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1 Rapport de la Conférence internationale d’experts sur la mesure et les approches politiques pour améliorer l’équité pour les nouvelles générations dans la région MENA Consultante : Sophie Boukhari Rabat-Maroc c 22 et 23 mai 2012

Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

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Rapport de la Conférence internationale d’experts

sur la mesure et les approches politiques pour

améliorer l’équité pour les nouvelles générations

dans la région MENA

Consultante : Sophie Boukhari

Rabat-Maroc c

22 et 23 mai 2012

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2

TABLE DES MATIERES

LISTE DES ACRONYMES ……………………………………………………………………………………………….

3

RESUME ………………………………………………………………………………………………………………………

4

INTRODUCTION …………………………………………………………………………………………………………..

6

1. APERÇU SUR LES APPROCHES MULTIDIMENSIONNELLES DE MESURE DE LA

PAUVRETE ET DES DISPARITES CHEZ LES ENFANTS ………………………………………………………

10

1.1 EXPERIENCES DANS LA REGION MENA ………………………………………………………

11

1.2 EXPERIENCES INTERNATIONALES ………………………………………………………………

15

2. APPROCHES EN MATIERE DE POLITIQUES SOCIALES VISANT A AMELIORER ET

EVALUER L’EQUITE CHEZ LES ENFANTS ……………………………………………………………………….

20

2.1 EXPERIENCES DANS LA REGION MENA …………………………………………………….

21

2.2 EXPERIENCES INTERNATIONALES …………………………………………………………….

28

3. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS …………………………………………………………………. 32

ANNEXES …………………………………………………………………………………………………………………….

ANNEXE 1 : DISCOURS MARIA CALIVIS ………………………………………………………………………..

ANNEXE 2 : PROGRAMME DE LA CONFERENCE…………………………………………………………….

ANNEXE 3 : LISTE DES PARTICIPANSTS………………………………………………………………………….

37

38

45

48

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3

LISTE DES ACRONYMES

AREF Académie régionale d’éducation et de formation

CDE Convention internationale relative aux droits de l’enfant

CONEVAL Conseil national d’évaluation de la politique de développement

social

DPP Division des politiques et de la planification

FAO Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et

l’agriculture

HCP Haut Commissariat au plan

MENARO Bureau régional de l’UNICEF dans la région MENA

OMS Organisation mondiale de la santé

ONDE Observatoire national des droits de l’enfant

ONDH Observatoire national des droits humains

MEN Ministère de l’Education nationale

MENA Afrique du Nord et Moyen-Orient

PIB Produit intérieur brut

PNB Produit national brut

PNUD Programme des Nations unies pour le développement

RAMED Régime d'assistance médicale pour les économiquement

démunis

UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’enfance

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RESUME

Dans le cadre de la Conférence internationale d’experts sur la mesure et

les approches politiques pour améliorer l’équité pour les nouvelles

générations dans la région MENA, une centaine d’experts venus de 16

pays de la région et d’au-delà (Chine, Mexique), ainsi que des spécialistes

d’organisations internationales, se sont rassemblés les 22 et 23 mai à

Skhirat au Maroc.

Dans le cadre de plusieurs sessions de travail sur les expériences

développées dans la région MENA mais aussi au niveau global, ils ont

abordé deux questions principales: (i) quelles sont les différentes

approches pour mesurer la pauvreté et les inégalités ? ; (ii) quelles sont

les réponses politiques les plus efficaces pour garantir que la croissance

économique soit accompagnée d’actions politiques ciblées favorisant

l’équité et la cohésion sociale ?

A l’issue d’une série de présentations et de débats, les participants ont

conclu que dans le contexte actuel de changements politiques et

économiques, il était urgent d’institutionnaliser des politiques sociales

équitables en faveur des enfants.

Les priorités de la recherche en sciences sociales doivent être réorientées

vers l’équité : des initiatives doivent être développées pour diversifier les

méthodes de mesure de la pauvreté et des privations tandis que les

nouvelles approches multidimensionnelles doivent faire l’objet de débats

et d’échanges plus intensifs.

Sur la base de nouvelles données et analyses permettant une cartographie

fine des disparités, les politiques et les programmes sociaux doivent être

révisés et réinventés afin de cibler les catégories les plus vulnérables.

Dans le contexte actuel de crise mondiale et de réduction des budgets

publics, des solutions doivent être étudiées et mises en œuvre pour

réformer les systèmes de subventions à la consommation, qui sont à la

fois budgétivores et inéquitables. Certains pays en développement ou

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émergents disposent d’ores et déjà d’outils et d’expériences intéressantes

dans ce domaine et ont développé des alternatives plus équitables,

comme les programmes de transferts monétaires directs.

Aujourd’hui, l’effort de réflexion, d’innovation et de partage des

expériences réussies visant à réorienter les transferts sociaux vers les plus

pauvres doit se poursuivre et s’intensifier. A cette fin, le développement

de la coopération Sud-Sud apparaît plus nécessaire que jamais.

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INTRODUCTION

Une centaine d’experts venus de 16 pays de la région MENA et d’au-delà

(Chine, Mexique) et de spécialistes d’organisations internationales se sont

rassemblés les 22 et 23 mai à Skhirat, au Maroc, pour échanger leurs

expériences et leurs idées sur la mesure des disparités et les réponses

innovantes à mettre en œuvre en vue d’améliorer l’équité chez les enfants

et les adolescents.

La Conférence internationale d’experts sur la mesure et les approches

politiques pour améliorer l’équité pour les nouvelles générations dans la

région MENA a été inaugurée par la directrice régionale de l’UNICEF pour

la région MENA, Mme Maria Calivis, qui a rappelé que le choix du lieu de la

rencontre répondait aux signaux importants donnés par le Maroc quant à

sa volonté de traiter la question des inégalités touchant les enfants.

Soulignant les principaux enjeux de la rencontre, elle a remarqué que

malgré les avancées réalisées sur le plan social et économique dans la

région MENA, les privations et les disparités liées au lieu de résidence, au

revenu, au sexe, à l’âge, à l’origine ethnique ou sociale et à d’autres

caractéristiques sociodémographiques, étaient à la base de la persistance

et de la reproduction sociale de l’exclusion. La réduction des disparités est

un impératif absolu pour accélérer l’atteinte des objectifs du Millénaire

pour le développement (OMD) et assurer la cohésion sociale et la stabilité

à long terme des pays de la région, a-t-elle ajouté.

Lors de la séance d’ouverture officielle de la conférence, qui s’est tenue le

23 mai en présence de Son Altesse Royale la princesse Lalla Meryem,

Mme Calivis a rappelé que la base croissante de connaissances

accumulées dans le cadre du suivi des OMD montrait que malgré la

progression globale des indicateurs sociaux, les disparités entre et à

l’intérieur des pays continuaient d’augmenter. Elle a expliqué que

l’amélioration des moyennes nationales cachait en réalité d’importantes

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poches d’exclusion basées sur le milieu de résidence, le niveau de richesse

et le genre, entre autres.

« L’amélioration de la mesure et des réponses politiques en vue de traiter

les inégalités chez les enfants ne pourra résulter que d’échanges plus

riches entre experts et décideurs politiques comme entre les

départements techniques et politiques des gouvernements, unis par la

même vision de la justice sociale et de l’engagement envers les nouvelles

générations. »

Maria Calivis, directrice régionale de l’UNICEF pour la région MENA

La rareté ou parfois même l’absence totale d’indicateurs désagrégés sur

les disparités nuit encore à la capacité d’élaborer des réponses

programmatiques et un plaidoyer basés sur des données factuelles. La

directrice régionale de l’UNICEF a ainsi insisté sur la nécessité d’investir

dans la production de données désagrégées permettant d’identifier les

déterminants sociaux des disparités touchant l’enfance puis d’exploiter ces

données pour mettre en œuvre des politiques sociales innovantes et

efficaces en faveur des plus vulnérables.

La directrice régionale a enfin appelé les participants de la conférence à

profiter de cette rare occasion pour renforcer les partenariats et la

coopération Sud-Sud. Dans cet esprit, une convention tripartite entre le

Maroc, le Mexique et l’UNICEF a été signée le 23 mai afin de mettre en

place un cadre établissant les bases de la coopération en matière

d’évaluation des programmes sociaux et de mesure de la pauvreté.

La session introductive de la conférence s’est poursuivie avec une courte

intervention de Roberto Benes, spécialiste des politiques sociales au

bureau régional de l’UNICEF (MENARO), qui a rappelé les deux principales

questions examinées par cette réunion d’experts : (i) quelles sont les

différentes approches pour mesurer la pauvreté et les inégalités ? ; (ii)

quelles sont les réponses politiques les plus efficaces pour garantir que la

croissance économique soit accompagnée d’actions politiques ciblées

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favorisant l’équité et la cohésion sociale ?. M. Benes a souligné qu’en cette

période de crise et de resserrement des budgets publiques, l’effort de

comparaison et de tri était particulièrement nécessaire afin d’accroître

l’efficience des interventions.

Pour M. Tariq Youssef, directeur exécutif de Silatech et Senior Fellow au

Brookings Institute, l’équité devrait être l’aiguillon principal des politiques

publiques dans les années à venir. Il a estimé que les événements qui

avaient récemment marqué la région arabe étaient liés à la problématique

de la justice sociale. La question de l’équité peut bien entendu se poser en

termes de disparités géographiques ou de richesse mais elle renvoie

surtout, selon lui, aux rapports entre les générations et à la situation

difficile des jeunes. Pour M. Tariq, l’avenir de la région dépendra de

l’espace que les sociétés sauront donner aux plus jeunes et de leur

capacité à résorber les disparités intergénérationnelles.

Alors que les problèmes de la jeunesse sont connus depuis longtemps, la

question est de savoir pourquoi les jeunes générations n’ont toujours pas

de place dans l’espace économique et politique ; ils connaissent des

difficultés à accéder non seulement à l’emploi mais aussi à l’éducation, au

mariage, à des financements, au logement, etc. Les systèmes éducatifs ne

fonctionnent pas, les opportunités économiques sont rares et les défis

sont énormes : en réalité, c’est toute une génération qui se sent exclue.

M. Tariq a lancé un appel appuyé à l’innovation en direction des décideurs

chargés de répondre aux problèmes des jeunes générations. Pour lui, les

sociétés de la région sont avant tout bloquées du fait de la rigidité de

leurs institutions et de la bureaucratie.

« Il est temps d’agir pour l’équité, qui devrait être le chantier prioritaire de

la prochaine décennie dans la région. »

Tariq Youssef, directeur exécutif de Silatech et Senior Fellow au Brookings

Institute

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La conjoncture politique actuelle, plus ouverte, offre une chance de mettre

en œuvre de vraies réformes, même si la situation économique est

dégradée. Le temps est venu de penser autrement. La région n’a plus le

luxe de tergiverser et doit s’engager urgemment dans l’action basée sur

de nouvelles approches et de nouvelles expériences. Il existe beaucoup

d’innovations sociales dans le monde, y compris dans les pays arabes.

C’est là-dessus qu’il faut bâtir. Nous devons créer des alliances entre

gouvernements, ONG et universités pour lancer des initiatives inclusives

et pionnières et faire accepter le changement aux sociétés de la région, a

conclu M. Tariq.

Dans ce contexte, la réorientation des priorités de la recherche est un

impératif évident. Il faut faire en sorte de disposer des données probantes

nécessaires pour construire un plaidoyer solide et convaincre les décideurs

d’engager des réformes appropriées en faveur de l’équité, a plaidé

M. Gordon Alexander, directeur du centre de recherche Innocenti de

l’UNICEF. Il a commencé par apporter quelques précisions conceptuelles

sur la différence entre iniquité et inégalité. L’iniquité est associée à la

justice : elle est généralement perçue comme « l’inégalité évitable », la

part d’inégalité produite par des causes sociales modifiables. En revanche,

l’inégalité (d’opportunité, de revenu, de statut…) renvoie à une réalité

mesurable qui signale simplement l’absence d’égalité.

« Plusieurs initiatives développées en Amérique latine pour traiter la

question de l’iniquité ont été couronnées de succès. Nous pouvons étudier

ces expériences pour mieux comprendre comment les changements

peuvent intervenir. »

Gordon Alexander, directeur du centre de recherche Innocenti de l’UNICEF

L’économiste et prix Nobel Amartya Sen a montré que la mortalité

infantile était un indicateur essentiel du progrès social, a rappelé

M. Alexander. Les enfants sont en effet particulièrement dépendants des

services de base dispensés par l’Etat. Il est ainsi possible, en développant

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des politiques publiques appropriées, de réduire considérablement

l’inégalité des enfants devant la mort.

Or, la mesure conventionnelle de la pauvreté basée sur le niveau de

richesse monétaire, qui a longtemps prévalu, ne permettait pas de capter

les privations et les disparités multiples dont souffrent les enfants. Nous

vivons aujourd’hui une phase transitoire où émergent des indices

composites nouveaux, en vue de capter la pauvreté multidimensionnelle

des enfants et même l’aspect qualitatif des services auxquels ils ont accès.

Le défi de la recherche scientifique reste d’identifier un indicateur ni trop

simple ni trop complexe, qui permette de mesurer le bien-être des enfants

et d’établir des comparaisons internationales.

La session introductive de la conférence a été suivie d’un débat où les

participants ont souligné la dimension politique importante des approches

visant à mesurer la pauvreté et les inégalités. Ils ont évoqué des formes

de censure et de manipulation des chiffres dans certains Etats et ont

appelé les organisations internationales à déployer plus d’efforts que par

le passé pour encourager la transparence. De même, des participants ont

rappelé que la mise à disposition d’indicateurs performants ne suffisait pas

à enclencher des réformes en faveur de l’équité, mettant en cause la

volonté politique des gouvernements et le manque d’efficacité de leurs

interventions.

1. APERÇU SUR LES APPROCHES MULTIDIMENSIONNELLES DE

MESURE DE LA PAUVRETE ET DES DISPARITES CHEZ LES ENFANTS

La première journée de travail a été consacrée à la présentation et à

l’analyse d’expériences récentes déployées dans plusieurs pays de la

région et certaines organisations internationales, pour identifier de

nouvelles approches capables d’évaluer les privations

multidimensionnelles dont souffrent les jeunes générations.

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1.1 EXPERIENCES DANS LA REGION MENA

L’expérience du Maroc a été illustrée par deux interventions. La première,

intitulée « Mesure floue de la pauvreté multidimensionnelle des enfants :

le cas du Maroc » a été présentée par Mohamed Douidich, directeur de

l’Observatoire des conditions de vie de la population du Haut

Commissariat au plan.

M. Douidich a expliqué qu’un groupe de chercheurs du Haut Commissariat

au plan travaillait en coopération avec l’UNICEF et son institut de

recherche basé à Florence pour élaborer une nouvelle approche de la

pauvreté des enfants. Il a souligné que dans les pays en développement

comme le Maroc, il y avait transmission de la pauvreté d’une génération à

la suivante et qu’il devenait impératif de casser ce cercle vicieux.

« La recherche et les décideurs ont longtemps confondu la pauvreté des

adultes avec celle des enfants. Ils ignoraient ainsi les formes de privations

spécifiques touchant les jeunes générations et élaboraient des réponses

avant tout profitables aux adultes. »

Mohamed Douidich, directeur de l’Observatoire des conditions de vie de la

population du Haut Commissariat au plan (Maroc)

Pendant longtemps, a expliqué M. Douidich, on a mesuré la pauvreté

selon l’approche alimentaire (par le nombre de calories absorbées)

adoptée par la FAO et l’OMS ou selon l’approche monétaire (par le revenu)

adoptée par la Banque mondiale. Mais depuis quelques années, suite aux

travaux d’Alkire et Foster de l’Université d’Oxford, des indicateurs

nouveaux ont été élaborés par le PNUD pour capter la pauvreté

multidimensionnelle des ménages, et notamment des enfants, selon une

logique de mesure des différentes privations qu’ils subissent.

Pour échapper à la logique binaire privations/absence totale de privation,

le HCP a recouru à la « théorie des ensembles flous » qui permet de

distinguer des niveaux intermédiaires de pauvreté chez les enfants. Il a

également adapté les variables utilisées aux différentes tranches d’âge.

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S’appuyant sur la définition des dimensions de la pauvreté de l’enfant

retenue par l’Assemblée générale des Nations unies, le HCP a identifié dix

variables de mesure des privations : nombre de personnes par pièce, type

d’habitat, accès à l’électricité, mode d’évacuation des eaux usées, source

d’eau potable couplée à la distance au point d’eau, statut vis-à-vis de la

scolarisation, insuffisance pondérale, type d’activité couplé au statut

professionnel, statut matrimonial, disposition d’une télévision.

Les premiers résultats ont révélé un taux de pauvreté multidimensionnelle

moyen des enfants de 10,4% en 2007, contre 25,9% en 2000. Les plus

touchés par la pauvreté sont les moins de cinq ans et les enfants de

familles nombreuses. Cette approche a par ailleurs mis en évidence que la

pauvreté monétaire était insuffisante pour appréhender la pauvreté des

enfants puisque 15,7% des enfants non pauvres au sens monétaire sont

pauvres au sens multidimensionnel. Poursuivant son partenariat avec

l’UNICEF, le HCP travaille actuellement à l’actualisation des données pour

l’année 2011.

La seconde intervention intitulée « Contribution des enquêtes Panel de

ménages à la mesure et l’évaluation de l’équité au Maroc », a été

présentée par M. Mohamed Benkassmi, directeur du pôle Enquêtes et

méthodes de l’Observatoire national du développement humain (ONDH).

Rappelant que la mission de l’ONDH était d’évaluer les politiques publiques

de développement humain, M. Benkassmi a souligné que la mesure de

l’inégalité et de l’équité était un outil fondamental pour son institution. Il a

présenté l’approche adoptée à cet effet, qui est basée sur un système

d’enquêtes baptisé « Panel de ménages ». A travers l’administration d’un

questionnaire, cette enquête annuelle permet de suivre l’évolution d’un

échantillon de 8 000 ménages selon une série de variables couvrant

l’ensemble des dimensions du développement humain (éducation, santé,

emploi, revenu).

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13

Cette enquête observe les principaux niveaux d’équité au niveau national

puis régional, et mesurent les disparités entre pauvres/moyens/riches,

hommes/femmes, enfants/jeunes/adultes/personnes âgées.

En Irak, des expériences intéressantes ont également été développées au

cours des dernières années pour mesurer l’équité, comme l’a exposé

Mme Suham Mohammed Abdelhamid, directrice des données sociales et

éducatives à l’Office central des statistiques du Ministère de la

Planification. Dans une présentation intitulée « Enquête sur l’équité et

analyse des privations multiples en Irak », elle a exposé le cadre

conceptuel élaboré dans son pays pour mesurer les privations simultanées

dont les enfants sont victimes.

Ce cadre, qui intègre un large ensemble de variables, est basé sur une

approche différenciée selon les tranches d’âge. Expliquant que les besoins

des enfants évoluaient dans le temps, Mme Mohammed a présenté à titre

d’exemple les indicateurs retenus pour mesurer la pauvreté

multidimensionnelle des enfants de 5-14 ans et de 15-17 ans. Pour les

premiers, les variables prises en compte sont l’accès à l’éducation, la

violence familiale, l’accès à l’information et le travail des enfants alors que

pour les seconds, il s’agit de l’accès à l’éducation, de la violence familiale,

du mariage précoce et de l’excision.

« Les nouveaux indicateurs que nous avons construits sont exploités pour

élaborer le nouveau plan d’action 2013-2017 en cours de finalisation, une

stratégie de développement du secteur de l’éducation et une autre

consacrée à la réduction de la pauvreté. »

Suham Mohammed Abdelhamid, directrice des données sociales et éducatives à

l’Office central des statistiques du Ministère de la Planification (Irak)

Les résultats des enquêtes réalisées à ce jour montrent qu’en Irak, 42%

des enfants ne souffrent d’aucune privation, 32% d’une privation, 18% de

deux et 8% de trois privations. Les résultats présentés sous forme

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désagrégée mettent de plus en lumière des disparités importantes selon

les régions et à l’intérieur des régions.

En Egypte, les politiques publiques développées au cours des dernières

décennies ont produit des résultats importants : la mortalité infantile a

atteint le niveau visé par les OMD depuis 2005, plus de 90% des enfants

sont complètement vaccinés et les inégalités de genre face à l’éducation

de base se sont considérablement réduites. Pourtant, des phénomènes

préoccupants sont apparus avec l’augmentation de la malnutrition

chronique et de la pauvreté monétaire, la dégradation de la qualité de

l’éducation et du taux d’occupation des jeunes et la persistance de formes

sévères de privations chez les enfants (enfants dans la rue, travail des

enfants, excision des filles).

Dans sa présentation intitulée « Au-delà des moyennes nationales : Profils

d’équité dans les gouvernorats d’Egypte et analyse de la pauvreté dans les

bidonvilles », M. Leonardo Menchini, chef des politiques sociales, suivi et

évaluation au bureau de l’UNICEF en Egypte, a souligné que les données

et enquêtes sociodémographiques étaient relativement nombreuses.

L’UNICEF et l’Egypte ont ainsi pu lancer plusieurs initiatives, dont Toofula

Info, une base de données développée avec l’Observatoire des droits de

l’enfant, et d’autres bases de données plus spécialisées.

Toutefois, le manque de données désagrégées au niveau local ne permet

pas de mesurer avec précision l’ampleur des inégalités, notamment

spatiales, qui frappent le pays. Pour construire une base de données

permettant un ciblage fin des zones et catégories les plus vulnérables, des

profils d’équité sont en cours d’élaboration pour chaque gouvernorat. Ces

profils sont basés sur un panel de neuf indicateurs extraits de trois

grandes enquêtes nationales. Par ailleurs, une étude a été lancée fin 2011

pour mieux comprendre les inégalités en milieu urbain, et en particulier la

pauvreté et la vulnérabilité des enfants vivant dans les bidonvilles et les

zones d’habitat spontané.

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15

Lors du débat qui a suivi les présentations, des participants ont insisté sur

la pertinence de l’approche multidimensionnelle en évoquant les types de

privations non liés à la pauvreté monétaire que subissent les enfants de la

région MENA : par exemple au Soudan, certaines familles dépensent des

sommes importantes dans l’achat de voitures de luxe mais n’envoient pas

leurs enfants à l’école, les nourrissent mal, et pratiquent l’excision et le

mariage précoce. L’importance des données qualitatives a aussi été

évoquée même si les indicateurs statistiques restent une base

indispensable pour élaborer des diagnostics et des réponses

programmatiques appropriées.

1.2 EXPERIENCES INTERNATIONALES

La journée de travail s’est poursuivie par la présentation de travaux de

recherche menés au sein d’organisations internationales et de la méthode

mexicaine de mesure de la pauvreté multidimensionnelle.

A travers sa présentation « Repenser la mesure de la pauvreté et des

inégalités dans les pays arabes », M. Khalid Abu Ismail, conseiller

Pauvreté et macroéconomie au Bureau régional du PNUD, a mis en

lumière la difficulté de trouver des indicateurs reflétant le niveau réel de la

pauvreté dans les différents pays. Il a remarqué qu’une approche critique

des seuils de pauvreté tels qu’ils sont traditionnellement définis est

aujourd’hui nécessaire.

« Nous avons besoin d’un nouveau consensus pour mesurer la pauvreté

au niveau international. »

Khalid Abu Ismail, conseiller Pauvreté et macroéconomie au Bureau régional du

PNUD (Le Caire)

D’un côté, les seuils internationaux sont précieux parce qu’ils permettent

des comparaisons et des classements ; mais de l’autre côté, ces

comparaisons peuvent être trompeuses car la pertinence des seuils de

pauvreté classiques (1,25 dollar des E.-U. ou 2 dollars de E.-U. par jour)

est limitée par des problèmes de parité de pouvoir d’achat et du fait que la

Page 16: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

16

taille des ménages, les variations locales des prix ou d’autres facteurs ne

sont pas pris en compte. M. Khalid Abu Ismail a estimé qu’aujourd’hui, le

seuil de deux dollars des E.-U. était plus approprié aux pays en

développement que celui de 1,25 dollar.

Quant aux seuils de pauvreté nationaux, ils sont également critiquables :

calculés selon des méthodologies différentes, ils ne permettent pas la

comparaison ; de plus, ils sont souvent influencés et sous-estimés par les

élites politiques au pouvoir.

A propos de la région arabe, M. Khalid Abu Ismail a souligné plusieurs

paradoxes, qui remettent en cause les méthodes de mesure de la

pauvreté et des inégalités telles qu’elles ont été pratiquées jusqu’ici. En

effet, avant les révoltes de 2011, la région affichait à la fois une

croissance forte, un faible recul de la pauvreté et une quasi-stagnation des

inégalités. Il en a déduit l’incapacité des méthodologies conventionnelles

de mesure de saisir la forte croissance des dépenses des ménages les plus

riches.

L’expert du PNUD a conclu à la nécessité d’harmoniser les études entre

elles et d’améliorer les méthodologies de mesure de la pauvreté. Il a

également souligné une autre limite des indicateurs actuels, qui ne

saisissent pas les privations spécifiques dont les femmes et les enfants

sont victimes.

Prenant la parole à son tour, Mme Nadia Belhaj Hassine, économiste au

Centre de recherches pour le développement international (CRDI, Le

Caire), a souligné la complexité des « Approches économétriques de la

mesure des inégalités chez les enfants dans la région MENA ». Elle a

exposé différentes approches et méthodes de calcul des indicateurs

désagrégés concernant notamment l’éducation et la santé des enfants.

Mme Belhaj Hassine a notamment souligné que les méthodologies

employées pour mesurer les inégalités de richesse (l’indice de Gini par

exemple) peuvent s’appliquer à la mesure des inégalités devant l’accès à

Page 17: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

17

l’éducation et à la santé, entre autres. Toutefois, ces indicateurs ne

suffisent pas à identifier les déterminants et les causes sous-jacentes des

inégalités constatées. Ainsi, les travaux des chercheurs s’orientent-ils de

plus en plus vers la définition de méthodes capables de prendre en

compte l’inégalité des chances chez les enfants et les jeunes.

Lors du débat qui a suivi ces présentations, et à partir de l’expérience de

leur pays respectifs, les participants ont confirmé la difficulté de définir

des indicateurs consensuels et capables de refléter la réalité très complexe

de la pauvreté. Par ailleurs, certains participants ont approuvé la nécessité

de faire passer de 1,25 à 2 dollars des Etats-Unis le seuil international de

pauvreté utilisé pour évaluer le recul de la pauvreté dans le cadre des

OMD.

Durant la session de travail qui a suivi, M. Paolo Verme, spécialiste senior

de la pauvreté à la Banque mondiale et professeur à la Faculté d’économie

de l’Université de Turin, a approuvé cette proposition préconisant lui aussi

de relever le seuil actuel de pauvreté dans les pays en développement à

deux dollars des Etats-Unis. M. Verme a poursuivi en exposant

« L’approche de la Banque mondiale pour mesurer la pauvreté ». Il a

rappelé que cette institution avait toujours travaillé davantage sur le

concept d’équité que sur celui d’égalité.

« Existe-t-il un niveau équitable de l’inégalité de richesse ? »

Paolo Verme, spécialiste senior de la pauvreté à la Banque mondiale, professeur

à la Faculté d’économie de l’Université de Turin

Il a également souligné que les approches visant la mesure des disparités

et des privations devenaient de plus en plus complexes. Elles ont

récemment été marquées par l’émergence de trois nouveaux concepts :

celui de « l’inégalité des chances » qui renvoie notamment à

l’environnement familial, social et culturel de l’individu, celui de

« privation relative » qui relève du sentiment issu d’une comparaison

d’être privé injustement de quelque chose et enfin celui, plus récent, de la

Page 18: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

18

« perception du bien-être », illustré par la nouvelle littérature scientifique

sur le bonheur.

Toutefois, ces approches restent difficiles à mettre en œuvre. Par

exemple, la mesure de l’inégalité des chances se base en général sur les

données des enquêtes sur les budgets de ménages. Or, ces enquêtes ne

couvrent pas les 2% à 5% de ménages extrêmement pauvres et

extrêmement riches. Elles ne disent rien non plus sur la répartition des

ressources au sein du ménage enquêté et concernent peu les enfants.

Elles sont de surcroît basées sur les déclarations du chef de ménage, qui

peut omettre de signaler certains phénomènes comme la violence

domestique. Enfin, elles ignorent les enfants privés d’environnement

familial, qui comptent parmi les plus vulnérables.

Malgré les difficultés de mise en œuvre, l’approche multidimensionnelle de

la pauvreté est adoptée par un nombre croissant de pays dans le monde.

L’exemple mexicain est à cet égard édifiant car il repose sur

l’institutionnalisation et la systématisation de cette approche. Dans sa

présentation « Mesurer la pauvreté chez l’enfant de façon

multidimensionnelle », M. Gonzalo Hernandez, secrétaire général du

Conseil national d’évaluation de la politique de développement social

(CONEVAL), a expliqué que le Congrès mexicain avait adopté une Loi sur

le développement social disposant que la mesure de la pauvreté ne doit

plus se limiter au bien-être économique mais intégrer aussi les droits

sociaux. Cette même loi impose de lier les politiques sociales et la mesure

de la pauvreté. Elle fixe à deux ans la périodicité des enquêtes nationales

et à cinq ans celle des enquêtes au niveau local.

CONEVAL a ainsi élaboré un indicateur composite incluant le revenu et

sept autres variables sur le déficit d’éducation, l’accès à la santé de base

et à la sécurité sociale, la qualité de l’environnement et du logement,

l’accès à l’alimentation et le degré de cohésion sociale. La population a été

décomposée en trois catégories définies selon le degré de privations

sociales (vulnérable, modérément pauvre, extrêmement pauvre). Les

Page 19: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

19

résultats ont montré que 29% de la population était vulnérable sur le plan

social et 46% pauvre, dont 36% modérément (souffrant en moyenne de

2,1 privations) et 10% extrêmement (souffrant en moyenne de 3,7

privations).

« Il n’a pas été facile d’annoncer la mauvaise nouvelle et de dire au

président que la pauvreté avait augmenté mais il fallait le faire et nous

l’avons fait. »

Gonzalo Hernandez, secrétaire général du Conseil national d’évaluation de la

politique de développement social (CONEVAL, Mexique)

En 2010, une cartographie fine de la pauvreté et de la vulnérabilité sociale

(par municipalité) a ainsi été établie pour tout le pays. Elle a permis

d’évaluer l’impact économique et social de la crise mondiale sur la

population. Deux grandes conclusions ont été tirées de cet exercice :

d’une part que l’accès des populations pauvres aux services de base avait

continué de progresser malgré la conjoncture et d’autre part, que la

pauvreté monétaire avait augmenté. A ce sujet, M. Gonzalo Hernandez a

souligné l’importance pour un Etat de disposer d’institutions

indépendantes, capables de divulguer des statistiques actualisées, même

si elles desservent la popularité et les intérêts politiques à court terme du

gouvernement en place.

La journée de travail s’est achevée par une intervention de Mme Jingqing

Chai, responsable de l’analyse des politiques sociales et économiques à la

division des politiques et de la planification (DPP) de l’UNICEF, intitulée

« L’approche MODA - Analyse du chevauchement des privations

multiples ». Mme Jingqing Chai a présenté l’approche méthodologique

construite par le centre de recherche Innocenti de l’UNICEF pour analyser

la pauvreté multidimensionnelle des enfants.

Baptisée MODA, cette approche basée sur le référentiel international des

droits de l’enfant vise l’analyse des privations multiples et cumulatives.

Elle permet de guider les politiques en faveur de l’équité en fournissant

Page 20: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

20

des informations détaillées sur l’impact et l’intensité des différents types

de privations dont souffrent les enfants, le chevauchement de ces

privations, le profil des enfants touchés et de leurs familles, et les

mécanismes à connaître pour élaborer des réponses efficaces.

Les études produites sur la base de la méthodologie MODA offrent une

vision holistique de la vulnérabilité des enfants et des diagnostics adaptés

à leur âge et leur stade de développement, incitant ainsi à concevoir des

politiques intégrées et ciblées de réduction de la pauvreté

multidimensionnelle. Elles sont principalement basées sur le recoupement

d’informations et d’indicateurs désagrégés existants, pour la plupart

produits dans le cadre des enquêtes par grappes à indicateurs multiples

(MICS) et des enquêtes démographiques et de santé (DHS).

Le débat a ensuite permis aux participants de confronter leurs points de

vue, parfois divergents, sur les différentes méthodes d’analyse de la

pauvreté. Il a permis de rappeler que les indicateurs classiques n’avaient

pas permis d’anticiper l’émergence des mouvements de contestation dans

la région MENA : la pertinence des approches basées sur la perception

s’est en revanche trouvée renforcée. Certains participants ont aussi

estimé que dans le cadre de la recherche d’une plus grande équité,

l’éducation de qualité était un facteur décisif avec un pouvoir

d’entraînement important sur d’autres variables du développement de

l’enfant et une rentabilité des investissements très élevée.

2. APPROCHES EN MATIERE DE POLITIQUES SOCIALES VISANT A

AMELIORER ET EVALUER L’EQUITE CHEZ LES ENFANTS

La seconde journée de travail a permis de réaliser un tour d’horizon des

approches politiques et d’évaluation visant à améliorer l’équité pour les

enfants. Elle a été inauguré par M. Roberto Benes, spécialiste des

politiques sociales au bureau régional de l’UNICEF (MENARO), qui a

synthétisé les principales conclusions tirées la veille avant d’introduire la

première session de la journée consacrée aux expériences menées dans la

région MENA.

Page 21: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

21

2.1 EXPERIENCES DANS LA REGION MENA

Deux interventions ont été consacrées à la réforme des subventions à la

consommation. Dans le contexte actuel de contraction des budgets

publiques, cette question revêt un caractère particulièrement important

car sa résolution pourrait avoir un impact fort sur les moyens consacrés

aux politiques sociales en faveur des enfants les plus vulnérables.

Avec sa présentation « Réformer les subventions dans la région MENA »,

M. Paolo Verme, spécialiste senior de la pauvreté à la Banque mondiale et

professeur à la faculté d’économie de l’Université de Turin, a posé les

termes du débat en évoquant le cas de l’Iran et de la Jordanie. Il a

rappelé que la région MENA était classée en seconde position sur le plan

des budgets dégagés pour les subventions à la consommation (près de

10% du PNB). Les organisations internationales, favorables aux transferts

sociaux directs ciblant les plus pauvres, sont très critiques de ces

politiques de subventions budgétivores, jugées non durables, néfastes

pour le fonctionnement du marché et qui, de surcroît, profitent avant tout

aux catégories les plus riches de la population. Pourtant, les subventions

perdurent presque partout dans la région, du fait d’une série de facteurs

allant de la peur des gouvernements de créer des mécontentements

supplémentaires en les supprimant aux avantages qu’en tirent les

entreprises productrices et les classes moyennes.

Evoquant le cas de l’Iran, M. Paolo Verme a expliqué que ce pays avait

récemment vécu la plus importante réforme du monde concernant les

subventions, qui portaient sur l’alimentation, l’énergie et le transport.

Alors qu’elles absorbaient 90 à 100 milliards de dollars par an (soit

l’équivalent de 29% du PNB), elles bénéficiaient à hauteur de 70% au

tiers le plus riche de la population et entraînaient une surconsommation

d’énergie.

Avant de supprimer le système de subventions, le gouvernement a

soigneusement préparé l’opération : il a notamment investi dans des

campagnes de sensibilisation de masse, découragé les manifestations,

Page 22: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

22

déposé des subventions directes sur les comptes bancaires des ménages

pour faire face à la hausse des prix, accumulé des stocks de produits de

base. Toutes les subventions ont été supprimées dans la nuit du 10

décembre 2010 et les prix ont explosé. Selon les analyses disponibles, les

effets bénéfiques de la réforme sont nombreux : réduction de la

consommation d’énergie, hausse de l’utilisation des transports publics,

normalisation des marchés, développement du secteur bancaire et… recul

de la pauvreté et des inégalités.

« Faut-il suivre l’exemple de l’Iran ? Je n’ai pas de réponse mais il faut

l’étudier car ce pays a mis en œuvre la plus importante réforme des

subventions du monde, sans appui de la coopération internationale. Ce

que l’on peut en apprendre est très important. »

Paolo Verme, spécialiste senior de la pauvreté à la Banque mondiale et

professeur à la faculté d’économie de l’Université de Turin

M. Paolo Verme a également évoqué le cas de la Jordanie où la

suppression récente des subventions à l’électricité, devenues

insoutenables pour les finances publiques, semble également produire de

l’équité. Très brutale, la hausse des prix de l’électricité a en effet été

compensée par la mise en œuvre d’une tarification progressive par

tranches. La première formule post-suppression des subventions prévoyait

des prix bas pour la première des six tranches puis une augmentation

tarifaire forte dès la deuxième tranche. Jugée trop dur pour les pauvres et

les classes moyennes, ce système a été de nouveau réformé en février

2012 : 12 tranches ont été instaurées de façon à ce que 89% de la

population ne pâtissent pas de la hausse des prix, qui est prise en charge

par les 11% de ménages riches très consommateurs d’électricité.

En Egypte, comme l’a expliqué la directrice générale de l’Unité sur l’égalité

des chances du Ministère des Finances, Mme Ragaa Mansour, dans sa

présentation « Intégrer le principe de l’égalité des chances dans les

budgets en Egypte », l’équité des politiques sociales est également en

question. Au total, les subventions, pour la plupart au secteur de l’énergie,

Page 23: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

23

représentent 90% des dépenses de protection sociale. Alors que les

politiques sociales absorbent près de 9% du PIB et de 30% du budget

national, elles bénéficient là encore bien davantage aux plus riches qu’aux

plus pauvres, selon les données de la Banque mondiale.

Aujourd’hui en Egypte, un consensus se dégage pour supprimer les

subventions à la consommation ; mais sur fond de changements politiques

et de contestation sociale, les élites sont conscientes des risques, a

expliqué Mme Ragaa Mansour.

« En Egypte, toutes les parties concernées reconnaissent qu’il faut

réformer les subventions et le demandent. Mais il faudra prendre

beaucoup de précautions pour ne pas affecter les plus pauvres, en

particulier les enfants et les femmes. »

Ragaa Mansour, directrice générale de l’Unité sur l’égalité des chances du

Ministère des Finances (Egypte)

Mme Mansour a également présenté les expériences pilotes coordonnées

par le Ministère des Finances pour élaborer des budgets sensibles au

genre et promouvoir l’égalité des chances en faveur des catégories de

population les plus vulnérables. Alors que les enfants de la rue sont de

plus en plus nombreux, la problématique de l’enfance marginalisée est

également à l’ordre du jour, même si aucune politique de protection

sociale dédiée n’a encore émergé.

Dans son intervention « Pour une Equité Sociale au Maroc : Eléments de

politiques pour cibler les inégalités et la pauvreté », M. Khalid Soudi, chef

du service des études sur les groupes vulnérables au Haut Commissariat

au plan, a commencé par rappeler le sens de l’équité sociale. Il a évoqué

la définition du philosophe américain John Rawls, auteur de la Théorie de

la justice (1971), qui conçoit l’équité comme l’ensemble des principes

régissant le processus de répartition des droits et des devoirs et les modes

d’accès aux ressources (sociales, économiques, politiques, etc.).

Page 24: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

24

M. Soudi a souligné que l’analyse des inégalités avait longtemps été le

parent pauvre de la recherche, qui se concentrait davantage sur la

pauvreté. Il a ensuite montré que l’inégalité de revenu au Maroc n’était

pas réductible aux mécanismes du marché mais dépendait également de

facteurs personnels et contextuels (niveau d’éducation, structure

démographique de la famille, appartenance régionale, opportunités de

revenus, etc.).

Après avoir appliqué au cas marocain les nouvelles approches de

l’inégalité – inégalités de capacités/privations, inégalités des chances,

inégalités salariales de type genre –, M. Soudi a examiné la question des

transferts indirects. Il a ainsi indiqué qu’en 2007, l’effet redistributif des

subventions avait réduit la pauvreté de près de 2,4 points de pourcentage

et l’inégalité de dépense de près d’1 point. Toutefois, il a estimé qu’étant

donné le caractère non pro-pauvres des subventions, le Maroc avait tout

intérêt à revoir le système de répartition actuel en vue de renforcer le

ciblage des transferts indirects et l’équité fiscale.

Au Maroc, les politiques sociales en faveur des enfants se développent

depuis plusieurs années. Dans le secteur éducatif public, jusqu’ici peu

performant, des innovations ont été introduites récemment pour cibler les

catégories les plus vulnérables, comme l’a expliqué le secrétaire général

du ministère de l’Education nationale, M. Youssef Belqasmi. Dans sa

présentation « Tayssir, programme de transferts monétaires

conditionnels », il a présenté cette expérience pilote en matière d’appui

social ciblé visant une plus grande équité et le recul de l’abandon scolaire

en milieu rural. Lancée en 2008-2009, Tayssir concerne aujourd’hui

quelque sept millions d’élèves et a absorbé 620 millions de DH (environ 70

millions de dollars des Etats-Unis.) en 2012.

Le projet consiste à soutenir financièrement les familles vivant dans les

zones rurales les plus pauvres où le taux d’abandon scolaire est supérieur

à 5%, en échange de la garantie que leurs enfants fréquentent l’école ou

le collège. Des aides mensuelles allant de 60 DH (si l’enfant est en 1ère ou

Page 25: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

25

2ème année de primaire) à 140 DH (si l’enfant va au collège), soit environ

7 à 16 dollars des Etats-Unis par enfant scolarisé, sont transférées aux

familles et conditionnées à un taux d’absence très bas.

« Le programme Tayssir a eu un impact très important sur l’abandon

scolaire, en particulier lorsque l’argent est versé aux mères d’élèves. Il a

aussi eu des effets sur le travail des enfants : ils ne vont plus aux champs

puisqu’ils n’ont pas le droit de s’absenter. »

Youssef Belqasmi, secrétaire général du Ministère de l’Education nationale

(Maroc)

Une étude d’impact menée récemment a mis en évidence les bons

résultats du programme : les taux d’abandon scolaire ont fortement reculé

(-57% en moyenne), la parité filles-garçons s’est améliorée et les taux de

réinscription des enfants qui avaient abandonné leurs études ont

augmenté de 37%. L’étude montre aussi que l’effet des transferts sur la

réinsertion scolaire est plus important lorsqu’ils sont versés aux mères.

Les défis pour l’avenir sont de pérenniser le financement et d’améliorer la

gestion du programme. De plus, le MEN prévoit de passer d’un ciblage

géographique (par douar) à un ciblage ménage afin de viser plus

particulièrement les familles vulnérables. Pour cela, il attend de pouvoir

disposer de la base de données du Régime d'assistance médicale pour les

économiquement démunis (RAMED), qui sera opérationnel à partir de

2013.

Les quatre interventions de la matinée ont suscité un débat animé et de

nombreuses marques d’intérêt se sont exprimées pour les expériences

évoquées. Plusieurs questions ont été posées sur les conséquences de la

l’arrêt des subventions à la consommation : les participants ont insisté sur

les risques que ce type de mesure faisait peser sur les pauvres et sur les

classes moyennes (qui peuvent à leur tour basculer dans la pauvreté). En

effet, l’alternative la plus couramment proposée est de développer les

transferts directs ciblant les plus vulnérables. Toutefois, ces dispositifs

Page 26: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

26

restent difficiles à construire et à gérer de façon efficace, et ignorent les

classes moyennes. Alors que les problèmes budgétaires acculent les

gouvernements au changement, les participants ont insisté sur la

nécessité de trouver de façon urgente davantage d’alternatives de

protection sociale aux systèmes de subventions.

Le programme Tayssir a également suscité une grande curiosité et de

nombreuses questions. Jugeant l’expérience très intéressante, certains

participants se sont cependant interrogés sur la pertinence de la

conditionnalité lorsqu’un ciblage des plus pauvres est réalisé. D’autres ont

souligné les limites de ce type de programme pour améliorer la qualité de

l’éducation et les nombreux besoins de l’école publique au Maroc dans ce

domaine. La question de l’instrumentalisation politique possible de ce

genre de dispositif au niveau local a également été soulevée, ainsi que la

nécessité de prévoir des garde-fous solides. Enfin, les participants ont

souligné que les systèmes d’information et la complémentarité des

services sociaux étaient des éléments cruciaux et des pré-requis pour la

mise en œuvre réussie des programmes ciblant les plus pauvres.

La journée de travail s’est poursuivie avec la présentation de deux autres

aspects de l’expérience marocaine en matière de protection sociale. Tout

d’abord, M. Mustapha Chouitar, de la direction de la planification et des

ressources financières au Ministère de la Santé, a détaillé les efforts

déployés pour élaborer des politiques capables d’influer sur les

déterminants sociaux de la santé et d’instaurer une plus grande équité

dans ce domaine.

Dans son intervention intitulée « L’équité en santé au Maroc »,

M. Mustapha Chouitar a montré que des progrès remarquables avaient été

réalisés au cours de la dernière décennie, notamment avec une baisse

importante de la mortalité maternelle et infantile et de la morbidité.

Toutefois, il a souligné la persistance de fortes iniquités en matière de

santé, basées sur des déterminants sociaux comme le niveau de richesse,

Page 27: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

27

le milieu de résidence et la région, entre autres. Il a rappelé la nécessité

absolue de traiter le phénomène pour maintenir le rythme des progrès.

Un signal positif a été envoyé récemment avec la généralisation du

RAMED lancée en avril 2012 qui devrait porter le taux de personnes

bénéficiant d’une couverture socio-médicale à 85% et profiter surtout aux

populations rurales. M. Chouitar a cependant souligné la nécessité d’aller

plus loin en menant une politique de lutte contre les inégalités sociales

devant la santé. En amont, cette politique devrait être basée sur un

corpus de nouvelles études et enquêtes identifiant les déterminants de

l’état de santé des populations et en aval, pilotée et ajustée grâce à un

effort renforcé en matière de suivi et évaluation.

Comme l’a ensuite expliqué le président de l’Association marocaine

d’évaluation M. Ahmed Bencheikh, auteur d’un papier sur « les exigences

méthodologiques et éthiques pour évaluer l’équité dans les politiques

sociales au Maroc », le développement d’une culture de l’évaluation est

relativement récent au Maroc. Il a été marqué par trois temps forts : (i) la

demande adressée à la Banque mondiale par feu SM Hassan II de réaliser

une évaluation globale des politiques publiques au Maroc, (ii) l’élaboration

à la demande de SM Mohammed VI du Rapport du Cinquantenaire, produit

par une centaine d’experts pour dresser un diagnostic détaillé de l’état du

pays et (iii) la création de l’Association nationale d’évaluation dont

l’objectif premier était de plaider pour institutionnaliser l’évaluation des

politiques publiques.

Ce processus d’institutionnalisation est en cours depuis la réforme

constitutionnelle de 2011. En effet, la nouvelle loi fondamentale dispose

que le Parlement « vote les lois, contrôle l’action du gouvernement et

évalue les politiques publiques » (article 70). Selon M. Bencheikh, à

l’heure où plusieurs institutions revendiquent le droit d’évaluer les

politiques publiques, il reste à mettre en place un dispositif institutionnel

coordonné et efficace. A ce titre, plusieurs expériences doivent être

Page 28: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

28

examinées dont celles de la France, de l’Afrique du Sud et du Mexique

notamment.

« Evaluer l’équité n’est pas simple. Dans le domaine du travail des enfants

par exemple, l’efficacité des programmes est très difficile à évaluer car le

contexte familial pèse lourd sur les résultats. »

Ahmed Bencheikh, président de l’Association marocaine d’évaluation (Maroc)

M. Bencheikh a également souligné que l’évaluation des politiques sociales

basées sur l’équité était un exercice complexe car elle demande un

examen approfondi du contexte du programme évalué, qui a un impact

important sur les résultats. Il a conclu en remarquant que l’évaluation des

politiques sociales axées sur l’équité demeurait quasi inexistante au

Maroc. Il apparaît fondamental de fixer un minimum d’exigences

méthodologiques et éthiques avant d’entamer le processus.

2.2 EXPERIENCES INTERNATIONALES

Poursuivant sur le thème de l’institutionnalisation de l’évaluation des

politiques publiques, M. Gonzalo Hernandez, secrétaire général du Conseil

national d’évaluation de la politique de développement social (CONEVAL),

a présenté l’exemple mexicain. Sur la base de son intervention intitulée

« Institutionnaliser l’utilisation de données probantes pour l’élaboration de

politiques publiques: un long chemin au Mexique », il a expliqué qu’un

tournant avait été pris avec la démocratisation de la vie politique. Sans

toutefois minimiser l’importance de la qualité des méthodologies

d’évaluation, des compétences et des systèmes d’information,

M. Hernandez a estimé que l’évaluation des politiques publiques était un

sujet plus politique que technique.

Pendant 70 ans et le règne du même parti hégémonique, a-t-il expliqué,

le gouvernement mexicain n’avait pas à rendre de comptes et se

préoccupait peu des résultats de ses programmes. Mais suite à l’élection

d’un Congrès d’alternance en 1998, un processus d’institutionnalisation de

l’évaluation des politiques publiques a été entamé dès l’an 2000. Il est

Page 29: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

29

encadré par la Loi sur la transparence et l’accès public à l’information et la

Loi sur le développement social.

« Les citoyens sont de plus en plus exigeants sur ce que fait le

gouvernement avec leur argent. Dépenser de l’argent dans des politiques

sociales n’est pas une garantie de réussite. Or, le gouvernement doit livrer

des résultats. »

Gonzalo Hernandez, secrétaire général du Conseil national d’évaluation de la

politique de développement social (CONEVAL, Mexique)

Un organisme spécialisé, CONEVAL, a ainsi été créé pour mesurer la

pauvreté et fournir des études objectives sur les programmes de

protection sociale. Cette institution est pilotée par un conseil

d’administration composé de huit personnes dont six sont des

universitaires élus par les Etats, les municipalités, le Congrès et le pouvoir

exécutif.

Les principaux résultats obtenus par CONEVAL sont une base de données

désagrégée sur la pauvreté et les privations, l’élaboration obligatoire de

cadres logiques et d’indicateurs de résultats pour les programmes sociaux,

la réalisation d’environ 140 évaluations par an dont les résultats sont

postés sur Internet. Largement exploité, ce corpus de données permet

d’améliorer les politiques et de rendre des comptes aux citoyens. Dans le

domaine des droits de l’enfant, le travail de CONEVAL a permis de

redéfinir les politiques publiques de lutte contre la mortalité maternelle, de

renforcer les interventions pour la scolarisation et la nutrition, de

supprimer un programme déficient sur l’emploi des jeunes et d’augmenter

les budgets consacrés à la santé de l’enfant.

A l’issue de ces présentations, le débat a surtout porté sur le lien entre

démocratie et efficacité des politiques publiques. Certains participants ont

estimé qu’il n’était pas nécessaire de démocratiser la vie politique pour

mettre en œuvre de bons programmes de développement, alors que M.

Hernandez soutenait que l’évaluation supposait la transparence et la

Page 30: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

30

reddition de comptes, deux conditions non réunies en l’absence d’une

forme de démocratie.

La dernière session de travail de la conférence a été consacrée au pilotage

institutionnel des politiques de lutte contre la pauvreté en Chine et à

l’appui que l’UNICEF peut fournir aux pays de la région MENA pour innover

et renforcer leurs politiques de protection sociale en faveur des jeunes

générations.

Dans sa présentation sur « Les politiques de lutte contre les disparités en

Chine », Tan Weiping, directeur général adjoint du Département de

coopération extérieure et mobilisation sociale du Groupe directeur du

Conseil d'Etat pour l'allègement de la pauvreté et le développement, a

présenté le travail de son institution.

Créé en 1986, le Groupe directeur est un organe de conseil et de

coordination des politiques sociales présidé par le Vice-Premier Ministre

chinois, composé de 33 représentants ministériels et disposant de relais

locaux dans tout le pays. Il propose des plans d’action et des

recommandations, planifie le budget du Fonds pour la réduction de la

pauvreté, mobilise des ressources humaines et encadre les interventions

au niveau local.

Selon M. Tan, le Groupe directeur a largement contribué au recul

impressionnant de la pauvreté en Chine, même si le seuil national est très

bas (inférieur à 1 dollar des Etats-Unis). Cette tendance est tirée par

l’augmentation régulière du revenu des ménages ruraux, les plus touchés

par l’extrême pauvreté. Des efforts considérables ont notamment été

consentis en faveur du développement du jeune enfant en milieu rural

avec un taux d’encadrement/préscolarisation passé de 7% en 2002 à 55%

en 2008.

M. Tan a expliqué que la réduction de la pauvreté s’était accélérée suite à

l’abolition du collectivisme et de la libéralisation des marchés agricoles

mais également du fait de l’existence d’un dispositif de planification et de

Page 31: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

31

suivi depuis la création du Groupe directeur. Partant du constat que la

croissance économique n’avait pas d’effet systématique sur la réduction

de la pauvreté, un coup d’accélérateur a été donné à partir de 2007 aux

programmes de lutte contre la pauvreté rurale.

Des innovations ont été introduites comme la création d’une allocation de

subsistance pour les ménages à bas revenus et des mécanismes de

transferts de ressources vers les régions les plus défavorisées. La

croissance du budget consacré à la réduction de la pauvreté, qui a en

moyenne été multiplié par 10 depuis 1986, s’est également accélérée.

Toutefois, la crise mondiale a changé la donne et des millions de Chinois

sont aujourd’hui menacés de retourner à la pauvreté.

Pour conclure et dans le cadre de sa présentation : « Les systèmes de

protection sociale intégrés : améliorer l’équité pour les enfants »,

Mme Jingqing Chai, responsable de l’analyse des politiques sociales et

économiques à la division des politiques et de la planification (DPP) au

siège de l’UNICEF, a transmis à la conférence une série de messages clés.

Elle a notamment souligné que la protection sociale renforçait les

capacités de résilience des populations vulnérables et contribuait à une

plus grande équité. Indiquant que l’UNICEF encourageait la mise en place

progressive d’une couverture maladie universelle, elle a soutenu que la

protection sociale n’était pas inabordable et qu’elle pouvait être financée

de façon durable. De plus, l’UNICEF insiste sur les limites des politiques

sectorielles et encourage les systèmes de protection sociale intégrés.

« En matière de politiques sociales, nous soutenons l’approche intégrée.

Par exemple, il est important de scolariser l’enfant mais encore faut-il qu’il

ait la capacité d’apprendre quelque chose à l’école. Si ce n’est pas le cas,

une prise en charge doit lui être proposée ; il faut veiller à ce que les

services de santé soient disponibles et coordonnent leur action avec

l’institution éducative. »

Jingqing Chai, responsable de l’analyse des politiques sociales et économiques à

la DPP de l’UNICEF

Page 32: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

32

De plus, les politiques sociales doivent répondre à la vulnérabilité non

seulement économique mais aussi sociale des enfants. Elles doivent enfin

être menées en combinant la connaissance et l’action.

Mme Jingqing Chai a attiré l’attention des participants sur les principaux

défis à relever dans la région MENA. Elle a évoqué les problèmes de

financement dans un contexte de resserrement de la marge budgétaire

des Etats et le poids des « éléphants » que sont devenues les subventions

à l’énergie. Elle a aussi souligné la nécessité d’identifier les actions

prioritaires à mettre en œuvre pour réduire les privations multiples et

cumulatives et a appelé les participants à tirer les leçons du pilotage

institutionnel de la réforme des subventions en Iran.

3. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les principales conclusions tirées à l’issue de la conférence peuvent être

résumées comme suit :

1. Il est non seulement nécessaire mais urgent d’accroître l’équité. La

région MENA vit aujourd’hui une situation de changements politiques et

d’urgence sociale qui ouvre une fenêtre d’opportunité pour engager des

réformes et investir dans la réduction des inégalités, des disparités et des

privations.

La mise en place d’un cadre légal et institutionnel des politiques

sociales équitables en faveur des enfants est nécessaire pour

assurer la durabilité de l’engagement des gouvernements.

2. La création de bases de données probantes sur les disparités et les

privations est un préalable indispensable à l’élaboration et au suivi de

politiques sociales innovantes en faveur des enfants les plus vulnérables.

Elle permet aussi de construire un plaidoyer convaincant pour influencer

les décideurs.

Les Etats de la région MENA doivent investir dans la collecte et

l’analyse de données les plus désagrégées possibles pour

Page 33: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

33

disposer d’une cartographie fine des disparités, capable de guider

la mise en œuvre des politiques sociales, de faciliter le ciblage

des interventions et d’en accroître l’efficacité.

3. Les approches et méthodes de mesure de la pauvreté se sont

multipliées et ont connu des évolutions considérables au cours des

dernières années. Le revenu n’est plus considéré comme suffisant pour

renseigner sur la pauvreté des familles.

Dans les pays qui n’ont pas encore réorienté les priorités de la

recherche en sciences sociales vers l’équité, des initiatives

doivent être développées rapidement pour diversifier les

méthodes de mesure de la pauvreté.

4. L’approche multidimensionnelle de mesure de la pauvreté est

aujourd’hui reconnue comme pertinente pour comprendre les dynamiques

économiques, sociales, familiales, culturelles, spatiales, etc. qui

déterminent la vulnérabilité des enfants. Loin de s’exclure l’une l’autre, les

différentes approches se renforcent mutuellement et permettent des

recoupements intéressants.

L’effort de recherche et d’innovation pour mesurer la pauvreté et

les privations multiples doit se poursuivre et les nouvelles

méthodologies doivent faire l’objet de débats et d’échanges plus

intensifs.

4. Les seuils de pauvreté au niveau international sont en cours de

redéfinition, alors que celui qui avait été retenu dans le cadre des OMD

apparaît aujourd’hui trop bas.

Un nouveau consensus pour mesurer la pauvreté doit être trouvé

au niveau international.

5. Dans le contexte de la crise mondiale en cours, les ressources

financières des Etats de la région MENA diminuent et les marges

budgétaires se resserrent fortement. Alors qu’il semble très difficile de

mobiliser des ressources additionnelles pour mettre en œuvre de

Page 34: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

34

nouvelles politiques sociales équitables, des réformes sont engagées par

certains Etats comme l’Iran, l’Egypte ou la Jordanie pour sortir du système

budgétivore des subventions à la consommation, qui profite avant tout

aux plus riches.

Des solutions doivent être étudiées, partagées et appliquées pour

réformer les subventions à la consommation, notamment

d’énergie, et dégager ainsi des ressources pour des politiques et

des programmes plus équitables.

6. Des outils se développent pour améliorer le ciblage des populations les

plus vulnérables et mettre en œuvre des programmes de transferts

monétaires directs, conditionnels ou pas. Toutefois, les initiatives allant

dans ce sens sont difficiles à piloter, à gérer et à mettre en œuvre de

manière efficace.

Des études et de nouveaux outils doivent être élaborés pour

permettre le développement d’alternatives plus équitables aux

politiques sociales menées jusqu’ici et accroître l’efficience des

interventions.

7. Dans les pays ayant enregistré des progrès importants en matière de

recul de la pauvreté et des inégalités, l’évaluation des programmes

sociaux pro-équité a été institutionnalisée, autant par la loi que par la

création d’organismes spécialisés de conseil, de pilotage et de suivi et

évaluation des politiques publiques.

L’évaluation des politiques publiques dans le domaine de la

réduction des inégalités, y compris chez les enfants, doit être

encadrée par la loi et institutionnalisée.

8. De nombreuses expériences se développent dans les pays émergents et

en développement pour mettre en place des politiques et des programmes

de protection sociale et pour réorienter les transferts sociaux vers les plus

pauvres. Toutefois, ces expériences restent peu connues, peu évaluées et

Page 35: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

35

peu documentées alors que des leçons importantes pourraient en être

tirées.

La coopération sud-sud devrait être encouragée et développée et

des partenariats entre Etats ou groupes d’Etats pourraient être

mis en œuvre pour échanger les expériences et les compétences

en matière de mesure des inégalités et de programmes de

protection sociale. De même, des réseaux de chercheurs

spécialisés sur ces questions devraient être créés ou consolidés.

Page 36: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

36

ANNEXES

Page 37: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

37

Annexe 1

Conference Internationale d'Experts

Sur la Mesure et les Approches Politiques pour Renforcer l'Equité

pour les Nouvelles Générations dans la Région MENA

Allocution Officielle

Maria Calivis

Directrice Régionale

UNICEF MENA

Page 38: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

38

Votre Altesse Royale, Présidente de l'Observatoire National des Droits de

l'Enfant

Mesdames, Messieurs les Ministres

Honorables invités

Chers enfants et jeunes

Chers collègues

Assalam Alikoum

Au nom de l'UNICEF, je vous souhaite à tous la bienvenue à la Conférence

Internationale sur la Mesure et les Approches Politiques pour Renforcer

l'Equité pour les Nouvelles Générations dans la région MENA. Cette

conférence constitue en effet un rassemblement impressionnant d'experts

et de responsables dans le domaine du développement international. Je

suis extrêmement heureuse et honorée de me trouver aujourd'hui parmi

vous.

Je voudrais rendre hommage au Gouvernement du Maroc pour avoir

accueilli cette importante conférence et pour sa généreuse hospitalité.

J'aimerais également féliciter Son Altesse Royale, la Princesse Lalla

Meryem, pour son engagement inébranlable et son investissement

personnel pour améliorer la situation de l'enfant et promouvoir ses droits.

Le Maroc est avant-gardiste dans la région en matière de développement

des analyses innovantes et des politiques efficaces pour les enfants les

plus vulnérables. Ceci reflète une forte volonté politique et un engagement

sincère envers les enfants et dans la lutte contre les disparités.

Il y a 10 ans aujourd'hui, les responsables mondiaux, ONG et enfants se

réunissaient au siège des Nations Unies à New York pour s'engager vis-à-

vis de la Déclaration du Millénaire, les Objectifs de Développement du

Millénaire, et ce qui fut appelé "un monde digne des enfants".

Page 39: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

39

Je fais bien entendu référence à la Session Spéciale des Nations Unies

pour l'Enfance, qui eut lieu en Mai 2002. Depuis lors, d'importants progrès

ont été faits dans plusieurs secteurs, mais les disparités continuent de

s'accroître et les enfants constituent encore la proportion la plus

importante des personnes pauvres au niveau mondial. Il est donc

opportun que presque exactement une décennie plus tard nous soyons

réunis pour discuter et réfléchir sur comment mieux mesurer, analyser et

réduire les disparités touchant les enfants pour améliorer la jouissance de

leurs droits.

J'aimerais citer Joseph Stiglitz, prix Nobel d'Economie, qui a dit “le

manque de ressources n'est pas, et ne peut pas être, une excuse… Nous

ne devrions pas voir l'éradication de la pauvreté des enfants comme une

simple question d'intérêt personnel. La question qui se pose est de savoir

ce qui est juste d'un point de vue moral”.

A l'UNICEF, nous sommes allés un peu plus loin. Selon les mots de notre

Directeur Exécutif, Monsieur Anthony Lake "l'équité envers les enfants et

les plus vulnérables n'est pas seulement juste en tant que principe, mais

également juste en pratique" – signifiant que l'équité est réalisable,

rentable et capable de produire des résultats solides.

Nous sommes bien entendu tous présents ici aujourd'hui avec un

engagement partagé de faire une différence dans la vie des enfants. Ce

qui nous unit est la forte conviction qu'investir dans les enfants est

nécessaire pour un développement durable, la cohésion sociale et la

promotion de sociétés plus paisibles.

Le Moyen Orient et l'Afrique du Nord passent par une période de profonde

instabilité et de changement, et la crise économique n'a pas épargné la

région. Même les Etats riches en pétrole ont des difficultés à retrouver les

taux de croissance d'avant la crise et doivent fonctionner dans un

Page 40: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

40

environnement budgétaire plus strict. Tout cela à un impact

disproportionné sur les enfants les plus vulnérables.

De plus, beaucoup de données statistiques sur les progrès vers les

Objectifs du Millénaire pour le Développement montrent que malgré

l'amélioration significative de certains indicateurs sociaux, les privations et

disparités au sein et entre les pays continuent de s'accroître. Plus critique

encore, les jeunes hommes et femmes de moins de 18 ans, dont la

proportion atteint 40% de la population de la Région, souffrent des taux

de chômage les plus importants du monde – 25 % - particulièrement pour

les jeunes femmes.

C'est pourquoi le thème de cette conférence sur l'équité, et plus

précisément sur la réduction des disparités touchant les enfants, à travers

de meilleures méthodologies de mesures et des approches politiques

différentes, est à la fois opportun et urgent.

Opportun, parce que un an après ce qui fut surnommé le "printemps

arabe", plusieurs gouvernements dans la région se sont engagés dans la

réforme de leurs systèmes de protection sociale et il existe de réelles

opportunités de rendre ces programmes et interventions nationales plus

adaptées aux besoins des enfants vulnérables, et de les rendre plus

efficients.

C’est urgent, parce qu'une large partie de la population dans plusieurs

pays vit juste au-dessus de la ligne de pauvreté, et une part

disproportionnée d'entre eux est constituée d'enfants. Etant donné la

faible diversification économique de la région et sa dépendance excessive

aux importations pour la consommation, les chocs du système

international et même des hausses modérées des prix alimentaires

peuvent pousser de larges segments de la population dans la pauvreté.

Page 41: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

41

Nous savons tous que les enfants subissent le risque, la vulnérabilité et les

privations d'une façon différente par rapport aux adultes. En plus des

dimensions de la pauvreté liées ou non aux revenues, la vulnérabilité des

enfants est exacerbée par des risques pour leur survie, leur

développement en cas d'absence d'éducation et envers leur protection en

cas d'abus et d'exploitation.

La tâche importante qui va vous incomber va être de contribuer à la

réflexion et à la pratique d'actions spécifiques que les gouvernements,

partenaires et ONGs peuvent mettrent en œuvre pour rendre les budgets,

nationaux ou locaux, ainsi que les programmes de protection sociale plus

sensibles à la réduction des disparités touchant l'enfance.

Vous en êtes déjà au deuxième jour de discussion et je suis confiante

dans le fait que vous effectuez des progrès considérables. Lorsque vous

formulerez des recommandations et ramènerez chez vous quelques

messages à la fin de la conférence, j'aimerais que vous puissiez considérer

les suggestions suivantes:

Nous devons investir pour disposer des données désagrégées

à utiliser pour l’élaboration des politiques. Les indicateurs

traditionnels de richesse (comme le Produit National Brut et le

Produit Intérieur Brut) ne sont pas suffisants, les disparités

demeurant invisibles. Cependant, la disponibilité des données fiables

dans plusieurs pays demeure l'un des obstacles les plus

considérables. Nous avons besoin de plus d’investissements dans la

qualité des données et l'analyse, ainsi que la mesure des disparités.

Nous devons comprendre les déterminants sociaux des

disparités touchant l'enfance. Cela demande que nous changions

fondamentalement la façon dont nous considérons les enfants, en

Page 42: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

42

examinant leurs besoins et vulnérabilités, non de façon isolée, mais

plutôt en tant que élément d'un contexte plus large d'inégalité et

d'exclusion. Je suis heureuse du fait que plusieurs pays de la région

se soient déjà engagés dans de telles analyses et accueille

positivement ce processus de partage et de fertilisation croisée.

Le lien entre l'analyse des inégalités touchant l'enfance et les

politiques sociales doit être renforcé. Les politiques doivent

avoir des objectifs clairs et des cibles mesurables. Etant donnée la

nature multidimensionnelle du problème, aucune politique ne pourra

à elle seule répondre aux inéquités. Des politiques efficaces ciblant

tous les enfants doivent être appuyées par des politiques plus

spécifiques visant ceux qui sont plus à haut risque.

Nous avons besoin d'investissements plus efficaces pour les

enfants aux niveaux national et local. Même les analyses les

plus fiables et les politiques les plus efficaces échoueront à moins

que les gouvernements s'engagent sincèrement à investir dans les

enfants. Je ne parle pas seulement d'argent – la région MENA étant

connue pour l'importance de ses dépenses sociales – mais, plus

fondamentalement, d'efficience accrue et de plus de transparence.

Enfin, une équité renforcée envers les enfants n'est pas seulement

une priorité régionale, mais également une priorité globale. Il est

impératif que nous renforcions les partenariats et la

coopération Sud-Sud entre les agences internationales, les

centres de recherche, et les gouvernements nationaux si nous

voulons résoudre ces problèmes de façon efficace et définitive. Cette

conférence représente un pas important dans cette direction.

Permettez-moi de renouveler la disponibilité de l'UNICEF pour appuyer les

pays de la région qui s'engagent avec leur gouvernement dans des

processus de réforme des politiques sociales et de protection sociale pour

Page 43: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

43

mieux s'attaquer aux disparités touchant les enfants. Nous nous

engageons à appuyer le renforcement de capacité et à contribuer à

réduire le manque de connaissance dans les domaines des systèmes de

protection sociale ainsi que la protection sociale sensible à l'enfant.

J'aimerais une fois de plus vous remercier tous pour votre participation, et

plus particulièrement remercier son Altesse pour nous avoir honoré de sa

présence, ainsi que le gouvernement du Maroc pour sa volonté à

maintenir l'équité au coeur des décisions politiques.

Permettez-moi de conclure en soulignant que même si les défis auxquels

la Région doit faire face sont importants, les opportunités de réforme et

de progrès sont encore plus grandes. Car la Région « Moyen Orient et

Afrique du Nord » est dotée de ressources vastes et riches en énergie dont

le potentiel économique dépasse de loin celui du pétrole : sa jeunesse.

C'est ma conviction sincère qu'en poursuivant des politiques intelligentes

et pro-équité qui réduisent les disparités et visent le développement

durable nous pourrons enfin réaliser le plein potentiel de la région.

Merci à vous tous.

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Annexe 2 Conférence Internationale d’Experts sur la mesure et les approches politiques pour améliorer l'équité pour

les nouvelles générations dans la région MENA Rabat- Maroc, 22-23 Mai 2012

Programme

Date et heure Sessions Intervenants Jour 1: 22 Mai 2012 : Mesure de l’équité pour les enfants, Approches & défis

08:00-08:45 Inscription 08:45-09:05

Mots de Bienvenue Maria Calivis, Directrice Régionale, UNICEF Bureau régional pour le Moyen-

Orient et l’Afrique du Nord, Amman 09:05-09:15

Présentation des objectifs de la conférence et du Programme de la journée Roberto Benes, Conseiller Régional en Politiques Sociales, Bureau de l’UNICEF

pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord Modérateur Mohamed BIJAAD : Secrétaire Général de l’ONDH

Interventions introductives

09:15-09:35 Renforcer l’équité sociale dans la région MENA : politiques prioritaires pour les nouvelles générations

Tarik M. Yousef, Chief Executive Officer, Silatech and Senior Fellow, Brookings

09:35-09:55 Les priorités de recherches pour assurer une meilleure équité pour les enfants

Gordon Alexander, directeur de la recherche, l'UNICEF

09:55-10:25 Débat en plénière/ Q&R 10:25-10:45 Pause - café

Partie 1 Aperçu sur les approches multidimensionnelles de mesure de la pauvreté et des disparités chez les enfants dans la région MENA

Session 1 Expérience de la région MENA 10:45-11:05 Approche multidimensionnelle de mesure de la pauvreté au Maroc Mr Mohamed DOUIDICH, Directeur, Observatoire des Conditions de Vie de la

Population- HCP - Maroc 11:05-11:25 Analyse de l’équité chez les enfants en Irak Ms. Suham Mohammed, Expert and Director of Social and Education Statistics" in

the Central Statistics Organization, Baghdad - Iraq 11:25–11:45 Profils d’équité des Régions (gouvernorats) et mesure de la pauvreté

urbaine en Egypte Leonardo Menchini, Spécialiste politiques sociales et suivi/évaluation - UNICEF

Egypte 11:45-12:15 Débat en plénière/ Q&R 12:15-13:50 Déjeuner

Session 1 Expérience de la région MENA (suite) Modérateur Mr. Abdelkhalek Touhami - Chercheur & Professeur à l’INSEA

Page 45: Rapport de la Conférence internationale d'experts sur la mesure et

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13:50-14:10 Contribution de l’enquête panel des ménages de l’ONDH aux mesures et { l’évaluation de l’équité au Maroc

Mr Mohammed Benkassimi chef du pôle méthodes et enquêtes { l’Observatoire National de Développement Humain (ONDH) Maroc

14:10-14:30 L'approche du PNUD pour mesurer la pauvreté et l'équité pour les nouvelles générations dans la région MENA

Khalid Abu Ismail, Conseiller en Pauvreté et Macroéconomie, Bureau Régional du PNUD, Caire-Egypte

14:30-14:50 Approches économétriques de mesure de l’équité pour les enfants dans la région MENA

Nadia Belhaj Hassine, Economic Research Forum, Egypt

14:50-15:20 Débat en plénière/ Q&R 15:20-15:40 Pause - café

Session 2 Vues externes

15:40- 16:00 Approche de la banque mondiale pour la mesure de l’équité Paolo Verme, Senior Poverty Specialist, World Bank 16:00-16:20 La mesure multidimensionnelle de la pauvreté au Mexique: CONEVAL Gonzalo Hernandez, Secrétaire Géméral du CONEVAL, Mexico

16:20-16:40 Analyse du chevauchement de privations des enfants: Expérience de l'UNICEF

Jingqing Chai, Chief, Social Policy and Economic Analyses DPS/UNICEF New York Headquarters

16:40-17:10 Débat en plénière/ Q&R 17:10-17:25 Conclusion du 1er jour Mohamed BIJAAD : Secrétaire Général de l’ONDH

Mr. Abdelkhalek Touhami - Chercheur & Professeur à l’INSEA

Jour 2: 23 Mai 2012 : Les approches de politiques sociales visant à améliorer et à évaluer l'équité pour les enfants dans la région MENA

08:30-09:00 Café/Thé de réception

Moderator Roberto Benes, Conseiller Régional en Politiques Sociales, Bureau de l’UNICEF pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord

09:00- 09:05 Présentation du programme du 2ème jour

Partie 2 Tour d'horizon des approches de politiques et d'évaluations s pour améliorer l'équité pour les enfants dans la région MENA Session 1 Expérience de la région MENA 09:05 –09:25 Le programme TAYSSIR au Maroc : Une expérience vers une égalité des

chances pour l’accès au droit à l’éducation Youssef Belqasmi, Secrétaire Général du Ministère de l’Education Nationale- Maroc

09:25 –09:45 Les éléments de politiques pour remédier aux inégalités et à la pauvreté et

pour le bien-être des populations vulnérables Khalid Soudi – Observatoire des Conditions de Vie de la Population- HCP - Maroc

09:45-10:15 Débat en plénière/ Q&R

10:15-10:35 Réforme des subventions en Egypte: Des politiques alternatives en faveur des

enfants les plus vulnérables Ragaa Mansour, Unité des égalités de chances, Ministère des Finances, Egypte

10:35-10:55 Analyse des subventions à la consommation dans la région MENA: Les

options politiques possibles pour le rééquilibrage budgétaire et l'impact sur les

enfants

Paolo Verme, Senior Poverty Specialist, World Bank

10:55-11:30 Débat en plénière/ Q&R

11:30-12:30 Discours officiels Son Altesse Royale la Princesse Lalla Meryem, Présidente de l’ONDE Directrice Régionale de l’UNICEF pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord

12:30-13:40 Déjeuner

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Session 1 (Suite) Expérience de la région MENA ( Suite)

Modérateur Mr. Gordon Alexander, Direceur de la Recherche, UNICEF

13:40 -14:00 Equité en santé au Maroc Mustapha Chouitar, Chef de Division à la Direction de la Planification et des

Ressources Financières, Ministère de la Santé, Maroc

Session 2 Vues externes 14:00-14:30 Le rôle de CONEVAL dans l’évaluation des politiques sociales au Mexique Gonzalo Hernandez, Secrétaire Géméral du CONEVAL, Mexico 14:30-15:00 La protection sociale, les enfants et les politiques alternatives: conseils de

l'UNICEF pour les gouvernements Jingqing Chai, Chief, Social Policy and Economic Analyses DPP/UNICEF NYHQ

15:00-15:30 Débat en plénière/ Q&R

15:30-15:45 Coffee/Tea Break

15:45-16:15 Politiques sociales Pro-équité au Sud et à l'Est de l'Asie Tan Weiping, Deputy Director-General of the External Cooperation Department-China

16:15-16:35 Quelles exigences méthodologiques et éthiques pour évaluer l'équité dans les politiques sociales au Maroc ?

Ahmed Bencheikh Président de l’Association Marocaine de l’Evaluation – Maroc

16:35-17:05 Débat en plénière/ Q&R

17:05-17:25 Interventions de Synthèse Roberto Benes, Conseiller Régional en Politiques Sociales, Bureau de l’UNICEF pour le Moyen Orient et l’Afrique du Nord

Gordon Alexander, Directeur de la Recherche, UNICEF

Tarik M. Yousef, Chief Executive Officer, Silatech and Senior Fellow, Brookings

Mohamed BIJAAD : Secrétaire Général de l’ONDH

17:25-17:45

17:45-18:00 Conclusions et Clôture

Gouvernement du Maroc et UNICEF Maroc

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Annexe 3 Conférence Internationale d’Experts sur la mesure et les approches politiques pour améliorer l'équité pour

les nouvelles générations dans la région MENA Liste des Participants

Rabat, Maroc - 22-23 Mai 2012

NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

1. Maria Calivis Intervenante Amman UNICEF 2. Roberto Benes Intervenant Amman UNICEF 3. Jingqing Chai Participant New York UNICEF 4. Gordon Alexander Intervenant UNICEF - Florence 5. TarikYousef Intervenant Qatar Silatech 6. Khalid Abu Ismail Intervenant Egypt UNDP 7. Nadia BelhajHassine Intervenant Egypt IDRC 8. Paolo Verme Intervenant Washington World Bank, 9. Gonzalo Hernandez Intervenant Mexique CONEVAL 10. Tan Weiping Intervenant Chine Gov 11. MmeSharmilaKurukulasuriya Intervenante Amman UNICEF

12. Kyungsun Kim, Participant SUDAN UNICEF 13. Nawshad Ahmed, Participant SUDAN UNICEF 14. Ms. Gamer Habbani, Participant SUDAN 15. Abbas Korina, Participant SUDAN

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NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

16. Ahmed Hussein, Participant SUDAN 17. AymanSawalha Participant Palestine 18. JawadAlsaleh Participant Palestine 19. Douglas Higgins Participant Palestine UNICEF 20. Kumiko Imai Participant Palestine UNICEF 21. MahaHomsi Participant Jordan UNICEF 22. Omar Zabet Participant Jordan 23. ZeinabSuliman Participant Syria UNICEF 24. HanoofAlsughayar Participant Saudi Arabia 25. Maha Al-Muneef Participant Saudi Arabia 26. Omar Al-Otaibi Participant Saudi Arabia

27. Maha Al-Efrangi Participant Saudi Arabia UNICEF 28. MoatazAzzam Participant Abu Dhabi UNICEF 29. Buthaina Al-Iryani Participant Yemen UNICEF 30. Mohamed Al-Wisabi Participant Yemen 31. Ahmed Hajjer Participant Yemen 32. Addy Al-Mutawakel Participant Yemen 33. Eduard Bonnet-Porqueras Participant Iraq UNICEF 34. Abdulwahab Al-Fadhli Participant Iraq

35. SuhamMoh'd Abdul-hameed Participant Iraq 36. Jamal Ameen Participant Iraq 37. NeginVahideh Participant Iran 38. Toshiko Takahashi Participant Djibouti UNICEF 39. RajaeMseferBerrada Participant Lebanon UNICEF 40. Nadine Aboukhaled Participant Lebanon UNICEF 41. Bashir Osmat Participant Lebanon

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NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

42. Yasser Debian Participant Lebanon 43. Thomas Davin Participant Algeria UNICEF 44. AmelAllahoum Participant Algeria UNICEF 45. FaouziAmokrane Participant Algeria 46. MostefaBounab, Participant Algeria 47. Mahmoud Bensaid Participant Algeria 48. Samir Bouzekri Participant TUNISIA UNICEF 49. NidhalBencheikh Participant TUNISIA 50. HafedhBouktif Participant TUNISIA

51. MmeRagaa Mohammed Mansour Participant Egypt 52. Leonardo Menchini Intervenant Egypt UNICEF 53. Abdelrahmen El Lahga Participant TUNISIA 54. Mohamed Bijaad Intervenant Maroc ONDH 55. Mohamed Douidich Intervenant Maroc HCP 56. Mustapha Chouitar Intervenant Maroc MS 57. Ahmed Bencheikh Intervenant Maroc AME 58. Youssef Belqasmi Intervenant Maroc MEN 59. Khalid Soudi Intervenant Maroc HCP 60. AbdeljaouadEzzrari Intervenant Maroc HCP 61. Mohammed Benkassimi Intervenant Maroc ONDH 62. Mohamed Mbarki Participant Maroc 63. NadiraGuermai Participant Maroc 64. FouadBrini Participant Maroc 65. Ahmed Hajji Participant Maroc 66. AbdelatifLfarakh Participant Maroc HCP 67. AllalSekrouhi Participant Maroc 68. AbdellatifChadali Participant Maroc

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NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

69. Samira Ismaili Participant Maroc 70. Ahmed Chahir Participant Maroc 71. Abdelhaq El Hayani Participant Maroc 72. Mohammed Sassi Participant Maroc 73. Said Hanchane Participant Maroc 74. Abdellatif El Moudni Participant Maroc 75. Hassan El Mansouri Participant Maroc ONDH 76. Mohammed AitAzizi Participant Maroc 77. AminaOufroukhi Participant Maroc 78. Aziz Ouhabi Participant Maroc 79. AbdelhakKamime Participant Maroc 80. WafiaLantry Participant Maroc 81. SaadiaFahem Participant Maroc 82. Abdelhakim Yahyane Participant Maroc 83. El YazamiDriss Participant Maroc 84. Sebbar Mohamed Participant Maroc 85. LaraichiFaiçal Participant Maroc 86. Omar Adkhil Participant Maroc 87. KhoujaAbdelouahid Participant Maroc 88. Biadillah Mohamed Cheikh Participant Maroc 89. Ouahbi Fatima Participant Maroc 90. Semmar Salah Eddine Participant Maroc 91. El HaibaMahjoub Participant Maroc 92. Mohamed Benabdelkader Participant Maroc 93. Jamal Shaimi Participant Maroc 94. MiloudSefnaj Participant Maroc 95. AbdelghaniDghimeur Participant Maroc

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NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

96. Sara AitMouden Participant Maroc MAEC 97. Mariam ZaariJabiri Participant Maroc ONDH 98. Khalid Hachimi Idrissi Participant Maroc 99. Jamal AitMouha Participant Maroc 100. Abdelilah Zerrou Participant Maroc HCP 101. Omar El Menzhi Participant Maroc 102. TetoAbdelkader Participant Maroc HCP 103. Ikira Doha Participant Maroc HCP 104. DaoudimFouzia Participant Maroc HCP 105. LahmarHouda Participant Maroc HCP 106. Louafi Charifa Participant Maroc 107. El BourçouniAmina Participant Maroc 108. Karrakchou Nadia Participant Maroc 109. JouililSiham Participant Maroc 110. Sabouni Kamal Participant Maroc 111. Salah Nadia Participant Maroc 112. AgoumiFadel Participant Maroc 113. MiftahNourredine Participant Maroc 114. FoulaniHanaa Participant Maroc 115. Azzouzi Abbas Participant Maroc 116. HananeFadili Participant Maroc 117. SégolèneChambrier Participant Maroc 118. Zakia Al Midaoui Participant Maroc MAEC 119. Alberto Navarro Participant Maroc 120. Christopher Wilkie Participant Maroc 121. Jean-Luc Bodson

Participant Maroc

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NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

122. Cristina Gutierrez Participant Maroc 123. Vicente Ortega Participant Maroc 124. Isabelle Valois Participant Maroc 125. FabrizioPoretti Participant Maroc 126. Daniel Menschaert Participant Maroc 127. Obata Eihiko Participant Maroc 128. John Groarke Participant Maroc 129. Joel Daligault Participant Maroc 130. Ingrid Barth Participant Maroc 131. EnekoLandaburu Participant Maroc 132. Mario Mariani Participant Maroc 133. Dr Ahmed Said Ould Bah Participant Maroc 134. Dr Mohamed Chtatou Participant Maroc 135. MmeAmaniAbou-Zeid Participant Maroc 136. Abderrahman El Glaoui Participant Maroc 137. Bruno POUEZAT Participant Maroc UNDP AND RR 138. Mieko YABUTA Participante Maroc UNFPA 139. Simon GRAY Participant Maroc 140. Leila Jane Nassif Participant Maroc 141. Dr. ALAMI, Kamal Participant Maroc ONUSIDA 142. ReverienGahinyuza Participant Maroc UNDP 143. Pr. Amina EL MALKI TAZI Organisateur Maroc ONDE 144. Mme Nadia MESSOUAK Organisateur Maroc ONDE 145. Pr. Fouzia M’SEFFER ALAOUI Organisateur Maroc ONDE 146. MrHadi CHAÏB AÏNOU Organisateur Maroc ONDE 147. Mustapha Denial Organisateur Maroc ONDE 148. Mohamed Zoubir Organisateur Maroc ONDE

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NAME Qualité Pays de Provenance ORGANISME

149. Ikbalk Sayeh Participant Maroc 150. Med Mouime Participant Maroc ONDH 151. Rajaa Mejjeti Participant Maroc 152. Abbas El Mesnaoui Youssef Participant Maroc 153. Lamine Al Batal Participant Maroc 154. Abdelilah EL MARNISSI Participant Maroc 155. Mme SeksaneNaima Participant Maroc 156. Mme Benali Nadia Participant Maroc 157. Mr Benchad Abdelmoughit Participant Maroc 158. Mohamed Mahdad Participant Maroc 159. Saad SEMLALI Participant Maroc 160. Manar HIKKI Participant Maroc 161. Fatine BABENI Participant Maroc 162. Imane AGOUJIL Participant Maroc 163. Abdelilah Yaakoubd Participant Maroc UNFPA

NB: En plus de la participation de tout le Staff UNICEF Maroc