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ARTICLE IN PRESS Modele + Journal de Chirurgie Viscérale (2014) xxx, xxx—xxx Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com CORRESPONDANCE Quelle formation pour les chirurgiens viscéraux ? Pour quelle activité ? What are the boundaries of training for a visceral surgeon? Les membres du comité de rédaction ont eu un vif inté- rêt à lire les propos de nos collègues chirurgiens militaires dans leur lettre à la rédaction [1] commentant l’article de technique de « craniectomie de sauvetage pour hématome extradural de l’adulte » [2]. Avec une acuité toute chirurgi- cale, nos collègues soulignent deux interrogations qui sont liées mais restent distinctes : jusqu’où doit aller le périmètre d’exercice de la chirur- gie et, en particulier à l’heure nous avons tendance, comme tous les chirurgiens à nous hyperspécialiser, devons-nous réaliser certaines interventions en urgence comme l’évacuation d’un hématome extradural ? pouvons-nous nous limiter à une connaissance théorique, fut-elle issue de la lecture de notre très bon journal, pour réaliser un geste exceptionnel, qui plus est dans une situation d’urgence ? À la première question, l’ensemble du comité de rédac- tion du journal de chirurgie a choisi, du fait des exercices différents de nos lecteurs et de notre objectif de formation continue, d’ouvrir les sujets au-delà des limites de la chi- rurgie viscérale au sens le plus classique. Dans une même analyse, nous avons donné comme nom au journal celui de chirurgie viscérale et non de chirurgie digestive. De plus, notre journal est lu et commenté en dehors de nos fron- tières franc ¸aises, quelquefois la distinction ne s’applique pas et la chirurgie générale reste une réalité de terrain. Vous découvrirez donc dans les mois à venir des « techniques chirurgicales » portant sur des sujets classiques d’urgence comme la torsion du testicule, la tamponnade ou la tra- chéotomie. De la même fac ¸on, nous avons considéré comme justifié de publier certains articles portant sur la chirurgie mammaire [3]. Nous considérons que ces articles de tech- niques peuvent intéresser des praticiens confirmés « encore DOIs des articles originaux : http://dx.doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2014.09.004, http://dx.doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2014.10.006. Ne pas utiliser, pour citation, la référence franc ¸aise de cet article, mais celle de l’article original paru dans Journal of Visceral Surgery, en utilisant le DOI ci-dessus. généralistes », ayant réalisé dans le passé certains de ces gestes « non viscéraux » mais pouvant avoir en partie perdu certains réflexes en urgence, car leur exercice les a pro- gressivement conduit sur la voie de la sur-spécialisation. En revanche, il est probable que ces articles de technique seront moins utiles aux plus jeunes se destinant à la chirurgie viscérale qui doivent rapidement au cours de leur carrière choisir cette spécialité et sa maquette de formation. Mais, au-delà de la formation théorique et pratique, c’est surtout sur la chirurgie d’urgence que se pose cette question de périmètre de soins et sachant que cela est lié à la question du plateau technique nécessaire, question qui sera en partie abordée dans un numéro spécial du journal à venir. Pour la seconde question, il faut bien avouer que la for- mation spécifique des chirurgiens militaires franc ¸ais qui est décrite dans votre courrier semble adaptée et que celle des chirurgiens civils risque d’être limitée. En effet, nous ne disposons pas de toutes les infrastructures décrites dans votre lettre et surtout, nous n’avons pas l’habitude de réa- liser des remises à niveau régulières. Même si l’apport de la vidéo devrait permettre d’augmenter la valeur des forma- tions théoriques, nous sommes d’accord pour considérer que la pratique d’un geste et sa répétition sont au cœur du pro- cessus d’acquisition du savoir-faire chirurgical. La formation médicale continue (ou maintenant développement profes- sionnel continu) reste aujourd’hui un sujet bien complexe de notre spécialité. Alors, continuons de lire le Journal de Chirurgie Viscé- rale, ses techniques chirurgicales, récemment complétées par la nouvelle rubrique vidéo [4] ! Références [1] Hornez E, Boddaert G, Pons F, Bonnet S. Un chirurgien généraliste franc ¸ais doit-il réaliser une craniectomie de sau- vetage en 2014 ? J Vis Surg 2014, http://dx.doi.org/10.1016/ j.jviscsurg.2014.09.004 [In Press]. [2] Almairac F, Moszkowicz D, Baqué P, Paquis P. Salvage cranio- tomy for extradural hematoma in the adult patient. J Visc Surg 2014;151:229—34. [3] Missana MC, Laurent I, Germain M, Lucas S, Barreau L. Long term oncological results after 400 skin-sparing mastectomies. J Visc Surg 2013;150:313—20. [4] Brunaud L. Will watching videos make us better surgeons? J Visc Surg 2013;150:295—6. Le comité de rédaction du Journal de Chirurgie Viscérale 62, rue Camille-Desmoulins, 92442 Issy-les-Moulineaux cedex, France Adresse e-mail : [email protected] http://dx.doi.org/10.1016/j.jchirv.2014.10.002 1878-786X/© 2014 Publi´ e par Elsevier Masson SAS. JCHIRV-490; No. of Pages 1

Quelle formation pour les chirurgiens viscéraux ? Pour quelle activité ?

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ARTICLEModele +

Journal de Chirurgie Viscérale (2014) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

CORRESPONDANCE

Quelle formation pour leschirurgiens viscéraux ? Pourquelle activité ?�

What are the boundaries of training for a visceralsurgeon?

Les membres du comité de rédaction ont eu un vif inté-rêt à lire les propos de nos collègues chirurgiens militairesdans leur lettre à la rédaction [1] commentant l’article detechnique de « craniectomie de sauvetage pour hématomeextradural de l’adulte » [2]. Avec une acuité toute chirurgi-cale, nos collègues soulignent deux interrogations qui sontliées mais restent distinctes :• jusqu’où doit aller le périmètre d’exercice de la chirur-

gie et, en particulier à l’heure où nous avons tendance,comme tous les chirurgiens à nous hyperspécialiser,

devons-nous réaliser certaines interventions en urgencecomme l’évacuation d’un hématome extradural ?

• pouvons-nous nous limiter à une connaissance théorique,fut-elle issue de la lecture de notre très bon journal,pour réaliser un geste exceptionnel, qui plus est dans unesituation d’urgence ?

À la première question, l’ensemble du comité de rédac-tion du journal de chirurgie a choisi, du fait des exercicesdifférents de nos lecteurs et de notre objectif de formationcontinue, d’ouvrir les sujets au-delà des limites de la chi-rurgie viscérale au sens le plus classique. Dans une mêmeanalyse, nous avons donné comme nom au journal celui dechirurgie viscérale et non de chirurgie digestive. De plus,notre journal est lu et commenté en dehors de nos fron-tières francaises, où quelquefois la distinction ne s’appliquepas et où la chirurgie générale reste une réalité de terrain.Vous découvrirez donc dans les mois à venir des « techniqueschirurgicales » portant sur des sujets classiques d’urgencecomme la torsion du testicule, la tamponnade ou la tra-chéotomie. De la même facon, nous avons considéré commejustifié de publier certains articles portant sur la chirurgiemammaire [3]. Nous considérons que ces articles de tech-niques peuvent intéresser des praticiens confirmés « encore

DOIs des articles originaux :http://dx.doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2014.09.004,http://dx.doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2014.10.006.

� Ne pas utiliser, pour citation, la référence francaise de cetarticle, mais celle de l’article original paru dans Journal of VisceralSurgery, en utilisant le DOI ci-dessus.

http://dx.doi.org/10.1016/j.jchirv.2014.10.0021878-786X/© 2014 Publie par Elsevier Masson SAS.

PRESS

généralistes », ayant réalisé dans le passé certains de cesgestes « non viscéraux » mais pouvant avoir en partie perducertains réflexes en urgence, car leur exercice les a pro-gressivement conduit sur la voie de la sur-spécialisation.En revanche, il est probable que ces articles de techniqueseront moins utiles aux plus jeunes se destinant à la chirurgieviscérale qui doivent rapidement au cours de leur carrièrechoisir cette spécialité et sa maquette de formation. Mais,au-delà de la formation théorique et pratique, c’est surtoutsur la chirurgie d’urgence que se pose cette question depérimètre de soins et sachant que cela est lié à la questiondu plateau technique nécessaire, question qui sera en partieabordée dans un numéro spécial du journal à venir.

Pour la seconde question, il faut bien avouer que la for-mation spécifique des chirurgiens militaires francais qui estdécrite dans votre courrier semble adaptée et que celledes chirurgiens civils risque d’être limitée. En effet, nousne disposons pas de toutes les infrastructures décrites dansvotre lettre et surtout, nous n’avons pas l’habitude de réa-liser des remises à niveau régulières. Même si l’apport de lavidéo devrait permettre d’augmenter la valeur des forma-tions théoriques, nous sommes d’accord pour considérer quela pratique d’un geste et sa répétition sont au cœur du pro-cessus d’acquisition du savoir-faire chirurgical. La formationmédicale continue (ou maintenant développement profes-

sionnel continu) reste aujourd’hui un sujet bien complexede notre spécialité.

Alors, continuons de lire le Journal de Chirurgie Viscé-rale, ses techniques chirurgicales, récemment complétéespar la nouvelle rubrique vidéo [4] !

Références

[1] Hornez E, Boddaert G, Pons F, Bonnet S. Un chirurgiengénéraliste francais doit-il réaliser une craniectomie de sau-vetage en 2014 ? J Vis Surg 2014, http://dx.doi.org/10.1016/j.jviscsurg.2014.09.004 [In Press].

[2] Almairac F, Moszkowicz D, Baqué P, Paquis P. Salvage cranio-tomy for extradural hematoma in the adult patient. J Visc Surg2014;151:229—34.

[3] Missana MC, Laurent I, Germain M, Lucas S, Barreau L. Long termoncological results after 400 skin-sparing mastectomies. J ViscSurg 2013;150:313—20.

[4] Brunaud L. Will watching videos make us better surgeons? J ViscSurg 2013;150:295—6.

Le comité de rédaction du Journal deChirurgie Viscérale

62, rue Camille-Desmoulins, 92442Issy-les-Moulineaux cedex, France

Adresse e-mail : [email protected]

JCHIRV-490; No. of Pages 1