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Quelles équipes‐projets pour les Politiques de la Ville de demain ? Vendredi 23 mars 2012 ‐ CNFPT d’Alsace‐Moselle 7 ème Journée nationale des professionnels du Développement Social Urbain LES ACTES

"Quelles équipes-projet pour les Politiques de la Ville de demain ?", les ACTES

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L’Inter-réseau des professionnels du développement social urbain s’est penché le 23 mars dernier à Metz sur l’évolution des missions des professionnels de la politique de la ville et leur avenir. La Gazette, partenaire de la manifestation, en diffuse aujourd’hui les actes.www.lagazette.fr/119106

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Quelleséquipes‐projetspour

lesPolitiquesdelaVillededemain?Vendredi23mars2012‐CNFPTd’Alsace‐Moselle

7èmeJournéenationaledesprofessionnelsduDéveloppementSocialUrbain

LESACTES

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Actesdela7èmeJournéenationaledesprofessionnelsduDéveloppementSocialUrbainCNFPTd’Alsace‐Moselle‐Metz‐23mars2012Unejournéeco‐organiséepar:

‐l’Inter‐RéseauxdesprofessionnelsduDéveloppementSocialUrbain,‐l’UNADEL‐"Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial"‐LaGazettedesCommunes

enpartenariatavec:

‐l’associationAMADEUS,‐leCarrefourdesPaysLorrains,‐leCentredeRessourcesPolitiquedelaVilleenLorraine(CPL‐ORIV)‐laFédérationdépartementaledesCentresSociauxdeMoselle

aveclesoutien:

‐duSecrétariatGénéralduComitéInterministérieldesVilles(SG‐CIV),‐del’AgenceNationalepourlaCohésionSocialeetl’Egalitédeschances(ACSé)‐delaVilledeMetz.

Cesactesontétéréalisésàpartird’enregistrementsaudioetvidéodelajournée

Responsabledelapublication:SylvieRebière‐Pouyade–présidentedel’IRDSU

Coordinationetrédactiondesactes:Marie‐ClaireBarrépourCAPACITéIngénieriedeprojet‐[email protected]

IRDSU–3placedubonpasteur–44000Nantes–0240891018–[email protected]

Mai2012

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Sommaire

AVANT‐PROPOS‐«Quelleséquipes‐projetpourlesPolitiquesdelaVillededemain?» 4

1‐OUVERTUREdelajournée 5

2‐TABLERONDE‐«OùensontlesmétiersduDéveloppementSocialUrbain?» 8

3‐REGARDSD’EXPERTS1‐«Quellesévolutionsdurôle,desactivitésetdescompétencesdesprofessionnelsduDSU?» 18

4‐REGARDSD’EXPERTS2‐«Commentprogresserversdesmodesdetravailpluscoopératifsetcréerlesconditionsdel’innovation?» 29

5‐Echangesdepratiques 40

ATELIER1‐«Equipesintégrées/équipessegmentées…Comments’organiserpourarticulertouteslesdimensionsduprojet?» 40

Atelier2‐«Développerlepouvoird’agirdeshabitants…oui,maiscomment?Lechangementdeposturedesprofessionnelsetdesbénévolespouraccompagnerleshabitants» 48

Atelier3‐«Observation,évaluation…descompétencesàdévelopper,denouvellesorganisationsàconstruire» 51

Atelier4‐«RegardscroiséssurlesapprochesprofessionnellesdelaPolitiquedelaVilleenFranceetenAllemagne» 54

6‐Allocutionsdeclôture 57

Annexe1‐Contributiondel’ACSéàlaJournéenationaleIRDSUdu23mars2012 59

Annexe2‐NoteIRDSU:«PouraméliorerlamiseenœuvredelaPolitiquedelaVille:l’enjeud’uneingénierielocaleadaptée» 61

Annexe3‐Elémentsbiblio‐historiquesdela«Plate‐formeMétiers» 64

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AVANT‐PROPOS ‐«Quelleséquipes‐projetpourlesPolitiquesdelaVillededemain?»

Les trois prochaines années seront stratégiques pour la Politique de la Ville. Entre les électionsnationalesdecetteannéeetlesélectionslocalesde2014elleserarepensée.Et parce qu’il n’y a pas de Projet de Territoire de qualité sans “équipe‐projet” de qualité, laquestion de l’ingénierie et des métiers du développement local doit être aussi au cœur de cesdébats.Or,demêmequela“PolitiquedelaVilleetdedéveloppementsocialurbain”achangédepuissonapparitiondanslesannées80,leséquipesquilamettentenœuvreontévolué.Lesformationssesont structurées, la reconnaissance de ces métiers s’est affirmée et les profils même desprofessionnelsontchangéaufuretàmesurequeleursprincipesetleursméthodesfaisaientévoluerlespolitiquesterritoriales.Cetteingénieries’estégalementétofféepours’adapterauxdéveloppementsDESPolitiquesdelaVille.Lafigurehistoriqueduchefdeprojetgénéraliste,responsabledela“Maîtrised’OeuvreUrbaineet Sociale”, laisse progressivement place à des “équipes‐projet” pluridisciplinaires, parfois inter‐institutionnelles. Elles réunissent des agents de développement de quartier commedes directeursterritoriaux, des chefs de projet généralistes comme des spécialistes (développement social,rénovationurbaine,éducation,santé,prévention,luttecontrelesdiscriminations,économie,…).Et c’est en prenant en compte cette diversité qui apporte de nouvelles dimensions audéveloppementsocialurbainqu’ilfautmaintenantposerlaquestiondel’ingénierie.Maiscedéveloppementestégalementmarquépardesinégalitésentreterritoires:parmanquedemoyensoudevolonté,certainesvillessontdémuniesetn’ontpasleséquipesnécessaires.Ellesontdoncbesoind’incitations, de solidarités locales etd’un soutien renforcéde l’Étatpourdévelopperleuringénierie.La7ème“JournéenationaledesprofessionnelsduDSU”aétél’occasiond’ouvrircedébat..Leséchangesontpermisde faire lepointavecdesexperts,mais surtoutavec lesprofessionnelseux‐mêmes, sur l’évolution de leurs missions et de leur organisation pour mieux articuler lesdifférentesdimensionsduProjetdeTerritoire.Maisaussisurlesmoyensd’ingénierieàmettreenœuvre, sur le renouvellement de nos pratiques participatives avec les habitants et sur ledéveloppementdenoscoopérationsaveclesautresacteursdelaPolitiquedelaVille.Cette journée a donc permis de réfléchir individuellement et collectivement pour construire uneingénieriededéveloppement localplusà lahauteurdesenjeuxdenosterritoiresetauservicedeshabitants.

LeBureaudel’IRDSU–mars2012

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1‐OUVERTUREdelajournée

IsabelleKaucic‐AdjointeauMairedeMetzenchargedelaPolitiquedelaVille

SylvieRebière‐Pouyade‐Présidentedel’IRDSU,directriceduGIP‐DSUdel’agglomérationbayonnaise

CéciledeBlic‐Secrétairedel’UNADEL,directriceduCarrefourdesPaysLorrains

IsabelleKAUCIC‐AdjointeaumairedeMetzenchargedelaPolitiquedelaVille

Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs,bienvenue à Metz. Je suis particulièrementheureused’accueillirlaJournéeNationaledel’Inter‐Réseaux des professionnels du DéveloppementSocialUrbain.Et je voulais vous dire, au nomde laMunicipalité,quenousvousremercions,etcepourdeuxraisons.Toutd’abordparcequecelapermetsurementàuncertainnombred’entrevousdedécouvrirlavilleetd’y revenir plus tard, n’ayant plus en tête cetteimage souvent caricaturée de ville grise degarnison.Nousavonsmêmeréussià faireensortequecettevillesoitensoleillée!C’estçafinalement,le pouvoir d’agir… La deuxième raison est le sujetque vous allez traiter aujourd’hui. Sujetparticulièrement important pour la ville deMetz,commepourl’ensembledesterritoiresurbainsquiconnaissent aujourd’hui un certain nombre dedifficultés. Je suis en charge de la Politique de laVille depuis 2008, également en charge de larénovation urbaine. Nous avons intégré l’équiperénovation urbaine depuis 2011, ce qui permetd’avoir une action concertée sur la question del’urbainetdelacohésionsociale.Voussavezbiensûr‐carcen’estpasàvousquejevais l’apprendre ‐ que la Politique de la Villeconnait, sinon une difficulté, en tout cas de grosquestionnements. Nous sommes dans desmoments extrêmement stratégiques. Deséchéancesélectoralesarrivent,biensûr,maisaussiparce que l’on nous promet depuis plusieursannées la révision de la géographie prioritaire etparcequesurdenombreuxterritoires,lesmoyens

de l’Etat sont en diminution. Face à cesquestionnements et à ces incertitudes, leshabitants ont encore davantage besoind’ingénierie et de qualité. Et c’est pourquoi desorganisations comme les vôtres sont tout à faitindispensables. Vous avez construit pendant desannées des moyens en termes deprofessionnalisationetdeformation.Etaujourd’huinoussavonstousquepourcesterritoires,au‐delàde la gestion des dispositifs qui sont bien sûrimportants pour les habitants, il est aussiimportant de construire sur le long terme desinvestissementsquivontdurer.C’est tout l’enjeu de la gestion urbaine deproximité, qui est avant tout une gestion desinvestissementssur lesobjetsurbains,maisquiestaussi un enjeu de capacité à accompagner lesacteursquisontenpremièrelignesurlesquartiers,c’est‐à‐direlesassociations.Jecroisquelà‐aussi,ilya des attentes fortes par rapport aux élus et auxpouvoirs publics de manière générale. Mais aussipar rapport aux acteurs que vous êtes, en prisedirecte, et qui sont finalement les relais entre cesstructures qui agissent auprès des habitants et lespouvoirspublics.Pour toutes ces raisons, Madame la Présidente,Mesdames, Messieurs, encore une fois je vousencourage. Je pense que beaucoup d’élus sont àvos côtés parce que nous savons que sur desquestions aussi complexes que les territoires endifficultés,unedes réponsesestbien sûrà la foisl’intelligenceetlaproximité.Jevousremercie.

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SylvieREBIERE‐POUYADE‐Présidentedel’IRDSU

Bonjouràtousetmercid’êtrevenussinombreux.Avec l'InterRéseauxDSU,nousensommesànotre7èmejournéenationale.Cellesetceuxquiontsuivila vie de l'association qui existe depuis la fin desannées 90 savent que nous arrivonsmaintenant àun point d'inflexion. Nous l'avons évoqué hier lorsde notre Assemblée Générale: nous sommes entrain de redéfinir notre projet associatif pour lesannées 2013‐2015 et il y aura certainement desévolutions,évolutionsstatutairesbienévidemment,mais égalementdes évolutionsportant sur le fondde notre projet et sur nos perspectives dedéveloppement.Notre enjeu majeur est de nous ouvrir à lacommunauté professionnelle encore pluslargement,danstoutesadiversitéetderépondreencore mieux aux professionnels que nousreprésentons. Pour mémoire, l'Inter‐Réseaux c'estenviron 7800 professionnels qui sont touchésaujourd'hui et nous avons eu, ces dix dernièresannées, unemonté en puissance qui nous permetdenous inscriredans lepaysagede laPolitiquedelaVilleetduDSU.Notre journée nationale porte sur les équipes‐projet: «quelles équipes‐projet pour quellespolitiquesdelaville».OnpeutêtresurprisdevoirlaPolitiquede laVilleaupluriel,mais c'estparceque les évolutions récentes nous obligent àréfléchirsur lesmutationsencoursquitraversentleDSUetqui fontque l'onnepeutpas restersurdes représentations et schémas d’ingénierie telsque l'on pouvait encore les avoir il y a encorequelquesannées.Je voudrais remercier la ville de Metz pour sonaccueil etnotammentMadameKAUCICquinousarappelé que les réseaux de professionnels étaientimportantspourlesélus.D'ailleurs,l'IRDSUtravailleen lienavec lesélus,notammentavec l'association

des Maires de Ville et Banlieue. Je voulais aussiremercier Alexis Lambert et Emmanuel Bertin,respectivement chef de projet CUCS et DirecteurPolitiquede laVille,quinouspermettentd'être icietquiontdû,enamont, fournirungros travaildepréparationpourcetévénement.Je remercie aussi la Gazette des Communes etnotamment Hervé JOUANNEAU pour sonpartenariatparcequejepensequecelamontrequel'on a su, ces dernières années, délivrer desmessages clairs, intéressants, pertinents et quipouvaient compter. Les actes de cette journéeferont l'objet d'une publication dans la Gazette.CelapourraservirdanslefuturpuisquelaPolitiquedelaVilleestappeléeàmuter,quoiqu'ilensoit,etnous devrons apporter nos contributions en lamatière.Je vais laisser la parole à l'UNADEL avec qui noustravaillons depuis déjà très longtemps sur laquestion des métiers et notamment avec laquellenous avons construit le référentiel métier qui estmaintenantreconnuetopérationnel.Je nous souhaitedepasser une journéeoù l'on vapouvoir échanger, apprendre les uns des autres etsurtout produire des connaissances et desorientations qui seront utiles quand il s'agira decontribuer à l'élaboration des futures politiquespubliques.Lefilrougedenoscontributionsseradedire, je pense, que l’ingénierie est bienévidemment importante mais aussi que lespolitiques publiques ne peuvent se réduire à desimples programmes. Il ne faut pas confondre,quandonfaitdelapolitiqueetqu'onaenchargela vie des habitants des quartiers les plus endifficulté, les réalisations qui sont visibles(bâtiment, aménagement, etc...) et les résultatsattendus qui visent l'amélioration des conditionsdeviedeshabitants.

CéciledeBLIC‐Secrétairedel’UNADEL

Bonjour.Quelquesmotspourvous salueraunomde l’UNADEL (UnionNationale des Acteurs et desStructures du Développement Local) et aussi aunomdelaLorraine.

L’UNADEL‐quejevaisvousprésentersousl’angledes convictions plutôt que de vous faire uneprésentation de cette association ‐ est un OVNI;unréseaud’acteursdudéveloppement localquia20ansetquiestbasésurunetripleconviction.La

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première est que le développement local tientdavantagedu«faireavec»quedu«fairepour».C’est sansdouteundesprincipaux fils rougesdecette association. Je signale d’ailleurs quel’UNADEL, avec un certain nombre d’acteurscomme l’ADELS (qui malheureusement a disparudanssaformeactuelle)ettoutuntissuassociatif,atravaillé à l’élaboration d’un Livre Blanc de ladécentralisation, «Décentralisons autrement»,pour essayer de redonner de la voix aux acteursdans les politiques publiques. La deuxièmeconviction est que l’action doit être développéesur un territoire cohérent, certes, mais aussivolontaire, c’est‐à‐dire où les gens ont envie detravailler ensemble. La troisième conviction estque l’action ne doit pas être sectorielle. Elle nedoit pas simplement se référer aux lignesbudgétaires,mais elle doit être transversale. Celafaitéchoauxproposquivontêtretenusdanscettejournée et qui ont déjà commencé hier lors del’AssembléeGénéralede l’IRDSU.Lamanièredontvous travaillez est sans doute imprégnée de toutcela.A cette triple conviction, s’en ajoute uneautre:celle de la place du professionnel. Lamatière grise, l’ingénierie, les professionnels, cen’est pas du fonctionnement, ce n’est pas unecharge; c’est un investissement pour l’avenir. JeremerciebeaucoupIsabelleKAUCICpourlaVilledeMetzd’insister sur cepoint.Cen’estpas toujoursaussi clair dans le discours de nos élus! C’estpourtant important que l’on se le rappelle. Touts’apparente à des défis qui vont être abordés aucoursdecettejournée,parexemple,sur lefaitdetravailler en transversalité, sur le fait dedécloisonner, sur la reconnaissance des métiers,etc.Etc’estsansdoutepourcelaque,depuis2001,l’UNADEL anime une Plate‐forme inter‐institutionnelle.L’UNADEL,c’esttoutpetit.Maissagrandeforceestdesavoirtravailleraveclesautres,en s’appuyant notamment sur l’IRDSU, très actifdanscettePlate‐forme;merciàeux.Merciaussiàtous les partenaires qui gravitent autour de cettePlate‐formedesMétiers.Jevoudraismaintenantvoussaluerentantqu’unedes«localesdel’étape»,etenparticulierentant

queDirectriceduCarrefourdesPaysLorrains.C’estunautreOVNI. LeCarrefourdesPays Lorrainsestnéavec ladécentralisation. Il fêtedoncses trenteans. Il fédère en son sein des élus, plutôtd’intercommunalités que des communes, desprofessionnels,quiont leurproprecollègeauseinde notre association, et les réseaux associatifs(Fédérations des centres sociaux, Fédération desMJC, Fédération des familles rurales, Foyersruraux, etc.…), les Chambres consulaires et despersonnes à titre personnel. Tous estiment qu’ilest important de travailler à plus demutualisation, à se doter d’outils de formation,de sensibilisation et de réflexion pour pouvoirêtre force de proposition. C’est une sorted’auberge espagnole! Cette auberge espagnole abeaucoup produit. Elle a notamment dit qu’il nefallait pas ghettoïser les espaces. Ainsi, commevouspouvezl’entendredanssonnom,leCarrefourdes Pays Lorrains, est plutôt né d’une démarchequi venait des acteurs dumilieu rural ‐ ceux quiontcommencéàsouffrirlespremiersetquisesontditqu’ilfallaitretrousserlesmanchesetagir.Maisilyaeuunerencontreàlafindesannées90,avecceux qui souffrent dans les villes, dans lesquartiersetquisesontaussiditqu’ilsdevaientseprendre en main. Et c’est ainsi que lesprofessionnels lorrains du développement socialurbain sont venus interpeller le Carrefour en luidisant «vous mettez déjà en lien lesprofessionnels du développement local, alors ceserait intéressant si vous nous aidiez à nousmettre également en réseau». Plus récemment,nous avons souhaité faire le lien entre le réseaudesprofessionnelset l’ensembledesacteursde laPolitiquedelaVille,cequifaitqu’avecl’ORIV,nousportons ensemble le tout jeune Centre deRessourcesPolitiquede laVilleenLorrainedepuisdeuxans.Je vous souhaite de bons travaux, auxquels biensûrnousallonsparticiper.Jesouhaitevousdiredemanière forte de ne pas garder votre mouchoirdans votre poche. Je le dis avec d’autant plus defacilitéquejesaisquel’Inter‐Réseauxsaitdirehautet fort ses convictions et samanièrede voir pourfaireavancerleschoses.Jevousremercie.

POURALLERPLUSLOIN

‐Lesitedel’IRDSU:www.irdsu.net

‐Lesitedel’UNADEL:www.unadel.asso.fr/

‐LesiteduCarrefourdesPaysLorrains:cpl.asso.fr/

‐LesitedelaVilledeMetz:www.mairie‐metz.fr/

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2 ‐TABLERONDE ‐«Oùensont lesmétiersduDéveloppementSocialUrbain?»

GillesJEANNOT‐Chercheur,professeuràl’EcoleNationaledesPontsetChaussées

AnneSAUVAYRE‐Directriced’étudesaucabinetFORS,responsabledel’étudemenéepourl’ACSésur«l’ingénierielocaledelaPolitiquedelaVille»

EmmanuelleTHIOLLIER‐ChefdeprojetàVilledeParis,membreduCAdel’IRDSUetdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»

PhilippeCARBASSE‐ChefdeprojetDSUadjointàPerpignan,membreduCAdel’IRDSUetdoctorantàl’UniversitédePerpignanTablerondeaniméeparHervéJOUANNEAU‐JournalisteàLaGazettedesCommunes

L’ESSENTIELdelaTABLERONDE

Laproblématique

Lespratiquesdudéveloppementsocialurbainsesontpourl'essentielforgéesdanslesannées80autraversd'expérimentations dans lesquelles des élus et des professionnels engagés ont permis de formaliser denouveauxmodesd'intervention,d'éprouverdesméthodesetdesconcepts.Durantcettephase, lesfonctionsspécifiques des professionnels du DSU se sont progressivement dessinées : expertise dans l’analyse et lacompréhension du territoire, interface entre élus, partenaires et habitants, aide à la décision, médiationcomplexe, animation de collectifs, accompagnement des acteurs, approche globale de projet… Cesréférences«fondatrices»sonttoujoursvivantes«malgré»uneforteextensionetuneinstitutionnalisationdecettepolitique.

L'IRDSUacontribué,avecd'autres,à laconstructionetà la reconnaissancedesmétiersdudéveloppementterritorial,notammentdanslecadredelaPlate‐formenationaledesmétiersaniméeparl’UNADEL.

Une définition globale a été élaborée : «Le professionnel du développement territorial favorise l’aide à ladécision et constitue un appui technique aux élus. Généraliste ou thématique, il se définit comme unprofessionnel ayant une vision transversale du développement d’un territoire communal ou intercommunal,laquelles’inscritnécessairementdansuneperspectiveglobaleetdelongterme.Ilparticipeàlaconceptionetàlamiseenœuvred’unestratégieglobaledudéveloppementetdedynamisationd’unterritoireenintégrantdespréoccupationsd’ordreéconomique,touristique,social,culturel,agricole,environnemental,d’aménagementetd’urbanisme.Interfaceentrelesélusetlesacteurslocaux,ilfaciliteletravailpartenarial,suscitelaparticipationdeshabitantsetmeten réseaudes compétencesdiverses.C’estunmétierdont lapartieanimationdoit êtreprédominantesurlapartieadministrative.»(«RéférentieldecompétencesCœurdesmétiers»2005;p.6).

Les finalités dudéveloppementont également été réaffirmées :«une transformation (sociale du territoire)versunmieux‐êtreglobal,aumoyendedémarchesdeprojet,avecvalorisationdesressourceslocalesdansunevisiondelongterme».

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Nousavonscependantconsciencequecemodèleestfortementmisentension.Eneffet,d'unepart,latradition«française»d'interventionpublique«bureaucratiqueetdescendante»,aétéaccentuéecesdernièresannéesparledéploiementdesméthodesdumanagementpublicetd'autrepart,l'approche«pathogène»despublicsetdes territoiresdomine,par lescarenceset les«écartsdedéveloppement», rendantplusproblématique lamobilisationdespotentialitésdespopulationsdecesterritoires.

Ceci illustreparfaitementunedescaractéristiquesprincipalesduDSU,unchampd'interventionextrêmementsensibleauxévolutionspolitiques, institutionnelles et aux contextes locaux demise enœuvre.Deplus, cesévolutions sont complexes à appréhender tant elles s'accompagnent d'une forme de reconnaissance, dediffusion de la culture du développement (approche projet, transversalité...) et de discours contradictoires.Enfin,nousœuvronsdansuncontextenousplongeantaucœurdesenjeuxsociétauxde(ré)constructionduvivreensemble.LesprofessionnelsduDSUnepeuventêtreseulementdesexécutants. Ilscontribuent,eneffet,à ladiffusiond'unecertaineconceptiondel'actionpubliquetoutenadaptantencontinuleurspratiquesauregarddes évolutions de l'environnement et en veillant notamment aux équilibres entre des notions entensionpermanente: urbain/social, national/local, structuration de services/appui aux initiatives citoyennes,expérimentation/institutionnalisation...

A cela s’ajoute la grande diversification de la communauté professionnelle en termes d’expertisesspécialiséesquicontribuentàlamiseenœuvredesdifférentesdimensionsdesprojets.Enconséquence,plusque de métier ou de profession, nous parlons de professionnalité c’est‐à‐dire d'un mouvement continu deconstructiondepratiquesdanslequelnoussommesundesacteurscollectifs.

Lesprincipauxapports

Grâce aux interventions des quatre témoins chercheurs ou professionnels engagés, nous pouvons affirmernotamment que la figure originelle du professionnel de la Politique de la Ville n’existe plus. Elle a étéremplacée par une myriade de situations et de profils qui se dessinent au gré des générations et descontextesd’exercice.

En souhaitant répondre aux questionnements de l’ACSé sur «qui sont les chefs de projets généralistes» et«quelle est leur capacité d’agir?», le cabinet FORS‐études sociales a redessiné les contours de cesprofessionnels. Parmi l’extraordinaire hétérogénéité de situations quelques traits saillants dominent. Cesprofessionnels sont plus jeunes, largement féminisés, de plus en plus diplômés, non débutants dans la vieprofessionnellemaissouvent«nouvellement»arrivésdanslaPolitiquedelaVille.Parmilesdéterminantsdelacapacité à agir, FORS amis en lumière les enjeux de positionnement dans l’organisation selon la tension«pouvoir»/«terrain».Ainsi,lamargedemanœuvred’unprofessionnelestplusgrandes’ilcumuleàlafoislaproximitédes lieuxdedécisions(proximitéduMaireoud’unélufort)avec laproximitédesacteursdeterrain(connaissancedeshabitants,associations,professionnelsdeterrain…).Cette «normalisation» de la profession, avec notamment une montée en puissance du nombre defonctionnaires occupant ces fonctions, est considérée comme rassurante car la profession est quelque peustabilisée.Mais la typologiedes«4 figuresdu chefdeprojetgénéraliste», elle, n’estpas indépendanteducontexted’exercice.Onpourraitégalementêtretentésdefaireunetypologiedescontextes.LàoùlaPolitiquedelaVilleestdevenueunepolitiquetransversale,endialogueavectouteslesautrespolitiquespubliques,lepari est réussi. A contrario, dans les casoù labureaucratisationet lagestiondesdispositifs apris le pas, laPolitiquedelaVillen’apporteplusquepeudechoses.Face à tous ces changements, la Plate‐formenationale desMétiers duDéveloppement territorial (PFMET)poursuitsonactionetcherche,avecdesprofessionnelsetdesuniversitaires,àanalysercommentl’évolutiondu contexte influe sur les pratiques et impacte les valeurs fondatrices de la Politique de la Ville.L’institutionnalisation,laspécialisationenprogrammes,l’alourdissementd’unegestionadministrativetoujoursplusprégnantechangentconsidérablementladonne.L’objectifdelaPlate‐formeestdoncdedéterminerquellecultureprofessionnelle faireperdureretdesavoir comments’adapteraucontexte.C’est toute laquestiondusensque l’ondonneàsontravail. C’est laquestiondevouloir (etdepouvoir)êtreacteurd’uneprofessionetdéfenseurd’unedéontologie.

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HervéJOUANNEAU‐JournalisteàLaGazettedescommunesNous allons donc parler «métiers» aujourd’hui.Précisément, nous allons nous pencher sur cesmétiers du développement local, de l’ingénierielocale qui, parallèlement à l’évolution de laPolitiquedelaVille,ontconnudestransformationsimportantes.C’est d’ailleurs le principal enseignement d’uneenquête menée par le bureau d’études FORS‐Recherche sociale qui a été réalisée au printemps2011etdontvousavezpeut‐êtreentenduparler.Bonjourà tous les4etmerci infinimentpourvotreprésence.J’évoquais, il y a quelques instants, cette enquêteréalisée par le bureau d’études FORS‐recherchesociale.AnneSAUVAYRE,vousenêteslaco‐auteure.Ilnousasemblé indispensable,pourentamernotredébat, de planter le décor. Pouvez‐vous nousrappeler les principaux enseignements de votreenquête?

>L’étudeFORSsurles«chefsdeprojetgénéralistes»pourl’ACSé

AnneSAUVAYRE–Directriced’étudesauCabinetFORS‐RecherchesocialeAvantdevousdonnerlesprincipauxenseignementsde l’enquête, j’aimerais juste refaireunpointpourvousrappelerquelleaétélacommande.L’étude nous a été commandée par l’ACSé, quidemandait de nous intéresser à une figureprofessionnelleque lecahierdeschargesappelait«les généralistes de la Politique de la Ville». Etcettefigure,ilfallaitlatrouverdansl’évolutiondelafigurehistoriquedu«chefdeprojetPolitiquedelaVille», tellequ’onavaitpu laconnaîtreà la findesannées80etdébut90.Ladéfinitiondeschefsdeprojetquenousavionsàétudier était celle de professionnels qui,aujourd’hui, dans un univers où la Politique de laVille s’est beaucoup spécialisée et segmentée enthématiques,n’étaientpasdédiésàunethématiqueparticulière ou à un dispositif particulier; qui sontles référents pour leur ville de la Politique de laVille.

Cequel’ACSévoulait,c’étaitd’abordsavoirquisontces professionnels, pour aller au‐delà deshypothèsesderajeunissementetdeféminisation.Je vais donc vous dire juste un petit mot de laméthode, car la façon dont nous avons travaillénous a immédiatement amenés à nous poser desquestionssurlesmétiersetsurcettefigure.L’ACSé nous avait demandé de faire une enquêtepar questionnaire pour réussir à cerner justementtouscesprofessionnels.Quisont‐ils?Quelâgeont‐ils? Quelles formations? Quelles fonctions? etc.Mais pour faire ce questionnaire, il fallait d’abordrepérer les gens, puisqu’il fallait le leur envoyer.Nous avons donc dû constituer un répertoire. Etpour le constituer, nous avons consulté lesPréfectures, lesCentresde ressourcesPolitiquedela Ville avec cette définition: «qui sont pour vousles référents CUCS et Politique de la Ville qui nesontpasdédiésàunethématiqueouàundispositifparticulier?».L’exercice de constitution du répertoire nous aimmédiatement plongés dans l’hétérogénéité dessituations occupées par les professionnelsaujourd’hui.Quandonparledelafigureoriginelle‐souventunhomme,caractériséparunepositiontrès particulière dans les organigrammes ou horsdel’organigramme‐maisenliendirectavecunélufortouunMaire,ehbien…toutcecin’existeplus.Nous nous sommes donc retrouvés, à certainsendroits,avecparexempledeuxpersonnes,unchefde service et quelqu’un qui s’appelait «chef deprojet CUCS»; et d’autres qui pouvaient être deschefsdeprojetPolitiquede laVilledequartier surlemêmesite.Il était important pour nous de garder cettediversitédesituationspourchercheràcomprendrel’existant et de s’intéresser à ces intitulés et à cesfonctions diverses. Nous avons ensuite envoyé cesquestionnaires. 543 professionnels ont répondu ànotre enquête et nous les en remercions. Etensuite,36d’entreeuxnousontaccueillispourunephase qualitative à l’occasion de très longsentretiens. Voilà pour un petit détour par laméthode.Caravantd’envenirauxenjeuxetauxrésultats,jevoulaissimplementdirequecettefigurehistoriques’est véritablement éclatée en une importantediversitéde situationsparticulières.Cequi estundespremiersenseignementsdecetteétude.

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>Lesenseignementsdel’étudeFORS

HervéJOUANNEAUVousl’avezdéjàévoqué,undespremiersenjeuxdecette étude était de dresser un portrait robot decesprofessionnelsgénéralistes.Alors,qu’est‐cequienressort?AnneSAUVAYRELe portrait robot, à grands traits, ce sonteffectivement des professionnels qui se sontféminisés. Un peu plus de la moitié desprofessionnelssontdesfemmesaujourd’hui.Ilsontaussi rajeuni, 40 ans en moyenne. Seuls 13%avaientmoins de 30 ans et étaient donc vraimentde «jeunesprofessionnels ». Et un seul était danssapremièreexpérienceprofessionnelle.Unedenoshypothèsesdetravailétaitquecetypedefonction,comme c’est le cas avec des professionnels dutravail socialquisortent tout justede leursMasteret qu’il faut beaucoup accompagner, était occupépar ce même type de profil de très jeunesprofessionnels débutants. Et là, non. Lescollectivitéschoisissentsurtoutdesprofessionnelsquiontdéjàunecertaineexpérienceetquisontencapacité d’exercer l’intégralité des missions quileur sont confiées. On retrouve plutôt les trèsjeunes dans les dispositifs sectoriels, par exempledans les PRE (Programmes de Réussite Educative).Donc, premier enseignement, ces professionnelsgénéralistessontplusjeunesquedanslesportraitsdes«figureshistoriques»maispastantquecela.Deuxième enseignement ‐ nous ne nous yattendions pas du tout ‐ c’est que ces personnesétaientarrivéesassezrécemmentdanslaPolitiquede la Ville. La moitié des personnes interrogéesoccupait leur poste depuis moins de cinq ans, enfait depuis la signature des CUCS. Cela veut direqu’ilyaeuunrenouvellementtrèsimportantdelapopulation.Iln’yavait,aumomentdel’étude,que7% des gens qui travaillaient depuis 2000 dans laPolitique de la Ville. Et la moitié de l’échantillonétait constituée de personnes qui n’étaient pasdébutantes professionnellement, mais dont c’étaitlà lepremierpostedansledomainedelaPolitiquedelaVille.Outrecerenouvellement,etlerajeunissementdontnous avons déjà parlé, on se trouve face à desprofessionnels également de plus en plusdiplômés, ce qui constitue le troisièmeenseignement. Parmi les jeunes, il s’agit pour

presque tous de Bac +5 et plus. Les formations,selon lesgénérations, changeaientbeaucoup.Onaquatre type de formation: en Master 2, pour lesmoins de 35 ans. Développement social eturbanismepour l’essentiel,maisaussisociologieetsciences politiques. Et quand on avance en âge,auprèsdesquarantenairesetcinquantenaires,onadavantage de formations autour des sciences del’éducation et du travail social. Ce sont desformations initiales qui disparaissent totalementchezlesjeunesgénérations.Donc on a une évolution des formations initiales,un renouvellement des générations et unrenouvellement des compétences et des façonsd’aborderlemétier.

>Latypologiedesprofessionnels

HervéJOUANNEAUAlors, dans votre étude, vous vous êtes aussiefforcés de dresser une typologie desprofessionnels selon leur rapport au terrain etselon leurrapportà l’autoritémunicipale.Pouvez‐vousnousendiredavantage?AnneSAUVAYREOui, en effet.Nous avons cherché à répondre à laquestionquenousposaitl’ACSénonseulementsur«qui sont‐ils?»,mais aussi sur «quelle est leurcapacité d’action? Mais à chaque fois que laquestion nous était posée, avec des déclinaisonsprécises, nous avions envie de répondre: «çadépend…». Car ça dépend en effet de plein dechosesetnotammentducontexte.Donc,enplusdel’enquêteparquestionnaire,nousavonsréalisédesentretiens qualitatifs très longs avec 36professionnels, mais aussi avec leurs élus et leursresponsables hiérarchiques. Nous nous sommesdonc attachés à comprendre quels étaient lesdéterminants de cette capacité d’action. Nousavons testé beaucoupde choses et nous sommesarrivés à la conclusion qu’il y avait deuxdéterminants très forts. On n’a pas la mêmeposture professionnelle, on ne peut pas réaliser lemême genre d’action, selon que l’on est plus oumoinsprocheduniveaupolitiqueetplusoumoinsprocheduterrain.Quand on arrive à avoir les deux, c’est‐à‐direquandonesttrèsproched’unélufortouduMaire–etdonccapabledepesersur lastratégie‐eten

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même temps que l’on a un grand niveau deproximité avec le terrain, c’est‐à‐dire unrelationneltrèsfortaveclesacteursdeterrain,çadonneuneposition forte.Quandonn’ani l’unnil’autre, c’est‐à‐direquandonestassezéloignédupolitique par sa position dans l’organigramme ouque l’on travaille tellementdans l’ingénierie et lagestiondedispositifsquel’onn’estplustellementprocheduréseaud’acteurssur leterrain,onperdconsidérablementdecapacitéd’action.HervéJOUANNEAUPeut‐êtrepeut‐onpasserenrevuecette typologie?Il y a les superviseurs à distance, les chefsd’orchestre, les ingénieurs, les animateurs deterritoires…

AnneSAUVAYREOui.Nousleuravonsdonnédesnoms.Onaappeléles «chefs d’orchestre» ceux qui ont la chanced’avoir un positionnement stratégique fort, c’est‐à‐direceuxquiontàlafoisuneproximitépolitiqueforted’un côtéetun relationnel etune capacité àmaintenir des liens avec le terrain de l’autre. Cepositionnements’accompagnegénéralementd’unepositiondans l’organigrammeassezhauteparmi lapopulationétudiée.Nousavonsappelé«ingénieurs»ceuxquiétaientàlafoislespluséloignésduniveaupolitiqueetduterrain, parce qu’ils se consacrent surtout à de lagestion de dispositifs et à des fonctions du typeobservation,diagnostic,évaluation.Nous avons appelé «animateurs de territoire»ceux qui travaillent à l’animation des acteurs etpartenairesd’unterritoire. Ils sontchefsdeprojetsur un ou deux quartiers, assez loin du niveaupolitique.Enfin, les«superviseursàdistance» ‐quinesontpas du tout chefs de projet ‐ sont des gens qui,dans des petites communes, sont souventDirecteurs Généraux de Services ou DirecteursGénéraux Adjoints, qui se sont vus octroyer laresponsabilité de la Politique de la Ville lorsqueleur commune a signé un CUCS. Ce ne sont doncpasdesprofessionnelsdelaPolitiquedelaVille;ilsla supervisent. Nous les avons donc appelés les«superviseurs».

>Quellescapacitésd’agirpourcesprofessionnels?

HervéJOUANNEAUTrès bien. Alors, chacun pourra aller voir dansl’étude les réflexions que vous avez menées, maispeut‐être en un mot, pouvez‐vous nous direcomment cesdifférentes figuresdeprofessionnelss’emparent de leursmissions et ont des capacitésd’agirdifférentes,puis,nousdirequelles réflexionscelavousinspire.

AnneSAUVAYREToutd’abord, les figurestellesquenous lesavonsprésentées sont des archétypes. Et même sicertainespersonnalitésnousontinspirécesfigures,les professionnels cumulent souvent descaractéristiques d’une ou deux figures, ou sedéplacentsurcetteéchelle.Celanousaidesurtoutà réfléchir. Etpourmoi,undesenseignementsestl’importance du lien au politique et du portagepolitiquedanscesmétiers,encoreaujourd’hui.Nous sommes sur desmétiers stratégiques parcequ’ils’agitdel’avenird’unterritoire,deréfléchiràla fonction d’un territoire en difficulté dans unecommune,dansuneville,dansuneagglomérationetd’aiderlespolitiquesdanscetteréflexion.Etlesprofessionnels qui, par leurs collectivités, sontorientés à ne faire que de la gestion de dispositifsontbeaucoupdemalàatteindrecepositionnementstratégique.Onvoitdoncbienque laquestiondespositionnements va considérablement peser sur lacapacité d’action, la capacité de développementdesprofessionnels.

>Larelationavecl’Etat

HervéJOUANNEAUIl y a, me semble‐t‐il, également un point trèsimportant,celuidelarelationavecl’Etat.Dansunepériode de recomposition et d’incertitude, vouspointez des relations distendues entre lesprofessionnelsetl’Etat.

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AnneSAUVAYRELes entretiens ont été réalisés en novembre etdécembre 2010. Et 2010 était une période trèsdifficile pour les services déconcentrés de l’Etat,puisque l’on était en pleine période de mise enœuvredelaRGPP(RévisionGénéraledesPolitiquesPubliques). Mais c’était également une périodetrèsdifficilepourlaPolitiquedelaVillepuisqu’onne savaitpas si lesCUCSallaientêtre renouvelés.Nousétionsdoncnonseulementdansunepérioded’incertitude, mais aussi dans une période derecompositiondeséquipesauniveaudel’Etat,avecces nouvelles directions que sont les DDCS(Directions Départementales de la CohésionSociale).C’était donc très frappant: nous avons fait leconstatquelesreprésentantsde l’Etat localet lesprofessionnelsdescollectivitéslocalesneparlaientplus lamême langue. On avait des professionnelsqui,en fonctionde leurspossibilités,essayaientdepromouvoirduprojetetdudéveloppement,cequirestelecœurdeleurtravail.Etonavaitenfacedesagentsdel’Etatquineconnaissaientpasbeaucoupla Politique de la Ville parce qu’ils venaientd’arriver, qui eux passaient leur vie à gérer desdispositifs et à demander des dossiers et desindicateursetconnaissaienttrèspeulesagentsdescollectivités. Et il y avait donc à ce moment‐làcommedeuxdéfinitionsdelaPolitiquedelaVille‐d’uncôtélagestiondeprogrammesetdel’autrelastratégie de territoire ‐ qui avaient beaucoup demalàseparler…Et du côté des agents de l’Etat, cela cachait unecertaine détresse, ce que nous avons soulignéauprèsdel’ACSé.Parmicesagentsquenousavonsrencontrés,quiétaientmisendemeuredefairedel’évaluationalorsqu’ilssavaientàpeinecequ’étaitl’évaluation, qui étaient soumis à beaucoupd’obligations dont ils s’acquittaient comme ils lepouvaient, on voyait bien qu’il y avait unedemande d’être accompagnés dans lacompréhension de ce qu’était cette chosemystérieuse qu’est la Politique de la Ville. Aveccette nouvelle génération d’agents de l’Etat quiviennentd’arriver, ilyadoncabsencededialogue.Oudialogueentredeuxmondesdistincts.Lachosequimefrappeleplusétaitlatensionentrel’objectif de développement et la gestion dedispositifs. Ainsi, ceux que l’on a appelés«ingénieurs», ce sont des gens qui, de manièrecaricaturale,nepeuvent fairequede lagestiondeCUCS, de VVV (Opérations Villes Vie Vacances), …parce qu’il n’y a pas de projet politique ni de

réflexion politique sur les territoires. Ce sont desprofessionnels très malheureux ‐ et c’estimportant de le dire ‐ car ce sont desprofessionnels qui se sentent empêchés dans lecœur de leur métier qui est de faire dudéveloppementetdeproduireduchangementausein de leur collectivité, du changement sur lesterritoiresdont ilss’occupent.Cettetensionexistedonc en permanence. Il y a une tentation detechniciser au lieu de faire des politiques dedéveloppement,cequiestunenjeuàdépasser.

>Lesmutationsdelacommunautéprofessionnelle

HervéJOUANNEAUMerci, Anne SAUVAYRE pour votre présentation.Vousversezdesélémentsquiserontreprisaucoursdudébatetégalementdansl’AteliersuivantauquelvousparticiperezavecEmmanuelleTHIOLLIER,pourapprofondir.Jeme tourne vers vous,Gilles JEANNOT.Vous êtesprofesseur à l’Ecole Nationale des Ponts etChaussées.Merci beaucoupd’êtreavecnous.Voustravaillez de longue date sur cette question desmétiers de l’ingénierie territoriale, que vousqualifiiez il y a quelques années de «métiersflous».L’enquêteducabinetFORS,quenousvenonsd’entendre,metl’accentsurunchampprofessionnelen pleine mutation. Quelle lecture faites‐vous decette enquête, et plus largement, de latransformationdecesmétiers?Qu’est‐cequecelavousinspire?GillesJEANNOT‐Chercheur,Professeuràl’EcoleNationaledesPontsetChausséesCe qui est décrit dans le volet quantitatif del’enquête s’inscrit dans une logique d’évolutioncontinue de long terme. En 2008 j’avais eul’occasion de traiter les données d’une enquêtemenées par l’ANRU auprès de ses correspondantsprofessionnels dans les villes et lesintercommunalités.Lapopulationn’étaitpastoutàfaitlamêmequepourl’étudeFORSmaislesmêmestendancessedessinaient.ParexemplecesDGSquisont présents parce qu’il y a un dossier à traitermais qui ne se sentent pas «professionnels de laPolitiquedelaVille».Enrevanchecertainsaspectsque j’avais notés alors sont moins présents danscetteenquêteplusrécente.LesGIPsemblentmoins

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présents; ils étaient cependant importants carmême s’ils étaient en nombre limité ilsconcentraientd’importantsbudgets.Laquestiondel’obligation de transfert aux EPCI (Etablissementspublicsdecoopérationintercommunale)poseaussiproblème car selon les configurations ce n’est pastoujours lemeilleur niveau de traitement de cettepolitique. Cequi ressortalorsde l’enquêtec’estunerelativenormalisation de ces métiers. Avec des bonnesnouvelles. Par exemple le fait qu’il y a de plus enplus de fonctionnaires et donc des gens qui necourent plus après le contrat, ce qui n’est pasnégligeable. On observe aussi la présence d’ungrandnombrede jeunes femmesprofessionnellesàhautsniveauxdequalificationdansdespositionssubalternes.Lesociologue‐àpeinenarquois‐vousdiraquecelaestuntrèsbonsignecarcelamontreque tout ceci s’est normalisé et que c’est doncdevenucommepartoutailleurs.Onnote toutefoisquecettenormalisationn’apassuivi lemodèlede laprofession.Cela fait toutdemêmequelquesannéesquejeviensparlerdevantvos instances et que je me montre sceptiquedevant l’idéal de la «profession» indépendantequi aurait une autonomie, une éthique, etc.…Cemodèle semble définitivement enterré. Aupassage, les liens avec le groupe des travailleurssociaux, organisé lui selon un modèle de quasiprofession, ne semblent pas non plus s’êtrerenforcés.JevousrappellequelamoitiédurapportBREVAN‐PICARD ‐ vous ne le relisez peut‐être pascommemoi tous lesmatins ‐ disait: «nous avonsratélelienaveclestravailleurssociauxetc’estlàlaprochaineétapeàvenir».Dans l’étudeFORS,vousnous dites que les seuls travailleurs sociaux quevousavezrencontréssontàdeuxdoigtsdepartiràla retraite et que l’on ne voit pas apparaître lanouvelle garde que nous proposait le rapportBREVAN‐PICARD…

>Dansdescontexteshétérogènes

Les résultats de l’enquête qualitative sont enrevanche plus inquiétants. On voit en effet sedessinerdefortesdifférencesselonlescontextesdeprise en charge locale de la Politique de la Ville.Dans les villes où la «Politique de la Ville» estdevenue «la politique» de la ville ‐ au sens«politiquede lamunicipalité» ‐onvoitbienquel’on a un accomplissement du discours officiel dela Politique de la Ville. Elle est vraiment une

politique transversale qui est en dialoguestructurelavectouteslesautres.Maislorsqueiln’yapasune tellepriseenchargepar lamunicipalité,les nouvelles ne sont pas extraordinaires: latendance est à la bureaucratisation. Lesprofessionnels instruisent de manière routinièredes dossiers de subvention; ils ont du mal àcoopérer; ils sont isolés. Et là, cela ne semble pasbeaucoupévoluer.Cettedualitédecontexteinterrogesurlemaintiendu même discours sur la Politique de la Villedepuis30ans.Peut‐ontenirindéfinimentlemêmediscoursfaceàdessituationssidifférentes?

>Quellecultureprofessionnelledéfendrefaceàcesmutations?

HervéJOUANNEAUMerci à vous Monsieur JEANNOT. Je reviens versvous dans un instant. Mais je voudrais égalementrecueillir la réactiondePhilippeCARBASSE,au titrede l’IRDSU. Je précise, que vous avez deuxcasquettes: vous êtes chef de projet adjoint àPerpignan et vous êtes également doctorant. Jecroissavoirquevouspréparezunethèsededoctoratsurcettequestiondesmétiers.Quelregardportez‐vous sur cette transformation des métiers dudéveloppement local, dont lamission initiale étaitl’animation de projet et qui aujourd’hui tendent àremplirdestâchesplustechniques,plusdegestion?PhilippeCARBASSE‐ChefdeprojetDSUadjointàPerpignan,membreduCAdel’IRDSUetdoctorantàl’UniversitédePerpignanComme il est difficile d’y répondre en quelquessecondes… Je vais d’abord faire un préambule etsaluer les «figures historiques» qui sont danscette salle car ils existent encore et que l’on encroise régulièrement! Je souhaite vous dire aussiquedanscetespacepartagéavecl’UNADELquiestla Plate‐forme des Métiers, nous essayons entreprofessionnelsetavecdesuniversitairesd’analysercomment cette évolution du contexte influe surnos pratiques et comment cetteinstitutionnalisation ‐ qui génère cet éclatement,cette spécialisation en programmes, cetalourdissement de la gestion administrative ‐impactenotreaction.

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Je nuancerais assez volontiers ce que dit GillesJEANNOT sur le fait d’essayer de faire perdurer lafigure du professionnel indépendant. Notrequestionnementestplutôtd’arriveràsavoirquelleculture professionnelle nous souhaitons essayerd’entreteniret comment s’adapteraux contextes.Que l’on ait été forgé dans un contexted’expérimentation des années 80 ou que l’on soitplutôt dans un contexte plus institutionnel et plusnormé la question reste de savoir à quelle cultureprofessionnelleonseraccroche,quelsensondonneà son travail, qu’est‐ce que l’on met derrière leterme de «développement territorial». À celas’ajoute, quelle que soit sa position proche duterrain ou pas, proche des élus ou pas, et quellequesoitlamasseadministrativequel’onaàgérer,la question de savoir comment on arrive à fairevivre les valeurs, les méthodologies dudéveloppementterritorial.Je suis donc dans cette position‐là: malgré lesdifficultés,essayonsd’êtreacteur,essayonsdenepassubir,essayonsdefairevivreunedéontologieetunecultureprofessionnelledansuncontextequiabiensûrfortementévolué.

…etfaceàlamutationdespolitiquespubliques?

HervéJOUANNEAUIlyaeneffetuncontextenouveau,quiestceluidela RGPP, la révision générale des politiquespubliques. Cette politique qui, depuis 2007, amisles effectifs de l’Etat à la diète (la RGPP, c’est lenon remplacement d’un fonctionnaire sur 2 à laretraite) permet‐elle de faire du développementterritorial?PhilippeCARBASSEToutd’abord, il fautdireque laRGPP,cen’estpasuniquement le non remplacement d’unfonctionnairesurdeuxquipartà la retraite.C’estaussi touteunephilosophiedemiseenœuvredel’action publique. Certains chercheurs commeRenaud EPSTEIN ont bien saisi le phénomène enparlant de «pilotage à distance» et d’un nouveaumodedefonctionnementoùl’onmetlesterritoiresenconcurrence(cesont lesappelsàprojets)etoùl’Etat animateur n’existe plus. La RGPP c’est toutcela. C’est une philosophie de l’action publique.Deuxième élément à souligner, c’est que cettephilosophielàn’estpasspécifiqueàl’Etat,elleest

aussi présente dans un certain nombre decollectivités territoriales. Là, on est dans unedoublecontrainte…Donc cette philosophie d’action, où l’on est demoins en moins dans une relation contractuelle,rendplusdifficile lamiseenplacede logiquesdedéveloppementterritorial.HervéJOUANNEAUPartagez‐vouscetavis,GillesJEANNOT?GillesJEANNOTOui. Pour le dire de manière peut‐être un peuabstraiteetsimplifiée,onestpasséd’unesituationoù la bureaucratie était opposée au partenariat àune situationoùelle se trouvedésormaisopposéeauNewpublicmanagement.Ledébatdecesvingtdernières années opposait la démarchebureaucratiquededécoupagedesfonctionsetdesattributions de moyens à la démarchepartenariale, transversale, projet. C’est ce qu’untrèsbeaurapportavaitexpriméaveclesimagesdes«Tranches de cake et du mille‐feuilles». Toutevotre histoire professionnelle est l’histoire ducombat entre ces deux manières de découperl’interventionadministrative.Or,onestentraindevivre un autre combat qui pour l’instant se joueplutôt ailleurs, entre la logiquebureaucratique etla logique du «new public management». Etd’ailleurs,AnneSAUVAYREautilisétoutàl’heureleterme d’«indicateur» qui en est une figureémergente. Il y a plusieurs symptômes de cenouveaumodèle.Premièrement la logiquedemiseen concurrence des territoires, ce que RenaudEPSTEIN a très bien cerné avec l’ANRUmais aussiau‐delà avec les «Plans Universités».Deuxièmement, il y a la Loi d’Orientation sur lesLoisdeFinance, laLOLF,et justement lanécessitédeproduiredesindicateurs.Lebudgetdel’Etatsuitaussi ces règles. Troisièmement on observe desformes de contrôle de l’activité et de mise autravail des agents publics à travers des nouveauxoutilsdegestioninformatisés.J’observecephénomèneactuellementàtraversuneenquête qui est menée par le Centre d’Etude del’Emploi et qui permet d’apprécier l’usage de cesinstruments de gestion. On voit émerger unmodèle de gestion qui est unmodèle demise autravail très opérationnel et très direct desfonctionnaires avec des engagements sur desobjectifs très précis, partiellement validés par unretour sur salaire. Cette enquête montre que leMinistèredesFinancesaujourd’huiestplusengagé

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sur cette voie que les autres ministères et mêmeque la moyenne des entreprises privées dans ledomainedesservicesoudelabanque.Toutcelavadanslemêmesens.Noussommesdoncfaceàunenouvelle logique.Etc’estassezdrôlecaronrejoueunpeulamêmehistoiredemanièredécalée;c’estl’attaqueduvieuxmodèlebureaucratique,nonplusaunomdupartenariat,maisaunomdesnouveauximpératifs:«clarifierdesobjectifs, les finaliser, lesmesurer,lessanctionner». De manière plus prospective, se dessine unenouvelleoppositionentrelemodèledunewpublicmanagement et celui du partenariat. C’est ce quise passe déjà dans des pays qui ont 10 à 15 ansd’avance sur ces pratiques de new publicmanagement, comme la Grande Bretagne ou lespaysd’EuropeduNord.LestravaillistesdeGrandeBretagne ont répondu au gouvernement Thatchersans remettre en cause la tendance new publicmanagementetsesindicateursmaisendisantqu’ilexiste aussi des «wicked issues» des problèmescompliqués, des problèmes transversaux etpartenariaux que la logique d’indicateurs ne peutpas saisir. Cela appelle donc du «joined upgovernments», du gouvernement conjoint oupartenarial. Ceque l’onobserve (je suis allé il y aquelques temps faire des enquêtes autour deSheffield), c’est que cette nouvelle tensionconcerne directement les professionnels de laPolitiquedelaVille.Ilssontcensésenmêmetempsproduirede l’actionpartenarialeetmontrerqu’ilsrépondent aux indicateurs de productivité del’actionpublique.Cettetensionmesembledevoirdevenir rapidement le pain quotidien desprofessionnelsdelaPolitiquedelaVilleenFrance.HervéJOUANNEAUMerciGillesJEANNOTpourcetexposédelanouvellecompositiondupaysageetdesenjeux.Je reviens vers vous, Philippe CARBASSE. Vousparticipez,au titrede l’IRDSU,à laPlate‐formedesmétiers animée par l’UNADEL. Nous y reviendronsdans un instant avec Emmanuelle THIOLLIER quinous donnera tous les détails. Cette réflexion surles métiers, c’est une réflexion qui est menée auseindecettePlate‐forme?

>La«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»

PhilippeCARBASSEActuellement, nous sommes plutôt dans unepériode de réflexion sur les impacts deschangements de contexte sur nos pratiques, quinousmet en tension, nous bouscule, voire génèredessituationsdesouffrance.Nous cherchons à savoir comment on prend dureculparrapportàcettesituation‐làetonessaiedevoir du côté de la formation initiale et desnombreuxMasters qui fleurissent comment cetteévolution est prise en compte, c’est‐à‐direcomment les formations s’adaptent et permettentde préparer des nouveaux professionnels à savoirgérer ce type de tension entre gestion etdynamiquedechangement.HervéJOUANNEAUJe vous propose de donner la parolemaintenant àEmmanuelle THIOLLIER, qui est également uneprofessionnelle de terrain membre de l’IRDSU.Madame THIOLLIER, merci d’être avec nous. VousêteschefdeprojetàParisdanslequartierBelleville‐Amandiers.Vousêteségalementpiloteduchantier«métiers» à l’IRDSU. Nous souhaitions évoqueravec vous la «Plate‐forme des métiers» del’UNADEL (Union nationale des acteurs et desstructures du développement local) à laquelleparticipel’Inter‐Réseaux.Les questions évoquées dans notre débat sont aucœurdelaréflexionportéeparl’UNADEL.Pouvez‐vous nous rappeler en quelques motsl’organisationetlefonctionnementdecettePlate‐formemétiers?EmmanuelleTHIOLLIER‐ChefdeprojetàlaVilledeParis,membreduCAdel’IRDSUetdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»Cette Plate‐formedesmétiers est née à l’initiativede l’UNADELquiavaitconcludans lesannées2000qu’il y avait probablement une nécessité àréfléchir collectivement autour des métiers dudéveloppementterritorial.Elle s’est donc constituée en 2000 et elle associedes partenaires institutionnels, des associations dedéveloppement local, des associations de

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professionnelsetlesmilieuxdelaformationetdelarecherche.Elleregroupedoncdesmilieuxdifférentsquitravaillentsurunmêmeobjet.À l’IRDSU nous avons très vite vu la nécessité derejoindre cette réflexion collective sur les métiersdudéveloppementterritorial.C’estuntravailbénévole.LaPlate‐formeadepetitsmoyensetbénéficiede subventionsattribuéesparlaDATARouleSGCIVparexemple,mais l’essentielrepose sur ce que chacun apporte au «potcommun». Notre principe de fonctionnement estd’une journée tous les deux mois en Plénière, etpuis nous avons des groupes de travailintermédiaires qui produisent. Et nous avonsdifférentsgroupesdetravaildemanièreàtravailleràl’échellerégionale.HervéJOUANNEAUC’estbienlaPlate‐formedesmétiersquiaproduitleréférentiel «cœur de métier» du développementterritorial?

EmmanuelleTHIOLLIER,IRDSUToutàfait.Ilyadesproductionspropresetilyaeudes commandes. Typiquement ce Référentiel«cœur de métier» était une commande de laDATAR. L’idée était de regarder, parmi tous lesprofessionnels du développement territorial, siune «grande famille» du développementterritorial existait et quelles en étaient lescompétencescommunes.Nousyavonstravailléen2003, 2004 et 2005 de manière très participativepuisqu’il y a eu une bonne soixantaine deprofessionnels qui y ont contribués, avec desgroupes de travail dans différentes régions et leconcours d’une consultante qui nous a aidés àélaborercetravail.C’est un référentiel généraliste, c’est aussi ce quel’on peut lui reprocher, c’est‐à‐dire qu’il se centresur les compétences «cœur de métier». Nousavons isolédesmacro‐compétences. Elles sont aunombre de 5, plus une 6ème au statut un peuparticulier: aide à la décision, animation,ingénierie, conduite de projet, production deconnaissancessurlesterritoiresetla6èmequiestlacapacitéàapprendreencontinu.

POURALLERPLUSLOIN

‐L’étudeFORSpourl’ACSésurl’ingénierielocaledelaPolitiquedelaVille:www.lacse.fr/ressources/files/les_etudes_de_l_acse/Ingenierie.zip

‐Leréférentiel«cœurdemétier»dudéveloppementterritorial:www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article14

‐LerapportBREVAN‐PICARD«Unenouvelleambitionpourlesvilles,denouvellesfrontièrespourlesmétiers»:http://i.ville.gouv.fr/reference/396/une‐

‐Lanotedel’IRDSU,«PouraméliorerlamiseenœuvredelaPolitiquedelaVille:l’enjeud’uneingénierielocaleadaptée»:www.irdsu.net/Pour‐ameliorer‐la‐mise‐en‐oeuvre

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3‐REGARDSD’EXPERTS1‐«Quellesévolutionsdu rôle, des activités et des compétences desprofessionnelsduDSU?»

AnneSAUVAYRE‐Directriced’étudesaucabinetFORS

PhilippeCARBASSE‐ChefdeprojetDSUadjointàPerpignan,membreduCAdel’IRDSUetdoctorantàl’UniversitédeMontpellier

Pierre‐JeanANDRIEU‐LaboratoireduchangementsocialParis7,membreactifdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»AtelieraniméparEmmanuelleTHIOLLIER‐ChefdeprojetàlavilledeParis,membreduCAdel’IRDSUetdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»

L’ESSENTIELdel’atelier

Laproblématique

Cetteséquence,quiapermisdeprolongerleséchangesdelatable‐ronde,aétécomposéeautourdel’étudemenéeparlecabinetFORSpourl’ACSésur«L’ingénierielocaledelaPolitiquedelaVille»etdestravauxdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial».L’étudeFORSpourl’ACSésur«L’ingénierielocaledelaPolitiquedelaVille»(2011)porteprincipalementsurles«chefs de projet». Elle fait état d’un rajeunissement et d’un renforcement de la qualification initiale desprofessionnels. Elle note également une tension quotidienne grandissante entre gestion administrative etgestion de projet, une diversification des approches locales de la Politique de laVille qui induit des posturesdifférentesdesprofessionnelsetunegénéralisationdutravailenéquipe.Faceàcesévolutions,PhilippeCARBASSE,danslecadredesontravaildethèseetdesonimplicationdanslestravaux de la «Plate‐forme des métiers du développement territorial», a proposé d’éclairer les questionssuivantes: lesprofessionnelssont‐ilsdesacteursstratégiquesdespolitiquespubliquessurleterritoire? commentrenforcerleurmargedemanœuvrepourprendreencomptelesnouveauxdéfisd’aujourd’hui? quellesposturesleurpermettentdedévelopperlepouvoird’agirdeshabitants,partenairesetélus? quelssontleursbesoinsderessourcementetdequalificationencontinu?

Lesprincipauxapports

Laconstructiondel’étudemenéeparFORSamontrél’importancedel’hétérogénéitédessituations.Maisellea aussimontré quelles sont aujourd’hui les deux sources de légitimité d’action: le politique et le terrain.Cettemiseen lumièreapermisdedonnerdusensàcequipouvaitapparaîtrecommede l’éclatementoudufoisonnement difficilement explicable. Ainsi, les marges de manœuvre s’accroissent à mesure que le

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professionnelestdansunesituationàlafoisprochedupouvoirpolitiqueetprochedesacteursdeterrain(c’estlafigureditedu«chefd’orchestre»).Danslemêmetemps,l’étudeaégalementpermisdemontrerdesbesoinscontinusenformationautourdelaconnaissancedespolitiquespubliques, de la conduitedu changement, de l’évaluation et dumanagement.Maislaquestionprégnantedesplusjeunesdesprofessionnelsgénéralistesrestecelledelarelationauxélus(modalitésdereporting,fairecomprendrel’action,donnerouprendredusensàl’action…).Laquestiondusensdel’actionetdusensmêmedelanotionde«développement»estégalementaucœurde cette session. Qualifiées de «métiers flous», les fonctions de chefs de projets (ou quelle que soitl’appellation utilisée) ont à voir avec la complexité: interfaces, partenariats, dynamiques collaboratives…D’oùlanécessitéd’avoirunvéritableregardsurlapratiquecontextualisée.C’estleconceptde«réflexivité»(inventélorsduprogrammederechercheIngéTerrenrégionRhône‐Alpes)quipermetd’avancersurcesujet.Ilpermet d’aborder une réflexion et d’explorer la capacité des acteurs, professionnels en situation, à prendreconscience de leurs rôles, de leurs pratiques, de leurs places dans l’organisation, et d’envisager lestransformations possibles et souhaitables.Ainsi, l’idée de travailler sur un «référentiel», non pas au sens«cataloguedecompétences»maisbienausensde«philosophied’action»prendtoutsonsens. Ceschangementsdepostures,cesaffirmationsdevaleurs,ces réflexionssur lapratiqueet l’actiondoivents’envisagerdansuneappréhensionglobaled’accompagnementauchangement.Celainclutdebiencernerleschangementsdelasociétéelle‐même.Sociétédanslaquellenousvivonsetsurlaquellenouscherchonsàagir.Le développement communautaire, le «pouvoir d’agir», «l’empowerment» peuvent être de ces pistesd’évolution.Entermesd’implicationprofessionnelle,celasetraduitparunbesoind’éclaircissementdesfuturspossibles,d’oùletravaildeprospectiveexploratoiredanslequellaPlate‐formedesMétierss’estlancée.EmmanuelleTHIOLLIER–ChefdeProjetVilledeParis,membreduCAdel’IRDSUetdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»L’idéedecetAtelierestderéfléchirauxmétiers,àl’adaptation, à la marge de manœuvre desprofessionnels, à leur capacité d’action, à laconduiteduchangement.

>Les4«figures»del’étudeFORSsurles«chefsdeprojetgénéralistes»

AnneSAUVAYRE–Directriced’études,FORS‐RecherchesocialeOn m’a beaucoup interrogée sur les fameuses«figures» que nous avons fabriquées. J’aimeraisrevenir dessus. J’aborderai ensuite ce que l’étudenousaappris sur lesbesoinsen formation, car ilsrejoignent la problématique de la capacité d’agiroud’action.Sur ces quatre «figures» que nous avonsrepérées, tout d’abord, pourquoi les avoir faites?En fait, cela correspond à une question généralequenous posait l’ACSé, à savoir: «Quepeuventfaire ces professionnels? Peuvent‐ils réellement

monterduprojet?Peuvent‐ilsvraiments’inscrirecomme les bons relais pour les orientationsnationalesdelaPolitiquedelaVille?».A cela s’ajoutait une foultitude de sous‐questionsextrêmement précises mais pour lesquelles nousétions dans l’incapacité évidente de répondre etcela pour plusieurs excellentes raisons. Toutd’abord, parce que nous avons affaire à desprofessionnels extrêmement différents, dans descontexteségalementdifférents.Etmêmes’ilsfontlemêmemétier,lasituationn’estpaslamême:‐sionœuvredansunevilleoùtous lesterritoiressontclassésprioritairesetoùlesenjeuxsociauxeturbainssontprégnants;‐sil’onestdanscestrèsnombreusespetitesvillesou villes moyennes où un quartier peut poserproblèmeàlagestionmunicipaleetoùlaPolitiquede la Ville va donner quelques moyenssupplémentairespourgérercequartieretamenerunpeud’accompagnement.Deplus,certainsdecesprofessionnelstravaillentau sein de municipalités, d’autres enintercommunalités, ilsne sontpaspositionnésdela même façon. C’est pour cela que nous avonsréfléchi à identifier des facteurs aidants pourl’action. Et pour construire «l’axe» sur lequelnous positionnons les quatre figures, nous noussommes livrés à un exercice qui consistait àchercheràidentifiertouslesdéterminantsquel’on

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pouvaittrouvercomme:EPCI/commune,tailledelacommune,grandeagglo/petiteagglo,intensitédesdifficultés,etc.Etensuiteàfairejouertouscesdéterminants sur l’axe pour voir si tous lesprofessionnelsrencontréspouvaients’yinscrire.Et à un moment deux déterminants nous ontpermis d’expliquer beaucoup de choses et dedonnerdusensànosconstatations.Cequinousasemblé éclairant pouvait s’inscrire dans laquestion de la plus ou moins grande proximitéavecleniveaupolitiqueetavecleterrain.Cela nous a permis de comprendre beaucoup dechoses. Et notamment de comprendre pourquoicertainstravaillentbeaucoupavecdesassociationsalors que d’autres regardent beaucoup lesprogrammesmaispasvraimentlesgens;pourquoicertains font du reporting aux agents de l’Etat ouaux élus et d’autres ne les voient quasimentjamais; pourquoi certains étaient dans lemanagement, alors que d’autres faisaient partied’uneéquipe.Cette réflexion sur le positionnement nous apermis de donner du sens à ce qui pouvaitapparaîtreàpremièrevuecommedel’éclatementou un foisonnement difficilement explicable. Etsurtout, nous ne souhaitions pas nous laisserenfermer dans la seule question des capacités etdescompétencespersonnelleset individuellesdesgens.Evidemment,çajoue,etnousyreviendrons;cen’estpasneutredutout.Mais en revanche, il nous a semblé que ‐ quellesque soient les formations initiales des personnesque nous rencontrions et leur volonté de faire,d’exercer leur métier dans l’adéquation plus oumoinsfortedecequ’ilssouhaitaientfaireetdecequ’ils parvenaient à faire ‐ nous étions là dansquelquechosequidépassaitlasimplequestiondescompétences d’une personne ou de sa person‐nalité,desacapacitéàentraîneravecluioupaslesservices,lesélus,etc.Ilyaévidemmentdeça,c’estimportant, mais il y a également quelque chosed’autre, qui pèse et qui est cet effet de contextedanslesorganisations.C’est pour cela que nous avons construit cesfigures,pourmontrerquel’onnepeutpaspenserla figure des professionnels du développementsocial sans prendre en compte la façon dont ilssont positionnés dans un organigramme et sanspenser la façondont ils arriventà s’inscriredansune stratégiepolitiqueplusoumoins clairedansl’espritdesdécideurs.

>Deuxsourcesdelégitimité:lepolitiqueetleterrain

Quand on a défini la figure du chef d’orchestre ‐qui n’est pas la figurehistoriqueduprofessionnelenliendirectavecleMaire–nousavionsentêtelafigure duDGA, avec des équipes qui très souventont plusieurs politiques publiques dans leursdomaines de compétences. Si nous les avonsappelés «chefs d’orchestre», c’est parce qu’ilsarrivent, du fait de leur grande expérience, deleurséquipes… àavoirunvéritable lienavec lesdeuxsourcesdelégitimité:cellequivientduhautetcellequivientdubas.Quandilenmanqueune,il nous a semblé que les professionnelsmanquaientde«place»pourtravailler.Je reprends l’exemple des «animateurs deterritoires»,quitravaillentdansl’hyperproximitéavec le territoire, qui y développent des chosestrès intéressantes et qui tirent leur légitimité dufaitqu’ilsconnaissent lequartier; ilsconnaissentles habitants, ils connaissent les associations. Ilssont sources de connaissance sur le territoire etsurlesenjeuxduterritoire.En revanche,quandon les interrogeen tantqueprofessionnels du développement social, poursavoir comment ils pèsent sur leprojet social deterritoire et sur la réflexion au niveau de lacommune, ils se sentent généralement plusfaibles, beaucoup moins bien positionnés etmoins légitimes parce que, en fait, on leur posebeaucoupmoins la question et ils ne participentpasbeaucoupàcesréflexions‐là.Ilssontlàaujourlejour,ilsrèglentlesproblèmes,ils gèrent des questions avec les associations, ilssontdans«autrechose»,quileurdonneunetrèsforte légitimité.Mais ils n’ont pas l’impressiondeparticipertrèsfortementàunestratégiepourleurvilleetpourleurcollectivité.Ce qui est très fort comme contexte, c’est doncd’arriveràavoirlesdeuxsourcesdelégitimité.

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>Laformationetlesbesoinsdeformation

EmmanuelleTHIOLLIEREt en termes d’évolutions, de compétences,d’adaptationauxpostes,deformation…AnneSAUVAYRENous avons dans l’enquête une partie sur lesformationsetlesbesoinsenformationquidonnedes résultats bruts. En gros, nous avonsdes gensde plus en plus compétents, de plus en plusformés, avec des formations de plus en pluspointues, c’est‐à‐dire formés sur le«développement social». Ça, c’est un premierpoint.Un deuxième point très important, c’est que, surnos543répondants,80%d’entreeuxavaientsuiviau moins une formation ou un espace dequalification l’année précédant l’enquête. Donc,ce sont des gens qualifiés et qui éprouvent lebesoin de se qualifier en permanence. Parexemple,en2010,aumomentde l’évaluationdesCUCS, ils avaient tous fait des formations àl’évaluation. Ce qui est intéressant, c’est deconstatercemouvementpermanent,cebesoindetoujoursseformeretensavoirplus.Auxquestionsquiétaientposéessurleursbesoinsspécifiques, les réponsesontétéasseznettes. Ilyavait quatre champs cités de façon majoritaire.D’abord, il y avait tout ce qui touche à laconnaissancedespolitiquesdedroitcommun. Cequi est normal parce qu’on interroge desgénéralistesàquiondemandeenpermanencedefaire le lien avec le droit commun. Donc, il y a laconnaissancedespolitiquespubliques,maisaussila conduite du changement, l’évaluation et lemanagement,citéscommebesoinsprioritaires.Mais des différences de réponses apparaissentselon les âges. Les jeunes professionnelsrépondaient toujours qu’ils avaient des besoinsdans la conduite de projet. Dans les entretiensqualitatifs,onvoyaitbienqu’ilsétaient trèsbienoutillés pour faire de la gestion administrative,financièreetdoncdel’ingénierie.Enrevanche,cequilesinterroge,c’estleurcapacitéàmobiliseretfaire vivre des partenariats, à animer, àaccompagnerdesopérateurssurl’adaptationdesactions, etc. Donc, on n’est pas uniquement surune technique de gestion de dispositifs, mais surune technique de gestion des gens et des projets

sur un territoire. Et c’est ce sur quoi portaientprincipalement leurs demandes. Et parce quec’étaient de jeunes professionnels, ce quiapparaissait en sous‐thème, c’était commentparle‐t‐on avec les élus, comment on fait dureporting aux élus, comment on fait comprendrece que l’on fait? Ce qui est revenu dans lesentretiens avec les 36 professionnels, c’est unesortede«faiblesseoriginelle»delaPolitiquedela Ville, qui est comment rendre compte etcommentdonner sensà ceque l’on fait. Il y a làunedemanded’êtredavantageoutilléspouravoirun discours clair sur ce que l’on produit et êtrecompris dans ce que l’on fait, y compris par desgensquisontlesplusprochesdenous.

REACTIONSdelasalleMarionPLAINE–Vice‐présidenteduréseauBas‐NormanddesprofessionnelsduDéveloppementSocialLocaletchargéedemissionrenouvellementurbain–CUdeCherbourg(50)Jenoteunedifficultésurlepositionnementinterne.J’ai le sentiment qu’il y a un besoind’accompagnement sur le positionnement internepar rapport aux services classiques. Et passimplement par rapport aux élus sur le versant«rendre compte, rendre visible ». Plusdirectement, pour savoir se positionner et êtreefficace par rapport aux services généraux outechniquesparexemplesquinesaventpastoujourscommenttravailleraveclesservicesdelaPolitiquede la Ville. Et je parle également des servicesfinanciers. Cette difficulté est aujourd’huirécurrente dans différents sites et il y auraitvraiment besoin d’une analyse de contexte pourréellement aider les personnes et dépasser cela?Est‐ce que vous aussi vous avez eu ce type deretours‐làdansvotreenquête?KhalidIDA‐ALI‐ChefdeprojetDSU‐Vitry‐le‐François(51)JesuisdirecteurduDSU,maisenfait,celadépendde comment on me présente et qui me présente.Celadépendde comment les élusmeprésentent ;cela dépend de ce qu’il y a écrit sur ma fiche depaie ; celadépenddesmissionspour lesquellesonm’arecrutéetceladépenddequi sont lesacteursqui sont en face de moi. Par exemple, pour lesacteursassociatifs,jesuislechefdeprojet,pourleDirecteurGénéral des Services, je suis leDirecteurdu service Développement Social Urbain, et moi,

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pour expliquer ce que je fais exactement aux noninitiés,etbienj’avouequecen’estpassimple…Alors,c’estvraique laquestionest intéressanteetdepuis que je vous écoute ce matin, je me rendscompte que notre profession est au cœur, aucarrefour d’une multitude de tensions. Noussommes tiraillés d’une part entre collectivitéslocalesetEtat,entreêtreunacteurtrèsprocheduterrain ou très proche des décideurs, entre êtreplutôt généraliste et donner du sens ou plutôtthématique et être pointu. Et je pense que cestensionssontlerefletdesdemandesdeformationsqui s’expriment, de ces questionnementsperpétuels. Nous avons donc besoin de clarifierd’oùonparle,qu’est‐cequel’onfaitexactementetcommentondoitsepositionner.Ce que j’identifie, ce sont ces permanentesévolutionsdespolitiquespubliquesetleursallersetretours.Maiscequejen’identifiepasc’est«cequitient de la poule et ce qui tient de l’œuf ». Noussommes dans un processus de thématisation(éducation, sécurité, lutte contre lesdiscriminations, santé etc.) que l’on questionneencore puisque l’on demande aux techniciens etdécideursdeparlerde«projetdeterritoire»pourdonner de la perspective et du sens.Mais dans laréalité, à partir dumoment où l’ACSé finance desprogrammes comme la réussite éducative parexemple, on est obligé de thématiser, de facto,notre organisation locale. Plus on thématise, pluson complexifie.Ondemandeauxpersonnesd’êtrede plus en plus pointues dans leurs demandes desubventions et leur compréhension del’architectureglobale.Mais cette technicité, chronophage, nous faitperdre un petit peu plus de proximité avec leterrain. Alors que, parallèlement, les mêmesinterlocuteursnousdemandentd’êtretrèsprochesduterrainpournepasêtredéconnecté…C’estvraiquecen’estpassimple.Etjemedemande,entantquechefdeprojet‐puisquel’onestensituationdedonner du sens ou en tout cas de « pousser à » ‐quel est le discours que l’on doit tenir ?Thématisation ou pas ? Transversalité maiscomment?AminataDiawara‐ChefdeprojetPolitiquedelaVille‐CAduVald’Orge(91)Jesuis,surmafichedeposte,«chargéedemissionPolitiquedelaVille»àlaCAduvald’Orge,«chefdeprojetPolitiquede laVille»de lacommunedeSt‐Michel‐sur‐Orgeet«référentecommunautaire»sur la thématiqueSanté... J’avaisunequestionsurla typologie que vous avez présentée. J’aimerais

savoirsi,surlescritèresetlessourcesdelégitimité,dans le questionnaire, il y avait une partierenvoyantauprofilpsychologiquedes interviewés.Autrementdit,d’oùvientlechefdeprojet,quelestson parcours personnel. D’où lui vient son intérêtpourtravaillersurlaPolitiquedelaVille?Par exemple, pour ma part, j’ai joint l’utile àl’agréable parce que je suis issue de quartierprioritaire ‐ sans savoir à l’époqueque j’en faisaispartie...Etdonc,faceàlamanièredemeprésenteret cette dichotomie dont vous parlez entre leterrain et l’élu, j’ai souvent l’impression d’être unpeuschizophrène.J’aidonclapossibilitédepouvoirme placer tant du point de vue du terrain que dupoint de vue de ma formation professionnelleuniversitaire.Et ma deuxième question porte sur les 4 profilstypes établis en fonction de la structure derattachement.Qu'enest‐illorsqu’onestà50%surlaVilleetà50%surl’Agglo?HervéFUCHSMANN‐ChefdeprojetPolitiquedelaVille‐Romainville(93)Onparlebeaucoupduterritoire,mais jecroisutilede préciser de quoi on parle. Car la plupart descollectivités pour lesquelles nous travaillons sontessentiellementmembres d’établissements publicsdecoopérationintercommunale.Aujourd’hui, «territoires», «projet de territoire»,à quelle échelle cela se joue‐t‐il? Comment les«Projets de territoires» pour lesquels noscollectivités peuvent puiser des ressourcessupplémentaires se décident‐ils et comment nouspouvons être considérés comme des ressourcespourdépassercertainshiatus?Onparlebeaucoupde l’évolution desmétiers, mais je pense qu’il estintéressant de regarder les évolutions en coursquantauxterritoires.Qu’estcequecelaimplique?Quelles sont les incidences surnotre travailetnosrapports avec les différents niveauxd’organisations?AnneSAUVAYRELapremièrequestionportaitsurlesrelationsavecles services et le positionnement interne. Ce quiest un peu la question «serpent de mer» de laPolitiquedelaVille.Etc’estpourcelaquel’onaeurecoursàcesfigurespourrépondreàl’ACSÉetleurdirequeonestd’autantplusoutillépourfairedelatransversalité que l’on a de la légitimité et del’espace. C’est pour cela que quand lesprofessionnels sont «chefs d’orchestre», ils ont

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généralement tous les dispositifs politiques de lavilleàleurdisposition.ApartlePRU,biensûr!Onadeseffetsd’organisationoùl’onvoitbienquesila collectivité a un objectif politique fort, elle vaoutiller les professionnels, leur donner cettefonctiondechefd’orchestrequivaleurfaciliterlefait de pouvoir solliciter d’autres services, eninternemaisaussiàl’extérieur.Et si on n’a pas cette légitimité en interne, onrame! Nous avons rencontré des professionnelsquifontdesdiagnosticstrèsintéressants,maisquin’arrivent jamais à ce que ce soit lu, partagé… Etqui nous disent: «je fais un boulot passionnantmaisçanesertàrien».Il faut que la compréhension du métier dedéveloppement soit partagée au niveau de lacollectivité. Si celle‐ci ne comprend pas ce quecela peut apporter, elle va réduire lesprofessionnels à des gestionnaires de dispositifs.Et on entend: «Le CUCS, c’est 80000 euros; lePRU, c’est 140millions». Et puis c’est tout!Maisavecça,onarrêteunpeudepenser.Évidemment,celan’aidepaslesprofessionnelsnilaPolitiquedela Ville. Il faut donc être particulièrement outillédans ses compétences professionnelles pourarriver à faire comprendre ce que l’on fait et ceque l’onpeutproposer. Etquand je vousdisqueles jeunes professionnels nous disent qu’ils ontbesoindesavoircommentparlerauxélus,animerunpartenariat…,c’estparcequ’ilssaventbienquepour progresser, il va falloir pouvoir disposer detoutcela.

Quant à la question sur la segmentationpermanente, nous l’avions abordée en disant queceuxquisouffrentlemoinsdecettesegmentationétaient ceux qui gèrent les équipes‐projet (oùchacun fait son boulot) et où le chef d’orchestregèrel’ensemble.La question sur les motivations des chefs deprojets,nousnel’avonspasposée.Jen’yrépondraidoncpas.Quant à la question desmétiers, des EPCI et descommunes… elle est intéressante. Bien que nousn’ayonspastoutvuenunevingtainedesites,nousn’avons guère vu de «chef d’orchestre» auniveau des EPCI. A une exception près, avec unDGA qui portait tout, y compris l’insertion parl’économique, la rénovationurbaine, laGUP, etc.,avec des déclinaisons dans toutes les villes. C’estun positionnement que l’on retrouve peu. Lesgestionnaires sont plus dans les agglomérations;ils sontdavantagepositionnés surde l’évaluation,de l’observation. Lorsqu’il y a des logiques deconcurrenceentrevillesetagglomérations,etpas

seulementdeslogiquesdecomplémentarité,ilyaaussidesfrustrationsprofessionnelles.La question de l’harmonisation de ces différentescompétences entre communes et agglomérationsest encore pour nous un point aveugle et àréfléchir, parce que les différents niveaux nepeuventpasfairelamêmechose.

>Desmétiersenpleinévolution

Pierre‐JeanANDRIEU‐LaboratoireduchangementsocialParis7,membreactifdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»J’aimeraissimplementdireunmotsurcetteétude,ce qu’elle apporte, les évolutions dont elletémoigne,lesquestionsqu’ellesuscite.Lepremierenseignement des travaux d’Anne SAUVAYREc’estlamiseaujour–ouplutôtlaconfirmation–de la transformation des métiers dudéveloppementterritorial.A travers l’identification de quatre figuresdifférentes du professionnel généraliste (chefd’orchestre, ingénieur, superviseur à distance,animateur de terrain) l’étude confirme unediversification du métier de chef de projet. Lafigure «héroïque» du chef de projet, hommeorchestre,commanditéparl’Etatetlacollectivitéterritoriale, militant de terrain, animateur,stratège interinstitutionnel n’est plus trèsprésente. La qualité de l’étude c’est qu’elle ne secontente pas de mettre au jour le constat, ellepropose une lecture du processus dediversification.Ellemontreainsiquelaprésencedetelle ou telle figure dépend très largement de lastratégie et des choix organisationnels de chaquecollectivitéenmatièredePolitiquedelaVille.Un autre apport important de l’étude est dedonner à travers la présentation descaractéristiquesdesprofessionnelsgénéralistes,entermes d’âge, de qualification, d’ancienneté dansles fonctions, un aperçu de la dynamique derenouvellement des générations dans le métier.Cerenouvellementdesgénérationsestensoiunebonne nouvelle, il témoigne de la dynamique dudéveloppement social urbain à un moment oùnombre de professionnels s’interrogent sur ledevenirdel’engagementdel’EtatdanslaPolitiquedelaVille.Onpeuttoutefoisregretterquecetteétudeaitététrop exclusivement ciblée, initialement, sur lesprofessionnelseux‐mêmesetn’aitpasportéaussi,

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malgrécequepourraitlaisserpensersontitre,surl’ingénieriede laPolitiquede laVille. Ilauraitétéintéressant de pouvoir analyser les processus defabricationetdemiseenœuvredelaPolitiquedela Ville qui sont portés aujourd’hui très souventpar des organisations «complexes», faisant unelargeplaceàdes formespluriellesdedivisiondutravail.Quoiqu’ilensoitsurcepoint,cestravaux,réalisésà la demande de l’ACSé, sont particulièrementutiles pour les travaux de la «Plate‐formemétiers» qui s’est donné pour objectif dans sonprogramme 2010‐2012 de faire une prospectivedes métiers du développement territorial et deformuler des propositions visant à améliorer lesformationsinitialesetcontinuesàcesmétiers.

>Laquestiondusens,lanotiondedéveloppement

PhilippeCARBASSE‐ChefdeprojetDSUadjointàPerpignan,membreduCAdel’IRDSUetdoctorantàl’UniversitédePerpignanLe fil demon raisonnement est le suivant: étantdonnéquenoussommesensituationdetension,jem’intéresseà laquestiondusens,notammentle fondement de la notion de développementdans les politiques publiques. Deuxièmequestionnement: celui de la fonction spécifiquedeschefsdeprojets,qualifiéede«métiersflous»avec des éléments assez complexes d’interfaceentre partenaires, de dynamiques collaboratives,de capacité à observer les territoires… Desfonctions spécifiques et complexes avec dessituations d’exercice très disparates selon lespositionnements, et selon que l’on se trouve ausein d’un EPCI ou d’une commune. Ce que jetravaille actuellement ‐ notamment au sein de laPlate‐forme ‐ c’est le besoin de refonder unréférentiel. Mais par «référentiel» je n’entendspas simplement une liste de compétences maisbien une cohérence entre le sens que l’on veutmettre en œuvre, la philosophie politique denotre action et des pratiques. Reposons un peunos bases. Quel est donc ce référentiel, notredéontologie de travail au regard du contexteactuel?Le développement territorial, «un conceptambiguenconstanteévolution»,c’estunconceptqui apparait avec la seconde guerremondiale etl’apparition de la notion de « pays sousdéveloppés». L’approche est alors avant tout

centrée sur l’économie et la technique commevecteurs du bien‐être des populations. Cetteapproche évolue rapidement au profit d’uneapproche plus globale qui tient compte de laculturedes territoiresetdes capacitésdesgensàagir sur leur territoire, dans des enjeuxdémocratiques.LadéfinitionduRéférentiel«cœurdemétiers»est:«Unetransformationsocialedesterritoires vers un mieux‐être global», avecvalorisationdesressourceslocales.Cettedéfinitionn’estpasencoreassezclairepourmoi,notammentquant aux finalités. Qu’est‐ce que ça veut dire«transformationssociales»?Monhypothèsedetravailestdoncquecequiestcentral est la question de la démocratie;démocratiser l’action publique, c'est‐à‐dire oùl’on puisse tenir compte à la fois des savoirstechniques, des ressources d’usages et de laconnaissance du territoire d’une multituded’acteurs… Cet enjeu démocratique est centralpour moi, dans une vision du développementterritorial. Par rapport au rôle des professionnels,on peut dire que nous sommes dans un champparticulièrement sensible aux évolutionspolitiques, institutionnelles et aux contexteslocaux.Lessituationsdetravailsontvraimenttrèsdifférentes.Etilyacettetensionentreanimateurde projet et le contexte d’exercice, où dominentune tradition administrative, très cloisonnée,centralisée,technocratiqueetsurtoutunsystèmed’action publique très éclaté. Ainsi, pour mettreen place un projet de territoire, il faut pouvoirfaire avec toutes ces contraintes qui sontrelativementfortes.J’insisteunpeusurlanotiondetechnocratie,bienanalysée par Renaud EPSTEIN notamment, quirenvoieàcette traditionenFranced’uneélitequi«pense pour nous». Cette idée qu’il y a uneadministration qui produit des solutions. C’esttrès prégnant dans la manière de mettre enœuvrelespolitiquespubliques.Celaesttoutàfaitantinomique avec l’idée de développementterritorial qui est plutôt la mise en relation desdifférentesexpertises,etpasladominationd’uneexpertisesurlesautres.

>Despratiquesquisegénéralisent?

Autreélémentdecomplexitéetdedifficulté,c’estle brouillage du référentiel. C’est‐à‐dire que l’onest dans une période où tout ce qui estméthodologiedeprojet est devenu très courant,très répandu dans toutes les sphères. On parlebeaucoup et partout de démarches partenariales,

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de diagnostic partagé, d’évaluation, deprogramme,…onalesentimenttoutefoisquenosméthodologies et façons de faire se diffusent,progressent.Maisiln’empêcheque,auquotidien,et vous l’avez tous dit, on se confronte aucloisonnement, aux difficultés de travaillerensemble. On est donc dans la situation un peubrouilléeoùonalesentimentquetout lemonde,partout, fait du projet, mais dans la réalitéquotidienne,ilesttoujoursaussidifficiled’enfaire.Notre rôle, dans ce contexte‐là peut être ce queClaude JACQUIER appelait «les conspirateurs deréformes», c’est‐à‐dire lamanière de développerdesstratégiesquifassentquemalgrélescontextestrès difficiles – nous faisons avancer uneconceptiondudéveloppement.Je faisun petit détour sur la formation.Unedesdifficultés, qui explique qu’il n’est pas toujoursfacile de faire travailler ensemble uncoordonateurPRE,unchargédeprojetPRU,c’estque la question du développement n’est pasconstitué comme une discipline (tout comme letravailsocial).IlyaplusieursEcoles..Lesystèmedeformationfrançaisest faitdetellemanière que l’on est formé avec une entréeprivilégiée: la géographie, le droit, la sociologie,sciencespolitiquesouéconomie…Jesaisquecelaévolueetqu’il y adesUniversitésqui essaientdeplus en plus de structurer une approchepluridisciplinaire et de croiser les différentesdimensions.Mais malgré tout l’approche disciplinaire restetrès structurante. Et on note également unedemande centrée sur l’expertise technique. Unresponsable de Master d’Aménagement duTerritoire me disait récemment qu’il avaitbeaucoup de mal à faire évoluer non seulementses enseignants et ses étudiants ‐ mais aussi lespolitiquesaveclesquelsiltravaille‐surlaquestionde savoir quelles sont les compétences que l’ondemande aux professionnels. La question de la«maîtrise des savoirs techniques» prédomine. Ilest important, en effet, de savoir réaliser un PlanLocal de l’Urbanisme. C’est de la technique, de laprocédure. Les élus le réclament, les enseignantsl’enseignent,lesétudiantsledemandent.Maisdèslors que l’on essaie d’introduire un peu decomplexité dans ce jeu, de poser les enjeuxdémocratiques, d’urbanisme ou d’évolution desmodesdevie,c’esttrèsdifficile.

>Sepenchersurnoscompétencesetsurnotrerôle

Je vous propose deux axes de réflexion parrapport à nos compétences, nos formations, nospratiques. D’abord, la question de la«réflexivité».C’estunconceptunpeuàlamode.Onparleausside«professionnalité».Ce conceptest apparu pour la première fois dans unRéférentiel issu de la démarche IngéTerr. Il s’agitde savoir comment on prend conscience de sespratiques, de son rôle, de sa place dans uneorganisation; comment on repère les évolutionset les transformations de son institution, de sonenvironnement? La problématique consiste àsavoir comment les professionnels sont forméspour cela. Comment savoir agir lorsque l’on estdans une situation avec peu de portage politiqueet qu’il nous faut trouver d’autres ressorts?Quelles fonctions spécifiques on va jouer? Plutôtavecdesrelaisàl’extérieur?Plutôtendiffusiondel’innovation? Plutôt en lien avec des associationsqui, elles, ont le lien avec les populations? Laquestion est de savoir penser quelle est notreplace, notre rôle, nos pratiques par rapport à uncontexteetcommentnoussommesformésàcela.Le deuxième axe de réflexion ‐ si on se projettedans un objectif de démocratisation de l’actionpublique ‐estde savoir cequedeviennentnotreplace, notre rôle et nos pratiques. Beaucoup demouvements théoriques, qui ont aussiexpérimenté des interventions pratiques, sesituentà la foisdansdesdémarches cognitivesetpsychosociologiques. Jem’explique.Pardémarchecognitive, j’entends, et on l’a déjà beaucoupquestionnécematin,que l’onatousunepluralitédesavoirsetdessavoirsdifférents.Il s’agit de savoir comment on arrive à faire ensorte que ces savoirs s’enrichissent les uns lesautres au lieu d’être dans une situation deblocageetdedominationainsiquedeparveniràapprendre collectivement. Cela renvoie auxtermes «d’intelligence collective» ou de«territoire apprenant» qui commencent àémerger.Il y aunautrequestionnement, totalement lié aupremier.Car ilne fautpasnaïvement croirequ’ilsuffit de mettre ces différents acteurs autourd’une table et d’animer la rencontre de lameilleure des façons pour que l’on arrive à fairetravailler ensemble facilement un professionnelavec un habitant, ou un professionnel qui a unstatut très valorisé comme l’urbaniste avec un

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professionnel qui a un statut moins valorisésocialement. Ilsejouedesrapportsdeforces,desreprésentations sociales, des relations entreindividusquinécessitentd’avoirquelquesclefsdelecturepsychosocialessanslesquellesonsenoie.Ily a différentes disciplines, la thérapie sociale, lasocio‐psychanalyse, qui, au‐delà de théories bienéclairantes, ont expérimenté des pratiquesd’interventionqui répondaientauxdeuxprincipesposésprécédemment.Pour conclure, je souhaitais préciser que je suisassezencouragédansmestravauxcar ilstrouventbeaucoup d’écho auprès de professionnels etauprès d’universitaires. Ainsi, l’idée de refonderunréférentielquinesoitpassimplementbasésurdes «bonnes pratiques», mais bien unephilosophied’actionprésentedansdespratiquesmenées en cohérence est quelque chosed’essentiel.Avoirdesespacesdeprofessionnalité,tels l’IRDSUou lesCentresderessourcesPolitiquede laVille,où il fautquel’onsoitentrenousmaisaussi en lien avec des chercheurs, cultive notre«réflexivité», notre rôle spécifique, notre cultureprofessionnelle.Et sur la question des équipes intégrées, thèmecentral de la journée, je pense qu’il y a deuxdimensions. Il est tout d’abord nécessaire d’avoirune culture du développement, une culturecommune. Mais il faut également une dimensioninterdisciplinaire, car on ne peut pas êtrespécialiste de tout (développement économique,réussiteéducative…).

REACTIONSdelasalleJoséDHERS‐membreduCAdel’IRDSUetdela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»Sans vouloir refonder le Référentiel cœur deMétiersdelaPlate‐forme‐quiesttotalement«hasbeen» puisqu’il a 7 ans, mais que tout le mondedevraitavoir‐jem’interrogesursonactualité.Parexemple, parmi les compétences du cœur demétiers, et il y en a 21 qui sont citées, les 7premièressontditesles«7essentielles».50%des60 personnes interrogées disent ne les avoiracquises ni en formation initiale, ni en formationcontinue, ni en réseau mais seulement parl’expérience. Donc, je voulais savoir, au jourd’aujourd’hui,simalgrécespléthoresdemaster,deBac +5, de Bac +10 (!), n’en sommes‐nous pastoujoursaumêmepointquantà ces compétencesessentielles qui sont, je vous les rappelle:

animationderéunionetderéseau;conseiletaideàladécision;savoirfaireetéthique;négociation;médiation; communication; stratégie. Cescompétences étaient considérées commeessentiellespar lespersonnesayantréponduàcesquestions. Alors jem’interroge doublement: sont‐elles toujours essentielles? Sont‐elles toujoursabsentesdesformations?AminataDIAWARA‐ChefdeprojetPolitiquedelaVille‐CAduVald’Orge(91)Je suischefdeprojetdepuisunan. J’aiunMasterproendéveloppementsocialurbainet jedoisdireque je retrouve ici exactement tout ce qui nous aétéditenformation.ÀsavoirquelesmétiersdelaPolitique de laVille sont en train de changer, quelorsquel’oniraitchercherdutravail,onallaitnousobjecter notre manque d’expérienceprofessionnelle :" vous n’avez pas d’expérience deterrain... "Donc en sortant avec unBac +5, j’avaistellementpeurdelasituationquej’aipostuléàdespostesdeniveauBacouBac+2.Etlà,onmedisait,« mais pourquoi ? ». Et je rétorquais que j’avaisbesoin d’expériences parce que mon diplômeprévoitquejesoischefdeprojet,maisvisiblement,mon manque d’expérience de terrain faisaitproblème.Jemesuisconfrontéeàcertainschefsdeprojets,plusâgés,quimel’ontclairementexprimé.Donc, etpourparleraunomdemapromo,onneretrouvait pas en pratique le métier qu’on nousavait « présenté » en formation : ingénierie deprojet, gestion de dispositifs, prise de distanced’avec lespublics, laprisederecul, la relationauxprofessionnelsetauxélus,etc...Etlà,jenesuispasd’accord.Parcequequandonparlede sourcesdelégitimité, je pense qu’il faut un peu des deux. Jepense qu’on peut être autant légitime lorsqu’onsortde la facavecune formationd’ingénierie. J’aieu une formation avec l’aspect théorique etl’aspect professionnel auprès d’anciens chefs deprojets qui nous disaient « voici ce qui nousmanque».Onaautantbesoindel’expérienceetdel’expertisedegensdeterrainformésvial’éducationpopulaire et le travail social que de jeunesprofessionnels qui vont avoir une autre approche,peut‐êtreprocheduprincipede« réflexivité»quejedécouvreaujourd’hui.SylvieREBIERE‐POUYADE‐Présidentedel’IRDSUPourrevenirsurlesdeuxdernièresinterventions,jecrois qu’à l’Inter‐Réseaux il peut y avoir larencontredecesdifférentspointsdevue,ycomprisautour de valeurs communes. Il y a beaucoup de

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choses que l’on peut travailler en commun. Celanousinterpelle,entantqueprofessionnels.Je croisque l’étudeFORSmenéeà lademandedel’ACSé, les travaux réalisés par la Plate‐forme desMétiers, les travaux des uns et des autres nousinterpellentaussi.Différentessourcesnousmettentenmouvement. Je suis désolée de l’opposition decertains chefs de projets en place vis‐à‐vis desjeunes générations. Je pense qu’il y a beaucoup àapprendre et à partager au contact de la jeunegénération. Et j’espère que l’Inter‐Réseaux pourrajouer un rôle là‐dessus. Je pense que nousl’incluronsdansleprojetassociatif2013‐2015.EtienneVARAUT‐Vice‐présidentdel’IRDSUetmembredela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»Je voulais intervenir sur la question de laqualification. Bien au‐delà des seules formationsinitiales l’enjeude la formation toutau longde lavieestimportant.Commentsequalifierentantquepro ? On peut apprendre aussi énormément dechoses avec les Réseaux. Par exemple j’apprendsénormémentdechosessur ledéveloppement localen étantmilitant du développement durable. Etredans différents réseaux est important. Savoir,savoir‐faire, savoir‐être, doivent se transmettreentre professionnels grâce à une solidaritéintergénérationnelle. Il y a une responsabilité desplusanciens.Par ailleurs, je pensequ’onest dansune situationde « crise de sens » professionnelle globale auniveau de la Politique de la Ville et du DSU. Crisedue à l’Etat, mais aussi due aux élus locaux, surcertaines villes. Il y a aussi de très grandesinégalitéseningénierie.Ilestpossiblederetrouverdes marges de manœuvre notamment par lapromotion,danssacollectivité,del’organisationen«équipes‐projets»qui,mêmesiellesnesontpasdemandéespar leMaireou leDGS,permettentdedéfendre ‐ ensemble ‐ certaines valeurs, pratiquesetméthodologiesdudéveloppementlocal.GilbertDARROUX‐Directeurdelacohésionsocialeeturbaine‐Autun(71)Je voudrais revenir sur la questionde la légitimitéet de la génération. Elle s’acquiert au fur et àmesure du projet par les actions menées et lesrésultats obtenus. Que l’on soit jeune ou vieux, leproblème est le même. Quand on arrive sur unprojet,sionn’estpasperformant, la légitimité,onnel’aurajamais.Etquandonestjeuneetqu’onestefficace, la légitimité viendra aussi bien que

quelqu’undeplusâgé.Celavienttoutseul.Cen’estpasunevraiequestion.

Pierre‐JeanANDRIEULestravauxqueconduitPhilippeCARBASSEcommelesdiversesinterventionsquiontsuivitémoignentdes nombreuses interrogations que suscitel’ampleur des transformations de la sociétécomme lesévolutionsdespolitiquespubliques.Ladégradation des situations sociales dans nombredequartiers,unecertaine«recentralisation»desdispositifsdelaPolitiquedelaVille,laRGPPetlesappelsd’offre,unedivisiondutravailpluspoussée,laprégnancedesprocédures,enfinl’émergencedenouveaux enjeux… tout cela amène légitimementnombre de professionnels du développementsocial urbain à s’interroger sur l’évolution de leurmétier.

>Faireévoluerleréférentiel,faireévoluerlaformation

Si on ne peut sans doute pas parler de véritable«crise d’identité professionnelle», on ne peutignorer les nombreuses démarches collectivesengagéespourreformulerlesensdel’action,pourfaireévoluerlesméthodologiesetlespratiquesdudéveloppement territorial et de l’interventionsociale. Le développement communautaire,«l’empowerment», apparait comme l’une desvoiespossiblesderenouvellementdespratiques.Cettevoien’estpasétrangèreàl’histoiremêmedela Politiquede laVille fondée à sonorigine sur leparti pris d’appuyer les dynamiques socialesexistantes dans les quartiers. Elle est réactivée àtraversdenombreuxcolloques,commeunmoyende redonner place dans l’espace public à despersonnesetàdesgroupesprécarisés,etsouventstigmatisés, et comme un outil d’appro‐fondissementdeladémocratieparticipative.Les travaux qui sont conduits au sein de laplateforme des métiers du développementterritorial confirment l'intérêt que portent lesprofessionnels à cette voie. Ils montrent que sondéveloppementimpliqueunevolontépolitiqueenla matière, et supposera une évolution descompétences professionnelles et de l’offre deformation.Aujourd’huilaplupartdescollectivitésterritorialessontengagéesdansdesdémarchesdedémocratieparticipativeàtraversnotammentlamiseenplaced’instances et de procédures de consultation.

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Enrichir ces démarches dans la voie del’«empowerment» constituera pour nombred’entre elles une étape nouvelle, parfois unevéritable révolution: reconnaitre que deshabitants, perçus essentiellement à travers leursdifficultés, ont des ressources / compétences etpeuventprendreplacedansl’espacepublic.Si nombre de professionnels du DSU – et del’interventionsociale‐sontconscientsdesenjeuxde l’«empowerment» et attachés à s’engagerplus avant dans cette voie, les échanges qui ontlieu dans le cadre de la Plate‐forme desmétiersamènent à formuler, au moins à titred’hypothèse,quelesdiversesméthodessontloind’être connues et maitrisées par tous. Cettehypothèse fait d’ailleurs écho au constat fait parFORSdans lecadredesonétude:undesbesoinsprioritaires de formation ressentis par lesprofessionnelsconcerne«l’animation».

Dans le cadre de ses travaux la Plate‐forme aengagéuneanalysesystématiqueducontenu–etdesméthodespédagogiques–d’unequarantainede formation supérieure de développementterritorial. L’objectif estnotammentdevérifier si,comme l’avancent des professionnels et desuniversitaires, l’explosion de l’offre de formationau développement territorial, dans le cadre de lamiseenplacedesMaster,nes’estpastraduiteparuneprioritédonnéeàdes enseignementsportantsur les méthodologies de projet, de projet deterritoireetsurlecontenudespolitiquespubliqueset les procédures au détriment d’enseignementsportant sur le changement, les processus dechangement et l’animation. Ces investigationss’attachentparailleursàidentifierlecontenudesenseignements et des démarches pédagogiquesvisant à préparer les futurs agents dedéveloppementàgérerleurimplicationdansleuractivitéprofessionnelle.

POURALLERPLUSLOIN

‐Lesitedela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»:www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/

‐L’étudeFORSpourl’ACSésurl’ingénierielocaledelaPolitiquedelaVille:www.lacse.fr/ressources/files/les_etudes_de_l_acse/Ingenierie.zip

‐Leréférentiel«cœurdemétiers»dudéveloppementterritorial:www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article14

‐«Quelsenjeuxpourlesprofessionnelsdudéveloppementlocalfaceàlaréorganisationdel’Etat»,l’interventiondeRenaudEpsteinàl’AG2008del’IRDSU:www.irdsu.net/Nouvel‐article,2945

‐Lanotedel’IRDSU,«PouraméliorerlamiseenœuvredelaPolitiquedelaVille:l’enjeud’uneingénierielocaleadaptée»:www.irdsu.net/Pour‐ameliorer‐la‐mise‐en‐oeuvre

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4 ‐ REGARDS D’EXPERTS 2 ‐ «Commentprogresser vers des modes de travail pluscoopératifs et créer les conditions del’innovation?»

PascaleVINCENT‐Maîtredeconférence,chargéedemission,deformationetderechercheauCIEDEL(CentreInternationald’EtudespourleDéveloppementLocal)àLyon

UteCORNEC‐Professeurassociéeàl’UniversitédeMünster(Allemagne),consultanteàNantessurlesconditionsdel’innovationàlalumièredesontravailderecherchesur18projetsurbainsenFranceetenAllemagneRomainBRIOT‐responsabledelaMissionEuropeUrbainenFranceàl’AgencedeServicesetdePaiement,enchargedes«ProjetsUrbainsIntégrés»AtelieraniméparSonjaKELLENBERGER‐Chargéedemissionàl’UNADEL,animatricedela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»

L’ESSENTIELdel’atelier

Laproblématique

CetteséquenceestcomposéeautourdestravauxduCIEDELetd’unechercheusedel’UniversitédeMünstersurl’organisationdeséquipes‐projetsetdutémoignagedelaMissionEuropeUrbain. Pascale VINCENT, du CIEDEL (structure d’appui aux acteurs du développement local etmembre active de la«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»),expliquenotammentenquoil’évolutionducontexterend plus difficiles les démarches de développement aujourd’hui et en quoi elle façonne une tendance àl’exclusiondes«petitsterritoires».Ilenrésulteunepertedesensdel’actiondescollectivitésterritorialesetdecelle des professionnels du développement. Comment rester dans la course? Comment retrouver lesfondamentauxdudéveloppement?Pourquoilafonctiond’innovationdoit‐ellerestervivante?Quelestdonccerôle essentiel des acteurs et des organisations d’interface? Quels sont les compétences‐clefs pour penserl’ingénierieterritorialededemain?Etcommentlesdéveloppersurlesterritoires?

Lesprincipauxapports

Avec l’avènement des principes et outils liés au New Public Management et sa culture du chiffre et durésultat, les troispiliers fondateursdudéveloppement localet territorialquesont leprojetdeterritoire, lagouvernance et le partenariat sont mis à mal. En corollaire immédiat se trouvent la concurrence entreterritoires et la standardisation des actionsmenées, soit l’exact opposé de la coopération et de l’innovationrecherchée. Dans ces conditions, de quels moyens dispose‐t‐on pour repenser l’innovation territoriale?Quelquesidées‐clefsnourrissentlaréflexionetdéfinissentprogressivementunnouveauparadigmed’action.Enpremierlieu,ilfautadmettrequel’innovationprovientdelarencontreaveccequinousestinconnu,cequi

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est différent, voire, ce qui heurte à première vue. Faire entrer la diversité dans le processus de réflexion,accepterqu’ellenesoitpas forcémentunobstaclemaisunélément importantduchangementestuneétapeimportante.Puis,c’estsur lanotion‐mêmedeconstructionetdecoopérationqu’ilconvientdes’arrêter,car ils’agitlàdeprocessusparticuliersetvolontairesquinécessitentdutemps,del’écoute,delacoordination…bref,celaestaffaired’apprentissage.«Apprenanceterritoriale»,dit‐on…Apprendre à innover par la coopération est fondamental dans le transfert d’expériences internationales.L’approche interculturelle y a bien sûr toute sa place, même si elle comporte des écueils et nécessite unaccompagnementafindedécoder lessituationsetd’éviter lesmalentenduset lesapprochescontre‐intuitives.Mais si confronter les territoirespour enrichir les expériences et s’engagerdans l’innovationétait d’une telleévidence,nousverrionscesprocessus fleurirunpeupartout.Or, cen’estencorepas le cas.Pourquoi?Parcequ’ilsembleencore,àl’heureactuellequelefaitdetravaillerensemble,de«co‐opérer»,de«co‐élaborer»,nesoitpaschosesifaciledansuncontextefaitdevaleursd’excellenceetdeconcurrence.Celanécessiteunbonniveaud’interconnaissance,untimingconcordant,desdécideurspolitiquesprêtsàpousserladémarcheaurisquede jouer leurspotentiellesréélections,unhautniveaudeconseiltechniquemulti‐facette,maisaussiunvéritable rôle dévolu aux usagers / citoyens. Telles sont les conditions d’émergence de l’innovation. Il nousappartientd’encréerlesopportunités.Les «projets urbains intégrés» (PUI) apparaissent commedes opportunités nonnégligeables.Outils de lapolitiquedecohésionsocialeeuropéenne, ils représentent lemoyendepenseretd’organiserunepolitiqueterritorialetransversaleoùilpeutêtreaussibienquestiond’économique,desocial,d’environnementaloudeculturel,oumêmemieux:detouscesélémentsàlafois.Soixante‐et‐unProjetsUrbainsIntégrés(PUI)ontétésignéssur lapériode2007‐2013.Maisdès2014,unenouvellegénérationdePUIverra le jouretappuiera lesdémarchesinnovantesdedécloisonnementthématiquejusqu’en2020.Cetteapprochepermetd’allerplusloindansl’intégrationdesdifférentesdimensionsd’undéveloppementéquilibrédesterritoiresurbains.SonjaKELLENBERGER‐Chargéedemissionàl’UNADEL,animatricedela«Plate‐formedesmétiersdudéveloppementterritorial»Nousavonsorganisécetatelierendeuxtemps.Unpremier temps, tout d’abord, pour revenir sur cequ’estl’innovation,pouridentifierlecontextequilarenddifficileettoutà lafoisnécessaire. Dansundeuxièmetemps,nousnouscentreronssur lesagents eux‐mêmes et sur les compétences quipeuvent leur permettre d’accompagner lechangement.Nousallonsdonctoutdesuiteouvrirlaséanceavecl’intervention de Pascale VINCENT qui va nousdonnerlesélémentsdeproblématiquegénérale.PascaleVINCENT‐Maîtredeconférence,chargéedemission,deformationetderechercheauCIEDEL(CentreInternationald’EtudespourleDéveloppementLocal)àLyonOn m’a demandé d’éclairer les conditionsd’émergence de l’innovation. Je vais donccommencerparplantercertainsélémentsdedécorqui feront écho à ce que Gilles JEANNOT adéveloppécematin.

>LedéveloppementduNewPublicManagement

Dans les20dernièresannées, troisnotionspiliersse sont inscrites dans le domaine dudéveloppement local et territorial: le projet deterritoire,lagouvernance,lepartenariat.Cestroispiliers sont remis en cause avec l’application duconcept de New Public Management. Lesélémentsmarquantsdececonceptsonttriples.Il y a d’une part la valorisation du critère deperformance, au profit d’objectifs de court termeoù la notion de «résultat» et le rôle des«indicateurs» prennent une importance de plusenplusforte.L’autrefaitmarquantetcaractéristiqueestlamiseen concurrence des territoires, avec la logiqued’appels à projet, induisant le recours à uneexpertisedeplusenplusspécialisée.Ils’agitd’êtrecapable de monter et gérer des dossiers definancement, de repérer les dispositifs definancement,demonterdespartenariats,…Etilyaenfinlarecherchedel’externalisationdesfonctionsopérationnelles,opérantuneséparation

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entresphèredeladécisionetsphèredelamiseenœuvre. Il y a clairement une possibilité dedéconnexionentreladécisionetl’action,cequisetraduit aussi par une action de plus en plusexternaliséeet lerecoursàde l’expertiseexterne.Ce nouveau tableau a des conséquences tellesquelesprocéduresoccupentdésormaisuneplaceénorme dans les activités quotidiennes desdéveloppeurs, au détriment des activités liées àl’accompagnement du développement, ceciinduisant également une modification des profilsprofessionnels recherchés. Cela constitue unepremièredérivedelasituation.Maisilyenauneautrequiestlastandardisationdes réalisations. Car la manière de faire est detraduire le projet pour qu’il rentre «dans lescases»pourêtreaccepté.Celainduitunenouvelleforme d’expertise particulière, de plus en pluspointue, qui finalement s’empare de la décisionpuisqu’ellefaçonneleprojetetprendlepassurlesmaîtresd’ouvrage.

>Lesconséquencesdelamiseenconcurrenceetdelastandardisation

Cesdeuxdérivesparticulièrementdangereusesontd’autresconséquences.Onconstatel’exclusiondespetitesstructures,quiontdesdifficultésdedisponibilitédesmoyensdedéveloppement, du fait de l’absence deressourcestechniquesetfinancièresnotamment.D’oùdesinjonctionsàregroupementparexemple.Ce qui pose d’autres problèmes car nous nesommesplusdanslabonnetemporalitéduprojet.Il faut du temps pour bâtir ensemble un projetcommun… En fait, seules les grosses structuresarrivant à se garantir des ressources techniquessont capables de connaitre, de comprendre etd’utiliserlesprocédures.Ontrouveaussiunesimplificationdesdémarchesde montage des projets de territoires, danslesquelles le temps consacré à la compréhensionducontexteetdesproblématiquesestdeplusenplus réduit, voire inexistant. Tout ceci conduit àune perte de sens des actions menées pour leséluset lesprofessionnels,etau finalàunepertede sens du rôle des territoires et de l’ingénierieterritoriale.Lorsque l’on ajoute à cela les procédés ‐ qui sontenfaitdesfiltres‐quistandardisentlesinitiativeset standardisent les projets, on est dans une

configurationoùladiversitéademoinsenmoinsde place. La question de l’innovation territorialeestdonctrèsmalmenéedanscetypedesituation…Or,nous sommesaussi,depuisquelquesannées,dans une période où l’innovation territoriale estau cœur des discours, des politiques… Il y abeaucoupd’injonctionsàl’innovation,territorialeetautre.Onpeutinterpréterleschosesdedeuxmanières.D’unepart,celapeutêtreperçucommelemoyende permettre aux organisations territoriales etaux territoires de continuer à exister, de resterdans la course. Il faut donc innover pouralimenter le système.Mais il y aaussiuneautrefaçondequestionnerl’innovation:c’estchanger,penser autrement, s’organiser autrement, faireautrement, parce que finalement, on voit bienquel’onatteintleslimitesdecetteorganisation.Cesinjonctionsàl’innovationterritorialesesituentdonc bien dans ces problématiques, où ilfautabsolumentcontinueràexister‐etdoncàinnover.Etenmêmetempsilfautcontinueràchanger.

>Repenserl’innovationterritoriale

Devant cette situation et ces enjeux, plusieursréseaux d’acteurs se sont mobilisés depuisquelquesannéespourcomprendrecequisepasseetproposerdespistesderéponses.Parmieux, leschercheursetuniversitaires,encollaborationavecdes professionnels, dont l’UNADEL et l’IRDSU enfontpartie.Les résultats des travaux menés par les réseauxde recherche spécialisés dans le développementterritorial et l’ingénierie territoriale convergentautourdelaremiseenquestiondesapprochesdedéveloppement jusqu’ici utilisées et autour del’émergence d’un nouveau paradigme: penserautrementleterritoireetsondéveloppement.Cenouveau paradigme est lié à la notiond’innovation territoriale et repose sur plusieursidées qui en elles‐mêmes ne sont pas nouvellesmais qui, lorsqu’elles sont mises en avant,éclairent différemment les notions d’innovation,deterritoireetdedéveloppement.Quelques idées‐clefs nourrissent et définissent cenouveauparadigmeet,parmielles,ilyal’idéequel’innovation vient de la rencontre avec ce quinous est inconnu, avec ce qui est différent denous, et de ce que nous connaissons. Il estimportant de resituer que l’innovation vient de la

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rencontre avec l’extérieur; extérieur à notreenvironnement et à nous‐mêmes, car noussommes facilement dans des routines qui nousenferment.Donc l’innovation vient de la rencontre avec ladifférence.Deuxièmechose,c’estqueladifférencese nourrit de la diversité. La rencontre avecl’extérieur vient de la rencontre des cultures:cultures professionnelles, cultures géographiques,cultures sociales… Cette diversité ‐ si elle peutparfois apparaitre comme un obstacle ‐ répond àdes processus communs. Chaque être humain seconstruit, chemine et change dans un processusidentitaire. Les leviers de ce processus sontcommuns à tous les être humains, et c’est ce quileur permet de se rencontrer et d’entrer enrelation.Lanotiondeterritoireapparaîtégalementcommeunprocessus.«Faire territoire», c’est construireun projet commun, c’est prendre le temps deconstruire un socle commun. Ce qui suppose enamont d’être capable de s’écouter, de se parler,de se comprendre. Il faut donc avoir un travaild’animation à la coopération, d’animation àl’écoute, de traduction, de coordination, de miseen relation… Toutes ces questions sontfondamentalespourl’innovation. Cela nécessite un exercice tout à fait particulierparce que la rencontre n’est pas un phénomènespontané. Ce n’est pas si simple que ça. Il fautdistinguer lavolontédecoopérerdescapacitésàcoopérer.Notre réaction spontanée, c’est le chocculturel. La coopération est un processus en soidifficileetnonautomatique,carnoussommesàlafoisspontanémentméfiantsvis‐à‐visdel’Autre,etenfermésdansnosmanièresdevoir,dedireetdefaire,cequinousempêchedecomprendrel’Autreet de nous le faire comprendre. Nous avonstendance à ré/raisonner en fonction de nospropres filtres. Il faut trouver le moyen dedépassercela.Etfaireensortequelesréférentielsdesunsdeviennentlesréférentielsdesautres‐etréciproquement ‐ de manière à construirequelquechosedecommun.D’oùl’importancedescompétencesdemédiationpourcefaire.Celainterpellelerôleessentieldetouslesacteursqui sont en interface et qui gèrent ces espaces ‐apparemment «vides» mais si «pleins» deméconnaissances, de non reconnaissance, deconflits ‐ qui sont des espaces de constructionterritoriale. Ils sont les lieuxoùréside lepotentield’innovationqu’ilvafalloirrévélerettravailler.Là,on a une vision des choses qui interpellel’ingénieriecommecapacitéàfairedulien.

>L’approcheinter‐culturelleetletransfertd’expériences

SonjaKELLENBERGERMerci Pascale VINCENT pour ces premierséléments. Je vais tout de suite passer la parole àUte CORNEC qui va nous donner un exempleconcret où cette innovation a été une injonctionsouhaitéedesinstancespolitiques.UteCORNEC‐Professeurassociéeàl’UniversitédeMünster,consultanteàNantesJereprendsleflambeaulàoùPascaleVINCENTl’alaissé:surl’interculturel.Parcequec’estunpeularaison de ma présence ici: je suis interculturelleentre la France et l’Allemagne; inter‐professionnelle comme sociologue et ingénieure;j’ai travaillé à la fois dans l’administration où j’aimis en place une politique de subvention «éco‐innovante» et du côté du terrain puisque j’aitravaillé en tant que concepteur et expert auprèsdeséquipesetdesélus. Je voudrais vous présenterun aspect spécifique:«l’innovationpar transfertd’expériences».C’estcequim’aoccupéependantles6dernièresannéesdema vie. J’ai d’abord regardé si c’était possibleet, dans l’affirmative, quelles sont les conditionsfavorablesetquelssontlesfreins.Ensuite,surlescompétences, le noyau dur de l’innovation, ils’agit de voir comment ça a marché dans lesprojetsinnovantsquej’aianalysés.On peut se demander pourquoi cet aspect detransfertd’expériencesest intéressantentermesd’innovation. Cela tient en plusieurs aspects.Premièrement, cela fait gagner du temps: on nefait pas lesmêmes erreurs que ceux qui ont déjàexpérimenté. On peut également économiser del’argentenévitantderefairedesexpérimentationsréaliséesailleurs,etc. Ons’épargnelesmauvaisespistes. Et si on n’invente pas la poudre que nosvoisins ont déjà inventée, on peut se concentrersur des nouvelles choses, ce qui représente ungrandintérêt.Mais si c’est si facile, alors pourquoi est‐ce quecelanesepratiquepaspartoutetdanstouteslescirconstances? On en a déjà un peu parlé avecPascale VINCENT: lorsque je me rapproche del’Autre,est‐ceque j’apprendsde luiouest‐cequejeluidonneseulementdesinformations?Cen’estpas neutre dans un système où l’on se sent enconcurrence. Mais ça, c’est un préjugé. Dans

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certaines situations, on est peut‐être «gagnant /gagnant». Ce qui n’est peut‐être pas visible toutde suite. On commence avec l’incompréhension.L’incompréhension dans les termes, dans ce donton parle, dans les objectifs de l’un et de l’autre,dans les logiques et les réseaux d’acteurs aussi.Mais dans des circonstances où on est obligéd´innover (les méthodes d’aujourd’hui nemarchent plus) on découvre les démarches, lamargedemanœuvreetlabonnevolontédel’unetde l’autre. Bien sûr on reste dans un système deconcurrence, y compris au sens de lamondialisation,maisauniveau local, leséchangessonttoutàfaitfructueux.Encomparantunerégionallemandeetunerégionfrançaise,oùchacunestclairement leconcurrentde l’autre, a‐t‐on un intérêt à rester enconcurrence ou a‐t‐on un intérêt à travaillerensemble?Onpeutsedire:Oui, ces transfertsd’expériencespeuvent fonctionner, parce que dans lamondialisation et la proximité européenne ‐notamment franco‐allemande ‐ cela veutdirequeles mêmes problèmes peuvent être résolus avecdes démarches semblables ou avec des moyenssemblables. Mais on peut aussi se dire:Non, ladifférence des cultures d’aménagement,l’applicationdeslois,lesystèmed’acteurs,toutesttellement différent qu’il n’est pas possible detransférer des expériences.Mais comme nous nesommes jamais totalement dans le «noir oublanc»maisplutôtdansle«gris»,onpeutsedireaussiqueleschosespeuventsefairepartiellementetselondesconditionsidentifiables.

>Expérimentationetchangementdeméthode

J’ai été amenée àme poser cette question parcequej’aiétédanslasituationd’êtreembauchéeparune collectivité qui voulait réviser sa politiquepublique de subventionnement vers unurbanisme durable. Et ils se sont dit: «enembauchant une allemande, on aura le savoir, etensuite,çavachangertoutseul».Etbiencelan’apasété lecasparceque lesmentalitésn’évoluentpassivitequecela.Jemesuisposéalorslaquestiondesavoirsi,avecuneculturedifférente,ilétaitpossiblederéaliseruntransfertd’expériences.Et jemesuisatteléeàsix ans de recherche ‐ 250 interviews avec desacteurs ‐ qui ont donné lieu à une thèseeuropéenne de géographie que je viens dedéfendre.Elleportesurl’exempledeseizeprojets

innovants en qualité urbaine durable etprospective paysagère (qui sont les deux entréesde l’urbanismedurable)avecdans«durable» lestrois aspects: économique, social etenvironnemental. Et aujourd’hui, je vous montreuniquementdeuxprojets, le«couple»quej’avaischoisi pour le renouvellement urbain, NantesMalakoff et Greifswald‐Ostseeviertel. Mon voisinparlera plus tard des «projets urbains intégrés»mais, par exemple à Greifswald, cela existe déjàdepuisquinzeanset ilest très intéressantdevoirce que l’on peut apprendre d’eux et ce qui estéventuellement transférablepourNantes.Alors jenevaispasinsistersurcequiamarché,cequin’apas marché. Je voulais insister sur le systèmed’acteurs et sur toutes les suppositions sur«commentontravaille».Surcetteimage,jevousmontre les systèmes d’acteurs de Nantes et deGreifswald.Onvoittrèsbienquecerougecesontles rapports conflictuels entre acteurs et que levertcesontplutôtdessynergies.Le système d’acteurs français, tous ses échelonset l’historique entre acteurs, est plutôtconflictuel. Cela n’empêche pas que cela soit unprojet innovant, mais dans des conditionsbeaucoupmoinsfavorablesqu’àGreifswald,avecdes groupes de travail où tous les acteurs(décideurs, bailleurs, habitants, acteurséconomiques) sont réunis toutes les deuxsemaines autour d’une table selon une démarcheintégréededéveloppementurbain.

>Travaillerensemble:«co‐élaborer»?

Ensuite, il y a la question de savoir parler de lamême chose, de faire un glossaire en commun.Mais je voudrais surtout insister sur la culture de«travailler ensemble». Dire «co‐élaborer»signifie vraiment «travailler ensemble» et nonpas se mettre dans la situation où l’on dit «tufais».Non,cen’estpascela.Maislanotionmêmedesavoircequel’onattendd’untravailenéquipeesttrèsdifférenteenFranceetenAllemagne.Sil’onnesemetpasd’accordtrèsvitesurcequel’on attend et les objectifs communs, on peutparlertrès longtempsl’unàcôtéde l’autre.Maiscelane faitpasduvéritableéchangenide la co‐élaboration.Etcelaseretrouvedans lessystèmesd’acteursoudanslesculturesprofessionnellesquevous représentez. C’est un fait dont il faut tenircompte.

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J’ai parlé de transfert d’expériencesmais c’est unterme ambigu, notamment pour l’innovation caronpeutêtreamenéàsedirequecelas’apparenteàlacolonisation.Prendrequelquechose,leplanterchez quelqu’un d’autre et lui dire: «vas‐y, faisavec!». Ce n’est pas cette notion‐là quim’intéresse dans le terme, pas plus quel’exportation de savoir‐faire. Il ne s’agit pasd’acheter des brevets techniques et de lesappliquer chez soi. Ce n’est pas purement«technique». Ils’agitdedéveloppementdurableet tous les acteurs d’un territoire doivent porterceprojet‐là.C’estdans ce sensque le transfertd’expériencespeut se faire: adaptation des innovations (pours’eninspirer),oularecherchedesolutionsfaceàunproblèmecommun(oùchacunmetdanslepotce qu’il a trouvé), ou le lancement dans le co‐développementd’unesolutionensemble(trouverunetoutenouvellesolutionensemble).Leniveaud’acceptation de l’innovation sur le terrain estd’ailleurs beaucoup plus important si l’innovationvientdecesens‐là.SonjaKELLENBERGERBien, merci beaucoup. Nous allons maintenantpasser la parole à Romain BRIOT pour qu’il nousdise ce qu‘il a pu observer dans les «projetsurbainsintégrés». RomainBRIOT,responsabledelaMissionEuropeUrbainenFrance Beaucoupdechosesontdéjàétéditesalorsjevaisêtre rapide pour laisser la place aux échanges.J’aimerais simplement revenir sur la table ronded’ouverturedecematincarj’aitrouvéqu’ilyavaitun certain pessimisme ambiant que je necomprendspastropetqu’entoutcasjenepartagepas. Pourmoi, il y a une opportunité incroyablequiarriveen2014:àlafoislanouvellepériodedelapolitiqueeuropéennedecohésion2014‐2020etlanouvellegéographieprioritaire.Ça,c’estpourletempo. Mais il y a aussi cette richesse extra‐ordinaire, car vous êtes d’une richesseextraordinaire vous, les professionnels dudéveloppement social urbain. Et il suffirait demettre un petit peu d’innovation, peut‐être unpetit peu d’amour, pour que les projets deterritoires soient un peu plus efficaces etpertinents.Je suis persuadé que l’on peut y arriver, que l’onpeut avoir des stratégies de territoires qui soient,en effet,mieux partagées. Vous êtes au cœur decette possibilité‐là. Je suis donc plutôt optimiste,

même si ‐ Pascale VINCENT l’a bien souligné ‐ lesprocéduressont lourdesetonttendanceparfoisàprendre le pas sur le politique, la stratégie, oul’intellectuel.Mais là ‐ et comme je vais aussi unpeu parler d’Europe ‐ l’Europe a une idée, une«innovation», à proposer, une ambition àdéfendre.C’est cette notion «d’approche urbaineintégrée»,notionquevousconnaissezpuisqu’ellefait partie des fondements de la Politique de laVille. Il est d’ailleurs fort probable que la Franceaitinspirél’Europeetsapolitiquedecohésionaumilieudesannées90.

>L’approcheurbaineintégrée:uneopportunité

Cela donne comme résultats en France, sur lapériode 2007‐2013, la création de 61 «projetsurbainsintégrés»,dont2icienLorraine,àMetzetNancy.Unprojeturbain intégréestportéparunevilleouparuneagglomérationetapourcadreuneprogrammation européenne de sept ans. Chaqueprojet urbain intégré a donc une enveloppe defondseuropéensréservéepourseptans.Chargeàluideprésenterunepolitiquenonpassectoriellemais transversale. On parle à la fois del’économique,dusocial,del’environnemental,duculturel. Mais surtout ‐ et c’est là sans doute laplus grande innovation des projets urbainsintégrés‐c’estlechangementd’échelle.Onnesefocalise plus sur le quartier mais on passedirectement à l’échelle de l’agglomération avectoujours,aucœurdelaréflexion,leshabitantsdesquartiersendifficulté.Donc il y a un changement d’échelle, unchangement de réflexion puisqu’on est sur dutransversal, et il y a un changement degouvernance car tous les techniciens‐gestionnaires des fonds européens comme chefsde projets Politique de la Ville, rénovationurbaine,développementdurable,développementéconomique… ‐ sont «obligés» de se réunirautour d’une même table et de travaillerensemble. C’est la même chose pour les élus. Etpuis il y a aussi cette recherche permanente dupartenariat le plus large, avec les habitants ‐même si ce n’est pas l’aspect le plus totalementréussi ‐ les associations et puis, parmi lespartenaires les plus importants, le mondeéconomique. C’est quelque chose qu’il faudraaméliorerpourlapériode2014‐2020.

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Certes le risque est grand de voir perdurer cecloisonnement entre les équipes, entre lesdispositifs avec comme conséquence ce dont aparlé Pascale VINCENT au sujet de lastandardisation des démarches et de la perte desens des actions. Ute, vous avez cité l’exempled’une coopération entre Nantes et une villeallemande,ensoulignant«enrouge» lespointsàaméliorerdanslagouvernanceduprojeturbaindeNantes. Je partage votre analyse! Certainescollectivités auraient tout à gagner à favoriser ledialogueetlacoopérationentresesservices,pourun projet de territoire réellement partagé, co‐élaboré et non une juxtaposition de réponses àappelsàprojet.Avantd’imaginerunecoopérationavecd’autresterritoireseuropéens–indispensablepour s’ouvrir àd’autreshorizons,d’autres idées–l’innovation doit d’abord venir des forcesprésenteseninterneàlacollectivité!L’innovation,pour l’Europe,c’est cettenotiondedémarche urbaine intégrée.Même si la politiqueeuropéenne de cohésion n’est pas très connueavec pourtant ces 530 millions d’euros de fondseuropéens FEDER dédiés aux habitants desquartiers en difficulté, plus le FSE, plus lescontreparties nationales (ce qui représentera plusd’1milliardd’euros sur septans; cequin’estpasnégligeable en ces temps), il y a surtout cettevolonté de faire travailler ensemble, dedécloisonner et de balayer l’ensemble du champdecompétenced’unevilleoud’uneagglomérationpourlesquartiers.SonjaKELLENBERGEREst‐ce qu’il serait possible de donner peut‐être endeux mots un exemple de réussite, parmi cesprojets, en termes d’innovation et de prise encomptedesproblématiqueslocales?RomainBRIOTMême s’il y a 61 projets urbains intégrés, il n’y aévidemment pas 61 réussites et il est toujoursdifficile de pointer du doigt une réussite ou unéchec. Mais il me semble que l’exemple del’agglomération de Saint‐Nazaire, la CARENE(Communauté d’Agglomération de la régionnazairienne)est intéressantàétudier.Quanduneville accepte de casser les cloisons entre sesservices et propose des temps d’échanges et derencontres‐nonseulementavecelle‐mêmemaisaussiavecleDépartement,laRégion,lesservicesde l’Etat au niveau régional ‐ cela donneclairementsurleterraindesprojetsquivontplusloin,avecuneplacelaisséeauxexpérimentations,à de nouveaux projets, peut‐être un peu plus

innovantsetquiparfoisnefonctionnentpastoutà fait (mais cela n’a rien de grave; «on auraessayé…»).Celapermetd’allerplus loinquedansles Contrats Urbains de Cohésion Sociale, enexplorant les questions environnementales ou dedéveloppement économique par exemple… Celapermet surtout de faire converger autour d’unmême projet de territoire l’ensemble desdispositifs,politiquesetfinancementsconcernés.

REACTIONSDELASALLEFrançoisROUSSEAU‐ConsultantIl me semble que l’innovation en Politique de laVille,cen’estpasuneinjonction.Jepensequec’estconsubstantiel de laPolitiquede laVillequi est làpour créer des changements dans lesreprésentations, dans les pratiques et dans lespolitiques publiques. Donc sans douter que cesnouveauxfacteursdecontexteliésaumanagementou au positionnement de l’Etat puissent ne pasfavoriser l’innovation, il me semble qu’il estnécessairedeparvenirà réfléchirensemblesur lesconditions à réunir, en matière d’ingénierie, pourqu’il puisse y avoir de l’innovation. Et il y a desingrédientsindispensables.Certes,ilfautqu’ilyaitdutravaild’équipe(commedans tout projet), certes, il faut qu’il y ait uneculture partagée (parce que l’on sait quel’innovation vient du croisement et de lacombinaisondessavoirs),maisilyaunfacteurqui,pourmoi, doit êtremis en avant, c’est la postured’apprentissage. Car on n’innove pas si on necherche pas à apprendre. On n’innove pas si l’onn’estpasdansuneorganisationquej’aimeappeler«poreuse» ou si le territoire n’est pas lui‐même«poreux». Il faut que le territoire se donne lesmoyensd’apprendreetenparticulier,qu’ilpratiquel’innovation sociale ou plutôt qu’il conduise uneexpérimentation sociale. Donc, derrière toutes lesquestions qui apparaissent ici, je crois qu’il y a laquestion des méthodes qui permettent de menerl’expérimentationsocialeenPolitiquedelaVille.Etpuis,autrepointquimesembleimportant,etquiest un acquis de la Politique de la Ville depuis 20ans et un acquis des sciences régionales quiressortent particulièrement dans certains projetseuropéens, notamment dans les FEDER urbains,c’est qu’il faut apprendre à gérer la complexité.Parce que le problème, ce n’est pas seulement deréussirà travaillerensemble, leproblème,c’estderéussiràagirsurunterritoireoù,pardéfinition,leschoses ne sont pas cloisonnées. Donc, ce sont

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toutes les méthodes de gestion coopérative de lacomplexitéqu’ilvafalloirsolliciter.VirginieDANNEYROLLE‐Chefdeprojet‐VilledeNantes(44)Jeneconnaissaispaslalectured’UteCORNECdecequartier.Jenesaispasd’ailleursdequandelledateet j’espèrequedepuiscelaachangé!Entoutcas,je n’ai pas le sentiment de vivre ce schéma «derouge» où l’on vit dans le conflit perpétuel. Pourautant, je ne suis pas sûre que, au‐delà du projeturbain intégré, nous n’ayons pas déjà desdémarches de collaboration qui soient positives,constructives, et qui permettent l’innovation etl’expérimentation.Pour vivre au quotidien des partenariats avec uneDirectiondeprojetquisetrouveàl’Agglomérationet moi qui suis sur une dimension dedéveloppement social urbain à la Ville de Nantes,aujourd’hui, nous avons une véritable démarched’articulation entre l’urbain et le social. Je penseque nous pouvons en effet bousculer lesorganisations, les décloisonner, les réinterrogerpourcontinueràavancer.BénédicteTILLIARD‐Chargéedemission‐CommunautéUrbainedeDunkerque(59)Ce n’est pas non plus une question, mais uneréflexionparrapportàcequiestditdansl’atelier.Pour moi, l’innovation, c’est d’abord latransgression. Un cadre préexiste, avec desprocédures,maissil’onveutêtreprocheduterrainet mettre en place des actions qui correspondentauxréalités,lapremièredémarcheestdesemettredans la transgression par rapport aux appels àprojet.Mais toutceciest contraignant,parcequ’ilnousfautaussisécurisernosdossiers.C’estdifficiledecontinueràmonterdesdossiersquinereçoiventpasdefinancement.Maisnepaslesmonterseraitfairecroireauxélusquesurcetypedequestionsiln’existepasderéponse.Etpuisenplusdelanotiondetransgressionilyalanotion de résistance. Dans toute cette logiqued’obligation de résultat et de performance, quicouledesourced’unecertainemanière, ilyatoutdemêmedesacréseffetsperverstelsqu’ilsontététraduits dans la LOLF. Il faut donc pouvoir lesdécrypter et les donner à lire à nos élus. Carcommentmonter unepolitiquedudéveloppementsocial avec uniquement une culture du«résultat»? Quand il s’agit de créer desindicateurs, sont‐ils forcément quantitatifs?Comment intégrer plus de qualitatif avecdavantage de sociologie? Mais là, nous sommes

dansquelquechosedebeaucoupplusfinquientremoinsbiendansdestableaux…GaëlleDANIEL–Responsablesolidaritésurbainesetemploi–CAdelarégionnazairienne(44)Sans revenir sur la méthodologie qui a étédéveloppée sur l’Agglomération et les ProjetsUrbains Intégrés, je voudrais simplement revenirsur quelque chose qui a été dit dans l’exposé parPascale VINCENT et qui était que l’innovationc’était aussi la gestion du vide. Pour moi,l’innovationnesesituepasexclusivement là,maisau contraire dans la complexité de la gestion desdispositifs avec lesquels nous sommes amenés àjouer,à les transcenderpour lesmettreauserviceduprojetdeterritoire.Jepensequec’estlàundespoints essentiels des démarches intégrées car entravaillantleliengestion/projetdeterritoire,c’estunemanière de travailler la coopération entre lesdifférentes cultures de métiers, coopérationnécessaireaujourd’huipourgérerlacomplexitédudéveloppementterritorial.DjimmyBEDJOUDJOU‐Responsabledéveloppementsocial‐BATIGERE,Ile‐de‐FranceJe voulais d’abord témoigner d’une certainesurprise quant aux échanges de cematin qui fontunconstatunpeuamerde lasituationactuelleetdel’ambiancegénérale.Jevoisqu’ilestdifficiled’ymettreunepetitepointed’optimisme.Maislàn’estpasl’essentieldemonpropos.Nous sommes, certes, face à des objectifs derentabilitééconomique.Maisresteencorel’idéedevouloiravoirun impact social sur lesquartiers.Autitredelaproximité,noussommesaussiconfrontésaux problématiques de terrain. Les bailleurssociauxessaientdoncd’êtreégalementunacteur,avec d’autres acteurs institutionnels et sociaux,pour mener des actions qui s’inscrivent dans lechamp de l’innovation, de l’amélioration du cadrede vie, du vivre ensemble. Je trouve que l’on estassez déconnectés. On voit bien les réflexions encourssurlebesoind’ingénierieoucommentmettreenplacel’ingénierieterritoriale.Maisnoussommesvraiment confrontés à des enjeux forts de terrain.Quant à l’innovation, je pense qu’il est importantderéfléchirautourdetroisgrandesdimensions.Cars’iln’yapasdecréativité,devaleurspartagées,nid’accompagnement du projet je pense que l’onseraforcémentàcôtédelacible.Les bailleurs se sont aujourd’hui regroupés pourcréer un fonds de l’innovation sociale qui vise à

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soutenir les actions innovantes et lesexpérimentations menées par exemple par desassociations. Il me semble donc intéressantqu’ensemble et sur un mode coopératif nouspuissions partager ces travaux et que nouspuissions, au‐delà des constats, partager aussi lessolutions qui pourront répondre aux enjeux dedemain.SonjaKELLENBERGERMerci pour toutes ces interventions. Nous allonsdoncpasserà ladeuxièmepartiedenotreAtelier,et aborder maintenant les questions liées auxcompétences. La question est donc «quellescompétencespourlesagents,pourfairefaceàcesnouveauxenjeux?».Jevaisdonnerdenouveaulaparole à Pascale VINCENT du CIEDEL pour ladeuxièmepartiedesonexposé.

>Apprentissageetcompétences

PascaleVINCENTJe vais faire une transition en reprenant laremarque qui a été faite sur la question de «lagestion du vide». Ce dont je voulais parler, c’estbien la question de «la gestion desentre‐deux».Quand il n’y a pas de lien, quand il n’y a pasd’habitudecommune,quandiln’yapasd’habituded’être et de travailler ensemble, on peutfacilementpenserqu’ilyadu«vide».Maisenfaitil y a deux entités (distinctes) et une relation àconstruire, qui n’existe pas encore mais qui estrichedebeaucoupdepotentiels.Pourfairelelienaveclaquestiondel’ingénierie,ilyadesnotionsaujourd’huiquiprennentunsensfort, notamment la notion d’apprentissage.D’apprentissageparproximité.Ils’agitdepouvoirconstruireuneculturecommuneetdeshabitudescommunes autour de nouvelles connaissancespartagées, autour d’une nouvelle organisation,autour d’une nouvelle posture et de nouveauxcomportements. Tout ceci est en lien avec laquestionduchangementsocial. Ilyatroisnotionsnouvelles, qui ne sont pas investiguées, mais quisontentraind’êtrequestionnées.Ilyalaplaceduterritoire dans l’apprentissage, ce que l’on peutappeler «l’écosystème territoriald’apprentissage», c'est‐à‐dire les caractéristiquesd’unterritoirequipermettentdefavoriserounon,de prédisposer ou non d’aller vers l’Autre, departager des connaissances, de tenter desexpériences. C’est donc un écosystème, un

environnement qui va mettre en disposition leshabitants, les acteurs en situationd’apprentissage.Ça,c’estunepremièrenotionencoursd’émergence.Mais il y a aussi la notion «d’apprenanceterritoriale». Là, il s’agit de la capacité d’unterritoire à produire et à diffuser en continudesconnaissancesutilesàtouspourallerchercherdenouvelles ressources et se mettre endéveloppement. C’est une notion qui prend del’importance. Et puis il y a aussi une troisièmenotionquiest cellede«l’identité relationnelle».CelaaàvoiraveclefaitquelarelationauxAutresest préfigurée dans une culture. A‐t‐onspontanément une culture de coopération, derapport de force, de conflit? De ce point de vue,toutes lescultures,toutes lessociétésnesontpaslesmêmesetn’ontpasdutoutlamêmeculturedela relation aux Autres. Il est donc primordial desavoir d’où partent les gens pour savoir s’ils sontdans une posture a priori favorable à lacoopération.Quandonparledeprojetpartagé,decréation d’un socle commun… il faut comprendrequellessontlesressourcesqu’offreleterritoire.Sur la question des compétences, pourappréhender cette complexité, il apparaîtnécessaire d’être formé à la systémique. Celapermetd’absorbertoutescesquestions.Ensuite, il y a bien sûr l’analyse stratégique pourcomprendreleterritoire,lesacteurs,lesenjeux,lesintérêts,lespostures.Etilyalesautrescompétences,dutype«conduitede projet», avec des zooms sur le diagnosticterritorial versus apprenance, apprentissage,coopération.Etpuislesuivietl’évaluation,nonpasseulement dans une optique de quantification etd’obligation de rendre des comptes en fonctiond’indicateurs très spécifiques et centrés sur lesrésultats,maiségalementcouplésàdesindicateursd’effets.Celademanièreàseservirdesoutilsdesuivi‐évaluation comme des outils d’aide à ladécisionetdepilotage.

>Le«noyaudur»del’innovationetlesconditionsderéussite

UteCORNECJe voudrais juste vous présenter le noyau dur del’innovation que j’ai détecté dans l’ensemble des16projetsquej’aiétudiés.

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Il y a trois acteurs indispensables et qui doiventjouer d’une certainemanière ensemble pour quel’innovationpuissevoirlejour.Il fautundécideurpolitiqueprêt à jouerun rôledeprécurseur,quitteànepasêtreréélu‐carcelapeut aller jusque là de tenir jusqu’au bout à sonidée. Il faut aussi un concepteur aux dimensionstechniques, financières,pédagogiques (il ya làunsavoir qui existe rarement et qui doit pleinementsonrôle).Etpuisilyaaussiletroisièmeacteurquiest l’usager / citoyen. C’est cette démarche«bottom up» qui est vraiment extrêmementimportante. Car pour qu’il y ait un projet sur‐mesure, innovant, qui corresponde aux besoinsduterritoire,ilfautvraimentquetoutleterritoiresoit moteur. Ce n’est même pas une questiond’argent.Onpeutfairedel’urbanismeàzéroeurocomme solution innovante à des problèmesd’usage. Ce n’est pas une question de moyens,maisunequestiondevolontéetque chacun jouesonrôle.C’est ce constat qui marque les conditions del’innovation.Donc les conditions de réussite d’un projetinnovant comportent plusieurs volets. Il faut unevolontépolitiquesans faille,un travailen réseausur‐mesure et à la carte (car on n’est pas tousintéressés aux mêmes moments par les mêmesavancéesduprojet;ilfautquecelacorrespondeàsespropresbesoinsetêtredemandeurs),unbontiming technique et politique, une évaluationsystématique.Mais l’évaluation comporte souvent le risque deformatageetdestandardisation. Lorsque lesélussouhaitentlancerunappelàprojet,ilsn’ontpaslaconscience que cet appel à projet c’est de lastandardisation qui exclut l’innovation. C’estambigu.Ilsveulentl’innovationetenmêmetemps,ilsveulentl’augmentationdelaqualitédebase.Cenesontpourtantpasdesobjectifsidentiques.Avec l’innovation, il faut être le plus ouvertpossible, tandis qu’avec la généralisation, onchercheàmultiplier laréalisation,donconpasseparl’évaluation,lesindicateurschiffrés,etc.Etlà,il y a le rôle du technicien qui va pouvoir dire àl’élu: «quelle est d’abord votre priorité?L’innovation ou la généralisation (c'est‐à‐diremonterlaqualitémoyenned’uncranpartout)?».Cenesontpaslesmêmesapproches.Et puis il y a aussi le rôle de l’animation(centralisateur, facilitateur…), cette capacité decertaines «personnes‐clés» à être le chef

d’orchestre qui sait où le savoir se trouve et quisait comment mettre les gens en situation detravailler ensemble. Cette capacité‐là se trouvegénéralementducôtédesdécideursmaisellepeutégalement se situer dans l’expert, dans l’œilextérieurquipeutprendreunrôledécisif.Quantauxfreins,quel’oncroisetoutletemps, ilyalalogique«topdown»,c'est‐à‐direlaposturede dire «on décide en haut et on exécute enbas», la formation des acteurs (diplôme initialprédominant ou conscience du besoin deformation tout au long de la vie…), lecloisonnement (la rétention d’information, lesjeuxdepouvoir),lalogiquedeconcurrence.

>Unexempledeformation«inter‐acteurs»innovante

RomainBRIOTUn derniermot pour dire sans être trop naïf queles notions de «transgression» et de«résistance» ‐ qui ont été évoquées dans unequestion ‐ auront leur place dans la prochainegénérationdeProjetsUrbainsIntégrés2014‐2020.Je vous conseille vivement de vous intéresser àeux, au prochain volet urbain de la politiqueeuropéenne de cohésion et de vous y préparer.Cela va arriver vite d’autant qu’il faut du tempspourpréparerunréelprojetdeterritoire.Concernantlaformationdesacteurs–conditiondelaréussite–laMissionEuropeUrbainajustementune offre à faire au CNFPT, aux Centres deRessources Politiquede laVille partout en Franceet à vous toutes et tous.À travers un groupe detravail auquel a participé un grand nombred’acteurs de terrain provenant de l’ensemble dela France, nous avons élaboré une formationinnovanteintitulée«sessionressourcesEuropeetPolitique de la Ville». Nous l’avons testée à StNazaire en décembre 2011. L’idée est de former,d’informer et de décloisonner. Et pour cela, nousinvitons tous les acteursdudéveloppement socialurbaind’uneoudedeuxrégions,qu’ils soientdesservices de l’Etat, des collectivités territoriales,qu’ilstravaillentsurdesprojetseuropéens,surdesprojets CUCS, ANRU, Agenda 21,… Pendant deuxjours et demi nous travaillons autour d’un projetdeterritoire(endécembreceluideSaint‐Nazaire),nous étudions son contexte socio‐économique (àtravers des visites de terrain notamment), sonprojeturbain,nousdressonslebilandetoutcequiexisteentermesdefinancementsetdedispositifsprésents sur le territoire‐test, pour bien

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comprendre comment arriver à articulerl’ensemble et obtenir un projet global et non‐sectoriel! La session se termine par un tempsd’échangesetdedébatavec lesélusetdécideurs.Cette session ressources alterne apportsthéoriques,visitesdeterrain,tablesrondes,travailenateliersetdenombreuxtempsd’échanges.Nous avons organisé ce pilote à St Nazaire puisnousl’avonsmodélisépourlediffuseraupublicle

plus large possible. Si vous connaissez despréfecturesde région,des SGARqui peuventêtreintéressés,n’hésitezpasàleurfairesavoirquecetoutil est à disposition et que vous pouvez yparticiper notamment pour se préparer à lapériode2014‐2020.Lesdocumentsutilesetlefilmdelasessionpilotesontdisponiblessurlesitewebde la mission Europe Urbain, ainsi que biend’autres renseignements sur les projets urbainsintégrésetlapolitiqueeuropéennedecohésion.

POURALLERPLUSLOIN

‐LesiteduCIEDEL:www.ciedel.org/

‐LesitedelaMissionEuropeurbain:www.europe‐urbain.org/

‐LaformationexpérimentaledeSaint‐Nazaire«CommentarticulerProjetsUrbainsIntégrésetpolitiquesdedéveloppementsocialurbain?»:www.resovilles.com/pages/nos‐rendez‐vous/les‐formations/projets‐urbains‐integres.php

‐LathèsededoctorateuropéennedeUteCornec,«Urbanismedurableetpotentialitésdetransfertsd’expériencesinterculturellesentreRégionseuropéennes:comparaisondesdémarchesenBretagne(France)etenMecklenburg‐Vorpommern(Allemagne)aucroisementdelaqualitéurbainedurableetdelaprospectivepaysagère»enligne:http://these.scdbases.uhb.fr:8000/2011theseBaldermannCornecU.pdf

‐UnarticledeUteCornec,«Mettreenœuvrelerenouvellementurbain.DeNantesàGreifswald»:http://www.etudesfoncieres.fr/tag/ute‐cornec

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5‐Echangesdepratiques

ATELIER 1 ‐ «Equipes intégrées / équipes segmentées…Comments’organiserpourarticulertouteslesdimensionsduprojet?»

La perspective proposée pour cet atelier est de faire progresser l’intégration des différentes dimensions duprojet.Comment lesprofessionnelsréussissent(oupas)à faireévoluer leursorganisationsdansunsenspluspropiceauprojetglobal?Comment réussissent‐ilsà renforceruneproximitéd’intervention sur lesquartiersprioritairestoutenimpliquantplusfortementlesservicesde«droitcommun»dansleprojet?Quelssontlesoutilsquipermettentdefairedulienetconstruisentdel’appartenanceauprojet?Quellessontlesfonctionsstratégiquesàréaffirmerpourleséquipesprojet?Commentorganiserlafonctiondereprésentationdesélussurlesterritoires?Lesparticipantsproposentdespistespourl’avenir:Quelssontlescadresd’organisationàconstruirepourdeséquipes plus intégrées? La démarche des Plans Stratégiques Locaux proposée par l’ANRU et l’ACSé ? Laperspective de refonder la Politique de la Ville au profit de nouveaux projets de cohésion sociale, pouvants’inscriredanslesdémarchesDéveloppementDurable?Atelier basé sur les témoignages des Villes et Agglomérations d’Autun, Brest, Dunkerque,Metz,MulhouseetSaint‐Nazaire‐enpartenariatavecl’associationAMADEUS.Animateur:BrunoCOUTURIER‐DirecteurdemissionLaDuchère‐VilledeLyonRapporteur:JulienPIQUAND‐Chefdeprojet‐VilledeMalzeville(54)

PRESENTATIONSYNTHETIQUEDESINTERVENTIONS

ChristineEDEL‐Directrice‐adjointeduserviceactionterritoriale‐VilledeMulhouseAnneMOLDO‐ChefdeprojetPolitiquedelaVille‐VilleetAgglomérationdeMulhouseMulhouse‐AlsaceAgglomération (M2A) compte252000 habitants. Mulhouse, ville‐centrefinancièrementplutôtpauvreetqui concentre lespopulationslesplusfragilesdel’agglomération,encompte 110500. Ville et Agglomération ont unfonctionnement mutualisé. Sept quartiers

comportent des CUCS (sur six Zones UrbainesSensibles(ZUS))àMulhouse.Anne MOLDO est chef de projet Politique de laVille (M2A etMulhouse, postemutualisé) au seindu Service action territoriale. On compte deuxchefs deprojet pour l’agglomération (et quelqueschefs de projet dans les communes partenaires).Au niveau de l’agglomération, les missions deschefsdeprojetssontorientéessurlacoordinationdu CUCS, l’organisation et l’instruction desprogrammations, le suivi de l’observatoire desquartiers en CUCS, la réalisation de l’évaluation2007‐2009duCUCS,l’aideàladécision,leportaged’un ou deux projets par an construits avec lesacteursdeterrain.

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Christine EDEL est Directrice adjointe du Serviceaction territoriale, au sein de la direction«solidarité,proximité,qualitédubâti»de laVillede Mulhouse où elle dirige une équipe de 11chargés de missions territoriales (CMT) etcorrespondantsdeproximitéqui interviennentsurl’ensemble des quartiers mulhousiens, dont lesquartiersenCUCS.Ilyapeudeliensavecleschefsdeprojets«PolitiquedelaVille».Il existe pourtant sur le terrain une ébauched’équipe‐projet avec des moyens humainsimportants dédiés aux territoires de la villemaisavec une couverture de l’ensemble de la ville etune approche qui privilégie l’entrée thématiqueetledroitcommun.Cesmoyenssedéclinentdelamanièresuivante:

‐uneéquipede11agentsquiparbinômessontprésentssurles5secteursdelavilleetqui,autitredelaproximitéetdelaDémocratielocalesont en charge de la GUP, des démarches deconcertations et du soutien aux initiativesd’habitantsetd’acteurs;‐ une équipe en charge du PRU, en partieterritorialiséeetmutualiséeavecl’équipedelaproximité;‐ une équipe de 9 personnes égalementterritorialisée sur les secteurs et qui traitedesquestionsdepréventionetcitoyenneté;‐ une équipe en charge des projets de santécommunautaireetqui est égalementprésentesurlesterritoires.

L’ensemble de ces agents, par une pratiquequotidienne d’échange d’information, deconstructioncommunedeprojetsetdeprésencedans des instances communes, fontprogressivement équipe. Cela produit desinterventions coordonnées, une expertiseterritoriale plus riche, un fonctionnement auquotidien qui évite l’isolement et créé de lasynergiedecompétence.Maiscelanesuffitpasàlamiseenplaced’unprojetdeterritoire.Au niveau de l’agglomération, à l’inverse, endehorsdespériodesdeprogrammation,ilyapeudepartenariatinter‐servicesetauseinduservice,peuderelationsavec leséluset lesassociations.Ladynamiqueet l’émulationproduites lorsde lapréparationduCUCS(quiaconduitàdesprojetsde territoiresparquartier) se sontperdues fautede temps, de priorités communes et de portagepolitique.Leschefsdeprojetssontassezisolés,etleurvisionterritorialeglobaleestpeuportée.D’oùun positionnement de type «ingénieur» (pourreprendre la typologie du cabinet FORS).

Cependant, à l’occasion du travail d’évaluation,unenouvelledynamiques’instauredepuissixmois.Ainsi, un diagnostic partagé a été réalisé, lapréparationd’unguidepourlesprofessionnelssurl’ensemble des actions du quartier est en coursd’élaboration et des déjeuners‐débats sur desproblématiques sont en préparation. Cela a pourconséquences une confiance retrouvée et lavolontédeprogresserensemblepourrésoudredesproblématiques complexes. Les conditions de laréussite: pas d’attente à court terme, pas depolitique impliquée directement et du temps, desremontées aumaire régulières sur l’ambiance duquartieret lesdifficultésdesacteursdeterrain.Età terme peut‐être une nouvelle action ou duremodelaged’actionsexistantes.Autre expérimentation, la coresponsabilité.Depuis 2005, la ville expérimente cette méthodeparticulière de diagnostic et de constructiond’actionsavec leconcoursduConseilde l’Europe.Aujourd’hui,dixexpérimentationsontétéréaliséesousontencours‐dontunedansuneZUS.Exempledu quartier Drouot: 200 habitantsmobilisés, 150pour l’évaluation de la situation, 80 actionsproposées,dont50%déjàexistantes.Cedispositifa eu l’intérêt d’alimenter le projet du centresocialet a montré un défaut de communicationet/oud’adaptabilitépourlesactionsenplace.En conclusion, il est nécessaire de réaffirmerl’importanceduportagepolitique.LaPolitiquedela Ville comme la coresponsabilité sont, pourl’instant, insuffisamment portées politiquement.Cela fragilise les actions qui sont réalisées, ainsique les postes qui y sont liés, lorsque desréductions budgétaires sont évoquées. Desdémarchesinnovantescommelacoresponsabilitéinterrogent les postures professionnelles (faireavec et non pas pour) et nécessitent de laformation, dans l’idéal partagée entre élus,professionnels et habitants. Ces démarchesposent des questions en termes de compatibilitéavec des commandes politiques souvent assezprécisesetquiontdumalàintégrerdesinitiativesvenantduterrain,peuformatées.Laconditionderéussite de ces démarchesest une équipe decoordinationlocalequiintègredèsledépartdeladémarchedeshabitantsetquifonctionnedansladurée.

GilbertDARROUX‐Directeurdelacohésionsocialeeturbaine‐Villed’AutunLaVilled’Autuns’estinscritedanslaPolitiquedela Ville en 2007. Avec un PRU et deux CUCS (en

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priorité1et3), laVillearéaliséundiagnosticréelet effectif au démarrage du projet. Un projet deservice a été validé et partagé. Un recours à unregardextérieurenassistanceàmaîtrised’ouvrageapermisd’évalueretde réorienter leprojet.Uneéquipe motivée, fortement impliquée dans leprojet et très complémentaire s’appuie sur desélus présents. Cela constitue un appui politiqueréel à la démarche en contact direct avec lapopulation.Parmilespointsimportantsàsouligner,lavolontépolitiqueetlepositionnementdesadjointsestenbonne place. La localisation de l’ensemble de ladirectionenunmêmelieuestelleaussidegrandeimportance,carlaréussitedel’actionreposepourbeaucoup sur le relationnel tant en interne qu’enexterne (institutions et associations). Il est doncnécessaire d’avoir des moyens humains adaptésauxambitions.

EmmanuelBERTIN‐DirecteurdelaPolitiquedelaVille‐VilledeMetzMise en place, depuis 2011, une équipe intégrée«PolitiquedelaVille»assurelepilotageetlamiseen œuvre de l’ensemble des dispositifs, dont leprogrammederénovationurbaine.LanouvellemunicipalitédeMetz,élueen2008,apris des engagements de mandat remettant aucœurdel’actionpubliquelesquartiersengénéraletceuxfaisantl’objetd’uneinscription«PolitiquedelaVille»enparticulier.Sesanglesd’implicationsontnombreux:‐lavillesolidaireimposeuneactiondeluttecontretoutes les formes de discrimination et une placepourchacundanslasolidaritéetlasécurité;‐ la ville pratique et conviviale vise à rendrel’urbanisme convivial et à favoriser unearchitecture variée qui favorise la sécurité, lamixitésocialeetdesgénérations;‐lavillerichedesesquartiersentendréintégrerleszones urbaines sensibles dans l’espace urbain etrenforcer l’accompagnement social dans lequartierrénové(MetzBorny);‐ la ville référence se dote de transports encommun en site propre, favorise l’animationculturelle,sociale,d’orientationetd’insertion,ainsique l’autonomiede la jeunesse, l’écologieurbaineetladémocratieparticipative.Pour placer au cœur de l’action municipale lesenjeuxpropresàlaPolitiquedelaVille,l’exécutifasouhaité placer sous la même responsabilitépolitique «l’urbain et l’humain» et créer unedirection dotée de 18 agents, lesquels étaient

antérieurement répartis au sein des servicesmunicipauxetdansunGIPdédiéà la rénovationurbaine du quartier de Metz‐Borny. Si lacompétence territoriale de cette direction estlimitée à cinq zones urbaines sensibles et unquartierdepriorité1,ellen’enposepasmoins laquestion d’une action spécifique et renforcée surenviron 30% de la population municipale. Laquestion n’est donc pasmarginale et limitée à lagestiondedispositifs,maisappellebienlacapacitéàproduirede la transformationsocialeeturbainesur une part importante du territoire où seconcentrent les principales difficultés, mais aussilesenjeuxlesplusforts.MaispuisquelaPolitiquedelaVilledemeureessentiellementrégiepardesdispositifs complémentaires au droit commun, ilest importantdelesprendreenconsidérationenqualité d’outils plus que comme des finalités. Al’échelle de la ville, la directionmet enœuvre leplan de prévention et de lutte contre lesdiscriminations,piloteleconseillocaldesécuritéetde prévention de la délinquance et assure lagestiondeplusde500 jardins familiaux,ainsiquedupointd’accèsauxdroits.Al’échelledesZUS,leContrat Urbain de Cohésion Sociale reste l’outilstructurant, qui se complète d’un Programme deRéussiteEducative,d’unAtelierSantéVilleetdelamise en place d’opérations ville‐vie‐vacances etd’ateliersjeunes.Enfin,àl’échelledesquartiersenrénovation, le programme de rénovation urbainede Borny et le grand projet urbain deMetz NordPatrotte appellent un pilotage en propre et ladéclinaison enmode‐action de la gestion urbainedeproximitéetdesclausesd’insertion.Notonsqu’en facede ce cataloguebien rempli etqui appelle des logiques endogènes definancement et d’animation, la ville souhaitestructurer un «pôle solidarité» et mettre enœuvre un bouclier social pour les personnes lesplus fragiles, passer en «mode‐projet» surl’ensemble des quartiers et construire son projetprospectif àhorizon2030.Ducôtéde laPolitiquede la Ville au sens strict, les enjeux derecontractualisation 2014 appellent une réflexionet un engagement qui part du micro (un planstratégique local àMetz Borny conçu en lien fortavec l’ACSé et l’ANRU) pour agir sur lemacro (ladéfinition d’une Politique de la Ville d’intérêtcommunautaireàl’échelledel’agglomération).Troispointsdeconclusion:‐ Premièrement,d’unpoint de vuemanagérial, ilsemble important de ne pas cantonner lesprofessionnels dans une technicité limitée à undispositifouàunterritoire,maisdeconstruireunprojet d’équipe largement transversal quiconstruit en commun et qui optimise les

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dispositifs, tout en réussissant à dépasser leursfrontièresétroitespours’adapterauxvraisbesoinsdesquartiers.‐ Deuxièmement, du point de vue dupositionnement des équipes, il importe de«naviguer étroit» entre une légitimité quidemeureessentiellementattenduesur lagestiondes quartiers, dans un environnement qui restemarqué par la verticalité institutionnelle etpolitique, ainsi que par la multiplicité, lacomplexité et l’indigence de nombreux dispositifspublics. Autrement dit, ne pas en faire desobstacles insurmontables,mais une donne à faireévoluersurlemoyenetlelongterme.‐ Troisièmement, positionner la Politique de laVille non comme un problème de plus, maiscomme une manière de répondre à tous lesautresproblèmes:enmodélisantsesacquisetsesméthodes (exemple: la GUP comme moded’organisation des services et de relation auxhabitants);enjouantdeseseffetsd’entraînement(exemple: la prévention et la lutte contre lesdiscriminationsquinécessitentunemobilisationdel’ensemble des élus et des services); en sepositionnant dans la résolution de problèmes(exemple: faciliter la transversalité dans desprojetsinnovantsdedroitcommun,commeàMetzla conception d’un lieu hybride médiathèque /centre socioculturel); en préservant et valorisantses capacités d’expérimentation et d’innovation(exemple:lePREquientraîneuneréflexionsurunprogramme éducatif local ou les subventionsallouées dans le cadre du CUCS susceptibles dedéboucher sur un droit commun de l’innovationsociale en lien avec le CCAS; en s’adaptant enpermanence(exemple:intégrationdudirecteurdel’urbanisme dans l’équipe projet PRU pourrépondre à certaines exigences spécifiques del’ANRU).

BénédicteTILLARD‐ChefdeprojetPolitiquedelaVille‐CommunautéUrbainedeDunkerqueLe Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD)totalise 200000 habitants. Elle comprend unecommuneassociée.Pourfairefaceàl’ampleurdesdifficultéssocialesetéconomiquesdespopulationsdel’agglomérationdunkerquoise,leterritoires’estinscrit dès leur création dans les différentsdispositifs de la Politique de la Ville :DéveloppementSocialdesQuartiers(DSQ),contratde ville, Grand Projet de Ville (GPV)… etaujourd’huiCUCSetprogrammesANRU.Signé le 29mars 2007 par l’Etat, la CAF, les cinqvillesayantdesterritoiresprioritaires(Dunkerque,

Grande‐Synthe, Saint‐Pol‐sur‐Mer, Téteghem etCoudekerque‐Branche) et la CUD, le CUCSpréciseles grands objectifs visés par les partenaires enmatière: d’habitat et de cadre de vie; d’emploi,d’insertionetdedéveloppementéconomique;depolitique éducative et d’action en direction de lajeunesse;depromotiondelasantéetd’accèsauxsoins; de prévention de la délinquance; dedéveloppementculturel.CeCUCSfaitl’objetd’unedéclinaisonpourchaquecommunesignataire,quifait l’objet d’un système de pilotage propre, lepilotage «agglomération» permettant d’assurerla cohérence globale du dispositif. Par ailleurs,deux des communes du CUCS font l’objet deprojets de rénovation urbaine: la commune deDunkerque et celle de Grande‐Synthe.L’articulation PRU‐CUCS (en tant que volets socialet urbain d’un même projet de cohésion) est unenjeu‐clédel’efficacitédecesdispositifs.En termes d’organisation, le chef deprojet«projeturbaindecohésionsociale»de laCUDestchargéd’animer l’ensembledudispositifens’appuyantsurlesréférentsthématiquesdelaCUD. Le dispositif d’animation est composé dedifférentesinstancesdetravail.UnAtelierintersitedesélusestanimépar levice‐présidentchargédelaPolitiquedelaVilleàlaCommunautéUrbainedeDunkerque et composé des maires des villesconcernées ou de leur représentant. Un Atelierintersitetechniqueestanimépar lechefdeprojet« Politiquede laVille» à laCUDet composédesreprésentants Etat, Région et Département, deschefs de projets des villes ainsi que des servicescommunautaires concernés. Enfin, des groupesd’appuithématiques,animésconjointementparleréférentthématiquedelaCUDetunreprésentantde l’Etat et/ou des principaux partenairesimpliqués(RégionouDépartement),complètentledispositif. Ils ont pour fonctionl’animation et lesuivi de la thématique pendant la durée duContrat; le débat, l’échange d’informations, lavalorisation d’expériences innovantes; laconcertation avec les partenaires concernés;l’élaboration d’un rapport d’étape annuel sur lamise en œuvre du CUCS pour la thématiqueconcernée,aucomitédepilotagepolitique.LeCUCSdeDunkerquesefixeainsisurunetripleambition: le décloisonnement des politiquessectorielles, la mise en synergie des leviersd’intervention aux échelles les plus pertinentes,etledépassementdelaseulelogiqueréparatrice.Celasetraduitparunsystèmedepilotageintégré.Carpourportercetteambition, leCUCSprévoitlamise en place d’un système de pilotage visant àgarantir la complémentarité et l’harmonisationdesinterventionsentre:

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‐ l’échelon communal, maître d’ouvrage despolitiques de proximité (démocratie locale,éducation, logement, action sociale, soutien auxassociations…)etporteurdel’ingénierieMOUS;‐et l’échelon intercommunal, en sa triple qualitéde maître d’ouvrage des politiques structurantesd’agglomération (développement économique,aménagement, logement, transports…); d’outild’animation des politiques locales; d’interfaceentre les acteurs du territoire communautaire etles partenaires extérieurs (Etat, Région,Département,CAF…).En cherchantà garantir, auxniveaux techniqueetpolitique, les conditions nécessaires pour assurerlescroisementsentrelespolitiquessectorielles(leséchelles communautaire, communale et dequartier;et lespolitiquesde«droitcommun»etcelles développées au titre de la Politique de laVille et de la rénovation urbaine) ce système depilotagea vocationà rendrepleinementopérantel’ambition du CUCS en matière dedécloisonnement des politiques et d’articulationdeséchelles.Alorsquela logiqued’appelsàprojetatendanceà mettre les communes «en concurrence» et àfragiliser l’échelon communautaire, lerenforcement de la fonction d’animation et depilotagedelaCUDconstitueànotresensunenjeucentralde laconduitedespolitiquesdecohésionsocialesurleterritoire.L’organisation définie par la CUD vis‐à‐vis desvilles, tant sur un plan technique que politique,vise donc avant tout à se mettre au service duprojet de cohésion sociale. La stratégie mise enœuvre comprend en outre une ouvertureinternationale transfrontalière menée en étroitecollaboration avec la Région ainsi qu’avec leMedwayCouncil (GrandeBretagne).Un importanttravail de lobbying est mené sur l’importance duvolet social, urbain et économique, à mener demanièrecroiséepourlesprojetsterritoriaux.Enfin, laRégionesthistoriquement très impliquéedans la Politique de la Ville. Un important travailest en cours car elle se questionne sur la façondont elle va modifier ses interventions sur lesterritoires de manière à croiser au mieux leursproprespolitiques et le projet de laCommunautéUrbaine.

BéatricePRIEUR‐DirectricedelamissionDSU‐BrestMétropoleOcéaneBrest Métropole Océane est une des plusanciennes communautés urbaines de France. Ellecomporte huit communes, 240 00 habitants dont140000surlavillecentre.Ce territoire bénéficie d’une Politique de la Villeancienne et comporte un projet surl’agglomération avec toutefois des dimensionsintercommunales réelles mais peu lisiblesactuellement dans leurs relations à ce projet. Lagéographie prioritaire est concentrée sur la villecentre. L’organisation des services estcomplètement intégréeentre la ville‐centre et lacommunautéurbaine.Ceprocessusestancien; ila été achevé en 2001 avec la mission DSU, unepetiteéquipedehuitpersonnesrattachéeaupôleSolidarité‐proximité‐citoyenneté. En tant quedirectricedelamission,surunpostequiaévolué,je fais partiedes7% d’ancien(nes) sur leurposteouleurmission.Le schéma d’organisation du CUCS actuel est issude la continuité et de l’évolutionde la «Politiquede la Ville», assumé et voulu par les signataires,sans doute proche de ce que l’on peut trouverailleurs.Cette organisation est structurée par lesthématiquesduprojet, lavolontédeportageparles politiques dites de «droit commun» et doncles dispositifs ad hoc propres à chaque volet.Encontrepartie, cela implique un certain éclatementet une notion d’équipe qui inquiète (trop detemps, concurrence / services…), et qui n’est pasattendue de lamêmemanière dans les différentschampsprofessionnels.Acela réponduneactionenproprede lamissionDSU qu’il a fallu et faut encore construire auquotidien dans un contexte d’engagementpolitique réel, mais tout demême d’absence decommande véritable: perte de sens, crise de laPolitique de la Ville, tension entre les approcheslocalesetlesorientationsnationalesdel’Etat…En termes d’organisation, trois éléments sontstructurants:‐Elleest toutd’abord fondéesur l’affirmationdefonctions diverses au sein de la mission DSU :ensemblierdeterrainsurlesquartiersprioritaires;ensemblierplus stratégiqueavec leprojet global;observation et évaluation; des compétencesd’impulsion sur des chantiers particuliers(jeunesse, éducation, discrimination, participationdes habitants…..). Cette posture a une traductiondirecte dans les missions et profils de poste dechaque membre de l’équipe, et pose également

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quelquesquestions:quelledémarchenouvelledemanagement? Et, quels objectifs et travail encommundanscepaysageéclaté?‐ Deuxième élément structurant, la participationdesmembresduDSUaumaximumd’équipessurlesquartiersouauniveaudel’agglomération.‐ Troisième élément structurant, commel’animation des instances politiques du contratsont peu porteuses, il existe un autre niveaud’animation d’équipes transversales sur lesquartiers prioritaires et au niveau global ducontrat. Ces niveaux d’équipes sont davantageconstruits sur une base d’auto‐saisine que de«commande». Ce contexte est particulièrementvrai pour les équipes partenariales dedéveloppementsocialsurlesquartiersprioritaires,enrelationavecladirectiondelaproximité.Acejour,lamissionDSUaquatrerôlesprincipaux,à différents degrés de mise en œuvre. Ens’appuyant sur leprojetécrit en2007, il s’agitdemainteniretdeconstruirelalisibilitéglobaleetlepartage de ce projet dans sa dimensionopérationnelle, dans ses résultats, dans ladéterminationdesorientationsannuelles.Celasetraduit par une démarche d’élaboration detableauxdebordsdesuivientaméeen2008suiteàuneexpérienced’évaluationmaisausside lamiseen place des outils d’observation. Une fonction«d’innovation» ou «d’accompagnement dechangements» incombe également à laMission.Elle a une traduction opérationnelle, aux côtés etavec les thématiques, sur des chantiersparticulierstels que «avec les parents tous lesenfants peuvent réussir», la construction d’uneaction d’auto‐réhabilitation sur Brest avec lesCompagnons bâtisseurs, formation action sur lesdérives sectaires, le décrochage des jeunes, voletaccompagnement des habitant en OPAH‐RU, co‐animation d’un groupe des agents dedéveloppement de proximité dans les démarchesparticipatives…LaMissionDSUtientégalementunrôlefortdanslaréflexionetlavisionprospectiveenrelationavec leprojetdedéveloppementde lacollectivitévers un projet de cohésion sociale:réflexion engagée avec un groupe d’élus et ayantcontribuéà intégrercetteapprochedans leprojetmétropolitain, invitation à participer auxdémarches de projet de la collectivité avecrecherche d’apport utile (agenda 21, PLU,PDU,…..). Elle porte également une missionnouvelle et hors Contrat: l’égalité entre lesfemmesetleshommes. En quelquesmots pour conclure, il est importantdeconsidérerleportageetl’intelligencepolitiquelocale comme un point fort indispensable etaidantdanslecontexteactuel.Maisl’absencede

véritable commande, l’auto‐saisine permanente,la perte de sens, amènent difficultés récurrenteset fatigue.Celaposeégalement laquestiond’unetensionàrésoudreencontinuité(priseencompteutiledel’histoireetdutempslong)etnécessitéderenouvelerlesapprochesetlesorganisations.

GaëlleDANIEL‐Responsablesolidaritésurbainesetemploi‐CAdelarégionNazairienneSaint‐Nazaire Agglomération (La CARENE) est uneagglomération de 115000 habitants. Forte d’uneexpérience éprouvée en matière dedéveloppement social urbain, l’agglomération etles trois villes ayant des territoires prioritaires sesontengagéesdansunContratUrbaindeCohésionSociale et un projet de rénovation urbaine en2007. L’ambition de ces deux contrats est decontribuer à la réduction des écarts dedéveloppement entre les quartiers. Au momentde la définition des projets sous‐tendus par cescontrats, les collectivités ont souhaité défendreun projet global de développement qui dépasselesfrontièresdesquartiers.Ce projet global de développement a notammentétéprésentévalorisédanslecadredelaréponseàunappelàprojetsFeder–Axe4,projetdénomméProjet Urbain Intégré «PUI». Au sein del’agglomération, un pôle solidarités urbaines etemploi positionné en transversalité entre lesdirections du développement économique et del’aménagementaété crééen2007.Porteurde ladémarche PUI, ce positionnement constitue uneforcepourappréhenderetajusterlecaséchéant,les projets en vue de répondre aux enjeux desolidarité. Ce pôle assure l’animation directe dedifférents dispositifs (CUCS, PRU, PLIE).; ce quifacilitelamiseencohérencedesactions.Le PUI est le projet de territoire del’agglomération qui vise à contribuer à laréductiondesinégalitéssocialesetterritorialesdel’agglomération. Au regard de son objet, il puiseson action dans le CUCS et le PRU, mais pasuniquement. Il veille à développer, dans des lieuxet des thèmes porteurs de développement etd’attractivité, des actions visant à contribuer à lasolidarité entre les territoires et leurs habitants.L’une des forces de cette démarche est le sensportépar leprojetd’ensembledans le sensoù ildécloisonnelesapprochespourfaireensortequelesactionsportéesparlePUIrépondentbienàlafois aux enjeux d’attractivité et de solidarité.Ainsi, la création d’un théâtre en centre‐ville estdéveloppéeenveillantàcequ’ilrépondeàlafoisà

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l’attractivité du pôle de centralité auquel ilappartient, et également en veillant à créer desliens avec des territoires et les habitants endifficultés.Leséquipesdédiéesàlaprogrammationetàlamédiationdulieutravaillentainsisurlamiseenplaced’unprojet«intégrateur».Al’inverse,lesactions en territoireprioritaires visent à répondreaux besoins des populations résidentes en touteproximité mais également propose une offre deservices pouvant également concerner leshabitantsdelaVille.La mise en œuvre de ce projet ne saurait êtrepertinente sans avoir une mobilisation desacteurs de terrains et l’appropriation des enjeuxde développement. Le parti pris en matière degouvernance pour lamise en place du PUI est deprivilégier le «bottom‐up», c'est‐à‐dire s’appuyersur les actionsdéveloppées localementà l’échelleinfra‐communale et les valoriser, voire lesconsolider, si nécessaire, dans le cadreduPUI. LePUI s’est également appuyé sur des actionsstructurantes à l’échelle de l’agglomération: ainsilarefontedutransportencommunaététravailléedans un objectif de renforcement des centralités,maiségalementdedésenclavementdesquartiers.Lamobilisationdesacteursinstitutionnelsaaussiétéessentielle.Ainsi,lespartenairesEtatetRégionnotamment ont accompagné l’agglomération dès2007 pour sortir d’une logique des périmètresstricts de la politique de la ville en soutenant àtravers par le FEDER des projets se situant endehorsdespérimètres.Sans leuradhésionàcetteapproche «intégrée», le PUI n’aurait pu avoircettedimension.Acejour,àlaCARENE,onporteleregardsuivantsurlespistesd’actionsàpoursuivre:‐ L’approche intégrée nécessite undécloisonnement des territoires et des

thématiques. Pour ce faire, il convient des’appuyer sur les actions développées localementet les mettre en résonance avec les enjeuxd’attractivité et de solidarité. Cette mise enrésonancesemetenplacepar l’appropriationdesacteurs du projet d’ensemble. D’où un enjeud’animation et de développement qu’il estnécessairedemettreenavant.‐ Le partenariat institutionnel constitueégalement une dimension incontournable pourréussir le projet. Leur adhésion permet de fairereconnaître et valoriser les actions locales. Leursoutien traduit également l’ambition de leurproprepolitiquepubliqueenmatièredesolidaritéurbaine. L’une des perspectives en termes degouvernanceestdeproposerunprojetintégréenlocal qui serait le support des démarche decontractualisation avec les partenairesinstitutionnels;etnon,commeilestd’usageàcejour, de «contorsionner le projet» pour quecelui‐cirentredansundispositifdédié.‐ L’organisation de l’agglomération doit êtreadaptée au contexte local pour répondre auxenjeux de décloisonnement et de transversalité.Des dispositifs doivent être gérés en propre parl’organisation dédiée au PUI, notamment lesdispositifsliésàlapolitiquedelaVille,maisondoitégalement veiller à s’appuyer sur les projetsthématiquesspécifiquesafinqu’ilsrépondentbienauxenjeuxdesolidaritésurbaines.Pour leprojet PUI, la volontéde l’agglomérationestderenforcerlelienentreladémarcheagenda21et leprojeturbain intégré; lePUI constituantl’undespiliersaucôtédesenjeuxdepréservationdes ressources, du développement économiquedurable et de la lutte contre le changementclimatique.

CEQUIRESSORTDESECHANGES

Sur labasedecesnombreuxexposéset faceà ladiversitédessituations,certainesquestionsontvu le jour.Parmi celles‐ci, nous noterons: «quels sont les types de contrats de travail et les modes de financementprincipaux de ces postes?», «quelle est la place des conseils de quartiers par rapport à ces différentsorganigrammes?»,«quelsenjeuxidentifie‐t‐onsurlaquestiondesPSL(PlansStratégiquesLocaux)?Quiddeleur financementàmoyenterme?Queldevenirdeterritoiresquiserontalors«sortis»de laPolitiquede laVille?», «Quel lien fait‐on, dans ces équipes Politique de la Ville, avec le développement durable ou lesagendas21?».Cette moisson de questions montre non seulement la complexité du sujet mais également son niveau dediversité.

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Parmi lesenseignementsdecetAtelier figureunecertitude: iln’ypasdemodèleunique.L’organisationàl’œuvre peut varier du tout au tout en fonction de l’échelle d’intervention, des moyens disponibles, del’histoire locale des acteurs en présence… Le PRU apparait souvent comme unmoteur de l’animation deséquipesetdel’ingénierieausens«équipeprojet».Mais,paradoxalement,cemoteurnefonctionnequ’avecdifficulté en articulation avec le côté DSU (malgré la concertation, le soutien aux habitants, le travail enproximité,laGUP…initiéourattachéauPRU).Autre enseignement, l’importance primordiale du portage politique pour le (bon) fonctionnement del’équipeintégrée.Auvudesexemples,ilsembleindispensablequeleséquipessoientintégréesauniveaudesprofessionnelsmaisaussidesélus!Celasupplantemêmesansdoutetouteslesquestionsfinesd’organisation.C’enestlaclefdevoute,laconditionsinequanon,l’élémentnécessaireet(presque)suffisant.D’unerelationtechnique/politiquefortepeutnaitrelaréponseauxvicissitudesdelavietumultueusedelaconduitedu changement, à commencerpar la «bonne» gestiondesdispositifs. Car il ne faut pas se fairesubmergerparlesdispositifs.Ilfautlesutiliserdanslecadred’unprojetconstruit,s’ilspermettentdesapportsau projet (sinon, s’en passer). Il peut également être important de savoir valoriser ce qui a été fait par laPolitiquedelaVille.Avoiruneactiondelobbying(auprèsdel’Europe?d’abordauniveaudel’Etatmembre?)surlanotiondecohésionsociale,quicomprennebienunedémarcheintégréeurbain+social+environnement+économie,peutavoirun«effetretour»intéressantlocalement.Mais le plus évident est sans doute de pouvoir donner du sens à l’actionmenée, au projet, et donc auxorganisationsqui sontauserviceduprojetetqui lemettentenœuvre,àpartirde (oupourallervers)unprojetdecohésionagglorenouvelé. Il s’agit làdesavoir renouveler les relationsauxhabitantspourpouvoirrenouveler les projets possibles. Pour cela il semble également important d’ouvrir cette réflexion sur leséquipes‐projets Politique de la Ville à d’autres professionnels du développement (collègues des servicesenvironnement, bailleurs…) afin d’éviter un certain autisme et engager des liens féconds notamment surl’approche«intégrée»dudéveloppementdurable.Acepointdel’Atelier,ilestquestiondefaireunlienentrecesréflexionsetleChantier«Développementdurable»del’IRDSU…Deuxautresthématiquessontapparuesaucoursdeséchanges.Denombreuxéchangesontainsieulieuautourdelaquestiondela«sortiedelaPolitiquedelaVille»aveclesPSL(PlansStratégiquesLocaux)etautourdelaquestiondelaplaceetdurôledeshabitantsdanscetteactionàl’avenir.SurlesPSL,leGroupeenad’abordeuunevisioncontrainte:unenouvelleinjonctiondefaireauxterritoires.Puis,ladiscussions’estorientéeversuneautrevision:celled’unenouvelleopportunitépourappréhenderleprojetdeterritoireenreliantlesaspectsurbainsetsociauxavecl’ensembledesacteursconcernés(touslesservicesdel’EtatetdelaVilleoudel’agglomérationréunisautourd’unemêmetable,telquecelanesevoitplusdepuis fort longtemps…). LesPSLpeuventmêmeapparaître commedenouveauxmoyenspourpenser‐programmer‐projeter les besoins de rénovation d’autres quartiers que ceux qui sont actuellement en«rénovationurbaine»,etpourreconnecterlePRUavecleDSU… Sur la place des habitants, il apparaît urgent de parvenir à repenser et à changer la posture desprofessionnelsàl’égarddeshabitants.Maispourquoiarriverait‐onaujourd’huiàfaire,sansmoyensfinancierscequel’onn’apasmisenplaceilya20ansaveclesmoyensàdisposition?Parcequ’onestaupieddumur,etqu’il va falloir intégrer cette dimension «pouvoir d’agir» comme constituante de l’évolution des équipes‐projets…

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Atelier2‐«Développerlepouvoird’agirdeshabitants…oui, mais comment? Le changement de posture desprofessionnels et des bénévoles pour accompagner leshabitants»

Laperspectivedecetatelierestdeconsidérerquelapertinenceetl’efficacitédescertainesactionspasseparunecapacitéde l’actionpubliqueà laco‐élaboration.Quellessont lesconditionsd’untravailensembleentrehabitants, parents et professionnels? Comment peut se construire un dialogue moins déséquilibré entrehabitants et professionnels? Comment accompagner justement des dynamiques d’habitants qui veulenttransformerleursréalités?Atelier basé sur les témoignages d’un Centre Socioculturel de Metz et d’une associationstrasbourgeoise ‐ en partenariat avec la Fédération départementale des Centres Sociaux deMoselle.Animateurs:MartineGERVILLE‐DéléguéedelaFédérationDépartementaledesCentresSociauxdeMoselle‐JoséDHERS‐AdministrateurIRDSURapporteur:SonjaKELLENBERGER‐Chargéedemissionàl’UNADEL

PRESENTATIONSYNTHETIQUEDESINTERVENTIONS

MauriceKUENTZ‐DirecteurduCentresocialdelaGrangeauxBoisàMetzLe Centre socioculturel est une association socio‐éducative qui propose des activités culturelles etde loisirs sur le territoire de la Grange aux Bois,quartierpériphériquedeMetznonclasséenZUS.Les membres du bureau de l’association,habitantsduquartier,ontdepuisplusieursannéesla volonté de développer sur le quartier unestructure qui permettrait de créer du lien entreleshabitantsdesdifférentsquartiersduterritoireet qui permettrait d’animer le territoire par despropositions d’actions nouvelles et ajustées auxbesoins repérés. Ils ont travaillé plusieurs annéeset ont démarché les institutions pour imaginer etréaliser le recrutement d’un directeur de centresocial.Asonarrivéeennovembre2011, ledirecteurducentre social trouve un projet déjà très«mature», totalement porté par les habitants,qui lui demandent un accompagnement pour ladernière étape, à savoir: demander l’agrémentcentre social à laCAF.Unquestionnaireenappui

au projet (sur la représentation des besoins duquartier par la population) a été élaboré par leshabitants, qui l’ont aussi largement diffusé (ycompris dans la rue, sortie des écoles, etc.), avecuntauxderetourtrèsimportant.Cequestionnaireaétéélaboré suiteàundiagnosticDLA (DispositifLocal d’Accompagnement) qui a constaté les troismanquessuivantsdanslequartier:liensocial,lienintergénérationnel et cloisonnement socio‐spatialen3sous‐quartiers.Leshabitantsonteux‐mêmesmobilisédesfondspourlefinancementd’unpostedefonctionnement.Le pari est donc réussi. Mais cela pose encoredeux questions: celle du risque d’institution‐nalisation et de perte de la dynamique par laprésence d’un professionnel, et celle de lareprésentativitédesmembresde l’associationauregardduterritoire.

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Marie‐ChristineCARAYOL‐Directricedel’association«ParEnchantement»‐Strasbourgaccompagnéede4personnesbénévolesetsalariésdel’associationDanslequartieriln’yavaitpasdestructurepetiteenfance ni d’insertion. Le projet de l’associationest donc, à la base, de proposer des servicespetiteenfance(crècheetsoutienscolaire).Le quartier comporte 13 bailleurs sociaux, unurbanismesanslieucentral,beaucoupd’isolementetunmanquedeservices,quin’ontpasétépensésdefaçonconcomitante.

Leprojetaétémenéavecbeaucoupd’implicationdeshabitantsenamont,cequiamobiliséplusdeparticipants.Unpartenariats’est constituéavec laPolitiquedelaVille,leCUCS,plusieursFondations,la Caf, plusieurs aides de l’Etat, et beaucoup decontratsaidés.L’association soutient l’engagement parental etcitoyenàtraversdifférentesrencontresetactivitésoùparticipentparentset/ouenfants.Lesprincipesforts du projet associatif sont l’accueil etl’ouverture, la participation, le soutien et laresponsabilité, ainsi que l’accompagnement. Cesont les habitants qui proposent des projets pouraméliorer la vie dans le quartier et participent àleur réalisation avec l’aide de l’équipe salariée.

CEQUIRESSORTDESECHANGES

Cesdeuxprésentationsontsuscitéundialoguetrèsnourri.Parmilesquestionsposéessurl’unoul’autredestémoignagesontfigurédifférentespréoccupations.Laquestiondelalégitimitéd’instancesdereprésentation(typiquementlecomitédegestiondesassociationsdu Centre) a été posée. Elle témoigne de l’importance accordée au principe de l’intérêt général. Mais ceprincipe,bienquefondateuretfondamentaln’estpastoujoursserviparunesituationidéale.Ainsi,mêmesilareprésentativitén’estpasacquise,ils’agitdevalorisercetteimportanteparticipation,trèsmobilisatrice,etquipeutavoirdeseffetsd’entraînement.Etfinalement,cequicompte,c’estdedégagerunedynamiquepositivepour sortir des habitudes et faire changer de modèle de vie aux habitants, pris dans des situations trèsproblématiques.Laquestiondelapérennitédeladémarcheparticipativeaégalementétéquestionnée.Àcela,ilconvientdedire que sur le temps long, il convient demobiliser lesmoyens de droit commun.Mais c’est aussi toute laquestiondesavoircommentpasserdeladynamiqueetdel’actioncollectivequiexistesurunquartieràuneautre formed’organisationplus institutionnelle tout en gardant la forcede l’action collective. Là, tout estaffairedepostureprofessionnelle.Ils’agitdesavoir«accompagner»unedémarcheetdeshabitants.D’autresquestionsstructurentledébat,parmilesquellesfigurelaquestiondesservices.Est‐ceune«bonne»motivationà l’adressedeshabitants?Est‐ce làune«bonne»cléd’entréepour laparticipation?Lesprojetspetite enfance / parentalité offrent‐ils unemeilleure accroche, plus de facilité en termes d’implication? Letravailavecleshabitantssurlecadredevieoffreplusdefacilité?Cette thématique est complexe et nourrit de nombreux développements. Ainsi,même si la question desservicesetdesbesoinsest réelle, il sembleques’engagerdansunprojetd’abordparplaisir,plaisird’êtreensemble, peut être un levier suffisamment puissant pourmobiliser dans la durée. Sentir que l’on est encapacitéd’apporter«quelquechose»dansungroupe,dansunedémarche,estunélémentdécisif.Dans lesservicesrendusautourdel’enfanceetdelaparentalitéilyabeaucoupd’enjeux.L’enfance‐éleversesenfants‐ est un domaine où tout lemonde a un pouvoir ou une responsabilité, où onmaîtrise quelque chose, oùchacunasaplace.Lesformesdeparticipation«empowerment»actuellessuggèrentdenepaspartirdesbesoinsetdésirdesgens,maisdeleurscapacités.Ilyaunetensionentreledéveloppementcommunautaire,saméthodologiedetravailetlaméthodologieprojetdeterritoire(développementlocal/territorial)quisupposequetouts’organiseà partir d’une analyse des besoins pour ensuite dérouler uneméthodologie. Il s’agira de tenir les deux. Leprojetdeterritoireoffreuncadreavecunecertaineliberté.

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LeprofessionnelDSUfaitdenombreuxmétiers.Enplus,deson«cœurdemétier»dedéveloppementsocialurbain,ilexerceceluidemédiateur,defacilitateur,celuiquitravaillelescomplémentarités.Ilpermetdefairelelienaveclesélusenmontrantlaspécificité,l’intérêtd’unprojet.

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Atelier3‐«Observation,évaluation…descompétencesàdévelopper,denouvellesorganisationsàconstruire»

Les démarches d’observation et d’évaluation sont stratégiques pour qualifier les projets. Mais lesprofessionnels ne sont pas toujours bien équipés en ressources dans ce domaine. Comment peuvent‐ilss’organiserpourmettreenplacecesfonctionsetàpartirdequellesopportunités?Commentl’IRDSU,avecsespartenaires(SG‐CIVetCentresdeRessourcesPolitiquedelaVille)peutaiderlacommunautéprofessionnelleàs’outiller,enfaisantl’économiedelamobilisationetdel’exploitationdesdonnées?Quelleestladisponibilitédessourcesutiles?Commentmettrelaprioritésurlepartagedel’information,saqualificationparlesacteurslocaux et le partage qui seul produit du sens? Comment mobiliser les ressources universitaires pouraccompagneretqualifierlesdémarchesdeprojet?Atelier basé sur les témoignages d’Epinal, de Romans et deMetz ‐ en partenariat avec le CRPVLorraineAnimatrice:MurielleMAFFESSOLI‐Co‐directriceduCRPVLorraineRapporteur:ArthurRICHARD‐CIEDEL

PRESENTATIONSYNTHETIQUEDESINTERVENTIONS

Jean‐PierreROGER‐AdministrateurIRDSU‐Chargédemissionprospective‐CAdeBourgesÀ la demande du SG‐CIV (Secrétariat Général duComité Interministériel à la Ville) et de l’ONZUS(Observatoire National des Zones UrbainesSensibles) un cadre national de référence a étéconstruit afin de soutenir les demandesd’observationlocale.L’IRDSUaétéassociéàungroupedetravailavecl’appui de COMPAS (bureaud’étude). L’enjeuestde fournir à l’ONZUS une liste de soixanteindicateurs «de base» et d’indicateursproblématisés(issusdecroisements).Cela permettra d’avoir une analyse la plus finepossible et de proposer une formation àl’utilisationdecesindicateurs.Letravailàvenirconsisteraàparfaire lesocledeces soixante indicateurs de base ainsi que lepanierd’indicateursproblématisés.Lafinalisationdu guide d’utilisation et la réflexion autour desmodalités de formation seront aussi à l’ordredujour.

SimonLEYENDECKER‐Chargéd’études‐CabinetCOMPASLegroupedetravailsedonne4objectifs:‐définirunsoclecommund’indicateurs;‐ recenser les besoins locaux en termesd’indicateurs;‐définirunestratégiepourlaproductionnationaled’indicateursmanquants;‐ définir les grands axes de formation pour lesacteurslocaux.Acestadedeladémarche,l’IRDSUetleCOMPASont proposé une batterie de 60 indicateursincontournables choisis en fonction de leurpertinence et de leurs plus‐values dans lagouvernancelocale.Lechoixdeces indicateursaétéguidéégalementpar le faitqu’ilssoient facilementmobilisables; leprincipe étant qu’ils soient disponibles pourl’ensembleduterritoirenationalàuneéchellefineinfra‐communalequiestl’IRIS.Cesindicateurs‐cléspermettent de disposer d’éléments deconnaissances dynamiques sur des thèmes‐clés(démographie, niveaux de ressources, activité,formation, logement, équipements de proximité).Ils permettent une comparaison entre lesterritoiresafindedégagerleursspécificités.

Et c’est en prenant en compte cette diversitéqui apporte de nouvelles dimensions audéveloppement social urbain qu’il fautmaintenantposerlaquestiondel’ingénierie.Mais cedéveloppementestégalementmarquépar des inégalités entre territoires: parmanque de moyens ou de volonté, certainesvilles sont démunies et n’ont pas les équipesnécessaires.Ellesontdoncbesoind’incitations,de solidarités locales et d’un soutien renforcédel’Étatpourdévelopperleuringénierie.Nous vous proposons d’ouvrir ce débat àl’occasiondenotre7ème“JournéenationaledesprofessionnelsduDSU”.Les échanges nous permettront de faire lepoint avec des experts, mais surtout avec lesprofessionnels eux‐mêmes, sur l’évolution deleurs missions et de leur organisation pourmieux articuler les différentes dimensions duProjetdeTerritoire.Maisaussisurlesmoyensd’ingénierieàmettreen œuvre, sur le renouvellement de nospratiques participatives avec les habitants etsurledéveloppementdenoscoopérationsaveclesautresacteursdelaPolitiquedelaVille.Cette journée nous permettra donc deréfléchir individuellement etcollectivement pour construire uneingénieriededéveloppementlocalplusàlahauteurdesenjeuxdenos territoiresetauservicedeshabitants.

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Alexis LAMBERT ‐ Chef de projet CUCS ‐VilledeMetzÀ Metz, il s’agit de la mise en place d’unobservatoire des quartiers avec un groupe depilotagecomposéde l’Etat,duConseilGénéraldeMoselle, de l’agence d’urbanisme, de la Ville deMetz,delaCAFetduCCAS.La démarche a d’abord consisté à identifier lesterritoires de référence (ZUS? CUCS? ZonageIRIS? Autres?) et à déterminer des indicateurspertinents. Puis, s’est engagée une confrontationavec les partenaires associatifs afin d’avoir unretoursurlaréalitédeterrain.Cettedémarchedeco‐construction a permis d’enclencher unecoopération inter‐associative qui n’existait pasauparavant.

IsabelleBAUMEISTER‐CHEFDEPROJETduSyndicatIntercommunaldeGestionduCUCSCommunautéd’AgglomérationEpinal–GolbeyetcommunedeChantraineEn 2010 est apparue la nécessité, tant pour leterritoirequepourlesquartiers,deconstruireunebase de ressources exploitables tant au niveauquantitatifquequalitatif.Pour mettre en place cet observatoire, laconstitution d’un groupe de travail a permis dedéterminerlesattentesdechacun.Untravails’estengagéavecuncertainnombred’acteurslocauxetinstitutionnels mobilisant différentes sources:

équipe CUCS, avec l’appui de l’Observatoire desmutationssocio‐économiquesportépar laMaisondel’EmploietdesServicesPublics,PôleEmploisurlesrecueilsdedonnéesqualitatifs,CentresSociaux/CAF,PoliceMunicipale,Etat/DéléguéeduPréfet,AssociationPréventionSpécialisée,MissionLocale,EducationNationale…Lebesoinidentifiéestceluid’un observatoire multithématique: emploi,démographie,viedequartier...L’élargissementdupartenariat pouvant permettre d’élargir laréflexion, le volet «emploi» du CUCScorrespondantàunevolontédel’Etat.

Philippe POURTIER ‐ Directeur de lacohésion sociale et de la tranquillitépublique‐VilledeRomans‐sur‐IsèreL’évaluation du PRU de Romans‐sur‐Isère s’inscritdanslasuitelogiquedutravailréalisédanslecadrede l’évaluation du DRE et du CUCS et del’observatoiredelaPolitiquedelaVille.Suiteà ladiffusiond’unappelàprojetauprèsdesuniversités et des centres de recherche, uneconventionsignéeavec leCIEDELapermis lamiseen place d’une démarche de suivi‐évaluationd’impactsuruntemps long(entre18et24mois).Le temps de l’évaluation permet une immersiondansleterritoireetdansleséquipesainsiqu’uneobservation des évolutions. Par ailleurs, la grillede lecture est co‐élaborée dans le temps. De cefait, l’observation revêt un caractère dynamiquepar opposition à un travail exclusivement centrésur les données statistiques et les étudesantérieures.

CEQUIRESSORTDESECHANGES

Laprésentationdecestémoignagesasuscitédenombreusesréactionsetaconduitàdenombreuxéchangesavec les participants de la salle. Différentes thématiques ont ainsi été abordées via des interrogationsnourries:‐Commentrecouperl’informationetconstruiredesindicateurslorsquelesdatesnecoïncidentpas?‐Commentprocéderpournepasmanquerd’intégrerau«socled’indicateurs»desindicateurslocauxliésà

l’activitééconomiqueouaucommercedanslesquartiersprioritaires?‐ Comment engager une réflexion sur la construction d’indicateurs qualitatifs sur la cohésion sociale et la

mixitésociale?‐ L’approche «stocks / flux», notamment quant au parcours résidentiel est indispensable. Elle change la

manière de voir les phénomènes et conditionne le pilotage stratégique des CUCS et du PRU. Commentconduirecetyped’observation?‐L’INSEEafaitunimportanttravaildeterritorialisationdesdonnéesquifavorisel’observation.Commentle

rendreaccessible?

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‐ L’observation,moyend’alimenter la réflexiondesélus,doit‐elleêtredéléguéeàun tiersouvaut‐ilmieuxoutillerl’équipe‐projet?Ilestencorevraiquepeud’équipes‐projetdisposentderessourcesenmatièresd’observation,notammentles petites villes et villes moyennes et/ou intercommunalités. Les productions issues de la statistiquenationaleexistantes (INSEE, SIGVille) sont encoreméconnuesetnécessitentunediffusionplus largeetunemeilleure appropriation à la fois par les équipes‐projets mais aussi par les décideurs. Il s’agit en termesd’enjeux d’arriver à produire à la fois des outils matériels de diffusion mais aussi de qualification àl’observation.En parallèle à la définition d’indicateurs descriptifs de contexte, il s’agit de déterminer des indicateurs«problématisés»àpartirde l’exploitationdes«fichiersdétails»misàdispositionpar l’INSEE. Ilss’agitdemontrer en quoi le chiffre permet d’interroger et de faire émerger des problématiques et répondre à desquestionsqueseposentlesacteursdeterrain.(Exempledel’isolementrésidentieldeshommesde30à54ansdanslesquartierspolitiquesdelavilledeNantesMétropole)Lamise en place d’un socle commun d’indicateurs et de données est très pertinentemais la réalité desterritoires est compliquée. Les outils doivent donc être visibles et faciles d’accès aussi bien pour lestechniciens que pour les élus. Cela permet aux professionnels de gagner du temps et de l’énergie. Maisl’approchequantitativedel’observation(indicateurs)nepermetd’analyserqu’unepartiedeschoses.Lefaitdesolliciterlesuniversitéspouruneapprocheplusqualitative(autourdesquestionsdelamixitéoudelacohésionsociale)peutêtreunesolution.Lescentresderessourcespermettentparailleursdequalifierlesprofessionnels.Laformationauxoutilsetlacapacitéd’analysedesdifférentsindicateurssontprimordiales.Laformationpourraêtreadaptéeauxattentesdesdifférentschefsdeprojet.Pourcefaire,ilestnécessairedepouvoirs’appuyersurlesCentresderessourceset le CNFPT. Mais comme l’enjeu est d’arriver à une couverture nationale pour pouvoir faire de l’inter‐comparaison, lesterritoiresn’ayantpasdecentrederessourcespourrontpeut‐êtres’appuyersur lescentresdesrégionsvoisines…En conclusion, il apparaît très nettement que, en observation comme en évaluation, ces outils n’ont devéritablessensques’ilssontsaisiscommedesoutilsdepilotageduprojet.Ilestutileetefficacederéfléchirentermesdepro‐activité.Lorsqu’elleestainsimenée,l’évaluationpeuts’avérerêtreunformidablelevierdeconstructiondesensetdevalorisationdel’actionpubliquepourleshabitants,lesélusetlesprofessionnels.Ladynamique,letempslong,l’intégrationdel’équipe,laco‐constructiondesoutilsfontpartieduprocessusd’appropriation. Cela en facilite l’utilisation. Un partenariat innovant entre collectivités locales, centre derechercheetétudiantsestunedesclésd’entréesurcesthématiquespassionnantes.

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Atelier 4 ‐ «Regards croisés sur les approchesprofessionnellesdelaPolitiquedelaVilleenFranceetenAllemagne»

Pourévitertouteredondancedansl’airdutemps,nousn’évoqueronspasiciun«pseudomodèleallemand»,maissimplementnosvoisinsétrangers,siproches,tellementpareils,etnéanmoinssidifférents.LeréseaulorrainDSUprofitedesasituationgéographiquepourproposerunéchangedesplusfructueuxavecd’autresprofessionnelsautourdedeuxproblématiquesquinoussontchères,àsavoir:leDUI(DéveloppementUrbain Intégré) ou comment agir en cohérence avec les multiples facettes et les nombreux acteurs de laPolitique de la Ville; et la participation des habitants au devenir de leur propre environnement. Entrel’émergencemêmed’uneidéeetsaréalisation,quellespratiquesetorganisationspermettentqueleshabitantstrouventleurplace,pleine,entière…etdécisive?Mieux cerner ces différentes approches, leurs conditions de réussite, leurs arrière‐plans culturels, et leurcaractèrepotentiellementtransférabled’unterritoireàl’autresontaucœurdecetAtelier.AtelierbasésurlestémoignagesdeFranckFRIED,delavilledeSarrebruck,d’HervéFUCHSMANN,delavilledeRomainville,etdeUteCORNEC,professeureassociéeàl’UniversitédeMünster‐enpartenariatavecleRéseaudesprofessionnelsduDSUdeLorraine‐CPL Animateur:JohanCHANAL‐Chargédemission‐CarrefourdesPaysLorrains.Rapporteur:DimitriTHIRION‐CarrefourdesPaysLorrains

PRESENTATIONSYNTHETIQUEDESINTERVENTIONS

Du fait de la présence d’un intervenant allemandfrancophone, Franck FRIED, de Sarrebruck, cetatelierapus’organisersurunmodetrèsinteractif.Ainsi,ils’estouvertparuntourdetablecentrésurles représentations des participants autour de laquestion:«pourvous,unedescaractéristiquesdelaPolitiquede laVilleenFrance, c’est….Enquoicela vous semble‐t‐il différent des pratiques enAllemagne ou en quoi s’apparente‐t‐il auxpratiquesenAllemagne?».L’ensembledespointsénoncés(natureetintensitédupartenariat,rôledel’Eglise, fonctionnement «communautaire») apermisunpremierniveaud’échange.

FranckFRIED‐Chargédemission‐VilledeSarrebruck,AllemagneMême s’il n’est pas un spécialiste de l’urbanismecar en charge de dossiers économiques et definancements européens, il est néanmoins en

mesurededonnerdesinformationssurlamanièredont les projets d’urbanisme sont structurés ausein de la Ville. Sarrebruck est située à 5 km deForbach,età60kmdeMetz.Elleestlaville‐centreduLanddelaSarre.La présentation montre de nombreusesdifférences par rapport à la France entre lesstatuts du Maire, des Adjoints, du ConseilMunicipal.Ellepointeégalementqu’iln’existepasspécifiquementde«PolitiquedelaVille».Iln’yad’ailleurs pas de bailleurs spécifiquement sociaux(ainsi, pas de quartiers spécifiquement constituésdelogementssociaux).Au niveau de l’organisation de la commune, oncompte un «Pôle central Mairie» ainsi que cinqautres pôles thématiques. Afin de gérer lesquestions urbaines, un groupe de travailinterdisciplinaireaétéorganiséavecunco‐pilotagededeuxpersonnes. Ilapourobjectifdetraiter le

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développement stratégique de manière inter‐services et de travailler de manière inter‐thématiques au développement des quartiers.Avecunefréquenced’uneréunionmensuelle,celapermet de repérer notamment des besoinsspécifiques pour des quartiers plus sensibles.Desgroupes de travail sont alors organisés afin deprivilégier une action de proximité. Des acteurslocaux (telles que les paroisses des Eglises) sontégalementassociésàcesgroupesdetravaillocauxde manière à organiser la participation descitoyens. Cela peut comporter de manièrerégulière une quinzaine de personnes, et demanière plus ponctuelle une centaine depersonneslorsde«conférencesdequartiers».Autre type d’approche: le projet de «Granderégion» Sarre / Belgique / Rhénanie‐Palatinat. Acette échelle, il est question de créer une régionpolycentrique métropolitaine transfrontalière.C’est une nouvelle idée qui pourra avoird’importantes répercussions dans les années àvenir. Mais dans l’immédiat, et de manièretransfrontalière, est déjà développé le projetd’Eurodistrict (sur une zone où transitent 10000frontaliers par jour pour des déplacementsdomicile / travail). Cela inclut notamment, dansune situation «d’après – mines», des projets enmatière de santé, une reconnaissance desdiplômes et une approche des quartiers sensiblesde Sarrebruck et de Forbach. Cela fait égalementéchoavecleprojetdeprolongementd’untramwayexistant sur une ligne plus importantetransfrontalièreparuntram‐train.

HervéFUCHSMANN‐ChefdeprojetPolitiquedelaVilleetdespolitiquescontractuelles‐VilledeRomainvilleRomainville, en Seine‐Saint‐Denis, est une ville enpleinemutationet croissancedémographiqueaux

portes de Paris. Elle est géographiquement situéeau centre de la toute nouvelle intercommunalité«Est Ensemble» de 9 communes et 400000habitants, la plus importante d’Ile‐de‐France. Cetapport de population nouvelle et de «classemoyenne» change le profil sociologique d’unepopulation jusqu’ici essentiellement ouvrière. Lesquestions de «vivre ensemble» prennent donctoutleursens.Lespremiers contratsdePolitiquede laVille sontrécents puisqu’ils datent de 2000. Au départ, laville est allée sur la Politique de la Ville par effetd’aubaine liée aux subventions. Au fur et àmesure, la ville est entrée réellement dans unedynamique de projet. Avant, le chef de projetétait donc gestionnairede crédits, aujourd’hui, ilest rattaché à la direction générale, référent duPlan Local pour l’Insertion et l’Emploi… Lafonctionadoncévoluédelagestiondedispositifsà laparticipationà la réflexionstratégiquesur ledéveloppement de la ville. Il y a d’abord laquestion de l’accès à la connaissance, àl’information,cequiestfondamental.Sur la question de l’évolution de la relation auxhabitants,leschosesontégalementévolué.Depuis2001,desConseilsdequartiers,avecdesmoyensfinanciers tant en investissement qu’enfonctionnement, présidés par des habitants élus,ont été mis en place. Depuis, face à certainesdifficultésdefonctionnement,ilaétéfaitmarchearrière. Il est encore difficile de faire de la co‐production. Et lorsqu’un projet est mis sur leversant de la participation, c’est surtout pourtenterdefaireparticiperdeshabitantsàunprojetpiloté de manière descendante. Il est égalementdifficile, pour des populations qui vivent souventdans une certaine urgence, de s’investir sur desprojets inscrits dans une échelle de tempsrelativementlongue,telquec’estforcémentlecasenmatièredeprojeturbain.

CEQUIRESSORTDESECHANGES

LeséchangesetdébatsquiontanimécetAtelierpeuventserassemblerenquelquespointsthématiques.Toutd’abord, c’est laquestionde la sollicitationde l’avisdeshabitantsqui s’estposée. EnFrance,onyopposesouventla«légitimitédesurnes»à«l’expertised’usage»deshabitants.Laquestionnesemblepasseposerde lamêmemanièreenAllemagneoù les citoyens se sentiraientdéjà légitimes à intervenir, à semêlerdesaffaires publiques, obligeant ainsi les édiles à les prendre réellement en considération. Les citoyens sontlégitimespourprendredesinitiatives,etlaVilledeSarrebruckessaiedelesintégrer.

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Enrevanche,enAllemagnecommeenFrance,ilsemblequetouteslescatégoriessociologiquesseretrouventinégalementdanscesformesdemobilisation(retraités,formés,classesmoyennes…).Desformationsd’usagersexpertssontmisesenœuvreàSarrebruck.Sur le caractère transfrontalier, denombreuses remarquesont vu jour. Il existe en effet des échanges, desinitiatives,tellesquel’Eurodistrict,unesorted’EPCIeuropéendynamiséparForbachetSarrebrück.Maisiln’yapasspécifiquementd’échangesautourdelaPolitiquedelaVille.Leproblèmedelalanguerestecrucial,voire s’amplifie par le fait que de moins en moins d’élèves français choisissent cette langue. Or, dansl’Eurodistrict,lalangueofficielleestl’Allemand.PrésentenFrance,l’espritdepropriétésedifférenciedel’espritdemobilitéenAllemagne(oùlalocationestprivilégiée). Celan’estpas sans conséquencepour lesprojets.Celamarqueaussi l’histoireet la constitutionmême du logement social. Et alors qu’en France, le «risque communautaire» apparaît comme une lubiepermanente et largement partagée, Frank FRIED explique qu’en Allemagne, le regroupementcommunautairen’apparaîtpascommeunesourceaprioridedifficultés,deproblèmessociaux.Autrementdit, à Sarrebrück, il ne leur vient pas à l’esprit de lutter contre le regroupement communautaire. Lespopulationsétrangèresessentiellementturquesetitaliennes,sontdoncplutôtbienconnues.UteCORNECnousexpliquequedans son travail comparatif, il ressortquedesdémarchespositives sontàconsidérerenAllemagne(telledéveloppementdurable,parexemple),maisqued’autreslesontenFrance(par exemple, l’innovation sociale qui est poussée à une grande réactivité des territoires, et cemalgré lepoidsoumêmedufaitdupoidsdesinjonctionsnationales.)Est également apparu un consensus sur l’idée que les territoires, leurs réalités, leurs histoires, le vécu et leressentidescitoyenssontdifférentsetjustifientd’évoquerLESpolitiquesdelavilleplutôtqueLAPolitiquedelaVille(entrelebassinhouillerici,ouParis,oulesZUSencentrevilledégradé),tantlessituationssontenfaitdifférentes.

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6‐Allocutionsdeclôture

GillesJEANNOT‐Chercheur,Professeuràl’EcoleNationaledesPontsetChaussées

SylvieREBIERE‐POUYADE‐Présidentedel’IRDSU

GillesJEANNOT‐Chercheur,Professeuràl’EcoleNationaledesPontsetChaussées

Monpointdevuesurcesjournéesestpartielcarjen’aipuassisterqu’àdeuxgroupes;l’unsurl’innovationetl’autresurles«équipesintégrées».Quelquesremarquestoutefois.Danslepremiergroupesurl’innovation,unecollègueallemandeaprésentéunschématoutàfaitsuggestif.Onyvoyait«envert»lesrelationsharmonieuseset«enrouge»lesrelationsdeconflit.EnAllemagne,toutétaitvertet toutétait rougeenFrance (jecaricatureàpeine).D’unautrecôtéonnousaprésentédesméthodesfacilitantlacoordinationetl’innovationpartagéedansdesuniversquisemblaientaucontraireaprioripacifiés.Nepourrions‐nouspasassumerlefaitquenoussommesdansdesespacesconflictuels?Celamefaitpenseràunauteur,psychanalyste,GeorgesDEVEREUX,quiavaitécritunlivreintitulé«del’angoisseàlaméthode»etqui,s’adressantauxscientifiques,disaitque laméthodenesertpasàêtrerigoureuxetàbientravaillermaisqu’elle sert d’abord à nous protéger de l’angoisse. J’ai toujours cette l’impression quand je vois de beauxpower‐point,desréférentielsmétiers,desguides,...DansledeuxièmeGroupe,celuiportantsurles«équipesintégrées»,ilaétédemandéauxparticipantsdeseclasser dans la typologie. Et c’était un groupe dans lequel il y avait beaucoup de «chefs d’orchestre».Beaucoup de grandes villes autour de la table. Des politiques structurées avec beaucoup d’acteurs. Il mesemblequetoute laquestionétaitalorscommentpeut‐onintégrerdans l’organigrammeles injonctions liéesauxdifférentsdispositifsdelaPolitiquedelaVille.Lerégionaldel’étape,représentantdeMetz,nousaexpliquéquedesélusquiontunevisionclairepeuventpermettrededigérerlesdifférentsdispositifs,selesréapproprierdansleursproprespolitiques.Ilareconnucependantqu’ilyavaitdesmorceauxplusgrosetdifficileàdigérer,telsquelesPRUetdifférentsavatarstelsquelesPlansStratégiquesLocaux.ABrest, c’est la banalisationqui primeet les dispositifs sontmis dans chaque service, traités demanièreroutinièreaurisquetoutefoisdeperdrel’espritdelaPolitiquedelaVille.Pourcontrercerisque,uneéquipetransversaleparticipeàtoutes lesréunionspourgarder lesdispositifsdans l’espritde laPolitiquede laVille.Unemanièredegarderlapuretédelaligneennemettantpastroplesmainsdanslecambouis?D’autresréaffirmentl’intérêtdedispositifstransversauxdansl’espritdesoriginesdelaPolitiquedelaVille.Onpeutnoterquecesontdejeunesprofessionnelsengagésdansdesprojetsàfortsfinancementseuropéens.Unretour aux sources à la sauce des méga‐dispositifs? Dans beaucoup de situations cependant, commeMulhouse, Dunkerque ou Autun, il semble qu’il y a encore beaucoup de bricolages, d’ajustements, detentativesdefaireaumieuxentirantpartidelaculture,delaprésencedesélus,desélémentsdecontexte;pourfairetenirl’ensemble.

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J’ai trouvé cet atelier tout à fait passionnant. On est là dans ce qui fonctionne lorsque l’organisationmunicipaleestmobilisée.Celaneveutpasdirequeleschosesmarchentd’elles‐mêmes,maislesquestionsessentiellesd’organisationsontprisesàbras‐le‐corps.

SylvieREBIERE‐POUYADE‐Présidentedel’IRDSU

Je ne vais pas faire une grande conclusion. Je pense que nous avons tous découvert et appris des chosesaujourd’huietlesactesserontpubliéstrèsprochainement.Je pense que du point de vue des professionnels et de l’Inter‐Réseaux l’enjeu est maintenant d’être encapacité deproduire des points de vue qui vont pouvoir infléchir les choix qui vont être faits sur ce queseront les futurespolitiquesde laville. Jene suispaspessimiste.Bien sûr jepensequ’il yadeschoses surlesquellesnousnepourronspasrevenir.Maisjepenseaussiquenous,professionnels,nousavonsintérêtàêtreprésentspourpesersurcedébatpublicaumomentoùlesdécisionsvontseconstruire.En tous cas nous continuerons à vous proposer des temps de travail comme celui‐ci ‐ et comme notreAssembléeGénéraledu22mars‐quipermettentd’échanger,deseconfronteràdesregardsd’expertsetdeconstruire nos points de vue dans la convivialité. Vous pouvez également retrouver des espaces d’échangedansnosréseauxrégionauxoùvousserezlesbienvenus.Merciencoreàvoustous,àl’UNADEL,àlaGazettedescommunesetàlaVilledeMetz.Etàbientôt.

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Annexe 1 ‐ Contributionde l’ACSé à la JournéenationaleIRDSUdu23mars2012

En 2010, l’ACSé confie au cabinet FORS la réalisation de l’étude sur l’ingénierie locale de laPolitiquedelaVilledontlesrésultatssontprésentésaucoursdelajournéenationaledel’IRDSUdu23mars2012.L’ACSé souhaite apporter aux participants un éclairage sur le contexte dans lequel elle acommanditécestravauxetlesenseignementsqu’elleenatirésauprofitdesamissiond’animationderéseau.

Lecontexte:Depuis 2010, l’ACSé a souhaité renforcer sa stratégie d’animation et de qualification de réseau, partant dusimple constat que la qualité des actions proposées aux habitants des quartiers dépend pour partie de laqualificationdel’ensembledesprofessionnelsassociés,delasélectiondesprojetsàlaréalisationdel’action.Dans le contexte où elle conduit son action depuis 2 ans (changements importants induits par la RGPP,prolongationdesCUCSjusqu’en2014danslecadredelagéographieprioritaireexistante)l’ACSésedoted’unprogrammed’animationetdequalificationdéfinicommeunensemblecoordonnéd’actionsetd’outilsvisantàce que chacun des acteurs concernés dispose des connaissances et des compétences nécessaires à laréalisation des tâches qui lui incombent, pour contribuer à la mise en œuvre des missions de l’ACSé. Lesprofessionnelsvisésparceprogrammelesontàdifférentstitres:servicesdel’Etatdirectementchargésdelamiseenœuvredesmissionsdel’Agence,professionnelsgénéralistesouspécialistesdelaPolitiquedelaVilleetdesesprogrammes,dontlespostespeuventêtrefinancéspourtoutoupartieparl’ACSé,acteursintervenantdansleschampsthématiquesdel’Agence.Danscecadre,l’ACSéaengagéunimportantplandeformationdesnouveauxservicesdéconcentrésdel’Etaten charge de la mise enœuvre de ses missions (DRJSCS et DDCS/PP). Parallèlement, elle a développé desactions spécifiques en direction de professionnels spécialisés dans la mise en œuvre de certains de sesprogrammes:étudesurlesprofessionnelssalariésdudispositifderéussiteéducative,dispositifdeformationdes acteurs du volet santé de la Politique de la Ville et de formation inter‐acteurs de la prévention de ladélinquanceréalisésenpartenariatavecleCNFPT,formationdesacteursdelaGUP.Enfin,c’estdanscecontextequel’ACSéportesonattentionsurlesprofessionnels«généralistes»enchargedelaPolitiquedelaVilleparlebiaisd’uneétudesurl’ingénierielocaledelaPolitiquedelaVilleconfiéeaucabinetFORS.

L’étude:Conscientedestransformationsayantaffectélesprofessionnelsregroupéssousl’appellation«chefdeprojet»et de leur rôle dans la mise en œuvre de la Politique de la Ville sur les territoires, l’ACSé qui, en 2009,consacrait12M€aufinancementdecespostes,leurporteuneattentionaccrue.L’Agencesouhaitecontribuerà une actualisation des connaissances sur la réalité de leursmétiers et de leurs conditions d’emploi, sur lefonctionnementlocaldelaPolitiquedelaVilleetlesbesoinsdeformationetd’animationdeces«généralistes»de laPolitiquede laVille.Lesrésultatsdecestravaux,réalisésengrandepartieen2010,ontétédiffusésenavril2011.Pourlaréalisationdecetteétude,unquestionnaireaétéadresséà936professionnels,dont56%ontrépondus.

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Pourl’ACSé,lesenseignementsmajeursissusdecetteétudesontlessuivants:

‐ l’incidencedescontextesnationalet localde laPolitiquede laVille sur leschoixd’organisationausein des collectivités locales, et les conséquences de ces choix sur le périmètre des missions duprofessionnelgénéraliste(aboutissantauxquatrefiguresdeprofessionnelsdéfiniesparl’étude).‐lesaméliorationssouhaitablesdanslesrelationsavecl’Etat,enraisonnotammentdelaperturbationapportéedemanièretransitoire,danslecontexteparticulierdel’année2010(premièreannéedemiseenœuvredelaréformedel’administrationterritorialedel’Etat),parlesmouvementsdepersonnelsimportantsdanslesservicesdel’Etat,maisaussi,àpluslongterme,parleschoixorganisationnelsdel’Etatlocal.L’étudeaégalementconfirmél’obsolescencedelanotiondeComandatement,etlafaibleincidenceducofinancementdespostessurlaqualitédesrelationsdescollectivitésavecl’Etatetl’ACSé.‐laconciliation,parfoisperçuecommedifficileparlesgénéralistesdelaPolitiquedelaVille,entreletravailconduit localementsur leprojetdeterritoireet lesdispositifsetprogrammesnationauxdelaPolitiquedelaVille.

Lessuitesdonnéesàl’étude:Lesrésultatsdecetteétudeontpermisàl’ACSédedéfinirsesprioritésimmédiates,notammententermesdeformation et d’animation de son réseau Etat. Ces enseignements restent utiles pour mesurer le chemin àparcourir,departetd’autre,pourrépondreauxenjeuxactuelsetfutursdelaPolitiquedelaVille,telsquelesdessinentlesexpérimentationsencourssurlesPSL(sortiesderénovationurbaine)etlesCUCSexpérimentaux:l’Etatetlescollectivitésdevraientdeplusenplusêtreamenésàtravaillerensemblesurdeslogiquesdeprojetsintégrés.Dans cette perspective l’action de l’ACSé en matière d’animation et de qualification de réseaux s’articuleautourdetroisobjectifs:1‐Fairemonterencompétencesonréseauterritorial

De 2010 à 2011, l’ACSé a dispensé à son réseau 2 770 journées de formation « métier ». Ceprogramme de formation se poursuit et se diversifie en 2012 et s’accompagne d’un programmed’animationrenforcécentrésurleséchangesdepratiques,laréflexionsurlesprocessusdetravailetlepartagedeconnaissance.

2‐Consolideretoutillerlesprocessusdetravailcommuns

Aujourd’hui, letravailsur laprogrammationdesCUCSestaucœurde larelationdetravailentre lesservicesdel’Etatetlescollectivités.Ilétaitdoncnécessairepourl’Agenced’intégrercettedimensiondanssessystèmesd’informationetdemettreàdispositiondesprofessionnelsquiensontlesacteursunoutilquiformaliseetfaciliteceprocessus:c’estleprojetA.P.P.E.L(ApplicationdeProgrammationdesProjetsenLigne),quiverralejouren2012.

3‐Renforcerlaculturecommuneetledialogueentrelesprofessionnelsdel’Etatetdescollectivités

L’atteintede cetobjectifmobiliseau‐delàdes seules compétencesde l’ACSé,et impliquedoncqu’ilsoitpartagé.C’estl’orientationdonnéeparl’Agenceàl’animationdesespartenariatsnationauxetdeleursrelaislocaux.Larefontedelaconventionpluriannuelled’objectifsdel’IRDSU,larenégociationdel’accordcadreACSé‐CNFPTetlesdirectivesdonnéesauxDRJSCSsurlesfinancementsdescentresderessources contribuent de ce point de vue à la mise en œuvre d’une ingénierie plus efficace etprospective.Dans lemêmetemps,afindefavoriserconcrètementcerapprochement, l’ACSésedoted’unnouvelExtranet,ouvertauxagentsdel’Etatdepuisjanvier2012etultérieurementauxchefsdeprojets.Enfin, afin de soutenir cette dynamique, l’ACSé envisage de proposer, à partir du second semestre2012, des temps d’échanges et de réflexion communs, sous forme de rencontres régionales ouinterrégionales,quiaurontvocationàsepoursuivreen2013.

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Annexe 2 ‐ Note IRDSU: «Pour améliorer lamiseenœuvredelaPolitiquedelaVille:l’enjeud’uneingénierielocaleadaptée»

PouraméliorerlamiseenœuvredelaPolitiquedelaville:I’enjeud’uneingénierielocaleadaptéejuillet2010

1‐Unconstat

>LesprofessionnelsduDéveloppementSocialUrbainsontapparusdanslepaysagedes«grandsensembles»,ilya35ans,aveclamiseenœuvredespolitiquessocialeseturbaines.Cesmétierssesontdéveloppésautourdesvaleursdudéveloppementlocaletsesontappuyéssurlesméthodesdel’ingénieriedeprojet.Ces professionnels travaillent a l'échelle des quartiers, des villes et des agglomérations. Ils abordent lesdifférents aspects de la vie en ville que sont le social, l'urbain, le développement économique, l'emploi, lacitoyenneté, la lutte contre les discriminations, la prévention, la sécurité et l'ingénierie administrative etfinancière.Aujourd'hui ils sont chefs de projet, directeurs de projet, agents de développement, chargés de mission,directeursterritoriaux,directeursgénérauxadjoints...,généralistesouspécialistes.Le contexte d'exercice de ces métiers de la Politique de la Ville et du Développement Social Urbain setransformedansuncontextesocial,économiqueetenvironnementaltenduetdansunpaysageinstitutionnelde plus en plus éclaté et décentralisé, avec l'émergence de nouveaux enjeux autour du développementdurable.> Une logique de spécialisation thématique et de programmes est en cours, de nouveaux dispositifs semettent en place qui génèrent de nouvelles spécialités (chefs de projet renouvellement urbain,coordonnateursAteliersSantéVille...)etrenforcelebesoindedéveloppeursgénéralistespourconforterlesapproches «intégrées» du développement local, gage d'efficacité de l'action publique (par exemple le liensocial/urbain/économiquesurlesquartiersenrénovationurbaine).Ilestessentield'approfondirlesmodalitésdecoopérationentrelesgénéralistesetlesspécialistes,deviserauxdécloisonnements. L’enjeu est de renforcer l’efficacité de chacun et la performance collective. Lesprofessionnels doivent pouvoir œuvrer ensemble dans une démarche intégrée de «projets de territoiresolidairesetdurables».Lerôledesemployeurs/décideursestprimordialpouryarriver.>Suiteauneenquêteréaliséeparl'IRDSUauprèsde210équipesprojeten2007,ilressortquelquesélémentsdetendance:

‐Lamaîtrised’ouvrageestp|utôtcentréesur lesprocédures. Les instancescommunesdepilotagesont rareset s'organisentplutôt surdespilotages spécifiques,autourdesCUCS,desPRUouencoredesCLSPDetCLS.

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‐ La maîtrise d'œuvre semble s’affranchir des frontières entre procédures et programmes et secentre plus sur le Projet. Les villes restent majoritaires dans le portage des équipes de projet, leportageintercommunalrestantencorepeuimportant.‐ L’implication des élus, extrêmement déterminante dans Ia conception et Ia mise en œuvre duProjetestplutôtjugéeenprogressionparlesprofessionnelsinterrogés(54%).

Desfaiblessesimportantesdanslamiseenœuvredesprojetsdemeurent:

‐Ladifficultéamobiliserlesservicesdedroitcommundel'Etatetdescollectivitéslocales,‐L’insuffisancedesoutilsd’accompagnement etdequalificationde l'ingénieriedeprojetauniveaulocaletnational,‐Desdémarchesd’implicationdeshabitantsetdedémocratieparticipativeencoretrèsrelatives.

Autantd'enjeuxasaisirpourmieuxrépondreauxbesoinsetauxnécessairesévolutionsencours.

2‐Despropositions

PropositionN°1:

UNEMEILLEURERECONNAISSANCEDESMETIERSDEL'INGENIERIESOCIALEETURBAINEETLEURPROFESSIONNALISATION‐Organiserdes«Assisesdesprofessionnelsde IaPolitiquede IaVilleetduDSU»pourrelancer lamiseenœuvredesrecommandationsprioritairesdurapportBrévan‐Picardde2000surcettepartiedes«Métiersdelaville».‐RenforcerIa«Plate‐formenationaledesmétiersdudéveloppementterritorial»animéeparl'UNADELavecl'appui de l'Etat, des associations d'élus, des partenaires sociaux, des chercheurs et d'autres associations dedéveloppeursterritoriaux.(Cetteplate‐formeaproduitdestravauxquisontréférencedepuis2001:référentielde compétences de développeur généraliste en 2005, coproduction des fiches métiers de la familledéveloppementduCNFPTetdesfichesROMEdePôleEmploi,guides,travauxd'études...)‐ Renforcer Ia formation et Ia qualification des équipes : amélioration de l'offre de formation initiale etcontinue des universités et organismes de formation, développement des réseaux professionnels et descentresressources.Renforcerlescoopérationsentreeuxsousl'impulsionduMinistèredelaville.‐ Développer les formations à la prise de poste pour les nouveaux professionnels au niveau régional etnational.‐ Coproduire des guides de l’ingénierie locale de Ia Politique de Ia Ville qui fassent davantage référence :observation locale (quantitative et qualitative), évaluation locale, élaboration/mise en œuvre et suivi d'unProjetdeTerritoireetd'unContrat,accompagnementauchangement...PropositionN°2:

DESCOMPENSATIONSENMATIERED'INGENIERIELOCALE‐Soutenirlesvillesendifficultéd'ingénierie(dansl'élaborationetlamiseenœuvredeleurobservatoire,deleur Projet de Territoire, de leur contrat, et de leur évaluation ...), par la création d'une «mission d'appuinationale » : missions d'appui méthodologique et formatif individuelles et collectives, cofinancement depostes,aideaurecrutement,coaching,miseadispositiondedonnéesd'observation,miseadispositiond'uneingénierieexterne‐Négocieravecl’Etat,lesconseilsrégionauxetgénérauxlecofinancementdel’ingénierielocalesurlessitesouelleestlaplusfaible.

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PropositionN°3:

UNEMEILLEUREGOUVERNANCEETUNEMEILLEUREINGENIERIELOCALE‐Renforcerlamobilisationpartenarialeetinstituerdesorganisationssurunmodeprojet.‐Qualifierlamaîtrised'ouvragelocaleparuneapprocheplusstratégique,prospectiveetévaluative.‐Intégrertouteslesdimensionsdudéveloppementdurabledansle«ProjetdeTerritoire».‐AméliorerIaperformancedel'observationlocaleetdel’évaluation.‐ Favoriser les modalités de portage et de partage politique et technique du projet (comité de pilotagestratégique,GIP,multimandatement...).‐Mettreencohérencelesdispositifs,mieuxarticulerlesprocéduresauserviceduProjetdeTerritoire.‐Rattacherleschefsdeprojetsauplushautniveaudesorganisations(maireouprésidentd'EPCI,directionsgénérales).‐ Articuler les spécialistes et les généralistes dans une perspective d'ingénierie «intégrée » liée audéveloppementlocaldurabledesvilles.‐ Développer des formations actions «in situ » autour du Projet de Territoire, mobilisant l'ensemble desacteursimpliqués,permettantdedécloisonnerlesculturesprofessionnellesainsiquelerapportentresphèrespolitique,techniqueetparticipative.‐Développeretqualifierlesprestationsd’accompagnementexterne:del'élaborationdescahiersdeschargesàl'assistanceàmaîtrised'ouvrage.PropositionN°4

UNDEVELOPPEMENTDELAPARTICIPATIONDESHABITANTS,USAGERSETCITOYENS‐ Mutualiser, développer et étendre les méthodes de concertation mises en œuvre dans les projets.Développerladémocratieparticipative.‐IntégrerIaplacedeshabitantsdanslesprojetsdemanièreatoujoursdévelopperleur«pouvoird’agir».‐MettreenplacedesAssisesannuellesdesacteurslocauxsurchaquesite.

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Annexe 3 ‐ Eléments biblio‐historiquesdela«Plate‐formeMétiers»

La«Plate‐formenationaledesmétiersdudéveloppementterritorial»,animéeparl’UNADEL,est une Plate‐forme partenariale créée en 2001. Elle a capitalisé plusieurs travaux sur lesdifférentesfamillesdemétiers(développementsterritorial,local,socialurbain,économique,etc.). Elle a d’abord mené des travaux sur les compétences transversales et questionneaujourd’huidavantageleursévolutions.

I/D’oùparlonsnous?:histoiredelaPlate‐formeetévolutionrécente

• LadécentralisationenFranceetlacréationdel’UNADEL• LaPlate‐formedesmétiersdudéveloppementterritoriale:unestructurepartenariale• Deuxchantiersencourssurl’évolutiondesmétiersetsurlarelationemploi‐formation

1.Ladynamiquedécentralisatriceinstauréeàpartirde1982enFranceestexclusivementconduiteparl’Étatcentral.C’estpoursoutenirlapriseencomptedelacréativitédesterritoires,pourencouragerlamobilisationdesressourceslocales,humaines,matériellesetfinancièresquel’UNADEL(UnionNationaledesActeursetdesstructuresduDéveloppementLocal)aétécréée,danslafiliationdumouvementdudéveloppementlocal(ÉtatsgénérauxdeMâconen82, programmeeuropéen Leader en1991, reconnaissancedes structuresdePays etsimplificationde la coopération intercommunaleen95et99,…). L’UNADELestun réseauqui associedepuis1992 des élus, des militants associatifs et des professionnels mobilisés autour d’un objet commun: lapromotionet lareconnaissancedesterritoiresdeprojetscommecreusetdudéveloppement local.Ellefondesonobjetsurlapromotiondeladimensionpartenarialeetparticipativedudéveloppementlocaletseveutunespacederessources,deproductionsetd’échangesautourdudéveloppementlocal,del’ingénierieterritorialeetdesterritoiresdeprojet.Références:

- Décentralisonsautrement–lelivreblancdudéveloppementlocaletdeladécentralisation,éd.ADELS‐UNADEL,2012

- «Unlivrecitoyenpouruneautredécentralisation»,DossierdelarevueTransruralInitiatives,n°413,février2012

- www.unadel.asso.fr

2. La plate‐forme nationale desmétiers du développement territorial a été créée en 2001 et est animéedepuis par l’UNADEL. Il s’agit d’une structure partenariale unique, au croisement de travaux de rechercheuniversitaires,detravauxd’étudesdivers(centrederessources,etc.),decollaborationsaveclePôleemploietleCNFPT,d’implicationsdeprofessionnelsdudéveloppement.Elleanotammentparticipéà l’élaborationdesfiches métiers de Pôle Emploi et du CNFPT, elle a coréalisé avec ETD (Entreprises, Territoires etDéveloppement) un guide de formation en 2003, et réalisé un référentiel de compétences «cœur desmétiers» du développement territorial en 2005, etc. Elle se veut un lieu de réflexion, de production et decapitalisation de documents et d’outils divers pour porter un éclairage sur l’évolution des métiers dudéveloppement territorial, qualifier les professionnels, mieux cerner les articulations entre formation etemploi,favoriserlamobilitéprofessionnelle.

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- Plaquette de la Plate‐forme des métiers du développement territorial (http://www.Plate‐forme‐

metiers‐dvt.org/spip.php?rubrique5)- Fichesmétiers(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article84)- Référentiel de compétences «Cœur des métiers» (http://www.Plate‐forme‐metiers‐

dvt.org/spip.php?article14)

3.Actuellement,ellemènedeuxchantiersmajeursetcomplémentairessurl’évolutiondesmétiersetdelarelationemploi‐formation:uneréflexionprospectivedesmétiersdudéveloppementterritorialquidémarrerasous peu et une étude des relations qu’entretiennent la sphère des «professionnels du développementterritorial»etcelledes«formationsaudéveloppementterritorial»àl’aunede7Groupesrégionauxencours(Rhône‐Alpes,Auvergne,IledeFrance,Languedoc‐Roussillon,Midi‐Pyrénées,AquitaineenFrance,etl’EstrieauQuébec, Canada). Ces deux chantiers ont permis d’accumuler beaucoup de travaux récents répondant à laquestiondel’évolutiondesmétiers,dontlaplupartsetrouventdéjàenlignedansle«Portailressource»delaPlate‐forme (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?rubrique8) et classé selon le typede support(article,thèse,enquêtemétiers,etc.).La Plate‐forme avec ses partenaires est impliquée à différents niveaux dans les questions posées par lesévolutionsdesmétiers:professionnels,employeurs,formation,structuresd’appuiauxprofessionnels(réseaux,centresderessources),institutions.Acetitre,laPlate‐formeestelle‐mêmeunlieud’observationprivilégiéduchangementd’identitédelaprofessionetdesenjeuxliésauxtransformationsquitouchentcesmétiers.

‐ Divers documents de présentation des chantiers (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article80)

II/Évolutionshistoriquesettransformationdesmétiers

• Premierconstat:cesontdes«métiersflous»• Deuxfigureshistoriques• Histoirededéfinitions• Unelentetransformationdesmétiers

1.CesontdesmétiersflousCesmétiersposentdesproblèmesderepérageauxchercheursetlesprofessionnelseux‐mêmeséprouventdes«difficultés à expliquer leur métier à leur belle‐sœur». Les «métiers flous» est le titre du livre de GillesJeannot,publiéen2005etbasésurplusieursenquêtesdeterraindepuisla2emoitiédesannées90,théorisantcesmétiersquidoiventenpermanenceadapter,etparfoismêmeréinventer,desfonctionnairesappelésàagirdansdesdomainesauxcontoursassezmaldéfinis.D’autresétudes,dansledomaineruralcommeurbain,fontcemêmeconstatd’êtrefaceàdesmétiersdifficileàidentifiercarrenvoyantàla«multiplicitédestermespourlesnommeretàladiversitédesstructuresquiemploientcesagents.Ilsdécoulentaussidufloudumétier,deladiversitédesprofilsetdeladiversitédesstatutsjuridiques.»(L.Barthe‐Baldellonetalii.,2004)D’autre part, les agents eux‐mêmes expriment ce problème d’identification du métier en s’auto‐désignantd’«agent‐de‐développement‐animateur‐chargé‐de‐mission‐chef‐de‐projet» (ADELIM ‐Associationdesagentsdudéveloppementlocaldulimousin–Notedecadragepourleséminairedere‐lancementdeleurassociationenjuillet2011)

- Gilles Jeannot,«Lesmétiers flousdudéveloppementrural»dansSociologiedutravail,vol47,n°1,2005,p.1‐19(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article89)

- GillesJeannot,Lesmétiersflous–Travailetactionpublique,EdOctarès,2005- LaurenceBarthe‐Baldellonetalii.,Enquêtesurlesemployeursdesagentsdedéveloppementlocaldela

région midi‐pyrénées, Laboratoire Dynamique Rurale, 2004 (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article41)

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- Vanessa Girard, Note bibliographique sur les métiers de la ville, 2010 (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article44)

- MartineTheveniaut,StéphaneMichun,Versundénombrementdesprofessionnelsdudéveloppementterritorial:enquêteexploratoireenLanguedoc‐Roussillon,UNADEL,DIDERIS,2008(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article48)

2.DeuxfigureshistoriquesCesmétierstrouvent leuroriginedans lespremièresexpériencesdedéveloppement local,apparuesdans lesterritoiresrurauxàlafindesannées60etdanslesterritoiresurbainsàlafindesannées70.Jusqu’àlafindesannées80,ilssontmarquésparune«forteexpérimentationdansledomainedel’accompagnementdeprojetlocal, où le militantisme et l’engagement de nouveaux professionnels aux côtés des acteurs locauxcaractérisentfortementlespratiquesdeconduitedeprojet.Dansuncontexteoùlesterritoiressontbousculés,parfoismêmedésarticuléspardessituationsdecrisessociale,économiqueetdémographique,oùapparaissentlespremièresprocéduresd’appuiàdesprojetsterritorialisés(parcsnaturelsrégionaux,plansd’aménagementrural, Politique de la Ville, etc.) et où la décentralisation libère les initiatives des collectivités locales, cesmétiersontpourfinalitépremière l’accompagnementtransversaldetoutes lesformesd’initiativesprisesparlesacteursdanslesterritoires.Le fil conducteur de ces pratiques repose sur l’animation : il s’agit de tisser des liens entre des secteursd’activité,desacteursquineseconnaissentpas,d’établirlesbasesd’undialogueterritorialpourinventerdesactions adaptées aux problèmes des habitants. Une nouvelle figure professionnelle émerge: l’agent dedéveloppementgénéraliste,souventqualifiéd’animateurdeterritoiredanslesespacesrurauxetdechefdeprojetdanslesespacesurbains.Parfoisaccompagnéparlesservicesdel’Etat(directionsdépartementalesdel’agricultureoudel’équipement,parexemple),ilapparaîtcommelechefd’orchestredespremiersprojetsdedéveloppementlocal,certainsagentssedéfinissanteux‐mêmescomme«lescouteauxsuisses»duterritoire.[...] Ilssepositionnentdansune logiqued’interfaceentre leshabitants, leséluset lesservicesde l’État.» (L.Barthe,2010;p.33)

- LaurenceBarthe,«Transformationetdéfisdel’ingénierieterritorial»danslarevueTerritoires,n°511,octobre2010.(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article53)

- Les actes de la première «Université d’été du développement local», organisée par l’UNADEL etl’Université Toulouse le Mirail en septembre 2011. (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article30)

- Claude Jacquier et Dominique Mansanti, avec la collaboration de Jean‐Marc Berthet, FrancieMégevand, MarilyneMougel et Marie‐Agnès Roux, Le développement social local. Les acteurs, lesoutils,lesmétiers‐Tome2,dossierd’étuden°70,CNAF,juillet2005

3.HistoirededéfinitionsLes définitions desmétiers du développement territorial sont elles‐mêmes en évolution et des glissementssémantiques témoignent des transformations desmétiers en cours: développement local – développementterritorial – ingénierie territoriale.Une vision aménagistedu territoire commeespacenational, aux logiquesdescendantes,prévautdanslesannées50.Uneautrevisiondel’activitéetdelavieéconomiquesedéveloppe,produite par les mouvements sociaux lors des années 60/70 : un postulat ascendant, endogène. Avec ladécentralisation et l’institutionnalisation de ce mouvement ascendant ‐ la loi Voynet en 1999, lareconnaissance du « développement » comme compétence des structures intercommunales ‐, la démarchetransversaleapparaît.Celle‐civise lapriseencomptedes logiquesascendantesetdescendantesetsetraduitpar l’instauration du « développement du territoire» (projet IngeTerr «Cadres, concepts et pratique del’ingénierieterritoriale»,projetderecherchePSDR,Auvergne,2010).Ladéfinitionsuivanteestissued’unecollaborationautourduréférentieldecompétencescœurdesmétiersdelaPlate‐formedesmétiers,entreprofessionnels travaillantdansdiversdomaine(économique,social,urbain,rural,…),généralistesouthématiques.Ils’agitalorsd’unedéfinitionélaboréeàpartirdespratiquesetparlesprofessionnels eux‐mêmes, pointant leur référentiel d’intervention, à la fois idéal et pointant le cœur desmétiers.Définitionsdesmétiersdudéveloppementterritorial(DT)LeDTc’est«unetransformation(sociale,duterritoire…)versunmieux‐êtreglobal,aumoyendedémarchesdeprojet,avecvalorisationdesressourceslocalesdansunevisionàlongterme».

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Ce développement a besoin de professionnels compétents, dont les missions consistent à «impulser,concevoir,animeretcréer lesconditionsdeprojetsenpartenariats’inscrivantdansunepolitiqueterritorialededéveloppementdurable,d’anticipationdesmutationsetdansunedémarchededémocratieparticipative».«Leprofessionneldudéveloppement territorial favorise l’aideà ladécisionet constitueunappui techniqueaux élus. Sesmissions peuvent être assimilées à de l’ingénierie territoriale.Généraliste ou thématique, il sedéfinitcommeunprofessionnelayantunevisiontransversaledudéveloppementd’unterritoirecommunalouintercommunal,laquelles’inscritnécessairementdansuneperspectiveglobaleetdelongterme.Ilparticipeàlaconceptionetlamiseenœuvred’unestratégieglobaledudéveloppementetdedynamisationd’un territoire en intégrant des préoccupations d’ordre économique, touristique, social, culturel, agricole,environnemental, d’aménagement et d’urbanisme. Interface entre les élus et les acteurs locaux, il facilite letravailpartenarial,suscitelaparticipationdeshabitantsetmetenréseaudescompétencesdiverses.C’est un métier dont la partie animation doit être prédominante sur la partie administrative. Animation,médiation,négociation,conseils…»(PFMET«Référentieldecompétences‘Cœurdesmétiers’»,2005;p.6)Ingénierieterritoriale(IT)L’IT désigne « l’ensemble des concepts, méthodes, outils et dispositifs mis à disposition des acteurs desterritoires, pour accompagner la conception, la réalisation et l’évaluation des projets de territoire. Celaconcernenonseulementlesacteursdudéveloppementlocal,élus,habitantsetanimateurslocaux,maisaussil’ensemble des acteurs confrontés aux enjeux du développement. […] sont impliqués tout autant lesprescripteursquelescentresderessources,lesbureauxd’étudesetconsultantsquelesservicestechniquesdel’Etatetdescollectivitésterritoriales,leschercheursetlesformateurs».(LardonetPin,2007)

- Glossaire de la Plate‐forme des métiers pour le travail de prospective et de recherche‐action(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/IMG/pdf/GlossairePF_AOUT.pdf)

- JaninC,GrassetE., Ingénierie, intelligenceetculture territoriales: interrelationsdans laconstructiondes territoires, Communication au XLVIe Colloque de l’Association de Science Régionale De LangueFrançaise, du 6‐8 juillet 2009 à Clermont Ferrand (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article45)

- Janin Claude, Grasset Eric, Lapostolle Dany, Turquin Elise L’ingénierie, signe de l’intelligenceterritoriale?,auxEditionsEconomica,2011,142p.

4.UnelentetransformationdesmétiersCesmétiersseprofessionnalisent(formationdédiée,structurationdelaprofession–associations,réseauxdeprofessionnels, reconnaissance par Pôle Emploi, CNFPT, élaboration de référentielsmétiers), se technicisent(renforcement du séquençage de l’action autour de dispositifs de pilotage du projet), les pratiques et lesappellationssediversifient.Onobserveuneinstitutionnalisationprogressivedespratiquesetmétiersliéeauxpolitiquespubliquesdecesdernièresannées (relancedespolitiquesd’aménagementdu territoire,essordespolitiques contractuelles ‐ Pays, programme Leader, contrats de ville ‐, engagement des collectivitésterritoriales (départements et régions) dans le financement de l’animation des projets de territoire,généralisationdelapolitiqueparprojet).La période qui s'ouvre à partir de 2003 est qualifiée par L. Barthe comme une «période de paradoxes,caractériséeparunrenforcementdelaspécialisationetdelasectorisationdesmétiers,avecunrenforcementdel'expertisetechniqueopérationnelle,maisaussiparl'expressiond'unevolontéderetourauxfondamentauxdel'animationdelapartdesprofessionnels.Onvoitsurgirdenouveauxréférentiels,commelacompétitivité,l’excellence et le développement durable, qui paraissent très simples dans l'énoncé, mais qui sont trèscomplexesàmettreenœuvre.Denouveauxmécanismesde conduitede l'actionpublique (ex : les appels àprojets)segénéralisent.Onnoteégalementunerétractiondesfonctionsd'appuisdesservicesdel'étatetunessordel'expertiseprivée.»

- LaurenceBarthe,«Transformationetdéfisdel’ingénierieterritorial»danslarevueTerritoires,n°511,octobre2010.(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article53)

- Les actes de la première «Université d’été du développement local», organisée par l’UNADEL etl’Université Toulouse le Mirail en septembre 2011 (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article30)

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III/Unsocled’activitésetdecompétencespartagéesetunedivisiondutravailaccrue

• Unsocled’activitéscommunesenmilieuurbain,ruraletinternationaleDesmacro‐compétences partagées : référentiel des compétences «cœur desmétiers» de la Plate‐

forme• Versunedivisiondutravailaccrueetuntravailenéquipe

Quelquesrésultatsd’enquêtes:profilstypesdesprofessionnels1.Unsocled’activitéscommunesenmilieuurbain,ruraletinternationalLe référentielde compétences«Cœurdesmétiers»a réuni60professionnelsd’horizonsvariés (secteursetfamillesprofessionnellesdivers)etquelquesemployeursetrecruteursaucoursde5réunionsdetravaildans5régions.Cesprofessionnelsdécriventvia5macro‐compétences(compétencedelargemailleenveloppanttouteune série d’actions intervenant dans la durée) le cœur demétier commun auxmétiers du développementterritorial. Contribuer au développement territorial demande de mobiliser les cinq macro‐compétences defaçon interdépendante. Ce sont: l’aide à la décision, l’ingénierie et la conduite de projet, l’animation, lastratégie,laproductiondeconnaissancesurleterritoire.

- Le référentiel de compétences «cœur de métiers» du développement territorial, PFMET, A. Killi(CabinetIngeniors),2005(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article14)

2.VersunedivisiondutravailaccrueetlanotiondecompétencecollectiveLe mouvement du développement local s’est construit autour d’un modèle idéal‐typique. Le métier qui ycorrespond s’est institutionnalisé: ce n’est plus un acteur central qui est investi (par exemple les chefs deprojet commehommes‐orchestres avec une légitimité forte, co‐mandaté par l’état et la région), ce sont lesintercommunalités,lescommunesquis’organisent.Ils’ensuitunedivisiondutravailaccrue:leschefsdeprojetsontsurdelaprocédure;desagentsdedéveloppementdeterrainsontsur larelationavecleshabitants, lesassociations.Enmilieurural,c’estunpeupluscomplexe,maisavecdesphénomènessimilaires.Cen’estpluslechef de projet tout seul qui se revendique du développement, il y a plein de gens autour qui ont descompétencesetqui lesfontvaloirenmatièrededéveloppement.Celametenquestionlesfigurespremièresdecesmétierset lesdiversifie. (Hypothèsedetravailde laPlate‐forme,compte‐rendude laplénièredemai2011)Diversesétudesattestentceshypothèsesd’évolution.L’étudesurlesrôlesetmissionsdesprofessionnelsgénéralistesPolitiquedelaVille,commanditéeparl’ACSéetréaliséeparFORS(2010)aélaboré4idéal‐typesplusoumoinsprocheduterrain/dupilotagestratégiquedelaPolitique de la Ville : Les chefs d’orchestre, les superviseurs à distance, les ingénieurs, les animateurs deterritoire.Ellemontrequ’iln’yaplusqu’unquartdeschefsdeprojetconsidérécommegénéralisteetfigureduchefd’orchestre/stratègeetacteurdeterrain.Enmilieurural,uneétuderéaliséeparleCRDR(centrerégionalderessourcesdudéveloppementrural)surlesagentsdedéveloppementenmilieururalcomparelesrésultatsd’uneenquêtesurlesparcoursprofessionnels,lescompétencesetlesactivitésconduiteen2009aveclesdonnéesrecueilliesen1999.Ellemetnotammentenévidence:‐ Lepoidsdesprocédures territoriales :54,6%desagentsdéclarentêtre,enpartieouen totalité,animateurd’undispositifterritorial.‐ Le temps de travail consacré à l’administratif et au financier : 45% y consacrent entre 25 et 50%. 14% yconsacrentplusde50%.‐80%travaillentenéquipeetcefréquemmentpour77%d’entreeux.Unegrandemajoritétravailleavanttoutenéquipemixte,collaborationinterneetexternepour70%=>verslanotiondecompétencecollective.

EtudeFORSpour l’ACSésur l’ingénierie localede laPolitiquede laVille» (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article78)‐ Agents de développement rural en Rhône‐Alpes: votre métier évolue!, Résultats d’une enquêtemenée par le CRDR et IngéTerr sur les agents du développement local et l’évolution dumétier enRhônealpes,janvier2010.(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article31)

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‐FocusIdéaltype,profilsetparcoursdesacteursdel’ingénierieterritoriale,programmederecherchePSDR(PouretSurleDéveloppementRégional),IngéTerr(Cadres,conceptsetpratiqueseningénierieterritoriale),Auvergne.(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article86) Autrestravauxsurl’évolutiondumétierdudéveloppeuréconomique:prospective‐Facteursd’évolutionsetpistesd’actionspourledéveloppeursuiteauxréformesencours,ARADEL,2011.

IV/Évolutiondesformationsetdesqualificationsetcomplémentaritédestypesdeformation

• Uneforteaugmentationdesqualificationsetunetendanceàlaspécialisationdesformations• Lacomplémentaritédesdifférentstypesdeformation

1.UneforteaugmentationdesqualificationsetunetendanceàlaspécialisationdesformationsTouteslesenquêtessurlesagentsdedéveloppementlocal(ADL)serejoignentdansl’observationd’uneforteaugmentationdesqualifications.MinimumBac+3selonpôleemploi (cequiestélevéselon leurcritère).UnniveauBac+5estsouventrequisdanslescollectivitésoulesenquêtesmontrentquelesagentssontdotésdeceniveau(CRDR2010,Dynamiquerurale2004)Idem en milieu urbain: «des professionnels de plus en plus qualifiés dont les formations initiales sespécialisent»(plusdelamoitiédesprofessionnelsaundiplômeéquivalentàbac+5)ACSEFORSLesfilièresdeformationsontaussitrèsvariéessuiteàunediffusiondudéveloppementlocaldansdifférentesformations.Desformationsdominantespeuventcependantêtrerepéréesselondifférentesfilières:

• ADL (milieu rural): «géographie et aménagement local» (CRDRRhône alpes).Uneorientationplusforte vers l’aménagement (47% des agents ont une formation en lien avec l’aménagement et ledéveloppement, contre 36% en 1999) ; il y a aussi davantage de formations en lien avecl’environnement;

• Enmilieu urbain: formation en développement local et/ou en sciences humaines. Développementlocal,urbanisme,sociologie,sciencespolitiques/scienceséducativesettravailsocial(ACSE)

2.Lacomplémentaritédesdifférentstypesdeformation(initiale,continue,échangedepratique,etc.)LestravauxdelaPlate‐formeautourduréférentielontnotammentmisenévidencequelescompétencescœurdemétierrequispourl’exercicedecemétiers’acquiertà50%àtraversl’expérience.D’oùuneattentionplusimportante attachée dans les travaux actuels aux formes informelles (hors dispositif de formation) et nonformelles (acquis à travers l’expérience) : espace de confortement professionnel (pour reprendre uneexpression de Philippe Carbasse), divers dispositifs d’accompagnement (centres de ressources, offres deformationassociatifs,etc.).Avec nos partenaires du Québec, nous pourrions formuler les questions liées à la formation de lamanièresuivante: «L’enjeu majeur de la formation de base et continue nous confronte tous. Doit‐on espérer uneformationprofessionnelleinitialeintégréequipréparecomplètementàl’ensembledescompétencesexigées?Où des formations disciplinaires de base «compatibles» à l’entrée en fonction avec des formationscomplémentaires surmesure en cours d’emploi et desmodes d’encadrement de partage des savoirs entrepraticiensetdecroisementdessavoirsentreuniversitairesetpraticiens?»

- Ph.Carbasse,«Logique institutionnelleetespacepublic:quellesressourcespourdesprofessionnelsimpliqués?»inInterventionsocialeetimplication.Chercheurs,praticiensetusagers:déconstructions,co‐constructions et réciprocités, sous la direction d’Yves Gilbert et Brigitte Baldelli, PressesUniversitairesdePerpignan,Mars2011.(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article43)

- C.Mercier,SynthèseAtelierinternationalsurlesmétiersetlespratiquesdudéveloppementterritorialintégréà l’Université du Québec en Outaouais à Gatineau (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article91)

- FocusCompétencesetréférentieldecompétenceseningénierieterritoriale,programmederecherchePSDR(PouretSur leDéveloppementrégional), IngéTerr(Cadres,conceptsetpratiqueseningénierieterritoriale),Auvergne.(http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article85)

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- PascaleVincent, La collaborationUniversité(s) – Territoire(s): quels possibles?, programme "PRATIC(Partenariats de Recherche‐Action pour des Territoires Innovants et Créatifs), CIEDEL (CentreInternational d’Etudes pour le Développement Local), Novembre 2011 (http://www.Plate‐forme‐metiers‐dvt.org/spip.php?article90).

- Sitedevalorisationdelarencontre"PenserlesinterfacesUniversité(s)‐Territoire(s)danslechampdudéveloppementterritorial"du17octobre2011surl'EcositedeBiovalléeàEurre.http://uniter.rhonealpes.fr/spip.php?rubrique63