R A D I O M E T E R : une "vision globale" de l 'oxyg6nation ou une certaine id6e des gaz du sang

Gaz du sang : du respiratoire au m6tabolique

Le premier appareil Radiometer destin6 ~ d6terminer l '6qui- libre acido-basique du sang humain a 6t6 conqu il y a quarante ans. L'analyse actuelle des gaz du sang a notamment pour ori- gine les recherches du Dr Poul Astrup : c'6tait en 1952 et 1953, au cours d 'une importante 6pid6mie de poliomy61ite survenue au Danemark...

A l'4poque, le Dr Astrup 6tait responsable du laboratoire de l 'H6pital 6pid4miologique de Copenhague. Travaillant avec un anesthdsiste-r6animateur du marne 6tablissement, le Dr BjCru Ibsen, il fit un rapprochement entre poliomy61ite et gaz du sang.

Le rapport entre poliomy61ite et gaz du sang est celui-ci : apr~s avoir 4tudi6 le dossier d 'une centaine de patients, ddcd- d6s malgr6 le recours ~t la ventilation assist6e - fi l '6poque le "poumon d'acier" - le Dr Astrup r6alisa que l 'acidose et l 'alcalose n 'ont pas seulement une composante respiratoire mais aussi mdtabolique.

Classer les troubles acido-basiques

Poul Astrup put alors proposer une classification des troubles acido-basiques : acidose respiratoire, alcalose respiratoire, acidose mdtabolique, alcalose m4tabolique.

Autrement dit, ceci permit de comprendre que la d6termina- tion du pH, de la PO 2 et de la PCO 2 est ndcessaire au diag- nostic correct de l'6tat acido-basique.

Trois param6tres de l'urgence

En fait, si la collaboration du Dr Astrup et de Radiometer aboutit, avant 1960, ~ la premiere d6termination de l'6quilibre acido-basique du sang, c 'est parce que cette soci6t6 danoise,

cr66e en 1935, avait lanc6 d~s 1937 un appareil de mesure de l'acidit6 (pH) ~t la demande des laboratoires Carlsberg.

A l'origine, Radiometer avait 6t6 fond4 par Carl SchrCder et BCrge Aagard Nielsen pour fabriquer des instruments de mesure (meter) destinds ~ l'industrie des rdcepteurs de radio- diffusion.

Radiometer fut la premiere socidt6 sp4cialis6e ~t d6velopper un analyseur enti~rement automatis6 pour la d6termination de ces trois parambtres en urgence et en r6animation.

Le concept de la vision globale

Avec les ann6es, Radiometer allait progresser dans l'61argis- sement de la m6thode Astrup, jusqu'au concept r6cent et actuel de " vision globale " des gaz du sang, c'est-~-dire au- del~ de l'6quilibre acido-basique.

Ce concept s'applique ~t l 'urgence, fi la r6animation et aux soins intensifs. I1 comprend l 'analyse traditionnelle des gaz du sang, h laquelle on ajoute des informations sur la capacit6 du sang artdriel ~t d61ivrer l 'oxyg~ne aux tissus.

Ainsi la vision globale ne refl~te pas seulement la captation de p ~ l 'oxyg~ne au niveau des poumons mais aussi le transport et la libdra- ~e tion de l 'oxyghne g tousles 6tages tissulaires, soit : so2 - captation : l 'oxyg~ne pulmonaire O~HI~ est correctement pris en charge au niveau de la circulation alv6olaire cto~ (6changes gazeux) ; p ~

- transport : le sang artdriel remplit son r61e de vecteur d'oxyg~ne ;

- lib6ration : le vecteur assure correctement l 'apport ndces- saire aux cellules.

L ' A B L S3,s~Sme 620 : les gaz dn sar~g Ia CO<)xymdt r i e el tes 61ecm~]ytes

en U~5 setd syst~'me~

Plus loin que ie Dr Astrup

On comprend donc que cette vision globale embrasse un pro- fil de parambtres encore plus large que du temps de Poul Astrup, c'est-~t-dire outre pH, pCO 2 et pO 2 : hdmoglobine totale (tHb = parambtre de transport), saturation en oxyg6ne (sO 2 = utilisation optimale de la capacit4 de transport), oxy- h6moglobine (O2Hb = param6tre de l'utilisation de la capa- cit6 de transport), contenu en oxyg~ne (ctO 2 = mesure de l 'oxyg~ne transport4), pression d'oxyg~ne ~ 50 % de satura- tion (p50 = affinit6 de l 'h6moglobine pour l'oxyg~ne), dysM- moglobines (COHb = carboxyh6moglobine, MetHb = meth6- moglobine).

La connaissance de tous ces param~tres : gaz du sang et apports en oxyg~ne, est indispensable pour 6quilibrer correc- tement les apports et la demande en oxyg~ne en milieu de soins et assurer la survie ou la stabilit6 de l'6tat de sant6 du patient.

Radiometer : br~ve chronologie

En 1959 est pr6sent6 I'AME-1 (Pour " Astmp Micro- Equipment ") pour la mesure du pH sanguin.

,/i Dans les ann6es 1960 sont ddveloppdes les 61ectrodes pour la mesure directe de l'oxygSne et gaz carbonique, assoei6es dans les analyseurs ?t l'61ectrode de pH.

Le principe de la mesure des gaz du sang est n6.

Pr6sentation de la nouvelle g6n6ration : BMS-2 et BMS-3 (pour " Blood Micro-System "), puis OSM-1 (mesure de la satura- tion sanguine en oxygbne) - le mod61e actuel (OSM-3) donnant

le spectre complet de l'oxym6trie sanguine.

Dans les ann6es 1970 appara~t le premier "Acid-Base Laboratory" : I'ABL-1, enti~rement automatis6 avec microprocesseur, ddbut d'une sdrie constamment perfectionn6e jusqu'5 ce jour.

Dans les ann6es 1980, Radiometer proposera des produits spdcifiques pour le contr61e de qualit6 : Qualicheck.

Les ann6es 1990 verront le lancement de la nouvelle g6n6ration des ABL, notamment la sdrie 600 dire "multi-profil" : gaz du sang, C0-oxy- m6trie et 61ectrolytes en un seul systbme. Est 6galement pr6sent6 I'ABL-5 (pH, pCO2, pO2) pour les petits 6tablissements, et en 1994 un nouvel analyseur d'61ec- trolytes et de mdtabolites : I'EML- 100, pour utilisation avec un auto- mate de gaz du sang ou seul.

Sp6cialiste de la mesure des gaz du sang, des 61ectrolytes et des m6tabolites, Radiometer dispose actuellement environ du tiers du march6 mondial et du quart du march6 frangais dans sa sp6cialit6. Ace jour, on peut estimer ~ quatorze mille le nombre d'appareils Radiometer de tous types install6s dans le monde, dont cinq cents en France.

Radiometer s'est intemationalis6 dbs les ann6es 1970. I1 est aujourd'hui pr6sent dans toute l'Europe, en Am6rique du Nord, au Japon et e n Ocdanie.

L e p a t i e n t , s o u e i n u m 6 r o u n

Le patient est au centre des pr6occupations du laboratoire charg6 de la surveillance des gaz du sang. II l ' es t aussi pour Radiometer. Pour cette raison, les progrbs doivent continuer...

La vision globale est un concept que Radiometer souhaite d6velopper et d6cliner par l 'adjonct ion de plusieurs " satel- lites " indissociables de l a " plan~te m~re ", c 'est-h-dire les param~tres fondamentaux.

De lh est n6 le Clinifile HI, puissant outil informatique r6pon- dant ~t plusieurs exigences :

L ' A B L 5 est pr(z{ ~ mesurer !e pH, l a p C O 2 etf~O 2 ~ rotate heure d~.~ jour ou de la nuk.

- exigence de rapidit6 de transmission des rdsultats : plusieurs donn6es 6manant de plusieurs instruments Radiometer sont transmises en temps rdel ?~ l 'ordinateur ; - exigence de proximit6 ou d'61oignement des instruments : que les appareils soient centralis6s ou d6port6s, la transmis- sion des r6sultats sur un ou plusieurs PC devient possible ; - exigence d ' interfa~age entre le laboratoire et les services cliniques : le laboratoire poss6dant l 'expert ise technique auto- rise l 'accbs des cliniciens aux informations (r6sultat des ana- lyses) concernant les patients ; - exigence de " modernisme " : par l ' aspect visuel d 'un bilan acido-basique grfice ~t un diagramme de Davenport en temps r6el ; - exigence de s6curit6 et de confidentialit6 : grace g u n contr61e et 5 des mots de passe de sdcurit6, les informations restent confidentielles : tout le monde ne peut y avoir acc~s.

L e p r 6 1 ~ v e m e n t s a n s f a u t e

Demeurant toujours dans l 'opt ique de la s6curit6 ?~ 100 % du patient, Radiometer a propos6 un autre concept : le pr618ve- ment sans faute. /

L 'ana lyse de sang n 'es t pas tout, il faut N ~-~ ~ p e n s e r au temps pr6-analytique, ainsi ~ 4 ~ q u ' a u contr61e ~ ~ d e qualit6 lors du ~ ~ ! ~ temps analytique.

Radiometer d6finit de ce fait six points de contr6le "sans pour un faute" dans le pr616- vement art6riel, la phase pr6- analyt ique 6tant jusqu'alors le "maillon fai

d6sormais l 'obje t d 'une Ces six points font pr61bvement, au pr61~ve- surveillance : avant

de l '6chant i l lon, ment, conservation transport, rendu. Les quatre premieres analyse, compte-

phases sont particuliSrement h surveiller, no- tamment pou "~ fournir 5 l 'analyseur un 6chantillon de qualit6. { /

Pour ce Z / / concept du pr61bvement sans fante, Radio- meter /z" a con~u la seringue QS de pr61~vement art6riel u t t - / ]isant une h6parine s~che (lyophilis6e), r6duisant

/ consid6rablement les erreurs li6es notamment ?~ la dilution de l '6chantillon.

La philosophie du " sans faute " d a n s le pr61~vement art6riel a 6t6 expos6e et d6velopp6e par Radiometer dans une bro- chure parfaitement explicite : " Pr61~vement art6riel : un sans faute " (1992). Une brochure actualis6e sur l a " Vision glo- bale " e s t 6galement disponible.

R a d i o m e t e r v e r s l ' a v e n i r

Radiometer aborde les cinq demibres ann6es avant le troi- siSme mill6naire avec l 'objec t i f de la qualit6 des appareils, des services et des hommes. Et parce que quarante ans de r6ussite ambnent ?~ se remettre en question chaque ann6e.

Jusqu'h l ' an 2000, Radiometer s 'es t donn6 une ligne de conduite que r6sume un slogan "anglophone" : "patient focus circle", que l ' on pourrait traduire (librement) ainsi : l 'ob jec t i f patient.

On l ' a compris, il s ' agi t de fournir aux laboratoires, aux ser- vices d'anesth6sie-r6animation, aux services de pneumologie, aux unit6s d 'explorat ion fonctionnelle respiratoire (EFR), aux chirurgiens, aux unit6s de soins intensifs cardiologiques, la vision globale la plus nette d u " sang-organe "

Dans le contexte ofa ils fonctionnent, les automates de gaz du sang de Radiometer sont les d6clencheurs, les auxiliaires et le prolongement d u " geste qui sauve "...

Jean-Marie Manus

'70 Revue fran~aise des laboratoires, juin 1996, N ° 285