, les navires faisaient voile vers Madère et l'île de LaPalma3. Ils longeaient ensuite la côte africaine jusqu'à la SierraLeone, l'équateur franchi, ils allaient prendre les vents favorables au

1. Bartolomeu Dias de Novaes, ou Barthélémy Diaz (en Algarve, vers 1450 - au largede Bonne-Espérance, 1500). Navigateur portugais.

2. Vasco de Gama (Sines, Alentejo, vers 1469 - Cochin, Inde, 1524). Navigateurportugais, il découvrit la route des Indes par le cap de Bonne-Espérance (1497) etatteignit Calicut (aujourd'hui Kozhicode) en 1498.

3. Ile volcanique de l'archipel des Canaries.

4

Page 15: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

large du Brésil. A la latitude de Rio de Janeiro, ils piquaient vers lesud-est en direction du cap de Bonne-Espérance. S'ils passaient le capavant la fin de juillet, ils prenaient la « route intérieure» par le canalde Mozambique. Après juillet, ils prenaient la « route extérieure» aularge des Mascareignes 1. Après 1612, le trafic diminuera: lacolonisation du Brésil, commencée dès 1540, occupera de plus enplus les Portugais au détriment de leurs actions aux Indes.

La première expédition néerlandaise vers l'océan Indien date de1595. Elle visait l'archipel indonésien, centre de production desépices. Un essai d'établissement dans l'océan Indien, à l'île Maurice2,tourna court. Les Hollandais fréquentent Madagascar pour se procurerdes esclaves mais ne s'y installent pas: l'occupation du cap deBonne-Espérance, en 1652, les en détourne. Le Cap est en fait lapremière tentative de colonisation des Européens dans l'océan Indien,mais le gros du peuplement est composé de Boers (fermiers) qui n'ontaucun goût pour la mer et préfèrent s'enfoncer à l'intérieur des terres.Il faut noter l'insuffisance de l'immigration, malgré l'apport en 1688,des huguenots chassés de France par la révocation de l'édit de Nantes.

Après avoir cherché à atteindre l'Inde par la voie du levant, lesAnglais empruntent la voie circumafricaine, presque en même tempsque les Hollandais. Concentrant ses efforts sur l'Inde, l'Angleterreparvient à mettre la main sur tout l'océan Indien.

Si la France s'est lancée tardivement et faiblement dansl'aventure3, il faut sans doute y voir la conséquence des nombreusesguerres dans lesquelles elle était engagée: les hostilités contreCharles-Quint4, puis les guerres de Religion mettent à malle trésor etlaissent peu de temps à l'organisation de structures commerciales. Parailleurs, il semble que les Français n'étaient pas convaincus del'intérêt de lier marine et colonie. Ainsi, « le comptoir fondé en 1525à l'île Saint-Alexis, près de Pernambouc, par des Lyonnais, ne

1. L'annexe 1 reproduit la route suivie par ces navires. ln Auguste Toussaint p. 38.2. Ainsi nommée en hommage à Maurice De Naussau, Prince d'Orange (Dillenburg,

1567 -La Haye, 1625).3. L'annexe 2 témoigne de la présence française dans l'océan Indien sous le règne de

François 1er.4. Charles V ou Charles Quint (Gand, 1500 - Yuste, Estrémadure, 1558). Empereur

d'Allemagne (1519-1556), prince des Pays-Bas (1516-1555), roi d'Espagne sousle nom de Charles 1er, roi de Sicile sous le nom de Charles IV (1516-1556).

5

Page 16: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

subsista pas plus d'un an. La France antarctique de Rio de Janeirodura de 1555 à 1560. La Floride française, peuplée de protestants,vécut moins encore, de 1562 à 1565. La France équinoxiale de Saint-Louis du Marambâo, au nord du Brésil, eut la même durée, de 1612 à1616. Du Brésil, ce furent les Portugais qui nous chassèrent; enFloride, ce furent les Espagnols qui massacrèrent nos huguenots. LaNouvelle-France, découverte et explorée en 1534-1536 par JacquesCartier!, fut aussi éphémère »2.Le seul point ferme acquis avait été unétablissement à Madagascar, en 1638, conçu à la fois comme uncentre de rayonnement dans l'océan Indien et un noyau depeuplement.

A partir de 1601, Henri IV3 et Sully4 vont se consacrer à lapacification du royaume et à sa prospérité. Louis XII15 et Richelieu6continueront l'œuvre de leurs prédécesseurs en développantprincipalement la marine et en favorisant la création de plusieurscolonies, mais l'entrée de la France (16357) dans la Guerre de Trenteans (1618-1648) pénalise les ambitions. Toutefois, l'époque voitnaître la Compagnie de la Nouvelle-France (1628-1632) et laCompagnie des lIes d'Amérique (1635-1651). Quand Richelieu meurtle 4 décembre 1642, le protestant Jacques Pronis8 devient gouverneur

1. Jacques Cartier (Saint-Malo, 1494 - Id., vers 1554). Parti à la recherche d'uneroute vers l'Asie par le nord du Nouveau Monde, il atteignit Terre-Neuve (1534)et prit possession du Canada au nom de François 1er.

2. ln Charles de La Roncière, Quatre siècles de colonisation française.3. Henri IV (Pau, 1553 - Paris, 1610). Roi de France (1589-1610) et de Navarre

(1572-1610).4. Maximilien de Béthune, baron de Rosny, duc de Sully (Rosny, 1560 - Villebon,

1641). Conseiller de Henri IV.5. Louis XIII (Fontainebleau, 1601 - Saint-Germain-en-Laye, 1643). Roi de France

(1610-1643).6. Armand Jean du Plessis cardinal, duc de Richelieu (Paris, 1585 - Id., 1642).

Ministre de Louis XIII.7. 19 mai 1635, Bruxelles: par la voix du héraut d'armes Jehan Grassiollet de

Daubis, la France déclare la guerre au roi Philippe IV d'Espagne et au cardinal-infant Ferdinand (frère d'Anne d'Autriche et de Philippe IV) son représentant auxPays-Bas.

8. Jacques Pronis (La Rochelle, ? -Madagascar, 1665). Gouverneur de Madagascarde 1642 à 1648 : il fonda Fort Dauphin (1643).

6

Page 17: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

de Madagascarl. Ce dernier avait confirmé, en septembre de la mêmeannée, l'actuelle île de La Réunion comme possession française.

Avec l'arrivée de Jean-Baptiste Colberf, que Louis XIV3 nommecontrôleur général des finances en 1662, un nouvel élan est donné auxéchanges commerciaux. Il partage les océans entre des Compagniesqui y trouveront des points propices à la colonisation: Pondichéry etles îles de France et de Bourbon pour la Compagnie des IndesOrientales (créée en août 1664) ; le Sénégal, la Guyane, La Nouvelle-France, les Antilles pour la Compagnie des Indes Occidentales (crééeen mai 1664). C'est en cette fin du XVIIe siècle que le peuplement deLa Réunion commence4. Mais, là encore, le poids des nombreusesguerres entrave le développement des colonies, quand elles ne sontpas cédées à l'occasion de traités de paix: morceau par morceau, autraité d'Utrecht, en 17135, puis au traité de Paris, en 17636, la

1. L'île de Saint-Laurent avait été découverte par les Portugais vers 1500. Le premierdébarquement français semble avoir été celui des frères Parmentier en 1529.Richelieu ne considérait pas Madagascar comme colonisable ; toutefois, il accordeà Rigault et à Régimont le monopole du commerce de Madagascar. Entre 1642 et1674, quatre mille colons avaient été envoyés dans l'île: il n'en restait, en 1674,que soixante...

2. Jean-Baptiste Colbert (Reims, 1619 -Paris, 1683). Ministre de Louis XIV.3. Louis XIV (Saint-Germain-en-Laye, 1638 - Versailles, 1715), roi de France

(1643-1715).4. Les colons qui avaient fui Fort-Dauphin (Madagascar) y débarquent en 1676. L'île

compte, en 1678, cent cinquante habitants.5. Il avril 1713, Utrecht: signature du traité entre la France et l'Angleterre, premier

des cinq traités séparés de paix avec la Hollande, le Portugal, la Savoie et leBrandebourg qui mettent fin à la guerre de succession d'Espagne. L'ensemble desdispositions de ce traité est donné en annexe, nous ne mentionnons ici que lapartie concernant l'île de Bourbon:la France cède à l'Angleterre sa part de Saint-Christophe, l'Acadie qui devient laNouvelle-Ecosse, Terre-Neuve et la baie d'Hudson, mais conserve le Canada, l'îlede Cap-Breton et l'île Saint-Jean, la Louisiane, les petites Antilles, la moitié deSaint-Domingue, la Guyane, des établissements au Sénégal, l'île de Bourbon etdes comptoirs en Inde.

6. 10 février 1763, Paris: le traité de paix définitif entre l'Angleterre, l'Espagne et laFrance entérine les préliminaires de Fontainebleau et met fin à la guerre de Septans au bénéfice de l'Angleterre;la France perd toutes ses possessions en Amérique: le Canada, l'île du Cap-Breton, les îles du Saint-Laurent, la vallée de l'Ohio et les territoires de la rivegauche du Mississippi qui vont à l'Angleterre;le Mississippi devient frontière entre les possessions anglaises et françaises;

7

Page 18: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Nouvelle-France de Louis XIV va échapper à la domination française.Il faut ajouter à cet argument « l'impression» que connaissait laFrance de l'époque: elle avait le sentiment de se dépeupler... Cetteerreur d'appréciation allait contre une incitation à l'émigration.

Plus tard, sous le Consulat, la Louisiane l, puis, après la premièreabdication de Napoléon 1er,la partie française de Saint-Domingue etl'île de France2, cessent de faire partie de notre domaine colonial3.

dans les Antilles la France perd la Désirade, Marie-Galante et Tobago, laDominique, Grenade et les Grenadines;elle perd en Inde toutes ses acquisitions postérieures au 1er janvier 1749 et negarde que les cinq comptoirs (Chandernagor, Karikal, Mahé, Pondichéry etYanaon) non fortifiés, qu'elle possédait lors de la paix d'Aix-la-Chapelle (1748) ;pour récupérer La Havane et Cuba, perdues le 13 août 1762, l'Espagne cède laFloride à l'Angleterre;comme compensation de la perte de la Floride, Louis XV cède la Louisiane àl'Espagne, laquelle sera rendue à la France en 1800 (traité de San Ildefonso) ;la France conserve les îles de Bourbon et de France, le droit de pêche dansl'estuaire du Saint-Laurent et sur la côte de Terre-Neuve avec la possession deSaint-Pierre et Miquelon;elle conserve aussi la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, Saint-Lucie et lapartie occupée de Saint-Domingue;tous les établissements français du Sénégal, sauf l'île de Gorée, sont cédés àl'Angleterre;le traité interdit à la France de fortifier Dunkerque et y exige un contrôleuranglais;la France rétrocède Minorque à l'Angleterre pour recouvrer Belle-He détenuedepuis le 7 juin 1761.

Ratifié par Louis XV le 23 février et par Charles III le 25.1. 28 avril 1803, Paris: incapable de la défendre et ne voulant pas qu'elle tombe aux

mains des Anglais, le premier consul Bonaparte, qui a en outre besoin de fondspour reprendre la guerre contre l'Angleterre, vend la Louisiane aux Etats-Unispour 16 millions de dollars. Le traité est négocié par le marquis François deBarbé-Marbois, ministre du Trésor depuis 1802 et signé par le Président ThomasJefferson et son secrétaire d'Etat James Madison.

2. 30 mai 1814, premier traité de Paris: l'Angleterre nous prend l'île de France,Tobago et Sainte-Lucie, elle nous interdit de rentrer à Saint-Domingue dont lapartie française va à l'Espagne. La France s'engage en outre à abolir la traite desNoirs dans un délai de cinq ans.

3 Les notes 27, 28, 29 et 30 sont extraites de Jean-Jacques Teycheney, Abrégéd 'histoire diplomatique. Manuscrit.

8

Page 19: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Le commerce

Tout ce mouvement sur les mers et les océans, toutes ces viestransplantées vers des lieux inconnus, pourquoi? Le commerce?Certes; l'enrichissement? Bien sûr. Mais quel commerce, quelsproduits méritaient de tels investissements à risque en hommes et enfinances? L'or et les épices. Pour se les procurer, il fallait braverl'espace à la réputation périlleuse: passé une certaine ligne, l'eau desocéans était censée bouillir sous l'effet d'une chaleur infernale etengloutir les embarcations. Les hommes, sous le même effet, brûlaientet devenaient noirs. Les limites des terres et des mers étaientincertaines: la géographie de Ptolémée1 servait de référence etrenseignait faussement le voyageur. La terre était plate et parvenu àl'extrémité on était victime de la chute suprême et définitive!

Malgré cela, il a fallu l'audace, l'utopie, le rêve de quelques-unspour entreprendre l'impossible et l'effrayant. Une fois la« reconnaissance» du globe accomplie, les mers et les océans vontvoir fleurir une noria d'embarcations à la recherche d'échangescommerciaux lucratifs.

Le 28 mai 1664, Colbert avait créé la Compagnie des IndesOccidentales; il lui était accordé « le droit exclusif du commerce, dela traite des Noirs et de la navigation dans toute l'étendue des îles etterres fermes de l'Amérique ».

En août 1664 est créée la Compagnie des Indes Orientales; elle estouverte à « toutes personnes de quelque qualité ou condition qu'ellessoient». Ce point mérite d'être souligné car les nobles, même sicertains répugnent au début à ces investissements, ne se trouvent pasexclus. La Compagnie est formée grâce à des capitaux privés et à laparticipation de l'Etat. Elle reçoit pour cinquante ans le privilège ducommerce à l'est du cap de Bonne-Espérance, c'est-à-dire dansl'océan Indien, en Extrême-Orient et dans les mers du Sud, ainsi quela propriété de Madagascar et de « toutes les terres conquises sur lesennemis du roi». C'est l'année suivante (1665) que Bourbon verra. ..arrIver ses pIonnIers.

1. Claude Ptolémée (probablement à Ptolémaïs Hermiu (Haute-Egypte) vers 90 -Canope vers 168). Astronome, mathématicien et géographe grec.

9

Page 20: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Dans les premiers temps, le commerce ne sera pas le souci majeurdes Bourbonnais. L'île aura vocation de « jardin»: elle fournira endenrées alimentaires les navires qui y feront escale. Bourbon vivra àl'écart de la fièvre commerciale du fait de l'impossibilité de la doterd'un port réellement facile d'accès. Il faudra attendre l'élan insufflé, àpartir de 1730, par deux gouverneurs pour parler de commerce avec laculture du caféier.

L'île

La Réunion est une île volcanique de l'océan Indien, située à huitcents kilomètres à l'est de Madagascar et à trois cents kilomètres aunord du tropique du Capricorne. La route qui fait le tour de l'île luidonne une circonférence de deux cent huit kilomètres, sa superficieest de deux mille cinq cent dix km2.

C'est sur une carte de 1502, due aux Portugais, que La Réunionapparaît pour la première fois sous le nom de Diva Morgabin (l'île del'Ouest). Le 9 février 1507, Diego Fernandez Pereira aperçoit une île,il ne s'y arrête pas mais la baptise Santa Apollonia (le 9 février est lejour de la Saint Apolline). En 1513, Pedro de Mascarenhas, àl'occasion d'un voyage aux Indes, « découvre» La Réunion, Mauriceet Rodrigues: les Mascareignes. Ainsi se trouvent résumées lesorigines possibles de la découverte de La Réunion.

« Repérée» à plusieurs reprises par les Portugais, La Réunion nefut, toutefois, jamais possession portugaise. lIe déserte, elle servaitd'étape aux navires hollandais, anglais et portugais en route pour lesIndes et c'est un Français, Salomon Goubert, originaire de Dieppe,qui va en prendre possession au nom du roi de France en 1640. Enagissant de la sorte, il appliquait à la lettre les ordres de la Société del'Orient à laquelle Richelieu reconnaissait le droit d'ériger en colonie,au nom du roi, Madagascar « et autres îles adjacentes ».

En septembre 1642, Jacques Pronis, gouverneur de Madagascar,confirme la prise de possession de l'île par les Français. En 1646,appareille de Madagascar le Saint-Louis sur lequel sont embarquésdouze mutins: ils sont exilés à Bourbon par le gouverneur dont ils ontcomploté le meurtre. A son arrivée à Madagascar, Etienne de

10

Page 21: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Flacourt1, nouveau gouverneur, épouvanté par la mesure de sonprédécesseur décide de rapatrier les mutins: il se rend sur l'île, qu'ilbaptise Bourbon, et dont il réaffirme le titre de possession française.Après le départ des mutins, l'île sera à nouveau déserte pendant cinqans.

Etienne de Flacourt n'aura pas qu'à se louer des Français deMadagascar. Il devra lui aussi sévir, cette fois contre des voleurs: le10 septembre 1654, huit Français et six Malgaches embarquent, surl'ordre de Flacourt comme « volontaires », à bord de l'Ours àdestination de Bourbon. Ils y séjourneront quatre ans, jusqu'à ce quele 28 mai 1658 arrive le Thomas-Guillaume. Son propriétaire, letrafiquanf Gosselin, propose aux habitants de l'île de les monter àson bord pour les emmener aux Indes. L'île est une fois de plusdésertée.

En 1663, Louis Payen3 et Pierre Pau obtiennent du gouverneur deMadagascar, où ils résident, l'autorisation d'aller s'installer àBourbon: Monsieur de Kergadiou, commandant du Saint-Charles, lesy débarque en novembre. Les deux Français sont accompagnés de dixMalgaches: sept hommes et trois femmes. Ils s'installent àl'emplacement de l'actuelle Saint-Paul, où les mutins de 1642 et de1654 s'étaient eux-mêmes installés. A partir de cette date l'île ne seraplus jamais déserte.

Le 7 mars 1665, quatre navires4 armés par quatre cent quatre-vingt-onze hommes, sous le commandement de Monsieur de Beausse,quittent Brest à destination de Madagascar5. Cette expédition, outreles équipages, emmenait « un certain nombre de colons, dont cent

1. Etienne de Flacourt (Orléans, 1607 - Dans l'Atlantique, 1660). Naturaliste,gouverneur de Madagascar de 1648 à 1655.

2. Trafiquant: nom donné à celui qui faisait le commerce avec les Indes.3. Louis Payen est originaire de Vitry-le-François, il vient de passer sept ans à

Madagascar.4. La Vierge du Bon Port avait été équipé à Saint Malo, le Taureau et l'Aigle Blanc à

La Rochelle et le Saint Paul (l'ancienne frégate de Fouquet, l'Aigle Noir) auHavre de Grâce.

5. On trouvera en annexe 3 le récit du naufrage que vivra la chaloupe d'un desbâtiments de cette expédition. Il permet de mesurer les risques que comportait untel voyage.

Il

Page 22: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

soixante-cinq ouvriers spécialisésl, huit chirurgiens,trois apothicaires,un grand nombre de prêtres et missionnaires, quelques femmes debonne volonté ». Quatre mois plus tard, le 9 juillet 1665, treizecolons, sous le commandement d'Etienne Regnault, débarquent àBourbon. C'est à proprement parler le début du peuplement de l'île.

La perspective de s'installer à Bourbon ne crée pas d'engouementen France. Les départs volontaires à destination de l'île sont peunombreux: la population des colons est majoritairement constituéed'éléments ayant eu des démêlés avec la maréchaussée et d'orphelinsabandonnés à des couvents. Ainsi, l'accroissement de la populationn'est pas considérable: cent cinquante habitants en 1678, trois centseize en 1690 et mille cent soixante et onze en 1713. C'est sans doutecette lenteur dans le peuplement qui permet aux «défricheurs » deconserver longtemps un style de vie proche d'une société primitive,dominée par la chasse et la cueillette, plutôt que de se lancer dans uneéconomie agricole. S'investir plus avant est peut-être difficile pourdes hommes et des femmes démunis. La première pièce des archivesest une lettre de 1678 adressée à Colbert: elle rend bien compte del'état de dénuement de la population. En voici la copie:

« 16 br 1678

Tous les habitants de l'isle Bourbon supplions trèshumblement Monseigneur de Colbert protecteur spécial de ladite isle de Bourbon d'avoir esgard à la nécessité où elle setrouve présentement étant dégarnie de toute commoditésnécessaires tant pour l'entretien des familles que pour lecultivement de la terre et sur tout ce qui descourage entièrementdu service et le mauvais traitement des commandants qui sesaisissent de la plus grande part du meilleur et du plus beau despetits secours qu'on y envoit soit pour eux soit pour leurs valetscomme aussi de considérer qu'ils nous empeschent entièrementle commerce que nous pouvons faire avec les navires quipassent dans ces quartiers qui n'arrive que rarement:néanmoins nous aurons quelques consolation si l'on nouspermettait d' eschanger les fruits que nous cultivons en petite

1. Ces 165 ouvriers se répartissent en : 28 maçons, 12 charpentiers, 16 menuisiers, 17maréchaux, 18 laboureurs-jardiniers-vignerons, 12 soyeux, 8 charrons, 9tonneliers, 15 boulangers, 8 bouchers, 3 taillandiers, 4 tailleurs d'habits, 8cordonniers, 3 tanneurs, 4 chandeliers. ln Georges Martin.

12

Page 23: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

commodité qui nous sont de la dernière nécessité. Monseigneurespérant que vous aurez quelque charité pour le pauvre peuplede Mascareignes nous vous pouvons assurer que de notre costénous contribuerons aussy de nostre meilleur a donner toute lasatisfaction que peut souhaiter nostre bon Roy que Dieuconserve en nostre excellence; les matériaux qui nous seroientplus de besoins ce sont fer acier meulle avec un bon taillandierquelques toilles bien fortes pour le travail avec des marmites etpoisles la terre de ce pais n'estant pas propre a cette effect cequi met dans la dernière misère pour vivre honnestementplustost qu'en sauvage. Monseigneur en passant nousprendrons la liberté de vous dire qu'il y a icy grand ( ) queles navires ont laissé comme malades et qui sont plustost toussoldats que dans le dessin de s'arrester dans ces quartiers quimaudissent tous les iours le moment qu'ils ont mis pieds à terrese serait une grande charité que de les en retirer comme aussyde nous donner la liberté de nous deffaire des Madascarins quisont icy qui sont gens traitres et turbulant car pendant qu'il y enaura au lieu de cultiver nos terres il faut que nous leurs allionsfaire la guerre pour les esloigner de nos habitations

Monseigneur

C'est de rechef la supplique que vous font vos très humbleset obéissants serviteurs.

De Saint-Paul en l'isle de Bourbon ce 16° iour de novembre1678.

Pierre HIBON; F.MUSSARD; Jacques FONTAINE; Sansodu CHAUSSOUR; Pierre COLLIN; F.RICQUEBOURCQ;marque du dit Regnault HOUARAULT ; Marque du dit GillesLAUNAY; Nicolas PROU; Hervé DANEMONT ; marque dudit Jean BELLON; marque du dit Guillaume GlRAR ; JacquesGOURGEON (?); marque du dit Pierre NATIVELLE ;George PIOLAN ; marque du dit François PENAOÜET ; JeanFUS1ER ; marque du dit François VALLEE; marque du ditRobert VIGOUREUX ».

Nous retrouverons, en partie, ces dix-neuf signataires au fil desdifférents recensements et dénombrements.

13

Page 24: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Les populations

Le peuplement de La Réunion a eu plusieurs origines. En dehorsdes mutins et des habitants, chassés lors des émeutes de 1674, venusde Madagascar, sont arrivés des colons, de France principalementmais aussi d'Angleterre, d'Allemagne et du Portugal. Parmi cescolons, certains avaient une origine peu banale: la flibuste. A côté decette population libre, il y avait des esclaves de provenance diverses.Afin de cerner l'originalité de ce peuplement, nous nous attarderonssur ces différentes couches de populations.

Laflibuste

Avant d'aller plus loin, une précision de vocabulaire s'impose: àtort, on a pris l'habitude d'utiliser comme des synonymes, pirates,corsaires, flibustiers, forbans et boucaniers. Globalement, il s'agitd'aventuriers, mais chaque terme renvoie à des situations assezprécises. Nous pouvons mettre à part le corsaire: à l'origine, il s'agitd'un navire armé en course par des particuliers qui ont obtenu uneautorisation du gouvernement. Le capitaine qui commandait ce navireétait, par extension, appelé corsaire: Surcouf qui pratique la traite deNoirs pour les planteurs de Bourbon est un corsaire. Le forban est unpeu la version illégale du corsaire puisqu'il entreprenait à son profitune expédition armée, sur mer, sans autorisation du gouvernement. Leflibustier (altération du néerlandais vrïjbuiter: « qui fait du butinlibrement ») a sévi aux XVIe et XVIIe siècles. Il écumait les côtes etdévastait les possessions espagnoles en Amérique. Ce sontessentiellement des flibustiers que nous aurons à Bourbon: cettemention sera d'ailleurs inscrite dans le registre du recensement pourEugène Le Roy venu de l'île Saint-Christophe, installé définitivementà Bourbon où il se mariera. Le boucanier, quant à lui, était un coureurdes bois de Saint-Domingue qui chassait les bœufs sauvages pour enboucaner la viande. Nous pouvons maintenant dire que forbans etflibustiers étaient des pirates: aventuriers qui couraient les mers pourpiller les navires de commerce.

Le pillage sur les mers a une origine qui se perd dans la nuit destemps. Mais la découverte de l'Amérique et le trafic maritime qui en

1. Robert Surcouf (Saint-Malo 1773-1827). Navigateur et corsaire français. Onpourra lire en annexe 4 un résumé de la vie de Robert Surcouf dû à Roger Vercel.

14

Page 25: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

découle, avec des bateaux chargés de richesses, vont en quelque sortefaire naître, à la fin du Xye siècle, de sérieuses vocations de pirates,corsaires, boucaniers, flibustiers et forbans. Ce, d'autant que le pape aaccordé le monopole des terres nouvelles à l'Espagne et au Portugal:ces deux pays refusent donc aux autres nations d'Europe le droit d'yvenir commercer. L'injustice est trop grande, les représailles netardent pas 1 .

Les « Frères de la Côte »2 ne craignent ni Dieu ni Diable. Ilsexercent donc tout d'abord leur talent à l'Ouest d'où reviennent lesnavires transportant les biens du Nouveau Monde. Dans les années1690, New-York est un refuge pour les pirates: le gouverneur de lacolonie, comblé de cadeaux par les flibustiers, n'hésite pas à leurremettre des lettres de marque3 qui les transforment aussitôt encorsaires. Mais la pression des Anglais, des Espagnols et desFrançais, qui sont bien décidés à lutter contre la piraterie dans la zoneaméricaine, les contraint à un changement de cap. Par ailleurs, en1700, le roi d'Espagne, Charles II de Hasbourg4, meurt sans laisserd'héritier et c'est un Bourbon, Philippe Y, petit-fils de Louis XIV, quiaccède au trône: les Espagnols et les Français sont alors alliés, ce quichasse les forbans français de l'île de Saint-Domingue. Certainsd'entre eux en profiteront pour regagner la vie « civile », d'autresferont route vers les côtes d'Afrique et l'océan Indien. Avec ledéveloppement des Compagnies maritimes hollandaises, anglaises etfrançaises, ils vont exploiter l'Est, où une multitude d'îles désertes, ou

1. François 1er prêtera son concours aux aventuriers en tout genre, car il ne reconnaîtpas les bulles papales: « Je voudrais bien voir la clause du testament d'Adam quim'exclut du partage du monde ». Les premières incursions françaises dans la merdes Caraïbes datent vraisemblablement de 1506. Quand François 1er déclareouvertement la guerre à l'Espagne (1521), elles s'intensifient. ln AugusteToussaint.

2. Expression couramment donnée aux pirates.3. Une lettre de marque est une autorisation du roi de franchir la « marque», ou

« marche », (frontière) afin de poursuivre les agresseurs et de se payer sur eux dudommage causé. Cette licence, ou patente, vaut pour les récupérations effectuéessur mer comme sur terre, mais c'est finalement pour les opérations maritimesuniquement qu'elle est sollicitée. En France, la plus ancienne aurait été accordéele 25 mai 1206 par Philippe Auguste à Wistace le Moyne (Eustache le Moine) deBoulogne pour courir sus à des navires anglais dans la Manche. Prérogative dessouverains, l'octroi des lettres de marque fut étendu aux grandes compagnies decommerce au début du XVIIe siècle. ln Auguste Toussaint.

4. Charles II (Madrid, 1661 - id., 1700).Roi d'Espagne (1665-1700).

15

Page 26: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

semi-désertes, serviront à ces « gentilshommes des mers» de bases derepli. Pour la zone géographique qui nous occupe, Madagascardevient tout à la fois une base stratégique et un lieu de retraite, telle la« république» de Libertalia que fonde le pirate Misson dans la baie deSan Diego.

Le voisinage de Bourbonl est utile à ces marins, pour certainssemi-sédentarisés : ils s'y approvisionnent régulièrement et d'aucuns,sans doute lassés de leur communauté essentiellement masculine, s'yfixeront. Il faut signaler par ailleurs que leurs comportements, souventtyranniques, à l'égard des Malgaches, les contraindront à s'exiler versd'autres rivages. Gilles Lapouge dans son ouvrage Les Pirates mettrès bien en évidence l'aspect de ces hommes révoltés contre lasociété, en rupture de ban, lassés d'une vie de terrien submergé par lamisère, en prise directe avec la mort - la leur et celle des autres -préférant le mouvement à toute stabilité, ne reconnaissant qu'uneautorité, la leur. Cette indiscipline, ce peu de vocation pour la terre etle travail qu'elle nécessite auront sur le peuplement de Bourbon leurimportance: ces hommes qui ont forcément méprisé d'être à la tâche,d'accomplir une routine parce qu'ils sont épris de liberté - la leur - nesont pas disposés à valoriser ce territoire. Ils aiment le côté sauvagedes lieux qu'ils occupent, n'ont pas le souci de leur salut. Ils ont tué:l'Enfer est leur prochain point de ralliement. Voici les portraits quedresse Antoine Boucher, le décideur du recensement de 1690, deflibustiers vivant à Bourbon: «Eustache Le Roy est un créole deSainte-Croix, à la Martinique, qui n'a point d'autre profession quecelle de mauvais matelot: homme fort simple et sans éducation, et, àl'ivrognerie près, qui serait assez bon homme, car il est fort serviableaux habitants qui veulent l'employer, et bien obéissant aux ordres,mais peu soigneux de la culture de ses terres et des affaires de sonménage, et du désordre épouvantable de sa maison; il a pour épouseJeanne Fontaine, créole fort basanée, femme sans éducation ni savoir-faire, débauchée tout ce qu'on peut; elle avait même fait deux enfants

1. Le premier passage de flibustiers à Bourbon remonte à janvier 1687. Il s'agit d'uncorsaire anglais ayant à son bord vingt-deux flibustiers hollandais. Quelques-unsresteront sur l'île, dont Gilbert Wilman qui épousera une mulâtresse, JeanneRoyer, et fondera une nombreuse famille. En novembre 1695, un autre navirepirate, le Avery, arrive à Saint-Denis et y laisse soixante-dix flibustiers coususd'or et d'argent. Parmi les marins qui s'installeront définitivement à Bourbon,citons Victor Riverain, Jacques Huet et François Boucher. ln Il était une fois LaRéunion.

16

Page 27: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

filles avant que de se marier, lesquelles son mari a adoptées; il n'estmême pas permis de dire qui l'on soupçonne d'avoir fait un de cesenfants, cela serait odieux à entendre; et cette femme continue cettemême vie, sans que son mari se mette en peine d'y mettre ordre; ilsont eu deux garçons de leur mariage, et Dieu sait quelle éducation ilspeuvent avoir, aussi bien que les deux filles qui sont déjà grandes,conduits et instruits par de tels père et mère. Tous tant qu'ils sont, ilsn'ont pas une chemise à se mettre sur le corps, quoique cet homme eûtplus de deux mille écus lorsqu'il débarqua à l'île Bourbon d'unvaisseau forban en 1701, qu'il a dissipés en ivrognerie et au jeu. .. Ilcultive un peu de riz qui lui aide un peu à subsister; le reste vient desgrâces de Dieu et du seul fruit de la débauche de sa femme... » Etencore: «Jacques Picquart est un poitevin âgé de 50 ans; il resta àBourbon d'un vaisseau forban, il y a environ quinze ans; cet hommea toujours été un grand paresseux, ivrogne et adonné à toutes sortes devices: il est même à présent à Pondichéry, pour avoir été convaincud'avoir violé une petite fille âgée de 9 à 10ans, nommée Hélène LeBeau, fille de Samson Le Beau; il n'a aucune éducation et ne saitpoint d'autre profession que celle de matelot. Il a pour épouse LouiseColin, créole mulâtresse, femme qui mène une vie aussi déréglée queson mari; elle a même fait un enfant pendant qu'il était arrêtéprisonnier et l'on dit que ce fut elle qui découvrit à un de ses amantsoù s'était réfugié son mari après s'être sauvé des cachots, ce qui fitqu'il fut repris, et ce que l'on n'avait pu faire après bien desrecherches; ils ont trois enfants, qui sont aussi mal élevés qu'il estpossible de se l'imaginer; ils sont dans la dernière indigence pour leschoses nécessaires au ménage... » Notre informateur est moins sévèreavec Claude Ruelle: «Claude Ruelle est un Bourguignon âgé de 47ans, resté à Bourbon d'un navire forban, il y a environ quinze ans; ilest maquignon de son métier, honnête homme, très laborieux, et,quoique sans éducation, il vit très bien et très chrétiennement; il estfort obéissant et assidu à son devoir, et avec tout cela il a le malheurd'être ivrogne; mais son ivrognerie ne le détourne point de sontravail, car il a la prudence de ne se saouler que les fêtes etdimanches, mais ces jours-là, il n'y manque point... »1. Un tel étatd'esprit permet de comprendre le « relâchement », si souvent décrit,de la population de Bourbon. Qu'on imagine l'île peupléeexclusivement de protestants chassés de France par la révocation del'édit de Nantes. .. Le résultat eût été bien différent!

1. In Jacques Rosset, pp.213 et 216.

17

Page 28: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

L'esclavage

L'histoire du peuplement de Bourbon est indissociable de celle deMadagascar. A l'origine, c'est la Grande lIe qui est visée par lesFrançais pour établir une base sur le chemin des Indes: dès le débutdu XVIIe siècle, Henri IV y est favorable. Sous le règne de Louis XIII,Richelieu facilitera les ambitions de la marine royale et en 1642 et1643, des colons s'installent respectivement à Sainte-Lucie puis auFort-Dauphin. Dès le départ, la population autochtone verra d'unmauvais œil l'implantation des nouveaux venus et ce, d'autant plusqu'ils font preuve d'une mauvaise autorité. Par ailleurs, les résultatscommerciaux sont loin d'être excellents. Nous avons évoquéprécédemment le départ de Madagascar des mutins à destination deBourbon en 1646 et en 1654. En 1655, Etienne de Flacourt quitte laGrande lIe et regagne la France: livrés à eux-mêmes les colons vontentretenir et aggraver une ambiance délétère telle que Louis Payen etPierre Pau vont préférer, en 1663, s'exiler à Bourbon1.

La Compagnie Particulière de Navigation, qui avait entrepris des'installer à Madagascar, abandonne l'île. En décembre 1670, JacobBlanquet de la Haye2, qui avait quitté Rochefort le 29 mars 1670, enprend possession au nom du roi. A son retour d'un voyage aux Indes,en décembre 1674, il ne peut que constater l'abandon de Fort-Dauphin dont les occupants ont été massacrés. Les survivants, aunombre de soixante-trois dont douze femmes, avaient fui vers leMozambique; après une étape par Surat, en Inde, ils allaient rejoindreBourbon en mai 1676. Il ne restait alors qu'une poignée de témoins« du débris de Madagascar »3.

1. Fin septembre 1663, le Saint-Charles approche des côtes malgaches. Commandépar le capitaine Kergadiou, affrété par le duc de Meilleraye, le Saint-Charlesassure la relève. L'opportunité de cette visite donne l'idée à Louis Payen dedemander au capitaine de le déposer, ainsi que son compagnon, à Bourbon sur lechemin du retour. Cette demande surprend Kergadiou qui prend l'avis dugouverneur de la place, Monsieur Champmargou. En novembre 1663 le Saint-Charles jette l'ancre dans la baie de Saint-Paul: Louis Payen et Pierre Pau,accompagnés de dix domestiques, débarquent à Bourbon.

2. Jacob Blanquet de la Haye, colonel nommé par Colbert pour commanderl'expédition à destination de Madagascar. Le roi lui avait accordé le titre delieutenant général dans l'île Dauphine (Madagascar) et dans toutes les Indes.

3. Cette expression renvoie à l'épisode dramatique qui avait entraîné la fuite desFrançais de Madagascar.

18

Page 29: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Durant leur séjour à Madagascar, nombre de soldats et de colonss'étaient unis à des femmes malgaches. D'autres, lors de leurmigration à destination de Bourbon, avaient, nous l'avons vu, entraînédes serviteurs malgaches. Ainsi à Bourbon vivait une population déjàcomposite. Il est vraisemblable que l'état de domesticité, imposé à lafierté malgache, ait été à l'origine de certaines «fuites» loin desBlancs de la part des Malgaches. Par ailleurs, le problème crucial dumanque de femmes, que l'arrivée en 1676 de quatorze Indiennesn'avait pas résolu, créait de fortes oppositions entre les hommes: lescolons s'attribuaient en priorité les femmes malgaches puisque lesarrivées de Françaises étaient quasiment nulles. En outre, les récitsqu'ont pu faire les rescapés de l'île Dauphine n'ont pas manqué dedétériorer les rapports entre Blancs et Noirs en insinuant la peur chezles premiers à l'égard des seconds: si les Noirs abrités dans les forêtsde Bourbon allaient se comporter comme ceux qui avaient attaquéFort-Dauphin et massacré ses occupants, qu'adviendrait-il de l'îled'Eden? De paternaliste, l'attitude envers les Noirs va devenirméfiante.

Pendant le dernier quart du XVIIe siècle, les deux populationsconnaissent un faible accroissement: en 1674, Bourbon comptesoixante-dix « libres» et cinquante-huit domestiques; en 1690 on endénombre respectivement cent quatre-vingt-seize et soixante-quinze.Jusqu'au début du xvme siècle, peu de bateaux font escale àBourbon: moins de dix en provenance de France et à peine unevingtaine de retour des Indes. Les occasions d'acheter des esclavesseront donc peu nombreuses.

C'est le gouverneur de Bourbon, La Cour de la Saulaie1, qui va sefaire négrier: en affaire avec les flibustiers installés à Madagascar,nous en avons parlé précédemment, il organise la traite. Sonsuccesseur, Villers, se fera aussi acquéreur de cette main-d'œuvreservile. Du côté des colons, la « marchandise» créera l'acheteur etcertains vont se pourvoir d'esclaves au-delà de leurs besoins. Ainsi,alors que les esclaves vivaient avec la famille et avaient plutôt unstatut de domestique, ils vont être maintenant en marge.

Seul le recensement de 1704-1705 mentionne systématiquement(sauf huit cas) l'origine géographique des esclaves. Nous l'étudierons

1. La Cour de la Saulaie, gouverneur de Bourbon de 1698 à 1701.

19

Page 30: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU1 - RÉPARTITIONDES ESCLAVES,ADULTESET ENFANTS,SELON LE SEXE ET LEUR ORIGINE GÉOGRAPHIQUE

Origine Adultes Enfants TotalS.M. S.F. Total S.M. S.F. Total

Indes 36 1 37 8 8 45Mada. 55 31 86 17 07 24 110Afrique 44 4 48 1 1 49Bourbon 13 10 23 35 43 78 101Total 148 46 194 61 50 111 305

Sources: nos dépouillements.

INTRODUCTION

dans le détail ultérieurement et ne présentons ici que les chiffres destrois grands lieux de provenance: Indes, Madagascar, Afrique etmentionnons ceux nés à Bourbon. A cette date, deux cent quatre-vingt-douze esclaves appartiennent à des familles et vingt et un à laCompagnie.

Avec l'introduction du café et la culture intensive qui vas'imposer, l'esclavage à Bourbon va s'amplifier. Sans doute avecmoins de force que dans les îles américaines, car depuis la France oncompte moins sur cette petite île difficilement accessible et aussiparce que la Compagnie des Indes a normalement interdiction deprocéder à l'achat d'êtres humains. Les choses ont quand mêmegrandement changé en l'espace de moins de trente ans: le 17septembre 1724 est enregistré à Bourbon le Code Noir1, adaptation àl'île du Code Noir de 1685. Il faut une réglementation aux rapports deforce qui se sont instaurés au sein d'une population dans laquelle,pourtant, nombre de libres ont des origines malgaches et indiennes.Les origines mêlées, les préceptes religieux et l'ambiance de paradisterrestre qui avaient prévalu à Bourbon, mettent un obstacle à lacompréhension du développement de l'esclavage. Comment, deshommes et des femmes qui avaient, pour une part, le même sang queceux qu'ils asservissaient, qui respectaient les baptisés, - et lesesclaves l'étaient systématiquement -, qui vivaient dans un endroitidyllique, en sont-ils venus à contraindre, à réduire, d'autres hommes,femmes et enfants à l'état de biens? Tout cela pour du café, expédiédans une métropole qui n'avait que peu d'attentions pour ses lointains

1. On trouvera en annexe 4 les articles de ce Code Noir appliqué à Bourbon.

20

Page 31: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

colons! Même si la vie quotidienne des esclaves de Bourbon sembleavoir été moins dramatique que celle imposée en Amérique, il n'endemeure pas moins vrai que cette privation totale de liberté, imposéepar ceux-là même qui avaient souvent fui leur pays par désird'échapper à la domination que leur imposait leur misère, cetteexploitation inhumaine de la force de travail paraissent irréelles. Ledépouillement d'archives sensibilise, celui qui le pratique, auxvicissitudes des populations anciennes; aussi avons-nous quelquesdifficultés à comprendre comment certains signataires de la lettre àColbert (reproduite précédemment) ont pu être, quelques années plustard, pourvus d'une armée d'esclaves. Nos lectures annexes,concernant les besoins de la cour de France, engagée dans des guerressans fin, avide de biens, qui envoyait dans ses colonies desreprésentants y imposant leurs volontés, nous ont soufflé l'idée queles colons de Bourbon avaient été eux-mêmes sacrifiés aux nécessitéséconomiquesl. Ils sont devenus la courroie de transmission d'uneorganisation qui avait toujours fait fi, pour elle-même, du travail. Lescolons ont trouvé plus exploitables qu'eux dans cette populationd'Africains, de Malgaches et d'Indiens qui bien souvent avaient étéenlevés par les leurs, faits prisonniers et vendus aux négriers.

Les recherches de J.M. Filliot permettent de chiffrer, par période,le nombre d'esclaves arrivés aux Mascareignes au XVIIIe siècle:

- des origines à 1714 : 1 000,- de 1715 à 1726 : 10 000,-de 1727 à 1751 : 25 000,-de 1752 à 1766: 14000 et- de 1767 à 1810 : Il 0 000.Soit un total de cent soixante mille esclaves.

De modérées, les arrivées vont s'accélérer du fait du gouverneurPierre-Benoist Dumas2 et s'amplifier avec son successeur LaBourdonnais3. On compte environ sept mille esclaves à Bourbon en

1. John Law (Edimbourg, 1671-Venise, 1729). Il avait intégré Bourbon dans sesplans de restructuration de la Compagnie des Indes.

2. Pierre-Benoist Dumas, gouverneur de Bourbon de 1727 à 1735.3. Bertrand François Mahé de La Bourdonnais (Saint-Malo, 1699 - Paris, 1753).

Gouverneur de Bourbon de 1735 à 1746. Il considérait les habitants de Bourbon« trop fainéants» et comptait sur les esclaves pour réaliser le travail nécessaire audéveloppement de l'île.

21

Page 32: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

1735 et à peu près dix mille en 1750. Madagascar, Mozambique et lesIndes fournissaient l'essentiel de la population esclave. Après ledépart de La Bourdonnais et pendant quatre ans, le rythme d'arrivéesdes esclaves va fléchir. En effet, la principale activité agricole deBourbon, qui nécessitait une main-d'œuvre nombreuse, subit unegrave crise: la «maladie}) se met dans les caféiers et réduit lesrécoltes à néant. Appréciant, sans doute, le danger qu'il y avait, dansune si petite île, à privilégier la monoculture, les gouverneurs qui vontsuccéder à La Bourdonnais favorisèrent des cultures plus diversifiéesdans le domaine très lucratif des épices et développèrent les culturesdont les produits été très demandés par les navires faisant escale àBourbon.

Avec la rétrocession des Mascareignes au roi, en 1764, et la libertéde commerce accordée à tout un chacun dès 1766, renforcée parl'ordonnance du 13 août 1769, la traite des Noirs va connaître «unessor sans précédent; en vingt-cinq ans, malgré le contrecoup de laRévolution, les entrées serviles furent multipliées par trois. En 1767 ilY avait cinq esclaves pour un habitant, en 1793, le rapport fut de neufau moins pour un}) (J.M. Filliot). Cet afflux s'explique par unereprise économique qui vit revenir la culture du caféier et s'amplifier,par l'entêtement de l'intendant Poivre1, la culture des épices(muscade, girofle, poivre et cannelle).

Avant que les idées révolutionnaires ne s'intéressent à l'esclavageet que Danton2 décrète le 16 Pluviôse an II (4 février 1794) sonabolition, faisons un point sur les chiffres des différents recensementset décomptes du XVIIIe siècle provenant des archives et les donnéesfournies par J.M. Filliot :

1. Poivre (Lyon, 13, 19 ou 23 août 1719 - Lyon 6 janvier 1786). «chasseur»d'épices.. .

2. Georges Jacques Danton (Arcis-sur-Aube, 1759 - Paris, 1794). Homme politiquefrançais.

22

Page 33: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

TABLEAU 2 - POPULATIONS SERVILE ET TOTALE À BOURBON

Date TotalServileNègres Esclaves

1690 1161704-05 3161709 3781711 4571714 5201715 7361719 (1) 7731733 6 4411735 7 0001744 102961750 10 0001752 13 3901776 26 1751779 (2) 23 1821787 37 265

(1) ce recensementne compteque Saint-Paul.(2) ce recensementne compteni Saint-Denisni Saint-Pierre.En italiques: nos résultatsde dépouillement.

316734894

1 1711 4351 2168071

12 538

16 52432 51528 53146 017

Cette présentation est éloquente: en un siècle, la population totaleest multipliée par cent quarante-six, celle des esclaves par trois centvingt... C'est surtout à partir des années 30 du XVIIIe siècle quel'accroissement s'accélère du fait, nous l'avons vu, des gouverneursDumas et La Bourdonnais. Entre 1735 et 1750, le tauxd'accroissement annuel moyen de la population servile peut êtreestimé à 2,4 %. Entre 1750 et 1776, il atteint 3,8 % et entre 1776 et1787, il tourne autour de 3,3 %. L'accroissement d'une populationpeut être le fait du solde naturel (naissances moins décès) et/ou dusolde migratoire (immigrations moins émigrations). L'enregistrementdes naissances et des décès d'esclaves durant le XVIIIe siècle donnedes résultats par trop incomplets pour que nous puissions en tirer unequelconque conclusion 1. En outre, le développement de

1. On pourra se reporter aux dépouillements de Prospère Eve que nous récapitulonsen annexe 6.

23

Page 34: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

l'affranchissement1 provoque des modifications, par sortiesd'observation, de la population esclave, qui ne peuvent être imputéesà la mortalité. Signalons également que le «marronnage »2,difficilement chiffrable, modifie le nombre d'esclaves. Admettonsplutôt qu'à partir de 1730, et jusqu'en 1794, l'accroissement de lapopulation servile est dû, en grande partie, à la traite. Après cettedate, elle n'a pas cessé mais son intensité a été moindre du fait del'abolition officielle qui a en fait généré le trafic frauduleux.

Nous allons tenter maintenant de cerner la répartition des esclavesen fonction de leur lieu de provenance. Majoritairement, ils venaientde Madagascar, dans une plus faible proportion d'Afrique et, pourenviron un sur dix, des Indes.

Madagascar

Dans l'île Dauphine vivaient plusieurs populations fréquemmenten guerre. Ces guerres multiples procuraient nombre de prisonniersaux « roitelets» des différentes ethnies qui avaient pris I'habitude deles échanger contre des armes à feu qui leur permettaient d'assurerleur suprématie. Les Portugais, au XVIe siècle, les Hollandais, auxXVIIe et XVIIIe siècles, les Anglais, pendant la première moitié duXVIIe siècle, puis plus tard les Français, après leur épisodemalheureux dans la Grande lIe, pratiquèrent ce troc armes /prisonniers. Bien qu'arrivés les derniers, ce sont les Français qui vontinstitutionnaliser la traite et surtout la réglementer. Avec la mise envaleur de Bourbon, ce qui avait été un commerce quelque peuanarchique va devenir une organisation stricte dans le but de procurerla main-d'œuvre nécessaire au développement économique deBourbon. A partir de 1717, la Compagnie va réellement diriger letraite et, pour des raisons de proximité, orienter cette dernière versMadagascar. «De août à décembre 1718 le Courrier de Bourbonlongera la côte est de la Grande lIe pour amasser son butin.L'expédition sera un échec complet: six navires anglais ayant raflé

1. A Bourbon, les affranchissements ont précédé la Révolution: au recensement de1787, que nous avons consulté, est introduite la nouvelle catégorie des Libres àcôté des Blancs.

2. Marronnage: fuite des esclaves dans les forêts de Bourbon et en particulier dansles hauts de l'île qui, à cette époque, n'étaient pas habités. Le marronnage a doncconstitué le premier peuplement des hauts.

24

Page 35: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

toutes les têtes disponibles» (J.M. Filliot). C'est essentiellement cettecôte qui sera exploitée tout au long de la traite. Fort-Dauphin futquelque peu sollicité mais la rancœur à l'égard des Français étaitgrande. Par ailleurs, bien que le lieu soit très tentant, car proche desMascareignes, son mouillage était dangereux et dissuadait les navires.Antongil, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, puis Foulpointe, où unchef de traite fut à demeure à partir de 1756 et jusqu'en 1800 et enfinTamatave qui pendant une dizaine d'années assura l'essentiel de lafourniture d'esclaves constitueront les trois principaux centres detraite. La côte ouest avait un accès plus périlleux car les Françaisredoutaient le canal de Mozambique.

L'exclusivité de la traite à Madagascar, que s'était attribuée laCompagnie, eut pour conséquence de limiter l'arrivée de main-d'œuvre servile et de développer la fraude. Nous verrons que lespirates, corsaires et flibustiers, nombreux dans l'océan Indien, vontbien sûr largement participer à cette fraude. Avec la fin de laCompagnie, la liberté d'acquérir des esclaves est accordée à tous(1767). Malgré tout, l'intensité du trafic, au fil du temps, se réduit carles Malgaches ont augmenté le prix des esclaves.

Chiffrer avec exactitude le nombre de Malgaches introduits àBourbon est impossible. En prenant le problème à l'envers, c'est-à-dire en se basant sur la proportion d'esclaves issus de la Grande lIe etrecensés à Bourbon, globalement la moitié de la population asservie,nous pouvons avancer que c'est aux alentours de cent mille esclavesque les négriers ont déplacés d'une île à l'autre. Ainsi, Madagascarest doublement à l'origine du peuplement de Bourbon: d'une part, dufait que les conjointes des premiers colons en étaient originaires etqu'elles ont largement contribué à assurer la descendance despremiers Français; d'autre part, à cause des arrivées massives de latraite organisée et frauduleuse.

L'Afrique

Les Portugais avaient établi des comptoirs sur la côte est del'Afrique dès le XVIe siècle et les Français avaient passé avec eux des« accords ». Qu'on se rappelle que les rescapés «du débris deMadagascar» trouvèrent refuge au Mozambique auprès des Portugais.Mais c'est avec l'arrivée du gouverneur La Bourdonnais que le traficfut réellement organisé. L'entente franco-portugaise était quasi totale.Le commerce des esclaves s'amplifia quand Bourbon fut rétrocédée

25

Page 36: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

au roi: à la fraude, largement pratiquée pendant le règne de laCompagnie qui ne permettait qu'un nombre limité d'entrées deCafres 1, succéda un-va-et-vient légal entre Bourbon et l'Afrique. Apartir de 1770, plus de Cafres que de Malgaches arrivent auxMascareignes. Ces Cafres étaient fort appréciés des Bourbonnais: ilsétaient forts et leur tendance au marronnage était faible2. Par contre, levoyage plus long pour les amener à Bourbon entraînait un manque àgagner pour les négriers: la mortalité à bord était élevée. En dehorsdu Mozambique, qui était le lieu le plus fréquenté, les autrescomptoirs visités par les Français étaient Iba, dans les îles deQuérimbes, Imbano, Sofala et Quilimane.

Parallèlement à celui instauré en « relation» avec les Portugais, unautre trafic mit en rapport Arabes et Français. La domination arabes'étendait au-delà du Cap Delgado et c'est surtout après 1770 que leséchanges s'intensifièrent. Tout le long de la côte des achats d'esclavesétaient pratiqués. Toutefois, les Français fréquentaient plusparticulièrement l'île de Quiloa qui céda, à destination des îles deFrance et de Bourbon, jusqu'à mille cinq cents esclaves par an pour lapériode 1785-1790 et l'île de Zanzibar qui devint grande pourvoyeusede main-d'œuvre servile dès le début du XIXe siècle. J.M. Filliotavoue la faiblesse des sources pour saisir la provenance des esclavesfournis par les Arabes: c'est à l'intérieur de l'Afrique qu'ils allaientles chercher contre des marchandises.

La côte ouest de l'Afrique fut, elle aussi, en certains points, un lieude prises. Son exploitation coïncide avec la présence de la Compagniedes Indes. Le recensement de 1690 ne précise pas la provenance desNoirs à l'exception de «vieux Noir de Saint-Orner» que noustrouvons par trois fois. Celui de 1704-1705, nous l'avons vu,

1. Cafrerie ou pays des Cafres: dénomination d'origine arabe donnée par lesgéographes des XVIIe et XVIIIe siècles à la partie de l'Afrique située au sud del'équateur et peuplé de Bantous. Les Bantous (ou Bantu) sont des peuplesd'Afrique centrale et méridionale parlant les langues bantoues. Ils sont issus depopulations vivant vraisemblablement dans l'actuel Nigeria et qui ont commencéde coloniser, il y a environ trois mille ans, les territoires occupés alors par desgroupes de chasseurs-cueilleurs pygmées et bochimans.

2. Si le marronnage a été plutôt le fait des Malgaches c'est que, pour eux, la terred'origine était proche et que la tentation d'y retourner était forte: huit centskilomètres « seulement» les séparaient de leurs côtes. Il n'en allait pas de mêmepour les esclaves originaires d'Afrique dont le pays, une fois arrivés à Bourbondevenait inaccessible.

26

Page 37: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

mentionne l'origine des esclaves. Ainsi nous décomptons, venant deGuinée, deux hommes: Antoine, dit Petit Zinc, âgé de 22 ans, esclavede Pierre Boisson, major matelot, résidant à Saint-Denis et René, âgéde 20 ans, esclave de Jacques Huet, résidant également à Saint-Denis.Ils sont recensés, toujours célibataires, en 1709,1711 et 1713. Sur untotal de deux cent quatre-vingt-douze esclaves appartenant à des chefsde famille, la représentation des Guinéens est dérisoire. En raison dudéveloppement de la culture du café, Bourbon réclame toujours plusd'esclaves à la Compagnie. Elle répondra favorablement à la demandeet ses navires y débarqueront:

- en juillet 1729, deux cents esclaves venus de Juda (Dahomey),

- en juillet 1730, soixante-seize esclaves venus de Gorée(Sénégal),

en juillet 1731 cent quatre-vingt-huit esclaves également deGorée.

Cette «livraison» de juillet 1731 fut la dernière assurée par laCompagnie. En effet, le trajet entre la côte ouest de l'Afrique etBourbon était long, nombre d'esclaves décédaient durant le voyage etde plus ces transferts étaient à la charge de la Compagnie. Elle décidadonc d'y renoncer et d'inciter Bourbon à se servir à Madagascar. LaBourdonnais, dans sa recherche active de main-d'œuvre pour ledéveloppement économique des Mascareignes, va relancer laCompagnie afin qu'elle reprenne le commerce des esclaves avecGorée. Ainsi, le trafic repart entre 1737 et 1750 ; après cette date, lesarrivées furent peu nombreuses et sporadiques. Pourtant la demandeétait forte car ces Africains étaient très appréciés pour leur force parles colons.

L'Inde

Nous venons d'évoquer la force des Africains; les Indiens, eux, sedistinguaient par leur intelligence et leur docilité. De ce fait, ilsétaient plus utilisés pour les travaux domestiques que pour les rudestâches de défrichage, d'ouverture des routes et d'agriculture. Il fautégalement avoir présent à l'esprit que de nombreuses femmes de nospionniers étaient décrites comme indiennes ou métisses des Indes. Aurecensement de 1690, dix chefs de famille ont une épouse d'origineindienne. Il est vraisemblable que les premiers ressortissants indiensaient été déposés à Bourbon alors que les navires revenant des Indes y

27

Page 38: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

faisaient escale. Au recensement de 1704-1705, on décomptequarante-cinq esclaves indiens, dont une femme. Il faut sans doutefaire remarquer que tout un chacun s'accordait à reconnaître la beautédes natifs de la péninsule indienne: il est donc probable que lesfemmes aient été acquises plus en vue d'unions qu'à usage d'esclaves.Il ne faut jamais oublier que le manque de femmes sur l'île est uneconstante. Nous relevons, au recensement de 1690, un certain nombrede colons unis à une Indienne:

- Jacques Barrière, marié à une métisse des Indes;

- Guillaume Bayer, marié à Geneviève Niela, métisse des Indes -née en 1660, elle épousera en secondes noces François Duhamel -,première naissance en 1681, au total trois enfants;

- Louis Caron, marié à Monique Perera, métisse des Indes - née en1669 -, première naissance en 1680, au total douze enfants;

- Julien Dalleau, veuf d'une métisse des Indes puis remarié à laveuve Vincendo, Louise Fondes - née en 1670 -, premièrenaissance en 1680, au total huit enfants;

- Ursule Guichard, marié à Catherine Hero, métisse des Indes -née en 1675 -, première naissance en 1693, au total neuf enfants;

- Gaspard Lautrel, marié à Sabine Rabel, métisse des Indes - néevers 1657 ou 1659 -, première naissance en 1681, au total neufenfants;

- Samson Le Beau, marié à Dominique De Rozaire, métisse desIndes - née en 1665 -, première naissance en 1681, au total onzeenfants;

- Jacques Maillot, marié à une métisse des Indes, trois enfants;

- François Rivière, marié à Thérèse Héron, métisse des Indes - néeen 1672, elle épousera en secondes noces son beau-frère HenriRivière -, première naissance en 1691, au total sept enfants;

- Le Sieur Rayer, marié à Marguerite Texier, métisse des Indes -née en 1663 -, première naissance en 1673, au total six enfants;

- Athanase Touchard, marié à Elisabeth Hane (nom incertain),métisse des Indes - née entre 1650 et 1655 -, première naissanceen 1678, au total neuf enfants.

28

Page 39: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Ces femmes indiennes ont largement contribué au peuplement deBourbon. Leurs dates de naissance, estimées à partir de l'âge qu'onleur octroie au recensement de 1704-1705, sont réparties entre 1650(1655) et 1672. Pour obtenir approximativement la date de leurarrivée dans l'île, nous avons considéré l'année de naissance de leurpremier enfant; en estimant que leur union s'est conclue peu detemps après leur arrivée. Trois âges à la naissance du premier enfantsont extrêmement jeunes, mais ne négligeons pas que lesaccouchements à 12 ans sont relativement nombreux dans notrepopulation et convenons que deux années de mieux rendent les chosesplus crédibles... Quoi qu'il en soit, nous remarquons que pour sixd'entre elles, 1679 paraît une date probable d'arrivée à Bourbon. Enrecherchant dans nos dépouillements et en reprenant la liste despionniers issus du «débris de Madagascar» nous avons retrouvéSamson Le Beau et Jacques Maillot. N'oublions pas que ces rescapésont fait une étape aux Indes avant de gagner Bourbon, ce qui nousautorise à penser qu'ils ont, à Surat (lieu de 1' escale), acquis unefemme. Nous pensons également que l'expression «métisse desIndes» est à prendre en considération: elle fait référence à unprécédent croisement et cela est d'autant plus intéressant quand nousconsidérons la forte consonance ibérique du patronyme de cesfemmes. Nous pouvons dès lors légitimement nous demander s'ils'agissait réellement d'Indiennes baptisées par des Portugais ou dedescendantes de ces derniers.

Si nous nous sommes attardée un peu longuement sur ce pointc'est parce que la population servile indienne est différente de celledes Malgaches et des Cafres. Le fait que dès 1730 il y ait eu des« engagés »1 a sans doute modifié la donne. Il faut aussi ajouter queles Français possédaient des comptoirs aux Indes et que la venued'esclaves de la péninsule se jouait au travers d'accords passés avecla Compagnie et les différents gouverneurs, directeurs et armateurs2.

La guerre franco-anglaise mit à mal ces échanges et les clauses dutraité de Paris (1763) annonçaient la déconfiture française.

1. Engagé: travailleur indien, salarié, avec un contrat généralement de trois ans àl'échéance duquel il pouvait regagner son pays.

2. Tant que nous pouvons suivre la présence par nationalité des esclaves à Bourbon,nous obtenons (cf. tableau 1) quarante-sept Indiens en 1704-1705 et l'arrivée decinquante-sept esclaves entre 1705 et 1709, ce qui permet d'estimer leur nombre àune centaine. Par la suite, l'origine des esclaves n'est plus mentionnée.

29

Page 40: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

INTRODUCTION

Nous venons de voir les origines de ce qui va constituer la base de lapopulation de Bourbon, mais on peut aussi avoir une autre façon deconsidérer la population de l'île. En effet, et nous le verrons quandnous détaillerons les recensements, trois « populations» résidaient surl'île: les habitants, c'est-à-dire ceux qui étaient installésdéfinitivement, les esclaves, qui eux aussi par la force des chosespeuplaient Bourbon, et enfin ceux dont le séjour était limité dans letemps, c'est-à-dire le personnel de la Compagnie, les envoyés deFrance: police, soldats, agents administratifs et les voyageurs. Lespremiers recensements de Bourbon ne prendront en compte que leshabitants alors qu'à la fin du XVIIIe siècle les décomptes depopulations mentionneront l'ensemble des présents, voire même desabsents qui n'ont que des terres confiées à des administrateurs. Lesvariations chiffrées que nous pourrons enregistrer seront très souventdues à ces différentes façons de compter. Notre recherche concerneraessentiellement les habitants: ceux qui ont fait souche à Bourbon etles esclaves. La population de passage sera mentionnée sans êtreappréhendée de façon exhaustive.

30

Page 41: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Ce qui va suivre n'a aucune prétention statistique car les résultatsque nous produisons reposent sur des observations peu nombreuses, lapopulation étant elle-même peu nombreuse. Cette partie se justifiepour deux raisons.

La première, chercher à approfondir un travail effectué il y aplusieurs années1 sur un isolat de l'île de La Réunion dans lequelapparaissaient les Bellon, Boyer, Dalleau, Damour, Grondin,Hoareau, Maillot, Nativel, Payet, Robert, Tescher, Vidot et quelquesautres que nous avions pris « en cours de route» (à partir du milieu duXIXe siècle) et dont les débuts dans l'île constituaient un mystère, outout au moins une interrogation, pour comprendre leurs us etcoutumes. L'opportunité d'être à la source était trop belle et il nousétait impossible d'échapper à cette «ethnographie» par registresinterposés. Le côtoiement, pendant une année, des descendants nous aen quelque sorte encouragée à fréquenter les pionniers.

La seconde relève sans doute du rêve que peut entretenir larecherche en démographie: partir de zéro et comprendre unpeuplement. Les territoires restés inoccupés jusqu'au milieu du XVIIesiècle sur lesquels on peut exercer un tel travail ne sont pas légion et,de plus, quel département français peut offrir une telle aubaine?

1. Thèse de Troisième cycle « Un isolat blanc des Hauts de l'île de La Réunion ».Décembre 1989.

Page 42: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

1.1. LES PIONNIERS

Nous avons recensé treize hommes, sous le commandementd'Etienne Regnault, qui débarquent à Bourbon le 9 juillet 1665 :

- Jean BELLON

- Pierre COLLIN

- Hervé DENNEMONT

- Jacques FONTAINE

- Pierre HffiON

- René HOAREAU

- Gilles LAUNAY

- Claude MOLLET

- François MUSSARD

- François RICQUEBOURG

- Antoine ROYER

- Athanase TOUCHARD

- François VALLEE

Le 22 février 1667 débarquent du Saint-Jean-Baptiste (flotte dumarquis de Montdevergues partie de La Rochelle le 14 mars 1666)cinq femmes françaises qui épouseront six (un remariage) des treizehommes précédents:

- Marie BAUDRY (René HOAREAU)

- Marguerite COMPIENNE (François MUSSARD)

(Pierre HffiON)

- Jeanne LACROIX (Claude MOLLET)

- Léonarde PILLE (Hervé DENNEMONT)

32

Page 43: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

- Antoinette ARNAUD, ou RENAUD, (Jean BELLON)

Pour deux d'entre elles, l'âge est précisé: Marguerite Compiennea 15 ans et Antoinette Renaud a 24 ans.

Le 27 avril 1671, avec l'arrivée de l'amiral de la Haye s'installentneuf hommes:

- Denis ARNaUD

- Antoine CADET

- Louis CARON

- Paul CA UZAN

- Julien DALLEAU

- Jacques LA URET

- Pierre NA TIVEL

- Antoine PITOU

- Guy ROYER

et un nombre de femmes malgaches, non précisé.

Est réputé être arrivé en 1674 :

- Jean PERROT

Les troubles de Madagascar vont amener à Bourbon, en 1676, cinqhommes et deux femmes:

- Georges DAMOUR

- Samson LE BEAU

- Jacques MAILLOT

- Pierre MARTIN

- Noël TESSIER

- Françoise CRA TELAIN

- Marguerite COULLON

33

Page 44: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Arrive en 1677 :

- François DUHAMEL

Arrive en 1679 :

- Jean JULLIEN

Pour certains, la date d'arrivée ne nous est pas connue avecprécision, mais la naissance d'enfants à Bourbon atteste de leurprésence avant 1680. Ils sont neuf:

- Guillaume BOYER

- Jean BRUN

- Pean-Pitre CLAIN

- Jean-Macaste CLAIN

- Michel FREMOND

- Etienne GRONDIN

- Gaspard LAUTRET

- Julien ROBERT

- Vincent VINCENDEAU

Nous allons nous attarder sur les débuts dans l'île de ces hommeset femmes à l'origine du peuplement: la constitution de leur famille,leur lieu de résidence, les mariages de leurs enfants, leur mortalité, laprésence ou non d'esclaves. Il importait effectivement de saisir cequ'il en était au commencement du peuplement: les premièresattitudes pouvant être déterminantes pour la suite. Afin de mener cetteétude, nous avons constitué des fiches de famille, résultat dudépouillement exhaustif des recensements de population entre 1690 et1779, telles qu'elles sont utilisées en démographie historique (voirmodèle, annexe 7). Elles synthétisent parfaitement les événements(naissances, mariages et décès) que nous nous proposons d'étudier.

Une rubrique du recensement de 1711 fait à Saint-Paul renseignesur la date d'arrivée sur l'île des chefs de famille. Ce recensement etnos différentes lectures nous permettent de compléter et d'affinermutuellement ces deux sources. C'est leur synthèse que produit le

34

Page 45: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

tableau suivant. Les rapprochements réalisés mettent en évidence lesà-peu-près du recensement quant aux dates d'arrivée à Bourbon.

TABLEAU 3 - DATE D'ARRIVÉE SURL'ÎLE DE BOURBON

.....1 et 1674 - 1680 - 1690 - 1700 -9.7.1665 dddM2 - 1689 1699 1709

1679Bellon Brocus Aubert Baillif BachelierJean Henri Jacques - Etienne - Pierre

1689 1695Collin Damour Barrière Boucher BoissonPierre Georges - Jacques François - Pierre -

1676 1695 1702dddM

Denne- Dangaud Beda Isaac Duhal Bouchermont Joseph - (Jacques) - Robert PierreHervé 1676 1687Fontaine Duhamel Dugain Folio BoyerJacques François - Gilles - Pierre - Jacques -

1677 1685 1699 1704Hibon Grondin Gonneau Garnier? ChamanPierre Etienne Pierre - André -

1689 1702Hoareau Julien Gruchet Gavenier DalleRené Jean - Jean - Mathurin François

1679 1689Launay Maillot Panoo Grimault DeguigneGilles Jacques - Augustin - Henri Joseph -

1676 1689 1704dddM

Mollet Perrot Pierre Guichard DelattreClaude Jean - Jean - Ursule Jacques -

1674 1687 1704

1. Pour certains, la présence à Bourbon semble être lointaine: la date d'arrivée a étéoubliée et figure en pointillés. Il s'agit en réalité de ceux arrivés le 9.7.1665.

2. dddM: « du débris de Madagascar» 1674. Il s'agit des colons ayant quittéMadagascar lors de la révolte des Malgaches et arrivés à Bourbon en 1676.

35

Page 46: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Suite du tableau 3 -Date d'arrivée sur l'île Bourbon

.....1 et 1674 - 1680 - 1690 - 1700 -9.7.1665 dddM2 - 1689 1699 1709

1679Mussard Le Beau Rivière Huet DevauxFrançois Samson - François Jacques - Simon-

1676 1695 1702dddM

Ricquebo Lelièvre? Rivière Le Breton Dromandurcq Henri Elie Patrick -François 1704Royer Mangrolles Rouillard Léger DumesnilAntoine Henri Lezin Jacques - Guy - 1704

1699Touchard Martin Tescher Malle ElgarAthanase Pierre - Manuel- Manuel Thomas -

1676 1681 1704dddM

Vallée Mussard Vidot Parny Le BègueFrançois François - Marc - Pierre - Yves -

1676 1681 1698 1708dddM

167.3 et Payet Villeman Picard Le Bon27.4.1671 Antoine Gilbert - Jacques- Pierre-

1687 1695 1706Arnaud Tessier Riverain Le RoyDenis Noël - Victor - Eustache -

1676 1695 1701dddM

Cadet Avant Ruel Jean - NazeAntoine 1680 Claude - Jacques -

1695 1702Caron Boyer NoëlLouis Guillaume Georges -

1704

1. Pour certains, la présence à Bourbon semble être lointaine: la date d'arrivée a étéoubliée et figure en pointillés. Il s'agit en réalité de ceux arrivés le 9.7.1665.

2. dddM: « du débris de Madagascar» 1674. Il s'agit des colons ayant quittéMadagascar lors de la révolte des Malgaches et arrivés à Bourbon en 1676.

3. 167.: cette date figure ainsi dans le recensement. Il s'agit de 1671.

36

Page 47: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Carré Jean Brun Jean Noël -Pierre -1702

Cauzan Clain Jean Richard?Paul - PitreDalleau Clain Jean - RobertJulien - Macaste Edouard -1671 1704Lauret Esparron ? RousseauJacques, Louis -père 1709Nativel Fremond RouxPierre Michel André -

1704Pitou Lautrel SensonAntoine Gaspard Jean -

1704Royer Robert TarbyGuy- Julien Robert -1671 1704

Vincendeau TurpinVincent Denis -

1702

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Suite du tableau 3 -Date d'arrivée sur l'île Bourbon

Sources: Recensement de 1711 (en caractères gras), nos dépouillements, noslectures et nos déductions.

Afin de constituer une liste la plus complète possible despionniers, nous avons ajouté aux survivants en 1711, arrivés avant1675, ceux dont la présence est attestée sur l'île par une naissancedans leur famille avant cette date. Nous obtenons ainsi vingt-cinqpionniers à avoir fait souche. Leur venue dans l'île peut avoir quatreorigines possibles:

- le débarquement en 1665 des navires qui avaient quitté Brest le 7mars à destination de Madagascar (rappelons que treize colons ontainsi débarqué à Bourbon), suivi de celui de 1667 qui procure cinqfemmes;

- l'installation à Bourbon après un passage à Madagascar;

- l'arrivée, avec l'amiral de La Haye le 28 avril 1671 ;

37

Page 48: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

- la fuite de Madagascar par la désignation «du débris deMadagascar» et l'arrivée à Bourbon (1676).

L'annexe 9 « Arrivés à l'île de Bourbon avant 1690 » présente lesprincipales caractéristiques de ces pionniers.

L'origine géographique de nos pionniers, en y joignant lesfemmes, fait apparaître une meilleure représentation du quart nord-ouest de la France et presque la moitié des hommes ont été engagés auservice de la Compagnie pour Madagascar. Ils ont entre 20 et 40 ans.Aucun de ces hommes n'est resté célibataire et à part cinq, toutes lesépouses sont créoles ou ont pour origine les Indes ou Madagascar. Ilest important de noter, dès à présent, ce type d'unions avec desfemmes locales (métisses ou négresses comme les rubriques desrecensements le mentionnent): cette aptitude au métissage, dès ledébut du peuplement, aura une influence sur les conditions de vie desesclaves. Par ailleurs, les couples blancs, très minoritaires, ne voientque très peu souvent leurs filles s'engager, au moment de leurmariage, dans la voie du métissage et ce du fait que les nouveauxarrivants à Bourbon se marient rapidement avec les filles despionniers, ce qui rend les unions métissées plus fréquentes du côté desgarçons nés dans l'île. Il ressort de l'ensemble que les filles descouples pionniers blancs paraissent réservées aux nouveaux venus deFrance. Il est certain que le petit nombre de nouvelles venuesparticipe à cette dissymétrie.

Nous avons voulu estimer le nombre d'enfants mis au monde parnos vingt-cinq pionniers arrivés dans l'île avant 1675. Il s'agit biensûr d'enfants qui ont survécu, dont la présence est attestée par lesdifférents recensements. En considérant l'installation à Bourbon avant1675 et la date du dernier recensement (1719), nous obtenons unedurée d'observation satisfaisante de 44 ans. Ainsi, nous dénombronscent quarante enfants, soit une moyenne de 5,6 enfants par pionnier.Pour avoir pratiqué de nombreux dépouillements exhaustifs deregistres paroissiaux métropolitains de la même période, nous avonsété étonnée par la faible mortalité, en particulier celle des enfants etdes mères et tout spécialement lors de naissances gémellaires. Cettefaible mortalité est d'autant plus surprenante que l'âge au premieraccouchement est jeune. En effet, nos pionniers ont pris pour épousesdes femmes dans l'ensemble beaucoup moins âgées qu'eux: les écartsd'âge varient de huit à quarante ans... Quant à l'âge au premieraccouchement, il est en moyenne de 19 ans (18,9 ans). Il convient

38

Page 49: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

toutefois de remarquer que nous ne disposons pas de donnéeschiffrées avant 1690 : nous ignorons donc le nombre de naissancessuivies d'un décès avant cette date. Par ailleurs, les dates de naissancedes femmes ayant été obtenues à partir des âges déclarés aurecensement, les quelques accouchements enregistrés à l'âge de 10 etIl ans ont été ramenés à 13 ans.

Pour estimer l'âge de fin de vie de nos pionniers nous avons lié,quand cela était possible (quinze observations), leur présence soit à lasignature de la lettre à Colbert, soit à un recensement, soit à ladernière naissance d'un enfant rapprochée de l'absence aurecensement suivant, à leur date de naissance. Les durées de vievarient ainsi de 58 à 78 ans avec quand même huit cas deseptuagénaires! Les premiers comptes rendus faits au Roi de Franceinsistaient sur la pureté de l'air de Bourbon et les richesses naturellesfavorables à une bonne alimentation. Cette tentative de reconstitutionde vie dans cette île déserte de la fin du XVIIe siècle paraît lesconfirmer. Pourtant, nos hommes ne pratiquaient pas le farnienteauquel on a souvent attribué la longévité: ils avaient, pour la plupart,été engagés par la Compagnie pour le service de Madagascar etétaient armurier, tailleur, chirurgien, menuisier, cordier ou maçon.

Certains auteurs nient le métissage dès le début du peuplement deBourbon. D'autres insistent sur un métissage exclusif. Notredépouillement, nos lectures et nos recherches montrent que lemétissage est une réalité et qu'à ses côtés existent des couplesconstitués d'Européens. Il nous a donc paru intéressant d'étudier cetaspect du peuplement. Pour mesurer si des stratégies matrimonialess'étaient imposées, nous avons étudié le mariage des enfants de nospionniers. Le postulat de départ étant que les mariages des pionniersrépondaient plus à une nécessité qu'à un choix réel, la vérificationd'une détermination à élire un conjoint plutôt qu'un autre ne pouvaitse vérifier que sur les unions de la deuxième génération. Nousreprendrons donc tous les mariages des premiers arrivants enobservant l'origine de la conjointe. Ainsi nous pourrons isoler ceuxdont les deux parties sont d'origine européenne et voir comment sesont mariés leurs enfants.

Les treize hommes qui arrivent à Bourbon le 9 juillet 1665s'installent à Saint-Paul. C'est là qu'ils resteront avec leur famillequand elle se constituera: au minimum deux ans plus tard pour ceuxqui épouseront une femme française, puisque c'est en 1667 que

39

Page 50: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

débarquent du Saint-Jean-Baptiste cinq compatriotes. Au recensementde 1690, Antoine Royer, François Vallée et leurs épouses respectivesseront domiciliés à Sainte-Suzanne.

Est-ce l'absence de femmes ou une autre raison qui motivera ledépart de Bourbon de deux colons? Pierre Collin et François Valléeseront de retour à Bourbon en 1676 après un séjour aux Indes; ceretour des Indes en 1676 coïncide avec l'arrivée de colons chassés deMadagascar par les événements. Peut-être Pierre Collin et FrançoisVallée ont-ils fait un séjour à Bourbon avant de joindre la Grande lIe!,destination finale de la flotte qui avait quitté Brest le 7 mars 1665, etont-ils été contraints au retour à Bourbon. Nous ne savons rien del'épouse de Pierre Collin mais la description faite, par AntoineBoucher, de son gendre2 nous renseigne sur une de ses filles3, Louise,«créole mullatresse» et permet de conclure à son union avec unefemme non blanche. François Vallée, quant à lui, épousera MarieMahou, négresse de Madagascar, veuve de Denis Arnaud, lequel estarrivé à Bourbon le 27 avril 1671. Le couple Vallée-Mahou n'aurapas d'enfant.

Neuf hommes arrivent à Bourbon le 27 avril 1671. Hormis GuyRoyer qui épousera une «'blanche créole de cette île» (CatherineBellon), les huit autres auront une conjointe d'origine malgache ouindienne ou créole métisse de Bourbon. Nous avons retrouvé la tracede huit enfants pour le couple Royer-Bellon: sept filles et un garçon.Les nouveaux venus résident à Saint-Paul.

En 1674 arrive Jean Perrot. Il épousera, en 1701 ou peu après,Anne Brun « créole fort basanée »4.

Nous ignorons quand arrivent le Sieur Jean Carré, dit Talhoët,originaire d'Hennebont, commis de la Compagnie et Michel Frémond.Le premier épousera une « femme de France» qui arrivera en 1676,

1. Autre nom donné à Madagascar.2. « Jacques Picquart est un Poitevin âgé de 50 ans (...). Il a pour épouse Louise

Colin, créole mullatresse, femme qui mène une vie aussi déréglée que sonMari... » ln Alfred Rosset, pp. 216-217 (déjà cité).

3. Il en aura deux: Marguerite et Louise.4. Jean Perrot est natif de Brest. L'âge qui lui est attribué aux différents recensements

permet de penser qu'il est né en 1645. Anne Brun quant à elle, est née en 1685...Le couple aura quatre enfants: deux garçons et deux filles.

40

Page 51: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

du débris de Madagascar, et le second une «négresse deMadagascar ». Leur présence à tous les deux est antérieure à 1675 :attestée soit par la naissance d'enfants, soit par recoupement de faits 1 .

Nous avons sept couples formés de deux Européens dont nousallons étudier le mariage des enfants2.

1) Jean Bellon et Antoinette Arnaud

- Antoine = Suzanne Dennemont

- Anne = Isaac Beda

- Madeleine = Elie Lebreton

- Gabrielle = François Boucher

- Anne l'Aînée = François Ricquebourg

- Jeanne = Jean Gruchet

- Catherine = Guy Royer

2) Hervé Dennemont et Léonarde Pille

- Gilles = Marguerite Launay

- Suzanne = Antoine Bellon

3) Pierre Hibon et Jeanne Lacroix

- Henri = Marianne Ricquebourg

- Elisabeth = HiacyntheRicquebourg

- Geneviève = Jacques Collet

- Marie = Etienne Baillif

4) René Hoareau et Marie Baudry

- Etienne = ??? = Ursule Payet

- Jean = Marianne Royer

1. Quand Françoise Chatelain arrive en 1676, elle est veuve de Michel Esparron etelle épouse Jean Carre « employé de la Compagnie », résidant à Bourbon.

2. Les noms écrits en caractères gras désignent des conjoints métissés.

41

Page 52: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

- Bernardin = Marguerite Touchard

5) Claude Mollet et Jeanne Lacroix

- Pierre, restera célibataire

- Henri = Geneviève Dalleau

- Thérèse = Robert Duhal

- Marguerite = Henri Mussard

- Claude = Michèle Desvaux

- Antoine = Geneviève Hoareau

6) François Mussard et Marguerite Compienne

- Henri = Marguerite Mollet

- Barbe = Pierre Parny

7) François Ricquebourg et Anne l'Aînée Bellon

- Hyacinthe = Isabelle Hibon

- Henri = Barbe Mussard

- Jean-Baptiste = Elisabeth Baillif

- Michèle, décédée

- Marie-Anne = Henri Hibon

- Geneviève?

- Françoise?

- Anne?

Ainsi, six de nos pionniers, arrivés en 1665, ont épousé une« blanche de France »1arrivée en 1667 et un la fille d'un pionnier. Lessix autres avaient conclu des unions avec des femmes originaires deMadagascar ou des Indes.

Ces sept couples d'Européens ont donné naissance à au moinstrente-deux enfants: un est resté célibataire (Pierre Mollet), une est

1. Désignation utilisée très souvent dans les recensements.

42

Page 53: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

décédée (Michèle Ricquebourg) et nous ignorons le destin de troisfilles (Geneviève, Françoise et Anne Ricquebourg). Ainsi avons-nousl'issue nuptiale de vingt-sept enfants. Seuls, cinq choisiront un enfantde pionnier marié à une non blanche. Est-ce là, la marque d'unedétermination à rester entre soi? Il est certain que la fréquence desmariages entre ces familles, ou pour les filles avec de nouveauxvenus, ne peut être évacuée. Toutefois, peut-on en déduire qu'unevolonté était à l'origine de ces unions? Existait-il dès le début dupeuplement une scission entre les couples selon leur métissage ounon?

Ajoutons à nos pionniers Guy Royer (arrivé en 1671) et JeanCarré.

Guy Royer et Catherine Bellon

- Romain = Anne Rivière

- Anne = Simon Desvaux

- Marianne = Jean Hoareau

- Catherine = Georges Noël

- Raphaëlla = Thomas Elgar

- Parie-Anne = Jean Martin

- Geneviève = Nicolas Paulet

- Elisabeth = Antoine Avril

Jean Carré et Françoise Chatelain

- Françoise = Joseph De Guigne

- Hyacinthe = Pierre Pradeau

Sur ces dix nouvelles observations, seule une fait apparaître uneunion mixte.

Au total, neuf couples dont le chef de famille est arrivé avant 1675ont donné naissance à quarante-deux enfants recensés dont trente-septmariés: six s'engageant dans une union mixte. Il est intéressant denoter que ce sont exclusivement des garçons: cela nous autorise-t-il àconclure qu'il n'existe pas de volonté délibérée de lignée blanche? Ilsemble que oui car le fait que le nom de famille se transmette par les

43

Page 54: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 4 -PETITS ENFANTS MÉTISSES OU NON DES PIONNIERS

Couples d'origine Petits-enfantsMétisses Non métisses Total

Bellon - Arnaud 30 30Dennemont - Pille 8 8Hibon - Lacroix 17 17Hoareau -Baudry 17 3 20Mollet - Lacroix 7 5 12Mussard 21 21CompienneRicquebourg 9 9BellonCarre - Chatelain 10 10Royer -Bellon 6 19 25Total 38 114 152% 25,0 75,0 100,0

CHAPITRE 1

hommes aurait dû exclure en priorité les garçons de ce type d'union.Or, il n'en est rien, au contraire. Par contre, le mariage des filles avecdes créoles blancs ou de nouveaux arrivants nous incite à penser queles couples de parents pouvaient se fréquenter selon l'originegéographique: cela expliquerait les mariages entre créoles1. Quantaux mariages avec les nouveaux débarqués, ils pouvaient êtreintéressants financièrement grâce au pécule dont ils pouvaientdisposer, en particulier pour ceux issus de la flibuste!

Afin de voir si cet état de fait a perduré, nous avons regardécomment s'était mariée la troisième génération. Le nombred'inconnus est relativement élevé car les recensements de 1744, 1752et 1779 ne mentionnent pas le nom des épouses. Afin de ne passurcharger le texte d'un listing fastidieux de noms, le détail desmariages des petits-enfants de nos pionniers se trouve en annexe 8.Nous nous contenterons de dénombrer ici la descendance retrouvée:

1. On peut facilement imaginer que les femmes d'origine française avaient encommun un certain nombre d'usages, comme ce devait être le cas pour cellesoriginaires des Indes ou de Madagascar, qui pouvaient amener à unrapprochement des couples par affinités culturelles.

44

Page 55: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Remarquons tout d'abord que nos neuf couples sont à l'origine decent cinquante-deux petits-enfants. .. Soit en moyenne dix-sept petits-enfants par couple fondateur. Cette donnée suffit pour témoigner de laforte fécondité de l'île. Un quart de ces enfants sont métisses. Pourl'ensemble nous avons identifié cinquante-six mariés dont le conjointétait connu et permettait de déceler un mariage mixte ou non:

TABLEAU 5 - NOMBRE DE MARIAGES MIXTES OU NON DES PETITS-ENFANTS DES PIONNIERS

Non métissesMétisses

Total

Métisses Non métisses8 33Il 419 37

Total411556

Les trois quarts des mariages concernent des non métisses. Unmariage sur cinq pour un non métisse se conclut avec un métisse et àpeine un sur quatre est un mariage de métisse avec un non métisse.Rappelons, pour que ce dernier tableau prenne tout son sens, que cespetits-enfants ont des grands-parents uniquement d'origineeuropéenne et que seulement six couples de parents ont connu lamixité.

Par rapport à l'ensemble des petits-enfants (cent cinquante-deux),nous avons observé un mariage sur trois pour les non métissés(114/41=2,87) et sensiblement la même chose, mais sur un nombreplus faible d'observations, pour les métisses (38/15=2,53).

Sans qu'il soit possible d'en déduire une règle quant à uneéventuelle stratégie matrimoniale (les effectifs hommes - femmes sontfaibles et la sur-représentation masculine importante: ces deuxéléments peuvent contraindre à l'abandon d'une stratégie face à lanécessité de se marier), les résultats révèlent que les mariages entrenon métisses sont majoritaires.

Nous avons évoqué précédemment le lien culturel qui pouvait unircertaines familles. Pour vérifier si ce lien n'était pas plus fort que lecritère du métissage, pour contracter mariage, nous avons observé lesunions des pionniers non mariés à une Européenne: soit, seizehommes qui ont épousé dix-huit femmes (remariages) d'origine

45

Page 56: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

malgache (en caractères gras) ou indienne (en caractères grassoulignés ).

1) Pierre Collin et négresse de Madagascar

- Marguerite = Pierre Robert = Christian-MartinAIt

- Louise = Jacques

2) Jacques Fontaine et Marianne Sanne

- Antoine = Marie Clain

- Jacques = Hélène Prout

- Jean = Antoinette Nativel

- Gilles = Françoise Lauret

- Hervé = Thérèse Damour

- Marianne =Jacques Lauref

- Pierre = Ignace Vidot

- Jeanne = Eustache Le Roy

3) Gilles Launay et Anne Caze

- Anne = Jacques Aubert

- Marguerite = Gilles Dennemont

4) Antoine Royer et Mar1!uerite Texier

- Marie = Marc Vidot

- Jeanne = Gilbert Villeman

- Louise = Manuel Malle

5) Athanase Touchard et Elisabeth Houve

- Elisabeth = Julien Lautrel

1. C'est la mère de Marie Clain: la mère et la fille ont épousé les deux frères.2. C'est le père de Françoise Lauret : le père et la fille ont épousé la sœur et le frère.

46

Page 57: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

- Antoine = ?

- Athanase?

- Marie-Thérèse?

- Etiennette = Daniel Pavet

- Louise = Guillaume Lemercier

- Mar!!uerite = Bernardin Hoareau

- Marie = Etienne Grimault = Francois Lautrel

- Etienne = Mar!!uerite Lautrel

6) François Vallée et Marie Mahou

7) Denis Arnould et Marie Mahou

- Jean = Mar!!uerite Caron

- Jeanne = Henri Brocus = François Grondin

8) Antoine Cadet et Louise Nativel

- Louis = Radé!!onde Rivière

- Pierre = Francoise Lautrel

- Etienne = Marie Payet = MarieBellon- Françoise = Pierre Folio

9) Louis Caron et MoniQue Perera

- Francois =Anne Dangot

- Pierre = Marianne Fontaine

- Jacques = Marie Clain

- Marianne = René Nativel

- Jeanne = Louis Payet

- Mar!!uerite = Jean Arnould

- Monique = Claude Ruel

- An!!éliQue = André Chaman

10) Paul Cauzan et Anne Caze

47

Page 58: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

- François = Louise Payet

11) Julien Dal!eau et métisse des Indes

- Marie-Madeleine = Jacques Maillot

- Marf!uerite = Victor Riverain

- Geneviève = François Nativel = Henri Mollet

12) Julien Dal!eau et Louise Fondes

- Julien = Louise Grondin

- Jean-Baptiste = Marguerite Grondin

- Antoine = Louise Dangot

13) Michel Frémond et Marie Caze

- Cécile Mousse-Caze = Gilles Dugain

- Anne Mousse-Caze = Noël Tessier

14) Jacques Lauret et Félicie Vincente

- Jacques = Ignace Vidot

- Henri devient pirate à partir de 1706,est resté célibataire.

- Jean-Baptiste?

- Joseph = Marie Bloqueman

- Alexis = Brigitte Bellon

- Pierre = Marie Minier

- Françoise = Gilles Fontaine

- Marie = ? L'Epiney = Pierre Noël

15) Jacques Lauret et Marianne Fontaine

- Honoré?

- Jacques?

- Lazare?

16) Pierre Native! et Marie Varach, plus connue sous le nom deThérèse Solo

48

Page 59: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

- Louise = Antoine Cadet

- Jacques?

- François = Geneviève Dalleau

- Antoinette = Jean Bloqueman

- Anne = Manuel Tescher

- François = Radégonde Lauret

- René = Marianne Caron

- Pierre = Henriette Rivière

17) Jean Perrot et Anne Brun

- René = Eliabeth Duhamel

- Jeanne = Adrien Valentin

- Jacques = Marguerite Colme

- Anne = Simon-Charles Le Noir

18) Antoine Pitou et Marie Toutte

- Jacques = Agathe Nativel

Les familles étudiées, issues des seize arrivants entre 1665 et 1675,ont eu soixante-seize enfants, soit une moyenne d'un peu plus dequatre (4,4) enfants par famille. Seul un couple n'a pas eu dedescendance. Ces enfants étaient tous issus de mariages mixtescomposés d'un père européen et d'une mère soit d'origine malgache,soit d'origine indienne.

Soixante-trois se sont mariés: nous connaissons le conjoint poursoixante-deux d'entre eux; trente-trois sont des filles et vingt-neufdes garçons. Pour ces soixante deux mariages (certains se sont mariésdeux fois, c'est uniquement la première union qui retiendra notreattention) nous relevons vingt-neuf conjoints non métisses, soit unmariage sur deux (63/29=2,1). Les filles sont mieux représentéespuisque vingt-six sont concernées par ce type d'union.

Parmi les dix-huit femmes épousées par nos seize chefs de famille,cinq sont d'origine indienne et treize d'origine malgache. Nouspouvons observer comment se font les unions en fonction de cette

49

Page 60: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Origine Enfants mariés Conjoint RapportEuropéen 19 1/2,1

13 Malgaches 39 Malgache 14 1/2,8Indien 6 1/6,5

Européen 10 1/2,35 Indiennes 23 Malgache 10 1/2,3

Indien 3 1/7,7

Enfants Mariés à un conjoint

Couples Nombre Enfantsmariés d'origine

Conjoint Européenne Nonconnu europ.

Non 9 42 37 31 6métissésMétissés 16 76 62 29 33Total 25 118 99 60 39

CHAPITRE 1

origine de la mère afin de voir si cette dernière influence le choix duconjoint de l'enfant:

TABLEAU 6 - ORIGINE DU CONJOINT SELON L'ORIGINE DE LA MÈRE

L'arrivée plus tardive à Bourbon des femmes venues des Indesgénère leur sous-représentation (elles sont presque trois fois moinsnombreuses que celles d' origine malgache), laquelle biaisera notredémonstration: il y a beaucoup plus d'enfants «disponibles» (ennombre et en âge) côté malgache que côté indien.

Nous remarquons que les nouveaux arrivants à Bourbon,essentiellement des hommes, épousent sensiblement la mêmeproportion de conjointes issues de Madagascar que des Indes.

La présentation suivante résumera les unions des enfants des vingt-cinq pionniers arrivés avant 1675 :

TABLEAU 7 - UNIONS DES ENFANTS DES VINGT-CINQ PIONNIERSARRIVÉS AVANT 1675

50

Page 61: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Là encore, il convient de noter la sous-représentation des couplesnon métissés à l'origine qui est due au peu d'arrivées de femmesfrançaises à Bourbon: les enfants de ces femmes représentent un peumoins d'un tiers de l'ensemble. Cette proportion restera sensiblementidentique parmi les enfants mariés. Nous remarquons que trois mariéssur cinq ont épousé un conjoint d'origine européenne, mais notonsque cette forte proportion est le résultat d'arrivées permanentes dansl'île d'hommes qui viennent d'Europe alors que les arrivées fémininessont toujours aussi rares.

Plutôt que de conclure à une stricte endogamie entre blancs, il estpréférable de mettre un terme à cette partie en remarquant que lesfilles épousent, quelle que soit leur origine, par la force des choses,plus souvent un Européen et que les garçons élisent, eux, leur futureconjointe parmi la population locale. Nous remarquons d'ailleurs queles soixante conjoints d'origine européenne sont également répartisentre métisses et non métisses.

Au fil des pages nous verrons que le métissage s'intensifiera et queles nouveaux venus continueront d'épouser des filles aux originesmêlées. Ce qui s'impose comme conclusion, c'est le peu decélibataires dénombrés dans notre population. Cette constatationplaide en faveur d'une absence de stratégie matrimoniale biendéfinie: si des obligations strictes avaient présidé au mariage, lenombre d'unions empêchées aurait été très important; la faiblesse dunombre d'enfants restés célibataires ou contraints à un départ de l'îleatteste que la priorité était donnée à l'union sans que soit primordialle choix du conjoint.

1.2. LES NOUVEAUX VENUS DE 1675 À 1690.

Pour établir la liste des nouveaux arrivants entre 1675 et 1690nous avons procédé comme précédemment: utilisation de la rubriquedu recensement de 1711 donnant la date d'arrivée à Bourbon etpremière naissance ayant lieu dans l'île entre les deux dates. L'annexe9 «Arrivés à l'île de Bourbon avant 1690 », renseigne sur lescaractéristiques de cette population.

Nous avons retrouvé ainsi vingt-neuf nouveaux Bourbonnais.Leurs origines sont plus variées: de nouvelles régions françaises sont

51

Page 62: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

représentées (Dauphiné, Bourgogne, Provence) et des ressortissantsétrangers s'installent (Hollandais, Brabançons, Portugais natifs desIndes).

Parmi ces nouveaux venus, certains proviennent, après un longpériple, de ce qu'il est convenu de nommer, comme le font lesrecensements, le « d.d.d.M », soit « du débris de Madagascar» :

- Georges Damour est originaire de Paris (né vers 1641). Ilépousera en 1679 une « négresse de Madagascar », Marie Toutte (néevers 1657), arrivée à Bourbon en 1671 par la flotte de Blanquet de LaHaye. Elle est veuve d'Antoine Pitou. Le couple d'abord installé àSaint-Paul migrera à Sainte-Suzanne (recensement de 1704-1705) etaura dix enfants.

- Samson Lebeau est né à Tours vers 1655. Il est cordier. Ilépousera vers 1680 Dominique De Rozaire, métisse des Indes, néevers 1665. Dès le recensement de 1690, le couple est installé à Sainte-Suzanne où il restera. Onze enfants naîtront de cette union.

- Jacques Maillot est normand. Il est né vers 1651. Il a toutd'abord épousé une métisse des Indes dont il a eu trois enfants. Vers1700, veuf, il épouse en secondes noces Marie-Madeleine Dalleau(fille de Julien et d'une métisse des Indes), métisse créole née en1685. De cette seconde union naîtront huit enfants. Le lieu derésidence sera pour les deux unions Saint-Denis. Au recensement de1733, Marie-Madeleine Dalleau, veuve de Jacques Maillot, estremariée à Jean Damour (fils de Georges).

- Pierre Martin est originaire de Bordeaux (né vers 1635), il estmaître tailleur. Nous ne savons dire s'il est victime des événements deMadagascar ou si son mariage avec Nicole Coullon (née à Paris en1663), qui est elle issue du « d.d.d.M », l'a assimilé à la tragédie. Lecouple vit à Saint-Denis et aura cinq enfants.

- Noël Tessier est né à Vannes (Morbihan) vers 1635. Il épouseraAnne Mousse-Caze, négresse créole née vers 1675. Le couple,d'abord fixé à Saint-Denis, migrera vers Sainte-Suzanne (recensementde 1703) et aura sept enfants.

- Fait partie des rescapés du «d.d.d.M» Françoise Chatelain,surnommée « la grand-mère des Réunionnais» du fait du nombre deses mariages et de la descendance qui en découle. Elle est originairedu Maine-et-Loire, née vers 1660. On notera à quel point elle était

52

Page 63: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

jeune à son départ de France: à Madagascar elle était déjà mariée etsouvenons-nous que les événements malgaches se sont déroulés en1674. D'une première union avec Jacques Lelièvre, originaire deRouen, elle n'aura pas d'enfant. Ce premier conjoint décède en 1678.Elle se remarie sans doute peu de temps après, puisqu'en 1680 naît lapremière fille qu'elle a de Michel Esparron (originaire de Provence).C'est la seconde fille, Suzanne, qui permettra au patronyme« Esparron » de s'étendre à Bourbon car elle aura un enfant naturel(Jean, né vers 1701) qu'elle abandonnera pour suivre celui qu'elle adécidé d'épouser (Pierre Bachelier) et qui l'entraîne à Pondichéry.Michel Esparron décède en 1684. Françoise Chatelain se remariequelques temps plus tard avec le Sieur Jean Carré (dit Talhoët),Breton d'Hennebont, commis de la Compagnie. Le couple est installéà Saint-Denis où naissent deux filles vers 1690. Jean Carré décède en1693. Françoise Chatelain se remarie à Augustin Panon, né vers 1665à Toulon, charpentier, arrivé à Bourbon en 1689. Le couple estinstallé à Saint-Denis où il aura cinq enfants. Françoise Chatelaindécédera en 1730. Elle aura eu neuf enfants.

Alors que les pionniers résidaient principalement à Saint-Paul, ladeuxième vague de migrants se répartit entre Sainte-Suzanne, Saint-Paul et Saint-Denis. Ils ont sensiblement le même âge à leur arrivéedans l'île que les pionniers: la venue d'un enfant de huit ans, natifdes Indes, en 1676 contribue à la chute de l'âge moyen - 25 anscontre 28 ans - qui ne constitue qu'un artifice compte tenu du petitnombre d'observations. Seules deux épouses sont originaires deFrance (Paris), encore, pour l'une d'entre elles, s'agit-il d'une veuvedéjà présente à Bourbon. Les autres épouses sont soit créoles, soitmétisses originaires des Indes ou de Madagascar. A nouveau nousconstatons leur jeunesse et l'écart d'âge important entre les époux:elles ont en moyenne vingt ans à la naissance du premier enfant (avecles mêmes réserves sur ce résultat que sur le précédent) et onze ans demoins que leur conjoint.

La durée d'observation pour la naissance des enfants variant detrente à quarante-cinq ans, pour ce nouveau flux d'entrants, le nombremoyen d'enfants par famille peut être légèrement sous-estimé: nousobtenons 4,3 enfants. Là encore, il convient de rappeler la faiblessedes effectifs qui s'ajoute à des situations extrêmes: un immigré dehuit ans, un autre veuf, un dont la mort est enregistrée le 29 avril1704aux galères de Marseille, un autre signalé aux galères dès 1705 et quidécède aux sablières de Paris le 20 mai 1714.

53

Page 64: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Le nombre de domestiques attachés aux nouveaux venus n'est quede vingt-deux: seuls quinze couples possèdent des nègres. Nousverrons par la suite que les résidents de Sainte-Suzanne connaîtronttoujours un déficit d'esclaves par rapport à ceux de Saint-Paul. Parailleurs, il est probable que les pionniers aient pu emmener avec euxdes Malgaches en quittant la Grande lIe, alors que les migrants arrivésentre 1675 et 1690, qui n'y ont pas séjourné, n'ont pas eu cetteopportunité.

1.3. AU RECENSEMENT DE 1690.

Le sieur Antoine Boucher qui entreprend de compter tous leshabitants de l'île de Bourbon en 1690 parvient à un total de trois centseize. La récapitulation de nos deux groupes précédents nous donne:

Chefs de famille 48

Epouses 43-17=26 (17 épouses créolescomptées avec les enfants nés avant 1690)

Enfants 122

Domestiques 75

Total 271

A notre population décomptée, il faut ajouter les nègres du Roy aunombre de quarante et un, soit trois cent douze âmes. Cette valeur,rapprochée du dénombrement de 1690, nous permet donc deconsidérer notre reconstitution des familles comme fiable.

On peut estimer que cent vingt deux enfants sont nés et ontsurvécu entre 1668 et 1690, soit en vingt-deux ans. L'évaluation de lanatalité est tentante: en partant de la population de 1678, centcinquante habitants, nous obtenons une population moyenne deréférence de deux cent trente-trois ((150+316)/2=233). En estimant lamortalité infantile à 200 %0, la période 1668-1690 aurait enregistrécent cinquante trois naissances, soit en moyenne sept naissancesannuelles ce qui amène un taux brut de natalité de 29,85 %0.Comptetenu d'un rapport de masculinité très favorable aux hommes, ce

54

Page 65: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

résultat ne semble pas inepte et nous permet de penser que ledécompte du recensement est fiable mutatis mutandis.

Au recensement de 1690 sont mentionnés, sans être nommés, lesdomestiques, le terme d'esclave n'apparaissant pas. Il s'agit d'unepopulation de «nègres et de négresses ». Comment nos pionnierssont-ils pourvus de cette population laborieuse?

TABLEAU 8 - NÈGRES ET NÉGRESSES PAR CHEF DE FAMILLE AU

RECENSEMENT DE 1690

Nègres Négresses Négrillons Négrillonnes AutresBeda Isaac 1(!..~~.9.~~.~2.................................................................................................................................................................................................................................................................................................

BloquemanJean

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

CadetAntoine

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Caron 2Louis

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

~~~.~~...!..~~~ ! ~.~~.~.~ (..!.2......................................................................................................................................................................................................

1 1...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Clain Jean 1MacasteI

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

DalleauJulien

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

DuhalRobert

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Guichard 1 Portu-!:!..~..~.~!.~ ~..~}..~..............Hibon 1 marié (1) 2Pierre

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

1...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Hoareau 1 marié (1) 2René

...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

1...............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

Julien Jean 1

1. Le nom d'origine est Selin, mais après quelques déformations il se fixera en Clain.Patronyme que nous avons adopté tout au long de notre travail.

55

Page 66: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Suite du tableau 8 -Nègres et négresses par chef de famille aurecensement de 1690

Nègres Négresses Négril- Négril- AutresIons lonnes

Launay Gilles 2 mariés (2) 7 82

Lauret Jacques 1Lautrel Gaspard 1Le Beau Samson 1Maillot Jacques 2Martin Pierre 1Mussard 4 1François Portugaise

2orphelines

Payet AntoineRicquebourcqFrançoisRivière François 1Robert Julien 1Rouillard Lezin 1Royer Guy 1Royer (le Sieur) 1 marié (1)

1 1Tessier Noël 1Vidot Marc 1Vincendeau 2VincentTotal 41 9 12 9 4

Sources: nos dépouillements.

Nous avons supposé que les nègres mariés avaient des épousesprésentes (valeurs entre parenthèses). Cela nous est, dans la plupartdes cas, confirmé au recensement suivant quand nous disposons deplus de détails sur les couples d'esclaves.

Pour avoir vu souvent «nègres ou négresses de Madagascar »,nous pensons que cette population de domestiques est constituéeprincipalement d'hommes et de femmes de la Grande lie: auxrecensements suivants, quand l'origine géographique des esclavessera fournie, nous verrons que la majorité vient de Madagascar et des

56

Page 67: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Indes. Une évidence s'impose avec le décompte précédent, lapopulation des domestiques est peu nombreuse (cinquante-trois ycompris les enfants). Elle annonce déjà ce qui fera sa particularité, lasur-représentation masculine. De toute façon, à cette date (1690), letrafic des esclaves est loin d'avoir commencé à destination de l'île deBourbon.

1.4. ENTRE 1691 ET 1699

Pendant cette dernière décennie du XVIIe siècle, nous retrouvonsla trace de l'arrivée de dix-sept migrants nés entre 1659 et 1678,provenant majoritairement de France et qui épouseront tous (saufdeux) des femmes créoles, là encore beaucoup plus jeunes qu'eux,puisque l'écart d'âge entre les conjoints est de 16,6 ans en moyenne.De ce fait, nous enregistrons à nouveau pour cette période un âgemoyen à la première maternité très bas: 17,61 ans. Les unions étantobservées sur une moindre durée, la descendance complète de cescouples ne peut être appréciée; en une vingtaine d'années, nos dix-sept nouveaux venus ont été pères quatre-vingt-dix fois, ce qui nousdonne un nombre moyen d'enfants par couple égal à 5,3.

La localisation à Saint-Paul redevient plus forte qu'à la périodeprécédente: il faut y voir sans doute le résultat du mariage desnouveaux migrants avec des créoles dont les familles sont largementimplantées dans ce lieu. Les professions, malheureusement peu defois mentionnées, peuvent aussi être déterminantes pour fixer le lieude résidence: Mathurin Gavenier est capitaine du quartier Saint-Denis, Victor Riverain est enseigne du quartier Sainte-Suzanne. Lesautres, tailleurs, matelots, boulanger et maquignon demeurent à Saint-Paul. Nous tenterons à la fin de cette première partie une étude desprofessions.

L'annexe 10 «Arrivés à l'île de Bourbon entre 1691 et 1699»présente les caractéristiques de ces nouveaux venus.

C'est à cette période qu'arrive à Bourbon (1698) l'ancêtre du poèteet futur académicien Evariste Parny (Bourbon, 1753 - Paris, 1814):né en 1678, venu de Brion en Bourgogne, ce boulanger s'installe àSaint-Paul, épouse Barbe Mussard (créole) dont il aura sept enfants.

57

Page 68: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Pour ces nouveaux arrivants, le premier recensement sera celui de1704-1705. Par ailleurs, à cette date nous avons le décompte de ceuxqui sont pour la première fois désignés par le terme d'esclaves. Nousn'en présenterons pas pour l'instant les résultats qui n'auraientaucune valeur comparative avec ceux obtenus précédemment: lespremiers colons établis à Bourbon ont vu, eux aussi, entre 1690 et1705, le nombre de leurs esclaves s'accroître.

1.5. ENTRE 1700 ET 1710.

De nombreux migrants vont s'installer de façon durable à Bourbonentre ces deux dates: nous en recensons vingt-sept. Un tiers d'entreeux vient des côtes françaises entre Bordeaux et Nantes, un autre tiersde différentes régions françaises, deux viennent des îles d'Amérique,sept ont des origines anglaise ou hollandaise. Presque tous sontarrivés en 1702 ou en 1704 et ils ont en moyenne 27,5 ans (le plusjeune a 19 ans, le plus âgé en a 52). A l'exception d'un seul, ils vonts'unir à des filles nées à Bourbon et nous retrouvons à nouveau lamême jeunesse des épouses1 : elles ont en moyenne 16,5 ans à lanaissance de leur premier enfant et leurs époux affichent en moyennequatorze ans de plus qu'elles. Pour ces couples formés après 1700, etsouvent même après 1705, la durée d'observation pour estimer leurdescendance est d'à peine vingt ans, elle est donc loin d'êtrecomplète: soixante-quinze enfants sont recensés pour ces couples,soit 2,8 enfants par famille, ce qui laisse augurer d'une bonnedescendance compte tenu de l'extrême jeunesse des femmes. Près dela moitié de nos migrants sont matelots: il faut certainement faire unlien entre leur provenance et leur profession. Ces nouveaux venusvont largement contribuer à peupler Saint-Denis, où onze coupless'installent, et Saint-Paul avec également onze couples. L'annexe Il« Arrivés à l'île de Bourbon entre 1700 et 1710» rassemble lescaractéristiques de cette population.

1. Il convient de situer le mariage, exclusivement religieux, de ces « filles -enfants» dans son contexte: l'Eglise ne s'oppose pas à cette précocité et le pape,Clément XI, le 24 novembre 1701, autorise les desservants de Bourbon (lesFrères mineurs récollets de Saint François) à accorder des dispenses pour lesempêchements de parenté au troisième degré (mariage entre l'oncle et la nièce) etau quatrième degré (entre les cousins issus de germains).

58

Page 69: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Pendant la période 1700-1710 deux recensements ont été entrepris,l'un en 1705, l'autre en 1709, et nous disposons également d'un « étatdes hommes aptes à porter les armes pour défendre l'île de Bourbon»réalisé en 1710. Nous allons tenter d'établir, à partir de ces bases et denos fiches de familles, une étude un peu plus chiffrée de notrepopulation en estimant les principaux indicateurs démographiques.

Aux différents recensements, les parents et leurs enfants sontmentionnés avec leur âge: par soustraction à la date du recensementnous avons estimé la date de naissance. Le dépouillement exhaustif deplusieurs recensements nous a permis de constater qu'au fil du tempsl'âge des différents individus était cohérent. - et dès lors la date denaissance calculée - et d'établir la survie des habitants.

Entre 1705 et 1710 sont nés cent soixante-neuf enfants (soit centsoixante-six naissances dont trois gémellaires) répartis en quatre-vingt-quatre garçons et quatre-vingt-cinq filles. Sur cet ensemble,nous avons relevé la disparition de neuf enfants sans que nous soyonscapable de déterminer leur âge au décès. Il convient de faireremarquer ici que le rythme des naissances relevées pour lesdifférents couples laisse peu de place à des naissances qui nousauraient échappé du fait d'un décès entre deux recensements. Nousavons vu précédemment le très jeune âge des mères à la premièrematernité qui exclut quasi totalement la sous-estimation desaccouchements avant cet âge. Ensuite, les naissances arrivent avec larégularité produite par la fécondité « naturelle» : environ une tous lesdeux ans aux âges de forte fécondabilité (de 20 à 35 ans).L'impression que nous avions eue en dépouillant les registres derecensement, à savoir une mortalité faible pour l'époque, comparée àcelle enregistrée en France, semble bien se confirmer. S'ajoute à laconstatation de la basse mortalité des enfants, celle des mères, enparticulier au moment de naissances gémellaires: rares étaienteffectivement au début du XVIIIe siècle les femmes qui enréchappaient. Dans notre population la mortalité des femmes encouches paraît très peu marquée. Il en va peut-être de la responsabilitéde la sage-femme de l'île, Thérèse Damour1 qui aura elle-mêmequinze enfants entre 1697 et 1726.

1. Thérèse Damour: née le 10 mars 1680 à Saint-Denis, fille de Georges Damour -arrivé à Bourbon en 1676 .. et de Marie Toute - négresse de Madagascar - . Elle

59

Page 70: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Nous pouvons obtenir une estimation du nombre de femmessusceptibles d'enfanter: en 1705, environ quatre-vingt-quatorze et en1709, environ cent dix; soit une population féminine de référence del'ordre de cent deux. En rapportant la moyenne annuelle desaccouchements, vingt-sept (133/5), à cette population nous obtenonsun taux de fécondité générale de l'ordre de 265 %0 (264,71 %0). Cetaux élevé est à rapprocher du fait que la population féminine âgée deplus de 35 ans est extrêmement peu représentée en ce début depeuplement et que, très jeunes (à partir de 12 ans), les filles peuventêtre engagées dans le phénomène de reproduction.

L'ensemble de ces résultats nous autorise à mettre quelques faitsen évidence.

- Un âge au mariage des filles extrêmement bas: on peut s'enétonner eu égard à ce qui se pratique en France à la même période. Lefait que les premiers arrivants se soient unis en majorité à des femmesmalgaches et indiennes n'est pas resté sans influence sur l'attitudeenvers les enfants et en particulier envers les filles, en ce qui concernel'âge possible de leur union. Par ailleurs, la nécessité pour lesnouveaux migrants, essentiellement des hommes, de prendre femme, apu changer les coutumes nuptiales en vigueur au royaume de France.Ce jeune âge au mariage des fillesl, dès le début du peuplement deBourbon, a sans doute pesé lourd dans l'évolution de l'île: les unionsprécoces y resteront un fait marquant et, bien entendu, la fortefécondité qu'elles engendrent. Ne négligeons pas, en outre, le fait quecette population de départ vit dans un « paradis terrestre» dont lessubsistances paraissent, au regard de ce que nos pionniers ont pu vivreen France, inépuisables et de qualité.

- Une fécondité élevée: l'accroissement de la population de l'îlede Bourbon est faible si on avance l'argument que c'est une coloniede peuplement. En effet nous avons vu que le nombre des nouveauxarrivants est peu élevé, une petite centaine entre 1690 et 1710. Enrevanche, quand on considère le taux d'accroissement naturel de cettepetite population, force est de constater qu'il est d'un très bon niveaucar la jeunesse de la population explique le peu de décès. En s'entenant à la période 1705-1710 pour laquelle nous avons enregistré

épousera le 3 octobre 1696, à Saint-Paul, Hervé Fontaine né en 1677 à Saint-Paul, charpentier. In Proper Eve.

1. L'écart d'âge entre hommes et femmes crée un sur-veuvage féminin qui entraînede nombreux remariages. Voir plus loin le paragraphe consacré au phénomène.

60

Page 71: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

quelque cent soixante-neuf nouveau-nés, une vingtaine de décès etenviron dix arrivées, nous voyons immédiatement le peu d'importanceque représente le solde migratoire dans l'accroissement total.

- Une faible mortalité: nous avons estimé à une dizaine les décèsd'enfants, nés entre 1705 et 1710, avant l'âge de dix ans. Commenous nous sommes attachée à relever la faible mortalité des mères lorsde naissances multiples, faisons remarquer que seule une jumelledécède sur les six nées entre 1705 et 1710. Nous ne pouvons nousempêcher de faire cette constatation, même si le nombred'observations est faible, quand nous avons présente à l'esprit l'issuefatale, pour la mère et les enfants, des délivrances de jumeaux enFrance à la même période.

Aux âges adultes la mortalité touche peu notre population; enraison de sa jeunesse tout d'abord et aussi certainement en raison desa robustesse! N'oublions pas en effet que les hommes qui atteignentl'île ont, dans le meilleur des cas, pu supporter un voyage d'environquatre mois, dont on peut imaginer sans peine les conditions... Parailleurs, nous l'avons déjà mentionné, l'île de Bourbon bénéficie d'unenvironnement très sain: pas de marécages, comme à Madagascar,pas de faune ou de flore vénéneuse, un climat agréable. Il est certainqu'en ce début du XVIIIe siècle, il vaut mieux vivre à Bourbon qu'auroyaume du Roi-Soleil où épidémies, disettes - voire famines -s'abattent sur la population et la déciment. Autant les dépouillementsdes registres paroissiaux français des XVIIe et XVIIIe sièclestémoignent de situations qui laissaient largement place à la misère,autant ce même travail sur l'île de Bourbon laisse une impression devitalité.

- La migration: nous avons évoqué pour chaque sous-période laprovenance des colons venus s'installer à Bourbon. Au total, nousdisposons de l'origine de quatre vingt-sept hommes et de vingt-sixfemmes. Nous présentons ici l'ensemble des provenances.

Les femmes. Douze femmes ont leur origine à Madagascar, neufaux Indes et cinq en France (Boulogne, Paris (2), Picardie et Lyon).Nous avons déjà évoqué le faible flux de Françaises arrivées àBourbon. Cette récapitulation met bien en évidence la sur-représentation des Malgaches et des Indiennes (vingt et une sur vingt-six). Nos lectures sur les premiers voyages à destination deMadagascar, et donc éventuellement de Bourbon, nous ont apporté la

61

Page 72: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

preuve de la venue de femmes de France par deux fois. Tout d'abord,les quatre navires qui quittent Brest le 7 mars 1665 et qui ont à leurbord «quelques femmes de bonne volonté », ensuite l'arrivée en1671, à Bourbon, de dix-huit femmes qui proviennent de I'Hôpitalgénéral de Paris. Le déficit en éléments féminins marque les débutsdu peuplement et nous avons d'ailleurs constaté que les quelquesveuves retrouvaient très rapidement un nouveau conjoint: le délaientre la dernière naissance, fruit du conjoint décédé, et la suivante,enfant du nouveau conjoint, est bref: entre un et deux ans.

Les hommes. A l'inverse des femmes, les ressortissants deMadagascar et des Indes sont peu représentés: un Malgache et deuxIndiens, dont un qui est en réalité Portugais né aux Indes. Seizehommes sont originaires du nord de l'Europe: Angleterre, Hollandeet actuelle Belgique (Brabant et Flandres). Le reste se répartit entre lePortugal (1), l'île Saint-Croix (1), l'île Saint-Christophe (1) et l'île deFrance (1), aujourd'hui île Maurice. Pour nos soixante-quatrehommes dont l'origine est affirmée, dont une est illisible, ce sont lesBretons qui arrivent en tête (15), puis les représentants de la côtefrançaise de Bordeaux à Nantes (11), suivis de ceux de la régionCentre (9), de la Normandie (8), de la Picardie et du Nord (5), de larégion Méditerranée (4) et enfin les derniers se répartissent entre laBourgogne (4), la région parisienne (3), Lyon (2), la Brie (1) et leDauphiné (1). Parmi ces hommes qui ont séjourné à Bourbon, certainsont quitté l'île, soit au terme de leur engagement au service de laCompagnie en retournant en France, c'est le cas par exemple de LouisPayen (arrivé en 1663 après un séjour à Madagascar), soit pour allerservir dans d'autres zones françaises de l'océan Indien. Ainsi,plusieurs colons sont présents à un recensement et disparaissent ausuivant sans qu'on puisse accuser la mortalité puisque leurs épousesne laissent, elles non plus, aucune trace. Quatre couples sans enfantdisparaissent après le recensement de 1690, dont deux chefs defamille qui étaient frères et Hollandais d'origine. Après lerecensement de 1705, deux couples (dont un a deux enfants), uncélibataire d'origine anglaise et un veuf quittent Bourbon. Au total, onpeut estimer à seize le nombre de départs entre 1690 et 171O.L'empressement que les colons semblent avoir de se marier et laprogéniture qu'ils ont rapidement et en grand nombre expliquent sansdoute, en partie, la sédentarité de notre population.

Le veuvage: nous avons évoqué précédemment le phénomène quitouche principalement les femmes. La cause en est l'important écart

62

Page 73: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

d'âge qui sépare les conjoints. Nous recensons soixante-treize couplesformés par ceux qui sont arrivés avant 1690 (annexe 9), seize pourceux arrivés entre 1690 et 1699 (annexe 10) et vingt-six pour ceuxarrivés entre 1700 et 1710 (annexe Il). Soit cent quinze observations.L'écart d'âge entre les époux est connu pour soixante dix-septcouples1 (respectivement trente-sept, quatorze et vingt-six). L'écartmoyen est de dix-sept ans pour les deux premières périodes(respectivement 16,65 ans et 16,64 ans) et de quinze ans (14,54 ans)pour la troisième. Pour douze couples, nous disposons des âges dechacun des conjoints et du remariage: l'écart moyen était de vingt etun ans... Les unions dans lesquelles le mari a quarante ans de plusque sa femme peuvent s'attendre à être rompues par décès duconjoint. Nous présentons ici le récapitulatif de nos soixante dix-septobservations des écarts d'âges entre époux:

TABLEAU 9 - ÉCART D'ÂGES ENTRE ÉPOUX DE 77 OBSERVATIONS

Ecart - de 5 5-9 10-14 15-19 20-24 25-29 30-34 40ans ans ans ans ans ans ans ans

Nombre 4 14 21 14 12 6 2 4

Plus de la moitié des couples ont un écart d'âges entre conjointsupérieur à quinze ans. La pénurie de femmes qui a régné au toutdébut du peuplement de Bourbon et qui s'est renforcée au fil desannées est à l'origine de certains de ces mariages où les filles, nousl'avons vu précédemment, sont très jeunes.

Le mariage précoce des filles s'installera pour longtemps dansl'île: au moment de notre séjour à La Réunion (dans les Hauts en1981-82), les jeunes filles, passé vingt ans, et toujours pas mariées, semorfondaient! Un dimanche par mois, après la grand-messe, ellesdéfilaient, tout de blanc vêtues, en cortège, sur le terre-plein devantl'église. Elles signalaient ainsi, à la communauté, leur célibat et ledésir d'y mettre fin.

1. Seul un couple est composé d'une femme plus âgée que son mari.

63

Page 74: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

TABLEAU 10 -VEUFS ET REMARIÉS

Conjoint Nouveau conjointConjointeArrivés en 1665

MOLLET Claude Jeanne LACROIXROYER Antoine Marguerite TEXIER

(MANGROLLESHenri)

Elisabeth HOUVE

Pierre HIBONMatthieuGAVENIERAthanaseTOUCRARD

ARNOULD DenisCARRE Jean

CAUZAN PaulLAURET JacquesVeuf FélicieVINCENTEPERROT JeanPITOU Antoine

Arrivés en 1671Marie MAHOUFrançoise CRATELAINVeuve LELIVREVeuve ESPARRONAnne CAZEMarianne FONTAINE

François VALLEEAugustin PANON

Gilles LAUNAYPierre POL

Anne BRUN Jean ARNOULDMarie TOUTTE Georges DAMOUR

Arrivés en 1674 et de 1676 à 1679CLAIN Jean- Hélène PROU Jacques FONTAINEMacaste (fiIs)MAILLOT Jacques M-Madeleine DALLEAU Jean DAMOURVeuf ???

Arrivés avant 1680BOYER Guillaume Geneviève NIELA

BROCUS Henri Jeanne ARNOULDGRONDIN Etienne Louise SIARANEGRONDIN François Jeanne ARNOULD

VINCENDEAUVincent

Louise FONDES

FrançoisDUHAMELFrançois GRONDINAntoine PAYETAntoinetteNA TIVELJulien DALLEAU

64

Page 75: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Suite du tableau 10 - Veufs et remariés

Conjoint Nouveau conjoint

GRUCHET JeanRIVIERE FrançoisVIDOT Marc

FORTIN ?

FOLIO PierreGARNIER?

GRIMAULT HenriL'EPINEY ?MALLE Manuel

PICARD Jacques

BOUCHER PierreCHAMAN AndréELGAR ThomasJANSON JeanRICHARD ?

Conjointe

Arrivés entre 1680 et 1689Jeanne BELLON Jacquette LEVEQUEThérèse HERON Henri RIVIEREMarie ROYER Pierre ROYER

Arrivés entre 1690 et 1699Brigitte BELLON Pierre FOLIO

Veuve de FrançoiseCADETAlexis LAURETEtienne ROBERT

Brigitte BELLONMoniqueVINCENDEAUMarie TOUCHARDMarie LAURETLouise (Marie)ROYERLouise COLLIN Guillaume PLAUTRE

Arrivés entre 1700 et 1709Luce PAYET Henri JUST AMONDAngélique CARON Athanase TOUCHARDRaphaella ROYER Madeleine LARlVEMarie DUGAIN Jean YANSEMarie MARTIN Louis ROUSSEAU

François LAUTRELPierre NOELPierre BOISSON

Sources: nos dépouillements.

Le recensement de 1709 renseigne, pour certains hommes, unerubrique profession. Aucune femme, et c'est une constante pourl'ensemble des recensements, n'a de profession définie; il peutparaître étonnant qu'aucune mention de «couturière» ou de «sagefemme» ne soit signalée. Nous citons ces deux professions car ellesfigurent dans les registres paroissiaux métropolitains de l'époque.

Pour la population masculine, la profession est loin d'être donnéesystématiquement puisque pour quatre-vingt-neuf hommes recensés,cinquante-six (un peu moins des deux tiers) sont notées. Il n'est pasmentionné si cette profession est celle qui est exercée à Bourbon oucelle qui était exercée avant la venue sur l'île: dans certains cas, ilsemble que la référence s'applique plus à l'état avant l'arrivée.

65

Page 76: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Toutefois, on peut penser que ces dispositions anCIennes étaientexploitées à Bourbon.

« Pilote» et « matelot» désignent en fait d'anciens flibustiers: ilssont au nombre de quinze. Leur activité à Bourbon ne peut être enrapport avec leur passé compte tenu du danger que représente l'océanIndien autour de l'île. Vingt-trois (soit un quart) sont déclarés« charpentier» ou « menuisier ». Trois sont maçons. Le reste separtage entre « serrurier» (un), « cordier» (un), « tournier» (un),« arquebusier» (un), « armurier» (un), « forgeron» (un), « graveur»(un), « tailleur» (deux), «chirurgien» (deux), « pêcheur» (un),« boulanger» (un), « maquignon» (un), et un « horloger» : l'AnglaisGeorges Noël.

Sauf à imaginer que l'agent recenseur n'a pas noté de professionquand celle-ci était directement liée avec le travail de la terre, parceque cela va de soi, il est assez étrange de ne voir mentionner aucun« cultivateur» ou « fermier ». Sauf si, bien sûr, cette désignation, àl'époque, avait un lien avec la propriété: en ce début du XVIIIe siècleaucune attribution réelle et définitive de terre n'avait été effectuée àBourbon.

Le peu d'intérêt porté à la qualification des hommes de l'île,prouvé par les recensements qui restent très discrets sur le sujet,tendrait à prouver que les activités déployées étaient peu repérables.Ce qui accréditerait le côté dilettante de la population et le besoin enmain-d'œuvre servile quand il s'agira de mettre Bourbon au travail.L'annexe 12 présente la liste des pionniers pour lesquels la professionest mentionnée.

1.6. LES ESCLAVES

« L'amiral Jacob de la Haye, vice-roi des Indes, revenant d'uneexpédition malheureuse dans le golfe d'Oman, fit escale à Bourbon et,par ordonnance du 1er décembre 1674, lui donna un embryon deconstitution. En ses articles 17 et 20, l'ordonnance établit nettement ladifférence entre blancs et noirs, maîtres et serviteurs.

66

Page 77: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

- Article 17. - Que chacun fera des efforts de bonne volonté pourprendre et châtier les déserteurs de la montagne, étant l'intérêt public,et même qu'il sera donné récompense à ceux qui pourront les prendrevifs ou morts.

- Article 20. - Défense aux Français d'épouser des négresses, celadégoûterait les noirs du service, et défense aux noirs d'épouser desblanches, c'est une confusion à éviter.

Les déserteurs de la montagne susceptibles de châtiments étaientdes noirs en fuite. ». (ln J. V. Payet).

Les unions de nos pionniers montrent que cette ordonnance futbien peu respectée!

Au premier recensement de 1690, le terme d'esclave n'est pasutilisé. Quant au personnel attaché aux services administratifs,résidant à Saint-Denis et à Sainte-Suzanne, il est recensé en « Nègreset Négresses du Roy». A partir de 1704-1705, les recensements vontfaire état d'esclaves. Différentes ordonnances locales vont tenter deformer une législation spéciale les concernant. Le Conseil provincial,créé par un Edit du 15 mars 1711, demandait, dès 1718, l'équivalentdu Code Noir (Edit de 1685 applicable aux esclaves des coloniesd'Amérique, et accessoirement à Bourbon) spécifique à la colonie. Cen'est qu'en décembre 1723 que Louis XVI signera l'édit concernantles esclaves des îles de France et de Bourbon.

Nous allons consacrer cette partie de notre travail à cettepopulation entre 1705 et 1709, c'est-à-dire à ses débuts. A ces deuxdates, les habitants sont répertoriés par leur prénom, leur origine, leurétat matrimonial, leur âge et leur famille de rattachement. Commepour l'ensemble de la population de Bourbon, la distinction est faite,dans la récapitulation des données de recensement, entre les hommesde plus ou moins de 15 ans et les femmes de plus ou moins de 12 ans;ces deux âges signifiant plus une différence entre mariables et nonmariables qu'une différence entre enfants et adultes. Le grand nombred'accouchements à 13 ans le confirme.

ILouis XV (Versailles 1710 - Id. 1774).Roi de France(1715-1774).

67

Page 78: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Nègres Négresses Négrillons Négrillonnes Total+ de 15 ans +de12ans

Saint-Denis1705 34 10 Il Il 661709 40 13 Il Il 75

Sainte-Suzanne1705 17 5 5 2 291709 12 6 5 2 25

Saint-Paul1705 90 38 42 27 1971709 121 59 45 40 265

Total1705 141 53 58 40 2921709 173 78 61 53 365

Sources: nos dépouillements.Note: données corrigées des déplacementsentre 1705 et 1709, de la famille Foliooubliée à Saint-Paulau recensementde 1709(à laquellenous avons attribué le mêmenombred'esclaves à cette date qu'en 1705),et du changementde groupes d'âges entreles deux dates.

CHAPITRE 1

Le décompte des esclaves rattachés aux familles, aux recensementsde 1705 et 1709, peut se résumer ainsi:

TABLEAU Il - ESCLAVES SELON L'ÂGE ET LE SEXE DANS LESDIFFÉRENTS QUARTIERS EN 1705 ET 1709

Au total, le nombre d'esclaves attachés aux familles passe de deuxcent quatre-vingt-douze à trois cent soixante-cinq, soit une hausse de25,0 % (neuf enfants passent d'enfants à adultes entre 1705 et 1709)dont une augmentation de 22,7 % pour les hommes de plus de quinzeans. Les rapports de masculinité restent largement favorables auxhommes pour les adultes:

68

Page 79: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

TABLEAU 12 - RApPORT DE MASCULINITÉ DES ADULTES ET DES

ENFANTS EN 1705 ET 1709

17051709

H/F%Adultes266,04221,79

H/F%Enfants145,00115,09

On remarque la forte concentration des esclaves à Saint-Paul, oùils sont deux fois plus nombreux qu'à Saint-Denis et Sainte-Suzanneréunis en 1705, et deux fois et demi (2,7) plus nombreux en 1709.Rappelons que la grande majorité des colons est installée à Saint-Paul, ceci explique cela. En outre, les bateaux qui font halte àBourbon mouillent à Saint-Paul ce qui facilite les échanges esclaves-denrées entre les marins ou flibustiers, et la population. A Saint-Denissont regroupés les esclaves qui appartiennent à la Compagnie:

TABLEAU 13 - ESCLAVES DE LA COMPAGNIE SELON L'ÂGE ET LE SEXEDANS LE QUARTIER DE SAINT-DENIS EN 1705 ET 1709

17051709

Nègres Négresses Négrillons Négrillonnes TotalIl 2 6 2 2112 3 6 3 24

Ainsi, nous obtenons un total de la population des esclaves àBourbon aux deux dates qui se présente comme suit:

TABLEAU 14 - ESCLAVES À BOURBON SELON LE SEXE EN 1705 ET1709

Nègres Négresses Négrillons Négrillonnes TotalSaint-Denis

12 1716 17

4552

1314

8799

17051709

69

Page 80: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Suite du tableau 14 - Esclaves à Bourbon selon le sexe en 1705 et1709

Nègres Négresses Négrillons Négrillonnes TotalSainte-Suzanne

1705 17 5 5 2 291709 12 6 5 2 25

Saint-Paul1705 90 38 42 27 1971709 121 59 45 40 265

Total1705 152 55 64 42 3131709 185 81 67 56 389

Sources: nos dépouillements.Note: Les augmentationscalculéesprécédemmentrestent quasiment inchangéesavecl'apport des esclavesattachésà la Compagnie.

CHAPITRE 1

Nous avons compté dix esclaves qui ont changé de statut:d'enfants en 1705, ils sont passés adultes en 1709. Ils se répartissenten six garçons et quatre filles. Ainsi, nous pouvons déduiregrossièrement le nombre de nouveaux arrivés. Pour les hommes,vingt-sept nouveaux venus, pour les femmes, vingt-deux. Lagrossièreté de cette estimation tient au fait que nous ne disposonsd'aucune donnée concernant la mortalité: il s'agit dès lors d'un soldequi néglige également les éventuels départs d'esclaves avec leurmaître.

Au cours du dépouillement, trois esclaves, des femmes, étaientmentionnées non encore baptisées, ce qui laisse donc supposer quetous les autres l'avaient été: on en a pour preuve les prénoms qui,pour la très grande majorité, n'ont rien à voir avec des originesmalgache, indienne et africaine. Au recensement de 1709, dans lequelapparaissent les « officiels» de Bourbon, deux curés sontmentionnés: l'un desservant Saint-Denis et Sainte-Suzanne, MessireVincent Robin, originaire de Hennebont et âgé de 46 ans, l'autredesservant Saint-Paul, Messire Pierre Marque, originaire de Quimperet âgé de 50 ans.

Le calcul des âges moyens donne les résultats suivants:

70

Page 81: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

TABLEAU 15 - AGES MOYENS DES ESCLAVES SELON L'ÂGE ET LE SEXEEN 1705 ET 1709

Nègres Négresses Négrillons Négrillonnes1705 28,56 25,13 8,20 4,541709 29,35 24,70 7,87 4,81

Il convient de rappeler que la catégorie « nègres» prend en compteles hommes de plus de 15 ans, alors que la catégorie «négresses»démarre à partir de 12 ans: nous avons donc, par définition, danscette population des individus plus jeunes. Cet écart joue bienévidemment quand on considère les «négrillons» qui peuvent êtreâgés de 0 à 15 ans alors que les «négrillonnes» ne peuvent avoirqu'entre 0 et 12 ans. Cette jeunesse de l'âge adulte des filles aégalement une répercussion sur le sensible rajeunissement de lapopulation féminine entre 1705 et 1709. L'âge relativement élevé denos adultes nous confirme dans l'idée que de nombreux colons ayantséjourné à Madagascar, avant leur arrivée à Bourbon, ont fait levoyage avec des Malgaches. A signaler qu'un nègre âgé de 103 ansn'a pas été retenu dans nos calculs. ..

Les distributions des âges font apparaître les âges médianssuivants:

TABLEAU 16 - AGES MÉDIANS DES ESCLAVES SELON L'ÂGE ET LESEXE EN 1705 ET 1709

17051709

Nègres25,6726,13

Négresses24,6322,25

Négrillons Négrillonnes9,40 3,888,38 5,00

Pour les adultes, ces âges ont l'avantage de ne pas être pénaliséspar les quelques individus âgés.

La répartition par grands groupes d'âges va nous permettred'apprécier la structure par âge de notre population:

71

Page 82: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Age Sexe masculin Sexe féminin Total1705 1709 1705 1709 1705 1709

00-04 18 19 24 28 42 4705-09 17 20 12 26 29 4610-14 29 28 6 2 35 3015-19 39 37 20 30 59 6720-29 48 77 18 31 66 10830-39 36 38 8 12 44 5040-59 22 26 8 7 30 3360et + 7 6 1 1 8 7Total 216 251 97 137 313 388

CHAPITRE 1

TABLEAU 17 - STRUCTURE PAR SEXE ET ÂGE DE LA POPULATIONESCLAVE EN 1705 ET 1709

Alors que la population totale des esclaves est bien mieuxreprésentée du côté masculin, les moins de 10ans sont mieuxreprésentés côté féminin et ce en valeur absolue et en valeur relative.Nos effectifs étant faibles, il peut s'agir d'un « hasard» de féconditéoù les naissances féminines seraient mieux représentées: nousaffirmerons ou infirmerons ce point lors de l'étude de la provenancedes esclaves. Il se peut également que les jeunes garçons soient plussusceptibles d'être vendus aux « trafiquants» de passage à Bourbon età destination d'autres possessions françaises aux Indes. En effet, enétudiant la population des esclaves de moins de 10 ans dont nousperdons la trace entre 1705 et 1709, les garçons sont sur-représentés.Ainsi, nous perdons la trace de trente éléments masculins sur lessoixante-quatre recensés en 1705, soit presque la moitié, contre dix-huit éléments féminins, soit environ deux sur cinq.

C'est entre 20 et 40 ans que cette population est le mieuxreprésentée. Et comme on pouvait s'y attendre, la population âgée deplus de 60 ans représente une minorité. N'oublions pas que c'est lepropre de la population entière de l'île dont les pionniers sont arrivésquelque cinquante ans auparavant.

Voyons maintenant ce qu'il en est de la situation matrimoniale desesclaves. Rappelons qu'ils ont été baptisés et qu'ils doivent doncsuivre, de ce fait, les préceptes de la religion catholique, laquellen'autorise la procréation qu'à l'intérieur des liens du mariage. Il ne

72

Page 83: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

nous a pas été possible d'établir des liens entre esclaves déclarésmariés attachés à une même famille de maîtres. Toutefois, le travailque nous exposons ici, entre 1705 et 1709, a été poursuivi jusqu'en1719 et nous avons ainsi pu établir une stabilité résidentielle desesclaves avec une régularité dans les « couples» et une descendancerégulière. Par ailleurs, certains noms d'esclaves sont reportés sur leursenfants; et encore, à certains recensements, l'agent recenseur a traitéles esclaves par famille, faisant ainsi apparaître le père, la mère et lesenfants.

Il convient toutefois de noter qu'au décès du maître, bien souvent,les esclaves sont répartis entre ses descendants et que, dans certainscas, cet héritage a pour conséquence de séparer les fratries et lescouples d'esclaves. Il faut cependant relativiser cette coupure carl'installation des enfants des maîtres se fait presque toujours dans unenvironnement très proche de celui des parents.

L'état matrimonial relevé donne les résultats suivants:

TABLEAU 18 - ETAT MATRIMONIAL DES ESCLAVES SELON L'ÂGE ETLE SEXE EN 1705 ET 1709

1705Hommes de 15 ans et +

Cél. Marié Veuf100 47 5

65,8 % 30,9% 3,30/0Total: 152

Femmes de 12 ans et +Cél. Mariée Veuve10 44 1

18,2% 80,0% 1,8%Total: 55

1709Hommes de 15 ans et + Femmes de 12 ans et +

Cél. Marié Veuf Cél. Mariée Veuve129 55 1 34 46 1

69,7 % 29,7 % 0,6 % 41,9 % 56,9 % 1,2 %Total: 185 Total: 81

Le déficit en femmes est patent: les deux tiers des hommes sontcélibataires alors que quatre femmes sur cinq sont mariées en 1705contre trois sur cinq en 1709.

73

Page 84: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Ainsi, pouvons-nous dire que la population des esclaves secompose d'environ une cinquantaine de couples. En évaluant, entre1705 et 1709, le nombre de naissances à cinquante (enfants âgés de 0an en 1705 et âgés de 0 à 5 ans en 1709) nous obtenons un taux defécondité légitime de l'ordre de 200 %0. Cette estimation est horsmortalité: rappelons que nous travaillons sur des recensements et nonsur des registres de baptêmes (naissances) et de sépultures (décès).

Au total nous obtenons l'origine de quatre cent quatre-vingt-dix-huit esclaves: trois cent neuf sont recensés en 1705 et cent quatre-vingt-neuf « arrivent» entre 1705 et 1709. En 1705, deux cent quinzesont des hommes et quatre-vingt-quatorze, des femmes; en 1709 nousen décomptons respectivement cent vingt-cinq et soixante-quatre.Leurs origines se répartissent ainsi:

En 1705, les esclaves d'origine malgache sont largementreprésentés: plus du tiers. Les suivent de très près ceux qui sont nés àBourbon (101 contre 110), soit un autre tiers. Les esclaves originairesdes Indes et d'Afrique constituent le dernier tiers. Pour les« arrivées» entre 1705 et 1709, la représentation est différente: lesMalgaches comptent pour 19 %, les Indiens pour 30 %, les Africainspour 6 % et les Créoles pour 44 %.

Afin d'étudier la provenance, nous allons exclure les originaires deBourbon. Il convient de noter que la présence en 1705 résulted'arrivées entre 1663 et 1705, soit une quarantaine d'annéesd'observation, alors que la répartition des nouveaux, en 1709, reposesur une observation de cinq ans. La forte représentation desMalgaches en 1705, plus de la moitié (53 %), confirme leur venueavec les pionniers. A égalité nous trouvons les originaires des Indes etd'Afrique, respectivement 21,6 % et 23,6 %. Les Guinéensappartiennent à la Compagnie. Retenons que dans cette population de« déplacés », les hommes sont quatre fois plus nombreux que lesfemmes, lesquelles, dans neuf cas sur dix, viennent de Madagascar.

74

Page 85: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Présents en 1705 Arrivés entre 1705 et 1709Hommes Femmes Hommes Femmes

Indes 44 1 41 16Indes 12 24 15Malabar1 27 15 1Bengale2 5 2Madagascar 72 38 28 7Afrique 46 3 Il 1Guinée3 9Cafre 31 3 IlMozambique4 6Autres 4 2Total 166 42 82 24Ensemble 208 106Bourbon 49 52 43 40Total 215 94 125 64Ensemble 309 189

Sources: nos dépouillements,nos calculs.

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

TABLEAU 19 - ORIGINES GÉOGRAPHIQUES DES ESCLAVES SELON LESEXE EN 1705 ET 1709

Entre les deux recensements, cent six nouveaux esclaves sontentrés à Bourbon et ce sont ceux originaires des Indes qui ont été lesplus nombreux: plus de la moitié. Seulement un tiers provenait deMadagascar et 10 % d'Afrique. La sur-représentation masculine estréaffirmée: trois fois et demie plus d'hommes que de femmes. Notonségalement que l'Afrique ne connaît plus qu'une seule origine:« Cafre». Il peut s'agir tout simplement d'une simplification dedénomination par l'agent recenseur qui assimile tout esclaveoriginaire d'Afrique par ce terme qui est d'ailleurs encore utilisé denos jours à La Réunion pour désigner les Noirs. Au regard de la

1. Malabar: partie de la côte sud-ouest du Deccan (Indes).2. Bengale: golfe de l'océan Indien entre l'Inde, le Bangladesh et la Birmanie.3. Guinée: l'arrivée des Portugais (1461-1462) y inaugure la traite des Noirs.4. Mozambique: du Xe au XVe siècle le pays est peuplé de Bantous. En 1490, les

Portugais s'installent le long des côtes. Aux XVIIe et XVIIIe siècles l'influenceportugaise s'affirme.

75

Page 86: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

population esclave née dans l'île, 44 % en 1709, nous pouvonsavancer que Bourbon, à l'époque peu peuplée et peu engagée dans lecommerce et la production, n'avait sans doute pas un besoinconsidérable de main-d'œuvre esclave et pouvait donc se contenter dela descendance de ses esclaves sans avoir recours à l'acquisition denouveaux contingents. Entre 1705 et 1709 les nouveaux ne participentque pour moitié à la population esclave.

Nous avons été troublée par le décompte estimé des cinquantenaissances d'esclaves à Bourbon vu précédemment (les enfants âgésde 0 an en 1705, ajoutés aux moins de 5 ans en 1709) et le nombred'esclaves déclarés créoles donné par le recensement de 1709:quatre-vingt-trois. Nous pouvons penser que le recensement de 1705 asous-estimé le nombre d'enfants et que le meilleur recensement en1709 est responsable de cet écart; il se peut également que l'âge aitété quelque peu exagéré en 17091. Ce point et l'attraction aux âgesronds (âges se terminant par 0 et 5), peuvent expliquer la discordance.

1.7. DE 1710 À 1719

Le recensement de 1709 avait fait apparaître vingt nouveauxcouples. Ceux de 1711 et 1713-14 en voient respectivement huit etcinq. Nous observons donc pour cette deuxième décennie du XVIIIesiècle un tassement des unions que nous pouvons expliquer par le peud'individus en âge de se marier et le déficit en éléments féminins.Seuls deux époux sont des nouveaux venus dans l'île; un n'a pasd'ancêtres à Bourbon mais il est veuf et est arrivé en 1702. Voyonscomment les unions se sont faites.

Tout d'abord, l'origine géographique des conjoints est dans unelarge majorité identique: les deux familles résident dans le mêmequartier et le couple se fixe dans ce lieu. Compte tenu de la faiblessenumérique de nos observations, nous resterons prudente dans nosconstatations, mais il convient tout de même de noter que l'écartd'âges entre les époux se réduit: un écart moyen de neuf ans quitombe à cinq ans si nous excluons deux mariages d'« anciens », un né

1. Un esclave de moins de douze ans ne devait pas travailler.

76

Page 87: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

en 1670, l'autre en 1671, qui appartiennent plus à la génération de nos«nouveaux venus» (1675-1690).

Pour ceux dont le mariage a pu être conclu en 1710 ou en 1711,l'âge moyen au mariage des hommes peut être estimé à 19 ans(seulement cinq observations) et celui des femmes à un peu plus de 14ans (huit observations). La même jeunesse est observée pour ceux quiont convolé entre 1710 et 1713-14.

Pour l'ensemble de ces couples, une première naissance intervienttout de suite après le mariage puisque de nos treize unions naîtront,entre 1710 et 1714, dix-huit enfants.

Remarquons au passage que pour certaines familles (Hoareau,Nativel, Bellon et Dennemont) les époux sont les petits-enfants de nospionniers arrivés entre 1665 et 1690, soit une durée maximumd'observation d'une cinquantaine d'années qui traduit bien l'âgeprécoce au mariage et à la première naissance. Nos couples depionniers marient leurs derniers enfants, ce qui traduit cette foisl'utilisation de toute la période féconde des femmes: la majorité desconjoints mariés entre 1710 et 1713-14 est née dans la dernièredécennie du XVIIe siècle.

Même si nos effectifs sont faibles, nous pouvons considérer quenous avons la chance de les saisir au moment de leur installation.Qu'en est-il des esclaves au moment de la formation d'une nouvellefamille? Un couple sera écarté car il est constitué de deux veufs quel'ancienneté à Bourbon évince de ce que nous voulons apprécier.Seuls deux couples, installés à Saint-Denis, n'ont pas d'esclaves. Lesautres en possèdent entre un et trois en 1714 et ils en augmentent lenombre entre cette date et 1719. Nous verrons que le lancementéconomique de l'île, en particulier par l'introduction du café, vaconsidérablement changer la donne. C'est pourquoi nous avons choisicette courte étude de 1710 à 1714 qui s'apparente au début dupeuplement de Bourbon alors que les années qui vont suivre rompentavec ce que nous avons pu voir jusqu'à maintenant.

Le recensement de 1719 ne porte que sur les habitants de Saint-Paul. Nous avons vu que c'était le quartier où se trouvait la grandemajorité de la population de Bourbon. Ce qui suit peut donc êtrequalifié de significatif.

77

Page 88: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 20 - FRANÇAIS AYANT REJOINT BOURBON AU DÉBUT DUXVIIIE SIÈCLE

Nom des époux Origine Date de 1ère AgeNaissance naissance approximatif

à l'arrivéeCOLLET Jacques Saint-Malo 1689 1718 28HIBON Geneviève Créole 1694COUSIN René Erquy 1692 1717 24LE BRETON M- Créole 1698MadeleineDELAVALJ- Chambord 1687 1716 28Baptiste Créole 1696AUBERT LouiseDONNARD Gervais Brest 1673CAMPEON Indes 1673GenevièveGROSSET Sylvestre Saint-Malo 1692 1717 24TESCHER Créole 1698FrançoiseLEBON Pierre Bretagne 1684 1716 31L'EPINET Jeanne Créole 1694MARTIN Jean Saint-Malo 1693 1716 22ROYER Marianne Créole 1697MAUNIER Antoine Marseille 1692 1715 22GRUCHET Marie Créo le 1695MERCIER François Bretagne 1689 1715 25 (ou 28)GRUCHET Anne Créole 1700 (ou 1718)MICHEL Antoine Marseille 1679 1714 34LAUTREL Barbe Créole 1699MOREL André Normandie 1677 1717 39GONNEAU Créole 1697MariannePAULET Nicolas Marseille 1689ROYER Geneviève Créole 1700

Sources: nos dépouillements.

78

CHAPITRE 1

A cette date, nous dénombrons vingt-six nouveaux couples. Toutesles épouses, sauf une, sont créoles; il ne semble pas que des femmesde France soient arrivées à Bourbon fin XVne et début XVIIIe siècle.Par contre, des Français ont rejoint Bourbon dans cette période de« décollage» économique. En voici la liste:

Page 89: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 21 - AGE AU MARIAGE DES VINGT-SIX COUPLES FORMÉSAVANT 1719

F caN M ~I.r)~t'-

00 0\ N N 00 - \0H - - - - - - - N N M ~'0

~17 218 220 121 122 1 324 2 2 627 128 330 231 134 136 139 146 1

Total 6 5 4 2 26

Sources: nos dépouillements.

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Ainsi, la moitié de nos nouveaux époux sont des migrants quiviennent de Bretagne. Leur profession n'est pas mentionnée. Le plusjeune a environ 22 ans, le plus âgé environ 39 ans.

Quelles sont les caractéristiques de ces unions? En estimant,quand il y a une naissance, que le mariage a eu lieu l'annéeprécédente et, quand il n'y a pas de naissance, que le mariage a eulieu en 1718, nous obtenons les données suivantes sur l'âge aumariage des époux:

Nous obtenons un âge moyen au mariage égal à 26 ans (26,1 ans)pour les hommes et à 19 ans ( 18,8 ans) pour les femmes. Pour avoirune meilleure idée de l'âge moyen à l'union il convient de négliger lesmariés à 46 ans: nous obtenons alors 25 ans (25,3 ans) pour leshommes et 18 ans (17,7 ans) pour les femmes. Les observations sontconcentrées entre 22 et 28 ans pour les époux et entre 15 et 18 anspour les épouses. En moyenne, les conjoints ont huit ans de plus (8,3).

79

Page 90: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

A signaler deux mariages où la conjointe est plus âgée: ces couplessont constitués de créoles. Pour l'un, la femme est veuve; pourl'autre, une première naissance hors mariage, alors que le père a 14ans, semble être à l'origine du mariage quand l'homme atteint l'âgede 17 ans!

Nous remarquons que les conjoints créoles sont nés dans ladernière décennie du XVIIe siècle ou tout à fait au début du XVIIIesiècle. Pour la plupart, ce sont les petits-enfants de nos fondateurs.

Observons-nous déjà des unions préférentielles entre membres decertaines familles?

L'annexe 13 présente les noms des conjoints des descendants despionniers qui ont fait souche.

Dès la génération 1 (enfants des pionniers) on enregistre, àl'intérieur de certaines familles, des mariages réunissant des frères etdes sœurs. De tels échanges s'observent pour les Hibon-Ricquebourg,Touchard-Lautrel, Dalleau-Grondin, Damour-Maillot, Martin-Hoareau, Tessier-Maillot, Clain-Fontaine, Robert-Damour et Rivière-Native!.

A la génération suivante, on enregistre quelques mariagescomportant les patronymes vus précédemment. Toutefois, le mariageentre cousins issus de germains est loin d'être la règle; rappelons queces unions n'étaient possibles, pour la religion catholique, qu'une foisobtenue une dispense de l'évêque. On peut légitimement se demanderde quel évêché dépendait Bourbon. En outre, deux patronymesidentiques à deux générations successives impliquent obligatoirementdeux familles alliées mais pas nécessairement deux cousins issus degermains. Notons que cette partie de notre étude ne concerne que deshabitants de Saint-Paul, seul quartier recensé en 1719.

1.8. L'ÉVOLUTION DE 1690 À 1719

A ce point de notre travail, il serait bon d'évoquer l'évolution dupeuplement de Bourbon depuis 1690 telle qu'elle apparaît au fil desrecensements.

80

Page 91: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU22 - EVOLUTIONDE LA POPULATIONDE SAINT-PAUL DE1690 À 1719

Année Libres Esclaves TotalAdultes Enfants Total Adultes Enfants Total

1690 90 110 200 84 24 108 3081704-05 93 151 244 195 4391708 106 178 284 178 77 255 5391711 111 199 310 360 6701719 148 295 443 446 327 773 1 216

Sources: nos dépouillements.

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

Nous considérerons tout d'abord l'évolution du seul quartier Saint-Paul entre 1690 et 1719 puis l'évolution globale de 1690 à 17131.Nous rappelons à nouveau que les chiffres que nous présentonspeuvent avoir, selon les recensements, des critères différents:distinguer ou non les adultes et les enfants de la population esclave,inclure ou non le personnel de la Compagnie ou au service du roi,retenir ou non les esclaves de la Compagnie ou au service du roi,compter ou non les célibataires. Ainsi, les données à l'unité près deces décomptes n'induisent nullement une quelconque précision. Ils'agira bien plutôt de dégager des tendances.

Au début du peuplement, les pionniers, leur famille et leurdomesticité sont fixés à Saint-Paul, seul quartier mentionné en 1690.Aux recensements de 1704-1705, 1708 et 1711, deux autres quartiersapparaissent: Saint-Denis et Sainte-Suzanne2.

En trente ans, nous pouvons apprécier l'évolution différente despopulations libre et esclave: alors que la première a été multipliée pardeux, la seconde l'a été par sept. La population totale est, quant à elle,multipliée par quatre. Nous avons vu que les arrivées de nouveauxcolons n'avaient pas été nombreuses au début du peuplement deBourbon: l'augmentation du nombre d'adultes libres est donc

1. Le recensement de 1713 se résume à une simple récapitulation de la populationtotale de l'île.

2. Le détail du récapitulatif que nous présentons dans les tableaux 10 et Il figure enannexe 14.

81

Page 92: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Libres Esclaves Total1704-05 / 1690 1,33 4,02 2,391708 / 1704-05 5,19 9,35 7,081711 / 1708 2,96 12,18 7,521719/1711 4,56 10,02 7,74

CHAPITRE 1

fortement liée au vieillissement des enfants qui changent de rubriquesen prenant de l'âge. Si ce même argument peut aussi valoir pour lapopulation esclave, il n'est que minime dans l'accroissement de cettecatégorie.

Les taux d'accroissement moyen annuel sont les suivants (%) :

TABLEAU 23 - TAUX D'ACCROISSEMENT MOYEN ANNUEL DESESCLAVES ET DES LIBRES (%) DE SAINT-PAUL DE 1690 À 1719

Les chiffres du tableau 22 étaient éloquents, les tauxd'accroissement du tableau 23 ne le sont pas moins!

Les premiers recensements étant principalement axés vers ledénombrement des couples, leurs enfants et leurs esclaves, on peutassimiler la moitié du nombre d'adultes au nombre de chefs defamille. Ainsi:

- en 1690, environ cinquante familles disposent de cent huit« esclaves », soit en moyenne de deux (2,16) «esclaves» parfamille,

- en 1705, une cinquantaine de familles dispose de cent quatre-vingt-quinze esclaves, soit une moyenne de quatre (3,90),

- en 1708, une cinquantaine de familles dispose de deux centcinquante-cinq esclaves, soit une moyenne de cinq (5,10),

- en 1711, une cinquantaine de familles dispose de trois centsoixante esclaves, soit une moyenne de sept (7,20),

- en 1719, environ soixante-cinq familles disposent de sept centsoixante-treize esclaves, soit une moyenne de douze (11,89)esclaves par famille.

La progression de la main-d'œuvre servile est d'autant plusétonnante que l'essor économique de Bourbon est loin d'être lancé. Il

82

Page 93: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU- 25 EVOLUTIONDES POPULATIONSLIBRESET ESCLAVESDE 1704-1705 À 1771 A SAINT-DENIS ET SAINTE-SUZANNE

Année Libres Esclaves Quartier %en en en en ~(1)Q) ~~Q)

~~~~s:: ~s:: 0;; ~~~~~0 0~"0 s:: ~"'0 s::~-< ~-<

~1705 35 36 71 84 155 St-Denis 21,142 66 108 32 140 Ste-Suz. 19,1

1708 38 66 104 56 20 76 180 St-Denis 20,143 76 119 39 17 56 175 Ste-Suz. 19,6

1711 56 82 138 100 238 St-Denis 23,233 76 109 7 116 Ste-Suz. Il,3

LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719

faut toutefois nuancer notre propos: en effet, l'accroissement dunombre total d'esclaves à Saint-Paul est fortement lié à celui de sonnombre d'enfants. En comparant 1708 et 1719, on observe que lesmultiplicateurs sont très différents:

TABLEAU 24 - ACCROISSEMENT DES POPULATIONS LIBRES ETESCLAVES SELON L'AGE ENTRE 1708 ET 1719

Libres EsclavesAdultes Enfants Total Adultes Enfants Total

1719 / 1708 1,4 1,7 1,- 2,5 4,2 3,0Sources: nos dépouillements,nos calculs.

On peut toujours remettre en cause la comptabilité des enfantsd'esclaves mais il apparaît quand même que la forte progression desesclaves soit à mettre en rapport direct avec celle des garçons demoins de 14 ans et des filles de moins de 12 ans. Cela tendrait àmontrer, les apports d'enfants esclaves par la traite étant peunombreux, que l'esclavage à Bourbon était organisé autour desfamilles d'esclaves.

Le développement de Saint-Denis est dû au fait que s'y soientfixés les premiers rudiments organisationnels de l'île. Le choix deSainte-Suzanne reste un peu énigmatique: pourquoi cette partie del'île? Mais aussi, pourquoi pas? Nous présentons ici l'évolution despopulations libre et esclave des deux quartiers entre 1704-1705 et1711 :

83

Page 94: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 1

Sources: nos dépouillements nos calculs. (1): il s'agit du pourcentage d'esclavesdans le quartier par rapport à l'ensemble de l'île.

Il semble bien que le recensement de 1711 ait sous-estimé lesesclaves résidant à Sainte-Suzanne: il ne mentionne aucun enfant etrelève seulement cinq femmes et deux hommes adultes. Pour Saint-Denis, seuls sont comptés ceux qui sont rattachés à des familles;aucune rubrique ne précise le nombre d'esclaves attachés à laCompagnie ou au roi.

Globalement, à Bourbon, pendant les premières années du XVIIIesiècle, les trois cinquièmes de la population vivent à Saint-Paul. Lereste se répartit, à égalité si on ne considère que les habitants et non lepersonnel administratif de passage, entre Saint-Denis et Sainte-Suzanne.

Les données de recensement ont l'inconvénient de donner unsentiment de stabilité des populations. Nous avons expliqué au débutde cette étude notre méthode de travail qui s'appuie sur l'utilisationde fiches de famille sur lesquelles nous avons retranscrit toutes lesinformations enregistrées aux différents recensements. Denombreuses familles ont fortement migré au fil des années: la caseréservée au lieu de recensement est, pour certaines, largementremplie. C'est la caractéristique des Bourbonnais, puis desRéunionnais, de « s'installer» en un lieu quelque temps, puis de partirailleurs. Il faut bien imaginer que nos colons disposaient de peu debiens et que leurs cases étaient construites de façon rudimentaire(certaines le sont encore aujourd'hui). Dès lors, un déménagementétait facilement envisageable. Ainsi, un lieu qui paraît plus propice àune mise en valeur, le rapprochement ou l'éloignement de certainsparents, un mariage, un remariage, des soucis avec les autoritésgénèrent très souvent le déplacement de la famille.

84

Page 95: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 26 - RÉCAPITULATIFDU RECENSEMENTDE 1733 SELONLESQUARTIERS

Quartier Familles Enfants Esclaves Célibataires EnsembleSaint- 92 269 2398 47 2877PaulSaint- 63 225 1 742 32 2 123DenisSte- 87 308 1 329 27 1 833SuzanneSaint- 47 153 972 30 1 238LouisTotal 289 955 6441 136 8 071

Sources: nos dépouillements.

CHAPITRE 2

AU RECENSEMENT DE 1733

La récapitulation de notre dépouillement du recensement de 1733fournit, par lieu de résidence, la répartition suivante:

Les dernières données sensiblement comparables pour lesdifférentes rubriques datent de 1711 : en vingt-deux ans, la populationde Bourbon a été multipliée par huit (7,88). Si nous nous en tenonsaux chiffres globaux de 1713, le nombre d'habitants de l'île a étémultiplié par sept (6,89). En rapprochant les deux recensements de1719 et de 1733, concernant Saint-Paul, en quatorze ans la populationde ce quartier a plus que doublé (multipliée par 2,37). Un nouveauquartier s'est créé: Saint-Louis.

Alors que la population de Bourbon avait connu des tauxd'accroissement annuel moyen honorables (entre 5 % et 7 %)

Page 96: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LibresAnnée Adultes Enfants Tot.

SM SF Tot. SM SF Tot.1708 94 93 187 176 144 320 5071733 398 277 675 520 435 955 1630

CHAPITRE 2

jusqu'en 1711, celui obtenu entre 1711 et 1733 frôle dix (9,85 %)1.Visiblement, le rythme des arrivées s'est modifié.

2.1. LIBRES ET ESCLAVES.

Jusqu'en 1713, le nombre de libres dépasse le nombre d'esclaves àBourbon. Toutefois, ce résultat constitue un artifice car la populationlibre compte des effectifs d'enfants non négligeables alors que lapopulation esclave en est moins pourvue. En se reportant à l'annexe14 on peut apprécier dans le détail pour 1690 et 1708 la différence decomposition des deux sous-populations. Globalement, trois libres surcinq sont des enfants jusqu'en 1711.

A Saint-Paul en 1719, les esclaves sont significativement plusnombreux que les libres: ils représentent respectivement 64 % et 36% de la population du quartier.

Le recensement de 1733 fait éclater la différence de structure de lapopulation de l'île: les esclaves sont quatre fois plus nombreux (3,95)que les libres. Ainsi, le fort accroissement enregistré est-ilprincipalement dû à celui de la main-d'œuvre servile. Si entre 1711 et1733, nous l'avons dit, le taux d'accroissement annuel moyen est égalà 9,85 %, il atteint 12,67 % pour les esclaves et seulement 4,38 %pour les libres.

Les données comparables dont nous disposons nous permettent derapprocher les recensements de 1708 et de 1733 :

TABLEAU 27 - POPULATIONS LIBRES ET ESCLAVES SELON L'ÂGE ET LESEXE AUX RECENSEMENTS DE 1708 ET 1733

1. On trouvera en annexe 15 les taux d'accroissement annuel moyen par période.

86

Page 97: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

EsclavesAnnée Adultes Enfants Tot. Total libres

et esclavesSM SF Tot. SM SF Tot.

1708 196 77 273 55 59 114 387 8941733 2258 2203 4661 1095 685 1780 6441 8071

Sources: nos dépouillements,nos calculs.

Libres EsclavesAnnée Adultes Enfants Total Adultes Enfants Total

1708 36,9 63,1 100,0 70,5 29,5 100,01733 41,4 58,6 100,0 72,4 27,- 100,0

Sources: nos dépouillements,nos calculs.

AU RECENSEMENT DE 1733

Suite du tableau 27 - Populations libres et esclaves selon l'âge etle sexe aux recensements de 1708 et 1733

En vingt-cinq ans, la population totale a été multipliée par neuf:celle des libres par trois (3,2) et celle des esclaves par dix-sept (16,6).Mais alors que le nombre d'adultes libres passait de cent quatre-vingt-sept à six cent soixante-quinze (multiplication par 3,6) celui desesclaves sautait de deux cent soixante-treize à quatre mille six centsoixante et un (multiplication par 17). Les proportions d'adultes etd'enfants sont pour chaque population les suivantes:

TABLEAU 28 - PROPORTIONS DE LIBRES ET D'ESCLAVES SELON L'ÂGEEN 1708 ET 1733

Elles demeurent sensiblement identiques entre les deux datesl.

Parallèlement à l'accroissement considérable de la populationesclave, on doit noter celui du nombre de femmes esclaves. Alors queleur nombre était toujours inférieur à celui des hommes, elles sontlégèrement plus présentes en 1733. Même si on ne doit pas écarter un

1. La moindre représentation des enfants libres en 1733 provient de l'arrivée massivede célibataires que nous évoquerons plus loin.

87

Page 98: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 2

éventuel sous-enregistrement ou un décompte différent, en 1708 ellessont soixante-dix-sept contre deux mille trois cent deux en 1733. Onpeut conclure à des arrivées massives de femmes car la population desenfants, qui changeraient de classes d'âges en vieillissant, ne peutfournir aucun réservoir de population dans de telles proportions. Nousne pouvons donner aucune explication pour justifier ce changementde structure par sexe dans la population esclave. Nous pouvonsseulement évoquer la venue d'engagées, en provenance des Indes, ledésir d'avoir des couples d'esclaves afin de stabiliser cette populationet de voir s'accroître son nombre par reproduction, le fait que lesfilles soient adultes dès douze ans.

Le peuplement « massif », mutatis mutandis, qu'a connu Bourbonen vingt ans est lié au développement économique dans lequel l'îles'est inscrite par la volonté de gouverneurs désireux d'implanter denouvelles cultures et d'accroître les productions à destination de lamétropole. Nous avons vu dans notre première partie que les habitantsde Bourbon n'avaient peut-être pas toutes les qualités requises pourune mise en valeur efficace de la terre. Les gouverneurs se plaignentsouvent du peu d'entrain au travail des colons, d'où la nécessité de sepourvoir d'esclaves pour que l'essor de l'île soit à la hauteur desambitions desdits gouverneurs. Si les chiffres manquent pour dateravec précision les années de fortes immigrations d'esclaves àBourbon, la rédaction, en 1723, et l'application, en 1724, du Codenoir, que leur afflux rend indispensable, prouve que c'est à partir de1715-1719 que la traite a pris un nouveau tour. Il est égalementprobable que les nouveaux arrivés libres aient eu des projetsd'enrichissement1 et que leurs besoins en main-d'œuvre aient étéimportants pour parvenir à leurs fins.

1. La « publicité» faite au royaume de France sur les avantages de l'expatriation afait naître des vocations pour des hommes contraints à végéter dans un contexteéconomique de crise. A la mort de Louis XIV, en 1715, la France est dans un étatlamentable et la population vit dans une grande misère.

88

Page 99: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

AU RECENSEMENT DE 1733

2.2. LES NOUVEAUX COUPLES

Le recensement de 1733 fait apparaître deux cent dix-neufnouveaux couples dont quatre-vingt-douze sont composés deconjoints nés à Bourbon.

L'étude minutieuse des nouveaux couples au recensement de 1733fait apparaître que les trois quarts des épouses (160) sont natives deBourbon1. Côté masculin, la représentation des conjoints nés horsBourbon est beaucoup plus prononcée: cent deux, moins de la moitié,sont nés dans l'île, quatre-vingt-huit viennent de France, deux de Port-Louis, dix-sept sont étrangers2.

Pour les hommes comme pour les femmes qui viennent de France,la Bretagne et Paris sont les lieux d'origine les plus représentés.

Parmi les nouveaux couples recensés, des conjoints ont déjà vécuune union à Bourbon; vingt-deux femmes et sept hommes sont eneffet engagés dans un mariage de rang deux. La pénurie de femmespermet aux veuves de retrouver aisément un nouveau conjoint: surnos deux cent quinze unions, vingt-huit comptent une épouse plusâgée que l'époux, dont treize femmes remariées.

Toutefois, si la pénurie de femmes est encore bien présente dansl'île, elle n'entraîne plus de mariages avec des filles à peine nubilescomme c'était le cas dans de nombreuses unions plus anciennes. Laprésence plus affirmée du clergé y est peut-être pour quelque chose etnos épouses les plus jeunes ont quinze ans. Ages moyens et âgesmédians sont, pour les hommes et pour les femmes, très proches:respectivement 33,94 ans et 33,50 ans et 26,49 ans et 26,33 ans pourles mariages entre célibataires.

1. Le dernier quart est composé de trente-cinq natives de France, huit de l'île deFrance, une de Pampelune, une de Madagascar, une de Surat, une de La Haye ethuit d'origine inconnue.

2. Quatre Anglais, deux Belges, deux Hollandais, deux Allemands, deux Espagnols,un Suisse, un Portugais, un Américain, un de Pondichéry et un Guadeloupéen.

89

Page 100: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 2

En considérant l'ensemble des nouveaux couples, nous sommesbien consciente que leur durée d'union peut être variable et que leurnombre d'enfants en dépend. Toutefois, à titre indicatif, nous pouvonssignaler le nombre moyen d'enfants par couple: 2,701. La répartitiondétaillée, qu'on trouvera en annexe, montre une forte concentrationdes familles à zéro, un et deux enfants. Nous devons évoquer ici lagrave crise de surmortalité due à l'épidémie de variole de 1729 : ellen'est sans doute pas étrangère à la réduction de la taille des familles2.

Les recensements de 1704-1705 et de 1708 offraient des donnéesassez fiables concernant la population esclave: on en totalisaitrespectivement trois cent onze et trois cent quatre-vingt-sept. Lerecensement de 1733 fait état de six mille quatre cent quarante et unesclaves, soit dix-sept (16,6) fois plus, dont trois mille trois cent cinqappartiennent aux nouveaux couples; ce qui nous donne une moyennede quinze esclaves par famille.

Le dépouillement de recensements anciens peut paraître rébarbatif.En fait, il permet de « sentir» les choses! En complétant les fiches defamille des pionniers et de leur descendance se dessinait de plus enplus le fait qu'ils étaient passés à côté du développement de l'île auprofit de nouveaux arrivants plus entreprenants. Aussi, dans unpremier temps, nous avons fait un relevé des esclaves selon l'originedes conjoints: les deux nés à Bourbons, les deux nés hors Bourbon etles couples mixtes. Les résultats sont les suivants3 :

TABLEAU 29 - NOMBRE D'ESCLAVES SELON L'ORIGINE DESCONJOINTS EN 1733

Naissance Nombre de Nombre Moyenne parcouples d'esclaves couple

92 1.014 Il46 1.029 2281 1.262 16

219 3 305 15

A BourbonHors BourbonMixteTotal

Sources: nos dépouillements.

1. On trouvera avec l'annexe 16 les enfants et les esclaves de ces nouveaux couples.2. Pour une illustration de cette mortalité on pourra consulter l'ouvrage de Jean-

Claude Félix Fontaine qui fait un décompte précis des décès de ces ascendants.3. On trouvera avec l'annexe 16 le détail du récapitulatif présenté ici.

90

Page 101: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

AU RECENSEMENT DE 1733

Globalement, la moitié des couples ont moins de dix esclaves,mais 50 % des « nés à Bourbon» en ont moins de huit, 50 % des « néshors Bourbon» moins de treize et 50 % des « mixtes» moins de dix.Les couples mixtes étant quasiment dans tous les cas composés d'unconjoint né hors de l'île et d'une conjointe née dans l'île, il nous aparu intéressant d'opposer les résultats entre originaires et nonoriginaires. Ainsi, cent vingt-sept couples (58 % de l'ensemble) ontau moins un conjoint extérieur à l'île: ils totalisent deux mille deuxcent quatre vingt onze esclaves (69 %), soit une moyenne de dix-huitesclaves par famille; la moitié en ayant plus de douze.

Nous avons déjà évoqué la pauvreté des habitants de Bourbon:elle ne semblait pas les évincer du circuit économique local basé surun système simple d'autoconsommation. Le développementéconomique de l'île largement assis sur l'esclavagisme sera àl'origine de la paupérisation de nombreuses familles installées dès lespremières années du peuplement. Pour acheter un esclave, il fallait del'argent et le numéraire de nos pionniers et de leurs descendants étaitobligatoirement faible compte tenu du peu d'échanges créés àBourbon. Quand arrivent de France les nouveaux, qui ne sont pluscette fois des aventuriers ou des gueux, mais des « commerçants»munis de réserves financières, avec un projet d'enrichissement, notrepopulation locale, sauf une minorité, ne pourra pas suivre.

Les moyennes, nous le savons, masquent les effets de structure: lenombre d'esclaves par couple varie de zéro à quatre vingt quatorze etseulement deux couples originaires de Bourbon en ont plus de trente(35 et 39) ; un tiers en a de zéro à six, un autre tiers de sept à douze etle dernier tiers plus de douze et moins de quarante.

Nous avons déjà évoqué le lien entre la présente étude et uneprécédente consacrée aux « Petits Blancs des Hauts ». Couramment,on dit à La Réunion que le peuplement des Hauts de l'île de LaRéunion par les Blancs est dû à leur paupérisation lors de l'abolitionde l'esclavage. Ces Blancs, sans le sou, se seraient trouvés enconcurrence, sur le marché du travail, avec les Noirs affranchis. Afinde couper court à cette situation, ils ont préféré s' iso1er dans lesHauts, où ils rejoignaient en fait les descendants des esclavesmarrons. Les dépouillements des recensements du XVIIIe sièclemontrent que cette paupérisation était bien antérieure et que lestermes « Petits Blancs» sont abusifs puisque nombre de ces familles

91

Page 102: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Gén. 2 Gén. 3 Gén. 4 Total39 39

14 1471 6 77

52 3 8551 51

5 5

CHAPITRE 2

comptent parmi leurs ancêtres des femmes originaires de Madagascaret des Indes.

Nous avons tenté de réaliser des généalogies «économiques»:sorte de matrice dans laquelle nous avons fait entrer les esclaves (de1703 à 1779) par chef de famille, pour les quarante-quatre familles lesplus anciennement implantées à Bourbon. Pour certaines, quatregénérations sont repérées.

En faisant un point en 1733, nous devons bien avoir présent àl'esprit que certains de nos pionniers, arrivés en 1665, sont décédés etque pour eux, seule leur veuve survit avec des enfants. Peu defamilles, à la génération 1 sont largement pourvues en main-d'œuvreservile:

- Antoine Cadet (arrivé en 1671) et Louise Nativel: trenteesclaves;

- François Duhamel (arrivé en 1677) et Geneviève Niela (veuveBoyer) : vingt-deux esclaves, ce couple n'aura pas de descendancemasculine et vivra avec les enfants Bayer;

- François Ricquebourg (arrivé en 1665) et Anne l' Ainée Bellon:quarante-sept esclaves.

C'est la génération 2, celle des fils, qui va faire la différence:

TABLEAU 30 -RÉPARTITION DES ESCLAVES SELON LE NIVEAU DEGÉNÉRA TION

FamilleArnouldBellonBoyerBrunCadetCaronCarréCauzanClain J.M.Clain J.P.Co11in

Gén. 1

30

92

Page 103: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

AU RECENSEMENT DE 1733

Famille Gén. 1 Gén. 2 Gén. 3 Gén. 4 TotalDalleau 35 35Damour 28 28Dangot 16 4 20Dennemont 17 17Duhamel 22 22Esparron 20 20Fontaine 18 27 45FrémondGrondin 36 43 79Hibon 55 55Hoareau 28 47 10 85JulienLaunayLauret 37 37Lautrel 33 33Le Beau 12 12LelièvreMaillot 54 17 71Martin 14 14Mollet 14 29 43Mussard 32 9 41Nativel 20 20Payet 27 27Perrot 28 28Pitou 45 13 58Ricquebourg 47 67 114Robert 37 23 60Royer Ant.Royer Guy 22 22Tessier 35 35Touchard 6 6ValléeVincendeauTotal 115 878 295 10 1 298

Sources: nos dépouillements.

Quarante-quatre patronymes se répartissent mille deux cent quatre-vingt-dix-huit esclaves, soit trente (29,5) esclaves chacun. Les fils denos pionniers, qui sont pour la plupart au plein âge adulte, endétiennent les deux tiers.

93

Page 104: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 2

Une famille se détache largement, les Ricquebourg qui totalisent 9% de l'ensemble. A l'opposé, douze familles n'ont aucun esclave, soitun quart des implantés à Bourbon avant 1680. On peut, peut-être,attribuer la richesse des Ricquebourg au fait que FrançoisRicquebourg soit resté longtemps célibataire: il arrive en 1665 maisprend pour épouse la fille d'un autre pionnier, née à Bourbon. Le pèrede cette épouse, Jean Bellon, ne peut pas être à l'origine, par héritage,de ce nombre important d'esclaves puisqu'il n'en disposait pas auxrecensements précédents. En fait, bien qu'il soit arrivé tôt à Bourbon,son mariage tardif classe plus François Ricquebourg dans lagénération 2 que dans la génération 1. Notons qu'il restera, ainsi quetrois de ses fils, toujours domicilié à Saint-Paul. Son quatrième filsmigrera à Sainte-Suzanne.

A la génération 2, il Y a quatre-vingt-un fils. Ce qui porte lenombre moyen d'esclaves par fils à onze (10,8) alors que lagénération précédente, les pères, disposait d'à peine trois (2,6)esclaves en moyenne. La valeur « onze» était attendue: c'est celleque nous avions trouvée pour les quatre-vingt-douze couples formésentre 1719 (et avant pour les quartiers différents de Saint-Paul) et1733 pour la catégorie « deux conjoints nés à Bourbon1 ».

Un peu moins de la moitié des quarante-quatre patronymes disposede zéro à vingt esclaves. Un tiers en possède de zéro à douze et lesdeux tiers de zéro à trente-cinq.

C'est au recensement de 1733 qu'apparaît pour la première etunique fois un décompte précis d'esclaves « marrons» : ils sont centun. C'est Saint-Paul qui détient le record de ces esclaves échappésdans les Hauts: plus de la moitié (60) appartiennent à des famillesrésidant dans ce quartier. Pour la première fois également il est faitmention «d'affranchis », mais il faut bien comprendre que mêmeaffranchis, à cette époque, les esclaves restent attachés à une famille.Leur statut par contre n'est plus le même: ils n'appartiennent pluscorps et biens à un chef de famille et disposent de droits sans avoir àen référer à un « propriétaire ».

1. La différence, quatre-vingt-douze couples et quatre-vingt-un fils, provient du faitque dans les quatre-vingt-douze couples nouveaux en 1733, certains sont issus depetits-enfants des pionniers.

94

Page 105: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

AU RECENSEMENT DE 1733

2.3. LES CÉLIBATAIRES

Jusqu'au recensement de 1733, la rubrique «célibataire» estmarginale. Elle est quelquefois mentionnée pour certains enfants depionniers, orphelins, « vivant seul avec leurs esclaves ». En 1733, unadulte sur cinq est célibataire. Cette nouveauté est due à une nouvellecatégorie d'habitants recensée à Bourbon, les «commandeurs ».Quarante et une personnes portent ce titre, dont trente-neufcélibataires 1.

Un commandeur est un genre de contremaître, chargé de mettre envaleur une terre, pour un propriétaire, présent ou absent de Bourbon,en surveillant les esclaves qui y sont attachés.

La grande majorité des commandeurs (26) est native de France etles Bretons sont sur-représentés. Quatre sont étrangers et neufd'origine inconnue. Ils ont en moyenne trente-deux ans.

Leur répartition selon les quartiers est loin d'être uniforme: vingt-deux résident à Saint-Paul, neuf à Saint-Denis, cinq à Saint-Louis ettrois à Sainte-Suzanne. Le nombre d'esclaves par quartier peut êtremis en rapport avec cette distribution:

TABLEAU 31 - POPULATIONSESCLAVESET COMMANDEURSEN 1733

Quartier EsclavesAdultes Enfants Total

1 778 620 2 3981 221 521 1 742968 361 1 329694 278 972

Commandeurs

Saint-PaulSaint-DenisSainte-SuzanneSaint-Louis

22935

Il convient toutefois de ne pas établir un lien trop étroit car denombreux esclaves étaient rattachés directement à une famille qui nedisposait pas de commandeur.

1. La liste intégrale des trente-neuf commandeurs figure en annexe 17. Sont indiquésleur nom, leur âge (sauf un) et pour certains leur origine géographique.

95

Page 106: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 2

L'état civil de ces hommes a quelque chose d'étonnant. Alors quenom et prénom sont toujours précisés pour les résidents de Bourbon,pour les trente-neuf célibataires, six ne sont désignés que par leurprénom et quatorze en sont dépourvus. Deux portent la mention« forçat ». Certains patronymes, Beausoleil (de Provence), LaDouceur (d'origine inconnue) ressemblent plus à des surnoms qu'à unréel état civil. En outre, l'âge moyen de trente-deux ans masquel'amplitude des âges élevés: ils varient de dix-sept ans à cinquante-sept ans. Un peu plus de la moitié (21) a moins de trente ans etpresque un sur cinq a plus de quarante ans.

Cette population a quelque chose de « louche» ! Peut-être est-cel'absence d'identité complète, pour certains l'âge élevé (que vient-onchercher à Bourbon quand on y arrive à plus de cinquante ans?l'oubli ?) qui ne laissent rien augurer de bon de cette population!C'est cette impression que nous avons eue tout au long dudépouillement du recensement de 1733. Le lecteur n'auraprobablement pas la même et nous lui devons des excuses de nepouvoir donner des arguments objectifs à ce sentiment. Anticipons ensignalant que la catégorie « commandeur» réapparaîtra aurecensement de 1779.

Le recensement de 1733 marque une coupure très nette dansl'évolution de la population de Bourbon.

Son effectif total a considérablement augmenté. En outre, alorsqu'auparavant nous «connaissions» tout le monde et que nouspouvions suivre pas à pas ou presque, les naissances, mariages,veuvages et disparition de chaque famille, par la suite de nombreuxménages vont échapper à un suivi possible.

96

Page 107: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

AU RECENSEMENT DE 1733

Notre travail minutieux de reconstitution des familles prend finavec le recensement de 1733. Le peuplement de Bourbon est lancé.Les pionniers, témoins et acteurs de la présence humaine sur l'île sontmorts. Leurs enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants sontmaintenant intégrés à la multitude, sédentaire ou de passage, noyésdans une population qui se trouve réduite à des chiffres. Notreambition était d'étudier le début du peuplement d'une île déserte àl'aide de recensements: les huit mille soixante et onze habitantsrecensés en 1733 prouvent que le peuplement est largement engagé,qu'il n'en est plus à ses débuts.

97

Page 108: Quand la Reunion s'appelait Bourbon
Page 109: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779.

Ces recensements ne mentionnent plus, pour les libres dont nousfaisions la reconstitution des familles, les noms et prénoms desépouses, le prénom des enfants et les âges. Ils donnent pour lesesclaves le nombre de nègres, de négresses, de négrillons et denégrillonnes1. Il devient alors impossible de compléter les fiches defamille sur lesquelles nous avions travaillé jusqu'ici. En effet, trèssouvent, deux, voire trois ou quatre hommes portent les mêmes nomset prénoms (cousins, père et fils, oncle et neveux) et on ne peut lesdistinguer que par leur âge, l'identité de leur épouse ou encore,éventuellement, par les prénoms et les âges de leurs enfants. Nousavons fait quelques tentatives, mais nous avons dû renoncer tant ellespouvaient être hasardeuses2.

3.1. LE RECENSEMENT DE 1744

Quatre quartiers composent le recensement de 1744 : Saint-Paul,Saint-Denis, Sainte-Suzanne et Saint-Pierre. Le quartier Saint-Louis,mentionné au recensement de 1733 n'apparaît plus. S'agit-il d'un

1. L'enregistrement, pour une famille, est fait selon l'exemple suivant: « PierreGrondin, créole, son épouse, quatre garçons, trois filles. Huit nègres, huitnégresses, quatre négrillons et six négrillonnes» (Sainte-Suzanne, 1744).

2. Si, par exemple au recensement de 1733, François Grondin a quatre garçons ettrois filles et qu'au recensement de 1744 un François Grondin a deux garçons etune fille; comment décider qu'il s'agit du même ou de son fils, ou de son neveu?En onze ans, celui de 1733 a pu marier deux fils et deux filles, auquel cas il luireste deux garçons et une fille. Celui de 1744 peut être le conjoint d'un nouveaucouple, le fils ou le neveu du précédent, qui en onze ans aura eu deux garçons etdeux filles...

Page 110: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Etat Adultes Enfants EnsembleEffectifs % Effectifs % Effectifs %

Libres 850 10,9 1 392 29,4 2242 17,9% 37,9 62,1 100,0Esclaves 6960 89,1 3 336 70,6 10 296 82,1% 67,6 32,4 100,0Ensemble 7 810 100,0 4728 100,0 12 538 100,0

Sources: nos dépouillements,nos calculs.

CHAPITRE 3

oubli ou d'un regroupement? Les données de Saint-Louis ont-ellesété intégrées à celles de Saint-Pierre? Tout le laisse penser: nousavons recherché dans nos dépouillements et trouvé que les famillesrecensées à Saint-Louis en 1733 se retrouvaient à Saint-Pierre en1744. La proximité géographique de ces deux quartiers laissesupposer que ce recensement rassemble de plus larges zones depeuplement que le précédent.

La population totale se monte à douze mille cinq cent trente-huithabitants: deux mille deux cent quarante-deux libres et dix mille deuxcent quatre-vingt-seize esclaves. La décomposition en adultes etenfants, pour chaque population, fournit les données suivantes:

TABLEAU 32 - POPULATIONS LIBRES ET ESCLAVES SELON L'ÂGE EN1744

A peine un Bourbonnais sur cinq (17,9 %) est libre. On retrouve,comme au recensement de 1733, une structure de population trèsdifférente selon les libres et les esclaves: seulement deux libres surcinq (37,9 %) sont des adultes alors que les deux tiers des esclaves lesont.

En onze ans, la population totale a augmenté de 55,3 % : soit untaux d'accroissement annuel moyen de 4,09 %. Mais alors que lapopulation libre a été multipliée par 1,38, celle de la main-d'œuvreservile l'a été par 1,60. Le nombre d'adultes libres et esclaves a crûdans les mêmes proportions: respectivement 48,3 % et 49,3 %. Mais,l'écart reste fort entre ces deux sous-populations: en 1733 il Y avaitsept (6,9) fois plus d'adultes esclaves, en 1744 ils sont huit (8,2) foisplus nombreux.

100

Page 111: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU33 - ORIGINE DES CHEFSDE MÉNAGESELONLE QUARTIERDE RÉSIDENCE

Quartier « Nés hors Créoles EnsembleBourbon»

Effectifs % Effectifs % Effectifs %Saint-Paul 61 45,5 73 54,5 134 25,0Saint- 85 61,6 53 38,4 138 25,7DenisSte- 57 34,5 108 65,5 165 30,8SuzanneSaint- 36 36,4 63 63,6 99 18,5PierreEnsemble 239 44,6 297 55,4 536 100,0

Source: recensementde 1744,nos dépouillements,nos calculs.

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

Globalement, les taux d'accroissement annuel moyen ontlargement régressé par rapport à ceux que nous avions enregistrésentre 1711 et 17331 et ce pour les différentes catégories depopulations (enfants, adultes, libres et esclaves).

Pour chaque quartier, les chefs de ménage2 sont relevés selon lecritère de l'origine: « nés hors Bourbon» et « créoles »3. Parmi eux,on relève cinquante-huit célibataires «nés hors Bourbon », dontquatre femmes. Seize hommes seront encore présents au prochainrecensement de 1752 et mariés. Vingt-quatre résident à Saint-Denis,treize à Saint-Paul, huit à Sainte-Suzanne et six à Saint-Pierre. Poursept d'entre eux le quartier de résidence n'est pas renseigné.

Saint-Paul, lieu du début du peuplement de l'île, concentre unquart des chefs de ménage et les créoles y sont majoritaires. Saint-

1. On se reportera à l'annexe 15.2. A partir du recensement de 1744 il est plus approprié de parler de « ménages ». En

effet, ce recensement marque une rupture avec les précédents en ce sens qu'ils'attache moins à faire ressortir l'unité «famille». La venue de célibatairesassociés à la mise en valeur d'une terre, la cohabitation de frères et sœursorphelins, la présence de veufs et de veuves isolés renvoient plus au terme de« ménage».

3. Est créole celui qui est né à Bourbon.

101

Page 112: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3

Denis regroupe un chef de ménage sur quatre et trois sur cinq sont« nés hors Bourbon» : son rôle de « capitale administrative », où setrouvent concentrés les services du roi et de la Compagnie, expliqueleur sur-représentation. Sainte-Suzanne est maintenant le quartier leplus peuplé: près d'un tiers des chefs de ménage de Bourbon y sontdomiciliés. Notons qu'à Sainte-Suzanne et à Saint-Pierre la répartitionselon le lieu de naissance est sensiblement identique: deux tiers decréoles et un tiers de « nés hors Bourbon ».

Si les chefs de ménages sont plus nombreux que les autres,remarquons que leur sur-représentation n'est pas flagrante. Cetteconstatation incite à conclure aux arrivées nombreuses dans l'île. Ilfaut toutefois nuancer le propos et envisager également que cerecensement fait une meilleure part à la population de «passage »,alors que les précédents ne la mentionnaient pas systématiquement ets'attachaient aux décomptes le plus précis possible des famillesinstallées durablement à Bourbon.

Pour les chefs de ménage « nés hors Bourbon », leur date d'arrivéedans l'île est mentionnée pour les quartiers Saint-Paul et Saint-Pierre.Nous avons reconstitué un ordre chronologique pour les classerI. Autotal, nous ne disposons que de soixante-trois mentions (quarante-quatre à Saint-Paul et dix-neuf à Saint-Pierre). Les dates d'arrivées'échelonnent de 1689 (une observation) à 1742, avec une forteconcentration à partir de 1714. Globalement, la première moitié sesitue entre 1714 et 1727 et la seconde entre 1728 et 1742. Entre 1727et 1731 sont regroupées trente arrivées sur les soixante-trois. Il n'estpas possible de faire un rapprochement avec les quelques observationsrelevées au recensement de 1733. En effet, à cette date la rubrique«date d'arrivée» était renseignée uniquement pour certains desnouveaux arrivés. En 1744, c'est l'ensemble du recensement qui estorganisé en fonction de la naissance ou non dans l'île.

Par quartier et pour chaque ménage, nous disposons du nombred'esclaves: il varie de zéro à cent quatre-vingt-dix-huit, répartis enhommes, femmes, garçons et filles. Nous avons repris ces donnéesafin de vérifier si ce que nous avions mis en évidence précédemment,à savoir un plus grand nombre d'esclaves pour les nouveaux venusque pour les descendants des pionniers, était toujours vrai. L'annexe

1. On trouvera le détail par année et par quartier à l'annexe 18.

102

Page 113: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 34 - ESCLA YES PAR ORIGINE DU CHEF DE MÉNAGE

Nombre « Nés hors Bourbon» Créolesd'esclaves

Nbre de chefs Nbre Nbre de chefs Nbred'esclaves d'esclaves

Effectif Cumul Effectif Cumul Effectif Cumul Effectif Cumul

0 16 16 14 14

1-9 79 95 339 339 130 144 573 573

10-19 48 143 678 1017 82 226 1 19 1 92

20-29 33 176 801 1818 29 255 707 299

30-39 17 193 594 2 12 14 269 480 279

40-49 12 205 547 2959 Il 280 477 3356

50-69 19 224 1179 4138 Il 291 635 3991

70-99 8 232 657 4795 5 296 419 4410

100 et + 7 239 948 5743 1 297 143 4553

Total 239 5743 297 4553

Sources: recensement 1744,nos dépouillements,nos calculs.

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

19 donne la répartition détaillée du nombre d'esclaves par chef deménage selon son origine. Nous en présentons ici une versionconcentrée.

Le nombre d'esclaves a été repris du tableau détaillé de l'annexe19 et non calculé à l'aide d'un nombre moyen d'esclaves par classe.Le découpage (0, 1-9, etc.) a été adopté pour que la récapitulationpermette, malgré tout, d'apprécier les différences entre les deux sous-populations.

Les chefs de ménage « nés hors Bourbon» disposent en moyennede vingt-quatre esclaves (24,03) contre quinze (15,33) pour ceux nés àBourbon. Si le nombre de chefs de ménage créoles surpasse de 24,3 %celui des «nés hors Bourbon », leur nombre d'esclaves est, lui,inférieur de 20,7 %. 7 % des «nés hors Bourbon» n'ont aucunesclave et un peu plus de la moitié (53,1 %) en a de un à dix-neuf.Pour les créoles, 5 % des chefs de ménage n'ont pas d'esclaves et sept

103

Page 114: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Année Libres Esclaves Total1704-05 108 32 140

1708 119 56 1751711 109 7 1161733 504 1 329 1 8331744 747 2824 3 571

CHAPITRE 3

sur dix en ont entre un et dix-neuf. Entre vingt et quarante-neufesclaves on obtient pour chaque catégorie, respectivement, un quart(25,9 %) et un peu moins d'un cinquième (18,2 %). Au-delà decinquante esclaves on trouve 14,2 % de «nés hors Bourbon» etseulement 6 % de créoles. Les premiers sont exactement deux foisplus nombreux en nombre: trente-quatre contre dix-sept.

Un peu plus de la moitié (51,5 %) des esclaves des «nés horsBourbon» appartient à des unités qui comptent moins de cinquanteesclaves. On trouve sensiblement cette proportion (52,7 %) pour lesesclaves attachés à des créoles dans des unités de moins de trenteesclaves.

Ainsi, ce que nous avions décelé aux précédents recensements esttoujours vrai: les créoles ne se sont pas inscrits de la même façon queles nouveaux arrivés dans l'essor économique de l'île qui passait parune forte possession de main-d'œuvre servile. Les unités de plus decent esclaves révèlent la richesse de certains propriétaires: c'est lecas d'un seul créole.

Nous avons établi l'annexe 19 en reprenant les données parquartier: quatre des huit propriétaires de plus de cent esclavesrésident à Sainte-Suzanne, deux à Saint-Denis, un à Saint-Paul et un àSaint-Pierre.

Dans l'accroissement en population du quartier Sainte-Suzanne lapart des esclaves est très forte:

TABLEAU 35 - EVOLUTION DES POPULATIONS LIBRES ET ESCLAVESDU QUARTIER SAINTE-SUZANNE DE 1704-1705 À 1744

En quarante ans, sa population a été multipliée par vingt-six (25,5).Mais si celle des libres a été multipliée par sept (6,9), celle des

104

Page 115: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

esclaves l'a été par quatre-vingt-huit (88,25). Entre 1733 et 1744, lenombre de libres progresse de 48,2 % et celui des esclaves de 112,5%. C'est cette population servile qui provoque le quasi doublement(1,95) de la population totale de Sainte-Suzanne. Les environs de cequartier sont propices à la culture intensive car le relief accidenté deBourbon s'estompe pour former une large zone plate, comprise,grossièrement, entre la rivière des Pluies, la rivière du Mât, l'océan etles contreforts du cirque de Salazie (confère la carte en début detravail).

Tentant tout de même de poursuivre le devenir des descendantsdes pionniers, nous avons repéré les patronymes que nousconnaissons bien maintenant. Il nous était possible, sans toutefoispouvoir les situer dans la lignée, de regrouper tous les porteurs d'unmême nom. Nous nous en sommes tenue aux descendants despremiers arrivés à Bourbon avant 16801.

Sur les quarante et un noms fournis par le tableau 3, septn'apparaissent plus au recensement de 1744: résultat d'un défautd'enfants ou de descendance mâle. Nous avons donc retrouvé centquatre-vingt-deux chefs de ménage possédant deux mille quatre centcinquante et un esclaves, soit une moyenne de treize (13,47) parménage2. Ce premier résultat met en lumière que ces chefs de ménagereprésentent 61,3 % de l'ensemble des chefs de ménage créoles etqu'ils disposent d'un peu plus de la moitié (53,8 %) des esclavesattachés aux créoles. Nous notons également que leur nombre moyend'esclaves est inférieur de deux unités à celui des créoles en général.

Quand on considère les cinq cent trente-six chefs de ménagerecensés en 1744, les cent quatre-vingt-deux descendants despionniers représentent le tiers de l'ensemble mais ils ne possèdentmême pas le quart (23,8 %) des esclaves.

Tout au long de notre dépouillement, nous avions eu le sentimentque ces familles étaient pénalisées par leur importante descendance etque la main-d' œuvre servile avait été «éparpillée» au fil deshéritages. Ce n'est sans doute pas un hasard si la veuve Arnoud, seule

1. On trouvera avec l'annexe 20 la liste et les possessions en esclaves de cesdescendants.

2. y compris les huit qui ne possèdent aucun esclave.

105

Page 116: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 36 - NOMBRE DE CHEFSDE MÉNAGE ET D'ESCLAVES EN1744 SELONLES QUARTIERS

Quartier Nbre de chefs de Nombre Moy. /ménage d'esclaves Ménage

Effectifs % Effectifs %Saint-Paul 34 18,7 636 25,9 18,7Saint-Denis 22 12,1 361 14,7 16,4Sainte-S uzanne 74 40,7 810 33,0 10,9Saint-Pierre 52 28,5 644 26,4 12,4Ensemble 182 100,0 2451 100,0 13,5

CHAPITRE 3

représentante du patronyme, arrive en tête de notre classement} pourle nombre d'esclaves. Nous trouvons en deuxième position Hibondont le nombre d'esclaves était déjà élevé au recensement de 1733.

Notons la forte concentration de ces descendants à Sainte-Suzanne:

Notre attention a été particulièrement attirée par ces descendantsrésidant à Sainte-Suzanne. Nombre d'entre eux sont les ancêtres des« Petits blancs des Hauts» d'une partie du cirque de Salazie, GrandIlet, que nous avons précédemment étudiés. Les Bayer, Damour,Fontaine, Grondin, Maillot, Robert et Rayer, très présents à Sainte-Suzanne en 1744 sont aujourd'hui fortement représentés à Grand Ilet.Or, il se trouve que Sainte-Suzanne, et plus tard Saint-André avec laroute, était le point de départ idéal pour rejoindre Salazie. Aussi,pensons-nous trouver ici une partie de l'origine du peuplement desHauts. Nous avons vu, quelques lignes au-dessus, que le quartierSainte-Suzanne comptait de nombreux esclaves. Nous pouvons alorsaisément imaginer qu'au moment de l'abolition de l'esclavage, laconcurrence sur le marché du travail, que nous avons déjàmentionnée, ait été très forte et ait contraint les plus démunis à lamigration vers les Hauts, somme toute très proches.

1. Signalons au passage que Denis Arnaud, le fils de son mari, Jean Arnoud, étaitdécrit comme «un ivrogne patenté» au recensement de 1711, « logé chez sabelle-mère ». Ceci explique peut-être cela.

106

Page 117: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 37 - POPULATIONSLIBRESET ESCLAVESEN 1752

Etat Adultes Enfants EnsembleEffectifs % Effectifs % Effectifs %

Libres 1 246 Il,8 1 888 31,6 3 134 19,0% 39,8 60,2 100,0Esclaves 9 301 88,2 4089 68,4 13 390 81,0% 69,5 30,5 100,0Ensemble 10 547 100,0 5 977 100,0 16 524 100,0

Sources: recensementde 1752,nos dépouillements,nos calculs.

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

3.2. LE RECENSEMENT DE 1752.

Le découpage en quatre quartiers, tel qu'il était en 1744, estreproduit au recensement de 1752. Il reprend également le clivageentre « nés hors Bourbon» et créoles.

La population totale s'élève à seize mille cinq cent vingt-quatrehabitants décomposés en trois mille cent trente-quatre libres et treizemille trois cent quatre-vingt-dix esclaves.

En huit ans, on ne constate aucun changement fondamental dansles différences de structures de population. Les taux d'accroissementannuel moyen1 entre 1744 et 1752 sont inférieurs ou sensiblementégaux à ceux trouvés pour la période 1733-1744 pour la populationesclave et en hausse pour la population libre. Cela est vrai enparticulier pour celle des adultes: de huit cent cinquante on passe àmille deux cent quarante-six hommes et femmes libres, soit unehausse de 46,6 % qui correspond à un taux d'accroissement annuelmoyen égal à 4,90 %.

Les deux recensements de 1744 et de 1752 ayant été réalisés sur lemême modèle, il semble qu'on puisse rapprocher ces données sans

1. On se reportera à l'annexe 15.

107

Page 118: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Quartier Nés hors Bourbon Créoles EnsembleEffectifs % Effectifs % Effectifs %

Saint-Paul 52 30,4 119 69,6 171 21,1Saint-Denis 92 49,7 93 50,3 185 22,8Sainte-Suzanne 113 36,2 199 63,8 312 38,5Saint-Pierre 51 35,9 91 64,1 142 17,5Ensemble 308 38,0 502 62,0 810 100,0

Sources: recensementde 1752,nos dépouillements,nos calculs.

CHAPITRE 3

craindre qu'un sous-enregistrement à l'un ou à l'autre soit à l'origined'un accroissement ou d'une diminution de population.

Nous pouvons, ainsi que nous l'avons fait pour les données de1744, présenter les chefs de ménage selon leur origine:

TABLEAU 38 - ORIGINE DES CHEFS DE MÉNAGE SELON LE QUARTIERDE RÉSIDENCE.

L'implantation des chefs de ménage est quelque peu différente dela précédente. La représentation de Sainte-Suzanne est plus fortequ'en 1744 : ce quartier a gagné sur les trois autres qui voient tousleurs effectifs augmenter mais leur part baisser au profit de Sainte-Suzanne.

Huit cent dix chefs de ménage sont recensés contre cinq centtrente-six huit ans plus tôt. Trois cent huit sont « nés hors Bourbon»et cinq cent deux sont créoles. La progression est différente selonl'origine: respectivement, 28,9 % et 69,0 %. La forte augmentationdes chefs de ménage créoles est à mettre en rapport avec la fortefécondité des couples dont les enfants parviennent à l'âge adulte.

Il serait tentant de rapprocher le nombre de chefs de ménage « néshors Bourbon» de 1744 et de 1752 et d'en déduire le nombred'arrivées entre les deux dates. Toutefois, nous ne nous y risqueronspas car les courants migratoires étaient trop importants pour qu'unetelle arithmétique soit irréprochable. Entre outre, et là encore nouspouvons évoquer les vertus d'un dépouillement d'archives, pas assezde patronymes relevés au recensement de 1744 figuraient encore en

108

Page 119: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLEAU 39 - EVOLUTIONDE LA POPULATIONDES « NÉS HORSBOURBON»

Quartier 1744 1752 Retrouvés en 1752 Evapodont Part Effectifs % -ration

arrivésaprès1744

Saint-Paul 61 52 5 1/2 30 50,0 31St-Denis 85 92 13 1/3 29 34,0 56Ste-Suz. 57 113 13 3/5 32 56,0 25St-Pierre 36 51 4 2/3 25 69,0 Il

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

1752 pour conclure à une stabilité des nouveaux arrivants. Nous yreviendrons ultérieurement.

Alors que le recensement de 1744 renseignait la date d'arrivéedans l'île des «nés hors Bourbon» uniquement à Saint-Paul et àSaint-Pierre, celui de 1752 est plus systématique et le précise pourchaque quartier!.

Pour deux cent dix-huit chefs de ménage, sur trois cent huit, (70,8%) les dates d'arrivée sont indiquées; elles vont de 1711 à 1751.

- 6,4 % sont arrivés avant 1720,

- 29,4 % entre 1720 et 1729,

- 32,5 % entre 1730 et 1739,

- 3 1,7 % entre 1740 et 1751.

Globalement, les arrivées se répartissent pour moitié avant et après1732 et on remarquera que les années 1729, 1730, 1731 et 1732 ontété particulièrement propices puisqu'une arrivée sur cinq (21,6 %) aeu lieu au cours de ces quatre années.

Le classement par ordre alphabétique des habitants auxrecensements de 1744 et 1752 nous a permis de faire desrapprochements concernant la population des «nés hors Bourbon»que les chiffres suivants résument:

1. On trouvera le détail par année et par quartier à l'annexe 21.

109

Page 120: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

1744-1752 Saint- Saint- Sainte- Saint-Paul Denis Suzanne Pierre

Aubry * *Gillot * *Martin * *Poulain * *

CHAPITRE 3

Total 239 308 35 1/2 116 48,5 123

Globalement, c'est un peu moins de la moitié (48,5 %) des «néshors Bourbon» que nous retrouvons huit ans plus tard. Selon lequartier, la stabilité est différente et Saint-Denis occupe une place àpart qui est due à son statut de centre des autorités où arrivent lesreprésentants de la maréchaussée, du roi et le personnel administratifsous contrat, principalement celui lié à la Compagnie. Ces« fonctionnaires» sont également présents dans d'autres quartiers,mais c'est Saint-Denis qui en détient le plus grand nombre.

Afin d'affiner cette étude, nous n'avons considéré que lescélibataires «nés hors Bourbon» aux deux recensements. Nous enavons relevé cinquante-neuf en 1744 et quatre-vingt en 1752, dontsept arrivés après 1744. Seize se sont mariés entre les deux dates.C'est donc quarante-trois célibataires que nous pourrions retrouver.Nous en avons retrouvé treize, soit un peu moins d'un tiers (30,2 %).Les migrations internes sont peu nombreuses, nous en avons relevéquatre:

TABLEAU 40 - MIGRATIONSINTERNESDE QUELQUESCÉLIBATAIRES«NÉS HORSBOURBON» ENTRE 1744 ET 1752

Ce suivi n'a pas de valeur démonstrative stricte. Il veut simplementmettre en lumière le passage et le mouvement. Bourbon peut n'êtrequ'une étape parmi les nombreuses destinations possibles de l'océanIndien. En particulier, nous en avons peu parlé, mais l'île de Francepeut être très attractive: sa mise en valeur ad' ailleurs pénalisé ledéveloppement de Bourbon, réduite de ce fait au rang de grenieralimentaire. Les comptoirs français des Indes constituent égalementdes implantations tentantes: quoi de plus «facile» que des'embarquer à bord d'un navire, en route pour Pondichéry, qui faitescale à Bourbon.

110

Page 121: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

Ainsi, il nous semble bien que la population des libres soitconstituée de trois grandes catégories: les descendants des pionniers,installés définitivement pourrait-on dire à Bourbon, ceux qui y sontvenus avec le projet d'y faire fortune et se sont fixés et enfin, ceux quipassent, s'essaient à une nouvelle vie et repartent vers d'autres lieux,ayant peut-être jugé l'île trop petite pour leurs ambitions.

La croissance du nombre d'esclaves, même si elle n'a rien decomparable avec celle enregistrée entre 1733 et 1744, reste, malgrétout, conséquente entre 1744 et 1752 : respectivement, 59,9 % et 30,1%. Le nombre d'adultes a progressé de 33,6 % et celui des enfants de22,6 %. Cette hausse des effectifs montre que la traite est encorelargement pourvoyeuse de main-d'œuvre servile. Toutefois, nousdevons signaler que le dépouillement du recensement de 1752mentionne, dans la population des créoles libres, des affranchis. C'estle cas à Saint-Denis pour:

- Agathe, Négresse libre, célibataire sans enfants et sans esclaves,

- Ignace, Malabar libre, marié, huit enfants et sans esclaves,

- Marie, Cafrine libre, célibataire sans enfants et sans esclaves,

- Marine, Créole libre, célibataire sans enfants et sans esclaves,

- Ranga, Malabar libre, marié, trois enfants et huit esclaves,

- Ramalinga, Malabar libre, marié, huit enfants et un esclave,

- Virajoa, Malabar libre, célibataire sans enfants et cinq esclaves,

- Alady, Lascard libre, célibataire sans enfants et deux esclaves.

A Sainte-Suzanne:

- Augustin, Noir affranchi, marié, quatre enfants et sans esclaves,

- Charles, Noir affranchi, marié, deux enfants et sans esclaves.

Ces dix cas recensés montrent que le mouvementd'affranchissement a précédé, à Bourbon, l'abolition. Il est importantde rappeler que, normalement, les « engagés» qui venaient des Indes,étaient en réalité sous contrat: leur servitude devait durer trois ans,durée au-delà de laquelle ils devaient, en toute rigueur, retrouver leurliberté. Même si ledit contrat était loin d'être respecté, il est possible,la majorité de ces cas étant enregistrée à Saint-Denis, que les

111

Page 122: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3

structures administratives aient mieux veillé à l'application durèglement. La faiblesse des effectifs de libres et affranchis ne doit pasêtre considérée comme le reflet de faits anecdotiques: il faut plutôtenvisager que les agents recenseurs n'ont pas porté un soin attentif audénombrement de cette population. Il est fort possible égalementqu'une fois libres, les anciens esclaves aient mis de la distance entreeux et la population esclavagiste de Bourbon et soient allés peuplerdes endroits encore inhabités.

On aura apprécié le fait que certains esclaves affranchis possèdentdes esclaves. Il en va peut-être ainsi dans une société esclavagiste oùla dure réalité de la servitude peut sembler être la norme, même pourceux qui l'ont subie.

Nous avons voulu à nouveau apprécier, avec les données de 1752,comment se répartissaient les esclaves selon les critères «nés horsBourbon» et « créoles ». L'annexe 22 fournit le détail du résumé queprésente le tableau suivant:

TABLEAU 41 - ESCLAVES PAR ORIGINE DU CHEF DE MÉNAGE

Nombred'esclaveso1-910-1920-2930-3940-4950-6970-99100 et +Total

« Nés hors Bourbon»Nbre de chefs Nbre d'esclaves

Effectifs Cumul Effectifs Cumul39 39107 14658 20422 22621 24719 26620 28613 2999 308

308

438840514734837

1 1501 1071 2916 911

4381 2781 79225263 3634 5135 6206 911

112

Page 123: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

Suite du tableau 41 - Esclaves par origine du chef de ménage

CréolesNbre de chefs Nbre d'esclaves

Effectifs Cumul Effectifs Cumul49 49

231 280118 39858 45613 46912 48112 4938 5011 502

502

Nombred'esclaves

o1-910-1920-2930-3940-4950-6970-99100 et +Total

1 0131 6391 370430535693692107

6479

1 01326524022445249875 68063726479

Sources: recensement de 1752, nos dépouillements, nos calculs.Note: La méthode pour établir ce tableau est identique à celle de 1744.

Chaque chef de ménage de la catégorie «nés hors Bourbon»dispose en moyenne de vingt-deux (22,44) esclaves contre treize(12,91) pour les créoles. Les premiers et les seconds ont perdu, enmoyenne, deux esclaves par rapport à 1744. Le rapport entre chefs deménage et esclaves a quelque peu changé: le nombre de chefs deménage créoles surpasse de 63,0 % celui des « nés hors Bourbon» etleur nombre d'esclaves n'est plus inférieur que de 6,3% (contre 20,7% en 1744). La proportion des chefs de ménage sans esclaves est de12,7 % pour les «nés hors Bourbon» et de 9,8 % pour les Créoles(contre respectivement, 6,7 % et 4,7 % en 1744). A l'opposé, nouspouvons noter l'accroissement des concentrations de plus decinquante esclaves:

TABLEAU 42 - NOMBRE DE CHEFS DE MÉNAGE AYANT PLUS DECINQUANTE ESCLAVES SELON L'ORIGINE ENTRE 1744 ET 1752

AnnéeCréoles« Nés hors

Bourbon»Effectifs % Effectifs %

1744 34 14,2 17 5,71752 42 13,6 21 4,2

Elles concernent un nombre important d'esclaves:

113

Page 124: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

« Nés hors CréolesAnnée Bourbon»

Effectifs % Effectifs %1744 2 784 48,5 1 197 26,31752 3 548 51,3 1 492 23,0

CHAPITRE 3

TABLEAU 43 - NOMBRE D'ESCLAVES SELON L'ORIGINE DU CHEF DEMÉNAGE

Ainsi en 1752, plus de la moitié de la main-d'œuvre servile des« nés hors Bourbon» vit dans des exploitations comptant plus decinquante esclaves contre à peine un quart pour les créoles. Pourl'ensemble de l'île, la proportion est de 37,6 %, soit un peu plus dutiers. A lui seul ce résultat montre que la culture intensive s'est peudéveloppée à Bourbon.

Parmi les dix propriétaires de plus de cent esclaves, un seul estcréole et dispose de cent sept esclaves. Le plus pourvu en possèdedeux cent soixante-deux.

Six sont installés à Sainte-Suzanne:

- Michel-Philippe Dachery, arrivé en 1724, vit sans épouse avecune fillette, cent douze esclaves,

-les enfants Diores, mineurs (deux garçons et deux filles), absentsau moment du recensement, cent neuf esclaves,

- Joseph Léon, arrivé en 1741, marié, trois filles, cent deuxesclaves,

- Philippe Letort, marié, un garçon, deux cent soixante-deuxesclaves,

- Nicolas Prévost, arrivé en 1734, marié, trois filles, cent trenteesclaves,

- Adrien Valentin, arrivé en 1722, marié, deux garçons et une fille,cent vingt-cinq esclaves. A noter qu'un troisième fils, créole,marié, sans enfant, dispose de quinze esclaves.

Deux à Saint-Denis:

- Jean Desblotières, marié, trois filles, cent quarante-huit esclaves,

114

Page 125: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Année Saint-Paul Saint-Denis Sainte-SuzanneNombre de Nombre de Nombre de

Chefs Esclaves Chefs Esclaves Chefs Esclaves1744 34 636 22 361 74 8101752 43 774 15 289 125 1 0241752/ +26,5 +21,7 -31,8 -19,9 +68,9 +26,41744 % % % % % %

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

- Dame veuve Sicre-Defonbrune, un garçon et une fille, cent treizeesclaves.

Un à Saint-Pierre:

- Monsieur Desforges, arrivé en 1739, vit seul avec cent quatre-vingt-dix esclaves. Ses futurs héritiers (un homme et une femme),arrivés en 1749 disposent de quatre-vingt-dix-neuf esclaves.

Un à Saint-Paul:

- Anne Bellon, créole, veuve de François Ricquebourg, vit seuleavec cent sept esclaves.

Nous avons repris les familles des descendants des pionniers (voirannexe 20). Leur répartition en 1744 et 1752, selon le quartier derésidence, est la suivante:

TABLEAU 44 - RÉPARTITION DES FAMILLES DES DESCENDANTS DESPIONNIERS SELON LES QUARTIERS DE 1774 À 1752

Saint-Pierre TotalNombre de Nombre de

Chefs Esclaves Chefs Esclaves1744 52 644 182 2 4511752 76 916 259 3 0031752/1744 +46,20 % +42,20 % +42,30 % +22,50 %

Rappelons que l'augmentation du nombre de chefs de ménage nepeut être due qu'à des installations d'enfants devenus adultes. Aucuncourant migratoire ne pouvant alimenter cette population qui estconstituée des descendants des pionniers arrivés avant 1680.

Année

115

Page 126: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3

De cent quatre-vingt-deux chefs de ménage en 1744, nous passonsà deux cent cinquante-neuf en 1752. Soit en huit ans un gain de 42,3%. Dans le même temps, le nombre d'esclaves passe de deux millequatre cent cinquante et un à trois mille trois, soit un plus de 22,5 %.Le nombre de chefs de ménage a progressé plus fortement que lenombre d'esclaves, ce qui conduit bien sûr à un nombre moyend'esclaves en baisse: égal à quatorze (13,5) en 1744, il perd deuxunités en 1752 (11,6). Si certaines familles ont vu le total de leursesclaves augmenter, l'accroissement des fils installés semble avoirprovoqué l'émiettement de leurs possessions.

A part à Saint-Denis où les nombres de chefs de ménage etd'esclaves sont en baisse, dans les trois autres quartiers on assiste àune augmentation des deux variables. Mais, si à Saint-Paul et à Saint-Pierre esclaves et chefs de ménage progressent sensiblement à égalité(respectivement de 20 à 30 % et de 42 à 46 %), il en va tout autrementà Sainte-Suzanne où le nombre de chefs de ménage connaît unehausse de 69 % et celui des esclaves de 26 %. Rapprochons cetteconstatation du fait que les grands propriétaires (plus de centesclaves) sont majoritairement installés à Sainte-Suzanne et nousavons maintenant la quasi-certitude qu'un lien existe bel et bien entreles « Petits blancs des Hauts» du cirque de Salazie, dont lepeuplement commencera vers 1840, et leur paupérisation au cours duXVIIIe siècle.

3.3. LE RECENSEMENT DE 1779.

L'état du registre du recensement de 1779 est défectueux. Nousavons entrepris son dépouillement plus avec le souci de glanerquelques informations supplémentaires que dans un but d'exploitationsystématique. Il détaille six quartiers: Saint-Paul, Sainte-Suzanne,Sainte-Marie, Saint-André, Saint-Benoît et La Rivière d' Abord. Avantl'enregistrement de Sainte-Marie figure la ligne récapitulative d'unquartier, dont les feuillets manquent, qui peut être Saint-Denis ouSaint-Pierre, mais le nom est inscrit dans la partie déchirée de lapage... On peut donc considérer ce recensement comme incomplet ouinachevé, car il manque obligatoirement ou Saint-Denis ou Saint-Pierre (et peut-être d'autres quartiers). Le temps écoulé depuis leprécédent recensement (vingt-sept ans) ne permet pas d'opter pourl'un plutôt que pour l'autre: la progression de la population de

116

Page 127: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

certains quartiers pouvant être importante (on a vu le cas de Sainte-Suzanne précédemment), nous n'avons pas été en mesure de « parier»plus sur l'un que sur l'autre.

TABLEAU 45 - RÉCAPITULATION DE LA POPULATION DE BOURBON AURECENSEMENT DE 1779 , AVEC RAPPEL DE CELLE DU RECENSEMENT DE

1752

Quartier

Saint-PaulSaint-DenisSte-SuzanneSaint-PierreTotalSaint-AndréSte-MarieSaint-BenoîtLa Riv.d'AbEnsemble

Sources: nos dépouillements.Note: Les valeurs en italiques correspondent à celles inscrites dans le registre durecensementde 1779sans qu'on puisse savoirquelquartierelles concernent.

1752 1779Libres Esclaves Total Libres Esclaves Total

759 3 473 4232 1 103 6 891 7 994557 3 274 3 831 733 3 004 3 737

1 205 4224 5429 2 081362 1 719

613 3 032 3 737733 30042419

3 134 13 390 16 524783 2477 3 260

2901 247

23303 776

26205 023

831 3 8162985

5 349 23 182 28 531

Ce tableau parle de lui-même... En outre, la partition en quatrequartiers, Saint-Paul, Saint-Denis, Sainte-Suzanne et Saint-Pierre, quiavait prévalu jusqu'en 1752 a été éclatée et le recensement de 1779reconnaît comme tels de nouveaux quartiers qui pouvaient très bienêtre intégrés à ceux des recensements précédents. C'est sans doute lecas pour Saint-André et Saint-Benoît qui pouvaient être, du fait deleur proximité, comptabilisés avec Sainte-Suzanne. De ce fait,rapprocher les données de Sainte-Suzanne aux deux dates n'a plusaucun sens. Faut-il y adjoindre Saint-André? Certainement. Saint-André et Saint-Benoît? Ce n'est pas sûr. Nous donnons avec l'annexe23 la récapitulation du recensement de 1779 fournie par notre

117

Page 128: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3

dépouillement. En l'état, la population totale, incomplètel, est devingt huit mille cinq cent trente et un habitants: cinq mille trois centquarante-neuf libres et vingt trois mille cent quatre-vingt-deuxesc laves.

Même si ce recensement est largement incomplet, la populationdes célibataires mérite qu'on s'y attarde. La date d'arrivée sur l'îlen'est pas mentionnée mais, par contre, l'âge, l'origine et la professionle sont pour certains. La liste des cent seize célibataires relevés est enannexe 24. Pour cent huit d'entre eux nous disposons de l'âge. L'âgemoyen est égal à quarante-quatre ans (43,64). Cette valeur globalemasque une distribution plutôt concentrée vers les âges élevés; l'âgemédian rend mieux compte de la relative vieillesse de cettepopulation: la moitié a plus de quarante ans et si un quart a entre dix-neuf ans (âge le plus jeune) et trente-deux ans, un autre quart a entrecinquante-cinq et soixante-dix-huit ans (âge le plus élevé). Comptetenu de la maturité des célibataires, nous pouvions penser qu'enconfrontant cette liste à celle des célibataires des recensements de1744 et de 1752 nous en retrouverions un certain nombre. Seul unpatronyme figure à la fois sur les listes de 1744, 1752 et 1779 et nouspensons qu'il s'agit bien du même homme car il est âgé de soixante-seize ans en 1779. Il s'agit de Charles Mathei (Mathay auxrecensements de 1744 et 1752), il réside à Saint-Denis en 1744 et1752, puis à Saint-André en 1779. Il dispose d'un esclave en 1744, desix en 1752 et d'aucun en 1779 date à laquelle il est déclaré« économe ». Nous ne connaissons ni son origine, ni sa date d'arrivéeà Bourbon. En 1779, après son nom est mentionné « dit Courton ».

1. Nous en sommes d'autant plus certaine qu'un chiffre de population de Bourbon de1776 (32 515 habitants), fourni par Filliol, est supérieur à celui établi par lerecensement de 1779. Se reporter au tableau 2.

118

Page 129: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

LES RECENSEMENTS DE 1744,1752 ET 1779

Six autres hommes auront également cette mention après leurnom1.

Pour soixante et un d'entre eux nous disposons d'une profession,soit actuelle, soit ancienne:

- dix sont religieux (curé, frère, missionnaire et vicaire),

- six sont « retraités »2.

Plusieurs sont rattachés à une exploitation:

- onze commandeurs,

- six économes,

- deux régisseurs,

- quatre associés à des propriétaires,

- un conseiller,

- deux ouvriers.

Lignon, cinquante-cinq ans, originaire de Paris, est maître d'écoleà Sainte-Suzanne. Lemaire, soixante-trois ans, originaire de Milly, estprécepteur chez les Bayer, Slavigny, quarante-trois ans, est, lui,précepteur chez Justamond père, tous les deux à Saint-Benoît. C'est la

1. L'habitude des «petits noms gâtés» (surnom) à La Réunion est vivace: elle asouvent pour but de distinguer deux ou plusieurs personnes ayant les mêmes nomset prénoms ou de faire ressortir une qualité ou un défaut. Ainsi nous avons relevéen 1779 :

- Boucher- , dit La Longe: il y a des Boucheren grandnombreparmi les créoles.- Content - , créole de quarante-deux ans, dit Besançon, domicilié à Sainte-Marie:il y a un natif de Dôle à Saint-André, François Content, âgé de quarante-deux ans.

- Duché - , soixante-quatre ans, originaire de Castillon, dit Castillon.

- Ferlix - , cinquante-huit ans, originaire de Bretagne, dit Blanchard.

- Gamelin - (ou Gancelin, nom difficilement lisible), cinquante-six ans, dit Saint-Jean.

- Lemaire - ,soixante-trois ans, originaire de Milly, dit Gattevin.2. Ancien officier, ancien capitaine de vaisseau, ancien employé du roi, ancien garde

magasin général, ancien officier de la Compagnie des Indes, ancien soldat de lalégion.

119

Page 130: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3

première mention, dans les recensements, de professions liées àl'instruction des enfants...

On trouve également un tailleur de pierre, un marchand, un sellier,deux cordonniers, un appareilleur, un tailleur d'habits, un boulanger,deux forgerons.

Sont rattachés au roi ou à la Compagnie: un employé, un officiermarchand, un maître canonnier, un garde magasin, un officier desmilices et un officier du port.

La Bretagne a encore fourni la majorité de ces nouveaux arrivants.Pour quatre-vingt-un lieux d'origine mentionnés (dont neuf sont soitillisibles soit non identifiables) vingt-neuf sont Bretons 1. Sont aussi àBourbon en 1779 deux Suisses (les deux ouvriers cités plus haut) etun Autrichien: le boulanger de Saint-Paul.

1. Pour le reste on en compte: neuf de Paris ou des environs, six de Normandie, sixdu Centre, cinq d'Aquitaine, quatre de Bourgogne, trois du Midi, deux deLorraine et un représentant du Bourbonnais, de la Franche-Comté et du Dauphiné.

120

Page 131: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CONCLUSION

Le but que nous nous étions fixé: étudier le début du peuplementde Bourbon uniquement à l'aide des premiers recensements a étéatteint. Même si des imperfections sont patentes, dues à des donnéescahotantes, à des sous-enregistrements et sans doute à nos manques dedéductions: nous avons peut-être été quelques fois «timide» face àdes données que nous n'avons pas associées faute de certitude,l'ensemble rend bien compte de l'installation progressive puisimportante des premiers colons.

Parallèlement à la population des libres, il convenait de seconsacrer à celle des esclaves. Leur recensement au fil des années nenous a pas permis un suivi aussi minutieux que nous l'aurions aimé.Nous avons pu considérer l'évolution de valeurs globales mais lareconstitution de familles d'esclaves n'a pas été possible faute derenseignements aux recensements successifs.

La population de passage, employés de la Compagnie et personneldu roi, ne figure pas, ou partiellement, dans les différentsdénombrements.

Globalement, nous pensons que la population de Bourbon, tellequ'elle est présentée aux différents recensements, est sous-estimée.Les agents recenseurs, jusqu'en 1733 semblent surtout avoir eu àcœur de compter les résidents « définitifs» à Bourbon. Bien que l'île,très petite, n'ait jamais été envisagée, comme cela avait été le caspour Madagascar, comme une colonie de peuplement, il devait êtreimportant d'en connaître le nombre de travailleurs potentiels.

La lenteur de l'accroissement de la population des premiers tempsa sans doute exercé une influence sur le développement de Bourbon.Un faible effectif de miséreux (qu'on se souvienne des termes de lalettre à Colbert) livrés à eux-mêmes ou dirigés par des gouverneurs

Page 132: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CONCLUSION

aux talents contestables1, auxquels viennent s'ajouter des aventurierspeu enclins à la discipline. Peut-être est-ce le fait que les agentsrecenseurs n'aient quasiment jamais renseigné la rubrique« profession» qui donne cette sensation d'oisiveté, de peu de volontéà la mise en valeur, facilitées par les bienfaits naturels de l'île ennourriture (gibier et cueillette sauvages) et en bon air.

Nous avons été passionnée par cette étude à laquelle il a bien fallumettre un terme. Mais, comme à chaque fois, en démographiehistorique, l'idée d'autres pistes qui auraient pu être explorées dominela satisfaction des résultats obtenus! Toutefois, le lien avec lesfamilles de notre précédente recherche a été réalisé et nous avons pumettre àjour l'origine de leur isolement dans les Hauts.

Le mélange des populations tel qu'il apparaît aujourd'hui à LaRéunion est souvent à l'origine de prises de position sur la volonté demétissage ou non des premiers habitants. Notre reconstitution desfamilles et l'étude des mariages montrent que « volonté» est un termelargement impropre. Par la force des choses, - le très faible nombred'arrivées de femmes blanches -, les hommes ont pris pour épouse lesfemmes disponibles, c'est-à-dire en âge (même très jeunes) de semarier. On peut assurer, pour l'ensemble des descendants despionniers, qu'ils ont tous du sang malgache ou indien. Les sujets deréflexion sur la mixité des unions sont contemporains, ils ne semblentpas avoir été le souci principal des premiers habitants de Bourbon etce bien qu'une des premières «lois» de l'île ait spécifié que lesmariages entre noirs et blancs étaient interdits. Là encore, cettepopulation fait preuve d'une inobservation du règlement comme ellele fera de nombreuses fois quand le diktat des autorités ira àl'encontre de ses aspirations.

C'est en effet ce qui séduit dans cette population, miséreuse sansdoute, mais décidée à disposer d'elle-même. Cette caractéristique étaitencore très marquée à Grand Ilet: quand nous avons voulucomprendre comment étaient orientées les cases, pas plus vers le nordque vers le sud, vers l'est que vers l'ouest, on nous avait expliqué quechacune tournait le dos à l'autre « pour être libre de faire comme on

1. L'épisode de La Hure en est un exemple...

122

Page 133: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CONCLUSION

l'entend, que le voisin ignore s'il y a à manger ou non ». Là encore,« misère »1peut-être, mais sans comptes à rendre.

C'est sans doute cet attachement fort au refus d'une quelconqueautorité qui s'oppose à la compréhension du succès del'esclavagisme: l'esclavagisme étant la négation même de la liberté.Mais notre travail a montré qu'à part deux familles de fondateurs, lesautres étaient passées à côté du développement économique de l'île.Par manque de moyens? D'ambition? D'esprit d'entreprise? De goûtde l'autorité? Vraisemblablement un peu de tout cela. Face à ceuxqui arrivaient de France avec des projets et de l'argent engagé, lesDamour, Grondin, Maillot n'ont pas pris la mesure de ce qui se jouait.C'est à eux que nous dédions ce travail en hommage à leurs ancêtresqui se sont embarqués pour un avenir aussi aventureux: leur audacenous a fourni quelque quatre années de recherches passionnantes,nous les en remercions.

1. Terme typiquement créole qui peut être employé dans des expressions telles que:« ça l'é misère », c'est bien triste ou encore « ou l'é misère », vous êtes triste, etencore « l' é misère », il est pauvre.

123

Page 134: Quand la Reunion s'appelait Bourbon
Page 135: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

BIBLIOGRAPHIE

Cyclones ressentis à La Réunion de 1657 à 1967, Ministère desTransports. Météorologie Nationale, Service de La Réunion,1968.

Epidémies anciennes à La Réunion, Bourbon - Médical, Bulletin de laSociété de Médecine de La Réunion, Bulletin n° 33, 3èmetrimestre 1973, Imprimerie Cazal, La Réunion, 1973.

Histoire de la France coloniale, Tome /"

La conquête des origines à1870, Agora Pocket, Armand Colin, Paris, 1991.

Le Code Noir, L'Esprit Frappeur, Paris, 1998.

Naufrages célèbres. Précis des accidents sur mer les plusextraordinaires depuis le XV siècle jusqu'à nos jours, AlfredMarne et fils, Tours, 1867.

Océan indien. Madagascar - La Réunion - Maurice, Omnibus, Paris,1998.

Quatre siècles de colonisation française. Exposition d' œuvres duXV au XV/Ir siècles, Catalogue de l'exposition de mars-avril1931, Edition des Bibliothèques nationales, Paris, 1931.

Victoires et déboires I. Histoire économique et sociale du monde duxvr siècle à nos jours, Collection Folio Histoire, Gallimard,Paris, 1997.

AGEN OR Monique, L'aïeule de l'isle Bourbon, L'Harmattan,Paris, 1993.

BARLOEWEN von Constantin, Voyage à Madagascar, Editionsdes Syrtes, Paris, 2003.

BARRAULT Jean-Michel, Magellan: la terre est ronde, CollectionFolio n° 3 196, Gallimard, Paris, 1997.

Page 136: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

BIBLIOGRAPHIE

CARITA T de Marie-Jean-Antoine-Nicolas, marquis de Condorcet,Réflexions texions sur l'esclavage des Nègres, Collection Milleet Une Nuits, Fayard, Paris, 2001.

CANOT Théodore, Confessions d'un négrier. Les aventures duCapitaine Poudre-à-Canon trafiquant en or et en esclaves.1820-1840, Payot, Paris, 1993,

CHENU de LAUJARDIERE Guillaume, Relation d'un voyage à lacôte des Cafres (1686-1689), Editions de Paris, Paris, 1996.

DESCHAMPS Hubert, Pirates et flibustiers, Collection Que-Sais-Je ?n° 554, Presses Universitaires de France, Paris, 1952.

DELACAMP AGNE Christian, Une histoire de l'esclavage. Del'Antiquité à nos jours, L.G.F., Paris, 2002.

DUPAQUIER Jacques, La population française au XVIf et XVIl1esiècles, Collection Que-Sais-Je ? n° 1786, PressesUniversitaires de France, Paris, 1979.

EVE Prospère, Naître et mourir à l'île Bourbon à l'époque del'esclavage, L'Harmattan, Paris, 1999.

FILLIOT J.M., La traite des esclaves vers les Mascareignes auXVlIf siècle, Mémoire ORSTOM n° 72, Office de laRecherche Scientifique et Technique d'Outre Mer, Paris, 1974.

FONTAINE Jean-Claude Félix, Deux siècles et demi de l'histoired'une famille réunionnaise. 1665-1915, L'Harmattan, Paris,2001.

FUMA Sudel, Esclaves et citoyens, le destin de 62 000 Réunionnais.Histoire de l'insertion des affranchis de 1848 dans la sociétéréunionnaise, Documents et recherche 6, Fondation pour laRecherche et le Développement dans l'océan Indien, LaRéunion, 1977.

GRIAULE Marcel, Les grands explorateurs, Collection Que-Sais-Je ?n° 150, Presses Universitaires de France, Paris, 1948.

HAUDRERE Philippe, La Compagnie française des Indes au XVIIIesiècle (1719-1795), Librairie de l'Inde éditeur, Paris, 1989.

HAUDRERE Philippe, La Bourdonnais. Marin et aventurier,Editions Desjonquères, Paris, 1992.

HEERS Jacques, Les négriers en terre d'islam. La première Traitedes Noirs. VIf-XVIe siècle, Perrin, Paris, 2003.

126

Page 137: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

BIBLIOGRAPHIE

HUYGHE Edith et François-Bernard, Les coureurs d'épices, Payot,Paris, 2002.

ILIFFE John, Les Africains. Histoire d'un continent, CollectionChamps n° 499, Flammarion, Paris, 1997.

LAPOUGE Gilles, Les pirates. Forbans, flibustiers, boucaniers etautres gueux de mer, Phébus-Libretto, Paris, 1987.

LEGUA T François, Les naufragés de Dieu. Aventures d'un protestantet de ses compagnons exilés en deux îles désertes de l'océanIndien. 1690-1698, Phébus, Paris, 1995.

LEGUEN Marcel, Histoire de l'île de La Réunion, L'Harmattan, Paris,1979.

MARTIN Georges, Nantes et la Compagnie des Indes (1664-1769),Edition Marcel Rivière, Paris, 1930.

METHIVIER Hubert, Le siècle de Louis XIV, Collection Que-Sais-Je? n° 426, Presses Universitaires de France, Paris, 1980.

MOLLA T DU JOURDIN Michel et HABERT Jacques, Giovanni etGirolamo Verrazano navigateurs de François jer, Imprimerienationale, Paris, 1982.

MORINEAU Michel, Les grandes Compagnies des Indes orientales(XVr XIX siècles), Collection Que-SaisJe ? n° 2832, PressesUniversitaires de France, Paris, 1994.

O'BRIAN Patrick, Expédition à l'île Maurice, Presses de la Cité,Paris, 1997.

PETRE-GRENOUILLEAU Olivier, La traite des Noirs, CollectionQue-Sais-Je ? n° 3 248, Presses Universitaires de France, Paris,1998.

PAYET Jean-Valentin., Histoire de l'esclavage à l'île Bourbon,L'Harmattan, Paris, 1990.

ROSSET Alfred, Les premiers colons de l'île Bourbon, Edition duCerf Volant, Paris, 1967.

SCHERER André, La Réunion, Collection Que-Sais-Je ? n° 1 846,2èmeédition, Presses Universitaires de France, Paris, 1985.

SIMIOT Bernard, Ces messieurs de Saint-Malo, Albin-Michel, Paris,1983.

127

Page 138: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

BIBLIOGRAPHIE

SIMIOT Bernard, Ces Messieurs de Saint-Malo. Le temps desCarbec, Albin-Michel, Paris, 1986.

STEHLE Guy, Démographie et économie à l'époque de l'abolition del'esclavage, ln Economie de La Réunion n098 nov-déc. 1998,INSEE, Paris, 1998.

VAXELAIRE Daniel, Les chasseurs d'épices, Payot, Paris, 2001.

WEIL François, Histoire de New York, Fayard, Paris, 2000.

YACONO Xavier, Histoire de la colonisation française, CollectionQue-Sais-Je n° 452, Presses Universitaires de France, Paris,1988.

128

Page 139: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE 1 - CARTE DE L'ITINERAIRE EMPRUNTE PAR LES PORTUGAIS

AU XVIE SIECLE.

.....

:Joof-'

~ Cl}Q) 1-

_Cl)

l'OT.JC!J

())

01 alcu ro>>-o 0> >

I ;

ln Auguste Toussaint, L'océan Indien, p. 38

E~o(:)

J:Vev

~

rI)oG')co;:,

u

v.Q)

::J

0>

ri)OJo~.

:::Jv

Page 140: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 2LA PRÉSENCE FRANÇAISE DANS L'OCÉAN INDIEN SOUS FRANÇOIS 1

ER

Texte 1Les circonstances politiques et militaires suffisent à expliquer les

avatars du projet formé en 1524 par Verrazanol. Le désastre de Pavie (24février 1525) rendait impensable toute autre action que la défense immédiatedu royaume. Les navires équipés pour Verrazano furent réquisitionnés. En1526, Giovanni Verrazano reprend ses projets à Rouen. Le 17 mars 1526François 1er avait traversé la Bidassoaet retrouvé la France: l'organisation dudeuxième voyage de Giovanni Verrazano aux « Indes» allait reprendre soncours.

Le 15 juin 1526 les navires appareillaient d'Honfleur pour faire le« voyage des épices» aux Indes. Deux galions de l'amiral Chabot, une nef àJean Ango (soixante-dix tonneaux) et un navire la Barque de Fécamp à AdamGodefroy.

Texte 2Extrait d'une lettre d'Antonio da Silvaira de Meneses2 à Dom Joao

1113

Mozambique 15 juillet 1528

... « Selon ce qu'il me semble, les Français commencent à fréquentercette côte.

... Je dis que les Français s'aventurent à venir en ces contrées, parceque le samedi 18 juillet au matin, entra dans le port de Mozambique unebarcasse très mal faite à bord de laquelle étaient douze Français; et de leurvoyage et de l'endroit où l'embarcation avait été armée, ils contèrent ce quisuit. Un Florentin du nom de Giovanni de Varamsamo (Verrazano), qui avaitséjourné à Lisbonne et était parti pour la Castille avec Fernao de Magalhaes4,était l'armateur et le principal capitaine. Il avait armé deux navires à

1 Verrazano Giovanni (Val di Greve, près de Florence, 1485 - Antilles 1528)navigateur et explorateur d'origine italienne au service de François 1er.

2Silvaira de Meneses Antonio: gouverneur de Mozambique de février 1528 à mars

1529.3 Dom Joào III (Jean III Le Pieux) (Lisbonne 6 juin 1502 - Lisbonne le Il juin 1557)roi du Portugal de 1521 à 1557. Beau-frère et allié de Charles Quint. Il établitl'Inquisition au Portugal (23 mai 1526). Les navigateurs de Joào III découvrent leJapon en 1542.4 Magellan.

130

Page 141: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Honfleur, à savoir l'un de soixante-dix tonneaux et l'autre de cinquantetonneaux; et il était à bord du plus petit, tandis qu'à bord de l'autre était unautre Florentin 1,très habile pilote et qui savait les langues de nombreux pays.Et les deux naviguant de conserve avec l'intention de suivre la route deFernào de Magalhàes parce qu'ils disent qu'ils avaient décidé d'aller auxMoluques, le temps leur fut si contraire qu'ils ne purent pénétrer dans labouche du dragon, et que faisant demi-tour, ils allèrent chercher le cap deBonne Espérance. Avant d'arriver au cap, le capitaine qui se trouvait à borddu navire le plus petit, qui était celui de l'armateur, fut contraint par sesmatelots à faire demi-tour parce qu'il n'avait pas de quoi les payer, et ceux del'autre navire auraient aussi voulu faire revenir le capitaine, mais celui-ci lescontint en leur disant qu'ils allaient voir l'île de Sào Lourenç02, qu'ilchargerait du gingembre, qu'il y ferait quelque prise, qu'il les paierait etqu'ensuite il s'en retournerait. Naviguant ainsi dans cette intention, ilsmanquèrent l'île de Sào Lourenço en passant par le sud, et sans voir d'autreterre que celle de Sumatra, ils longèrent cette île par le nord et par le sud;comme ils débarquaient à Achem, les indigènes tuèrent leur pilote, lecontremaître et quelques hommes. Ce que voyant et parce qu'ils n'avaient pasde pilote capable de les mener plus loin, ils reprirent la route de la France etils abordèrent aux îles Maldives et à l'île Sào Lourenço où ils s'arrêtèrentquelques jours. Voulant reprendre leur route, ils s'échouèrent sur un banc desable de la côte de cette île de Sào Lourenço. Ayant perdu leur navire, ilsconstruisirent la barcasse sur laquelle vinrent ces douze hommes; l'un d'euxétait le maître d'équipage dudit navire. Quant au capitaine qu'ils désignèrentaprès la mort du pilote, il monta dans la chaloupe avec neuf hommes, mais onne sait ce qu'ils sont devenus.

Ces gens qui sont venus ici sont bien démunis, et ils n'apportent quequelques morceaux de draps rouge bien petits et bien rongés aux mites. ... Onles a arrêtés dès leur arrivée dans l'attente de ce que le gouverneur, que nousattendons chaque j our, décidera à leur égard... »

L'aventure des rescapés de Mozambique s'insère par mi les premierspassages français dans l'océan Indien. En ce qui concerne Madagascar (SaintLaurent), il semble que les hommes de Verrazano furent parmi les premiersFrançais connus qui y aient mis le pied. De Mozambique, Meneses écrit queles Français « commencent à fréquenter cette côte» et qu'ils « s'aventurent ences contrées ». Il mentionne la présence, plus au nord à Kilwa, d'un navirefrançais qui y séjourna, plus ou moins clandestinement, de novembre 1527 àmai 1528 ; après avoir échappé à la chasse portugaise, l'équipage de ce navireresta finalement prisonnier en Indes, à Diu, pendant sept ans au moins.

1Il s'agit du frère de Giovanni Verrazano: Girolamo.2 Madagascar.

131

Page 142: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

L'identité de ce navire s'insère dans le contexte verrazanien : c'était la Mariede Bon Secours, de Rouen, affrétée à Honfleur prétendument pour Sào Toméet le Brésil, et munie d'un congé de l'amiral de France, Chabot.

Les rescapés de Verrazano avaient dû pénétrer dans l'océan Indienplusieurs mois avant la Marie de Bon Secours. Meneses s'est demandé s'ils'agissait d'un seul et même navire, mais l'examen du gouvernail a révélé destonnages très différents. Les rescapés ont déclaré soixante dix tonneaux; laMarie de Bon Secours était une nef.

L'exploit des gens de Verrazano prend ainsi les apparences d'une« première» d'une remarquable valeur. Ces hommes ont surmonté la tempêteau sud du Cap, affronté l'océan Indien central, trompé la surveillanceportugaise, atteint Sumatra et Achem, déjoué I'hostilité indigène, eu lecourage de reconstruire une barcasse à Madagascar. [On serait tenté, sans enavoir la preuve absolue, de rapprocher cette étape à Madagascar du proposde Gaspar Correa, secrétaire d'Albuquerque (rapporté par Franciscod'Andrade en 1613) mentionnant que Duarte et Diego de Fonseca, envoyéspar le roi Joao III à la recherche de Portugais naufragés dans cette île, lesretrouvèrent à Sainte Luce, en compagnie d'un Français, abandonné là en1527 par un navire de Dieppe: était-ce un homme de Jean Ango, un membrede l'équipage du navire égaré de la flotille de Verrazano? Qui sait? (A. erG. Grandidier localisent l'épisode en rade de Ranofitay, c'est-à-dire la baiede Saint-Sébastien (Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar,Paris, 1903)]. Leur sort demeurait ignoré en Normandie, mais un autrerapprochement s'impose. C'est le 28 mars 1529, jour de Pâques, que Jean etRaoul Parmentier appareillèrent de Dieppe sur deux navires de Jean Ango,pour les destinations malgaches et indonésiennes, qui avaient été,fortuitement, celles des rescapés de 1526. On comptait dans le personnelembarqué un Rouennais, Jean Masson, qui connaissait la langue malaise.[Dès le 10 septembre 1526, Alain Le Machon, bourgeois de Rouen, donnaitprocuration à Pierre Le Lanternier de pratiquer en son nom en n'importequel lieu ou pays pour les marchandises qui lui appartenaient sur la Mariede Bon Secours, dont était maître Antoine Nicolle, prête à appareiller J Oùl'avait-il apprise?

Quand Giovanni, suivi peu après par son frère, revint en Normandieà l'automne 1527, il eut, peut-être, une seconde fois, le sentiment d'un échec:un de ses navires s'était égaré, perdu sans doute; la percée vers le Pacifiqueétait manquée. Que rapportait-il? Une charge de bois de brésil.

ln Giovannie et Girolamo Verrazano navigateurs de François 1er. MichelMollat du Jourdin et Jacques Habert, Imprimerie Nationale, 1982.

132

Page 143: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 3NAUFRAGE DE LA CHALOUPE DU VAISSEAU FRANÇAIS LE TAUREAU, DANS UNE

BAIE DU CAP VERT, SUR LA CÔTE OCCIDENTALE D'AFRIQUE, EN 1665.

Une flotte composée des vaisseaux le Saint-Paul, le Taureau, laVierge, le Bon-Port, l'Aigle-Blanc, expédiée de France par la compagnie desIndes, arriva heureusement, le 3 avril 1665, à la vue du cap Vert. Les quatrevaisseaux entrèrent le lendemain dans la première baie après le cap, etmouillèrent à une demi-lieue du rivage. Aussitôt quatre chaloupes, chargéesd'officiers, de soldats et de matelots, voguèrent vers un endroit de la côte oùplusieurs nègres les attendaient sans armes et leur montraient l'abord le plusfacile. Les chaloupes étaient arrêtées à plus de six toises de la terre par lesable et la basse mer, une foule de nègres se jetèrent dans l'eau avec tantd'empressement pour transporter les Français au rivage, que les matelotsmême y furent transportés aussi. Après avoir témoigné beaucoup de joie del'arrivée de la flotte, ils firent entendre, en langue portugaise, que leur alcadeou vice-roi du canton aimait les Français, et qu'il recevrait volontiers leurvisite.

Méron, amiral, et Rennefort, auteur de la relation du voyage,escortés par douze fusiliers, se firent conduire dans un village éloigné de sixcents pas environ. Il était composé de près de cent cases rondes, de quatre àcinq pieds de hauteur. Les Français trouvèrent l'alcade assis sur une petitesellette de bois, au milieu de la cour de sa maisonnette. L'alcade était unnègre âgé d'environ quarante ans, bien fait, d'une contenance fière etsérieuse. Sa tête était couverte d'un turban de coton blanc et bleu, ses épaules,d'une sorte de tapis ou d'étoffe informe. Une autre pièce, connue sous le nomde pagne, le couvrait depuis la ceinture jusqu'aux genoux. Ses jambes et sesbras étaient nus, et sous les pieds il avait un morceau de cuir qui tenait lieu desandales. Ses officiers étaient à terre, les uns étendus, d'autres assis sur leurstalons. Le principal conseiller, âgé de quatre-vingt-huit ans, se tenait accoudésur les genoux de son maître.

Après les premières civilités, que l'alcade reçut et rendit gravementsans quitter sa sellette, les Français lui présentèrent un flacon d'eau-de-vie. Ilen but un grand coup; le conseiller ayant suivi son exemple, à peine en resta-t-il pour le troisième. On convint ensuite de payer six bouteilles d'eau-de-vie,six aunes de toile et une barre de fer pour le droit d'ancrage de chaquechaloupe. Pendant cet entretien, les femmes de l'alcade, qui étaient dans leurscases d'où la curiosité leur faisait montrer la tête à chaque instant, lui firentdire qu'elles désiraient beaucoup voir les Français. Il leur accorda cettesatisfaction; elles étaient vêtues à peu près comme les hommes.

Dans l'intervalle de la visite de l'amiral à l'alcade, les Françaisrestés à bord furent témoins de la scène la plus affligeante. Quelques matelotsde l'équipage du Taureau, et plusieurs passagers, au nombre de trente, étaient

133

Page 144: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

descendus dans la chaloupe: leur projet était de gagner la terre et de satisfaireleur curiosité sur l'intérieur du pays. M. Bossordée, un des deuxmissionnaires qui étaient sur le vaisseau, les accompagnait. Pendant le trajet,plusieurs jeunes gens s'étant poussés imprudemment, la chaloupe, tropsurchargée d'un côté, fut prise d'une vague par le travers, et renversée dansles flots. Le sieur le Tourneur, lieutenant de vaisseau, était alors occupé àfaire jeter des filets près du rivage, et la pêche avait déjà fourni de quoirassasier plus de cent cinquante personnes, lorsqu'un coup de canon tiré à sonbord lui fit abandonner cet amusement. Il vit le pavillon en berne, signal dedétresse, une chaloupe assez éloignée, la quille en haut, des barils quiflottaient, et des hommes à la nage, dont les uns s'efforçaient de gagner laterre, et les autres de retourner vers le navire. Le Tourneur, justement alarmédu danger que couraient ces malheureux, se hâta de regagner le vaisseau. Onavait déjà envoyé au secours avec la plus grande célérité les chaloupes quiétaient restées, et des canots conduits par des nègres. Ces petits bâtimentsarrivèrent fort à propos à l'endroit du naufrage; plusieurs de ceux quisavaient nager commençaient à perdre leurs forces. Dix-huit Français furentsauvés; mais il en périt douze.

Parmi les particularités de ce naufrage, deux traits de générositéfrappèrent vivement ceux qui en furent témoins. Un jeune Français nomméPlasson, qui nageait très bien, voyant près de lui un autre jeune homme de sesamis qui ne savait pas nager, oublia le péril où il était lui-même pour lesecourir, et lui dit de s'attacher à ses habits; mais les forces lui manquèrent etils périrent ensemble. Rare exemple d'amitié! s'écrie l'auteur de la relationdu voyage.

Un autre Français, nommé Giron de la Martinete, joignit plus deprudence au même sentiment de générosité. Le fils du sieur Montanban, jeuneenfant de dix ans, allait périr sous ses yeux: il le prit d'un bras, et, nageant del'autre, il le monta sur la quille de la chaloupe renversée; ensuite, lui ayantrecommandé de se laisser tourner par le mouvement de la vague, et de ne pasquitter le bois avant qu'on vînt le prendre, il se remit lui-même à la nage.

Son adresse, autant que sa force lui fit atteindre un canot, dans lequelil monta. A peine y était-il, que, ce frêle bâtiment lui paraissant surchargé parles cinq hommes qui s'y trouvaient déjà, il ne balança point à s'élancer encoredans la mer pour nager bien loin vers le rivage; il eut le bonheur d'aborder àterre. Une chaloupe y amena aussi le jeune Montanban, qui put rendrelongtemps témoignage à la générosité de son libérateur.

De tous ceux qui furent victimes de ce funeste événement, aucunn'excita des regrets plus vifs que M. Bossordée. Ce missionnaire s'était faitaimer et estimer par ses manières affables, son zèle et sa prudence. Au retourdes chaloupes, lorsqu'on se fut assurer qu'il avait disparu au fond des eaux, ledeuil fut universel dans la flotte. Les échappés du naufrage l'augmentèrentencore en rapportant les circonstances de sa mort: elles sont trop glorieuses à

134

Page 145: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

1'humanité et en même temps trop édifiantes pour ne pas les présenter à lasensibilité de nos lecteurs.

M. Bossordée n'était point d'abord de la partie de ceux quidescendirent dans la chaloupe pour aller à terre; mais, lorsqu'il sur que leurprojet était de passer deux à trois jours sur la côte, il s'offrit de lui-même à lesaccompagner, tant pour contenir ces jeunes gens, la plupart vifs et folâtres, enrappelant la solennité du jour (c'était le jeudi saint 4 avril 1665) et celle dulendemain, que pour leur administrer au besoin les secours spirituels.

La chaloupe à peine renversée, et ceux qui la montaient devenus lejouet des flots, le rivage et les vaisseaux trop éloignés pour en recevoir unprompt secours, cet homme vraiment apostolique résolut de sacrifier sa viepour sauver celle des autres, ou du moins pour les préparer à une mortcertaine: vigoureux et habile nageur, il n'usa de ses avantages que pour lesalut des malheureux qu'il voyait près de devenir la proie de la mer. Ils'élance au milieu d'eux, élève la tête, et leur crie à tous d'offrir leur vie àDieu, de se souvenir que, dans ces jours de deuil pour l'Eglise, Jésus-Christétait mort en expiation des péchés des hommes; qu'il était de la plus grandeimportance pour eux, dans ces derniers moments, de former un acte derepentance de ce qu'ils avaient pu commettre. Il ajouta qu'il allait donner uneabsolution générale. Il la donna effectivement avec des paroles si touchanteset tant d'effusion de cœur, que tous en furent pénétrés; ensuite il se tournavers ceux qui lui paraissaient perdre le courage ou les forces, et allant de l'unà l'autre, il les soutenait d'une main, et, nageant quelques instants avec eux, illes exhortait à ne se point laisser aller au désespoir et à avoir confiance en lamiséricorde divine. M. Bossordée continua cette mission pendant près dedeux heures; alors les forces lui manquèrent, il donna encore l'absolution àceux qui étaient à sa portée, et, collant sa bouche sur un petit crucifix qu'ilportait toujours suspendu à sa poitrine, on le vit tout à coup disparaître dansles flots. Si cet homme vénérable ne se fût occupé que de lui seul au milieu dudanger, il aurait certainement pu gagner le rivage.

Quelques heures après le retour des chaloupes, on aperçut dansl'éloignement, à peu de distance du lieu du naufrage, un corps qui flottait:plusieurs matelots furent envoyés pour le recueillir: c'était celui de M.Bossordée. Il avait conservé la même attitude qu'il avait eue dans ses derniersmoments, une main sur sa poitrine, et la bouche collée sur le crucifix qu'ilportait. Les restes de cet homme apostolique, rendus comme par miracle,furent reçus dans le vaisseau avec tous les sentiments de la vénération et de ladouleur. Presque tous les passagers et tous les matelots lui baisèrent les mainset les pieds, en les arrosant de leurs larmes.

ln Naufrages célèbres -précis des accidents sur mer les plus extraordinairesdepuis le XV siècle jusqu'à nos jours. Alfred Marne et fils, éditeurs - Tours1867.

135

Page 146: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 4 -LE CORSAIRE ROBERT SURCOUF.

Robert Surcouf naquit à Saint-Malo le 10 décembre 1773. Il aune enfance de garnement. Il est destiné à la prêtrise par sesparents ...

A quatorze ans, il embarque comme mousse à bord du caboteur leHéron en route pour Cadix. A quinze ans, il est volontaire pour les Indes: ils'embarque sur l'A urore, capitaine Tardivet, sept cents tonneaux. Le 7 mars1789 il arrive à l'île de France. Il apprend ce qu'est un ouragan et un naufragecar l'A urore se brise sur la côte d'Afrique: quatre cents esclaves noirspérissent.

En 1790, il est officier sur le Courrier d'Afrique, en 1791 il estlieutenant sur la Revanche. Il revient en France, y séjourne une demi-année,puis retourne à l'île de France. Là, après deux voyages à Madagascar, ilapprend la déclaration de guerre à l'Angleterre. Les événementsrévolutionnaires arrivent à l'océan Indien; on est frappé à l'île de France,ainsi qu'à l'île de Bourbon, des nouvelles concernant les établissementsd'Amérique: les Noirs se sont soulevés à Saint-Domingue et à La Martiniquesitôt connue l'abolition de l'esclavage par la Convention. Robert Surcouf estd'accord avec la population de la colonie qui s'organise pour faire fi desdécisions de Paris et lutter contre les agressions anglaises, grâce à une flotteautonome qui est une flotte de corsaires. Surcouf lors d'un combat parvient àrepousser deux navires anglais et de ce fait on lui confie le commandement dubrick négrier le Créole, il a vingt et un ans. Officiellement, la traite estinterdite par la Convention nationale et par l'Assemblée de la colonie, maisles planteurs réclament des Noirs qu'ils payent à prix d'or. Surcouf organisesa contrebande sur les côtes malgache et africaine. Craignant une disette, legouverneur Malartic envoie Surcouf, avec son Emilie, acheter des tortues auxSeychelles. En chemin, il s'approprie le Cartier et la Diana; le jour suivant,dans les Bouches du Gange, il s'approprie le Triton, premier navire anglais ày être capturé. Il propose de rendre la Diana à son capitaine pour trente milleroupies. Il était impossible en effet de ramener avec si peu d'hommes tant debâtiments jusqu'à l'île de France où il arrive le 10 mars 1796 chargé du rizqui allait sauver l'île de la disette. Acclamé en héros, il n'en sera pas moinsprivé de ses prises car Surcouf, pour cette sortie, n'avait pas de lettre demarque. .. Il l'obtiendra. Pour ce faire, il rentre en France et l'obtient duConseil des Cinq Cents qui reconnaît le coup d'éclat contre les Anglais...« l'acte le plus éclatant de notre guerre maritime. »

En juillet 1798, la Clarisse, voilier nantais, avec cent quarantemarins, Nicolas Surcouf pour second et Robert Surcouf à sa tête, repart pourl'île de France.

Après avoir sillonné les mers et fait plier nombre de navires anglais,le 29 janvier 1801, à bord de la Confiance, il repart pour la France. Le 13

136

Page 147: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

avril, il arrive à La Rochelle. Il a vingt-sept ans. Il épouse Marie-CatherineBlaize qui est la fille du plus riche armateur de Saint-Malo. Il devient lui-même armateur.

A la rupture de la paix d'Amiens, le Premier consul lui offre le gradede capitaine de vaisseau, le commandement de deux frégates qui croiserontdans les mers de l'Inde. Cette offre n'aura pas de suite car Surcouf ne veutrelever que de lui-même ce qui est contraire à cette discipline.

Surcouf se fait construire un superbe trois mâts: le Revenant. Ilappareille le 2 mars 1807 et rentrera à Saint Malo en février 1809 sur leCharles car Decaen 1 a réquisitionné le Revenant comme corvette de guerre.Pendant ces deux années, il s'est comporté égal à lui-même: prises en toutgenre.. .

Surcouf a reçu le titre de baron de l'Empire par Napoléon. Il estcolonel de la Garde Nationale de Saint-Malo-Saint-Servan. En 1814, ilmaintient l'ordre. La prise de Paris et l'abdication de Fontainebleau l'écrasentde chagrin. Il vivra la fin de sa vie, paisible, dans sa maison de Riancourt oùil meurt le 8 juillet 1827.

ln Visages de corsaires, Roger Vercel.

1 Decaen Charles, Mathieu, Isidore, comte (13 avril 1769-Creully (Calvados) - 9septembre 1832-Ermont (Val d'Oise) général commandant des Etablissementsfrançais de la mer des Indes de 1803 à 1811. Il défendit les îles de France et Bourboncontre tous les efforts des Anglais.

137

Page 148: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 5 - LE CODE NOIR DE 1724.

Les différences avec le Code de 1685 sont en caractères italiques.Les articles 5, 7, 8, 18 et 25 du Code de 1685 ne sont pas repris dans celui de1724.

LOUIS, PAR LA GRACE DE DIEU roi de France et de Navarre: àtous présents et à venir, salut. Les directeurs de la Compagnie des Indes nousayant présenté que la province et colonie de la Louisiane estconsidérablement établie par un grand nombre de nos sujets, lesquels seservent d'esclaves nègres pour la culture des terres, nous avons juré qu'il étaitde notre autorité et de notre justice, pour la conservation de cette colonie, d'yétablir une loi et des règles certaines, pour y maintenir la discipline del'Eglise catholique, apostolique et romaine, et pour ordonner de ce quiconcerne l'état et la qualité des esclaves dans lesdites îles. Et désirant ypourvoir et faire connaître à nos sujets qui y sont habitués et qui s'y établirontà l'avenir qu'encore qu'ils habitent des climats infiniment éloignés, nous leursommes toujours présents par l'étendue de notre puissance et par notreapplication à les secourir:

A ces causes et autres à ce mouvant, de l'avis de notre Conseil, et denotre certaine science, pleine puissance et autorité royale nous avons dit,statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons, voulons et nous plaît ce quisuit.

Article 1. - Voulons et entendons que l'édit du feu roi de glorieuse mémoirenotre très honoré seigneur et père, du 23 avril 1615, soit exécuté dans nosîles. Ce faisant, enjoignons à tous nos officiers de chasser hors de nos îlestous les juifs qui y ont établi leur résidence, auxquels, comme aux ennemisdéclarés du nom chrétien, nous commandons d'en sortir dans trois mois, àcompter du jour de la publication des présentes, à peine de confiscation decorps et de biens.

Article 2 - Tous les esclaves qui seront dans notre dite province serontinstruits dans la religion catholique, apostolique et romaine, et baptisés.Ordonnons aux habitants qui achèteront des nègres nouvellement arrivés deles faire instruire et baptiser dans le temps convenable, à peine d'amendearbitraire. Enjoignons aux directeurs généraux de ladite Compagnie et àtous nos officiers dy tenir exactement la main.

Article 3 - Interdisons tout exercice public d'autre religion que de lacatholique, apostolique et romaine; voulons que les contrevenants soientpunis comme rebelles et désobéissants à nos commandements. Défendonstoutes assemblées pour cet effet, lesquelles nous déclarons conventicules,

138

Page 149: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

illicites et séditieuses, sujettes à la même peine, qui aura lieu même contre lesmaîtres qui les permettront ou souffriront à l'égard de leurs esclaves.

Article 4 - Ne seront préposés aucuns commandeurs à la direction des nègres,qui ne fassent profession de la religion catholique, apostolique et romaine, àpeine de confiscation desdits nègres contre les maîtres qui les auront préposéset de punition arbitraire contre les commandeurs qui auront accepté laditedirection.

Article 5 - Enjoignons à tous nos sujets, de quelque qualité et conditionsqu'ils soient, d'observer régulièrement les jours de dimanches et de fêtes;leur défendons de travailler ni de faire travailler leurs esclaves auxdits jours,depuis I'heure de minuit jusqu'à l'autre minuit, à la culture de la terre et àtous autres ouvrages, à peine d'amende et de punition arbitraire contre lesmaîtres, et de confiscation des esclaves qui seront surpris par nos officiersdans le travail; pourront néanmoins envoyer leurs esclaves aux marchés.

Article 6 - Défendons à nos sujets blancs de l'un et l'autre sexe de contractermariage avec les Noirs, à peine de punition arbitraire; et à tous curés,prêtres ou missionnaires séculiers ou réguliers, et même aux aumôniers devaisseaux, de les marier. Défendons aussi à nos dits sujets blancs, aux Noirsaffranchis ou nés libres, de vivre en concubinage avec des esclaves. Voulonsque ceux qui auront eu un ou plusieurs enfants d'une pareille conjonction,ensemble les maîtres qui les auront soufferts, soient condamnés chacun enune amende de trois cents livres. Et, s'ils sont maîtres de l'esclave de laquelleils auront eu lesdits enfants, voulons qu'outre l'amende, ils soient privés tantde l'esclave que des enfants, sans pouvoir jamais être affranchis. N'entendonstoutefois le présent article avoir lieu, lorsque I'homme noir, affranchi oulibre, qui n'était pas marié durant son concubinage avec son esclave, épouseradans les formes prescrites par l'Eglise ladite esclave, qui sera affranchie parce moyen, et les enfants rendus libres et légitimes.

Article 7 - Lesdites solennités prescrites par l'ordonnance de Blois et par ladéclaration du mois de novembre 1639, pour les mariages, seront observéestant à l'égard des personnes libres que des esclaves, sans néanmoins que leconsentement du père et de la mère de l'esclave y soit nécessaire, mais celuidu maître seulement.

Article 8 - Défendons très expressément aux curés de procéder aux mariagesdes esclaves, s'ils ne font apparoir du consentement de leurs maîtres.Défendons aussi aux maîtres d'user d'aucunes contraintes sur leurs esclavespour les marier contre leur gré.

139

Page 150: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Article 9 -Les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaveset appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leurmari, si le mari et la femme ont des maîtres différents.

Article 10 - Voulons que si le mari esclave a épousé une femme libre, lesenfants tant mâles que filles suivent la condition de leur mère et soient librescomme elle nonobstant la servitude de leur père; et que si le père est libre etla mère esclave, les enfants soient esclaves pareillement.

Article Il - Les maîtres seront tenus de faire mettre en terre sainte dans lescimetières destinés à cet effet leurs esclaves baptisés; et à l'égard de ceux quimourront sans avoir reçu le baptême, ils seront enterrés la nuit dans quelquechamp voisin du lieu où ils seront décédés.

Article 12 - Défendons aux esclaves de porter aucune arme offensive, ni degros bâtons, à peine de fouet et de confiscation des armes au profit de celuiqui les en trouvera saisis; à l'exception seulement de ceux qui seront envoyésà la chasse par leurs maîtres, et qui seront porteurs de leurs billets ou marquesconnues.

Article 13 - Défendons pareillement aux esclaves appartenant à différentsmaîtres de s'attrouper le j our ou la nuit, sous prétexte de noces ou autrement,soit chez l'un de leurs maîtres ou ailleurs, et encore moins dans les grandschemins ou lieux écartés, à peine de punition corporelle, qui ne pourra êtremoindre que du fouet et de la fleur de lis ; et en cas de fréquentes récidives etautres circonstances aggravantes, pourront être punis de mort, ce que nouslaissons à l'arbitrage des juges. Enjoignons à tous nos sujets de courir sus auxcontrevenants, et de les arrêter et de les conduire en prison, bien qu'ils nesoient officiers et qu'il n'y ait contre eux aucun décret.

Article 14 - Les maîtres qui seront convaincus d'avoir permis ou toléré tellesassemblées composées d'autres esclaves que de ceux qui leur appartiennent,seront condamnés en leurs propres et privés noms de réparer tout le dommagequi aura été fait à leurs voisins à l'occasion desdites assemblées, et en trente/ivres d'amende pour la premièrefois, et au double en cas de récidive.

Article 15 - Défendons aux esclaves d'exposer en vente au marché, ni deporter dans les maisons particulières, pour vendre, aucune sorte de denrées,même des fruits, légumes, bois à brûler, herbes ou fourrage pour lanourriture des bestiaux, ni aucune espèce de grains ou autres marchandises,hardes ou nippes, sans permission expresse de leurs maîtres par un billet oupar des marques connues, à peine de revendication des choses ainsi vendues,sans restitution de prix par les maîtres, et de six livres d'amende à leur profit

140

Page 151: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

contre les acheteurs par rapport aux fruits, légumes, bois à brûler, herbes,fourrages et grains. Nous voulons que, par rapport aux marchandises,hardes ou nippes, les contrevenants acheteurs soient condamnés à quinzecents livres d'amende, aux dépens, dommages et intérêts, et qu'ils soientpoursuivis extraordinairement comme voleurs receleurs.

Article 16 - Voulons à cet effet que deux personnes soient préposées par lesofficiers du conseil supérieur ou des justices inférieures dans chacun marchépour examiner les denrées et marchandises qui y seront apportées par lesesclaves, ensemble les billets et marques de leurs maîtres, dont ils serontporteurs.

Article 17 - Permettons à tous nos sujets habitants de nos îles de se saisir detoutes les choses dont ils trouveront les esclaves chargés lorsqu'ils n'aurontpoint de billets de leurs maîtres, ni de marques connues, pour être renduesincessamment à leurs maîtres, si les habitations sont voisines du lieu où lesesclaves auront été surpris en délit; sinon elles seront incessamment envoyéesau magasin de la compagnie la plus proche pour y être en dépôt jusqu'à ceque les maîtres en aient été avertis.

Article 18 - Voulons que les officiers de notre conseil supérieur de laLouisiane envoient leurs avis sur la quantité de vivres et la qualité deI 'habillement qu'il convient que les maîtres fournissent à leurs esclaves;lesquels vivres doivent être fournis par chaque semaine et l'habillement parchacune année, pour y être statué par nous; et cependant permettons auxditsofficiers de régler par provision lesdits vivres et ledit habillement. Défendonsaux maîtres desdits esclaves de donner aucune sorte d'eau-de-vie pour tenirlieu de ladite subsistance et habillement.

Article 19 - Leur défendons pareillement de se décharger de la nourriture etsubsistance de leurs esclaves, en leur permettant de travailler certain jour dela semaine pour leur compte particulier.

Article 20 - Les esclaves qui ne seront point nourris, vêtus et entretenus parleurs maîtres pourront en donner l'avis à notre procureur général et mettre lesmémoires entre ses mains, sur lesquels et même d'office, si les avis lui enviennent d'ailleurs, les maîtres seront poursuivis à sa requête et sans frais, ceque nous voulons être observé pour les crimes et traitements barbares etinhumains des maîtres envers leurs esclaves.

Article 21 - Les esclaves infirmes par vieillesse, maladie ou autrement, soitque la maladie soit incurable ou non, seront nourris et entretenus par leursmaîtres; et en cas qu'ils les eussent abandonnés, lesdits esclaves seront

141

Page 152: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

adjugés à l'hôpital, auquel les maîtres seront condamnés de payer (huit sols)par chacun jour.. .pour le payement de laquelle somme ledit hôpital auraprivilège sur les habitations des maîtres en quelques mains qu'elles passent.

Article 22 - Déclarons les esclaves ne pouvoir rien avoir que ne soit à leurmaître; et tout ce qui leur vient par industrie ou par la libéralité d'autrespersonnes ou autrement à quelque titre que ce soit, être acquis en pleinepropriété à leur maître, sans que les enfants des esclaves, leur père et mère,leurs parents et tous autres libres ou esclaves puissent rien prétendre parsuccession, disposition entre vifs ou à cause de mort. Lesquelles dispositionsnous déclarons nulles, ensemble toutes les promesses et obligations qu'ilsauraient faites, comme étant faites par gens incapables de disposer etcontracter de leur chef.

Article 23 - Voulons néanmoins que les maîtres soient tenus de ce que leursesclaves auront fait par leur commandement, ensemble de ce qu'ils aurontgéré et négocié dans les boutiques, et pour l'espèce particulière de commerceà laquelle leurs maîtres les auront préposés; et en cas que leurs maîtresn'aient donné aucun ordre et ne les aient point préposés, ils seront tenusseulement jusqu'à concurrence de ce qui aura tourné à leur profit; et si rienn'a tourné au profit des maîtres, le pécule desdits esclaves que leurs maîtresleur auront permis d'avoir en sera tenu, après que leurs maîtres en aurontdéduit par préférence ce qui pourra leur en être dû; sinon, que le péculeconsistât en tout ou partie en marchandises dont les esclaves auraientpermission de faire trafic à part, sur lesquelles leurs maîtres viendrontseulement par contribution au sol la livre avec leurs autres créateurs.

Article 24 - Ne pourront les esclaves être pourvus d'offices ni decommissions ayant quelques fonctions publiques, ni être constitués agents parautres que leurs maîtres pour gérer ni administrer aucun négoce, ni êtrearbitres, experts ou témoins tant en matière civile que criminelle, à moinsqu'ils ne soient témoins nécessaires, et seulement à défaut de Blancs; maisdans aucun cas ils ne pourront servir de témoins pour ou contre leursmaîtres.

Article 25 - Ne pourront aussi les esclaves être partie ni être en jugement nien matière civile, tant en demandant qu'en défendant, ni être parties civiles enmatière criminelle, sauf à leurs maîtres d'agir et de défendre en matière civile,et de poursuivre en matière criminelle la réparation des outrages et excès quiauront été commis contre leurs esclaves.

142

Page 153: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Article 26 - Pourront les esclaves être poursuivis criminellement sans qu'ilsoit besoin de rendre leur maître partie, sinon en cas de complicité; et serontlesdits esclaves jugés en première instance par les juges ordinaires et parappel au Conseil souverain sur la même instruction, avec les mêmesformalités que les personnes libres, aux exceptions ci-après.

Article 27 - L'esclave qui aura frappé son maître, sa maîtresse ou le mari desa maîtresse ou leurs enfants avec contusion ou effusion de sang, ou auvisage, sera puni de mort.

Article 28 - Et quant aux excès et voies de fait qui seront commis par lesesclaves contre les personnes libres, voulons qu'ils soient sévèrement punis,même de mort s'il y échet.

Article 29 - Les vols qualifiés, même ceux des chevaux, cavales, mulets,bœufs et vaches qui auront été faits par les esclaves, ou par les affranchis,seront punis de peines afflictives, même de mort si le cas le requiert.

Article 30 - Les vols de moutons, chèvres, cochons, volailles, cannes desucre, pois, mil, manioc ou autres légumes faits par les esclaves, seront punisselon la quantité du vol, par les juges, qui pourront s'il y échet les condamnerà être battus de verges par l'exécuteur de la haute justice, et marqués d'unefleur de lis.

Article 31 - Seront tenus les maîtres en cas de vol ou d'autre dommage causépar leurs esclaves, outre la peine corporelle des esclaves, de réparer le tort enleur nom, s' ils n'aiment pas mieux abandonner l'esclave à celui auquel le torta été fait; ce qu'ils seront tenus d'opter dans les trois jours, à compter du jourde la condamnation, autrement ils en seront déchus.Article 32 - L'esclave fugitif qui aura été en fuite pendant un mois à compterdu jour que son maître l'aura dénoncé en justice, aura les oreilles coupées etsera marqué d'une fleur de lis sur une épaule; et s'il récidive une autre fois àcompter pareillement du jour de la dénonciation, aura le jarret coupé et il seramarqué d'une fleur de lis sur l'autre épaule; et la troisième fois il sera punide mort.

Article 33 - Voulons que les esclaves qui auront encouru les peines du fouet,de la fleur de lis et des oreilles coupées soient jugés en dernier ressort par lesjuges ordinaires et exécutés sans qu'il soit nécessaire que tels jugementssoient confirmés par le Conseil supérieur, nonobstant le contenu en l'article26 des présentes, qui n'aura lieu que pour les jugements portantcondamnation de mort ou de jarret coupé.

143

Page 154: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Article 34 - Les affranchis ou nègres libres qui auront donné retraite dansleurs maisons aux esclaves fugitifs, seront condamnés par corps envers lemaître en une amende de trente livres par chacun jour de rétention; et lesautres personnes libres qui leur auront donné pareille retraite, en dix livresaussi pour chacun jour de rétention. Et faute par lesdits nègres affranchis oulibres de pouvoir payer l'amende, ils seront réduits à la condition d'esclaveset vendus,. et si le prix de la vente passe l'amende, le surplus sera délivré àI 'hôpital.

Article 35 - Permettons à nos sujets dudit pays, qui auront des esclavesfugitifs en quelque lieu que ce soit, d'en faire faire la recherche par tellespersonnes et à telles conditions qu'ils jugeront à propos, ou de la faire eux..mêmes, ainsi que bon leur semblera.

Article 36 - L'esclave puni de mort sur la déclaration de son maître, noncomplice du crime par lequel il aura été condamné, sera estimé avantl'exécution par deux principaux habitants de l'île qui seront nommés d'officepar le juge; et le prix de l'estimation sera payé au maître; et pour à quoisatisfaire, il sera imposé par l'intendant sur chacune tête des nègres payantdroits la somme portée par l'estimation, laquelle sera régalée sur chacundesdits nègres, et levée par le fermier du Domaine royal d'Occident pouréviter à frais

Article 37 - Défendons aux juges, à nos procureurs et aux greffiers de prendreaucune taxe dans les procès criminels contre les esclaves, à peine deconcussion

Article 38 - Défendons aussi à tous nos sujets desdits pays, de quelquequalité et condition qu'ils soient, de donner ou faire donner de leur autoritéprivée la question ou torture à leurs esclaves sous quelque prétexte que cesoit, ni de leur faire ou faire faire aucune mutilation de membre, à peine deconfiscation des esclaves, et d'être procédé contre eux extraordinairement.Leur permettons seulement, lorsqu'ils croiront que les esclaves l'aurontmérité, de les faire enchaîner et battre de verges ou de cordes.

Article 39 - Enjoignons à nos officiers de poursuivre criminellement lesmaîtres ou les commandeurs qui auront tué leurs esclaves ou leur aurontmutilé les membres étant sous leur puissance ou sous leur direction, et depunir le meurtre selon l'atrocité des circonstances; et en cas qu'il y ait lieu del'absolution, permettons à nos officiers de renvoyer tant les maîtres ou lescommandeurs absous, sans qu'ils aient besoin d'obtenir de nous des lettres degrâce.

144

Page 155: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Article 40 - Déclarons les esclaves être meubles, et comme tels entrer en lacommunauté, n'avoir point de suite par hypothèque, se partager égalemententre les cohéritiers sans préciput ni droit d'aînesse, ni être sujets au douairecoutumier, au retrait féodal et lignager, aux droits féodaux et seigneuriaux,aux formalités des décrets, ni aux retranchements des quatre quints, en cas dedisposition à cause de mort ou testamentaire.

Article 41 - N'entendons toutefois priver nos sujets de la faculté de lesstipuler propres à leurs personnes et aux leurs de leur côté et ligne, ainsi qu'ilse pratique pour les sommes de deniers et autres choses mobiliaires.

Article 42 - Dans les saisies des esclaves seront observées les formalitésprescrites par nos Ordonnances et les coutumes pour les saisies des chosesmobiliaires. Voulons que les deniers en provenant soient distribués par ordrede saisies, ou, en cas de déconfiture, au sol la livre, après que les dettesprivilégiées auront été payées, et généralement que la condition des esclavessoit réglée en toutes affaires, comme celle des autres choses mobiliaires, auxexceptions suivantes.

Article 43 - Ne pourront être saisis et vendus séparément le mari de la femmeet leurs enfants impubères, s'ils sont tous sous la puissance du même maître;déclarons nulles les saisies et ventes séparées qui en seront faites, ce que nousvoulons avoir lieu dans les aliénations volontaires, sur peine contre ceux quiferaient les aliénations d'être privés de celui ou de ceux qu'ils auront gardés,qui seront adjugés aux acquéreurs, sans qu'ils soient tenus de faire aucunsupp lément de prix.Article 44 - Ne pourront aussi les esclaves travaillant actuellement dans lessucreries, indigoteries et habitations, âgés de quatorze ans et au-dessusjusqu'à soixante ans, être saisis pour dette, sinon pour ce qui sera dû du prixde leur achat, ou que la sucrerie ou indigoterie, ou habitation dans laquelle ilstravaillent, soient saisies réellement; défendons, à peine de nullité, deprocéder par saisie réelle et adjudication par décret sur les sucreries,indigoteries ni habitations, sans y comprendre les esclaves de l'âge susdit et ytravaillant actuellement.

Article 45 -Les fermiers judiciaires des sucreries, indigoteries ou habitationssaisies réellement conjointement avec les esclaves seront tenus de payer leprix entier de leur bail: sans qu'ils puissent compter parmi les fruits qu'ilspercevront les enfants nés des esclaves pendant le bail.

145

Page 156: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Article 46 - Voulons, nonobstant toutes conventions contraires que nousdéclarons nulles, que lesdits enfants appartiennent à la partie saisie, si lescréanciers sont satisfaits d'ailleurs, ou à l'adjudicataire, s'il intervient undécret; et à cet effet mention sera faite, dans la dernière affiche avantl'interposition du décret, desdits enfants nés des esclaves depuis la saisieréelle; que dans la même affiche il sera fait mention des esclaves décédésdepuis la saisie réelle dans laquelle ils étaient compris.

Article 47 - Voulons, pour éviter aux frais et aux longueurs des procédures,que la distribution du prix entier de l'adjudication conjointe des fonds et desesclaves, et de ce qui proviendra du prix des baux judiciaires, soit faite entreles créanciers selon l'ordre de leurs privilèges et hypothèques, sans distinguerce qui est pour le prix des fonds d'avec ce qui est pour le prix des esclaves. Etnéanmoins les droits féodaux et seigneuriaux ne seront payés qu'à proportiondu prix des fonds.

Article 48 - Ne seront des lignagiers et les seigneurs féodaux à retirer lesfonds décrétés, s'ils ne retirent les esclaves vendus conjointement avec lesfonds, ni les adjudicataires à retenir les esclaves sans les fonds.

Article 49 - Enjoignons aux gardiens nobles et bourgeois, usufruitiersamodiateurs et autres jouissants des fonds auxquels sont attachés des esclavesqui travaillent, de gouverner lesdits esclaves comme bons pères de famillesans qu'ils soient tenus après leur administration de rendre le prix de ceux quiseront décédés ou diminués par maladies, vieillesse ou autrement sans leurfaute, et sans qu'ils puissent aussi retenir comme fruits à leurs profits lesenfants nés des esclaves durant leur administration; lesquels nous voulonsêtre conservés et rendus à ceux qui en seront les maîtres et propriétaires.

Article 50 - Les maîtres âgés de vingt-cinq ans pourront affranchir leursesclaves par tous actes entre vifs ou à cause de mort. Et cependant, comme ilse peut trouver des maîtres assez mercenaires pour mettre la liberté de leursesclaves à prix, ce qui porte lesdits esclaves au vol et au brigandage,défendons à toutes personnes, de quelque qualité et condition qu'elles soient,d'affranchir leurs esclaves sans en avoir obtenu la permission par arrêt denotre dit Conseil supérieur. Laquelle permission sera accordée sans frais,lorsque les motifs qui auront été exposés par les maîtres paraîtront légitimes.Voulons que les affranchissements qui seront faits à l'avenir sans cespermissions soient nuls, et que les affranchis n'en puissent jouir, ni êtrereconnus comme tels. Ordonnons au contraire qu'ils soient tenus et réputésesclaves; que les maîtres en soient privés, et qu'ils soient confisqués auprofit de la Compagnie des Indes.

146

Page 157: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Article 51 - Voulons néanmoins que les esclaves qui auront été nommés parleurs maîtres tuteurs de leurs enfants soient tenus et réputés comme nous lestenons et réputons comme affranchis.

Article 52 - Déclarons les affranchissements faits dans les formes ci-devantprescrites tenir lieu de naissance dans notre dite province de La Louisiane, etles affranchis n'avoir besoin de nos lettres de naturalité pour jouir desavantages de nos sujets naturels dans notre royaume, terres et pays de notreobéissance, encore qu'ils soient nés dans les pays étrangers. Déclaronscependant lesdits affranchis, ensemble le nègre libre, incapables de recevoirdes Blancs aucune donation entre vifs, à cause de mort ou autrement.Voulons qu'en cas qu'il leur en soit fait aucune, elle demeure nulle à leurégard, et soit appliquée au profit de l 'hôpital le plus prochain.

Article 53 - Commandons aux affranchis de porter respect singulier à leursanciens maîtres, à leurs veuves et à leurs enfants; en sorte que l'injure qu'ilsleur auront faite soit punie plus grièvement, que si elle était faite à une autrepersonne. Les déclarons toutefois francs et quittes envers eux de toutes autrescharges, services et droits utiles que leurs anciens maîtres voudraientprétendre, tant sur les personnes que sur leurs biens et successions en qualitéde patrons.

Article 54 - Octroyons aux affranchis les mêmes droits, privilèges etimmunités dont jouissent les personnes nées libres; voulons que le mérited'une liberté acquise produise en eux, tant pour leurs personnes que pourleurs biens, les mêmes effets que le bonheur de la liberté naturelle cause à nosautres sujets, le tout cependant aux exceptions portées par l'article 52 desprésentes.

Article 55 - Déclarons les confiscations et les amendes qui n'ont point dedestination particulière par ces présentes, appartenir à ladite Compagnie desIndes, pour être payées à ceux qui sont préposés à la recette de ses droits etrevenus. Voulons néanmoins que distraction soit faite du tiers desditesconfiscations et amendes au profit de I'hôpital le plus proche du lieu où ellesauront été adjugées.

Si donnons en mandement à nos amés et féaux les Gens tenant notreConseil supérieur de la Louisiane, que ces présentes ils aient à faire lire,publier, registrer, et le contenu en icelles garder et observer selon leur formeet teneur, nonobstant tous édits et déclarations, arrêts, règlements et usages àce contraires, auxquels nous avons dérogé et dérogeons par ces présentes. Cartel est notre bon plaisir. Et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours,nous y avons fait mettre notre sce!. Donné à Versailles au mois de mars l'an

147

Page 158: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

de grâce mi! sept cent vingt-quatre, et de notre règne le neuvième. Signé,Louis. Et plus bas, par le Roi, PhelypeauxJ. Visa, Fleuriau. Vu au Conseil,Dodun. Et scellé du grand sceau de cire verte en lacs de soie rouge et verte.

1Plus connu sous son titre de comte de Ponchartrain, Louis Phélypeaux (1643-1727)exerçait alors les fonctions de contrôleur général (c'est-à-dire ministre) des finances.

148

Page 159: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 6 - NAISSANCES ET DÉCÈS D'ESCLAVES

Année Naissances Décès1700-1709 106 61710-1719 313 1051720-1729 764 5751730-1739 2 594 8961740-1749 1 500 6641750-1759 740 1 3671760-1769 877 1 0671770-1779 1 963 1 991

Total 8 857 6 671Sources: dépouillement d'archives de Prospère Eve.

Solde naturel100208189

1 698836

- 627- 190- 28

2 186

Ce tab leau n'est donné ici qu'à titre indicatif. Il peut donner une idéede la responsabilité du solde naturel dans l'accroissement de la populationservile qui était constituée majoritairement d'hommes.

149

Page 160: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

\,/

~~110 il;z lA.

ii 0 II!;; CIl

Ë 0 C' Iz~~0Vi a..VJ

0 ~c

I

II: Ô~0 cuZ 0

-41ii

U-0

Ë cu:;,

-0

I00cu c ..::;

ËIl.~0c:

IIIcu ~I I~I I

III

I

! 5 Il.

c5!.~I

I

CDCI)

;:CD

ËCI)

0 ~! .etcu ~ii I-0 .et 0:E

2:

I I:t =..'0

cu :1.....:.... . : j..... .............. ..... ... ............ .....0

-ri VJ; I

wu...,0

.LI 41 cu0 41

:c -0 0.--.....- -- -~Q

Q..;: ..;: -c

: 0

:CD ln

Ë ;; u0Z

41 .et

-c 41 ln-0 ln

=:(Z

GJ

I.. . .

.:. . . . .

~I- ('oj M ., Il) IQ ,... aa en ~:::: ~~:!'!!0101

~etË jl

Ê Ei:

I I I s N0 0 (C l N 'ri;j

3c-op E

Il. a..

~Ifil~~c:

fil Ë e I41 GJ 0.LI -0

IQ

...... . .... .~~"i~~'g.. I 1 0=la

~~~I ;-WI I~.5~

Ë.et

~(ln E ii ii :E K I ~en ~; cn ., cn :! ~~I~~et ~.et .;, 6 .;, 6 .;, 0 6 .;, .;, 6 .;, g~ ..z0 ~:E èI ., ., ;: CIZ

ANNEXE

ANNEXE 7 -FICHE DE FAMILLE.

150

Page 161: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 8 - LES MARIAGES DES PETITS-ENFANTS DES PIONNIERS.

Les petits-enfants de Jean Bellon et de Suzanne Dennemont

Les enfants d'Antoine et de Suzanne Dennemont- Jean-Baptiste= Etiennette Lautrel- Antoine = Marianne Fontaine- Laurent, mort en 1729- Marianne = Edouard Robert (Anglais)Brigitte = Pierre Folio- Catherine?- Marguerite = François Turpin- Geneviève = Pierre Boucher- Thérèse?

Anne et Isaac BedaLe couple n'a pas eu d'enfant

Les enfants de Madeleine et de Elie Le Breton

-Henri = Marianne Mussard- Jean-Baptiste?- Marie-Madeleine= René Cousin

-Anne?- Julien?

Les enfants de Gabrielle et de François Boucher- François?- Pierre = Marguerite Gonneau- Marianne = Jérémie Bertau- Antoine?-Françoise = Comte de Rovuron- Geneviève = Alain Dubois- Jean-Baptiste?- Anne = Jacques Gonneau

Les enfants de Anne l'Aînée et de François RicquebourgIls seront vus avec les petits-enfants de François Ricquebourg

Les enfants de Catherine et de Guy Royer-Raphaella = Thomas Elgar-Marianne = Jean Martin-Geneviève = Nicolas Paulet

151

Page 162: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

- Elisabeth = Antoine Avril-Catherine = Georges Noël-Romain = Anne Rivière- Marianne = Jean Hoareau

-Anne = Simon Devaut

Les petits-enfants d'Henri Dennemont et de Léonarde Pille

Les enfants de Gilles et de Marguerite Launay- Gilles = Louise Nativel- François = ?- Marie = Mathieu Nativel- Jacques?- Brigitte, décédée en 1729- Pierre = Radégonde Cadet- Louise, décédée en 1729- Marguerite, célibataire

Les enfants de Suzanne et Antoine BellonIls ont été vus avec les Bellon.

Les petits-enfants de Pierre Hibon et de Jeanne Lacroix

Les enfants d'Henri et de Marianne Ricquebourg-Pierre = ?- Henri = ?- Marianne?-Jean?- Jean-François?- Marie?

Les enfants d'Elisabeth et de Hyacinthe RicquebourgIls seront vus avec les Ricquebourg.

Les enfants de Geneviève et de Jacques ColletAucune descendance connue.

Les enfants de Marie et d'Etienne Baillif-Pierre = Marguerite Gonneau

152

Page 163: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

- Etienne = Marie Lautrel- Marie?- Elisabeth = Jean-Baptiste Ricquebourg- Thérèse?- René = ?- Michel = ?- Jeanne = Julien Gonneau- Marianne?- François = ?- Anne?

Les petits-enfants de René Hoareau et de Marie Baudry

Les enfants d'Etienne et d'Ursule Payet- Etienne = Barbe Payet- Guillaume = Marie Grondin- Antoine = Jeanne Gruchet- Laurent = Louise Fontaine- Marie = Laurent Payet- Geneviève = Antoine Mollet- Agathe = Pierre Mussard- Jean = Marie Noël- François = Françoise Cadet-Noël = Brigitte Fontaine- Jacques?- Germain?- Paul?- René?- Henri = ?

Les enfants de Jean et de Marianne Bayer-Jean-Baptiste = ?-Jacques?-Antoine = ?

Les enfants de Bernardin et de Marguerite Touchard- Marie?- Anne?

153

Page 164: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Les petits-enfants de Claude Mollet et de Jeanne Lacroix

Les enfants d'Henri et de Geneviève Dalleau, (veuve Nativel)-Pierre = Geneviève Guichard (veuve Payet)- Elisabeth = Antoine Desforges-Julien = ?-Geneviève?

Les enfants de Claude et de Michèle Desvaux- Thérèse Anne?- Claude?

Les enfants d'Antoine et de Geneviève Hoareau-Antoine?- Thérèse?-Louise?

Les enfants de Thérèse et de Robert Duhal

- Thérèse = André Roux- Jeanne, décédée en bas âge- Marianne = Augustin Panon

Les enfants de Marguerite et d'Henri MussardIls seront vus avec les Mussard.

Les petits-enfants de François Mussard et de Marguerite Compienne

Les enfants d'Henri et de Marguerite Mollet- Pierre = Agathe Hoareau- Henri = ?- Thérèse = François Rivière- Marguerite = Joseph Panon- Marianne = Henri Le Breton- Barbe = Henri Ricquebourg- Michel, célibataire- Jeanne?- Joseph?- André?- Claude?-Paul?

154

Page 165: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

-François = ?- Perrine?-Geneviève?

Les enfants de Barbe et de Pierre Parny- Pierre?- Jacques?- Marie = Pierre Deguigne- Barbe = Monsieur de Saint Lambert- Geneviève?- Paul = ?

Les petits-enfants de François Ricquebourg et d'Anne Bellon

Notons que les petits-enfants de François Ricquebourg sont également lesarrière-petits-enfants de Jean Bellon.

Les enfants de Hyacinthe et d'Isabelle Hibon (en secondes noces SuzanneBachelier)

- François = ?- Marianne?- Hyacinthe = ?-Pierre?- Paul?

Les enfants d'Henri et de Barbe Mussard- Geneviève?- Henri = ?- Jean = ?

Les enfants de Jean-Baptiste et d'Elisabeth Baillif- Jean-Baptiste = ?

Les enfants de Marie-Anne et d'Henri HibonIls ont été vus avec les Hibon.

Les petits-enfants de Jean Carré et de Françoise Chatelain

Les enfants de Françoise et de Joseph Deguigne

- Pierre = Marie Parny

155

Page 166: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

- Joseph, célibataire ( ?)-Dauphine = Joseph Labaume

Les enfants de Hyacinthe et de Pierre Pradeau

- Catherine = V itart de Passy- Jean-J acques ?- Marie?- Geneviève?- Augustin?- Pierre-Antoine?- Marie-Louise?

Les petits-enfants de Guy Rayer et de Catherine Bellon

Notons que les petits-enfants de Guy Rayer sont également les arrière-petits-enfants de Jean Bellon.

Les enfants d'Anne et de Simon Desvaux-Jacques = Marianne Touchard-Thomas?- Jean-Baptiste= ?-Michèle = Claude Mollet-Simon?-Pierre?-Hyacinthe?- Jeanne?- Manon?

Les enfants de Marianne et de Jean HoareauIls ont été vus avec les Hoareau.

Les enfants de Catherine et de Georges Noël- Marie-Anne = Robert de Lavergne-Jacques, décédé en 1729- Georges = ?- Pierre?- Louis = ?

Les enfants de Romain et d'Anne Rivière-Antoine?-Romain?- Joseph = ?

156

Page 167: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

- Catherine?-Henri = ?-Geneviève?

Les enfants de Raphaella et de Thomas Elgar- Marianne?- Thomas = ?- Pierre = ?- Anne?- Charlotte = Yves Le Gouarain

Les enfants de Marianne et de Jean MartinPas de descendance connue.

Les enfants de Geneviève et de Nicolas PauletPas de descendance connue.

Les enfants d'Elisabeth et d'Antoine AvrilPas de descendance exploitable.

Récap itulati on

41 mariés dont 8 avec conjoints métisses15 mariés dont 4 avec conjoints non métisses

Pour cinquante-six mariés, douze ont choisi un conjoint en opposition avecleur origine.

157

Page 168: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

en

~]Z 5

~

oOJ)

~

o 0'-c U

:~ 5E ~~o'-co ~

o0\\0~

o 0 ~OJ) _ ro ..0~--8

E-

~><:zo~::>ocou.:JQu.:J

<d:J-<:r/J

'U.:Jèg2

-<

I 0~ en U

'~ 'a aC en

Co

'r;)en~o

'-c~

o~oo ;.>1a 'Co ~

~

.g eno .~1a rooZ

0\

~u.:J

~-<

oC

'@)'Co

8oC~o'-c~

8oZ

en~o~

N

00V)

t-t-\0,...,..-4

00ot-,...,..-4

~~

~t-\0,...,..-4

,...,..-4 ,...,..-4

t- t-\0 \0,...,..-4 ,...,..-4

oV)\0,...,..-4

rou~~'-c

"'0ro~

V),...,..-4

~

0\t-

~I

~ot-,...,..-4

'-c;.>

~~ ~

..0 N

"'a. 0

OJ) ~ -0,...,..-401"'O~a

en 0a'a ~

.~ ~~O"'ONO0\ ..ro 0

"'0\O\O-en,...,..-4 $ ~ ..~

~:a"'a00J)0J)

~o>< ~

I

~g ~

"'0t 0

C 0 8o 8 ..U 00

*I 00

* ** * *

o~I,...,..-4

,,-.....en

'2oo

I.....,C

'ar./)

o"'0

'-co.~:=

~ 0o C

en .~ a'2 ~ - ~o I := r./)OEroo

I C ~ .....,

1::'a i: .5'a r./) 'a ~r./) .. r./) ....~ OOV'J°o~o....., ....., ....., .....,r./)r./)r./)r./)

~~t-,...,..-4

~ 0~ 0\t- \0,...,..-4 ,...,..-4

eno

"'0C~

o 0.- C~ ~ ~ ~~ ::E -ro ~;J ~CI) ~~ >~O 0 ~~ .~ ~ ~ en < ~ en ~

I-!O~~CI)Z~CI)~Z .~

== 8~ ~ ~ CC:= ~ ~ := :=~ 5< CI) éd<~ ~« ~,~

<O~~~><~~=~~

C'-.

V),...,..-4

V)

0\\0,...,..-4

CI)

"'0CI) ~C ,-'5 ~ I.- :=~CT

U

0\00\0,...,..-4

V)

\0\0

-

~ CI)CI) 0OJ) ~o I

~ U

~.....,r/J

158

o.....,r/J

Page 169: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

ri:}

~]Z fi

:0

aJOJ)

<r:

aJ aJ$-c U,aJ c::

'8 aJ[) ~~00..

aJ aJOJ)aJcd$-c

<r:"'Cj-a

I aJe ri:} U

'~'a ac:: ri:}

c::o

'fi)ri:}

~o$-c

~

aJ~aJ

aJ >1a .~o ~

:0

.g v5aJ .~1a cdoZ

aJc::

'5Î)'Co

eoc::

~aJ$-c0..

eoZ

v.i~aJcG

oV)

0'\1""""11t'-1""""11

t'-00\D

1""""11

0'\ \D\D

t'-\D \0

1""""11 1""""11

t'-

o

00t'-\D1""""11

V)\0

t'-\0 \0

r-..: ~c\

~]aJ ]$-c"Cd<5 8 U~3~~ ~ a~!u ~ 26

U

~ri:}

.......

<Q~=~i/5

aJc::~Zo~~~=

aaJ

~zQaJ

o~~

:3 ~.g~~~=<~~~r.FJ

\0

\0N

0'\\D\D

M

"'d'"\0

159

N

M\0

00

0'\\00'\M

t'-1""""11

\D

0'\\0

1""""11

\D

t'-0'\1""""11

rI:}~

~~ aJ

a ~ <5-::s ~~<5 1a U::CS

z<~~~CIo a~ aJ=~

aJ~ c:: . .~OJ) ~ ~

~ aJ ,cd0 ~ ~ ,cd UJ ,cd ~~~~~CI F;~~~6~~0

~ c:: .- c:: a ~ .- < .- ZE--'-

~ .- ...c: 8 ~ ~ ~ 0<~5~~85 0z5cGZ<1::cG~:.au~~~c.:J

~~r:/J

Page 170: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

tcdU

UJ

enQ)

"E:

É<EZ Q)

~Q)

01)

<r:

Q) Q)

J-c U:~ 5E ,~Q)

r-co 0..

~ ~ cd ~~<r:

\..1- E

. Q)II) en U

'~'~ 8c:: en

c::o'r;)en~or-c

~

Q)

'Q)Q)>~ ,-o ~~

~ tt5Q) ,~

~ cd

oZ

Q)

c::'@)'t:;o

Eoc::'Q)r-c0..

EoZ

tt5'Q)

~

("t') o

o0\\D~

o ("t')0\ ("t')\D

I:'-~ ~

~N

00\D

o\D\CI

o.00

\D~

r.nQ)r.n

"t:j Q),

'"t:j'0 c:::E~

r.n'~ Q)'"t:j -8 ,8~u::c

't:;c::Q)

,...:J~QQ) Q) ~cd UJ rJ1 ~

~ E ~[),~ en

~;J ;J

~ ~ 1 ';> 'ï:; 'ô U 0 Q)

>-~Q) ~ u.. oz c::

0:S:::55ê~~~ê=c:JZc:J~~o=<~rJJ

Q)

+-'r./:1

rJJQ)

iiJ

("t')

V)V) .-.:::t'

I:'-

o~

I:'-~

("t') 0\o ~

I:'- I:'-~ ~

0\r-\CI~

cd Q)

:;'~'Q) cd. 01) 0.. .cd E01)0

~u

o00\CI

V

~.~~

V)V)

\D~

V) 0.~ ~~ ~

V)

N

-.:::t'

I:'-~

r-oo\D~

V)

N

N~

0\\D

M~

I:'-~

~~

o00\D~

~

I:'-\D~

N 0\-.:::t' \D\D \D~ ~

Q) a r.n~ ~ ~ ~Q)"E:

Q)r.no ~ c:: ,~ <5

Q)'"t:j

Q)

e.n ~ ~'0 '~

't:; ,t ]g ~Q) ~u :3 ~~c:o

~rJJ

Q)

8 c::~ ~r--Q)z ~~c::;J < Q '0

~ ~~~rJJ

Q)

iiJ~iiJ

160

CI)

"3o~ ~~ z>Q)OE=

,~ ~<~<z:3u

~ ~~'a~ 0

~~

~+-'r./)

Page 171: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~uUJ

Cf)

]~z fi

=0

~OJ:)

~

~ ~

'-u

:~ c::E ~d) "d)

o 0.

~d)

OJ:) ~ cd ,~~ ...,- 5

I ~u Cf) U.u .~ ~c:: Cf)

c::o

'V)Cf)

~o'-0...

lU'lU~ >

8 '~=0

~ v)lU ,~

~ cd

oZ

~c:

'@)

<5

5oc:::

"dJ'-0..

5o

Z

v)

'0~

~

o0\\0

..-,0,0\

\0

or-

o0\\0

,cd ,~Cf) t::,- ~Ecd o..

'5-o Eu 8

\C-r----\0

C

~I

~ C,)o

""0~,~ ~.- c -cd_, 02 ::r::

c::Zro--0)<

-'.JO)~ ~.~~E-oa:<<>-<=~uutt

or/5

v

'£)00

lr)

r-\0

\0

o0\\0

Vr----\0

oo'lU'-U

~ZB:( ~..J rou~

~~CI ,0) _7. - '..",t:::: "0)

,

~ ::r: ,,~

~ ;:J .~t.IJ°Sr./'J~O)___c."

r/J~

û5

0\lr)

~

r----

l'-~ I lU

B B ';jlU 0 Cf)

~::::Ë:E 0.. a

vlr)\0

o

"'0~o::r:

00'£)

~

r-

00r-\0

r-\0

lr)\0\0

~a\

lr)lr)\0

~u~~

"'0cd2

t.IJ rd 6' .~~ ~ ~~ z: ~~ ~ z G3 ~ .~ 0 lU

~&z --.c ~ '--~

==..c:

UO(/) j~UJ~~<~8~~la uO:~Z<l::~~

r/Jor/5

161

".

Page 172: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~C)

~

CI)

~]z ;3~

Q)

OJ)

-<Q) Q);.... (J

~~ ;3E ,~Q)

;....o ~

~~ ~ ,~-<\wi-a

IQ)

CI.) CI) C)

'~'a êc:: CI)

c::o

'r;)CI)

~o;....

~

Q)

'Q)(1) ;;>

~ ,-o ~~

.g enQ) .~td ~oZ

Q)

c::'5ÎJ'£::o

aoc::

'Q);....~

aoz

en'(1)

c:G

- 0'\

MO0000

'D~-

0'\-

-1\0 -l'''d'''NI.'--

o-I.'--M-I.'---

N-I.'--1-C'io-

0'\ 00--0'\ 0000 00

'D \0--;....Q)

'£::

'!

II.'--\0--IV)\0-

oII.'--

'D-

'DI.'--'D-

- I.'--"'d'"

V)'D \0- -

~CI) ~.~ ~p.."

::J ,~rJ'J <r; ~

~ ~~ ~ ~I -< ,~z 0 ~ ~I~ ~o Z~en~I ~ c::~r;..c Q) (1)~0 ~~ Q)

I ~ (1) u,~;;> ~ ~ ;.... ~ ;>

! -<:'=tUë g ~~ -< 80 ~I Q ~.~.~ ~ > > Q d ~ >

~I~

Q)

~

CI) enQ) Q)

"'tj "'tjc:: c::~ ~

p.."~

r:/J

~V)

'D 0'\

o 00

MI.'--

~I

"'d'""'d'"I.'---

Mt21-

00N o-V)00'D-

o0'\\0-

V)-

N 00

M 00V) M

MM- -I.'--I.'--- -V)-

00\0\0.-

o0'\'D.-

c::o~I~

:g ~I.'--

V)

~ ~ I ~ ~ ~I.'-- r--:.--~ 0\

.-I.'--'D.-

o~I-

ob'Q)

Z

Q) Q)C) 0ê 'Q) I;.... ;....

Ç..I... u

,~ ~~Z

Q ~oQ) ~ ~~,5 -< ~ ~.8 ::J ~ ..c:: ~ Z 'Q)

I:jOZ~=Zt:<C~-<CI)O~Q):OS::Q~~Q~

rFJQ)~r:/J

162

o V)\0 I.'--'D \0- .-oQ)

td Q)

~ ~oê ~ '~@ ,~u

rFJ

enQ)

C3

Q)Z ~"'tjlo-ll rJ'J

~~~~~~~ c::

'-IN 0

,-10-1I

,8 ~ -< ~,~

t=.~QU~U

~V)

~Q)

~r:/J

Page 173: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u!:IJ

ri)

eL) 15É~Z eL)

~

eL)OJ)

<eL) eL)

u~~ 5E ,a3eL)

....00..

eL)eL) ~OJ) _ d ..eL)

<'""-8

I eL)4) ri) U

'~ '~ ~c:: ri)

c::o

'ti)ri)

~o....

~

eL)'eL)eL) ;>

~ ,-o ~

~

~ v5eL) ,:!3~ d

oZ

eL)c::

'51J't:o

8oc::'eL)

....0..

8oZ

v5'eL)

~

l'

('i")

\0 t-'r) t-

00

l'

* ~~'r)-t-l'_

('i")('i")t-

l'

~0\\0-c::o....

~Io

~

~ c::'- 0..9 '~ 'ô~ ,~ ....

~ .J:J ~'- ro ~"',..r::~ ...

l'l'\0-

00 'r) 'r)'r) t- tr)

\0 \0 \0-- -eL)

"0l 'eL)....u

eL)

~~êoZ

teL)

.g ..J~~ ~..J ~ eL) ~ ,:!3~~..~~~~ 0 'eL);;;:J~Q~~Q~

o rJ)

eL)~rJ)

~rJ)

'r)

o

0\tr)

0\-t-~00\C-

8o,..r:: eL)

~ 8c::eL)

o

o\0\0-

ri)o a3,~,~ c::

~~

eL)Uc::eL);>o....

~

;zeL) eL) 0 ....;> eL) c:! cr:: ~

< ~~~ s:;c ~ cr::_ B~;>eL)~t:iJ<eL)ro

~~~a>~.g...J~ eL) eL) ~ 0 00 '- ,~;ZO>O!:Q~~O

f':'-'

163

~

ot-

o('i")t--o~

o00\C-

~~

~~t-\0-o\0\C-~eL)eL) ~c::'-'- 0ro...J~

--00

('i")\C

00tr)

('i") 0\o 0t- l'- -N00

V)

o0\

o~

-t-\0-

....eL)

'ti)

'Sc::eL)

~V)\C _\C

t-- \Cr--: -0\

o-.::t\C- -'r)

\C-ri)

'~~

'eL)

ZQJ

;Z s::~ r~l â< ~.-..JeL)eL) ~~ ~~ ,:!3 ~ ri) > < ri) ~~ ~eL)

~===~ ~z~ ~ g ~...J~ ~zU~>~::J~~~~~rJ)

Page 174: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

CI)

-+-'~ ~~tH

Z [$=c,

(1)

~(1) (1)M U

:~ 5E ,~(1)

Mo 0.

(1)(1) ~OJ) t\:S ..(1)

<:v-s

I (1)cu CI) U

'~ 'a ~c CI)

co

'r;)CI)

~oM

~

(1)'(1)

(1) ;>~.-o ~

=c,

~ ~(1) .~~ t\:SoZ

(1)

c'5ÎJ.t::o

soc

'(1)M0.

SoZ

~'(1)

çG

r---.-N r-

00 0'\ M\0 \0

M M ~M M ~r---. r---. r---.- - -oN

\0

Ir)r---.\0- r---.

0'\\0-M(1) (1)

c .-.~~(1) ;:j

~ ~~ (1)

'"0

- 0'\r- 00\0 \0- -Ir) ~ -Ir) \0 00\0 \0 \0- - -~~ ~ (1)

t\:S (1) 0~ ~ '~

~ z u~

00

o-Nr---.

MIr)

~~r---.-

MMr---.-

MIr)

~.......

Mor---........

~0'\\0.......

\0r-\0.......

Nr---.\0.......

o00\0.......

~UCI)t\:S

~'"0t\:S

~

~UCI)

t\:S

~"'C~~

(1)

o'(1)

M

U

~ .-(1) ~ 2

Q ~ ~ 3 ~>c g

Q

(1)

z ~ ~"'C

Z ~ ~<z ;>(1)~' ~00 ~ M (1)~ 7 (1)~~ t\:S~ ~ (1)~o 00 ~ (1)

-< c Q ~ '(1) (1) Q .CI)'(1) (1) ~ ~ '"O::J~ d) ~ ~ (1) Z (1) ~ 00 ~ Z ~ -< ~ .~ .S z &'~ .S 2:: 0

(1) (1) U~ ..c= N 0 .- Z t:: ~ 00 .- 0 C ~.-

S 0 0 C S 0 ~ Z ê ;> 0~ .~ -< ~ ~ 0 .~ .~ ~ a ~ .~ :s g (1) ~ ~ ~ (1) ~ <: ~ cd g

çG

~~u~~~~o~~~~OO~çG~~~çG~Z-<~>~

o ~~

~-+-'~-+-'~

164

~-+-'C/)

Page 175: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~ut:.LJ

rn

~]z ;3::c,

11)OJ)

<11) 11)M U

~~ ;3E ~~11)

Mo 0..

11)11) ~OJ)

--'ro ,11)

<"-1-5

1 11)CI) rn U

'~ 'ëd ~t:: rn

t::o

'u)rn~o

M~

11)~11)

11) ;>

~ ,-o ~::c,

~ ct511) ,~

~ rooZ

11)t::

'@)'Co

5ot::~11)M0..

5oZ

ct5~11)~

\D ~

0'\

ev) N

r----""'"

NV)

""'"0'\ N

"""' V)r---- r---- r----.......

0'\ 0N

\D 00'\ N\D r----.......

M11)

'C

!'

0'\00\D.......

r---- 0r---- r---- 0\D \D r----.......

>< 11)::s-11) 0,- ~11)rn M

~U

rn'3o

~to~

0'\ \D

fd,

V)

~I.......

V)

\Dr----\D\D~\Dr---- .......0\

ev)

~I.......

11)t:: rnOJ) ,-o ro:;ëdoUco

V)

ev) o;2""'"

\D r----00 r----~I ('f') 00

r----V)

('f') ev)0

r---- r----.......

or----\D.......

0'\~I.......

o V)

""'" ""'"\D \D.......

~t::""Oo ro~~~

'OJ)~11)

Z11)

Z 11) ,~o ~ t:: ~::s

~ ~ ~ ~ ,~ ~ ~ ~ 3~ ~ ~11)< I1)~ O ~~ > 7U~ ~

0' ~ ==,S ~ ~ ~ ~

U =11) ~l1)uI1)O~~~I1)I1)~~ ~11)~~~

t::.. 2u" > &~ :; ~ ..d=

U a 5 ~ < ~11) ~'t:: ~

~~ è\jt roe u~ ~~ ~ ro 11)00 t:: ~

~~~~~~~~~=a=j~>~=~~~~~..p...Ir:/)

N N 0'\V) V) .......

t'- r---- r----

I

.......

00.......

oN

('f')0'\\D.......

Nr----\D

o"0~~

t::o~I~

V)

\Dr----\D\D~\Or---- .......0\

\D V) \DN\D r----

""'"

V)\D \0 \0 \D

.......

rn 11)'g rn ,~~~ ~ roo

t ~ ëd:;

o U 0~ CO

o[/)

~..p...I

r:/)

165

~..p...Ir:/)

r:/)

11)..p...I

r:/)

Page 176: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

(/)

~]z ~~

obl}<

o 0~ u~~ ~E,~o ~o 0..

o 0bl}~ ro ..~

< '-I- a. 011) (/) U.~'a c::

- c:: ~

c::

o'Ci)(/)

~o~~

o'0o >-~.-

o ~~

~ v5o .~~ ro

oZ

oc::

'5Ï)

.~

o

aoc::'0~0..

aoZ

v5'0~

M-

N

V')\0

.ooV')r- M

V')or--

o 00. N 0\

r- \0- -

r-N

o00\0-

o ~~ ::::s~ 0

<@:::: .

::E.~

V')\0 __\0 r- r-- \0 \0r---: --a\

-N -"""

00 N r-

\0

"""

M

"""

0\V') \0 t'---

0\Nr--v)v)N

0\ -0\"""

000\ --"""

r-\0 r- r- t'---\0- - - -

r--

00-

MN

o00\0-

-or--

-00\0-

~o

.:.a~oU

"'0"'0

'~::Et'---\0

-

00o MN M \0

"""Ir)

"""\0 -

\0 \0\0 \0 _

- -- - -NMo ~ 0:.a

"'0

(/) rn 0c:: ro ~ rn

E ~ ~ ~ :8~ obZ '0 bo

'0 ZZ Z

oc::

>-c:j~

-< '<t:~ (/)Z(/)~ =:~;J 0 N ;J

0"..

-< a -< -< ~.t~dU ~~~

~

û5

~~rJ:J

00 V') Ir)Ir) V') \0\0 \0 \0

- - -

(/)o (/) (/)

"'0~ 0~g

"'0...;E- ~'0::E

o-

- o

or-

oMt'----

\0

-00\0-

oo .-~ 51.- 0 ro

~"'O S'c::

0~ U

"'0"'0~::Et'---\0

-

o\0\0-

c::o::::so~

~oo ~c:: .-.- 0ro~~

z 0r~'~

c::~ Z

~ -< ~ ~ ~ ~ Z~ ~gd ~Q ~g~ jo: 0r~' 0 a=:"'O ~ ~

c:: 0 .sr ~ rn ~ .~ ~~

~~

0'- ~ c::~ Q)

0 -U .- ~ ~ ~ a~N\

0 ,."._ ~

_

~~ a 0

U"~;J o..=~ rn~ a~ ~ ....,.. ...c:

~ ~ ë ~-<

~-< ~ ~ ~ 0 ~ ~ 8 E .~ f})

>~~~~d~~rJ:JQO~~u~~::E~

~û5

r:/J.o~r:/J.

166

oû5

Page 177: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~uClJ

CI)~

o c::È~Z 0

=0

ob.O<:

o 01-0 U:~ 5E ,~o

1-000..

o 0 ~b.O cd ~o<:-.J-S

I 0u CI) U,U .a c::- c::~

c::o

'r;)CI)

~o1-0

~

o'0o >~.-

o ~=c,

..g c,)

o .~~ cdoZ

oc::

.@)'Co

Soc::'01-00..

SoZ

c,)

'0~

I-.:::t'("f')

("f') 00

0\\0 It- \0 ~I

o 0 NN 0\ V)t- \0 t-- --

("f')-t-I-1\0-- -000\0 t-- -

o 1-01-0 :::s

(~~ I

~ ',g

\0t-\0

~.01.0.0

-V)\0-

V) V)("f')

I~ ~~- --o CI) ;<

:.a 0 0 :::sa ] 0 ]'Es= ~'~ -.J

~t:: ~u 5~o

'0 ~Z ~

00N

N-00

N00

("f')("f')t--0\-ot-\0-

-t-\0--V)\0-~

"'0cd

:Eob

'0Z

< t ~ 0

I :3 0 .~ z ~~E-- I ~.s ~

oz c..... ~ ~ z 0 ~ .. CI) ,~o I oz ~ ~ ~~ ~:::s ~~ I < 0 ~ ~ ~ 0

<CI) .,.

'C~ U - .. ~

~ ~ ! Q] E-- ~ 0 ~ 0 ~ 0 00 'ô Q.. g=: ~

0.. ~ 0.,.:::s .. ~ -~"'Ouc::oou.. b.O 0 ~-.J.

0"'

.. ~ ~.J. ~ 0 O :::s c:: ~ c:: ~ /-i E-- t:: '/-ic: ~

~ ut e .~o u cd< ro"'" roO ~< 0< ~ c:: o~ ~'~'N:E ~ u Z ~ 0 ~ ~ ~ ~ u ~ z ~ > ~ 8 00

o~cr:;

\0 \0 N

o00

00\0

N00\0- 0\ 0\- -

t- t-- -ot--

\0- 0\- \0N

0\t-\0- -t-

\0- t"--t"--\0-

1-0o'r;)'Sc::o:E

o"'0 CI)

1-0 0] ~~'ël~

V) V)\0

t-\0

t"--

_\0 \0 \0 \0 t-- \0 - \0 \0r...: - r...: - -0\ 0\

N 0\V) ("f') V)\0 \0 \0- - -~ 'S 0b.O 0 :.ao E ~

=s0 u

o b.O ~~ <

~~cr:;

~

V5

~~cr:;

167

Page 178: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

r:I)

~].,.D

s:::Z Q)

:r:s

Q)

00

<Q) Q)~ u,.Q)

s:::

"ë ~~Q)~o 0..

Q)Q) ~

00 _'"

,.Q)

< '-'-- 8

IQ)

11) r:I) U

'~"ca ~s::: r:I)

s:::oor;;r:I)

~o~

~

Q)~Q)

Q);>

~ "-o ~:r:s

~ ~Q)

"~~ '"oZ

Q)

s:::

"5h"t::o

8os:::~Q)

~0..

8oZ

~~Q)

~

o.....-t

o.....-t

0'\\D

~I/')

0'\ ~o 0t- t-.....-t .....-t

0'\N

0'\t-\D.....-t

o 0oo::::!'" I/')\D \D.....-t .....-t

~Q) ~s::: ~:.E cd0.. ~g ~o cd

::;E

00 0'\\D I/')

~oo::::!'".....-too::::!'"

t- t-.....-t .....-t

oo::::!'"

t-\0.....-t

ooo::::!'"

oo::::!'"

~I

~.....-tt-I.....-t

t-.....-t

Not-.....-t

.....ro Q)- +-'B..9 I

cd "-::;E

0..

t-~I.....-t

V)I/') oo::::!'"l/')oo::::!'"oo 1/')1/')\D \D \D \D.....-t .....-t .....-t .....-t

o N

It- 00

\D oo::::!'"t-oo::::!'"\D t-.....-t .....-t

0'\.....-t

\Dt-\D.....-t

.....-t .....-t

t- t-\D \D.....-t .....-t

t-II/')

\D.....-t

Q) ~ ~t)~ ~~ 8~~U ~~ a~~~ ~~ ~~

:2 ~~ ::;EQ) Q)

"S E s:::

B ] "~~ ~~g~ ~~~~~~ ~oo<1:~cd-<~Q)Z~Z> ~ ~"- ;> 0 ~ ~-< "-:::$ g ~ ~ ~ cc::~ooo~>c:J~=

~

+-'C/)

C/)Q)

+-'C/)

.....-tN

00

.....-t

t-

~00

0'\ N.....-t I/')t- t-.....-t .....-t

.....-t

0'\\D.....-t

~N

N0'\\D.....-t

I/')\D\D.....-t

~0\

00 0'\oo::::!'" \D\0 \D.....-t .....-t

~ Q)Q) 0

~~b

Q)

"~

I Q)

s::: "S ~ ~"~ ~~~ B::;E 0 &<1:~~ ~~"cd ~=az ~~ 0 .., ~ ~~ r:I)::J ~ ~ 0 = r:I)

~ 00Q) .,

~ "- Q)0 ., ~ Q) ~ "ô

~Z,€O~ ~ e.n~Oo:j~Q)~ ~~< ~~o 8 g<UU~(S> aS:~:2S:~~CloQ2cc::=~Q2~C/)Q)

+-'C/)

168

C"-"~+-'C/)

~

+-'C/)

Page 179: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u

~

CI)

~]Z 5

~Q)

OJ)

~

Q) Q)

r-. U:~ 5a ~~Q)

r-.o 0..

~~ cd ~ 0\

~ \J-~Ë-

, Q)~ CI) U

.~ o~ C

- C ~

co

Or;)

rJ)

~o....

~

Q)~Q)

Q)>

~ 0-o ~

~

~ cAQ) o~

~ cd

oZ

Q)

c05b0t::o

Eoc~Q)r-.0..

EoZ

cA~çz:::

I:'-~

0\-I:'--

-0\\.0-

NI:'-\.0-

rJ)Q)

'"dC1--01

rJ)

~]~ .+-J ::1Q)

~c

,I:'-~

NO\a-I:'- I:'-- -

~N

tr)0\\.0-

N,I:'-\0-

rJ)Q)

,'"dC1--01

I:'-

**\00\\.0-

0\I:'-\0-

~'"dcd~bb~Q)

Z0- c

~ r-. Q)

C 0_Q)

3Q)~ga::r:: ~..c::~

~~>~ Q) ~g~

oz Q)~~ Ç2 ~ o

z Q)'"d 0 ~ ~ ~ çz::: ~ Q)

tI)~ ~ tI) Q)

0r:.I.J ~ cd

......

~ ~~ ~ 0t:: ~ ~ ~~ > u--1--01 = ~ ~ 05

~~Q) 5 5 2: ~

~Q) g ~ 2: 0 o~

-< t::=~çz:::::r:~=~>~çz:::~ou~

~r/5

169

r./)Q)

r/5

o0\\0-

Q)o~

'"dC

~Q) OJ)

~~ ~,OJ) Ec 0

r:.I.J U

~-<~~S 05 e--.ONe--.~ ~~:

~.+-Jr/1

N

o 00

\.0 ~ 00\.0 \0 ~

- ~ 0\- --I:'- I:'- I:'-- --

~-~00\.0-

-I:'-\0-

tr) 0-~ tr) I:'-\0 \0 \0- --Q)u~r-.~

tI) Q)

o~ :g~ r-.U

;>-.::1

V~

a:Z~

~ .-> ~o oS~=l3

~.+-Jr./'1

Page 180: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~uD.J

en~0) c::

l5~Z 0)

:0

0)

~0) 0);.... U..0) c::

'Ë ~~0) ;....00..

0)0) ~0lJ ___ ~ ..0)

<-.J-S

I 0)(I)en U

'~.ca 8c:: en

c::o'Ci)en~o

;....

~

0)~O)

0) >~ ,-o ~

:0

.g en0) .~~ ~oZ

OJc::

'5b'Co

Soc::~O);....0..

SoZ

en~O)

~

-- o~

o-~ Ir')- 0\00

o~

\0 t'-t'- \0

00 00

t'-M

00\0

0\00

00 M0'\ 0\0

t'-- - ~ ~ MM M~ ~ -- -t'- t'- t- t'- t'-- - -- -

~~r:--

o- ~-\0- NN

Mr:-\0-

0\00\0- r:-

r:-\0M0\\0-

c::

~'~<- ;....~ ::3

~ .=~u

c::0)'5b

2:.au

,,-....0)

:0en

'-'

Ir')\0\0-r-:0\

00\0-

:g ~~::;EI;::r:- r-:;:: 0\

M\0\0-

00t'-

tr) Ir') Ir') Ir')00

t'-M r:- ~ Ir')

\0 \0 \0 \0 \0 \0- - -- -en0) en

""CSOJ

~~ ]~-

0) ,,-.....~ 0) en en (5

en en~

""CS0) 0) ~O) .~ 0)

ri)0lJ c:: - C::;.... ""CS 0)

€:;~ê a ~ ê ~~]d:.gu >~~ ~~-

Z ~

M

M~

00V)

o 000\ 0\0 r:-- -

V)\0\0-r---:0\

-r:-\0-r:- 0~ V)\0 \0- -0) ~;a

""CSa ~

ê ~o obZ Z

0)

~ '5~~

~~> 3o .~~rJ)

_ 0) rJ) 0)

:0) c:: ~.~

~ z ~~ 'C :::3 :E0) ~~ ~

~ < C::o~~~c::-~ ~ ~ ~=O)~~~~~rI)~::: g

~ '~ ffi 0 ] ~ 00 ~ ~ u ê ~] 0» CJ ~ '& 9~0lJ ~> ~~O) N~~~~~

~~ ~

~~5~<~a<~~<so£o~~ <~~~~~~d~~Z~~U~~<=D.J> >~~

rJ)OJ~rJ)

~~rJ)

~

~~ iÏ5

170

rJ)0)~rJ)

Page 181: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

ri)

~]z ;3

~Q)

~Q) Q)$...c U~ ~E ,~Q)

$...co~

~~ ~ ~~<--8

I Q)Q)ri) U

-Q)

'a ~.- ~ ~

~o'ë;)ri)

~o$...c

~

Q)

'Q)Q)>

ta,-

o ~~

~ cAQ) ,~ta ~oZ

Q)~'bi)'Co

8o~'Q)$...c

~EoZ

cA'Q)

~

ri)

Vî]

("f")='

Q)ta~

I

** ~* ~~t"'--0_t"'--.-

.-egl.-

It=:~Vî

~.-

00

o10\\0.-

~.-

o0\\0.-

\0

t"'--\0.-

,~ 0-,3~ ~~ ~'g,8 ]

~'Q) I

>u o1a U~5

Q)

U ,-

~ ~~~~~o~Q>~O>~

r./JQ).......

r./J

("f").-t"'--.-

\0

0\00\0.-

,~ ~u..o

~~

("f")It"'--\0

.-

0\Vî\0.-

:z-<~~t:~ Q)

~.Q~ ::::>d

o.......

r./J

Q)~

~-<a~Q)Q~:zcz=~.......~u~>z8o ~ ,5cz=»

N

("f").-

("f")00\0.-

o~\0.-

ri)o ~,~,~ ~~~

rJ'1~~

Q)

:z ,~

o g~...J

r./JOJ

[j)

171

Page 182: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

t/)

~]..0 ~Z d)

:0

d)OJ:)

-<0\0\\.0~

d) d)$....t$....t U

:~ 5E ,~d)

$....t$....to ~

~UJo0\\.0~

~~zW-J

zo~::Joc:oW-JoUJ

(d

":.J.<r:.rJ

'W-J2:g2

<

d)d)

d)

~~ ro.~

, d)

-b .~ g-Z~

s:::o

'r;)t/)

~o$....t$....t

~

d)

'd)d) >

8 .~:0

r:.rJ@

0\

UJ><UJ

~<

..g end) .~~ rooZ

d)~

'5b'Co

eo~

'd)$....t$....t~

eoZ

en'd)~

~V)

0\-r--

$....t$....t

:3d)

'a~

V)0\\0-

0\- r-- r--00 00

"'d"V) ~,

0\-r-- ~-r-'-\0 lr)

.......lr)-

ot"--.......

t"--0\\0.......

N 00o 0t"-- t"---

lr)0\\0-

0\0\\0.......

\0 lr) V) N or--- ~\0 00 \0 00 r- 00 0\\0 \0 \0 \0 \0\0 \0- -- -~ ~ ] d) ~~ ~OJ:)

'd) U :8 g,~ 'd)c:; 0 $....t$....t

<e: u ~ U ~u U

~;-a

r./)

~~

..J d)

..J ~~ 5-< .~=~

.~ d)

E-~~ b ~~ ~

'7.- Q '7~ ~d)~ d) ~z - .~ 0 =0 -< .~ 0 d)o u 0 ~ .~ ~ u 0 ~ ~

= ~ u..~ $....t$....t~ .. u..~..~ ._~ 0 ~ ~ ~ 0 ,-. t ~ e ~'C== = ~ = '"

~ ~'~ ~ 'N = c:o

~;-a

r./)

~V5

172

~N

~

V).......

~or-.......

~ 'C~ ~~ ~~~~

rn-d)

â~~.~ .~ ~

~~~\.Od)"'dO\-t/)

\.0 t/) d)

~ ~.~~:a ~

'cuOJ:)

><:

ê ~~ro

ro t"Oto5 S ~u ..

*..* *

* * *

,-.t/)

'Sd)

'?c='ar./)

d)

"'d$....t$....td)

.~:3~ d)

d) ~

'2 .~~

O~3~'B~d)

.S .5 ~ c=

r/1 ~ .~~.. .. r./) ..o ~ "r./)~B~BC/Jr./)r./)r./)

Page 183: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

~]..!:J c=

CI)

Z ~o

"tj

oOJ)

<o 01--1 U:~ 5E ~~o

1--1o 0..

~ ~ Ct1 ~~< v- S

. 0Q)CI) U

-Q) 0

~ c=- c= ~

c=oOmCI)

~o1--1~

o~oo >

8 .~~

~ rno .~~ cdoZ

oc=.61J

0i::o

soc=~o1--10..

SoZ

rn~oçz:::

MN

"0

tr)~.-M

\00'\\0-

M.00

\0

o

.]1--1U

I~1<'~~Q

~Zo~~;:j

~u.~<Z5ÇJ>~

r./'Jo

~

r./'J

~

CI)

03

~c=

~

\0~

tr)ot--

tr)

ot--

Ir')M

000'\\0-

o [)s:: .-.~~.- ;:j

ê-O'"u 0"tj

0'\ Mtr) \0\0 \0-

0'\N

~ \0

N- M-

~. t-M

tr) t-

-t:::.-tr)

ot--

~.M-t-'-

\0- -NoN

M-\00'\\0- -o

t--0'\0'\\0- N

ot--

o0.~~

0'\0'\\0-

0'\ 00'\ 00 0 t-ot- \0 00 \0 00 \0 00\0 \0 \0 \0 \0 \0 \0-- - - --

(1)

s:: CI)

~ 0~ "tj(1)

c=1--1 ~

co

tr)

0'\\0-

(1)

o~(1)

1--1U

oc= 0 c= 00- ~ 0g ~@ ~ ~

,JU ~ !-::~ co-

c= 0o -g ~@çz::: U

(1)- CI)

çz:::CI)!:.I.J (1)

0

~ ~ ~ ~ g Z ~ o~~ ~~ ~ O'"~ 0 ~~~ ~O~ < ~o ~ Z(1)~~Z .5 ~ 05 çz:::< ::t ~..J 0 ~ ___ 0 .5 ~ Z~ 3 ;:j (1)~ >.u ~..J c=~ Q~~~O> ..c=~ OJ) > ~ ~. ~ o~ ~ ~ c= = c= ~ ~

" ~<~~ag~50a~~~~~~cd~<ÇJ~~~>"~~~=~~..J~=~~u

oûJ

~ûJ

173

oûJ

~~

r./'J

~

r/5

Page 184: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~o

t:iJ

~].D c:: tI)

Z 11)

"T:I

11)OJ)

~

11) 11)~ 0

..11) c::°ë ,~

11)~Oc..

~~ ro ..~

~'-'-s

1 11)lU tI) 0

'~oa ac:: tI)

c::o

Or;)tI)

~o~

~

11)'11)

11) >&J 0-o ~

~

.g v511) o~

&Jro

oZ

11)c::

O@)0i:

o

soc::

'11)~c..SoZ

v5'11)

~

('r)

1 ~ 1

V)

1 ~ 1

\0-r- oo::t0'\ 0'\\0 \0- -

- r- r-100\Or-\0 \0 \0---

11) -ca 11)- on-l ,g €,g

ts ci: ts

o-V)

-oo::tl

0'\-r-I-r--

~11)bIJa 1

3o~

000'\\0-00 oo::t 0r- 00 \0\0 \0 \0-- -c::bJ3l1);:j

09 s:g og~~tsci:

'-'

11)

I 11)"0.D

I o~ ;:j ~ 11) ~I coo a °5 t:: ~1:E~o 11)~> ~~ 0:

<~~N~~ ..,~ ><~N~~I1)ZOOs: S ~ > 0-

~ 00

~«o~<;:J~~~~'-'~~

~~

o~

~~

\0

r-

~V)

~-r--00-Nor--

~ 0N N

oo::t

1 ~ 1

--1 r- 1

-

V)-00 -0'\ 0\0 r-- -

~~ c:: g o~~ o~ a o~ ~+-» 0..0 1 11) ;:j 1ro c:: ~ en~ ~ tE c:: 0"'t:iJ.g

V)

0'\\0-

~t< guO"'~ ?j~I-)

r/J11)~r/J

V)

0'\\0

~ --00 \0 00\0 \0 \0- --11)tI) 11)- ~-o ;:j 0

'11) 0 '11)ts ~ b

11)tI)

°5 11)

o "T:I~~ ;:Jl1)g

z< <o~- u~~ ~~~~~~::s~~>.8~on~o ~ o~ < ~ ;:JU~>Q~~

r/J11)~

174

~

oN

\0V)

0'\-r--

oc::bJJ

°5

c::0"'ro~

V)

0'\\0-~\0\0-c:: 11)11) c::>-.bJJl1)d 0-Q bIJ 0

~ ~ 'b~ 0r/J~

~~r/J

~N

~

V)--or--

\0 0'\00 V)\0 \0- -

11);:j

0"'°ao:Ezo~<U

r--00

oo::tV)

~-r--oo::t-o0'\\0-

\0r-\0-

tI)

°ta ----"T:I 'a; a;

1 1 tI)-c:: ro :.=: 0d c:: ro '11)-

'-'~ ~- ;:j 0

~ ~

z~~t:~ a;~.D~ :=>CI

a;c::aa;

I-)

~~>o~

o~r/J

Page 185: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~uW

(r.J

~]Z 5

~Q)

bIJ

<e:

Q) Q)~ u

~~ 5E ~~Q)~

00..o-t"'--- Q)

Q) ~bIJ"C

~ ..Q)

<e: EE-u..Joo['-.-

Q)

u4) ;;

-4) (r.J

- (r.J.ac

~E-Zu.JZo

~oc:ou..Jou..J

<d~..~(/J

'U..J

2::

~<

co

.r;)(r.J

~o~

~

Q)~Q)

Q);>

ta.-o ~~

Q) en

taQ)

.~o"Czo-

u..J:><u.J

~<

Q)

c.5b.Co

Eoc

'Q)~0..

EoZ

en'Q)

~

tritri

I£)ot--

N tri ONt- 00 00 00\D \D \D \D- --Q)

~..c=uo~c;j

~

~::: z~ OQ)

~ ~C~Q)-<;;Ut:~N-< .~ 00 ::s=~~r/'J

o~

r/'J

--o

~.

tri

t:::.

~o~taE .~o.~

::E

Not--

Q)

-0~Q)

~U

Q)

~ Q)

..c= -u 0o

~Q)

~ bc;j

~

Q)

.~z :8o ~~(1)~~t:>O.~ 0=~~

or/J

N

N

oN

Not--

~N

~. ;:;:;.

tri-N

ëdtaZ::s

"C. Q)

;; .5.D ~

~ .-tS~ c;j

fJ BQ)<0

~ u.- c;j

~ ~ dc ::s c;j

::s (r.J.D

:o~~~Q) ~ c::s U Q)

0"(r.J .-

~ Q) U

~~ ;;

~Q) tE .."C ..

*..* ** * *

ot:::.-

tri

t:::.-tri-00ot--

~(r.J.2Q)

9E.ar/'JQ)

"C~Q)

.~::s0"B z ~ ~~::s ~ en .- c

~ ~ :E ~~

== ~~ (r.J ~:8- ~Q)U (1)~~ Q)~ Q) 0 . fJr/'J5;Jt:»&~ê~~~BQ) 0 (1) -< 0 U ~ t':::S s.- ~ c:> = é:l: Q.. = ~ ;> ~

.ro ~ .5 .ar:/J .. ~ r/'J

":8 ..~OQ)~Q)~ ~ ~ ~r:/Jr/'Jr/'Jr/'J

175

~-0"\ot--

'0~.~:8

'0~.ta::E

~ot-

-I£) NI£)

t- 0"\ 00 0"\\D \D \D \D- -Q)

~ ~ ] ~~ 0 U 0;; ~~ 0~Q)

Z u ~ bc;j

~

~~r/'J

or/J

Page 186: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

en~(1) c::

15~Z (1)

~

(1)OJ:)

<t:

(1) (1)

$-.- U:~ 5E ~~

(1)$-.-o 0..

(1) (1)

"'0~~

~e<t:~

I (1)CI) en U

.b'Cd

c::-- c:: ~

c::o'r;)en

~o$-.-

~

(1)~(1)

(1) ;>7d ,-o ~

~

..g v3(1) ,~~ cd

oZ

(1)

c::'@)1:o

aoc::~(1)$-.-0..

eoZ

v3~(1)

~

00C't')

\0--t'--

"0~~~

Not'--

0\

~

~I

V)

~I

--

0\--

\0ot'-

00 t' v)ot' 00

"""V)

\0 \0 \0 \0-- -- --

od~I15'CdC/)

(1)

"0~(1)

$-.-U

,~ a"'0

u

a ~ê~o cdz~

V)

o

~~

C't')-t'-

..g ~ 5(1) ê ,-5bN~,- =' 2(1) C/) , _en(1)~

~i/5u

~ot'-0\\0\0

M

='s='cd

C/)

~ ~z (1) ~ z< z g.~ ,~ ~ sa~~(1)O:'=~ 07 (1) ~~< $-.-~ ~(1)

~ ~ ~ ,_~ 0..

a~~~~J:~~ ~~~~C/)

o~C/)

oif)

176

-N ~N 0\

C't') N \0

\0~

0\C't')

---t'--

0\-t'--

\0--

00

--V)-

\0ot'- t'o

t'-~ot'-

"0 3_ (1)

I ~ ~ I

~~;>

"0~~~

~ot'

Nor---

o V)

0\ \0\0 \0- -

0\ 0 0\00 00 00\0 \0 \0- - -

(1) c:: (1)

~ ] ~ ~~~~~O~ ~~ ~,~ ~~

u u ~~_

~(1)

"c::

Q)~ ~Q)~ ~~ ,~ ~ en 0

~[)~ ~et:::0 ~ (1) ,- ~ ~et:::~~ ='~

[» s><a~?r<5~aoU~Q~Q"'Qr;)et:::

r/J~r/J

~~r/J

Page 187: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

tc:ju

ÇJ.J

CI)

~]Z 5

~

(1)

0.0<e:

(1) (1)$....0$....0 U

:~ 5E ~~(1)

$....0$....0o 0...

(1) (1)

'0 ..~~a<~

I (1)~ CI) U-~ 'a; c=- c=~

c=o'm

CI)

~o$....0$....0

~

(1)~(1)

(1) ;>

~ 't::o ~

~

.g v)(1) ,~

~ c:j

oZ

(1)

c='EÎJ't::o

aoc=~(1)$....0$....0

0...

aoZ

v)~(1)

~

Ir)N

N

N

"""

~-r:--Ir)---t'-

"""or:-

- \0t' CJ\\0 \0- -

(1)

'0~"'i:-

(1)

o~(1)$....0$....0

U

~ ~~~~o .g ~ 1:J

~~ÇJ~oi/5

~~

ZrI'.J~~~~ ::sQc.:I

oû5

00- N-"""

Ir)

-"""

I ~ I

~-r:--CJ\-I r:- I-

\0- Ir)-\0ot'-

0'\ot'-

~ B (1)(1) 00

c=(1)

.5 ~ ~ I "0 I,~.~ ~ ~o..::sool3 cr

"""ot'- """o

t'-Nr:-\0- ON"""0'\ 00 CJ\

\0 \0 \0---CI)(1)$....0$....0

"'d~~

CI)(1) (1) (1)- $....0$....0o

"'d0~(1)

c= ~(1)

$....0$....0

0$....0$....0

U-J

U

z-<~ (1) c:j,.~, c= ~ CI) ~ ~JIIIIIC~-<c:j~c:j~ ,- r~ a > ...c::~$....o $....o

0...~~~...c::Oc:j>~~~~~

~i/5

177

t'o-

N N

-.:::tN ~I

~-t'

0'\t::1-Ir)- N

N

--r:-- \0-r:--

00ot'

\0or:--

CJ\ \0""""""00 CJ\ 00 CJ\

\0 \0 \0 \0- - --(1)

o~(1)$....0$....0

U

(1)

c= (1)0.0-c:j 0~ ~

(1)$....0$....0

$....0$....0 U

c::o

~ ~~ ~ ~ ~ÇJ ~ ~ z~ (1)0 (1)

=CI)rl'.J2=E~ê~~~c:j~ ~c:j.

, t:......(1) .~ -, (1)~r'~I-:t~~~1-:t

oi/5

~~00

Page 188: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u(.iJ

r:I)~

(I) C

É~Z (I)

=d(I)

.<

(I) (I)$o..c U

..(I) C'ë ~~(I)

$o..co ~

(I) (I)~ ..~

~a<r:~

1 (I)CU r:I)U-cu .ta C- C ~

co'ë;jr:I)

~o$o..c

~

(I)~(I)

(I) >~ .t:

o ~=d

~ r,)

(I).~~ (Id

oZ

(I)c'5h.t:

o

aoc~(I)

$o..c

~aoZr,)~(I)

~

t"-

\0~

0\-t"--

~o0)~~

Not"-

~t"-\0-

5 ~;>(

C"(I)

'ô'a (3

U .~ ~b

~~

~z>-(1) ~

o...c: -<

~~ ~~~ ~ 0 ~~~ ~~

~~r./J

--~-

r:I)

N]~ ::j(I)~c

\0

~I

~-t"--

~-

\0-

000\\0-

~ot"--

Not"--

~00\0-

V) 00

t"-00

\0 \0- -

~~.5 ~8(Id$o..c

r./J U

r:I)(I)::j

~~(Id;:J...c:~oo~~~-<-<.~ZQ@

r./J

û5

~I

0\-t"-I-

$o..c(I)~o~o

::r::

~ot"--

0\ 0t"-0\\0 \0- -

r:I)(I) (I)$o..c_~ 0C ~(I)

o $o..c

.....JU

--

V)

~~

0\-t"--

t"-

t"-ot"--

$o..c

::j(I)

...c=U<(I)~

Not"--

V) -t"-

00\0 \0- -

(I)...c:

~ 0.. (I)r./JO-

~ 0(I) r:I) ~(I)

-'- $o..c~l3uu

\0 t"--

N~

\0ot"--

~t"-\0

-

----.C'.~

~

~u

----.(I) QE-c>;:J (I) ~

*r:I) ~ ~*

~ ?>1 -<~

...c=

~., (I) ~.t:' * ~- c~ ~ (I) ~ (I) (I) Q (I) .~~ a >- ...c= ~ t:: .--< t:: ...,

O(l)O~O(l) -<~~(I)-<~ ~zc~uzè5: ~~~è5:u::r:: ~

~~

r./J

178

~û5

\0

o~

~-t"--

t"-00,......

000\\0,......

00ot"--

o0)1~~

~ 0

t"-0\

\0 \0--;>(

~~(I) 0

~ ~(I)$o..c $o..c

o Uc:o

oû5

o~r./J

Page 189: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~u~

ri)

~]Z 5

~

Q)

~Q) Q)

u:~ 5E ,~Q).....o 0..

Q) Q)~ ..É)

~s<~

, Q)o ri) U

-~ 'a ~~ ri)

~o

'r;)ri)

cBo.....

~

Q)

'Q)Q)

>1a ,-o ~~

~ enQ) ,~

1a rooZ

(1)

~'5ÏJ'i::o

so~

'Q).....0..

SoZ

en'(1)çG

\0-

,0"""

0',-Ir--\0-\0oI:--

~ola)

1a:E

"""10r--

N-

Ir)

""""""

~-r--0',-o-r--

~o.....Q)

bJ).....o

~

r-oI:--

-No

~I

0',-I:--

.....(1)

~

~Q)

~I..r:::

U

"""oI:-

~N """-

~I

o~I

"""oI:--

00', 0', 0 O',N r-- r-o0',1:- 0', \0 0', \00', r-O', r-O',\0\0 \0 \0 \0 \0\0 \0\0 \0\0-- - - -- -- --ri)

Q) (1)- .....

O~'Q) ~

0u~

Q)

o'Q)

.....U

Q)

gf Q)

o 0t= '~'a ur./)

"""0

~I

~

~I-

r--0',oI:--

~oa)11a~

"""oI:--

(1)

gf ~ Q) ~o 0

'"00

t='~ ~'~'a U - Ur./) 0

:r:

(1) (1)ri) _ri) 0o '(1)U .....

~ u

("f')- ~

("f')

ri)

~]~ ~

='(1) 1a~

~\0

~-I:--lIî- r--lIîor-- 00

0',\0-

NoI:--olIî 00\0 \0- -

(1)

a)..r:::uo

çGro

~

Q)

o'Q).....u

z~

E-c~ ,~

< a~:E

~ ~'~ ~(1)~ >~ (1)

~< ='~~

E-c z~~ z>~~ zz Z Z*Q)

~ ~ 0 ~ 00 E:'-' >< ~

Q)0 < ~

* < ~*

~,~~~~bOOrl) (1) ~oo (1)~t ~ 0~ ='

, ,- ;:J .- ~ ,- ~ 7 ~ ,- ~Q)

~Q)

êa .-~

~O O~~ o =<a o ~~~~a ~~~ ~ ~~~~ O~~ ~..r:::~~~<o~~;:JQ) .....~~~~~~~~~Q~ooQ~E-cçGQ~E-cO ~

~Vj

o~

r./)

~~

r./)

179

r./)Q)

~r./)

r./)Q)

Vj

r./)Q)

~r./)

Page 190: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE Il

CYCLONES RESSENTIS À BOURBON AUX XVIIE ET XVIIIE SIÈCLES.

- 1er janvier 1657 : violent, ressentiaussi à l'île de France.- ?? janvier 1658 : ressenti aussi à l'île de France. Pas de détails.- ?? février 1667 : pas de détails.- ?? mars 1672 : très violent.- 13 février 1686 : pas de détails.- 15 décembre 1689 : pas de détails. Un navire jeté à la côte.- 1er mars 1691 : l'escadre de Duquesneest à deuxdoigts de sa perte.- 20 décembre 1709 : cyclone au nord de Saint-Denis. Fort vent et grosse mer.- 27 décembre 1709 : cyclone à Saint-Paul (vraisemblablement bordure d'uncyclone passant au large Sud-Est de Bourbon).- 1er avril 1718 : violent. Récolte de café presque totalement perdue. Pluiescycloniques considérables.- 25 janvier 1723 : violent. Inondations pendant quatre jours.- 23 décembre 1723 : peu de détails. Navires endommagés.- 3 février 1730 : terrible.- 4 février 1731 : terrible à l'île de France, moins violent à Bourbon.- 15 février 1732 : pas de détails.- Il décembre 1733 : vent nord à Saint-Denis. Deux navires jetés à la côte.- 22 décembre 1733 : un navire perdu en mer.- 10 janvier 1734 : pas de détails.- 25-26 janvier 1734 : violent. Pluies diluviennes et inondations jusqu'au 29.Les quatre ouragans ont été suivis de huit mois de sécheresse.- 22 janvier 1736: suivi de fortes pluies jusqu'au 10 février. Fortesinondations.- 13 février 1738 : violent. Vent de Sud-Est.- 13 février 1743: peu violent. Débute par vent du Sud. Cyclonevraisemblablement passé à l'Est de Bourbon.- 9 janvier 1744 : le centre passe sur Bourbon. Vent du Nord puis du Sud.- 19 janvier 1746 : le vent débute de l'Est, tourne au Nord, passe à l'Ouestaprès accalmie et finit au Sud.- 16 février 1746 : courte durée mais violent. Gros dégâts aux cultures.- 6 avril 1746 : vent de secteur Nord à Saint-Paul pendant douze heures puisaccalmie. Un navire portugais est jeté à la côte à Saint-Paul.- 26-27 mars 1752: grande violence, vent d'Est. Cultures dévastées.Destruction du port Labourdonnais construit en 1735.- 12 mars 1753 : violent à Saint-Paul. Grandes avaries aux navires de laCompagnie des Indes sur rade.- 10 janvier 1754 : vent débutant à l'Est, tournant progressivement au Nord-Nord-Ouest, puis route subite sur Sud-Ouest.- 19-21 avril 1754 : violent. Dure trois jours, dévastations générales.

180

Page 191: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

-9 janvier 1759 : dure vingt-quatre heures. Vent d'Est puis Nord.- 5 février 1759 : dure treize heures. Dégâts sérieux.- ?? janvier 1760 : trois cyclones passent entre l'île de France et Bourbon.Peu de dégâts à Bourbon (27 et 28 janvier, perte des navires en rade de Port-Louis).- 1er février 1760 : violent. Dure vingt-quatreheures. Vent du Sud, puis duNord (cyclone dévastateur à l'île de France).- 1er février 1761 : ressenti à l'île de France et à Bourbon. Dure vingt-quatreheures. Vent du Sud, puis du Nord.- 1er mars 1761 : pas de détails.- 17 février 1762 : coup de vent du Nord.- 12 février 1764 : violent. Dure quarante-huit heures. Vent débute du Sud àSaint-Paul.- 15 janvier 1765 : dure seize heures. Vent du Sud.- 20 mars 1766 : le vent du Sud dure soixante heures.- 22 novembre 1767 : coup de vent modéré à Saint-Paul.- ??????????? 1768 : aurait été peu sensible à Bourbon mais violent en mer.- 28 novembre au 2 décembre 1770 : très violent. Dure trente-six heures. Ventdu Sud-Est (décrit par Bernardin de Saint-Pierre dans « Paul et Virginie »).- 1er février 1771 : dégâts dans la région de Saint-Pierre.- 1er mars 1771: très fort. Destruction des cultures vivrières et grandsdommages.- 14 avril 1771 : complète les ravages des précédents, principalement dans larégion de Saint-Pierre où règne la famine.- 10 avril 1773 : dégâts aux cultures.- 13 janvier 1776 : coup de vent. Pas de détails.- 18 mars 1776 : pas de détails.- 16 ou 17 mai 1778 : un peu violent.- ?? décembre 1779 : la goélette le Fine perdue en mer par coup de vent entrel'île de France et Bourbon.- 19 février 1784: baromètre 723 mm. Vent du Nord. La flûte l'Utiledisparaît entre Bourbon et Madagascar. Pluies cycloniques et inondations.- 16 juin 1785 : dure vingt heures. Baromètre 748 mm. Vent du Sud-Est.- 15 décembre 1786 : pas de détails.- 9 mars 1788 : ravage des plantations. Vent d'Est violent.- 6-7 janvier 1794: pluies cycloniques avec vent du Nord. Débordementgénéral des rivières pendant neuf jours.- 16 novembre 1795 : petit coup de vent Nord-Ouest, Sud-Ouest, puis Sud-Est.- 16 avril 1799 : coup de vent.

ln Cyclones ressentis à La Réunion de 1657 à 1967, document du Ministèredes Transports - Météorologie nationale, Service de La Réunion.

181

Page 192: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE12

LES PROFESSIONS, L'ORIGINE GÉOGRAPHIQUE ET LE QUARTIER DE

RÉSIDENCE POUR CERTAINS HOMMES AU RECENSEMENT DE 1709

Nom et prénom Origine Quartier Profession

Aubert JacquesAngers Saint-Paul Menuisier

Boyer JacquesLa Rochelle Saint-Denis Matelot

Boisson Pierre La Tremblade Saint-Denis Maçon-MatelotBoyer Nicolas Bourbon Saint-Denis Charpentier-

MenuisierBellon Antoine Bourbon Saint-Paul CharpentierBautifre ( ?) Anjou Saint-Paul TailleurEstienneBoucher Pierre Nantes Saint-Paul MatelotChaman André Saint-Malo Saint-Paul Matelot

Cauzan FrançoisSaint-Paul Charpentier

Cadet Pierre Bourbon Saint-Paul CharpentierDugain Gilles Saint-Malo Sainte- Maçon

SuzanneDalleau J utien Le Mans Sainte- Arquebusier

SuzanneDelastre Jacques Ostende Sainte- Matelot- Voyageur

SuzanneDennemont Gilles Bourbon Saint-Paul CharpentierDesvaux Simon Picardie Saint-Paul MatelotElgar Thomas Londres Saint-Paul PiloteFontaine Hervé Bourbon Saint-Paul CharpentierFontaine Jacques Bourbon Saint-Paul CharpentierFontaine Jean Bourbon Saint-Paul CharpentierFontaine Antoine Bourbon Saint-Paul Charpentier-

MenuisierGonneau Pierre Nevers Saint-Paul SerrurierGuichard Ursule Port-Louis Saint-Denis MatelotGuigne François Saumur Saint-Denis ChirurgienGruchet Jean Lisieux Saint-Paul ArmurierHibon Pierre Calens Saint-Paul MaçonHoareau Estienne Bourbon Saint-Paul Charpentier-

Menuisier- Maçon-Cordier- Vigneron

Hoareau Jean Bourbon Saint-Paul CharpentierLauret Jacques, Nevers Saint-Paul TailleurpèreLauret Jacques, Bourbon Saint-Paul Charpentier-fils Menuisier

182

Page 193: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Nom et prénom Origine Quartier ProfessionLautrel Julien Bourbon Saint-Paul Charpentier-

MenuisierLe Beau Samson Tours Sainte- Co'rdier

SuzanneLe Roy Eustache Martinique Saint-Paul MatelotLéger Jacques Rouen Saint-Paul MatelotMollet Henri Bourbon Saint-Paul Charpentier-

MenuisierM ussard François Saint-Paul TourneurMussard Henri Bourbon Saint-Paul CharpentierNoël Georges Londres Saint-Paul HorlogerNoël Pierre Saint-Christophe Saint-Paul PêcheurPanon Augustin Toulon Saint-Denis CharpentierParny Pierre Bourgogne Saint-Paul BoulangerPayet Antoine Bourbon Saint-Paul CharpentierPayet Laurent Bourbon Sain-Paul CharpentierPicard Jacques Poitau Sainte- Matelot

SuzannePierre Jean Brabant Sainte- Matelot-Pilote

SuzannePitou Jacques Bourbon Saint-Denis MatelotPradeau Pierre Bordeaux Saint-Denis MatelotRault (Roux) Saintonge Saint-"Paul CharpentierAndréRiverain Victor Tours Saint-Denis GraveurRobert Edouard Londres Saint-Paul MatelotRobert Pierre Bourbon Sainte- Charpentier

SuzanneRousseau Louis Saintonge Saint-Denis ForgeronRoyer Romain Bourbon Saint-Paul CharpentierRuelle Claude Bourgogne Saint-Paul MaquignonTescher Manuel Portugais/Indien Saint-Paul ChirurgienTouchard Paris Saint-Paul Homme de verre?AthanaseTouchard Estienne Bourbon Saint-Paul Charpentier

183

Page 194: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 13 - LES UNIONS ENTRE FAMILLES

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

BELLON Jean DENNEMONT LAUTREL LACOURARNAUD BEDA FONTAINE CHASSINAntoinette

ROBERT TESCHERFOLIO FONT AINECADETTURPINBOUCHER

BOUCHER GONNEAUFrançois

BERTAULDROBURONDUBOISGONNEAU

RICQUEBOURG HIBONMUSSARDBAILLIFHIBON

BACHELIERROYER Guy HOAREAU

ELGARMARTINPAULET LAVERGNEAVRILNOËLRIVIEREDESV AUX TOUCHARD

MOLLETLE BRETON MUSSARD

KERZOURZOCOUSIN

GRUCHET MAUNIERMERCIERHOAREAULEVEQUEBOUTSOOC

COLLIN ROBERTPierre ALT??????????..........

PICARD ANGOTPLAUTRE

184

Page 195: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière- petits-enfants

DENNEMONT LAUNAY NATIVELHervé BELLON NATIVELPILLELéonarde

CADETFONT AINE CLAIN PAYETJacques PROU FONT AINESANNEMarianne

NATIVEL COMPERELAURET DUGAIN

DAMOUR MOREAUVIDOT CERVEAU

LE ROY FERVIEREHOAREAU

BELLONHOAREAU

FOLIOPAYETDIJOUPAYETPAYET

GOUREAUHOAREAU

PAYETPAYETCLAIN

NATIVELROBERTROBERT

LAURET BLOQUEMAN NATIVELBELLON HAIRMONTMINIER LEBON

FONT AINE HOAREAUL'EPINAY DUVERNAY

NOËLHIBON Pierre RICQUEBOURGLACROIX RICQUEBOURGJeanne

COLLETBAILLIF LAUTREL

RICQUEBOURGGONNEAU

185

Page 196: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

HOAREAU PAYET MUSSARD FONTAINERenéBAUDRYMarie ROYER CADET FONT AINE

TOUCHARD PAYET BOYERGRONDINGRUCHETFONTAINE

PAYETMILLETNOËL

FONTAINELAUNAY DENNEMONTGilles AUBERT FOLIOCAZE Anne

DELEVALMOLLET DALLEAU GUICHARDClaude MUSSARD DESFORGESLA CROIXJeanne

DESV AUXHOAREAU

DUHAL ROUXPANON

MUSSARD MOLLET HOARREAUFrançois RIVIERECOMPIENNEMarg.

PANONLE BRETON

RICQUEBOURGPARNY DEGUIGNE

SAINT-LAMBERT de

GONNEAU RIVIEREBERTAULT

BAILLIFMOREL

BOUCHERBOUCHER

ROYER MALLEAntoine VIDOT MATIE deTEXIERMarguerite

186

Page 197: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

BOYERFONT AINE

LAURETVILLEMAN MAILLOT

ROUSSEAUBOYER

MARTINRICHARD VILLEMAN

DUMESNIL CALVAIREJULLIAC

TOUCHARD PAYET DESVAUXAthanase LEMERCIERHOUVEElisabeth

HOAREAULAUTRELLAUTREL

GRIMAULT GUICHARDRUEL

LAUTRELARNOULD CARONDenis BROCUS BLOQUEMANMAHOU Marie

GRONDINCARON Louis DANGOTPERERA FONT AINEMonique

CLAINNATIVEL

PAYETARNOULD

RUEL GRIMAULTCHAMAN PAYET

PAYET

CARRE Jean PRADEAU PASSY deCHA TELAIN DEGUIGNE PARNYFrançoise

LABAUMECAUZAN Paul PAYETCAZE Anne

DALLEAU GRONDIN BOYERJulien GRONDIN BOYERFONDESLouise

187

Page 198: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

DANGOTNATIVELMOLLETMAILLOT DAMOUR ZUET-FEGUE

DANGOT GUICHARDTURPIN DAMOURBRUN TESSIER

TEXIER VILLEMANHUET

DEYBLERIVERAIN SALLIER

ESPARRONGRONDIN

NATIVEL LAURET DENNEMONTPierre CARON HERAULTSOLO Thérèse RIVIERE PITOU(VARA CHMarie)

DALLEAU DENNEMONTBLOQUEMAN BROMET

LAURETFONTAINEGRONDINTESCHER BOYER

TARBYTARBY

GROSSETCOMPTON

ROBERTCADET RIVIERE

LAUTRELPAYET

BELLONFOLIO HOAREAU

BALMANEDENNEMON

THOAREAUMADIRANHOAREAUAUBERT

188

Page 199: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière- peti ts-enfants

PITOU Antoine NATIVEL GRONDINTOUTTE LE BEAUMarie

DAMOUR MAILLOT DELATTREGeo rges MAILLOTTOUTTE

MarieDALLEAU

BOYERROBERTDUGAINMASURE

AIMEDELATTREFONT AINE

NAZEROBERTALLIET

DANGOT ???? ROBERT TURPIN? CARON????????........

MAILLOTDALLEAU

TURPIN

PICARDMALLE de

GRONDINEtienneSIARANELouise

ARNOULDNATIVEL RIVERAIN

LE BEAUSamsonDE ROZAIREDominique

DUGAINROBERT

TURPINHOAREAUDALLEAU

SALLIESALLEAUDANGOTMAILLOT

PARRY GUICHARD

189

Page 200: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

FONT AINE GRONDINPITOU DANGOT

TURPINMARTIN VILLEMANPierre RICHARD VILLEMANCOULLONNicole

ROUSSEAU VILLEMANLAUTREL LAVALHOAREAU CHOPPY

TOUCHARD FONTAINEGUICHARD BENARDHOAREAU FONT AINE

ROBERT FONTAINECAUZAN FONTAINE

HOAREAU FONTAINECHAMANTCARRON

CHAMANTLAURET

BOUCHER BELLONJUSTAMOND

TESSIER Noël MAILLOT AUBRYMOUSSE Anne GUICHARD POIRIER

MAILLOTLE BEGUEDE COTTECRONIER

BOYER ROBERRT DALLEAUGuillaume ROYER DALLEAUNIELAGeneviève

DAMOUR PIERRETVIDOT

FIRELINBRUN Jean MAILLOTHAAR Anne PERROT DUHAMEL

VALENTINCOLMELENOIR

ARNOULDCLAIN Jean-Macaste FONTAINEPROU Hélène FONTAINE

DUGAIN

190

Page 201: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

ESP ARRON LEGER BAILLIFMichel BACHELIER BELLONCRA TELAINFrançoise

RICQUEBOURLAUTREL PAYET YANSEGaspard MICHELRABEL Sabine

TOUCHARDTOUCHARD

ROBERT BOYER FOURDRIUSJulien DANGOT BOYERCAMP ELLEPerrine

COLLIN LE BEAUDAMOUR TARBY

PAYET TARBYMUSSARD LEGER

VINCENDEAU DU LAUROYDAMOUR LE ROYGARNIER LE ROY

BRIANVINCENDEAU GARNIERVincent ROBERTFONDESLouiseDUGAIN Gilles CLAIN TESCHERMOUSSE DAMOUR TESCHER(CAZE) Cécile

TARBY ROBERTJOUSONYANSE

DUMONTFONT AINELE BEAU

PANON CARREAugustin DUHALCHA TELAINFrançoise

MUSSARDGRAIL

CAILLOUDERBLOTTIERES

191

Page 202: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

RIVIERE HEMER YHen ri MUSSARDHERONThérèse

CADETGONNEAUNATIVELNATIVEL

GARNIER ??? COLLINVINCENDEAU ROBERTMoniqueGUICHARD TURPINUrs ule BOULOTHERAULTCatherine

TESSIERPAYET

GRIMAUDROBERT

MAILLOTDROMAND MOREAU

LEGER VILLARMOYJacques DUGUILL YESP ARRONMarie

LANUS deROUX

ANNEXE

Pionniers Enfants Petits-enfants Arrière-petits-enfants

RIVIEREFrançoisHERONThérèse

ROYER

192

Page 203: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~(1)

.~::s

Ci

0:::~~

~::JCI

~~VJE---Z(J..)

:E(J..)VJZt.IJUt.IJ0:::VJE---Z

~.(J..)~~o><::J<éVJ

~ffi~I

<~.".....-I.".....-I

~t.IJ

~<

~~o~~~o~ao.~o~~~~~o~3~

~~~~o~~E ~~Eoo~~~E~ooo~~~=~~~=~~~==~~~~~=

ëa~o~

O~~OO~~~~~OOO~~~~~.".....-I .".....-IO~~OMOOO.".....-l .".....-l .".....-lO~~MN .".....-I.".....-I .".....-I .".....-I .".....-I .".....-I

]O.".....-l .".....-l~N~~ ~~~oo~~

o ~~~~~~~~~~OO~~ I ~~NO~~~~.".....-I .".....-I M.".....-I.".....-I \.,~ ~ NNN~.".....-I .".....-I

en~C~ ~~~M~.".....-I .".....-I N~O~~~,~ . I ~ ~

""

\C I N .".....-I.".....-I0 ~__ ~

~~~~~~~~~~~~\'I~ .".....-I.".....-I.".....-I.".....-I.".....-I

~

~~

I~~~~N~~~~~.".....-I .".....-I ~~~.".....-I .".....-I

OON~:~~~~~~~~ Is:~Sj~~~

]O~~NO~OO~~~~~O OOO~~~~

~~~~~~~~~~:::~~~I ::!:N~~:::~

:Q)U

,~N~O~~~N~~IN.".....-I .".....-I

(1)

en> I~ I~~~.".....-I .".....-I .".....-I

(1»~

3""C<~

>

I::!:::!:~~v)~

:::.".....-I.".....-I

I N ~ I .".....-I.".....-I~I N I ~ ~

~~N~~~OOOOOO~O~v)M ~~oo~oo~rn~~~~~~.".....-I .".....-I .".....-I

I ~~V)oo~~

~ ~~OOOM~oooo~OOOv)~ I O~~N~~rn~~~N~~.".....-I .".....-I.".....-I .".....-I ~~~oo~~

(1)

]~~~ ~~ ~~ ~

~o~~

~~~~

o 11'I~ 0~ t'--~ ....c

~~~~

193

Page 204: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~cu.~~

CI

('j cu ~._ ..: ",,('j cu ~._ ..:~o'1~=~o'1~=~~2~o~' cu~or/J r/J

r/J\I.J

=r/J û5û5 r:/J =

~~o~

t--V)t--~t!0\t--V)~:!\_-+-

1_ 1_ 0 \",.......of,.......of ,.......of

\O~t--~M'-"" -~

~O\O\O\v)~O\N.-\Ogg

~OOv)[,-\O~[,-ONOOQO

~~N"","N~~~[,-~~

(/)~S:::~~O\~OI/)\Ot--OOO~

~.['-,.......of ,.......ofM

s:::Cf),.......of ,.......of ,.......of ,.......of ,.......of

~

~~O\OV)t'~V).-OOt'~ ~V)~~~V)OOOO\C)cz)N,.......of ,.......of ,.......of ,.......of

~OO\OOOOO=OV)""'"t--~~NO\o""'"I/)OOV)OONM~NNN,.......of ,.......of

~U

cu(/) >cu>

~

~"'0<~

>

'OOt--['-~Nt--\O~O\~::OO::\O~~~~~~

~OO\O,.......of ,.......of,.......ofOOt'~,.......of,.......of~~t--NO\r/J,.......of,.......of,.......of,.......of ~ N.-\C)

cu

]~~

I"-~

MI/)

I"-~

en:.a

~C,)

V) ~g~~ca (1) V)

E C,)"tU

~~lSV) _ ,,~

~~~V) 0 ~~ ~ s:::- s::: 0

.5 ~ ~~.ô ~a r/J C{lV)

en ;;<

ô'a ~

~j~~~~(1).5 I

a~ ~'p

~"" ~~~tU~ (1) ~g. 9 V)

~ ;;< (1)

"".-;>

-~""5~]o <I) tU~S:::~

n ~]~ ~ ~~C1:.a~~B5.t;

~E ~'ô(1)

(1)V)

V)N ~

5'QJ 5

~ ~n ~~.~ ~""

c:: V)

~ë~&~:-:::._ c:: Eëa 'a V)

~ .~ r/J ~

~ \3~ °ë

].~ c ~n .

';; ~ ~ ~~.5 ~ g~ ~ ~ cat.) ~ .5 Ec tU

""I

~ëar/J ~'.

;>~""

;>

~~B..:s~ ~ ~ ~~ ~ .~ ~r55o~~

194

Page 205: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~UJ~~::JCI

~ClotCI)E-ZUJ~UJCI)

ZUJU

~CIJE-ZUJ~

'UJ~f::=o~::J<CIJu..J><:~uCI)

u.l

t:Q

~~

~u..J

~<

t ~~O~;o.~O~~~O~~~~~ ~~~E ~~Eo~~Eoo~

ry oo~~~=~~~=~~~==~

~~o~

OOo\tr)O~O\OV)~OOO\O~~~~~~:!~~~S:~~t:1:::0~N

~ ~~

Cd(5~

OOtr)~N~tr)\O\Ot'---OO t'---OOM~~OOM~~t'-V)~~~t'~~f:::

~O~I~

It'-Or-~t'-N~=

r-I NM

en

]~C~~

I;;:::r-~I~

IN~

~cz)

I~O\~~IM

I 0N

]~V)~N~OO\OO\f'I")OO t'OO\OOOOO\OOM~t'-v)Mt"--\OOr-\Cf'I")~~ ~ f'I")~ NM~ ~'I')~

en

~~t"--\OM t"--V)~ t"--S:tr)N~~N~cz)N\ONOO~V)~OOt"--~M ~~~<

~t"--~ ~ ~ ~ M N ~ '£ ~ tr)t_ f'I")t"--~

~ 'l') ~ \0 N M ~ ~ M ~ N \0 ~I ~~~<1)

!

o~\C~

00ot"--~

,....,....

t"--~

f'I")~~ ~

t"--t"--~ ~

I.()

CIt'---.....c

195

Page 206: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

tro::s

CI

roQ) ::s 0 ...: ~ Q) ::s. _

"':,..,roQ) ::s. _

...:~o'1 ......:J~=~o'1~=~~B~o~ I b~o~ I Q)~O

C/JC/JC/JC/J=rJJ(J5(J5C/JCQrJJ(/5(J5C/J=

~~o~

t"'--r1')r1')OO~Or1')......c ......c

t"'--Nr1')r1')I"-~r1')t"'--O\tf")r1')r1')Nr1')MOO ......cV')V')O\tt)oo~Ott)

NN ......c......cr1')r1')r1') ......cV')r1')~

~~oE-

00 N 0\ ,,' ~ r1')00 ~ ......c~ r1') ~ ~ 0\ ~O\~N~~N\ONOO

t"'--t"'--N......cr1')t"'--r1')O\~ooOOOV')N~NN~tf")N \CNr1')N ......cr1')N~

----'

oo~-:::!: \COO~O___O\-:: 0 ......c

-.J\oJ

, N ......c

tf") 00 V') V') 0\QC)

~~~~~I"-~O~~tf")OON\OQL""

~ tf")......c ......c ......c ~

CI)

E 1"-0 ~

~~~~~~~~g~~~\O~~~~~C/JNN ......c......cr1')~~V')r1')~

~00V') V') N r1')~ N ~ V') 00 ~ 00 ......c r1')\0 ~

~ ......cQ\OV')V') ......cO\ ......ccz)r1')r1')N ......cr1')~\OV')t"'--r1')M

~~~oo~~:!~~g~~~[!~;Ot'-....~\oO'\\OO\OO\OO\r1')NO\t'-tf")

~""""''''''''''O'\\o'''"......c \CNNN ......c

CI)Q)

MN tt)NNlr)N~

~~~~~~~o~~~~:!3~0~"'OC/J00V')lr)r1') O\O\O\~ 00~ M tf")~ ~

. QC)N~oo tt)r1')ooO\O

Q

~ N ~ V)t"'--

Ir) ~ ~ r1')......c

t---~ t"'--0\

"

, ~O~N ......c ......clr)~o\

C/J0\ \0 ~ r1')

N ......clr)

tf")\oJ

,

~

Q)

]~~t---~

NIr)t---~

tf")

tf")

t---~

196

rJ5

:a:::::: u~ ao ij3~ d ~

S 8 ~~~~~rn _ U~~:grn.8~

..s c:: c::g==' ~.- .i:::~

~~~rn rJ5 ><cun's ;a~ 0 n

u~~~ .5 ~

s~i:',= ..~ 'ta~t+-4C1')

"3 ==' cu0..0""C:So 9 V)

0.. ;< cu~;a~30]000o..c::~

C"fÎ a 'SC'f')N..c::~

==' ><- CI'),_

~B~'.J c:: .Bê:: 'ta a° CI') ;<S ..~

'ô~ ~ rn

5 'OJ 5~ ~ UM n ~

~'â ff~ ë ~=='

I =,~d 'ê~ 'ta rn, ,i::: CI') cu

~ c::..~ :::

~ ~~ ~~ .~ c::~

$..c n

';; ~ ~ y)

~ ,S &: s~~i:~C'J

g 'CdEc ~ CI') ~s;:> ..~ cu

C'J~~~~ ~ a ~Si a ;<

°r550 '~ 3

Page 207: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~ooë:2

,~~

~~z~o~-:J~:J

~E-Z~~~CI:)CI:)

ô~uu<:r>o

><:J<:E--«

V)......--I

~~

~<

~o

o '~'~ C:::3 0

o~o

~

CI) CI) CI)CI) CI)

CI)a a a a a a('fj('fjN~:::OO

o

:DeoCI)

~~

\0 0\ ('fj 'o:::t"V) 0\ ~

0\1"-

\0 0\ 00 0 V)

v) -6 'o:::t"r>

\Or> ~ ~r> ('fjr>

o

:DeoCI)

~~~> CI)

<~~~u ~r/)~~

~~~~~r>~~1"-r>1"-r>\Dr>r-:~ ~r>

('fjr>

00 00. 00 V)

v)N

CI)

~N3~"'d0\<

~ 0\.V)\D

('fjr>~

o:DeoCI)~

~r/) CI)

~~c:o~1-1 ~~~

'ONOOOOO~OOOdN~\D('fjO\Nv) 1"Or> ('fjr> ...D 'o:::t"

r>('f 'o:::t"r>

~V)~1"-0000

1"-.-

1"-. V) ~ 00

v)oor>~ ~~M

o"'do'£::"0~

~~~~~'~o

..~oV)oo.-~('fj'o:::t"N"\:$0\00.-~('fj'o:::t"V)~1,,01"-1"-1"-1"-1"-1"-1"-0:::~:::::: ~~~V)OO,-('fj('fj"'d"NO\~oO ('fj"'d"v)1"-~1"-1"-1"-1"-1"-1"-1"-1"-!;,;)~~.-~ '-:I... ~

c55

CI)

~('fj('fj1"- OONO3('fjNN .I"O~O\

~'o:::t"('fjN V)N~

~~

~\:$!;,;)~

~

197

Page 208: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 16

NOMBRE D'ENFANTS ET D'ESCLA YES DES NOUVEAUX

COUPLES AU RECENSEMENT DE 1733

Familles à « n »enfants esclaves Enfants Esclaves

0 44 121 39 3 39 32 41 7 82 143 30 8 90 244 19 Il 76 445 18 8 90 406 13 10 78 607 6 15 42 1058 4 12 32 969 4 14 39 12610 12 120Il 4 4412 8 12 9613 6 7814 8 11215 7 10516 2 3217 5 8518 5 9019 5 9520 4 8021 2 4222 2 4423 2 4624 9 21625 5 12526 5 13028 2 5629 3 8730 1 3031 1 3133 1 3334 1 3435 1 3536 3 10837 1 3739 3 117

198

Page 209: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Familles à « n )}enfants esclaves Enfants Esclaves

42 1 4244 1 4447 1 4752 1 5253 1 5358 1 5861 1 6166 1 6681 1 8187 1 8794 1 94

Total 219 219 580 3 305Sources: nos dépouillements.Nos ca/cu/s.

199

Page 210: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

Normandie 22Angleterre 45

35Angers (49) 24

3129

Bretagne 26

ANNEXE

ANNEXE 17 -COMMANDEURS PAR QUARTIER AU

RECENSEMENT DE 1733

Noms et prénomsSaint-Paul- - Pierre- - Michel (forçat)LE KOUAGUE BastienMARCHANT JeanBOULANGER - -DESPLACES --NICOLLE Jean--Pierre--Guillaume--MichelBEAUSOLEIL - -SAINT-JEAN - -GAURAND - -LADOUCEUR - -JOEKEMAN JeanGALLAIS JeanTREMERGAD --VERAND JeanBIEULEU MichelFONTAINE MichelLAGOURGUE BernardLHEURE - -Saint- Louis- - JeanLAMOTTE LouisBOYER Louis AnnetteTALEC MathurinALOTIN LouisSaint- DenisCOUTTANCE --THOINE - -FROUCHETEAU - -DUBOIS Jean (forçat)CHATEAU - - dit LAGRANDEUREMERY RenéCOLLET --

Origine Age

La Flèche (72) 42Rennes (35) 30Guidel (56) 30

Bretagne 22Bretagne 30Bretagne

Saint-Germain 34Bretagne 37Bretagne 17Bretagne 30Provence 57Bretagne 34

Saint-Malo (35) 5530272525503447

Lectoure (32) 3425

IndesBretagne

Basse BretagneAgde (34)Laval (53)

Bretagne 31Tours (37) 32Tours (37) 25Bretagne 40

Saint-Malo (35) 22

200

Page 211: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Noms et prénomsLARUE----JoachimSainte-SuzanneMALLET Joseph Vitré (35) 23LAFLEUR Jean-Baptiste 28FLEURY - - Pondichéry 33

Sources: nos dépouillements. Dans les origines figure,entre parenthèses, le numéro de département actuel des villes citées.

Origine Age2530Portugal

201

Page 212: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 18ARRIVÉES À BOURBONSELON LE LIEU

DE RÉSIDENCE AU RECENSEMENT DE 1744

Année Saint-Paul Saint-Pierre Total Cumul1689 1 1 11690 11691 11692 11693 11694 11695 11696 11697 11698 11699 11700 11701 11702 11703 11704 2 2 31705 31706 31707 31708 31709 31710 31711 31712 31713 31714 2 2 51715 4 4 91716 1 1 101717 1 1 Il1718 5 5 161719 161720 171721 171722 1 4 5 221723 1 1 231724 3 4 271725 271726 1 1 281727 2 3 31

202

Page 213: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Année Saint-Paul1728172917301731173217331734173517361737173817391740174117421743Total 44 19

Sources: nos dépouillements.

431622

Saint-Pierre Total3 33 71 4

1822

2

203

63

Cumul344145465456585859606061626263

Page 214: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~~t'-.....-cCIJo~

ffi~CIJ

CI'.)

ZCIJ

U

~

CI)CI) Q)

~ ~0..-

"'Q) (.)f,...c CI)

U~

CIJo-<z

'CIJ

~u.Jo~CIJ

::r:u~oCIJ

~CIë2o':..Jzo~u.JCI'.)

CI'.)CIJ

>-<~uCI'.)CIJ

Ô

~c:o~oZ

co CI)

..QQ)

s ~0"-eo ~CI)~f,...co

..cCI)

"'Q)z

0"\.....-c Q)f,...c

~ ..Q

u.J e~ Z<

~e::sU

1~~~~~O"\~ .....-c~~~~~~~~~~~~;~~~~~~~N~~~~t'-

I~~NO~~~OONO~~~~~O~~~O.....-c~~t'-~O"\~~~~~OO~~~

.gQ)

~~~~~~Ot'-~N~~~O"\t'-~~~~~~t'-~Q)

"'v

~ .....-c N .....-c ~ ~ .....-c .....-c .....-c ~ ~ ~

o s

~e::s

U

NNN .....-cO"\~O~~t'-~~~I~~~~~~~~~~~~~~G~~~OO

I~~~~OO~N~O~~~~~~~OONO.....-c .....-ct'-~~~~~~~~~~OO

.g Q)

~~~~t'-~t'-~~~O"\~~~~~~~~N~OO~Q)

"'v

.....-c .....-c ~ ,.--,

o s

O .....-ct'-OOO"\~~~~~~~~~~

204

Page 215: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

r.n

r.n 0)

~ ~0...-

"0) Ua-. r.n

U~

co r.n

..D 0)

S ~0"'-

eo ~r.n~a-.o

..cr.n

"0)

Z

0)

a-...DeoZ

:;e:::s

U

M~M~~~M~~~OO~O~MM~~~~M~~O~~~~~~~OONNOON~~~O~~O~NOO~~OO~~MM~~~~~~~~OOOO~OO~~~~NNNNNNNNNNNNNNNNNMMM

~OON~ON~OOOOO~NOO~N~tr)tr)~~~M

~ 0)

~~~~~~NNN~NM~0)"0)o e

:;e:::s

U

~~~OO OOOOONN~~MM~ M~~OO~OO

N~~ M ~N~N~N

~OO~NN~~tr)OOOO~~OO~~~~MNNNNNOOOtr)Otr)OM~~~O~O~~~N~~~~~~NMM~~tr)tr)~OOOO~~OO~~NM~~~~~~~~~ ~NNNNNNNNNNN

~N~OOON~~MO~~N~~~~NOO~~M

~ 0)

~~~~NNNN~M~N~0)"0)

Ô e

~ootr)~~N~~~MM~~M

MN~~N~~

~NM~~~~OO~O~NM~tr)~~OO~O~NMNNNNNNNNNMMMMMMMMMM~~~~

205

Page 216: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

CI)CI) Q)

~ ~0...-'Q) U

"'"'"

tI'JU~

t::o tI'J..c

Q)

9 ~0-co ~

tI'J~

"'"'"o..c

tI'J'Q)

Z

Q)

1-c..c

EoZ

:;E::su

~~~~~~~OO~~~~~~~~~~~~N~~~oooO~O~~~~~NNooooooooOO~N~~NM~~M~~~~~~~~~~~~~~OO~~OMMM~~M~~~~~~~~MM~MM~~M~

00 000 ~

~ON~~~~~

\0 0:::

\0~OOO'\o\O\O~~

~ Q)

~~NNQ)'Q)

o EN~~~......... ~~ ~ ~

:;S::s

U

OO~~O'\~~O'\~~OONN~~N~OOOO~~OOOOooo~~~~~~~""""'~~~~""""'~~O'\N~~~O~~OOO'\~O'\~~~ON~~~~~~~~~~""""'NNNNNNNNNN~~~~~~~~MM~M~~

OOO~~OOoo~~~~

V)~~ ~ ~N~O~~~OV)~::: ~ ~~\O~~~~~

~ Q)

~~N~~""""'~Q)'Q)

o 8

~~N ~~~N~NM~

~v)~~OOO'\ON~~~~OOO'\O""""'N~~~OO~O~~~~~~V)~~~V)~~~~\O\O\O~\O\O~~

206

Page 217: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

rnrn (1)

~ ~0_"(1) (,)~ rn

U~

t::o rn

J:J (1)

S ~0-ÇQ ~rn~~o

...c=rn

"(1)Z

(1)~

J:J

eoZ

=s=uMMMM~~~~MOOOOOOMMMMMMM~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~NNM~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

N~

M~~

~00

\0 ~0\ 0\

~ (1)

,~ ~-t::~(1) "(1)o s

3e=u

oo\O\OO\O\~O~~~~ON~~~~MOOO~NN~O~O\O\~O~M~~~~NN~~~\O~~~~OOO~NMM~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

ooOM~~oo

O~f'\I~OOO~N~~~~~~

~ \0 ~oooo~

~ (1)

~ ~(1) "(1)o e

~ N~ ~~~~~

o ~ \0 \Or---- 0V1f'\1tr10Moooo~~oo~oo~oo~~~~~~~~~~~

207

M~V1~

r----0\N

ooooM\OO\t!~~~~

~\..)

........~\..)

~

~;d

0\ ~M ~

N E~.................~c

,~~~c

"ta s:~ ..o ~~ ~\..)

~~

~

Page 218: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

UJUZUJ8r:/J

'~UJo::>UJ::JUJ~Zo~UJr:/Jr:/Jc:GNUJV)-r-

~;::- ~~~

~~0 .....-1

r:/J ~

~~o ~ffi ~u ~r:/Jr.f.)~o Z

~r.f.)u

~ ~r.f.) ;><~

:::>~ <~ur.f.)

üJ

<oN

~~

~

CI)

o

~U

o CI)

t::Ç.LJo~

I

"0'arJJ

CI)

o;;>

o..:g

~MN~

C/'J.Io.....,c=

'aC/'J.

CI)

o;;>to;:S

CI)].a Ç.LJo

QI.....,

c=.taC/'J.

CI)

o~

U_ CI)

~Ç.LJ

~I

.....,

c=.taC/'J.

C'II/')°ot'

""0

_~ ~o

'0"""..c=s"""Ut'-

C'Ioo~

""0_

~ ~o

'0__

..c=u c::!'"~r!--

C'I~o~~~-o

'0o~~l'--

C'I~o~CI) to;:S-

~ c=o'0

"""..c=s"""Ut'-

soZ

C'II/')t'

""""""l'--

C'II/')t'-"""

I/')"""00 ~o~II') -

C'III')

l'--""""""l'--

C'III')

t'

~ t'l'-

~-

~~

~N-

--

t'"""C'I-ggl'-

O"\C'I

\0 -\0 C'II/') ~

"""0"\

t' -~~ II')

~~~

~~N

-1I')t'~N-

"""::I/')N

I/')~

-o~ 00o-

--- N """~N

t' t---N I/')\0I/')

"""N

-t---~

II')

NN--:!oo

-~

~ ~- N-N t--- 00

o~

~0"\

--~ ~"""

t'N-

-.:::t 00 -00-t'- o

I/') 0

"""N~-"",,"""00- -I/')t'

- \0.....,

c=""00-0""0

""0 c= ~ S ~ S 0c= c= .5 ~

~ c= ~ ~ ....., c=to;:S c=

to;:S0 to;:S0 ~.-0""0 c= ~ c= to;:S

o ..9 ~ u c=~ 0 N .5 ~ ~ SbJ) ê ] .a s c= 0 a (1) c=

E~082to;:Sa~..:go~to;:S~0~s~8~o~~<~~~~uuuuuooooo~~~~~~~

208

Page 219: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

CI)~

?d

"û~ CI)

t::~~

ël:I

~c::.ar.n

CI)

~

>~,.:g

~MN::sr.nI

~~c::.ar.n

CI)

~

>~CI)].a ~~o

I~c::.ar.n

CI)

~

~"û- CI)

~~~

I~c::.;;rfJ.

~V) 0\r- r---.:::t-.:::tv)r- \D-~

~ ~ 00

""tj"'IJ_

~ ~~ ..~

-.:::tfSst!-.:::t-

~v)

r---.:::t-.:::tr--~

~~~""tj -~ ~~ ..~

-.:::toa~-~v)

r---.:::t-.:::t

r----~

~~~~~-~ ..~O~~ r--

~O\r-r- M-~r-oor- ~-~

~~~Mv)~~-~ ..~

-.:::toat!~--

aoZ

\D~ .~

~M ~-.:::t...

!:::S

~;::

-.:::t~M 8

~::s ~

'"tj~~.

5-4a~~:ë ~[) .~ "5..~ ~ S ~>.~::s= g ~:...o ~ 0 ~ .- s:: ;::s~~~»~r.5J

o-~~~tr) -.:::t_

'I."t ~

~008M~- -NMMN~

N--.:::t-~

-.:::t\Do00

NV)

~r-~r--

-tr) v)-- O\~;:-.:::t0\ M

0\ - - -- ~-.:::tr-

v) -.:::t ~-.:::t\D

r-\.O~-.:::t

-.:::tM

-.:::tM~M

\.0- or-

r---~ ~

0\ ~ M

~v)Mr-oo-.:::t-.:::t

00 v)

~ N

-0\ M I:'--Ir')M-.:::t

M0\ -.:::t-

--NNM oo::tv)

--.:::tNoo::t \0 N

5-4::s;:su '"tj ]

~â)~5-4oc::~aâ) ~ t:~ 5-4 ~ ~ - .- ~ CI) > ~::s::s ~3 :5 co~ :a ~ ~ ~.;j:Q) ~ 0 g' ~j j ~ ~ ~ ~ ~ ~ zzci: ~ ë2 bl)~

209

-- \0-0\

\D- -.:::t-.:::t\D

\Dr-

~v)

oo::t~o-o-00

v)

~--.:::tr-

0\00~

-\.0M

r--

~v) ~- ~~

~~':';:::~ ~

c~~

-.:::t~r--- ~r- c

~{j

~

Page 220: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 20 BNOMBRE TOT AL ET MOYENNE D'ESCLAVES DES DESCENDANTS DES

PIONNIERSAUX RECENSEMENTSDE 1744 ET 1752 DANSLES4 COMMUNES

TotalNom Chefs de Esclaves Moyenne

Ménage1744 1752 1744 1752 1744 1752

Arnaud 1 58 58Bellon 2 1 30 Il 15 IlBoyer 16 19 206 170 13 9Brocus 1 3 0 21 0 7BrunCadet 7 10 102 159 15 16Caron 4 10 89 70 22 7CauzanClain 4 19 32 19 8CollinDalleau 4 Il 31 103 8 9Damour 4 6 42 51 Il 9Dangaud 2 2 17 23 9 12Dennemont 2 3 27 35 14 12DuhamelFontaine 12 18 85 131 7 7FrémondGrondin 8 12 90 93 Il 8Hibon 2 5 88 145 44 29Hoareau 14 20 170 239 12 12JulienLaunayLauret 6 Il 72 88 12 8Lautrel 1 5 28 37 28 7Le Beau 5 9 31 64 10 7Le lièvreMaillot 13 18 163 264 13 15Martin 2 4 33 65 17 16Mollet 4 4 49 66 12 17Mussard 5 5 67 84 13 17Nativel 6 5 139 153 23 31Noël 5 5 50 72 10 14Payet 14 20 163 202 41 10Pitou 6 7 115 80 19 IlRicquebourg 7 7 209 282 30 40Robert 18 30 113 177 6 6Royer 4 4 42 75 Il 19

210

Page 221: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

NomTotal

Esclaves Moyenne

TessierTouchardValléeVincendeauEnsemble 182 259 2451 3003 13,5 Il,6

Sources: nos dépouillements. Nos calculs.

Chefs deMénage1744 1752 1744 1752 1744 1752

3 70 233 33 Il Il Il

211

Page 222: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 21 - DA TE D'ARRIVÉE À BOURBON SELON LE LIEU DE

RÉSIDENCEAU RECENSEMENTDE 1752Année Saint- Saint- Sainte- Saint- Ensemble Cumul

Paul Denis Suzanne Pierre17101711 2 21712 1 31713 31714 2 2 51715 2 2 71716 1 1 81717 1 1 91718 4 5 141719 141720 1 1 3 171721 3 1 4 211722 2 5 3 10 311723 1 3 2 6 371724 4 5 1 10 471725 3 2 5 521726 1 1 531727 2 6 2 10 631728 1 3 4 671729 4 4 3 Il 781730 1 9 10 881731 1 2 6 2 Il 991732 5 2 2 6 15 1141733 2 2 4 8 1221734 2 4 3 9 1311735 2 1 4 1351736 2 3 1381737 1 2 4 1421738 1 1 1431739 1 3 2 6 1491740 3 4 4 12 1611741 3 2 5 1661742 3 3 5 3 14 1801743 1 2 3 1831744 3 1 5 1881745 1 1 2 1901746 2 2 4 2 10 2001747 1 2 3 2031748 2 2 2051749 2 1 5 2101750 2 1 4 2141751 3 1 4 218Total 47 36 89 46 218

Sources: nos dépouillements. Nos calculs.

212

Page 223: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

ANNEXE 22

NOMBRE D'ESCLAVES SELON L'ORIGINE DU CHEF DE MÉNAGE

AU RECENSEMENT 1752

Nombre Nés hors Bourbon CréolesChefs de Esclaves Cumul Chefs de Esclaves Cumulménage ménage

0 39 491 22 22 22 40 40 402 16 32 54 35 70 1103 20 60 114 28 84 1944 7 28 142 24 96 2905 10 50 192 22 110 4006 6 36 228 19 114 5147 9 63 291 22 154 6688 6 48 339 24 192 8609 Il 99 438 17 153 1 01310 3 30 468 17 170 1 183Il Il 121 589 15 165 1 34812 5 60 649 14 168 1 51613 3 39 688 Il 143 1 65914 8 112 800 Il 154 1 81315 5 75 875 14 210 202316 4 64 939 10 160 2 18317 7 119 1 058 6 102 228518 8 144 1 202 13 234 251919 4 76 1 278 7 133 265220 5 100 1 378 Il 220 287221 1 378 7 147 301922 3 66 1444 9 198 321723 2 46 1 490 3 69 328624 2 28 1 518 6 144 343025 1 25 1 543 6 150 358026 2 52 1 595 3 78 365827 2 54 1 649 5 135 379328 2 56 1 705 3 84 387729 3 87 1 792 5 145 402230 1 30 1 822 2 60 408231 2 62 1 884 2 62 4 414432 2 64 1 948 3 96 424033 2 66 2014 1 33 427334 2 68 2082 1 34 430735 4 140 2222 2 70 437736 2222 1 36 441337 2 74 2296 441338 4 152 2448 441339 2 78 2526 1 39 445240 1 40 2566 1 40 449241 5 205 2771 3 123 461542 2 84 2855 461543 3 129 2984 461544 1 44 3028 2 88 470345 1 45 3073 1 45 474846 3073 4748

213

Page 224: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Nombre Nés hors Bourbon CréolesChefs de Esclaves Cumul Chefs de Esclaves Cumulménage ménage

47 1 47 3 120 2 94 484248 2 96 3216 2 96 493849 3 147 3363 1 49 498750 1 50 3413 498751 2 102 3 515 2 102 508952 1 52 3567 508953 1 53 3620 2 106 5 19554 3 162 3782 5 19555 2 110 3892 5 19556 1 56 3948 2 112 530757 1 57 4005 2 114 542158 1 58 4063 542159 4063 542160 4063 542161 2 122 4 185 542162 1 62 4247 542163 4247 1 63 548465 4247 2 130 561466 2 132 4379 1 66 568067 2 134 4513 568074 1 74 4587 568076 4587 76 575677 1 77 4664 575679 2 158 4822 575681 2 162 4984 2 162 591882 4984 1 82 600083 1 83 5067 600086 2 172 5239 86 608687 1 87 5326 608694 5326 2 188 627496 96 5422 627498 5422 98 637299 2 198 5620 6372100 5620 6372102 102 5722 6372107 5722 107 6479109 1 109 5 831 6479112 1 112 5943 6479113 1 113 6056 6479125 1 125 6 181 6479130 1 130 6311 6479148 1 148 6459 6479190 1 190 6649 6479262 1 262 6 911 6479

Total 308 6911 502 6479

Sources: nos dépouillements. Nos calculs.

214

Page 225: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

zof::<~::JE-c

~U.~0\"' CI)

t"'---U

t"'--- a;a5cE-Z~::E~CI:)z~u~~N

~~

2<

"a~oE-

ON('fjt-('fj~('fjO\O\\OOO~O('fj('fj~N('fjt-N~oot-('fj

tr)

tr)('fjONt-\O('fj\Otr)tr)t-Ntr)\O~('fj

.B~N~~~O\

~el)

ooNt-tr)oo\OO\tr)('fjtr)oo('fj\Ot-~o

~ ~ \0

~~~~~~g~~~N~~~O>

~ roUCI)

t:.LJ

oo('fj~O\O\O~~N('fjoo~ooO\Ot-

~~ ~\O

CI)el)

88el)~

('fj~ootr)Ooot-Ntr)t-('fjOoo('fjtr)~

~N~~~O\

CI)el)

8So~

N\O~O\Ntr)Ooo\OOO\O\O~t-oo~

~NN~~~

$..-4 el) ~ ~ $..-4

el) ._ 'el)<_ ~ el)

.~ ~~.ag~> .~

::s ~~~~&:ë2~3&Cf ~~~~~j0~

doE-

OO\t-\O~V")~N('fj~t-t-O\ooooo('fjt-~t-ooO\o~N~N('fj\ON('fj('fj

N

('fjNN('fj~t-V")('fj

~~~~~~~~8~ N~el)

t-t-\Ooot-\O('fj~O('fj~\Ot-oo~o('fjN('fj~oo('fj~O

('fj

~N~NN~~~OO\O~O\N('fj\ONNO

N

O\O~oo\o\otr)tr)~~('fj~('fjNNO\tr)~\OO\tr)t-t-~

tr)

CI)el)

S8el)~

\ON~~OO\ONt-N\OV")NooN~~~~Ntr)~N\O

CI)el)

8Eo

::r::

tr)00('fj~('fjtr)0\t-t-('fj\O('fjt-\O\O~OO\OO\~\O~~O\

~ N 00

<el)~"'.- 'el) <- ~~~.ag~>

~ r./'Jq el)

ro'- -I I <Cc:Q~~ .;g

~~~~~jS~

215

CI)..el) c::

p'o~-<a 1;)~ el)

0...-

1::~el)CI)

8 el)

~ ~..D-E ~

!i g CI)

'£~ Ë~$..-4E

]..@~o ~"..g~goa .E ~$..-488

~g8~

..~.,g

1::P~~

'BCI)

.~ 'el)~r.S1::e'el).~0~ ~ c::

~ ro ~~CI)_

5 ~ ~8 ~ 1::8 U el)

o~~~~~5 8 ~8 8 el)o~.EEel)~c::

~'Sg ~,~

g5c::o\v)

ro 8::st-

'a "el)~.-::: ~el).~.~ ~ el)Ou...c=ro~~ '~

U ;r.CI).fdc::~~_ ~~ ~g tt3

.~ ~:;.;: ro~ CI)

~ g~ CI)~'~

'-el)t- ~ el) CI)

6~~el)~~!'. ..., el)::s U U~ ~ ~

cr"ro el)

~1= Ë ~"'::s ~

C.- 8 .S cr 'el)

s::: ro OJ:)CI)

~r./'J

el) ro. 2, .c~.-:::(g 8 .. 'el)

t::ù 0 el) '- ~ >~ r./'J U ..~ ~ !'oJ~ .. el)

t+-4 ~ Pr~ ~ ~ ~ CI) <el)

"'.J 0,..J r./'J ~ ~

Page 226: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

0'\['-['-~

UJoE-Z

~UJCf)

ZUJU

~~<Cf)

~~E-<tE~

'UJUCf)

UJ~

..q-N

~UJ

~<

s:::o.~

è:0)CI)rDo

N 0)0) >..c::: ::sU 0)

I 0) s::: I

"'C0).- ..-

CI) ..-'(1)

0-~>

t:Q)

rDo

~N

I ~ I

UQ)

"'C

.-CI)

'0)

~

s:::o.-CI)CI)

~oM

~

Q)

"'CM.~~ M

~ :ë .~<+-;.- ~O.~ ::s~SO0- -.........."U

~

s::: Q) '0aJ o~

"'C ~.t:: ~ 0)

"'C"Q)"Cd

.S ::s'Q)~ > ~t'\S>'Q) '- Q) 0

l'''CQ) ~~~ I

'0) "'C(,). - E.- 'Q) t'\Sg.u ~ >

Q)CI)

0'-s:::

CI) Cf.) U o~< Cf.) ~ (,)

« s:::

<

sQ)

"T,j Q)s::: .b

I

~I ~ I

oU

(~t=t= t=t=t=(~~aJ

g g g g g g g ~.~ ~ ~ co ~ ~ co~ ~::s ~~~ ~~~~S

CY .S .S.S .S.S.S.S't'\S~~~ ~~~~VJ

0)

s:::

'ED.t::o

~C'-.-.........."

~.~ ~.~ ;; I t:: I~~ ~

MoU

~Q)

I .t:: I

o~

~ 1.r)V)1.r)

< MMNI~~NO

MNMv)

~

E S .S ]o ~~~z «co

0)..-..-.~o

~Q) 0)

0) ~ ~M "'C ~:~

.~'0 5 OJ) Q)

~ .~ t= ~]t'\S t'\S ro 0) 0)

ÇQÇQÇQÇQÇQ

Q)

eoI s::: I

oU

~

Q)

CI) 'Q) 'Q) ê '0) t= 'Q) '0) Cf.)

os ~ ~ ro ~ g ~ ~ 'So s::: s::: ~ s::: Q) ~ s::: 0 0)

~«rJJ<ÇQ«~,aJ"'C~ ~ ~

<b~ ~ ~ ~ ~'> M

.= .S .S ~s .S .5 .S .S .='-'"j

~\,'" t'\S t'\S t\S ro t\S t\S \,\1 ~ ~

rJJ rJJ VJ .t'\S VJ rJJ rJJ rJJ rJJ t\S ~

rJJ

~"'C

~ ~

C'-. C'-.-.........." ~ -.........."

Cf.);..., Cf.) ro d

Q)

E~ ~ 0) ~ .::::i =~ ~ ~ Cf.)'-

::S'-t:: I Cf.) ~

t'\S a t\S d t\S MrJJ ..- Z.::::i gp

Q)

g ~~>~ ~

U::s

~ 0) .~MOM

'0) '0) IÇQ

::s M I

'-'U .s

t\SrJJ

~~~~;~~~I;;

~~~s

"Q) .~è: sgQ)

t:: 0::r: ~

"'CaJ 0 s::: ~U c a ..c:::..c::: o. - -.........."

~~ ~ Ug g..c:::5h~]

0) Q) Q) 0 0 0 ~ ::s ~ ::sÇQÇQÇQÇQÇQÇQÇQÇQÇQÇQ

216

Page 227: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

=o':gt::(1)en

..Do

=o'00en

~oJ.-.4

~

J.-.4(1)

.~~

Ci

(1)

= ~:~ 3o <

(1)0\0~ ~~

~ ~~ ~ J.-.4

E == ~ êo .~ ëa"'"Z uu u

(1)

"'C.~::EN(1)..c:u(1)

"'C'00"(1)~

N(1)..c:u

S 3J.-.4 (1)(1)"'C01)=J.-.4 ro~ E

Eou

(1)enen

'0~

(1) P-ct> ro

V5~"'C"(1)

Su

~o=(1)

c:oI

'S.~r:/J

=o0..~

I ~ I

c:o....a

"(1).- ~eu~ N

"'C(1)

"(1)oJ::

>-.(,)

I

o J.-.4- ~P-c(1)

E .~~OD

"(1)

~

=oJ.-.4

I ~ I

J.-.4o~

J.-.4(1)

'êo I

"'C

J.-.4oU

=o--.-....enroU....a

"'C~..du~EJ.-.4(1)

'uteo

='00ro01)roE-(1) ~

I ~..~ro "(1)01)01)

=(1)

'u=<

(1)"(1) <t: ~ ~ .2 ..cu _

J.-.4 "'C..a0 0 0 J.-.4 ..a ~,,(1)

J.-.4 s= = =~ ro.- 0 ~ (1) cu (1)~

~ ~}; ..D < c:o c:o c:o I < ~~ < I I I I cu I

5ro ~ .s .s .s .s .s .s .ro

~ ~~~~~~r:/J

Q)

= ..~~ ~ ~ Q)

= '*'Q) <- <- <- - <- .-ro~..t~ggg~g~

~ s= .- 0Q) Q) (1) ~

Q)::Er:/J-< .}; ..D co c:o co ~ co I

<h~~<~~~s~~d's ro~.s.s.s'ro.s.s.~ ~ ~ ~ ~ ~ r:/J ~ ~r:/J

Q),,-... J.-.4 0(1) ;a C"-' ] en = -t:: Q) -- Q)en en

""'-"

_=

(1) 0 ~(1)~ ro ro~ cu E ètJ >-.Q) ro~ ~ê 'e ~ ~ 'e <O'Q)ê ~ ~ ~ -e

$ I

ou~~uo~ocuo ~u~.s~ ZO::E u~

='-Ci)~..c:ro u> enro~

~ en'ôJ.-.4

~

Q)

.~

::EIQ)

.sror:/J

(1)~

=Q)

~oJ::U

~O~~NNO~\O~ O~~\O~O 00N~~~~~\O~~~ ~\O\ONN~ \0

U'J.- ,,-...o Q)~en ~=:DI~ '- Cd 0 ~.-

=c ~g ~~Q)~~eno 0., J.-.4 '_ ~'--

._

= ~ ~ ~ 0 ~ v ~..~0

& ~~ ~ ~t"'C"'C ~ &E's E E 'S d ~'>'>.Q) =ro~Ooooororo~ro

UUUUUUUOOO~

217

~"'CE ~8tJ.-.4

Q)

(1) .2 CO

>-.~ ~~

O .,.D "(1) eno t:: ~.- ..c: 0

"'"~~uuo~Q).- ~ ~ ~ ~000000

Q)

=cQ)

J.-.4~

o

Page 228: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~o

':g

C:0)r/)

..Do

(.)M0)

"'C......a g..c=~(.)

N~ 0) I!3...ct:Q

(.)

~ 0).-"'Co Or;)"0)

~

~oo-r/)r/)

c.SoM

P--c

s0)

"'C

C

~oU

N0)

..c=(.)

M::s (.)0) co

I ] o~ I

COZ

êo

U

0) 0) t: 0) t:aJ ~aJ~ ~aJ ~ 8 ~aJ ~ 8.~- 'S: 0 os: 0

0)os: 0

0)

o_~ ..D '_~ ..D t:Q '_~ ..D ~::s ~-<~-<~~-<~

CI co ~ co ;:,.S co ~ .S~ ~ ~~ ~

C 0)

~ 0)0) ~'5h ~ .5 ro._ ~ co ~o 5;E~

u t:Q

N~

I 0)

;E

~ N

-< M

"'C~ao~

~P--c~ ~.S ...cro (.)

r/J 0)

.~ "'Co 'r;)"0)~

0)

"'C0) 3 ~e 0) 2o "'C ..DSfa2(.) e C~ e 0

o~U

0)0) C ",,'to ~._ 0) ~ 0) \IJ (-a

M"'C

roM"'C~

0

~~O) M N ~O) M

f"'"IC

~.- 0 ::s0- 0 ~ 0)I '_~ ..D r/J '_~ ..D -< ~2~-<cb~-<~~oS co ;:, d co;:"9 .S

~ ~ °a ~ rI5 ~r/J

r-..C"-.0) ~

a ..~~ 0)

a E~ ~0)

~

o0)

co t::;E 0)

~ ~.~ -<rrJ

1do~~N

~I(.)

0)

"'Co-r/)

"0)

~

oOJ) 0)~ t::-< 0)

MN 0-

~O) ~~...c 0)

I0) (.)

l "'C~ S S00)0)

Ur/) ::::r/) o_.- ro..~ ~~

"0) t: (~ t: ......~OOO::sf"'"I

d C ~ ro<O)O)O)P--c

1t:Q~CO~~~~~s.S 05 .S .S 'rorococoror/JrJlr:nr/Jr:n

r/)

°a5~~~ê::s d ..g ê 0oroMco12~Zu>::s o

co

00 ~~ ~ ~o ON ~~ N~~oo~~ ~M ~ ~~ ~~ MM ~MM~~

EoZ

0)

E;>-.8

~ >< s=n8os: :.a '.;j âco 0) !3M

~ ~ ~~

::so~ r-...5 ;ê ~Q) O).S ~E

(.) (.) 0)

ro a ~ 1dc:Jc:Jc:Jc:J

..c=~0)IZIo

~>.

'Ca0

..aJ ?E~ 0

"0) 0)

c:Jc:J

218

.Sro>

~r:n:5~co ~

..~°

!:::c:Jc:J

r-.."0)(.)

~0)

~

,-....0)

:ë.-r/).- s 0a â°

:::: .'-:"rn

] .t:: ~:~8~~

t:)t:)c:Jt:)c:J

Page 229: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

co~cd

~(1)en

..Do

~~c::-N :; '- (1)

] cdt='"O()'3

OJ) (1)'-

(1)(1) "4) ";; (1) .- "'0

9 () ~ca > 'a 6b ~ (1)

~e~ dcd~.b\oJ , _=

(1) (1) 0 0.. () «(1)C ~

'="'0 "'0

C e '-1 '-'~ z ~ "(1) "(1) cd ~ 0..,

e ' 0 'e:) 'e:) ~8 ~o u~~(.b

U en CI}ca

<-<~

co

'f;)CI}

~oa-.

~

"(1)

] S~ Q)

~~~I ~~] I

(1) ~()

"'0(1),

en :'9"(1) en~ ~

Q)

so

I Co()

W

..:g (-::

N

"'0

g(1)

~ (1)

~..c:CC() I

3 '3 ,5l.g,-,~

~ (1)(1)

s 5-0S ~ "~o :j

U U

(1) ::: (~ t:: (~ _ en (~ (~Q) -(1)

, ~ Q) "Q) (-:: (-:: (-::

~ ~ ~ g g g g ~ '5 g g ,~ ~ ~ ~ ~ ta~ ~ -6 g g g'~- .- 0

lU (1) (1) (1) 0.., 3 (1) 0 '> 0 ~ '> 0 ~ '> 0C lU Go) Go)

,== ..D CO CC CC CO ..!.. I CC CO'_'"

..D ..!.. '_"'..0I

'_'"..0 -< CC CC CO

~-<~~~~ c~~~~< S ~<B~<~..!..I I

~ r- ~ :; c:: C ,- c:: cc..' .. :; r-~ C :; c::

'-'

(1j-0

.:::1. (1j'Cd

(1j-0

(1j (1j-o. j -0 .~.- :~ ~~~~ ~~~~~ ~~ ~ ~~ ~~

....-..".~ ~ en(1)'-''bn ê ~ 0 Ë''t: Go) 8 ~ (1)

o cG r--u~ ou

cuOJ)

-<V)

M ~~~I

t: ="0~

EGo) -i5:.a;:a~..D ;j:j::l .9

o ':; cd 0 0 -z '" :r::r::c~

~co't: I

o~

~~t:d..g ~ .~u~j.5

~r:/j

~ I ~~ ~

enQ)

ï:ro..c:U

Q)Q) ,~ Go)

"E ~ âJët:]tB gfgf&ro ro cd ro ro

~~~-J~

....-..

". ". ~en'-' '-'

0 (1) (1).s ~ .~"O=' 0C L.' OJ)"(1) .~ ::(d (1)

cd ~ "4) a-.ze ëdU ~u:J ~

enGo)

I êcd>

0'\ ...-M

M V) \0\ON \O~

00 ...-r- \0

enrou::I

-JQ)

âJ Go) ~~:<:::..c Go)

~ ~ - (1) 'ï: ';;

~~ ~~ ~~ ~5~~ ~~ -J-J -J-J

219

Page 230: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

0 c:0 .2 ,-... >< "(1)0 .......Q)

'Cdo 0 c: Q)

tI)~ 'S ] ~~.SSC >-. ~.~.~ t3 ~b£)b.O........~ - c: 0 0 '..-1 0Q)

ê~~-&'~OJ) ~I ~~~(]) $3 0 ~"Q) ~"Q) I I e.-M .S ~~~~~gu ~~Q) ...-I ~::s.......0 U ....... 0 ~0~CO£ Q:) > Z3~or/J r/J

Q)OV)\OV) ,.......

['- \0['-\000 ['- 0 O\~O\OJ) ("fI ,....... ('f')

< \0 \0 ~V)~("f") ("f")~ N ("fI("f")[,-~N ('f')~ ("f") \0 N

ANNEXE

co.~C:(1)tI)

"Do

u~(1)u

(1)

~N

I (1) I~U(1)

"'0'rn"(1)

~

~tI)

o c> 0

"(1) C~ OJ)

~ .-N Sb

I (1)~ I

...t:: ::su 0

~~.rn .~"(1)0~

~ tI)(1)

(1)"'0

"'O~~ en

.~.gS.2 I

o cC ~.2 ~u ec 0<u

~(1)

.~::sCI

(1)

~ ~ c ,. ~

<- < c - (1) <-gg~~~,~~ag(1) (1) Cl.c ::s io-j .- 0 Cl.c (1)~ ~ ~ rn 1 .};

"D ~ co~~S~"S~--(S~.S .S .~ d'- ~ ~ .~ .5~ ~ r/J

'a ~ ~ r.n J5rn

co~

I 0 IU.+Jo

cuN .~~"'Cau ::s 0

(1) ~'rne (1) en I...t:: .-g g e

8 ~ ~~ <(1)

1-4~

(1)

S &Jo .-c=o (1)

uC/'J~

'0M

::s"'C ~

c .2.- c"(1) tI) CS ro 0U

OJ)~ro

Me 0(1)U

"'C~d

<~oc(1)

COI

.5~

C/'J

(1) (1)

1c ~ ,. ~ (]) CC <- - <- (1) .- C (1)

~ 0..s 0 M"'C

1-4 ~ ::s ~"'CN C ...-j C ,Q)

M ~N"

~,Q)M

::sQ)

io-j Q).- 0 ~ ::s""C Cl.c'- 0rrJ ~ --( ~ };"D I

r/J

~~ .}:; "DI ~~~~<B ': s~<B

s .S .~.s ro ~ .S ~. .ro ~ ~. ~ ~ ~ ~ .~ r/J ~~C/'JC/'JC/'J rnJ5j

tI)(1)

.......tI)

.......tI)

'"CQ)"'CC

"'C

Q)s:::

ro (1). e~"'CQ)(1)Q)u . ...t:: S .......

~~td~Qj~~~~~

220

Co.-tI)tI)

~o~

~

1-4(1)

>.o~N(1)

~U I

SQ)

~~(1)U

"Q)~

~

(1)

oU

"CU

I ~ I(1)

<8~~

,-...Q) ..(])

et:: ~ â~Q) :.= .2 _~ ;R Q) Q)

.== ::s~ C._ OJ ~ Q) Q)~ 0 Q) 0 >

"'-"..~ c ::3S ee~61s: ~â a

Z jjj:J:J~ ~~ ~

Q)-~&Ju M

5 .- ~ (1). C L..'-'-o ::s.;...j >-~~~~Q)~~ZZ~

Page 231: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

~o.~èel)U')

..Do

~o

'r;jU')

~o~p..,

'el)

~9

~el)1

..- ~

~ .S~ C'dcd(/.)~el)

~"'C< 'el)

9u

U')

S .~CD~

"'C..c~ ..C'd"'C

ê ~

I

0=U .~

~

N1:: ]o (.)

C'd~S~~ el)~

~ l"'C

OJ)

.~ m ~(.) S el)

S S ~o 0u

el)

'CD t= 8 'CD

~]8~~~~~ CD~::s ~< ICO ICI)<~S~Srb~.S .

C'd.S .

C'd~s .S

~ (/.) ~ r:F1 .C'd

~CI)

el)

c'6h'C=o

~'S ~ 'S .9U')

C'd 0 ~ ,~U')

0U') ~.~

'5~ ~:g .~~ .~ '1el. ~] u 5 el. 5 el. .s

~~ 5:::r:: ~

el)~::su ~

~~l 'C'd ~ I

~~ =ïu 0~c:QU')

<

el)

+- +- =(-(--~o 0 ::sC'd5 5 ~ ~

COÇQICI)

~~Srb.S .5 .C'd

~sC'd co r:F1.Cl)r:F1 C'd

r:F1

~el) C'd

..c S el)u.- U')

I 'C ~ U')

~ E 'S<0 r:F1

~

CD~o~~ ~~~NN~ ~~~~ ~~ N~~~ ~~~~~N ~~~~ ~

(~~ 'CD CD

~ o::s~~"'Cel) ~ &: ~:~ 5.~ co ~ < '_~ ..D

::s ~S~~<Ci .S'C'd,S

C'd ~~(/.)~~

eoZ

el)

'S'CD~~CD~

..- 'el) ~ el)::s~ ~Oe .~;.::==~ ~.- OJ)CD el)..c. _

~~~~

~2ÇQ

el)

el)"'CN tJ 'el) ::s

::Sâ)~S~..-e '.;j 'CD.~ 2el)

:.=: 0 ~ ~ ::s~~~~~~

"'C~~

'el)coNel)

..cuel)

"'0.-U')'CD~

~el)

.~::so

CDU').~ No el)

~..c"'C~uc~ C'dS 0

,el) ~ el) e~ el) ~ C'd~

"'0 ~ 1;;el) U ::s.~ '~ ~

~~>

el) U')(~ (~

~"'C'S

0 0,el) ~ 0 r:: ~

'S: 0 ~CD CD

ë2..D I CO coJIf4~ I I~s~~

C'd ~.C'd

.S .S~ r:F1~~

IO~~~

el)

~CD~ U')

'"C>"'0 ::s ~'ô ~

~~::>~~d ~aS1~ c OJ):~ el):E U') >. -CD '- .5 > ~ ..- ::S::S?d

&&~~~~ ~~cn

221

Page 232: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

ANNEXE

Co

0,g

>....Q)t/).Do

Q)

~ro~NQ)

I ..cUQ)

"'COr;)"Q)

~

ro-Co

Or;)

t/)

~o....~

~ 3~,.Q Q)

u~"'C~cQ):= C"'C 0IE> ro (5 0- I

o 3 E t/) ,,~

CooEc-g oo~~ Ug

<

....Q)

o~::s

Ci

Q)

t/) 0-0t:: aro~~II Q)Q)~~oSo~ rorooo

000

~Q) -~graJ~~gQ) 0- 0 0...

Q)

~ 0_::; .D ~ c:o

i=~ ~ oS ~

0- ro"'C

ro oS~~ oo~

Q) ~ ~ ~ t/) Q) Q)

C ~ 0 0Q)

t/)"'C

Obi)Q) ~ ~ t B

Q)

ro0- ~ C C ~ fâ

t:: ~

o Oa3 a3~ z~~~=r::::tu c.:;CO

Q)

t"--V)~ ~~.\0

NN 00r- V)

"'C "'CaJC CO-~ ro ro -

E ~~ ~êo oB Q)oZ 0000 rï5~

<1>

t::Q)

A::

t: Q)<1>_t/).D

~ Or;)

0:'==~=

222

Page 233: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION

Les sources 1Unpeu d' histoire 3Le commerce 9L'île 10Les populations 14

CHAPITRE 1 : LE PEUPLEMENT JUSQU'EN 1719 .31

1.1. Les pionniers 321.2. Les nouveaux venus de 1675 à 1690 511.3. Au recensement de 1690 541.4. Entre 1691 et 1699 571.5. Entre 1700 et 1710 581.6. Les esclaves 661.7. Entre 1710 et 1719 761.8. L'évolution de 1690 à 1719 80

CHAPITRE 2 : AU RECENSEMENT DE 1733 85

2.1. Libres et esclaves 862.2. Les nouveaux couples 892.3. Les cé Ii bataires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 95

CHAPITRE 2 : AU RECENSEMENT DE 1733 85

2.1. Libres et esclaves 862.2. Les nouveaux couples 892.3. Les cé I i bataires . . .. .. . . . . . .. . . . . . . .. . . .. . . .. . . .. . .. . . . . . . . . . . .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 95

Page 234: Quand la Reunion s'appelait Bourbon

CHAPITRE 3 : LES RECENSEMENTS DE 1744, 1752ET 1779 99

3.1. Le recensement de 1744 993.2. Le recensement de 1752 1073.3. Le recensement de 1779 116

CON CL USI 0 N ... .. .. 121

BIB L I 0 GRAPHIE. . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. . . . . . . . . . . . .. .. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. .. 125

ANNEXE S . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. 129